MEMOIRES
D'OLIVIER
DE LA MARCHE
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR
A NOGENT-LE-ROTROU.
MÉMOIRES *
D'OLIVIER
DE LA MARCHE
MAITRE D'HOTEL
ET
CAPITAINE DES GARDES DE CHARLES LE TÉMÉRAIRE
PUBLIÉS POUR LA SOCIETE DE L'HISTOIRE DE FRANCE
PAR
Henri BEAUNE et J. D'ARBAUMONT
TOME QUATRIEME
A PARIS
LIBRAIRIE RENOUARD
H. LAURENS, SUCCESSEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANC]
RUE DE TOURNON, N° 6
M DCCC LXXXVIH
240
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t. H
EXTRAIT DU REGLEMENT.
Art. \h. — Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et
choisit les personnes les plus capables d'en préparer et d'en
suivre la publication.
Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un Commissaire
responsable, chargé d'en surveiller l'exécution.
Le nom de l'éditeur sera placé à la tête de chaque volume.
Aucun volume ne pourra paraître sous le nom de la Société
sans l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagné d'une
déclaration du Commissaire responsable, portant que le travail
lui a paru mériter d'être publié.
Le Commissaire responsable soussigné déclare que l'édition
des Mémoires d'Olivier de la Marche, préparée par MM. H.
Beadne et J. d'Arbaumo.vt, lui a paru digne d'être publiée
par la Société de l'Histoire de France.
Fait à Paris, le Vr décembre 4 888.
Signé : Mis DE BEAUCOURT.
Certifié :
Le Secrétaire de la Société de l'Histoire de France,
A. DE ROISLISLE.
• ©
NOTICE BIOGRAPHIQUE
OLIVIER DE LA MARCHE
Au centre de la vaste plaine qui, sous le nom de Bresse
chalonnaise, s'étend de Chalon-sur-Saône aux premiers
contreforts du Jura, se trouve le village de Villegaudin,
appelé dans les titres les plus anciens villa Guichardei* .
Un hameau dépend de ce village, le hameau de la Marche.
Au xme siècle, il s'abritait, à respectueuse distance, sous
les murs d'un solide donjon, franc-alleu noble à l'origine,
auquel le temps substitua un grand château moderne2, chef-
lieu d'un marquisat érigé en 1736. Cette maison-forte, cette
« motte » presque perdue dans des terrains d'alluvion, bas
et sans reliefs, qui formaient sans doute autrefois la cuvette
d'un lac immense, a été le berceau de notre chroniqueur.
D'où sortait sa famille elle-même? Avait-elle pris nais-
sance dans le pays, ou, si elle était venue du dehors, à quelle
époque s'y était-elle établie? Il est difficile de le dire.
Il existait dès le xne siècle en Bourgogne une vieille et
noble famille qui portait le même nom 3. Issue de la maison
1. Gourtépée et Béguillet, Description générale et particulière du
duché de Bourgogne, 2e édit., t. III, p. 460.
2. Ce château a été détruit par un incendie en 1861.
3. Eu 1174, Renaud de la Marche sert de témoin au traite de
ij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
de Champlitte-Pontailler, dont la place est inscrite dans les
annales bourguignonnes à côté des Vergy, des Mont-Saint-
Jean, des Thil, c'est-à-dire des plus puissants seigneurs du
pays, elle tirait son appellation patronymique de la terre de
la Marche-sur-Saône, près Auxonne, qui fut son berceau,
et qui était le centre de ses possessions. Les sires de la
Marche - en - Bresse sortaient -ils de la niênie souche et
n 'étaient-ils qu'un rameau détaché de ce vieux tronc? Cela
paraît peu vraisemblable ; les blasons des deux familles ne
sont pas les mêmes, et d'ailleurs il semble qu'il y ait eu une
grande distance entre la race aristocratique des Pontailler
et celle des. petits seigneurs de la Marche-en-Bresse, qui
dut, comme on le verra plus loin, sa fortune à son alliance
avec la descendante d'une bâtarde de Flandre i.
paix conclu entre le duc de Bourgogne Hugues III et Guy, comte
de Nevers. (D. Plancher, Histoire de Bourgogne.) Plusieurs autres
La Marche apparaissent au même siècle et au suivant en Bour-
gogne. Ainsi, Guillaume de la Marche signe en 1222 la charte
accordée par le duc pour le droit de vendange à Dijon.
1. La famille d'Olivier de la Marche portait : de sable, bandé
d'or de trois pièces (v. aux Archives de la Gôte-d'Or le sceau de
Guillaume de la Marche, B. 347, 354, 365), et celle de Pontailler,
sortie de Guillaume de Ghamplitte, des comtes de Champagne :
de gueules au lion d'or, couronné de même, armé et lampassé d'azur.
Il faut pourtant reconnaître que les La Marche-sur-Saône possé-
daient aussi des terres voisines de celles des La Marche-en-Bresse.
En 1279, Simon, seigneur de la Marche et de Ghaussin, et Égide,
sa femme, reconnaissent avoir reçu en fief du duc la maison-
forte de Saint- Aubin, près Dracy (non loin de Chalon), qui était de
franc-alleu et venait d'Égide (Arch. de la Gôte-d'Or, B. 10481), et
le même Simon affranchit en 1286 les habitants de sa terre de la
Marche. (V. Gourtépée, id.) Disons, pour ne plus y revenir, qu'il
importe aussi de ne pas confondre la famille de notre chroniqueur
avec la maison de Granson, qui posséda plus tard la terre de la
Marche-sur-Saùne, et dont quelques membres en portèrent le
nom, comme Hélion de Granson, seigneur de la Marche, cité dans
la capitulation accordée le 4 juin 1479 aux habitants d'Auxonne
par Charles d'Amboise, gouverneur de Bourgogne et de Chain-
NOTICE BIOGRAPHIQUE. UJ
Quoi qu'il en soit, au mois d'août 1265, nous voyons pour
la première fois apparaître avec certitude des aïeux directs
d'Olivier de la Marche. A cette date, la « relicte » de mes-
sire Hugues, seigneur de la Marche, chevalier, et Guillaume,
Bertrand1 et Regnaude, ses enfants, donnent en aumône per-
pétuelle à l'église de Saint-Martin-en-Bresse tous les droits
qu'ils peuvent avoir sur les dîmes et les terres du finage de
cette paroisse2. C'est bien la famille de notre chroniqueur,
car Saint-Martin-en-Bresse a de tout temps, sauf un léger
intervalle au xive siècle, dépendu de la seigneurie et plus
tard du marquisat de la Marche3. En 1282, Jehan de la
Marche est institué légataire de 20 livres dans le testament
de Hugues Prévôt, de Vesoul4. Désormais, sans préciser
rigoureusement les degrés généalogiques, nous pouvons
suivre l'histoire de la lignée dans les actes publics. En 1317,
Regnaude de la Marche fonde dans sa maison-forte une cha-
pelle castrale où devaient se dire trois messes par semaine5.
pagne pour Louis XI. (V. Archives de la Côte-d'Or, B. 11787.)
Il existe à la Bibl. nat., Collection de Bourgogne, vol. 101,
fol. 323, une généalogie de la famille de la Marche, qui commence
en 1304, mais qui contient plusieurs erreurs, dont M. H. Stein
{Olivier de la Marche, historien, poète et diplomate bourguignon,
Bruxelles et Paris, 1888, in-4"; extrait du t. XLIX des Mémoires
couronnés et mémoires des savants étrangers, publiés par TAcadémie
royale de Belgique) a reproduit quelques-unes. Nous les avons
rectifiées, surtout en ce qui concerne la descendance de Guil-
laume, bailli de Ghalon, au vu d'un acte de mai 1430 (Archives de
la Côte-d'Or, B. 11342), dont on trouvera l'extrait plus loin.
1. V. transaction de 1304 entre Bertrand de la Marche, cheva-
lier, et Jehan, abbé de Saint-Pierre de Chalon, sur la justice des
moulins de Saint-Martin en Bresse. (Bibl. nat., Collection de
Bourgogne, vol. 101, fol. 323.)
2. Peincedé, Recueils de Bourgogne, ms. aux Archives de la
Côte-d'Or, t. XXVIII, p. 515.
3. Archives de la Côte-d'Or, B. 10525, 11723, fol. 21, t. I<" des
fiefs de Cbalon.
4. là., t. XVII, p. 242.
5. Gourtépée, op. cit., t. 111, p. 460.
IV NOTICE BIOGRAPHIQUE.
Si elle garde pieusement la demeure des ancêtres, ses frères,
ses neveux, ses fils peut-être s'en échappent pour courir les
aventures guerrières, pour faire le noble métier d'homme
d'armes dans les compagnies levées au nom ou pour le compte
du duc par les principaux chevaliers et capitaines bourgui-
gnons. Simon figure en cette qualité dans la compagnie de
Guillaume Le Bastard, chevalier bachelier, en 1367 *. Thi-
baut est écuyer dans celle de Robert de Beaujeu en 1372 2,
Laurent dans celle de Jean de Neufville, bailli de Saint-
Pierre-le-Moutier en 1412 3, et Hugues combat la même
année au siège de Chàteau-Chinon, sous les ordres de Guy
de Bar, bailli d'Auxois4. Quelques-uns portent la robe5,
mais c'est l'exception : les La Marche ne se servent guère que
de l'épée; on les rencontre partout où il faut la tirer 6.
Leur modeste patrimoine ne leur permet pas toutefois de
1. Montre du 7 février 1367, à Dijon. (Archives de la Gote-d'Or,
B. 11747.)
2. Archives de la Gôte-d'Or, B. 11749.
3. Id., B. 11779; Peincedé, op. cit., t. XXVI, p. 151.
4. Id., p. 146.
5. En décembre 1412, Jehan de la Marche, maître des requêtes,
participe à une distribution de vin faite par le duc à divers per-
sonnages de qualité. (Compte de Joseran Frepier, 1412; Archives
de la Gôte-d'Or, B. 1573.) Ce Jehan de la Marche fut abbé de
Saint-Pierre de Ghalon en 1413. Il était avocat en 1403. (B. 11624.)
On trouve aussi en 1401 un Nicolas de la Marche, mesureur du
grenier à sel de Marcigny-les-Nonnains. (Peincedé, t. XVIII,
p. 40.) Mais celui-ci appartenait-il à la famille d'Olivier? G'est
au moins douteux. Olivier de la Marche, étudiant à l'université
de Dole en 1425 (Bibl. nat., Collection de Bourgogne, vol. 23,
fol. 84), et témoin de la quittance donnée le 28 avril 1430 (v. plus
loin), est plus sûrement de la famille du chroniqueur.
6. En août 1417, Adam et Pierre de la Marche, écuyers,
figurent dans la compagnie de Jean de Vergy (B. 11788), et,
l'année suivante, le premier est à Bouen, sous l'étendard d'An-
toine de Toulongeon, seigneur de Traves, pour défendre la ville
contre Henri V, roi d'Angleterre. (B. 11793.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. V
vivre à l'état de complète indépendance et de se soustraire à
la suzeraineté du duc, auquel ils ont d'ailleurs inféodé, peut-
être dès le xiif siècle, leur franc-alleu de la Marche. Loin
de se tenir à l'écart, ils se rapprochent de lui, ils entrent à
son service, ils s'attachent à sa personne, ils deviennent
ses gens, ils font partie de sa domesticité, familiares ducis,
disait-on au xne siècle. Celui d'entre eux qui, par son intel-
ligence, sa fidélité et ses charges, s'éleva le plus haut dans
cette familiarité honorable, à la fois militaire et civile, guer-
royante et conseillère, fut Guillaume de la Marche, un digne
ancêtre d'Olivier. Les documents qui subsistent aujourd'hui
ne nous apprennent que le nom de son père, qui s'appelait
comme lui Guillaume et était chevalier ; nous savons en
outre qu'il avait soit pour sœur, soit plutôt pour tante Alix,
femme du seigneur de Châteaurenaud , près Louhans, qui
fut obligée de céder, pendant son veuvage, avec son fils
Oudot, une partie des revenus de la terre de la Marche à
Jean de Vienne, seigneur de Sainte-Croix, en 13761. Le
premier Guillaume épousa Bienvenue Bonamy et mourut
avant 1382, d'après M. Henri Stein, qui lui attribue par
erreur le titre de bailli de Chalon. En 1372, son fils, celui
qui nous occupe, était écuyer dans la compagnie d'Hugues de
Vienne, sire de Seurre et de Sainte-Croix, chevalier banne-
ret 8. A ce moment, la famille jouissait d'une certaine aisance,
car nous voyons Guillaume Ier posséder, à Saint-Martin-
en-Bresse, des fiefs désignés dans le dénombrement donné au
duc par le même Hugues de Vienne 3. Philippe le Hardi dis-
1. Courtépée, op. cit., t. III, p. 461. Guillaume de la Marche
acheta un peu plus tard, ou plutôt recueillit par héritage d'Oudot,
la terre de Châteaurenaud, qui fut ensuite possédée par Antoine
et par Olivier. (Courtépée, op. cit., t. III, p. 421.)
2. Archives de la Côte-d'Or, B. 11749. V. aussi B, 11746.
3. Dénombrement donné en 1374 par Alix de Champsery, dame
de Saint-Sernin-du-Plain et de Dracy, relicte de Girard de Mon-
tagu, pour la moitié de la terre de Fougeroy, dont l'autre moitié
VJ NOTICE BIOGRAPHIQUE.
tingua bientôt son fils Guillaume II et le mit à la tête de l'un
des cinq bailliages du duché1, celui de Chalon-sur-Saône.
Les fonctions des baillis étaient fort considérables. Chacun de
ces officiers exerçait, dans sa circonscription, les pouvoirs de
suzeraineté du duc ; il faisait donner les dénombrements de
fiefs, réunissait les vassaux pour le service militaire, tenait
la cour féodale, jugeait et recevait les amendes. Les sergents
placés sous ses ordres donnaient les ajournements, opéraient
les saisies et les arrestations. Il était tenu de résider dans
son bailliage, au chef-lieu duquel il avait un logis particu-
lier, et d'y expédier tous les procès 2.
Guillaume de la Marche entra en fonctions le 7 septembre
1384, et joignit à cette charge celle de maître des foires du
Chalonnais, qui y était inhérente3. C'est en sa qualité de bailli
d'épée qu'il reçut, le 28 octobre 1384, les habitants d'Ouroux
sous la garde du duc, moyennant la redevance de vingt-cinq
bichets d'avoine4; qu'en 1385 il consentit la mainlevée
d'une saisie pratiquée sur les biens d'un curé de Fréta, reven-
diqués par l'évêque de Chalon et le prieur de Saint-Marcel5;
qu'il fut désigné, le 10 novembre 1387, par Philippe le Hardi,
pour estimer, avec Jean de Foissy, bailli de la Montagne,
Baudry de Baleure et Jean Le Boiteux, la terre de Montaigu
dont Philibert de Damas avait cédé la moitié au duc en
appartenait aux enfants de Guillaume. (Peincedé, op. cit., t. XI,
p. 118. V. aussi Archives de la Gôte-d'Or, B. 10525.) Guillaume
vendit, en 1376, la terre de Saint-Martin-en-Bresse à Jacques
Goussay. (Gourtépée, op. cit., t. III, p. 452.)
1. Dijon, Autun, Chalon, Auxois, la Montagne.
2. De la Barre, Mémoires pour servir à l'histoire de France et de
Bourgogne, b. p. 296. V. une sentence rendue à Saint-Laurent,
en 1390, par Guillaume de la Marche. (Archives de la Gôte-d'Or,
B. 1355.)
3. Gourtépée, op. cit., t. III, p. 242; Archives de la Gôte-d'Or,
B. 347.
4. Peincedé, t. XI, p. 331.
5. Perry, Histoire de Chalon, p. 256.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. vij
échange de la seigneurie de Saint-Romain1; qu'il passa en
revue à Saint-Marcel-lès-Chalon , le 3 août de la même
année, les troupes envoyées par le duc de Bourgogne au
secours du comte de Savoie2, et qu'il réduisit à trente en
1389, du consentement du duc, le nombre des courtiers de
commerce de la ville de Chalon, jugé excessif3. Le 9 avril
1391, il reçut un nouveau titre et une fonction nouvelle : il
fut nommé châtelain de la Colonne, châtellenie située sur
les rives de la Saône4, c'est-à-dire qu'il fut chargé d'admi-
nistrer cette châtellenie, d'y percevoir les redevances ducales,
d'y prononcer et d'y lever les amendes sur les vilains, et de
veiller à l'entretien du château.
Guillaume de la Marche était un serviteur intelligent et
zélé, toujours prêt à étendre les possessions et à accroître le
pouvoir de son maître. Ce fut par lui que Philippe le Hardi
acquit, en 1400, la vicomte de Chalon et tous les droits qui
en dépendaient, comme les cens payés au vicomte par les
propriétaires de certaines maisons, droits longtemps disputés
par la maison de Damas, à qui appartenait la tour de Mar-
cilly, d'où elle prétendait dominer la ville5. Il était du reste
« homme de grand honneur et estât6, » prodigue du sien,
non par gloriole, mais par un sentiment élevé du devoir, et
dépensait bien au delà de ses revenus pour soutenir le poids
de sa dignité. Aussi le duc, qui l'avait en haute estime et
qui le voyait s'endetter, malgré l'accroissement apparent de
sa fortune territoriale7, lui fit-il plusieurs libéralités. Il alla
1. Archives de la Gôte-d'Or, B. 1260; Dom Plancher, op. cit.,
t. III, p. 109.
2. Id., B. 11752.
3. Terrier de Chalon, fol. vin™ xv; Peincedé, t. XI, p. 331.
4. Peincedé, t. V, p. 4.
5. Courtépée, op. cit., t. III, p. 213.
6. Lettres- patentes du duc, du 29 décembre 1437. (Archives
de la Gôte-d'Or, B. 339.)
7. Après avoir vendu la terre de Saint-Martin-en-Bressc pour
viij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
plus loin encore. Marguerite de Flandre, femme de Philippe
le Hardi, avait amené avec elle en Bourgogne et attaché à
son hôtel, en qualité de dame d'honneur, une jeune fille,
Marie Dayne, « laquelle estoit sa pauvre parente et ser-
vante, descendue et extraicte du sanc de Flandres et des
bastardes du comte Loys1. » Le duc donna cette cousine
illégitime de sa femme en mariage à Guillaume de la Marche,
qui était déjà deux fois veuf et qui avait plusieurs enfants
de ses unions précédentes2. Il l'introduisit par là pour ainsi
dire dans sa famille, et lui remit en même temps, sous forme
de dot, une assez forte somme d'argent pour soutenir l'éclat de
sa maison3. Malheureusement, cette provende inattendue fut
bientôt dissipée ; Philippe le Hardi fut lui-même obligé, en
1399, de réduire les pensions qu'il accordait à ses principaux
officiers et sur l'état desquels était couché son fidèle bailli 4,
et lorsque celui-ci, chargé de jours, vint à rendre son âme
vaillante au Seigneur, il laissa beaucoup de regrets, mais
fort peu de rentes 5.
acquitter ses dettes, Guillaume II de la Marche put acheter de
Guillaume de Sercey et des deniers d'une de ses belles-filles une
portion de la seigneurie de Villargeau, qui était en franc-alleu
et qu'il reconnut tenir en fief du duc en 1391. (B. 10538 et 11130;
Peincedé, t. X, p. 118.) Il possédait aussi la terre de la Cha-
pelle de Villers, dans le bailliage d'Autun. (Peincedé, t. XVIII,
p. 778.)
1. Lettres patentes précitées, du 29 décembre 1437. Un certain
Jean d'Ayne, ou Dayne, fut chambellan de Philippe le Bon. (De
la Barre, Mémoires pour servir à l'histoire de France et de Bour-
gogne, b. 218.)
2. Mêmes lettres patentes.
3. Idem.
4. Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. III, preuves, p. 193.
5. Guillaume de la Marche mourut le 17 mai 1404. (Voir son
épitaphe dans la Collect. de Dom Villevieille, vol. 55, Cab. des titres,
136 bis, fol. 136, à la Bibl. nat., et lettres patentes du duc, du
28 août 1406, B. 11130.) Il fut inhumé dans la chapelle de la
Marche, ou des Quatre-Seigneurs , élevée sur le cimetière qui
NOTICE BIOGRAPHIQUE. ix
Le plus clair de son patrimoine, grevé de dettes, c'étaient
ses enfants, qui furent au nombre de six au moins, nés de
ses trois lits différents1. Trois étaient encore vivants en
1430 2; ils se nommaient Guillemette, d'abord femme de
chambre de la duchesse Marguerite, mère de Jean sans
Peur3, puis mariée à Claude de Dammartin, chevalier, sei-
gneur de Bellefond4; Antoine, dont nous parlerons tout à
l'heure; Philippe, enfin, père de notre chroniqueur. Les
autres : Guillaume, qui épousa Flour ou Flore de Sercey,
fille de Jean de Sercey, chevalier, dont il eut cinq enfants5;
entourait l'église de Villegaudin en 1399. On y voyait encore
son tombeau au xvme siècle. (Courtépée, op. cit., t. III, p. 460.)
Parmi les libéralités faites au bailli par le duc, figurait une rente
de 30 livres perçue en la recette de la chàtellenie de Verdun-sur-
le-Doubs, sur la terre de Villargeau, acquise par Guillaume.
(B. 10538.)
1. Main levée du duc Jean sur la terre de Villargeau, du
28 août 1406 (B. 11730) et lettres patentes du duc de 1415. (B. 339.)
2. C'est ce qui résulte d'un acte du 30 mai de cette année, où
figurent comme « ayants cause de Guillaume II : Guillemote ...
jadis femme de feu Claude de Dommartin, ... Antoine ..., sei-
gneur de Cbastelregnault, et Philippe, son frère, seigneur de la
Marche, et les enffens et héritiers de feu Guillaume de la Marche
(Guillaume III), c'est assavoir Vauthier et Antoine, ses enffens,
et Marie, femme de Guiot Guilbert, laquelle fut fille de feu Phi-
lippe de la Marche. » (Extrait d'un protocole de notaire, Arch. de
la Côte-d'Or, B. 11342; quittance du 28 avril 1430, dans Palliot,
Histoire généalogique de la maison de Bouton, preuves, p. 25.)
3. Dom Plancher, t. III, p. 143.
4. Peincedé, t. XVII, p. 119, et Archives de la Côte-d'Or,
B. 11403, 11411.
5. L'ainé fut probablement Philippe, qui était mort, comme on
l'a vu, avant 1430, laissant une fille, Marie, femme de « noble
homme » Guiot Guilbert, veuve en 1431. (B. 376.) Quant aux
autres, ils se nommaient Vauthier, Antoine, cités plus haut,
note 2, Marguerite et Catherine. Vauthier avait seulement une
douzaine d'années en 1406, date à laquelle leur père était déjà
mort. (Voy. B. 11342 et lettres patentes du duc, du 28 août 1406,
X NOTICE BIOGRAPHIQUE.
Marguerite et Catherine, chanoinesse à Mons, étaient décédés
avant cette date1. Sans la bonne duchesse, sa parente de la
main gauche, Marie Dayne n'aurait pu les élever, « car ils
ne tenoient rien de leur père » et elle avait été contrainte,
disent des lettres de Jean sans Peur, « d'abandonner le sien à
sesdits enfants pour les nourrir, monter et armer2. » Mais
Marguerite de Flandre vint charitablement à son aide 3 et la
recommanda avec chaleur à son fils avant de mourir, en 1404.
Jean sans Peur s'en souvint plus tard, d'abord en lui rendant,
le 28 août 1406, la jouissance de sa terre de Villargeau,
mise sous la main du duc « par deffault de fyé non congneu, »
c'est-à-dire pour non-accomplissement des devoirs féodaux,
puis lorsque, après avoir achevé sa tâche maternelle, marié sa
fille et fait endosser le froc ou la cuirasse à ses fils, la pauvre
veuve, épuisée de forces et d'argent, sans toit et presque sans
précitées.) En 1436, Philippe le Bon donna à Marguerite la ferme
de la "Vulst, en considération de l'avancement de son mariage.
(Archives du Nord, B. 1958.) Quant à Vauthier et Antoine, dit
le Rousseau, ils portèrent tous deux les armes et figurent dans
un grand nombre de montres des années 1414 à 1429, sous les
ordres de Guillaume de Vienne et dAntoine de Toulongeon.
Vauthier fut chargé de quelques missions par le duc. (B. 11940.)
Antoine, seigneur de la tour de Saudon, à Chalon-sur-Saône,
qui fut maréchal de la lice au pas de la Fontaine de Plours en
1449, épousa Françoise de Moroges, dont il eut une fille, Anne,
mariée à J. de Saulx du Meix. (Cherche des feux du bailliage de
Chalon-sur-Saône en 1449; Peincedé, t. XVIII, p. 490.)
1. V. sur ces deux dernières filles de Guillaume une curieuse
lettre écrite le 2 septembre 1399 par la duchesse Marguerite de
Flandre au bailli de Chalon (Bibl. nat., ms. lat. 9869, p. 216), et
publiée par M. Stein, p. 152. Peut-être faut-il ajouter à cette
liste Henri de la Marche, qui fut abbé de Saint-Pierre de Chalon
de 1419 à 1436 (Perry, Histoire de Chalon, preuves, p. 112;
Archives de la Côte-d'Or, B. 11624), bien qu'il ne figure pas
parmi les héritiers de Guillaume de la Marche, car l'on sait que
les moines étaient morts civilement.
2. Lettres du 10 octobre 1415, B. 339.
3. Lettres patentes précitées du 28 août 1406.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. xj
pain, vint solliciter un asile de la munificence ducale. Il lui
donna, pour sa vie durant, un sien « hostel, appelé le chaf-
faul de Saint-Trivier, » dans le village de Bragny , près Ver-
dun-sur-le-Doubs, le droit de prendre son chauffage dans les
bois du Chaffaul et 60 livres de rente sur la recette de Ver-
dun *. Ce ne fut pas tout. Par son testament du 2 jan-
vier 1425, Catherine de Bourgogne, duchesse d'Autriche,
lui laissa « en récompensation des aggréables services qu'elle
luy avoit faits » 200 fr., une robe de velours noir fourrée
de menu gris et le château de Bragny 2. Malheureusement
ce dernier rayon de soleil eut à peine le temps de réchauffer
sa vieillesse.
Nous nous sommes peut-être trop attardés aux origines
de cette race, qui n'eût laissé, malgré ses vertus guerrières,
aucune trace dans l'histoire, si l'un de ses membres n'eût eu
la pensée, alors peu commune, d'allier la plume à l'épée.
Mais il n'est pas inutile d'observer, même dans un miroir
restreint, comment vivaient au moyen âge la plupart des
familles nobles, qu'on se figure d'ordinaire indépendantes et
ombrageuses dans leurs manoirs, tenant à distance à la fois
le prince et leurs vassaux, reines absolues au sein de leurs
domaines dont elles défendaient l'accès jusqu'au suzerain.
Ce qui pouvait être vrai de quelques grandes maisons féo-
dales ne l'était guère de presque toutes les autres, au moins
de la classe intermédiaire qui, trop peu riche pour s'isoler,
pas assez pauvre pour se perdre dans le vilenage, demandait
aux armes, après l'aliment quotidien, le rehaussement de
son rang et l'accroissement de sa fortune. Elle se serrait
autour du souverain et, en écha nge d'une fidélité dans laquelle
elle mettait son orgueil, recevait de lui une protection qui
1. Lettres de 1415; acte de 1529. (B. 1643.)
2. Dotn Plancher, t. III, preuves, p. 233. Patentes du duc en
1427 pour payer cette somme, qui fut versée le 22 novembre 1429
à Antoine de la Marche, fils de la légataire, alors défunte. (B. 365.)
XI j NOTICE BIOGRAPHIQUE.
couvrait jusqu'à sa descendance. En Bourgogne notamment,
où tout servait le duc, le respect pour sa qualité, le train
magnifique de sa maison, l'étendue de ses domaines, le grand
nombre de ses officiers, l'épuisement des vieilles grandes
races, cela est particulièrement visible : dès le xive siècle,
le gouvernement s'y présente pourvu de tous les services
nécessaires à un pouvoir central, et la noblesse moyenne y
trouve un débouché pour tous ses enfants. La domesticité
royale n'est pas une invention de Louis XIV : longtemps
avant lui, il existait en France une classe essentiellement
monarchique de serviteurs et de protégés qui n'attendait
qu'un signal pour se grouper, sans croire s'abaisser, autour
du trône. De plus, il n'est pas sans intérêt de rechercher,
parmi les ancêtres d'Olivier de la Marche, celui dont la phy-
sionomie se rapproche davantage de la sienne ; c'est de son
aïeul, le bailli de Chalon, qu'il tient la loyauté, le dévoue-
ment à toute épreuve, le culte de l'honneur et de la personne
de ses maîtres ; c'est de lui, et sans doute aussi de sa grand'-
mère, ce rejeton indirect d'une souche princière, qu'il a
hérité sa vénération pour la « très haute, puissante, doubtée
et renommée maison de Bourgogne, » dont il dirait volon-
tiers, si la branche royale n'existait pas : « C'est la plus
grande du monde, » son goût pour la splendeur et pour les
fêtes, sa haine pour la lésine, surtout chez les grands, son
amour de la justice et de la bonne équité, et aussi son mépris
de l'outrecuidance, de la présomption, « des cuideurs de
valoir, » sa profonde soumission aux desseins impénétrables
de la Providence, aux « coups de fouet et divines bateures »
qui changent en un clin d'œil la fortune humaine, et qui
font parfois du fils légitime d'un noble seigneur un homme
de petit état, tandis qu'ils élèvent subitement son bâtard,
« vivant et régnant en vertu,... car Dieu n'est pas accep-
teur des hommes, mais des vertus et des vices. »
Fortement trempés par l'éducation virile que leur donna
leur mère, les fils de Guillaume de la Marche soutinrent vail-
NOTICE BIOGRAPHIQUE. xiij
lamment le faix du nom paternel. Né en 1395 *, tenu sur
les fonts baptismaux le 24 mars 1396, à Chalon, par le duc
en personne, seigneur de la terre de Chàteaurenaud (qu'il
avait su disputer aux créanciers de son père), de Chassey
et d'une partie de celle de la Marche, écuyer et échanson de
Jean sans Peur-, conseiller et chambellan de Philippe le
Bon3, Antoine se trouve partout où il y a un coup de lance
à fournir, une négociation à poursuivre ou un service déli-
cat à rendre au duc, en Flandre, en Languedoc, en Cham-
pagne, à Paris. En juillet 1417, il est à Beauvais, en
qualité de « chef de chambre, » dans la compagnie de Jean
de Toulongeon, qu'il suit depuis 1414 4; en septembre de
la même année, il revient à Màcon 5 ; en mars suivant, le
duc l'envoie6 avec Regnault de Montconis conclure une
alliance avec la comtesse de Savoie ; dans le cours de la
même année, nous le trouvons à Paris et à Troyes, où il
rend de grands services à la reine de France 7 ; il tente de
faire lever le siège de Marcigny-les-Nonnains, que pressaient
les troupes du dauphin en 1419 8 ; au mois d'août de la même
année, il est envoyé par Jean sans Peur au dauphin Charles,
1. Bibl. nat., Collection de Bourgogne, vol. 23, fol. 84. Dans une
enquête faite en 1 438 par ordre du duc au sujet des Écorcheurs,
il se dit âgé de cinquante ans. ( Archives de la Cùte-d'Or, B. 11881.)
2. Compte de Jean Fraignot, de 1417, fol. 128; Mémoires pour
servir à l'histoire de France et de Bourgogne, b. 144.
3. Même compte, fol. 2G1 ; compte de M. Regnault, de 1438,
fol. 12, 43; mômes Mémoires, b. 188; H. Beaune et J. d'Arbau-
mont, la Noblesse aux états de Bourgogne, p. 231; Archives de la
Côte-d'Or, B. 355, 1588, 112-10.
4. Peincedé, t. XXII, p. 529.
5. Archives de la Cùte-d'Or, B. 11939.
6. Compte de Jean de Noident, de 1415 à 1418; Peincedé,
t. XXII, p. 463.
7. Compte de Pierre Coremont, receveur générai de France,
1417-1418; Mémoires pour servir., etc., b. 127; B. 11939.
8. Lettres patentes du duc du 29 décembre 1437. (B. 339.)
XÎV NOTICE BIOGRAPHIQUE.
qui se trouvait à Bourges, afin de le presser de donner sa rati-
fication au traité de paix récemment publié1 ; fait prisonnier
sur le pont de Montereau lors du meurtre de Jean sans Peur,
il y est rançonné et « misàgrant finance2; » en 1420, Phi-
lippe le Bon le retient avec plusieurs autres chevaliers pour
le siège de Melun, qu'il assiège avec le roi d'Angleterre3, le
paye de ses propres deniers4 et lui remet après la prise de la
ville 200 livres de gratification 5 pour réparer les pertes
qu'il avait faites et qui l'avaient obligé à aller vendre « ses
robes et joyaux en la ville de Troyes 6 ; » lorsque Jean de
Toulongeon assemble un certain nombre de seigneurs avec
leurs vassaux pour courir au secours de Cravant, assiégée
par les Armagnacs, Antoine est au premier rang delà troupe
bourguignonne7; il figure encore sous les ordres de ce chef
en 14278, en 1430 9, sous les murs de la forteresse de Larrey,
enlevée par les ennemis du duc; il prend part à une expédi-
tion contre les Ecorcheurs autour de Beaune et de Pontailler,
et dépose dans une enquête faite à ce sujet à Auxonne en
1438. Bref, tour à tour diplomate et soldat, il guerroie et
traite au mieux des intérêts de son maître jusqu'à son
dernier jour, survenu le 23 décembre 1438 à Dijon 10. Aussi,
1. Dom Plancher, t. III, p. 518. Il reçut pour ce voyage 84 fr.
(Compte de Jean de Noident, et B. 355.)
2. Lettres du 29 décembre 1437.
3. Compte de Jean Fraignot, de 1421, fol. 234, 253; Mémoires
pour servir, etc., a. 241.
4. Compte de Guy Guilbaut, 1420-1421. (B. 1612.)
5. Mémoires pour servir, etc., a. 242.
G. Lettres patentes précitées de 1437.
7. Compte de Jean Fraignot, de 1423. (B. 1622.)
8. B. 11801. — En octobre 1424, il était mandé par le duc à
Tournus pour assiéger la forteresse de Solutré. (B. 11721.)
9. B. 11802.
10. Il fut inhumé dans l'église de Ghâteaurenaud. (Courtépée,
t. III, p. 421.) Son épitaphe est conservée dans la Collection de D.
Villevieille, vol. 55, fol. 138, à la Bibl. nat.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XV
celui-ci, dont le père lui avait déjà, en 1416, accordé une
rente viagère de 50 livres sur sa terre de Perrigny, près
Verdun-sur-le-Doubs1, et fait divers dons en nature ou en
argent, croit devoir, un peu tardivement, récompenser
ses services en lui faisant pendant cinq ans une pension de
200 livres, dont il ne toucha qu'une annuité2.
A côté de la figure énergique d'Antoine de la Marche celle
de son frère Philippe paraît un peu pâle et effacée. C'est
aussi un homme d'armes, un écuyer ordinaire d'écurie du
duc3, et il en remplit avec conscience tous les devoirs. De
1414 à 1431, il chevauche dans plusieurs compagnies, der-
rière les seigneurs de Salenove4, de Bussy5, Jean et Antoine
de Toulongeon 6, « en la chambre de Mgr de Saint- Aubin7 ; »
1. Archives de la Gôte-d'Or, B. 339. — Jean sans Peur lui
avait aussi permis, le 18 septembre 1418, de faire battre à son
profit 100 marcs d'argent lin à la monnaie de Màcon. (Idem,
B. 11210.) On peut consulter aux mêmes Archives, sur Antoine,
diverses pièces, quittances, mandements de paiement, etc., de
1418 à 1429, B. 11939, 1643 et 365, et surtout les lettres préci-
tées du 29 décembre 1437, par lesquelles le duc lui. fit don d'une
somme de 1,000 fr. pour le dédommager des pertes qu'il avait
faites à son service.
2. Lettres patentes précitées du 29 décembre 1437. Antoine de
la Marche ne paraît pas avoir, de son union avec Marguerite de
Gornalou, laissé d'enfants qui lui aient longtemps survécu, car
la terre de Ghàteaurenaud passa à son neveu Olivier et à sa nièce
Jeanne, qui apporta sa part en mariage à Jean Le Mairet, et la
donna ensuite en dot à sa fille, mariée en 1498 à Guillaume de
Thuillière, dit Montjoie. (Courtépée, t. III, p. 421.)
3. État de la maison de Philippe le Bon, dans La Barre,
Mémoires, b. p. 236. Philippe fut aussi gruyer de Bourgogne.
(Archives de la Gùte-d'Or, B. 11411, et Bibl. nat., Collection de
Bourgogne, vol. 23, fol. 86.)
4. Archives de la Gùte-d'Or, B. 11785.
5. ld., B. 11792.
6. ld., B. 11788, 11801, 11803.
7. ld., B. 11803.
XVj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
il suit les armées ducales en Champagne et en Auxerrois ;
il tient garnison dans le Charolais en 1435 l, il rejoint a
Decize Philippe le Bon qui y traite de la paix avec le duc de
Bourbon2 et peu après est envoyé au château de Joux, près
Pontarlier, par Guillaume de Vienne, sire de Saint-Georges3,
pour résister au comte de Neufchâtel, ce qui ne l'empêche
pas d'arrondir modestement son patrimoine à travers ces
courses guerrières4 et de plaider même pour le défendre5.
Mais il ne s'élève pas au-dessus du niveau ordinaire et ne se
signale ni par de grands services, ni par de mémorables
exploits. Son plus solide titre d'honneur est d'avoir donné le
jour à notre chroniqueur. Philippe de la Marche avait
épousé, le 15 mars 1421, Jeanne Bouton6, dont il eut deux
enfants, Olivier et Jeanne7. Il mourut, non en 1437, comme
son fils le dit dans ses Mémoires, mais probablement à la
fin de 1439, car il passait encore un bail dans son fief de
Chassey au commencement de cette année8.
1. Archives de la Côte-d'Or, B. 11797.
2. Marcel Ganat, Documents inédits pour servir à l'histoire de
Bourgogne, t. I, p. 363.
3. Mémoires, liv. I, ch. u.
4. Il possédait une partie de la terre et le château de la Marche,
un fief à Chassey, près Ghalon, qu'il tenait de sa femme, celui de
Dyombe, à Mervans, quelques rentes, des bois, et un péage dans
cette dernière paroisse, enfin des héritages à Combertault, près
Nuits. (Archives générales de Belgique et Archives de la Côte-
d'Or, B. 10740; Peincedé, t. XVIII, p. 490.)
5. Registre des causes du conseil ducal de 1426-1427, aux
Archives de la Côte-d'Or, B. 94 bis.
6. Palliut, Histoire généalogique de la maison de Bouton, preuves,
p. 20; L. Beauvois, Le Bourguignon Claude Bouton, seigneur de
Corberon, 1882.
7. Bibl. nat., Collection de D. Villevieille, 55, fol. 138.
8. Ce bail est rappelé dans un acte du 13 avril 1641. (Archives
de la Côte-d'Or, B. 10740.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XVlj
Comme d'habitude, les biographes ne se sont pas mis d'ac-
cord sur l'époque précise où naquit Olivier. D'après Valère
André1, il serait né en 1380, ce qui ne lui aurait pas donné
moins de cent vingt-un ans au moment de sa mort. Plusieurs
l'ont fait naître en 14222, d'autres en 1427. MM. Weiss3et
Vallet de Viriville4 indiquent la date de 1426, qui est aussi
adoptée par l'abbé Boullemier, dans ses notes manuscrites
conservées à la bibliothèque publique de Dijon, et par un
autre érudit, M. Gérard, dans son mémoire manuscrit sur
la vie et les ouvrages d'Olivier de la Marche, aujourd'hui
déposé à la bibliothèque royale de La Haye. Enfin M. le
baron Kervyn de Lettenhove, dans les Lettres et négocia-
tions de Philippe de Commines, préfère la date de 1420,
tandis que, dans son intéressante Étude sur notre chroni-
queur, M. H. Stein incline vers celle de 1425. Ces divergences
s'expliquent aisément ici, car Olivier de la Marche, comme
la plupart de ses contemporains, ne connaissait pas exacte-
ment lui-même son âge et le détermine souvent d'une manière
erronée dans le cours de ses Mémoires ou de ses autres
écrits. Si l'on en croit son Introduction, il aurait été dans
sa soixante-sixième année en 1488, c'est-à-dire au moment
où Philippe le Beau, à qui ce travail est adressé, avait dix
ans. Ailleurs, il se donne huit à neuf ans lors de son entrée
à l'école de Pontarlier et de la publication du traité d'Arras,
en 1435, et treize en 1439, lorsqu'il fut présenté à Chalon-
sur-Saône au duc Philippe le Bon et admis au nombre de
ses pages. En adressant à Maximilien, au mois de juin 1500,
son Advis des grands officiers que doit avoir un roi, il
se dit âgé de soixante-seize ans, et, deux années plus tôt,
i. Biblioiheca belgica, p. 707.
2. Gourtépée, t. III, p. 460; Villeneuve, Histoire de René d'An-
jou; Papillon, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, t. II, p. 19.
3. Biographie Michaud.
4. Biographie Didot.
b
XVÎij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
en 1598, il n'avoue que soixante-dix ans1. Cette dernière indi-
cation paraît seule exacte et recule à 1428 environ l'époque
de sa naissance. La date de 1425 ou de 1426, acceptée sur
sa foi par quelques-uns de ses biographes les plus récents,
correspond bien , il est vrai , à l'âge qu'il s'attribue au
moment des graves événements qui ont marqué dans les
souvenirs de son enfance ; mais elle ne s'accorde nullement
avec celle des séjours de Philippe le Bon à Chalon-sur-Saône,
date fixée d'une manière invariable et précise par des docu-
ments authentiques. Le duc ne vint pas en Bourgogne dans
tout le cours de l'année 1439 ; il ne s'y rendit qu'à la fin de
1441 et n'arriva qu'en mars 1442 (n. st.) à Chalon, où il
demeura jusqu'au 8 avril2. L'année suivante, il y revint
encore et y séjourna du 25 juin au 10 juillet3. Si Olivier lui fut
présenté pour la première fois dans cette ville, alors qu'il avait
environ treize ans4, cette présentation n'ayant pu avoir lieu
avant mars 1442, la date de sa naissance doit être repor-
tée aux derniers mois de l'année 1428, ou aux premiers
de 1429, dans le courant de mars vraisemblablement5. Il a
pu en effet se tromper de quelques semaines dans l'évalua-
tion approximative de son âge et même de quelques années
sur l'époque de son admission parmi les pages; mais il est
difficile d'admettre qu'il ait commis une erreur sur le lieu où
il a été reçu à la cour et où il a pour la première fois fléchi
le genou devant son « très redoubté seigneur6. » Un souve-
1. V. infra, dans la Notice bibliographique, la mention des vers
adressés par lui à Philippe le Beau, alors âgé de vingt ans.
2. Marcel Canat, Documents inédits pour servir à l'histoire de
Bourgogne, t. I.
3. Id.
4. « Je pouvois, dit-il, avoir treize ans d'eaige. »
5. V. plus loin son testament.
6. Dans le chap. v du liv. I des Mémoires, Olivier dit qu'il vit
pour la première fois Philippe le Bon lors du jugement de la
contestation du sire de Ghahannes avec le sire de Pesntes. Or,
ce jugement eut lieu en juillet 1443, à Chalon. Il convient donc
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XIX
nir aussi matériel se fixe à tout jamais et ne s'efface point
de la mémoire d'un enfant.
Les historiens varient sur la date de sa naissance et ne
sont pas mieux d'accord sur le lieu qui lui servit de berceau.
La plupart se contentent d'indiquer le comté de Bourgogne;
quelques-uns, plus sages, confessent leur ignorance; d'autres
enfin désignent le château de Joux, dont son père aurait
alors été gouverneur. Il est vrai qu'en parlant de la mission
donnée à Philippe de la Marche par Guillaume de Vienne,
Olivier dit que son père, prévoyant un séjour de longue
durée, emmena avec lui « son ménage celle part, » c'est-à-
dire sa femme et sa maison. Mais cette petite émigration
n'eut lieu qu'en 1434 au plus tôt et plus vraisemblablement
en 1435. Il était alors né depuis plusieurs années. Jusqu'à
ce moment, sauf pendant ses expéditions militaires, Philippe
de la Marche ne quitta pas sa maison-forte de Bresse, qu'ha-
bitait d'ailleurs constamment sa femme. Elle y donna le
jour à son fils et celui-ci fut baptisé le 25 mars, dans l'église
paroissiale de Villegaudin , où, en mémoire de cet événement,
il fonda, par ses dernières dispositions, un Salve Regina à
perpétuité1. Le château de la Marche ne faisait point partie
du comté de Bourgogne, mais de ce que l'on appelait alors
les terres d'outre-Saône, du ressort de Saint-Laurent, limi-
trophes de ce comté2. Olivier n'est donc point Franc-Com-
tois d'origine; il est natif d'un pays annexé au duché.
Sa mère elle-même était comme son père Bourguignonne
de sang et de race. La maison de Bouton, que Palliot fait
d'hésiter entre les années 1142 et 1443 pour la date de son entrée
à la conr.
1. V. infra le testament d'Olivier.
2. En 1252, Jean, sire de Salins, avait rendu hommage au duc
Hugues IV pour les terres de la Marche, Lessard, Saint-Ger-
main et Montjay, et, en 1279, le duc Rohort II avait acquis de
Philippe de Vienne la mouvance de Mervans. Le parlement de
Saint- Laurent -lès - Ghalon, auquel ressortissaient les terres
d'outre-Saone, avait été établi par l<; roi Jean en 1362.
XX NOTICE BIOGRAPHIQUE.
sortir du Brabant1, était depuis près d'un siècle établie dans
le duché, au service de ses souverains, qui l'avaient en
quelque sorte attachée à leurs personnes, et préludait à son
illustration future en occupant des charges de confiance.
Fille du seigneur du Fay, chevalier, châtelain de Sagy,
bailli de Dole, sœur d'un échanson, qui devint ensuite
chambellan de Philippe le Bon, Jeanne Bouton était une
femme bien apparentée, dont l'alliance, sans dépasser son
rang, était honorable pour Philippe de la Marche ; d'ailleurs,
courageuse et alerte, économe et avisée, elle montra sa force
d'àme en éloignant, après son veuvage, son fils, encore
imberbe, pour le placer sous les yeux du duc, et la prudence
de sa gestion en accroissant d'une façon notable le patrimoine
de ses enfants2. Elle y eut d'autant plus de mérite que son
1. Histoire généalogique de la maison de Bouton de Chamilly.
2. Elle acquit à Saint-Martin-en-Bresse des terres qui avaient
autrefois appartenu aux La Marche ; elle en acquit aussi à
Diconne, à Ghassey, tandis qu'en 1447 elle vendait aux Carmes
de Chalon la moitié d'une maison qu'elle possédait dans cette
ville. (Archives de Saône-et-Loire , E. M42, n° 3.) Enfin, elle
acheta, moyennant 2,000 livres tournois, le 19 septembre 1449,
les maison-forte, ville et chàtellenie de Louhans, en toute jus-
tice, de Guillaume de Vienne, seigneur de Saint-Georges et de
Sainte-Croix, et de Jean, son fils. (Archives de la Côte-d'Or, B.
1256; Bibl. nat., Collect. de D. Villevieille, vol. 55, fol. 138.) Mais, le
13 novembre suivant, le duc exerça le retrait féodal sur cette
terre considérable en remboursant le prix d'achat (id., B. 1713,
fol. 115, et B. 1722, fol. 62), pour la rétrocéder en 1452 aux
Vienne, qui' s'engagèrent à ne jamais la mettre hors de leurs
mains, sous peine de la voir passer de plein droit au duc. (Pein-
cedé, t. I, p. 74 et suiv.) Ce fut peut-être pour consoler la dame
de la Marche de cette perte que, le 31 janvier 1451 (v. st.), Phi-
lippe le Bon lui accorda une pension, ou plutôt l'envoya en pos-
session d'une rente acquise par elle sur des fiefs mouvant du
château de Rochefort. (Archives générales de Belgique, Chartes
de ï Audience, 37.) Mais il ne parait pas qu'il ait conféré à son fils
l'office de capitaine de Louhans, qu'elle lui demandait en récom-
pense de. sa prompte soumission. (Palliot, preuves, p. 32.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. Xxj
propre père ne lui laissa, sous forme d'accroissement de
dot, qu'une maison à Savigny-en-Revermont, la chapelle
Notre-Dame dans l'église Saint-Vivant de ce lieu et vingt
francs de rentes1.
Olivier n'avait pas encore perdu son père lorsqu'il fut mis
à l'école dans la petite ville de Pontarlier, à une lieue de
Joux, où résidait alors sa famille. Mais, comme l'écolier ne
pouvait chaque jour parcourir la distance qui le séparait de
son maître, ses parents le confièrent à un gentilhomme allié
de la maison de Bouton, Pierre de Saint-Mauris, qui habi-
tait Pontarlier et dont « plusieurs infans et neveux pareil-
lement alloyent à l'escole. » Olivier ne nous décrit pas comme
Froissart les ébats, les joyeux déduits, les enfances de ces
premières heures de la vie, selon le mot de saint François
de Sales; sa nature, moins vive, moins mobile, moins à la
1 . « Item, je donne à nia bien aimée fille Jehanne Bouton, femme
de Philippe de la Marche, escuier, en accroissance de son mariage,
et pour tout le droit qui lui pourroit compéter, tant à cause de
moy que de sa mère (Jeanne de Villers), ma maison de Savigney-
en-Revermont, et, avec ce, la donacion de la chappelle dudit
Savigney, fondée par mon père et mondit frère, et, avec ce,
vingt francs de rentes. » — Testament de Jean Bouton, du
« vendredy après la feste Saint-Anthoine 1436. » (Palliot, op. cit.,
preuves, p. 28.) Jean Bouton mourut le 14 octobre de la même
année. Il avait donné à sa fille 600 livres tournois de dot, avec
la terre de Grandmont, près de Pierre, moyennant quoi elle
renonça à la succession de ses père et mère en faveur de son
frère, le 15 mars 1421. [kl., p. 20.) — Jeanne Bouton vivait
encore en 1452, comme le prouve l'acte du 31 janvier 1451 (v. st.)
cité plus haut. Elle mourut sans doute peu après, car on lit dans
une quittance de 500 livres, délivrée le 5 juillet 1474 par Olivier à
son oncle Jacques Bouton, que celui-ci administra ses biens
pendant sa minorité, après le décès de Jeanne, sa mère. (Bibl. nat.,
Colleci. de D. Villevieille, 55, fol. 138.) Il s'agit ici évidemment de
la minorité romaine de vingt-cinq ans, puisque sa mère vivait
encore en 1452. C'est une preuve à ajouter à celles que nous
avons données contre l'opinion qui fait naître Olivier avant 1428.
XXÎj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
fenêtre que celle du chanoine de Chimay, dont il partage
pourtant tous les goûts chevaleresques, mais aussi plus dis-
crète, plus rêveuse et plus mélancolique, se refuse à donner
ces détails tout personnels et de mince intérêt pour son lec-
teur qu'il craint d'ennuyer; il se contente de citer le nom de
deux de ses condisciples, Jacques de Fallerans et Etienne de
Saint-Mauris, tous deux neveux de son hôte, et qu'il retrouva
plus tard, lorsqu'il devint page, dans l'hôtel du duc. Il s'ar-
rête avec plus de complaisance, car ce fut « la grande mer-
veille » de son séjour dans la paisible et « bonne petite ville, »
à raconter l'entrée « du roy Jaques, » c'est-à-dire de Jacques
de Bourbon, du malheureux époux de Jeanne de Naples,
qui, renonçant, un peu par force, à la couronne napolitaine
et au monde, était venu ensevelir ses regrets dans l'obscurité
d'un cloître bisontin. C'était le jour de la Madeleine 1435 :
le maître d'école avait mené ses élèves au-devant du prince,
qu'attendaient hors de la cité les nobles, les bourgeois et les
marchands. L'enfant fut vivement frappé de la vue de ce
prince, jeune encore, « blond et agréable et de chère joyeuse,
en sa recueillette, » mais qui se faisait porter par humilité
en une civière, sur un « méchant desrompu oreiller de
plume, » au milieu de deux cents chevaux, de belles haque-
nées, de mulets empanachés et dorés ; trente-cinq ans après,
Olivier en parle avec une mémoire aussi fraîche et aussi
émue que s'il sortait de la cérémonie. Il garda non moins
bonne souvenance du passage d'un héraut, Franche-Comté,
qui vint annoncer la paix d'Arras aux habitants de Pon-
tarlier, et des danses, feux et « caroles » qui célébrèrent
cette joyeuse nouvelle; si éloignée qu'elle fût du théâtre de
la guerre soulevée entre Charles VII et le duc de Bourgogne,
la petite cité frontière devait partager l'allégresse univer-
selle ; combien de ses enfants étaient allés trouver un trépas
ignoré sur les champs de bataille français !
Mais voici que la mort enlève Philippe de la Marche et
oblige sa veuve à [ramener ses deux enfants en Bourgogne.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXUJ
Plus de fêtes, plus de gais condisciples, plus de courses entre
le sauvage fort de Joux et le logis hospitalier de Pierre de
Saint-Mauris, même plus d'école : il faut tristement s'enfer-
mer, loin des forêts accidentées du Jura, au fond d'un manoir
perdu dans les plats horizons et les brumes humides de la
Bresse. En mère prévoyante et soucieuse de l'avenir, Jeanne
Bouton n'y garda point longtemps son fils. Le mariage de
son frère Jacques de Corberon avec Antoinette de Salins-
la-Tour, fille du seigneur de Poupet, l'avait mise en rela-
tions avec la famille des Luyrieux, seigneurs de la Queuille,
dont un membre, Guillaume1, voulut bien se charger, ainsi
que sa femme Anne de la Chambre, de l'éducation du jeune
orphelin. Il le recueillit pendant deux ans chez lui, et le con-
duisit pour la première fois à la cour de Philippe le Bon, alors
à Chalon-sur-Saône, où ce prince fit deux séjours, l'un en 1442
et l'autre du 29 juin au 10 juillet 1443. Olivier y trouva de
nombreux parents et alliés de ses deux familles, des amis,
des chefs et des compagnons d'armes de son père : les Salins,
les Tenarre, les Sercey, sires de Beaurepaire et de Laye,
les d'Orges, qui avaient quelques années auparavant donné
à l'église de Chalon un évêque, souvent envoyé en mission
diplomatique avec son oncle Antoine, les Toulongeon et le
premier chambellan du duc, Antoine de Croy. Ce dernier se
chargea de le présenter à Philippe le Bon, et le fit admettre
au nombre des douze pages de l'hôtel, en mémoire des ser-
vices rendus par deux ou trois générations de La Marche2.
La destinée d'Olivier était désormais fixée : plus constant
que nombre de ses contemporains, qui ne rougissaient nulle-
ment (car cela ne déshonorait pas alors) de mettre, à
l'exemple des condottieri italiens, leur épée et leur intelli-
gence au service du plus offrant, plus fidèle que Commines
1. Humbert de Luyrieux, fils de Guillaume, épousa, eu 1460,
une fille naturelle de Philippe le Bon.
2. Mémoires, eod. loc.
XXIV NOTICE BIOGRAPHIQUE.
lui-même, qui quitta Charles le Téméraire pour Louis XI,
ce pieux serviteur ne se sépara plus de ses premiers maîtres ;
il ne se fit pas seulement, comme Froissart, l'historien de la
chevalerie et l'admirateur des grandes expertises d'armes
sans acception de cause ou de nation ; jusqu'à son dernier
jour il restera indissolublement attaché à la dynastie bour-
guignonne, dont il se pouvait dire d'ailleurs un peu l'allié,
et à laquelle il se voua dès ses plus jeunes années.
Ses débuts, en qualité de page, nous sont très peu connus :
il se défend presque ou s'excuse d'y faire une courte allusion,
tant il redoute le moi, peut-être d'ailleurs parce qu'il était
alors « sans grand sens et expériment. » Nous savons seule-
ment qu'il retrouva dans l'hôtel du duc, sous le gouverne-
ment de Guillaume de Sercey, premier écuyer d'écurie, ses
deux compagnons d'école de Pontarlier, Jacques de Falle-
rans et Etienne de Saint-Mauris1, et qu'il s'y lia étroitement
avec un jeune Dauphinois de grande valeur et de grande
espérance, Sibuet Pellerin, qui alla plus tard se faire tuer
bravement à l'escarmouche de Nivelle par les Gantois2.
Mais son premier soin et son plus vif plaisir, au milieu de
cette cour, dans la fréquentation des nobles seigneurs et de
leurs écuyers, sont assurément, il l'avoue lui-même, de s'en-
quérir avec détail de tous les événements mémorables et de
toutes les particularités qui lui permettront de remplir plus
tard son rôle de chroniqueur. Non pas qu'il ait dès ce moment
conçu le dessein d'écrire pour la postérité et d'amasser, « en
soigneux labeur, » les matériaux d'une histoire. Cette pen-
sée ne lui est survenue qu'à quarante-cinq ans, à l'heure où
il commence à se reposer et « rassouager sous l'arbre de
congnoissance, » à savourer « la pasture de son temps passé, »
1. Mémoires, liv. I, ch. i.
2. kl., liv. I, ch. xxv. Olivier de la Marche cite çà et là
d'autres jeunes hommes « nourris » comme lui aux gages du duc,
et qui furent sans doute ses compagnons : ainsi Liévin de Stee-
lant, Philippe, bâtard de la Viéville, et Jean de Bosquehuse.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXV
comme « le cerf ou le noble chevreul, lequel ayant tout le
jour brouté et pasturé diverses feuilles, herbes et herbettes.. . ,
se couche sur l'herbe fresche, et là ronge et rumine à goust
et à saveur toute sa cueillette; » il prend alors la plume
autant pour « se désennuyer » que pour « embausmer » le
souvenir des « belles, nobles et solennelles choses » dont il
a été le témoin, et ne saurait se comparer, lui, le chevau-
cheur, le soldat, l'éternel vagabond, qui « chemine en divers
lieux et en maintes places, » à l'historiographe ou au clerc
qui, « au secret de sa chambre, assemble les ramentevances
envoyées de toutes pars » pour en faire son butin et en
accroître son trésor. Celui-ci tresse en paix des roses ; lui, de
son rude et vain labeur, n'a recueilli que des épines. Cepen-
dant, tel que ce gentil chevalier auquel s'assimile Froissart,
il aime les armes ; si ingrate qu'elle ait été, cette terre, qu'il
a si péniblement labourée, lui plaît encore et lui donne en
moisson « l'assouagement, » la délectation* du souvenir,
et c'est ainsi qu'il est amené à prendre pour modèle son ami
et son maître Chastellain, comme Froissart avait pris Jean
Le Bel, et qu'il couche au jour par écrit ses Mémoires, le
livre d'honneur, mais aussi le dernier écho des splendeurs
chevaleresques du xve siècle.
Olivier de la Marche était depuis peu à la cour lorsqu'ar-
riva à Chalon le duc de Bourbon, qui venait visiter son beau-
frère de Bourgogne. S'il avait eu besoin d'admirer son nou-
veau maître, s'il n'avait déjà ressenti pour lui cette vénération
instinctive qu'inspira, paraît-il, Philippe le Bon à presque
tous ses serviteurs, l'occasion lui eût vite appris à recon-
naître l'honneur qu'il avait de lui appartenir, même par des
liens éloignés et illégitimes. Jacques de Chabannes, qui
1. Le mot se retrouve clans Froissart (liv. IV, ier ch.). Olivier
de la Marche se rapproche de cet auteur non seulement par le
culte des tournois et de la chevalerie, mais souvent aussi par les
expressions.
XXVJ NOTICE BIOGRAPHIQUE.
avait accompagné Charles de Bourbon, dont il était le
vassal, plaidait contre Jean de Granson et n'avait voulu
accepter d'autre juge que son propre seigneur. « Je serai
donc la partie de votre adversaire, s'écria Philippe le Bon ;
je ne suis pas seulement son souverain, je suis son parent,
je dois me ranger à ses côtés. » Et il prit fièrement place à
la barre, dans le palais épiscopal, derrière le sire de Gran-
son. « J'ai partie trop forte et trop pesante, » dit alors Cha-
bannes, et le procès en resta là pour quelque temps1. Un
prince s'avouer ainsi le parent de son sujet ! La chose parut
rare à Olivier, qui divinisait volontiers les races royales,
surtout lorsqu'elles étaient puissantes et magnifiques comme
celle de Bourgogne. La magnificence l'éblouira toujours, et
Dieu sait quelle pompe, quel luxe déploya, au xve siècle, la
maison bourguignonne ! Mais ce qui touche encore plus l'in-
fatigable chroniqueur de ses fêtes, ce qu'il prise encore plus
que la noblesse du sang, c'est la noblesse de l'âme, c'est la
générosité chevaleresque, qui ne s'épanche pas seulement en
vaines prodigalités et en courtois propos, qui découvre
l'homme sous le roi, l'ami derrière le souverain, le cœur
chaud et palpitant sous la cuirasse.
Des fêtes, des banquets, des chasses, des joutes, des mys-
tères, — on nommait ainsi les moralités et les jeux scé-
niques de l'époque, — Olivier de la Marche commence dès
lors à s'y mêler et ne cessera plus de les décrire jusqu'aux
approches de la vieillesse. Les têtes couronnées, les princes,
les grands seigneurs se succèdent sans trêve à la cour de
1. Mémoires, liv. I, ch. v. Le trait méritait en effet de ne point
passer inaperçu. Plus tard, en Italie, le duc d'Enghien dira à
Monluc : « Vous avez été mon soldat autrefois, à présent je
veux être le vôtre. » Mais c'est l'abnégation du militaire, qui ne
connaît pas de rang devant le péril ; ce n'est pas le suzerain féo-
dal qui rejette sa dignité pour ne se souvenir, dans l'intérêt de la
justice, que de ses liens du sang. Il dit avec Ghastellain :
11 est non roy, niais duc pour vous respondre.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXV1J
Bourgogne avec des suites nombreuses, comme s'ils voulaient
tarir le trésor et la courtoisie de Philippe le Bon. Mais l'un
et l'autre sont inépuisables; on change d'hôtes et de rési-
dence sans cesse, et, malgré ce tumulte, malgré ces allées et
venues, chaque journée surpasse la précédente. Après Charles
de Bourbon , arrivent à Chalon le duc et la duchesse de Savoie,
celle-ci fille de roi ; puis un ambassadeur de l'empereur de
Constantinople « accompagné de douze personnes atour-
nées et vestues à la mode grégeoise, » qui vient solliciter un
secours d'hommes et de navires de guerre pour résister aux
infidèles « du Grand-Turc Mahomet1; » on part pour Dijon
avec le duc de Bourbon, sa femme et son fils aîné, et
l'on y passe le plus beau de l'été, « en grandes chères et
voleries (chasses au faucon) ; » on se dirige ensuite avec le
duc de Brunswick et le prince d'Orange sur Besançon, où
Olivier assiste aux noces d'un sien allié, Jean de Salins,
qui épouse une bâtarde du duc de Bavière, fille d'honneur
de la duchesse de Bourgogne, et où il a le bonheur de con-
templer les premières joutes qu'il ait vues2, où il a surtout
la fortune de lier connaissance avec Jacques de Lalaing,
encore simple écuyer, « mignon » du prince héritier de
Clèves, mais qui promet déjà d'être ce qu'il fut depuis, le
brave des braves, le parangon des preux, la fine fleur de
la chevalerie. Il assiste enfin à l'entrée solennelle à Besan-
çon de Frédéric d'Autriche, roi des Romains, auquel Phi-
lippe le Bon fait la réception la plus brillante et la plus
révérencieuse, dont les Mémoires décriront plus tard jus-
qu'au moindre détail d'étiquette.
Ceci se passait au mois de novembre 1442. Moins d'un
an après, en août 1443, Olivier quitte Dijon à la suite de
son maître pour faire la campagne du Luxembourg 3. Il fait
1. Livre des faits de messire Jacques de Lalaing, ch. vu.
2. Mémoires, liv. I, ch. vi.
3. Le duc quitta Dijon le 25 août. (Marcel Garnit, Documents
inédits pour servir à Vhist. de Bourg., t. I, p. 493.)
XXvilJ NOTICE BIOGRAPHIQUE.
sa première éducation d'homme de guerre au siège de Villy,
dont il étudie de loin les approches, avec ses compagnons de
l'hôtel ducal, curieux « d'apprendre et de veoir les nouvel-
letés. » Ce qu'il peut constater de plus près, c'est l'ordre qui
règne dans le pillage de la ville de Luxembourg, ordre assez
étrange, puisque « les butiniers » y trouvaient, dit-il, plus
de profit que les combattants. Il parcourt ensuite le Bra-
bant, s'arrête à Namur et à Bruxelles, où la cour passe
le carême « en faisant grande chère, » enfin à Bruges, où
elle arrive à Pâques. Le jeune homme est encore page ; de
longtemps il n'obtiendra ni passe-droit ni faveur signalée.
Nous avons vu plus haut qu'en cédant sans résistance,
en 1449, la terre de Louhans au duc, qui avait voulu exer-
cer le retrait féodal, sa mère avait demandé pour lui une
commission de capitaine châtelain de la ville de Louhans ;
mais cette requête ne paraît pas avoir été accueillie, puis-
qu'on réinstalla dans la place l'ancien châtelain Jean de la
Tournelle1. Olivier n'était donc pas ce qu'il appelle lui-même
un « mignon, » un favori. En 1446, il est encore écuyer
d'écurie2. Dans l'été de 1447 seulement, il se rapproche du
prince, il est fait écuyer panetier sur la demande du sei-
gneur de Ternant, deux ou trois jours après les noces du
seigneur de Charny avec une fille naturelle de Philippe le
Bon et de Jeanne de Presles, c'est-à-dire deux ou trois jours
après le 30 septembre 1447 3. Si honorable qu'elle soit, cette
charge ne l'enrichira guère, car il touche trois sous par jour,
exactement le même salaire que le roi desribauds, les valets
1. V. lettre adressée au duc par les gens de ses comptes -de
Dijon, le 30 novembre 1449. (Palliot, Histoire généalogique de la
maison de Bouton, preuves, p. 32.)
2. Compte de Martin Cornille, du 4er avril 1446 au 31 mars 1447.
(Archives du Nord, B. 1991.)
3. De la Barre, Mémoires pour servir à Vlustoire de France et de
Bourgogne, b. 229. — Olivier de la Marche, liv. I, ch. xvn.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXIX
« de fruit, de torches et d'estable1. » Néanmoins, il persiste
à se lier étroitement, exclusivement au service du duc, à ce
point de négliger ses affaires personnelles et d'abandonner
la gestion de sa « chevance » à sa mère, tant que celle-ci
vécut, puis à son oncle Jacques Bouton, seigneur de Corbe-
ron, qui lui remboursera plus tard, le 5 juillet 1474, pour solde
des revenus de ses biens, une somme de cinq cents livres8. Si
ordonné qu'il soit en sa propre épargne, son désintéresse-
ment n'est pas plus suspect que sa loyauté : c'est le modèle
des serviteurs3. Qu'importe un écu de plus ou de moins? La
cour lui offre d'autres avantages et un bien plus riche
salaire : elle est toujours en spectacle, il n'a pas besoin de
se cacher derrière une tapisserie pour écouter ce qui s' y
murmure ou pour surprendre ce qui se dérobe aux regards
vulgaires : il enregistre, sans malice, les « dicts » courtois
qui s'échangent, il compte une à une les vaillantises qui
s'accomplissent et entonne le « loz » des hardis exploitants.
Quelle fête pour ses yeux que ce pas de Charlemagne où
treize gentilshommes de ses amis ont défié tous venants !
Quelle « plaisance » d'en énumérer les « cérémonies, » les
pavillons, les vêtements, les devises, les armures ! Il n'y a
pas pour lui de détail indifférent dans ces nobles « emprises ; »
chacun a son prix et sa saveur. La gloire des vertueux et
des « prudhommes, » l'honneur de la chevalerie et de la
maison de Bourgogne, voilà qui le dédommage de toutes les
amertumes de la vie, c'est la seule récompense qu'il ait
sérieusement ambitionnée.
Depuis la célèbre joute de la charme de Marsannay près
Dijon, on a quelque peine à suivre Olivier de la Marche
1. Archives générales de Belgique, compte cité par M. Ker-
vyn de Lettenhove, dans les OEuvres de Ghastellain, t. I, p. xxi.
2. Bibl. nat., Collection de I). Villevieille, vol. 55, fol. 138.
3. Un jour, Marie-Joseph Ghénier a qualifié dédaigneusement
ses pareils de valets de prince. On estime de tels valets, et, qui
plus est, ils ne font pas tort aux princes.
XXX NOTICE BIOGRAPHIQUE.
dans toutes ses pérégrinations avec la cour de son maître.
Gomme la plupart des grands barons de ce temps, plus
qu'eux peut-être, à cause de l'étendue et de la dispersion de
leurs domaines, les ducs bourguignons de la seconde race
étaient toujours en mouvement : sauf pendant la sainte
semaine des « quaresmaux, » leur vie était un voyage con-
tinuel. S'ils s'arrêtaient de préférence quelque part, c'était
dans les Flandres, pays d'humeur indépendante, mal soumis
ou plutôt fréquemment agité, car il était au fond affectionné
à ses souverains. Nous avons vu plus haut l'écuyer bressan
suivre Philippe le Bon dans le Luxembourg, puis à Bruxelles,
où Jacques de Lalaing rompit plusieurs lances, à Bruges,
où l'on passa le jour de Pâques 1445 (n. st.) ; nous le verrons
maintenant accompagner la duchesse à Chàlons-sur-Marne,
où il rencontre le dauphin, qui fut depuis Louis XI, René
d'Anjou, roi de Sicile, l'ami des poètes, et Pierre de Brézé,
seigneur de la Varenne, « le plus gentil chevalier de France ; »
il va en Hollande, puis revient à Anvers, à Malines, à Bru-
xelles, enfin à Gand, où il assiste, le 11 décembre \ 4451, pour
la première fois à la fête de la Toison d'or, sur laquelle il
interroge si curieusement le roi d'armes Le Fèvre de Saint-
Remy dans l'église paroissiale de Saint-Jean. Il y voit
Jacques de Lalaing et messire Jean de Boniface faire des
armes à pied et à cheval devant les ducs d'Orléans et de
Bourgogne et n'a garde de taire cette joute qu'il décrit avec
un grand luxe de détails. Au mois d'avril 1446, seul page
admis dans la suite du duc, ce dont il est très fier, il est à
Arras et y trouve « son maistre en sciences, » qui deviendra,
malgré la différence d'âge, « son singulier amy, » Georges
Chastellain, dans la lice même où Philippe de Ternant, qui
le fait « souvenir de l'un des neuf preux, » charge « si aspre-
ment » un gentilhomme castillan, chambellan du duc de
1. Nous adoptons, malgré La Marche, pour cette solennité, la
date donnée, par M. de Reiffenberg.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXXj
Milan, Galiot de Baltazin. Le 28 juillet de la même année,
à Bruxelles, il prend avec la cour le deuil de Catherine
de France, comtesse de Charolais, morte à treize ans avant
la consommation de son mariage. Au mois de septembre
1446, après une course en Zélande, où il voit exécuter un
écuyer, Jean de Dombourc, il est à Anvers, en « grandes
chères et banquets. » En quelque lieu que la volonté de son
maître le conduise, il observe avec intérêt les fêtes et les
cérémonies, mais surtout celles qui rappellent la guerre. A
Saint-Omer, à Bruges, à la Croix-Pélerine en Picardie, à ce
fameux pas tenu en juillet 1449 par le seigneur de Haut-
bourdin , sous le nom du chevalier de la belle Pèlerine , partout
où le duc se transporte pour juger les grands coups d'estoc
des entrepreneurs de « mistères, » il se trouve non au pre-
mier rang, car il est un écuyer discret, respectueux de l'éti-
quette et de la hiérarchie, mais au moins au second, enregis-
trant dans sa mémoire, sinon sur ses tablettes, les jeux de la
lance et de la hache. Cependant, il n'a oublié ni sa mère,
ni la terre natale vers laquelle il tourne de temps en temps
ses regards, et, quand, après avoir suivi le seigneur de Ter-
nant dans son ambassade près de l'archevêque de Cologne,
il obtient, en mai 1448, un congé de son maître1, à la prière
du duc d'Orléans, qui lui « montre moult grant privauté, »
car il est poète comme lui2, il s'échappe vers la Bourgogne
avec d'autant plus d'empressement que le trésor ducal le
défraye libéralement de son voyage3. Dans cette course
1. « A Olivier de la Marche, escuier paimetier de raondit sei-
gneur, pour don à lui fait par mondit seigneur pour lui aidier à
deffroyer à son partement de deyers lui de la ville de Bruxelles
pour aller en Bourgoingne, où il tient son mesnage, par sa quic-
tance xxxvi livres. » (Compte de Guillaume de Poupet, 1450,
fol. 308. — Archives du Nord, B. 2004.)
2. Mémoires, liv. I, ch. xvn.
3. Olivier lit plusieurs mais rapides excursions en Bourgogne
pendant cette première partie de son existence. Il n'y fut guère
appelé que par des événements de famille, par son service ou par
XXXÎj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
accomplie avec Georges Chastellain et Philippe de Ternant,
qui étaient chargés d'une mission, probablement d'obtenir un
subside de la province, il pratiqua beaucoup le duc d'Or-
léans, en ce moment à Dijon, et se délecta avec lui de rhé-
torique et de poésie, « son principal passetemps » dans ses
heures oisives de jeunesse l.
On pouvait alors librement rêver et deviser : le ciel était
serein, la Bourgogne jouissait d'une paix profonde sous le
sceptre du bon duc : comme une mer « effuriée souvent par
orages et vents bouffetants, » elle semblait, selon l'expression
de Chastellain, « rappaisiée à coup par un ventelet doux qui
l'aplanit2. » C'était à la lettre comme un nouvel âge d'or;
l'orfèvrerie couvrait les seigneurs et reluisait même jusque
sur les vilains. Tout était calme et prospère. Le xve siècle a
eu cette fortune qu'a si peu connue le précédent ; mais elle ne
fut pas de très longue durée. Olivier de la Marche venait, dès
son retour en Flandre, d'être promu aux fonctions d'écuyer
tranchant du jeune comte de Charolais, et d'être attaché à sa
personne3; il se trouve à Bruges au moment où s'y réfugie
Jacques de Portugal, un petit neveu de la duchesse de Bour-
gogne ; puis le voici de nouveau dans son pays natal ; après
des missions du duc. Le 21 janvier 1454 (v. st.), il est témoin à
Dijon, avec Thibaut de Neufchâtel, Antoine Rolin, seigneur
d'Emeries, Jean Le Mairet, seigneur de Châteaurenaud, et Jean
de Molesmes, secrétaire du duc, du contrat de mariage de Jacques
de Montmartin et de Guigonne Bouton, sa cousine. Le 25 jan-
vier 1455 (v. st.), il assiste en la même qualité au contrat de
mariage de Philippe de Gourcelles, qui fut bailli de Dijon en
1467, avec Huguette Bouton, une autre parente. (Palliot, Histoire
généalogique de la maison de Bouton, preuves, p. 33, 34, 197.)
1. Mémoires, liv. I, ch. xvn.
2. Exposition sur vérité mal prise, dans les OEuvres de Georges
Chastellain, t. VI, p. 308.
3. Il fut nommé, dit-il, au moment du mariage de Marie de
Gueldres, nièce de Philippe le Bon, avec Jacques II, roi d'Ecosse.
Or, le mariage fut arrêté en Bourgogne le 1er avril 1449. (British
Muséum, Harl. 4637 3, f. 11.) En juillet de la même année, il était
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXX iij
avoir passé les derniers mois de l'année 1449 et une partie
de l'année suivante à Chalon-sur-Saône avec Jacques de
Lalaing, qui acheva de s'illustrer au pas de la Fontaine de
Plours, Guillaume deSercey, bailli de Chalon, et Antoine de
la Marche, seigneur de Saudon, son parent, qui y remplit le
rôle de maréchal de la lice, il revient en Brabant, puis à
Mons, où le duc tint, en mai 1451, un chapitre de la Toison
d'or ; à Bruxelles, où, au carême de l'année suivante, Charles
le Téméraire, son nouveau maître, fit en champ clos ses
premières armes courtoises contre Jacques de Lalaing ; à la
Vère, enfin, en Zélande, où il se rendit par mer, afin de
l'accompagner au berceau du petit-fils du roi d'Ecosse. Mais
il ignorait encore les vrais combats , ou du moins ne les
avait vus que de loin dans sa première campagne du Luxem-
bourg; il n'avait, à vrai dire, pas encore reçu ce baptême
du feu qui sacre l'homme de guerre ; la révolte des Gan-
tois se chargea de le lui donner.
Toujours curieux de nobles déduits et d'exploits chevale-
resques, sans cesse vaquant par monts et par vaux, comme
Froissart, à l'accroissement de son trésor, il était revenu
depuis un an de Savoie et de Dauphiné où il était allé, « de
gayeté de cœur et sans charge d'aultruy, » voir la cour du
dauphin qui venait d'épouser la fille de Louis de Savoie, lors-
qu'en 1452 les « blancs chaperons » de Gand, irrités de l'im-
position d'une gabelle sur leur territoire, se mirent en rébel-
lion ouverte, pillèrent la Flandre et allèrent avec une grosse
armée assiéger Audenarde. Philippe le Bon, entré prestement
en campagne, les battit, fit lever le siège et leur donna la
chasse jusqu'aux portes de leur propre ville, en essayant de
leur couper la retraite. Parmi les plus âpres à la poursuite
était son fils Charles, qui avait juré par saint Georges de
rabattre l'orgueil de ces bourgeois révoltés. Impatient d'avoir
à Lille quand Jacques de Lalaing envoya le héraut Charolais
défier James Douglas en Ecosse. (Livre des faits, t. VIII, p. 166.)
0
XXXIV NOTICE BIOGRAPHIQUE.
des nouvelles des fuyards, il envoya dès le lendemain matin
à la découverte Olivier, « l'un des premiers armés de son
hostel. » Le diligent écuyer s'élance sur son cheval et, lui
deuxième, avec Philippe d'Arlay, un vieux routier qu'il
avait pris pour mentor, perce les rangs des archers, atteint
la tête de l'avant -garde et gagne un moulin à vent où
s'étaient massés huit cents Gantois, du métier des tisserands.
Mais il n'eut qu'à observer leur panique et non à les com-
battre, car, saisis d'une terreur soudaine, ils s'éparpillèrent
à l'approche des Bourguignons et s'enfuirent de tous côtés,
dans le faubourg, derrière les barrières, même sous les lits
des maisons. Ce fut une déroute complète : on en tua tout
le jour, jusqu'à « basse vespre1. » Malgré des incidents
plus graves et des luttes plus périlleuses, la première cam-
pagne d'Olivier de la Marche ne fut donc, selon son mot
pittoresque, qu'un « droit enoysellement8, » une chasse aux
oiseaux, un « gibier » pour les jeunes et nouveaux chevaliers,
qui ne laissèrent pas d'y faire des pertes sensibles, comme
celles de Sibuet Pellerin et du bâtard Cornille de Bourgogne,
dont chacun déplora le trépas prématuré, mais qui y firent
encore plus de butin et s'y déréglèrent, au grand déplaisir
d'Olivier, grand ennemi de l'indiscipline et des « pilleries. »
Toutefois l'expérience était faite et le début avait été heu-
reux. Nous ne raconterons pas la seconde phase de la guerre,
qui devint bientôt beaucoup plus rude et où périt Jacques de
Lalaing; il faut la lire dans les Mémoires. Leur auteur
suivit son maître pas à pas ; il fut à la bataille de Gavre et
y donna avec lui au travers des Gantois, mais sans y être
blessé comme lui, et ne fut peut-être point, quoiqu'il s'abs-
tienne de le dire, tout à fait étranger à la délivrance du duc,
un instant cerné par les rebelles, frappé et mis en péril de
mort par eux. Il le suivit aux portes de Gand vaincue, mais
1. Mémoires, liv. I, ch. xxv.
2. kl., id.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXXV
plus épuisée que soumise, quoiqu'elle criât merci, et il la vit
déposer ses bannières aux pieds de son miséricordieux vain-
queur. Quand l'armée fut rompue, on vint à Lille faire liesse
près des dames et célébrer la victoire dans de somptueux
banquets.
La mode n'était pas nouvelle et les occasions ne faisaient
pas défaut : la paix d'abord et une paix glorieuse, les noces
du duc de Glèves et de la fille du comte d'Etampes, Isabelle
de Bourgogne, l'arrivée d'une ambassade de l'empereur et
d'un envoyé du pape. On avait commencé à « petits fraiz ; »
mais peu à peu la vanité s'en était mêlée, et princes, hauts
barons, simples chevaliers, chacun voulut éblouir, écraser
son voisin. De « grans à grans » surtout, dit La Marche,
la dépense fut énorme et le luxe insensé. Ainsi qu'il conve-
nait, Philippe le Bon surpassa tous ses hôtes. Le banquet
qu'il leur offrit, le 17 février 1454, pour les exciter à se
croiser contre Mahomet II, le farouche conquérant de Cons-
tantinople, est resté mémorable entre tous, car, de l'aveu
des contemporains qui l'ont décrit, il résume les merveilles
de l'époque. La gastronomie en fut le moindre ragoût, quoi-
qu'on ne fût pas loin du pays des plantureuses kermesses,
où déborde la vie animale. La poésie, la peinture, la sculp-
ture, la musique, l'art des trucs, des machines, des costumes,
des décors, les jeux scéniques, les joutes et les danses en
illustrèrent les entremets avec un tel imprévu et un si bel
agencement que les incomparables joyaux du duc et sa riche
vaisselle entassée sur les dressoirs en perdirent leur éclat ; il
n'y eut qu'un cri : jamais on n'avait vu si « mirable »
chose, comme on n'avait jamais ouï un vœu plus magna-
nime que celui qu'en l'honneur de la foi chrétienne le noble
duc prêta sur le faisan.
Qui avait préparé, organisé ces entremets? C'était Olivier
de la Marche. Il n'en avait pas eu sans doute seul le soin, puis-
qu'il avait été de tiers avec un chevalier de la Toison, Jean de
Lannoy, et un écuyer du nom de Jean Boudault, ce qui for-
XXXVj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
mait un petit conseil auquel furent souvent appelés de graves
personnages, même le chancelier, mais il y prit une grande
part et joua même le rôle de « Sainte-Eglise » à la demande
de Philippe le Bon. Il prononça aussi le vœu suivant, que
rapporte Mathieu d'Escouchy : « Je veue à Dieu, mon créa-
teur et rédempteur Jhesus-Crist, et à la très glorieuse Vierge
Marie sa mère, aux dames et au faisant, que quant mon
très redoubté et souverain seigneur monseigneur le duc et
comte de Bourgoingne yra au saint voyage à l'encontre des
infidelles, que s'il lui plaist et à monseigneur le comte de
Gharolais à qui je suis serviteur, je yray et le serviray leau-
ment de ma puissance, ne n'en retourneray, pour quelque
chose qui ne puist advenir, se ce n'est par l'exprès commande-
ment de mondit seigneur, jusques à ce que je me soye trouvé
en lieu où par honneur je puisse vestir de ma cotte d'armes,
s'il me plaist, à l'encontre des infidelles, ou en sy honnou-
rable rencontre ou besoingne qu'il y ait v cens hommes des-
confis au mains. Seigné de ma main1. » Ce vœu résume sa
vie et peu s'en fallut qu'il ne l'accomplît, lorsqu'en 1464
Philippe le Bon voulut réaliser son projet de croisade si
longtemps caressé, mais toujours suspendu. Le Christ et
l'honneur, voilà les deux pôles vers lesquels Olivier se tourne
sans cesse, ses deux religions, confondues en une seule, car
il les regarde comme inséparables. Ajoutez-en pourtant une
troisième, l'obéissance, la fidélité à son maître : il est là tout
entier.
Le banquet de Lille fut suivi d'autres fêtes, moins bril-
lantes peut-être, mais non moins solennelles, qu'interrom-
pirent un instant le voyage, puis la maladie de Philippe le
Bon en Allemagne, et une excursion de Charles le Téméraire
1. Mathieu d'Escouchy, Chronique, édit. Beaucourt, t. II, p. 221;
Ordonnances du bancquet que fit en la ville de Lille, etc., ms. de la
bibl. royale de Bruxelles, provenant de celle des ducs de Bour-
gogne. V. aussi ms. fr. 10319, de la Bibl. nat.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXXVlj
en Hollande. Mais elles reprirent bientôt à l'occasion des
noces d'une Vergy avec un Neufchâtel et du mariage du
comte de Charolais avec Isabelle de Bourbon, en 1454. De
Lille, Olivier rejoignit le duc en Bourgogne, revit Chalon,
Dijon, où il s'arrêta quelques jours en compagnie de Georges
Chastellain1, Nevers, où il présida avec celui-ci aux « mis-
tères » représentés devant le duc et la duchesse d'Orléans
et la duchesse de Bourbon2, et escorta Philippe jusqu'à
Valenciennes, dans les murs de laquelle il fut le témoin scan-
dalisé d'un combat à outrance entre deux bourgeois, Mahuot
et Jacotin Plouvier3.
Mais voici qu'au milieu des « festeyemens » et des réjouis-
sances, à peine suspendus par les troubles d'Utrecht et l'ex-
pédition de Hollande en 1456, le dauphin Louis survient à
Bruxelles chercher un asile contre le mécontentement de
son père Charles VIL II semble qu'il y apporte la « mala-
venture ; » c'est en effet de ce jour et de cet homme que sont
nés, si l'on y regarde de près, la plupart des déboires de la
maison de Bourgogne. Olivier le peint d'un trait et à sa
manière : c'est un prince, dit-il; il est large, il aime la
chasse et les gens de renommée, qu'il paie bien, mais il est
soupçonneux, et aux serviteurs qui lui déplaisent « donne le
band (congé) à la guise de France. » L'horizon se rembru-
1. Kervyn de Lettenhove, OEuvres de Chastellain, notice, t. I,
p. XXIII.
2. « A Olivier de la Marche, escuier, pour don à lui fait par
mondit seigneur, en considéracion de certains jeux de mistères
qu'il a aidié à jouer devant luy, monseigneur le duc d'Orléans,
madame son espouse et madame de Bourbon, estans devers
mondit seigneur en la ville de Nevers, xn escuz de xvi gros
demi-royaux. » (Compte de Guillaume de Poupet, de 1454;
Archives du Nord, B. 2017.) Dans cette représentation figuraient
les personnages d'Alexandre, d'Hector et d'Achille. Georges
Chastellain eut 13 fr. 9 gros royaux. (Les ducs de Bourgogne, par
M. de Laborde, t. I, p. 417.)
3. Mémoires, liv. I, ch. xxxn.
XXXviij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
nit, les affaires se compliquent, la guerre extérieure est
menaçante; au dedans, la haine du comte de Charolais pour
le sire de Croy brouille Philippe le Bon et son fils, qui ne
trouve d'appui que dans sa mère. Olivier n'est déjà plus le
mince écuyer que l'on a vu : il a trente ans et vient d'être
créé premier panetier de Charles le Téméraire, fonction
qu'il remplit par semestre avec un de ses compagnons, Phi-
lippe de Sasa1. Il s'emploie discrètement mais activement à
la réconciliation du père et du fils, qui l'envoie souvent du
Quesnoy et de Termonde à Bruxelles prendre les conseils du
chancelier Rolin. Il se rend aussi plusieurs fois à Paris, sur
l'ordre du duc et du dauphin, afin de s'accointer avec Guil-
laume Biche, un des anciens et des plus avisés serviteurs de
Charles le Téméraire, qui épiait les résolutions du roi de
France2. De telles missions étaient bien son fait : sa loyauté,
sa sagesse et sa « subtilité » méritaient toute confiance.
1. Mémoires, liv. I, ch. xxxm.
2. Id., id. « A Olivier de la Marche, escuier pannetier faisant la
despence de monseigneur, que icellui seigneur lui a semblablement
fait donner pour avoir ung cheval quant il est parti de devers lui
audit lieu de Béthune pour retourner en Bourgogne, xxxvi livres. »
— 1457. (Arch. du Nord, Compte de la recette générale des finances,
F. 151, fol. 59.) « A Olivier de la Marche, escuier trenchent de
monseigneur le conte de Charrolois, la somme de vint-quatre livres,
pour don à lui fait par monseigneur le duc en considération des
services qu'il lui a faiz, et mesmement pour avoir ung cheval en
récompensacion d'un aultre qu'il a nagaires perdu et ailbllé en
son service. » (Compte de Guyot du Champ, de 1459, fol. 185 v°;
Archives du Nord, B. 2034.) — En 1462, Olivier remplit d'autres
missions moins brillantes. Ainsi il lui est alloué, le 25 octobre
1462, par les gens des comptes de Dijon, conjointement avec
Guillaume de Villers, et à Jean de Mazilles, ainsi qu'à plusieurs
sergents du duc, une somme de 15 fr., dont 4 pour chacun des
écuyers, pour aller, par ordre du président de Bourgogne, chaque
homme ayant trois chevaux avec lui, arrêter au Port de Paleau
Etienne et Perrenot Coustain, et les conduire à Dijon. (Archives
de la Côte-d'Or, B. 1751, fol. vi**xix.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XXxix
Nous passons rapidement, à l'exemple de La Marche, sur
les années qui s'écoulèrent dans ces négociations, heureuse-
ment dénouées par la mort de Charles VII, sur les cérémo-
nies du sacre de Louis XI, auxquelles notre chroniqueur
assista, sur son séjour à Paris, dans la « belle » rue des
Tournelles, à la suite de son maître, dont le faste étonna
la cour française, afin d'arriver à un épisode important de
son existence. Le comte de Charolais se trouvait, en 1464,
dans la ville de Gorcum, lorsqu'un petit navire de guerre,
parti de Dieppe et monté par quarante hommes, vint un jour
aborder la côte hollandaise, au port d'Arnemuiden, dans
l'île de Walcheren. Ce bâtiment portait un émissaire de
Louis XI, le bâtard de Rubempré, que l'on soupçonna, non
sans fondement, — car il était « pour faire un coup périlleux, »
dit Chastellain, — d'avoir voulu tenter un enlèvement sur la
personne du comte. Ledit bâtard fut mis sous bonne garde,
et Charles dépêcha Olivier, « homme bien emparlé et tout
propre à ce faire, » dit Chastellain, à Philippe le Bon, qui
se trouvait à Hesdin, pour l'informer des motifs de cette cap-
ture. En passant à Bruges, le panetier ne se gêna point pour
manifester hautement ses soupçons de la perfidie royale, et les
fit d'ailleurs aisément partager au duc. Celui-ci quitta brus-
quement Hesdin, sans aller prendre congé du roi, alors tout
près de là, à Abbe ville. Louis XI en éprouva un violent cour-
roux : d'après ses ordres, le comte d'Eu, le chancelier de
Morvilliers et l'archevêque de Narbonne, ses ambassadeurs,
allèrent aussitôt rejoindre à Lille le duc de Bourgogne et le
sommèrent arrogamment de livrer à leur maître, pour être
châtié à son gré, le fidèle écuyer que le roi rendait respon-
sable de l'arrestation du bâtard. Commines a narré avec plus
de détails que La Marche la belle scène qui se produisit alors
à l'audience ducale le 6 novembre 1464 ' : sans rien perdre
t. Commines, Mémoires, liv. I, eh. Ier. — V. aussi les Mémoires
de Jacques du Clerc, V, 16, Chastellain, liv. VI, ch. 117, t. V de
xl NOTICE BIOGRAPHIQUE.
de son sang-froid, ni du respect qu'il devait à son suzerain,
Philippe le Bon répondit dignement qu'Olivier était son
sujet, qu'il n'avait pas d'autre seigneur et que, s'il avait
tenu des propos outrageants contre le roi, lui, le duc, se
chargerait seul d'en faire justice. Rapprochez cet incident
de celui de Jacques de Chabannes, cité plus haut : on ne
saurait mettre en plus vive lumière la mâle fierté, la noblesse
d'âme du maître, ni mieux expliquer le dévouement aveugle
qu'il inspirait à son serviteur.
La guerre du Bien public éclate : Olivier de la Marche
prend les armes avec le comte de Charolais dans le corps
commandé par Jean de Luxembourg1, et combat vaillam-
ment aux côtés du prince à Montlhéry, où il reçoit de ses
mains, dès le matin de la journée, l'honneur insigne de la che-
valerie, en même temps que le fils du prince d'Orange, Jean
deMontfort, et un de ses parents, Emart Bouton. Il passe
la nuit qui suit la bataille à cheval, à la tête de cinquante
hommes d'armes, en prévision d'un retour offensif de l'en-
nemi et, du haut de son destrier, prête une oreille attentive
aux délibérations des chefs de l'armée bourguignonne,
assemblés autour de Charles le Téméraire, le long d'une
haie, sur une pièce de bois. La victoire paraissait encore
incertaine, car on ignorait si Louis XI avait battu en
retraite : aussi le lendemain matin, sans prendre une minute
de repos, il court vers Montlhéry reprendre quelques canons
abandonnés sous le château et a la bonne fortune de ren-
l'édit. Kervyn de Lettenhove, p. 118, et le ms. n° 1278 de la Bibl.
nat. — Louis XI avait prétendu d'abord qu'il ignorait les projets du
bâtard de Rubernpré et qu'il ne les avait nullement autorisés. Puis
il déclara aux députés des villes de la Somme que celui-ci avait agi
par ses ordres, toutefois qu'il avait mission de s'emparer non du
comte de Charolais, mais du vice-chancelier de Bretagne, qui devait
revenir d'Angleterre par la Hollande. (Kervyn, Hist. de Flandre.)
\. V. les Mémoires de Jehan de Haynin, qui cite le nom d'Oli-
vier parmi ceux des chevaliers et seigneurs qui accompagnaient
Jean de Luxembourg (t. II de l'édit. Chalon, p. 28 à 42).
NOTICE BIOGRAPHIQUE. xlj
contrer un cordelier qui lui apprend la fuite du roi de France
et l'assure ainsi le premier du succès définitif des confédérés.
Dès qu'il a porté cette bonne nouvelle à son maître, il
retourne avec Jacques de Montmartin faire les logis des
vainqueurs, gagne ensuite Chartres, Etampes, Nemours, se
lance pendant une nuit à la recherche du seigneur de Haut-
bourdin, afin de le ramener vers le gros des troupes alliées,
et campe à Conflans, sur les bords de la Seine, ce qui lui
permet, les jours de trêve, entre deux canonnades, d'aller
faire « grant chière » à Paris pour son argent. Un signe
caractéristique de cette guerre, qui ressemble beaucoup à
celle de la Fronde, c'est que l'animosité des chefs n'entraîne
aucune haine entre les soldats. Les premiers ne tardent pas
à se rapprocher eux-mêmes ; Louis XI visite familièrement
le comte de Charolais qui paie ses gens d'armes grâce à
trois sommiers chargés d'or « où il pouvoit avoir quatre-
vingt mille escus, » que l'infatigable chevalier, muni d'un
sauf-conduit du roi de France, va quérir, en octobre 1465,
au trésor du duc à Bruxelles ; enfin la paix est signée et
les Bourguignons triomphants vont porter leurs offrandes
à Notre-Dame-de-Liesse. Ils traversent Compiègne, Noyon,
Amiens, s'établissent dans le pays de Liège révolté qu'ils
épouvantent, et, après lui avoir dicté, le 19 décembre 1465,
à Tirlemont, les conditions de sa soumission dans un acte
auquel La Marche assista comme témoin avec Guillaume de
Dinteville et Jean de Montfort1, ils reviennent à Bruxelles8.
Est-ce pour y trouver le repos? Non, du moins en ce qui
concerne Olivier. A peine arrivé en Brabant, le comte de
Charolais l'envoie en Normandie , afin de surveiller la
prise de possession de cette province par le duc de Berry,
c'est-à-dire l'exécution du traité de Conflans; mais ce
i. Analecta Leodiensia, dans les Documents relatifs au siège de
Liège, t. I, p. 529.
2. Mémoires, liv. I, eh. xxxv; Commines, liv. I, ch. ix, xi et suiv.
Sur le séjour d'Olivier dans le pays de Liège, voy. Haynin, 1. 1, p. 61.
xlij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
prince s'est brouillé avec son allié de Bretagne, Louis XI
est accouru avec une grosse armée pour profiter de leur
discorde et, pendant que son frère bat en retraite devant
lui, Olivier, ignorant ces étranges démêlés, se heurte, à
Rouen, au roi de France, qui lui demande narquoisement
où il va. On le laisse passer toutefois, et il peut rejoindre à
Rennes les ducs de Berry et de Bretagne, de nouveau récon-
ciliés, qui accueillent avec joie le représentant de leur bon
frère de Charolais, puis il rentre en France avec Mgr de
Beaujeu, et de Tours gagne Jargeau, où l'a mandé Louis XI,
dans l'espoir de le tromper par ses caresses. Olivier n'avait
pas effectué ce voyage incognito et en son nom privé : il
était un véritable ambassadeur et en reçut le titre dans cette
mission comme dans celle qu'il remplit une seconde fois
avec Jean Carondelet et Nicolas Bouesseau en Bretagne, en
Normandie et vers le roi.
La fin de l'année 1466 et les six premiers mois de 1467
s'écoulèrent donc pour La Marche en incessantes allées et
venues1, fort périlleuses d'ailleurs, car le défiant Louis XI
surveillait de près les messagers du comte de Charolais
et les aurait volontiers arrêtés. Revenu de Normandie,
Olivier repartit le 1er janvier 1467 pour l'Angleterre, afin
d'y remplir une mission secrète, si secrète en effet qu'il se
garde de nous en faire connaître l'objet dans ses Mémoires.
Mais elle avait pour but de resserrer l'alliance de Charles
avec le roi Edouard : les comptes aussi discrets que lui se
bornent à en faire mention2. Il quittait la cour d'Angleterre,
1. On peut citer encore parmi elles un voyage fait près du duc
de Berry, qu'il rencontre à « Beaune » (Beaune-la-Rolande) pour
l'assurer du puissant secours de son maître. Mention de ce
voyage est faite dans un interrogatoire du 10 octobre 1476, au
cours du procès du duc de Nemours, dont M. Stein a emprunté
le texte à un manuscrit français de la Bibl. nat., n° 2387, fol. 434.
2. « A Piètre de Gouloigne, messagier de la ville de Bruges,
la somme de douze livres, du pris de xl gros monnoye de
Flandres la livre, qui deue luy estoit pour ung voyaige par lui fait
NOTICE BIOGRAPHIQUE. xliij
où il avait en passant applaudi aux brillantes joutes du
grand bâtard de Bourgogne, lorsqu'au moment de s'em-
barquer à Plymouth pour achever, en Bretagne, avec
Thomas de Loreille, bailli de Caen, une nouvelle mission
qui venait de lui être confiée, il apprit la mort de Phi-
lippe le Bon (25 juin 1467). Quelque douloureuse que fût
pour lui cette perte, qui lui arracha « des larmes fraîches, »
comme aux héros d'Homère, et qui consterna tous les hommes
avisés, il ne se crut pas délié de la charge qu'il tenait à la
fois du père et du fils, et voulut la conduire jusqu'au bout.
Mais, dès que, cette tâche accomplie, il eut assisté à Rennes
au splendide service ordonné par le duc de Bretagne pour
le repos de l'âme du défunt, il se hâta de reprendre la mer et
de rejoindre en Flandre son nouveau seigneur.
Ici s'ouvre pour lui une seconde phase de son existence.
Elle sera plus éclatante, mais aussi plus laborieuse et plus
dudit lieu de Bruges par devers messire Olivier de la Marche, estant
de par ms. de Charrolois ou pays d'Angleterre lui porter lettres
closes touchant ses besoingnes et affaires, etc. » (Arch. du Nord.)
On voit ailleurs que 216 livres furent allouées à Olivier de la
Marche pour son voyage en Angleterre, du 1er janvier 1466
(v. st.) au 10 avril suivant, à raison de 48 sols de 2 gros par jour.
(V. Bulletin de la Société de V histoire de France, 1858, p. 296
et suiv.) Il faut lire 216 liv. et non 24, comme l'imprime ce Bul-
letin, ainsi que l'atteste la pièce suivante :
« A Messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et
maistre d'ostel de mondit seigneur, la somme de deux cens seize
livres que mondit seigneur lui a fait baillier et délivrer sur cer-
tain voyage qu'il a fait par son commandement et pour ses
besoingnes par devers le roy d'Angleterre, dont il ne veult icy
autre déclaracion estre faicte. » (Compte de Barthélémy Trotin,
de 1467, fol. 91 v°. — Archives du Nord, B. 2064.)
Olivier de la Marche était accompagné dans ce voyage par
Antoine de Lameth, écuyer d'écurie, qui reçut 232 liv. 16 sols
d'indemnité, et Lameth avait lui-même un compagnon pour por-
ter ses dépêches. (V. Bulletin précité, p. 297.) Quant à Olivier de
la Marche, il transmettait ses dépêches à Bruxelles par messire
Mathieu, « son presbtre chappellain. » (Id.)
xliv NOTICE BIOGRAPHIQUE.
traversée. A un protecteur succédait un maître. Charles était
redouté même des compagnons de son enfance, quoique
certaines de ses qualités, si vivement dépeintes dans les
Mémoires, l'en fissent presque également aimer. On crai-
gnait surtout son opiniâtreté qui dérivait de son orgueil ; il
méprisait, dit Commines, « tout autre conseil, sauf le sien
seul. Ses pensées estoient grandes, mais nul homme ne les
sçavoit mettre à fin. » Aucun du moins ne pouvait se flatter
de le satisfaire : on le touchait sans le fléchir ; il semblait
que sa dureté pour lui-même dût justifier ses exigences et sa
rigueur envers les autres. Olivier, qui avait appris à le con-
naître dès son bas âge1, put en souffrir parfois, mais il n'eut
point, une seule fois excepté2, à s'en plaindre : Charles lui
témoigna de suite une haute estime, une pleine confiance,
sinon une vive affection ; il l'attacha plus étroitement à sa
personne, tout en lui conférant des titres ou des missions qui
engageaient plus lourdement sa responsabilité. Les comptes
commencent alors, en effet, à le qualifier de conseiller du
duc et de maître d'hôtel3. Il va monter de dignités en dignités,
mais au prix de quel labeur ? Ainsi s'explique peut-être en
partie sa mélancolique devise : « Tant a souffert La Marche, »
1. II déclare lui-même qu'il fut « nourri » avec le prince, c'est-
à-dire élevé avec lui, bien qu'il fût de cinq années plus âgé. Ne
connaissait-il pas aussi la vieille Isabeau de Moralles, la « ber-
cheresse » de « Gbarlotel, » ainsi que les habitants de Dinant
appelaient le comte de Charolais (Archives du Nord, B. 1978),
et n'avait-il pas recueilli de sa bouche des particularités sur sa
première enfance?
2. L'enlèvement de la duchesse de Savoie.
3. En acceptant sans contrôle une indication de Gollut (nouv.
édit., col. 1190), qui fait figurer 01. de la Marche comme maître
d'hôtel dans la liste des officiers de Philippe le Bon en 1461, M. Stein
(p. 30) n'a pas fait attention que notre chroniqueur est encore qua-
lifié premier panetier du comte de Charolais quatre ans plus tard,
en 1465 (Stein, p. 165). On se demande aussi pourquoi le même
auteur lui donne, à partir de cette dernière date, le titre de
chambellan qu'il n'a porté que beaucoup plus tard (id., p. 193).
NOTICE BIOGRAPHIQUE. xlv
si différente de celle du grand bâtard de Bourgogne : « Nul
ne si frote ! »
Plus que jamais sa vie se partage maintenant en deux
fonctions bien différentes : tour à tour diplomate et guer-
rier, il ne déposera la lance que pour prendre la plume,
et sa robe d'ambassadeur sera constamment doublée de la
cuirasse de l'homme d'armes. Quelques mots d'abord de
son premier rôle. Le 18 novembre 1467, il quitte Liège
pour retourner en Normandie et en Bretagne, puis en
Angleterre1. Il importe en effet à Charles le Téméraire de
1. « A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseillier et
maistre d'ostel de mondit seigneur, la somme de l liv. , que mon-
dit seigneur lui a fait délivrer en prest et payement, sur certain
voyaige qu'il fait de par lui, pour ses besoingnes et affaires
secretz par devers le duc de Bretaigne. »
On lit à la marge : « Soit corrigié où yl prendra le surplus. »
« En est parpaié ou premier compte de Guilbert de Rupple,
argentier, subséquent fol. mc xlv, où ces l liv. lui sont rabatues
et parpayé, reste de uc xl liv. » (Archives du Nord.)
Olivier reçoit aussi « nc vu liv. xim s., pour, le xvme jour de
novembre LXVII, estre party de la cité de Liège, où mondit
seigneur se tint lors, et estre aie en ambassade avec maistre
Jehan Garondelet, maistre des requestes, et Nicolas Bouesseau,
secrétaire de mondit seigneur, par devers messeigneurs les ducs
de Normandie et de Bretagne, et de là devers le roy, nostre sire,
pour affaires secrètes. » (Id., B. 2071.) Son voyage se prolongea
jusqu'au 22 mars. Jean Garondelet reçut 80 livres pour le même
voyage.
« A messire Olivier de la Marche, à cause de certaines vacca-
cions et voiages par lui fais du commandement de mondit sei-
gneur, depuis le xe jour de may jusques au xxve du mois d'oc-
tobre ensieuvant, comme sur certain voyage qu'il aloit faire de
la cité de Liège par devers les ducs de Normendie et de Bretagne,
vuxx x liv. » (Id. V. Bulletin précité, p. 297.)
Dans une lettre écrite à Louis XI, de Gharenton (Sherring-
ton?), le 16 janvier 1468, par William Menipeny, seigneur de
Goncressault, sénéchal de Saintongo et ambassadeur de France
près d'Edouard, roi d'Angleterre, cet envoyé raconte à son maitre
qu'il avait vu à Honfleur messire Olivier de la Marche et d'autres
xlvj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
se faire des amis des Anglais : il scellera leur alliance avec
eux en épousant Marguerite d'York, sœur de leur roi
Edouard. Arrivé à Londres en décembre, Olivier revient en
Normandie par Honfleur, puis repart pour l'Angleterre et
ne rentre en Flandre que le 22 mars 1468 l. L'année sui-
vante, le 8 février, il est expédié en mission secrète en Bre-
tagne et « ailleurs » et reste absent jusqu'au mois de mai2.
A peine de retour, il se réembarque pour l'Angleterre, mais
n'y séjourne pas, puisqu'on le voit en juillet constater le
payement fait par le bailli de Gand d'une somme de
70 patards au geôlier du château de cette ville 3. Le
25 février 1470, le voilà de nouveau envoyé en Angleterre,
peut-être près de Warwick, et il n'est libre que le 18 juin
du conseil du duc de Bourgogne se rendant vers Louis XI.
(Anchiennes Cronicques d'Engleterre, t. III, édit. Dupont, appen-
dice, p. 190.) V. Arch. générales de Belgique, compte de 1468,
vol. 1923, fol. 66. C'est une pièce identique à celle déjà citée en
note plus haut et tirée des Archives du Nord.
Olivier ne rentra définitivement en Flandre qu'en octobre
1467. En effet, les Archives générales de Belgique, compte de
1468, vol. 1923, mentionnent plusieurs sommes avancées par lui,
de la Fête-Dieu en octobre 1467, à Mathieu Losengier, l'un de
ses émissaires, envoyé de Boulogne en Bretagne, puis à Bruxelles,
enfin de Rochester en Angleterre, pour porter des messages
diplomatiques. Il était donc retourné en Angleterre pour remplir
une nouvelle mission, après avoir un instant rejoint son maître,
et s'y trouvait encore en octobre, époque à laquelle il revint à
Louvain saluer Charles le Téméraire.
1. Même compte de 1468 aux Archives de Belgique. — Olivier
recevait 53 sols par jour à l'étranger, et le duc lui donna, en
outre, une gratification de 470 livres 8 sous 4 deniers en vais-
selle d'argent. (Bibl. nat., ms. fr. 20685, p. 439.)
2. Il reçoit 300 livres pour ses frais de voyage et de séjour
(Archives de Belgique, compte de 1469 (n. st.), vol. 1924, fol. 112).
Le même compte, fol. 125, lui alloue 122 livres 7 sols pour frais
d'ambassade en Bretagne.
3. 13 juillet 1465. (Comptes-rendus des séances de la Commission
d'histoire de Belgique, 2e série, t. VII, p. 45.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. xlvij
suivant1. Il n'a pas encore eu le loisir d'ouvrir ses « bou-
gettes » que, le 8 juillet, il doit quitter Saint-Omer pour
traverser le détroit et aller trouver Henri VI à Londres8.
Le discret serviteur se tait soigneusement sur le but de ces
allées et venues, mais ce but n'est-il pas manifeste? Ne
faut-il point que la maison de Bourgogne combatte à l'étran-
ger la politique astucieuse de son ennemi le plus perfide et
le plus dangereux, Louis XI ?
La confiance de Charles le Téméraire ne lui fait pas plus
défaut à l'armée. A la bataille de Brunstein, il est retenu
par le duc au nombre des vingt chevaliers chargés de
veiller à sa propre sécurité ; il se trouve au grand assaut
de Liège, le 30 octobre 1468, de même qu'il avait
assisté, deux ans auparavant, du vivant du vieux duc, au
siège et au sac de Dinant ; il suit son maître dans le pays
de Franchimont, et donne, malgré un froid terrible, la
chasse aux derniers débris des révoltés liégeois ; il est avec
Charles le Téméraire à Namur, à Lille, à Saint-Omer, à
Gand, à Bruges, quand il ne vaque pas à ses ambassades, et
séjourne près de lui pendant deux mois à la Haye, en 1469 ;
nous le retrouvons en 1470 à Gand, où il assiste au pas tenu
par Claude de Vaudrey , puis à l'Écluse, et l'année suivante à
Hesdin, où le duc se retire avec les cinq ou six cents archers
de son escorte, en attendant que son armée ait eu le temps
de se réunir et de marcher sur Pecquigny et Amiens ; le
30 septembre 1469, il est nommé gouverneur, capitaine et
prévôt de Bouillon, en remplacement de Pierre de Hagen-
bach, et en exerce les fonctionsjusqu'au 30 septembre 14703 ;
1. Arch. de Belgique, compte de 1469 (v. st.), vol. 1925, fol. 254,
278.
2. Id., compte de 1470, vol. 1925, fol. 280.
3. Inventaire général des Archives du royaume de Belgique, t. IV,
p. 139 (Bruxelles, 1865); compte n° 24406. — Déjà, le 20 sep-
tembre 1462, il avait été chargé d'établir Jean d'Anthimes en
qualité de capitaine et de prévôt du duché de Bouillon. (Comptes-
xlviij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
le 22 janvier 1471 , il est établi capitaine et bailli de Lucheux,
d'Orville et des terres confisquées sur le comte de Saint-Pol ! ;
un peu plus tard, le 8 août 1473, il reçoit le titre de maître
de la monnaie de Gueldre2, puis ceux de bailli d'Amont en
Franche-Comté et de capitaine de Châtillon-le-Duc (1474)3;
peu après le siège d'Amiens, auquel il prend, durant six
semaines, une part active en 1471, il est promu capitaine
de la première compagnie d'ordonnance de la garde, et, à
la tête de trois cents hommes d'armes, dont il partage le
commandement avec le bailli de Saint-Quentin et Jacques
d'Harchies, il s'établit à Abbeville (janvier 1472), dont il
est nommé commandant, en l'absence de Philippe de Crève-
cœur, sieur d'Esquerdes (22 mars), et où il assiste le 15 jan-
vier à l'exécution d'un certain Jehan Levasseur ; il court le
rendus de la commission d'histoire de Belgique, lre série, t. IX,
page 80.)
1. Arch. nat. (Musée 487), K. 74, n° 3. M. H. Stem a publié
cette pièce, comme plusieurs de celles qui ont été précédemment
citées. — Olivier reçut dans la même année, en récompense de
ses services, 500 livres à prendre sur les deniers de la confisca-
tion des habitants de Tournay et du comte de Saint-Pol. (Bibl.
nat., Gollect. de D. Villevieille, 55, Cab. des titres, 136 bis, fol. 138.)
2. Archives de Belgique, Ch. des comptes, Inventaire, t. III,
n° 18100. Il avait encore ce titre en 1476 et touchait 200 francs
de 32 gros flamands pour gages annuels. (Arch. de Belg., Ch.
des comptes de Gueldres, 18100.)
3. On n'a pas la date exacte de cette nomination, restée en
blanc dans les comptes. Nous trouvons cependant aux Archives
de la Côte-d'Or, B. 1772, dans le compte de Jean Pillet de Loi-
sey, trésorier de Vesoul, pour les années 1473-1474, fol. 92, la
mention suivante : « Novus hic. A noble seigneur messire Olivier
de la Marche, chevalier, conseiller, maistre d'ostel de mondit
seigneur le duc et à présent son bailli d'Amont, ouquel office de
bailli et aussi en l'office de cappitaine de Ghastillon-le-Duc, icel-
lui seigneur par ses lettres patentes données le... jour... mil
GGCG..., et pour les causes contenues et déclairées en icelles, a
commis et ordonné et establi ledit messire Olivier, vixx xm fr.
m gros. »
NOTICE BIOGRAPHIQUE. xlix
pays de Vimeu, d'où il ramène grand butin, dit-il, fait prison-
nier le seigneur de Loupy (peut-être Huppy) et ses enfants
et enlève d'assaut la place de Gamaches1. Il est chargé de
garder avec ses hommes d'armes les postes de Roye et de
Montdidier après sa campagne du Vimeu ; puis, appelé en
Gueldre par sa nouvelle fonction de maître général des
monnaies, il prend une part active au siège de Venloo, ce
qui lui vaut 240 livres de récompense (10 septembre 1473).
En un mot, s'il récolte des honneurs et de l'argent, c'est
qu'il ne fuit jamais ni devant les périls, ni devant les
charges. Les cinq ou six années de cette période de son exis-
tence ne sont guère qu'une perpétuelle chevauchée, ce qui
ne l'empêche point de remplir, entre temps, son rôle plus
pacifique de maître d'hôtel, et de veiller en cette qualité aux
menus plaisirs du duc2, ou aux solennités de sa justice,
1. « Ung petit devant (1472), ung chevalier de la partie du duc
nommé messire Olivier de la Marche, bourguignon, lequel avoit
charge de cinquante lances, qui se tenoit de par le duc en garni-
son à Abbeville, s'en alla à Gamaches et print le chastel d'as-
sault, lequel il fist bruller et la ville, laquelle ville appartenoit à
Joachim Rohault, lors mareschal de France... » (Anchiennes
Croniques d' Engleterre , appendice, t. III, p. 294, ch. xliv de
l'Histoire de Charles, dernier duc de Bourgogne. V. aussi Mémoires,
liv. II, ch. i, et Prarond, Une occupation militaire d' Abbeville au
XVe siècle, p. 8.) — Pendant son séjour à Abbeville, Olivier avait
sous ses ordres 9 dixeniers, 10 lieutenants, 79 hommes d'armes,
293 archers à cheval, 94 piquiers, 34 artilleurs, 10 arbalétriers et
22 archers à pied. Il touchait cent fr. de solde personnelle par
mois. (Archives de Belgique, Ch. des comptes, n° 25542, fol. 5.)
2. Lettre du 15 octobre 1468, par laquelle, il atteste qu'une
somme de douze livres a été délivrée aux ménestrels du duc.
(Archives du Nord, B. 2069.) Le compte de Gile de Rupple,
argentier du duc, constate dans la même année la remise de
28 livres 14 sous à Olivier, pour remboursement de diverses
sommes payées à « ung harpeur de Mgr de Normandie, » venu
à Mons, à des « trompettes estrangères » et à « ung joueur de
divers instrumens » qui joua devant le duc le lendemain de ses
noces. (Archives de Belgique, Ch. des comptes, vol. 19^3, fol. 197.)
d
1 NOTICE BIOGRAPHIQUE.
comme, le 15 janvier 1469, lorsqu'avec son collègue Pierre
Bladelin, il amène devant la « chayère de monseigneur le
duc » siégeant « en la grande salle de Brouxelles, » au
milieu des chevaliers de la Toison d'or et des ambassadeurs
de tous les souverains d'Europe, les magistrats de la ville
de Gand naguère révoltée, venus pour déposer aux pieds
de leur prince, en signe de soumission, les bannières de
leurs métiers et assister à la lacération de leurs vieux pri-
vilèges i .
Ces fonctions moins périlleuses, mais non moins délicates
parfois, il les remplit surtout d'une manière éclatante lors
des noces de Charles le Téméraire avec Marguerite d'York,
sœur du roi d'Angleterre, célébrées à Bruges en 1468. L'or-
ganisateur des « mistères » de Nevers, des « entremetz » de
Lille fut encore une fois chargé de diriger les fêtes somp-
tueuses qui suivirent le mariage et dans lesquelles son goût
naturel pour le cérémonial l'avait fait passer maître. H en
prépara les principaux divertissements et paraît avoir rédigé
la plupart des pièces allégoriques qui furent récitées au pas
de l'Arbre d'or. Il s'y mêla directement lui-même : on le vit
accompagner les juges du champ clos pendant toute la
durée des joutes, conduire, monté sur une mule et « vestu
d'une longue robe de velours bleu » avec manteline de pareille
étoffe et pourpoint de satin cramoisi, le seigneur de Raves-
tein devant les dames et donner lecture delà lettre qui expli-
quait « l'emprinse2. » Ce fut également lui qui régla une
partie de la dépense et veilla au paiement des peintres, des
ménestrels, des sculpteurs, des tailleurs d'images qui furent
1. V. aux Mémoires de Commines, édit. Dupont, preuves, t. III,
p. 253, la relation de l'assemblée tenue à Bruxelles, le 15 jan-
vier 1469 (et non le 8 janvier, comme l'a imprimé Lenglet), pour
casser les privilèges des Gantois.
2. V. Mémoires, liv. II, en. rv, et aux annexes, le Récit des
noces de Charles de Bourgogne. V. aussi les Mémoires de Jean de
Haynin et le ms. n° 17321 de la Bibliothèque royale de Bruxelles.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lj
employés dans ces réjouissances1. Mais il fit plus encore,
d'après Adrien de But, il y jouta avec Antoine, bâtard de
Bourgogne2 ; puis, selon sa coutume d'enregistrer jusque
dans leurs moindres détails tout ce qui touchait aux magni-
ficences de la cour bourguignonne et ce qui pouvait en rehaus-
ser la renommée3, il en fit un double récit : l'un fut adressé par
lui sous forme de lettre à Gilles du Mas, maître d'hôtel du duc
de Bretagne : c'est celui qu'il a inséré dans ses Mémoires ;
l'autre fut envoyé à la cour de Savoie ; c'est, semble-t-il,
la relation jusqu'à ce jour conservée dans la bibliothèque de
Turin et placée en appendice dans cette édition. Ces récits dif-
fèrent sur quelques points, mais ils se complètent l'un l'autre :
plus heureux que celui de Chastellain, qui avait aussi décrit,
si l'on en croit Molinet, les fêtes nuptiales de Bruges, ces
deux textes ont échappé à l'outrage du temps et nous donnent
une fidèle image des dernières splendeurs bourguignonnes.
Notre capitaine n'était pas seulement un poète, un artiste
et un guerroyeur : c'était aussi un prude et loyal conseiller.
Lorsque, grâce à la fortuite découverte de sa duplicité,
Louis XI faillit trouver dans la vieille tour de Péronne une
prison et peut-être un tombeau, qui modéra la fureur de
Charles le Téméraire, qui retint sa main prête à se lever sur
la personne royale, qui arrêta sous les fenêtres du château
ce messager tout « housé » dont nous parle Philippe de
Commines, et qui n'attendait qu'une dernière signature du
1. V. Gilliodts-van-Severen, Inventaire des archives de la ville
de Bruges, t. V, p. 566, et Archives de Belgique, compte de 1468,
vol. 1923, fol. 88, qui fait mention d'une somme de 13 livres
6 sols payée à Olivier pour les soins donnés aux fêtes de Bruges.
2. Chronique, t. 1, p. 490. V. Haynin, op. cit.
3. Cela rentrait d'ailleurs implicitement dans ses fonctions.
Les maîtres d'hôtel des ducs de Bourgogne tenaient quotidienne-
ment note des événements extérieurs qui se passaient à la cour,
des voyages, fêtes, dépenses, etc.; de là l'exactitude ordinaire
des récits d'Olivier en cette part.
lij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
duc pour sauter à cheval et porter en Bretagne le signal de
la prise d'armes? Qui ? Ce fut Commines sans doute, le froid
et pénétrant, mais peu désintéressé serviteur, qui allait bien-
tôt passer à la cour du roi de France et y recevoir le salaire
de sa persuasive intervention; ce fut Jean de Visen, un
valet de chambre de Charles, un « honneste homme, qui
avoit grand crédit sur son maistre; » mais, bien que Com-
mines ne le cite point au nombre des trois confidents qui
« n'aigrirent rien, mais adoucirent à leur pouvoir, » ce fut
aussi Olivier de la Marche. Après une nuit orageuse, qu'il
passa debout, tout habillé, marchant à grands pas dans sa
chambre, avec le seigneur d'Argenton, Charles n'avait rien
perdu de sa colère au matin, lorsqu'il envoya les sires de
Charny , de Créqui et de la Roche demander au roi s'il enten-
dait tenir ses promesses et marcher avec lui contre les Lié-
geois révoltés. A ce moment, il retint Olivier seul avec lui1;
quand les seigneurs revinrent, le duc était encore tout ému
et « la voix lui trembloit » de courroux 2 ; mais il consentit
soudain à aller trouver Louis XI, que la peur faisait trem-
bler lui-même, et à lui faire jurer la paix sur la vraie croix.
Qui avait produit cette subite révolution et opéré ce miracle ?
Sans méconnaître l'influence de Commines, de Jean de Visen
et du chancelier Pierre de Goux, énergique défenseur de la
concorde et de la foi jurée, on peut affirmer que le fidèle
compagnon d'enfance de l'irascible prince n'y demeura pas
étranger3.
1. V. Mémoires, liv. II, ch. n.
2. Commines, Mémoires, liv. II, ch. ix.
3. Dans une lettre écrite à du Bouchage, le 16 octobre 1472,
quatre années après cette célèbre entrevue, Louis XI disait :
« Guillaume de Thouars m'a fait savoir que ... messire Olivier
de la Marche s'en vouldroit bien venir à moy, et j'ay grant paour
que ce soit quelque tromperie. » (Bibl. nat., ms. fr. 2905.) On
en peut conclure que le roi avait appris à estimer La Marche et
l'appréciait à sa valeur. Mais de là à supposer que celui-ci aurait
NOTICE BIOGRAPHIQUE. liij
Nous avons vu plus haut que La Marche, retenu à Abbe-
ville ou dans le pays de Viineu, n'assista ni à la prise de
Nesle, ni au siège de Beauvais, en 1472; il paraît du moins
avoir pris part à la triste expédition de Normandie, dans
laquelle le duc de Bourgogne se vengea de l'échec essuyé
devant les murailles de Beauvais en saccageant sans profit
le riche pays de Caux, en démolissant les villes et les châ-
teaux et en escarmouchant jusqu'aux portes de Rouen qui
ne s'ouvrirent pas à son approche. Son armée y souffrit
beaucoup moins des viretons français que des maladies et de la
disette : sans les secours des Lillois qui lui envoyèrent des
vivres, dont le seigneur de la Marche reçut nommément sa
part1, sans l'arrivée de Nicolas de Calabre, surtout sans la
solde que Charles se décida un peu tardivement à faire dis-
tribuer à quelques-uns de ses détachements2, elle n'eût peut-
être pas tenu la campagne jusqu'à la trêve conclue avec le
connétable de France, à partir du 3 novembre 1472.
Dégoûté d'insuccès auxquels il n'était pas habitué, le duc
se tourna du côté de l'Allemagne, aux dépens de laquelle il
espérait agrandir ses possessions, et il commença par mettre
la main sur le duché de Gueldre, que lui avait cédé le duc
Arnold le 30 décembre de la même année. Olivier de la Marche
reçut une des premières épaves de cette conquête : la fête de
la Toison d'or, célébrée à Valenciennes le 2 mai 1473, venait
à peine de se terminer qu'il passa dans le duché de Gueldre
pu trahir son maître, il y a loin. S'il contribua à sauver Louis XI
à Péronne, ce fut uniquement pour le plus grand bien de Charles
le Téméraire.
1. En 1472, la ville de Lille fait offrir ix los de vin à messire
Olivier de la Marche. Il reçut également d'elle xir los en 1477.
(Archives du Nord ; Bulletin de la Société de l'histoire de France,
1858, p. 298.)
2. Olivier de la Marche n'était lui-même guère mieux payé que
ses compagnons d'armes. En 1473, il ne toucha aucun salaire
comme maître d'hôtel et capitaine de la grande garde. (Archives
du Nord, B. 2095, n<> 3.)
liv NOTICE BIOGRAPHIQUE.
avec son maître et y fut promu, comme il a été dit plus haut,
à l'office de « maistre et pardessus des monnoyes du pays1. »
Mais il n'y fit qu'un séjour rapide. Nicolas d'Anjou, duc de
Lorraine, venait de mourir subitement à Nancy, des suites
d'un empoisonnement que les ennemis du roi de France ne
manquèrent pas d'imputer à celui-ci ; c'était le dernier héri-
tier mâle du roi René : Charles de Bourgogne saisit cette
occasion pour tenter de s'emparer de la Lorraine et, après
avoir fait enlever le jeune comte René de Vaudemont,
neveu du défunt, dépêcha Olivier de la Marche pour som-
mer la ville de Metz de lui ouvrir ses portes, sous prétexte
d'y avoir une entrevue avec l'empereur. Les Messins avi-
sés ayant décliné cette périlleuse hospitalité, le chevalier
revint rejoindre son maître à Luxembourg et le suivit à
Trêves où Frédéric III attendait, non sans défiance ni quelque
jalousie du faste bourguignon, son brillant vassal, dont il
convoitait la fille unique pour son fils Maximilien (18 sep-
tembre 1473). L'entrevue fut splendide : Charles, qui vou-
lait en profiter pour se faire sacrer roi et restaurer la vieille
monarchie bourguignonne, y déploya un luxe écrasant,
inusité ; il tint à ce que toute sa suite fût magnifiquement
parée et, en homme qui ne négligeait pas les plus minces
détails, tandis qu'il faisait préparer ses futurs ornements
royaux dans la cathédrale, tandis qu'il étalait dans l'abbaye
de Saint-Maximin les merveilleux trésors de sa maison, tels,
dit Meyer, qu'en possédait Alexandre ou Assuérus, il y 'lia
lui-même à ce que son maître d'hôtel revêtît un costume
neuf2. Malheureusement pour le duc, la veille du jour fixé
1. Archives générales de Belgique, tome III de Y Inventaire,
p. 241, et Archives du Nord, B. 2096.
2. Le 24 octobre 1473, La Marche reçoit une robe longue de
velours cramoisi et un pourpoint de satin cramoisi pour « lui
vestir et mectre plus honnestement en point. » (Archives du
Nord, B. 2098.) V. sur cette entrevue Dom Plancher, Histoire de
Bourgogne, t. IV, p. 416 et 417.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. Jv
pour le couronnement, l'empereur, effrayé par ses conseil-
lers1, s'embarqua furtivement sur la Moselle et se rendit à
Cologne, laissant l'église prête, la cérémonie déjà ordonnée
et l'aspirant monarque sans couronne. Quelle que fût son
irritation, Charles, auquel le sceptre royal échappait, dut à
son tour battre en retraite et, traversant la Lorraine, se
diriger sur l'Alsace pour regagner la Bourgogne.
Olivier de la Marche eut à peine le temps de revoir le
château paternel. Il était chef et capitaine de la garde ducale2
et ne pouvait quitter son maître. Dès que celui-ci eut fait
son entrée solennelle et tenu « estât » de prince dans sa bonne
ville de Dijon, puisa Dole, il fallut repartir pour le Brabant,
en passant par la Lorraine et le Luxembourg, où le duc reçut
l'avis de graves événements qui venaient de s'accomplir en
Alsace. Le pays de Ferrette était en pleine révolte : son gou-
verneur pour Charles le Téméraire, Pierre de Hagenbach,
avait été mis à mort parles ordres de l'archiduc Sigismond3,
1. Gachard, Documents inédits, t. Ier, p. 232. V. aussi ms. de
la Bibl. de Bruxelles, n° 16698.
2. En cette qualité de capitaine de la garde, il commandait à
tous les « chefs d'escadre, de chambre, gentilshommes et archers »
qui devaient le « révérer et luy obéir. » {État de la maison de
Charles, dernier duc de Bourgogne, ms. de la Bibl. nat., n° 3867,
fonds franc.) Une note de ce ms., qui contient la liste des servi-
teurs du duc et les ordonnances relatives à leur service, nous
apprend que La Marche touchait comme capitaine 30 sols par
jour en tout temps, c'est-à-dire absent comme présent, plus
20 livres par mois comme maître d'hôtel. (Ord. du 29 avril 1474.)
Cependant on voit ailleurs, dans le même état, qu'il recevait, en
qualité de maître d'hôtel, 30 sols par jour pendant le temps de
son service, qui durait six mois. D'après les comptes des gages
payés aux officiers du duc, le 20 août 1474, Olivier touchait en
outre par jour 13 sous 4 deniers pour sa pension. (Bibl. nat.,
ms. fr. 5903.)
3. 9 mai 1474. — Un traité d'alliance avait été conclu, le
30 mars 1474 , entre Louis XI et Sigismond contre le duc de
Bourgogne, dont il avait pour but principal de renverser l'auto-
]vj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
qui avait violemment repris possession du comté ; une nou-
velle guerre, provoquée parles intrigues de Louis XI, allait
éclater en Alsace, échappée au duc au moment même où celui-
ci méditait de se précipiter avec toutes ses forces sur l'Alle-
magne. Une place le tentait fort, c'était la petite mais solide
cité de Montbéliard, qui était comme un pont jeté entre la
Franche-Comté et la haute Alsace, et était alors occupée par
le sire de Stein, au nom du comte Ulric de Wurtemberg.
Charles fit enlever Henri, fils de ce dernier, aux environs de
Thionville, en déclarant qu'il ne lui rendrait la liberté qu'a-
près la remise de la ville, dont La Marche et Claude de Neuf-
châtel, seigneur du Fay, furent chargés de se faire ouvrir
les portes, à la faveur d'une prétendue autorisation du jeune
captif. Secouru à temps par les gens de Bàle et de Berne,
Marc de Stein refusa. Les capitaines bourguignons qui
étaient à Granges traînèrent alors enchaîné sous les mu-
railles de Montbéliard l'héritier de Wurtemberg et crièrent
à la garnison qu'ils le feraient décapiter si les portes res-
taient fermées. On le força même à s'agenouiller sur un tapis
de velours et le bourreau leva sur lui son épée nue. Mais
Stein tint bon et, plutôt que d'exécuter la menace ducale,
Olivier se retira avec son prisonnier qu'il ramena à Luxem-
bourg ou à Maestricht, puis à Boulogne-sur- Mer, où celui-ci
demeura captif et, dit-on, aliéné d'esprit, jusqu'en 1477 *.
Une entreprise plus grave fournit bientôt un champ meil-
leur à sa vaillance. L'archevêque de Cologne, Robert de
Bavière, en lutte avec son chapitre, qui l'avait chassé de son
siège pour le remplacer par le frère du landgrave de Hesse-
Cassel, appela à son aide son cousin le duc de Bourgogne.
rite en Alsace. (Forster Kirk, Hist. de Charles le Téméraire, t. III,
p. 273.)
1. Mémoires, liv. II, eh. v. Lettre de Charles le Téméraire, du
22 juin 1474, au sr du Fay, gouverneur de Luxembourg. (De la
Barre, Mémoires pour servir à V histoire de France et de Bourgogne,
a. 357.) V. aussi Gollut, col. 1243, note 1, et Duvernoy, Éphcmé-
rides du comté de Montbéliard, p. 171.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lvij
Celui-ci alla aussitôt mettre le siège devant Neuss, défendue
par le nouvel archevêque avec dix-huit cents hommes d'armes
(30 juillet 1474). Après avoir en vain tenté plusieurs assauts
et perdu, sous les yeux du capitaine de ses gardes, un grand
nombre d'Italiens à sa solde, qui avaient voulu passer le
Rhin tout armés à la nage pour s'emparer d'une île occupée
par les assiégés, Charles dut ouvrir des tranchées en règle,
édifier bastilles contre bastilles, ville contre ville et, pendant
ce temps, détacher de ses forces un corps de troupes, afin de
ravitailler1 une place voisine, celle de Lintz, la seule qui tînt
contre les Allemands pour Robert de Bavière. La Marche
fut, avec Philippe de Bergues et le vicomte de Soissons,
chargé de cette mission fort périlleuse, car il s'agissait d'en-
lever un puissant boulevard élevé sur la rive gauche du
Rhin, de franchir le fleuve sous le feu de l'assiégeant et, à
la faveur d'une diversion, d'introduire le convoi de vivres
dans la forteresse. Il divisa habilement son petit corps d'ar-
mée; couvert par ses cranequiniers et les archers à pied,
que commandait le vicomte de Soissons, il descendit d'une
hauteur avec cent vingt hommes d'armes ; deux escadrons
italiens le suivaient, puis une centaine de lances et les con-
voyeurs. Nos Bourguignons assaillirent bravement le bou-
levard, s'y installèrent après avoir tué ses défenseurs et,
tandis qu'Olivier y faisait des chevaliers, notamment Robert
Le Roucq, cité par Molinet, Lancelot de Barlemont jetait
un gros renfort dans la place. Malheureusement, peu de
jours après, la garnison se prit de querelle avec les habi-
tants, qui parlementèrent avec l'armée allemande et finirent
par lui ouvrir leurs portes. Mais Olivier eut l'honneur de
reprendre de vive force le passage que les troupes impé-
riales avaient fermé derrière lui et, toujours combattant, de
ramener sans avoir perdu un homme dans sa brillante retraite
ses troupes au duc, qui lui en « sceut moult grant gré. »
1. Février 1475. — V., sur ce ravitaillement, Correspondance de
la mairie de Dijon, t. I, p. 156.
lviij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
Cependant, malgré l'opiniâtreté de Charles, le siège de
Neuss, commencé depuis près de dix mois, n'avançait pas.
Ravitaillée à son tour par les Allemands, après une rude
famine, protégée par une crue des eaux, encouragée par
une promesse de secours de l'empereur, la place défiait
la formidable artillerie bourguignonne1, et ne paraissait
pas vouloir se rendre. Le duc tenta un dernier effort. Le
mardi, 23 mai 1475, informé de l'approche de l'armée
impériale, qui, malgré ses cent mille hommes, ne se sou-
ciait guère, semble-t-il, d'engager la lutte, il résolut de
la prévenir et de commencer l'attaque. Il lança en avant les
Lombards de Jacques Galeotto et Olivier de la Marche avec
sa garde, qui formait ordinairement le corps de réserve;
ceux-ci se portèrent sur le centre des Impériaux, tandis que
Charles tombait sur leurs flancs avec toutes ses forces. Le
margrave de Brandebourg ayant voulu tenir tête à Galeotto,
Olivier le prit à revers avec la garde et l'escadron des gen-
tilshommes de la chambre, rompit ses colonnes, le chassa
devant lui dans la direction de Cologne, lui tua beaucoup de
monde et lui fit encore plus de prisonniers. La déroute fut si
grande que le duc de Saxe, maréchal de l'empire, mit la
bannière impériale « aux champs2. » Olivier eut encore
1. Artelleria terribile, disent les ambassadeurs milanais.
2. Mémoires, liv. II, ch. m; La Croix du Maine; de la Barre,
Mémoires pour servir à l'histoire de France et de Bourgogne, a. 360.
Dans la lettre adressée le 27 mai 1475 par le duc de Bourgogne
à Claude de Neufchâtel, seigneur du Fay, gouverneur du Luxem-
bourg, on lit : « Pour le mytant de la seconde bataille, nous
ordonnasmes l'escadron des gentilshommes de nostre chambre
et pour leur renfort ceulx de nostre garde que conduisoit mes-
sire Olivier de la Marche, nostre maistre d'hostel, leur capi-
taine. » V. Baron de Gingins La Sarra, Dépêches des ambassadeurs
milanais sur les campagnes de Charles le Hardi de 1474 à 1477,
publiées en 1858, t. I, p. 165 à 170; apostille de D. Salvador de
Clarici à la lettre d'Henri, seigneur de Neufchâtel, au duc de
Bari, du 22 juin 1475.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lix
l'honneur1 de cette journée qui n'accrut pas médiocrement les
pacifiques désirs de Frédéric III. Des négociations furent
alors entamées et l'on convint d'une trêve : l'empereur et le
duc levèrent presque ensemble leurs camps, remettant la
ville de Neuss en dépôt entre les mains du légat du pape ;
mais le second tint à faire, pendant quelques jours, occuper
la place en son nom par les seigneurs de Glèves, d'Humber-
court et Olivier de la Marche2 ; celui-ci assista même à la
prise de possession de l'envoyé pontifical : on ne pouvait
rendre un plus significatif hommage au valeureux capitaine
dont la charge impétueuse avait décidé du sort du combat.
Dès que cette remise eut été opérée, La Marche quitta
Neuss avec Josse de Lalaing, qui s'était, comme lui, fort
distiugué dans la bataille, et, à la tête de trois cents lances
d'ordonnance, se mit en route pour la Bourgogne3. Les
Français étaient en effet entrés dans le Nivernais, avaient
repris Château-Chinon, et Béraud de l'Espinasse, sire de
Combronde, avait, le 20 juin, complètement battu le maré-
chal de Bourgogne, Antoine de Luxembourg, à Guipy, près
de cette ville. Le Maçonnais était envahi et Cluny surpris
par le comte de Montpensier. D'un autre côté, l'Artois,
abandonné sans défense, était ravagé par les troupes de
Louis XI, qui défaisaient Jacques de Luxembourg sous les
murs d'Arras le 27 juin, le jour même où les Bourguignons
festoyaient le légat avant de lever leur camp devant Neuss.
Entre temps, les Anglais mettaient pied à Calais et appe-
1. V. dans les Mémoires couronnés par l'Académie royale de Bel-
gique, t. XXII, p. 188, la relation du combat du 23 mai 1475,
donnée par le général Guillaume, qui rend pleine justice à l'ha-
bileté des manœuvres d'Olivier.
2. Lettre de Pierre de Ballinets, datée do Vesoul, du 23 juin
1475, dans les Dépêches précitées, t. I, p. 167.
3. Il n'y était pas encore arrivé le 24 juin. (Lettre d'Antoine
d'Appiano au duc de Milan, du 24 juin 1475; Dépêches précitées,
t. I, p. 164.)
lx NOTICE BIOGRAPHIQUE.
laient à grands cris leur allié de Bourgogne, qu'ils s'éton-
naient de ne point rencontrer à leur débarquement. Où
aller et que faire ? Charles ne courut pas au plus pressé,
non qu'il hésitât, contrairement à son habitude, mais parce
qu'il avait déjà d'autres projets en tête; cependant il rap-
pela La Marche, qui se dirigeait sur la Bourgogne1, etl'éta-
blit avec sa garde dans un camp près d'Arras, tandis qu'il
accompagnait lui-même le roi d'Angleterre rejoint tardi-
vement2, et qu'il allait à Gand, puis à Valenciennes ras-
sembler des ressources indispensables à une nouvelle et
étrange campagne3. Il n'avait souci ni des souffrances des
populations, ni de la décadence de l'industrie, ni de ses
domaines pillés, ni de ses frontières saccagées, ni même de
la belle armée étrangère qui venait guerroyer avec lui contre
Louis XI ; son unique pensée était maintenant tournée contre
la Lorraine qu'il voulait conquérir, contre les gens d'Alsace
et de Ferrette dont il brûlait de se venger. Il rêvait de chas-
1. Dépêche d'Appiano, du 24 juin 1475. (GinginsLa Sarra, t. I,
p. 165.)
2. Le 14 juillet, à Calais. — Le 10 juillet, le duc de Bourgogne
était à Malines et, le lendemain, il entrait à Bruges.
3. Lettre anonyme à la duchesse de Savoie, datée de Moirans,
du 30 juillet 1475, dans les Dépêches précitées, t. I, p. 192. — Les
états généraux de Flandre, de Brabant, de Hollande, de Zélande,
de Hainaut, de Gueldre, dArtois et de Picardie avaient déjà été
convoqués à Gand, dans les derniers jours d'avril 1475, pour
voter un impôt du sixième denier sur tous les biens sans excep-
tion. Mais ils avaient repoussé cette demande. (Kervyn de Let-
tenhove, Histoire de Flandre, t. V, p. 193.) Un peu plus tard, les
menaces du duc parvinrent seules à leur arracher un subside de
100,000 ridders et la solde de quatre mille sergents, payable
d'avance par tiers chaque année. {ld., p. 197.) En 1474, Charles,
réduit aux derniers expédients pour se procurer de l'argent, avait
été jusqu'à déclarer qu'il amortirait à son profit toutes les dona-
tions faites au clergé depuis soixante ans, et qu'il lui en ferait
payer le bail pour les trois années précédentes. (Molinet; man-
dement du duc du 10 juillet 1474.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxj
ser du Luxembourg le sire de Craon et le duc René, de s'em-
parer du duché de Bar et de Nancy, et les 1,200 lances
(16,000 à 18,000 hommes), dont il pouvait alors disposer,
devaient, avec Olivier de la Marche et sa garde, le suivre
en Lorraine afin d'opérer inopinément cette foudroyante
conquête. Foudroyante, elle le fut en effet : ce dernier éclat
de la fortune acheva de l'aveugler. Nancy se rendit le
26 novembre 1475; il y entra le lendemain. Une trêve de
neuf ans avait été sur les entrefaites conclue avec le roi de
France (13 septembre) ; dès lors, il ne restait plus à Charles
le Téméraire qu'à tirer vengeance des Suisses, les ravageurs
de sa comté, les constants alliés de ses adversaires : les
campagnes de Granson et de Morat allaient commencer.
Notre chroniqueur, retenu par la maladie à Salins, ne put
prendre part à la première et n'eut pas la douleur de suivre
le duc vaincu dans sa fuite. Ce n'est pas lui qui se serait per-
mis de lui dire, comme son fou, pendant cette triste retraite :
« Ah ! Monseigneur, nous voilà bien annibalés ! » Mais, à peine
rétabli, le 5 mai 1476, il le rejoignit bien vite à son camp de
Lausanne, et fut, avec quatre escouades d'hommes d'armes
et d'archers, envoyé du côté de Genève pour ramener au
camp les soldats dispersés et faire sévère justice des marau-
deurs qui assassinaient ou pillaient les passants1. Le duc
songea bientôt à lui confier une mission plus importante :
il avait besoin de se rattacher ses anciens alliés, notamment
1. Dépêches des ambassadeurs milanais, lettre de Panigarola au
duc de Milan, datée de Lausanne, le 5 mai 1476, t. II, p. 113.
Dans l'ordonnance rendue par le duc, au camp de Lausanne, en
mai 1476, sur l'organisation de son armée, Olivier est désigné
comme commandant des « quatre centaines d'archiers anglois
de la garde, » qui sont placés à la deuxième ligne de bataille
du premier corps d'armée, dont le duc d'Atri était le chef.
(Archives du Nord, Chambre des comptes, et Gingins La Sarra,
t. II, p. 153-174.1 La revue des troupes ducales fut passée à Lau-
sanne le 9 mai 1476. (Gingins, t. II, p. 138-145.)
Ixij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
Galéas, duc de Milan, qui, depuis la défaite de Granson, se
rapprochait secrètement de Louis XI et menaçait de rompre
ses anciens engagements avec la Bourgogne. Pour cette
négociation délicate, un gentilhomme de confiance et de
dévouement, bien instruit, ben instruclo, des vues et des
sentiments intimes de Charles le Téméraire, était indispen-
sable1. Nul ne réunissait mieux ces conditions qu'Olivier de
1. Lettre de Panigarola au duc de Milan, datée de Lausanne,
7 mai 1476, dans les Dépêches précitées, t. II, p. 121. — Dans
une autre lettre du surlendemain, t. II, p. 133, l'envoyé milanais
revient sur cette nécessité pour le duc de Bourgogne d'avoir une
« persona da bene di longa esperentia et fidatissima à Soa Excel-
lentia. » — Les dépêches de Panigarola sont très explicites sur
la mission d'Olivier de la Marche. Dans celle du 28 mai 1475,
t. II, p. 193, il raconte qu'au moment de monter à cheval pour
quitter Lausanne et aller camper à Morrens, dans le canton de
Vaud, avec son armée, Charles lui a déclaré qu'il allait envoyer
le seigneur de la Marche à Milan pour faire connaître à Galéas
Sforza son intention d'agir contre la France. A cet effet, le duc
de Milan sera prié de tenir à la disposition d'Olivier le contingent
de troupes milanaises qu'il avait déjà offertes à son allié, de
manière à ce que ces troupes soient prêtes à partir en juin au
premier signal. Olivier expliquera au duc de Milan les disposi-
tions prises par Charles pour couvrir la marche de ce contingent
et assurer ses communications. Il devra revenir en hâte annon-
cer à son maître l'arrivée des troupes italiennes sur les points
convenus. De son côté, messer Matheo de Glarici, médecin lom-
bard du duc de Bourgogne, a entendu celui-ci dire la veille à
Olivier : « Vous resterez douze ou quinze jours au plus auprès du
duc de Milan, afin d'attendre l'effet de la demande que vous avez
à lui faire : si la réponse est évasive, ou si vous voyez que l'on
traîne l'affaire en longueur, vous quitterez immédiatement la
cour et vous reviendrez sur-le-champ. » Olivier est chargé de
prendre en passant les lettres de la duchesse de Savoie pour le
gouvernement du Piémont. — Quant à la force du contingent
demandé par Charles à Galéas, Guichenon nous la fait con-
naître : elle devait être de 400 lances garnies (2,400 chevaux),
ou, à leur défaut, un subside annuel de 60,000 ducats d'or. (T. II,
p. 425.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxiij
la Marche. Le duc n'hésita point et le choisit pour son
ambassadeur. Il devait se rendre prestement à Milan et
sommer Galéas de mettre à la disposition de Charles, comme
un traité l'y obligeait, un corps auxiliaire, ou, à défaut, un
subside. Mais ce qui importait surtout, c'étaient des hommes
et des hommes exercés. Il devait passer par Orbe, pour y
prendre des gens d'armes et les conduire à Hugues de Cha-
lon-Arlay, seigneur de Châtel-Guyon, chargé de la garde
des défilés du Piémont, puis par Gex, afin de se concerter
avec la duchesse de Savoie au sujet de la défense de ces pas-
sages et de prendre ses lettres pour le duc de Milan1. Son
départ fut publiquement annoncé2.
Pourquoi ne monta-t-il pas immédiatement à cheval ? Si
la prudence conseillait à Charles de ne point différer, car un
nouveau choc avec les Suisses était imminent, son indomp-
table orgueil, ce premier des tyrans ou des consolateurs, lui
persuadait d'attendre, afin de laver sa récente défaite dans
une victoire remportée à l'aide de ses seules forces. Il espé-
rait en son armée aussi belle et aussi nombreuse que jamais3.
De son côté , le bon capitaine craignait de manquer encore une
fois la bataille. Une scène touchante eut lieu. Dans la soirée
du 19 juin4, il se jeta aux genoux de son maître, le suppliant
de retarder son départ jusqu'après la rencontre, de peur
qu'on ne l'accusât, lui, chevalier, acteur et témoin dans tant
de luttes héroïques, d'avoir failli à son devoir et par peur
déserté le combat. Charles, le relevant doucement, luirepré-
1. Lettres de Panigarola au duc de Milan, du 28 mai, dans les
Dépêches précitées, t. II, p. 193; du 4 juin, datée de Morrens,
t. II, p. 212; du 9 juin, datée du camp en avant de Lucens, à
quatre lieues de Fnbourg, t. II, p. 231; du 17 juin, t. II, p. 270 ;
d'Appiano au duc de Milan, du 22 juin, t. II, p. 291.
2. Lettres du 28 mai et du 4 juin. (Id.)
3. V. dépêche du 9 juin. {Id.)
4. Cette date est donnée par Panigarola dans sa lettre datée du
camp devant Morat, le 20 juin. {Id., p. 283.)
Ixiv NOTICE BIOGRAPHIQUE.
senta qu'il lui rendrait plus de services à la cour milanaise
qu'à la tête de sa garde et le congédia1. 11 se mit donc en
route le 20, plein de tristesse et de funestes pressentiments,
car la fortune lui semblait désormais, avec ses alliés, déta-
chée de son maître2. Deux jours après, le samedi 22 juin,
survenait le désastre de Morat3.
La nouvelle en fut apportée à la duchesse de Savoie, à
Gex, par Frédéric d'Aragon, prince de Tarente, et Phi-
lippe de Compays, seigneur de la Chapelle, puis confirmée
par Antonello de Campobasso, un des serviteurs de Fré-
déric. Le 23, à six heures du soir, Charles le Téméraire
y arrivait lui-même avec moins de cent chevaux, mais
suivi à peu de distance de trois cents hommes d'armes et
d'un millier d'autres cavaliers. De son côté, Olivier était
accompagné ou devait être prochainement rejoint par deux
cents lances italiennes, qu'il avait ordre de laisser à Suze,
où elles auraient été renforcées de deux cents autres lances
1. Dépêche d'Appiano précitée, du 22 juin. — Olivier était
accompagné de messire Aloys Totto, d'une famille d'Alexandrie,
parent du chancelier du duc de Milan, de Jacob Rossi, dit Pala-
mino, et d'Antonio Gollazzo, mandataire du capitaine Ugo San-
Severino, chevalier de Verceil, à la solde du duc de Bourgogne.
(Dépèche de Panigarola au duc de Milan, du camp de Morat,
20 juin 1476, t. II, p. 281.)
2. D'après une dépêche d'Appiano au duc de Milan, datée de
Gex, le 22 juin 1476, t. H, p. 291, Olivier de la Marche aurait
écrit du camp devant Morat, à Gex, que le brusque départ du
prince de Tarente, qui venait de quitter l'armée bourguignonne,
était dû à une entente secrète entre le roi Ferdinand de Naples,
son père, et Louis XL — Olivier craignait surtout les menées
occultes de celui-ci. Panigarola et Appiano diffèrent sur la date
du départ d'Olivier. Le premier le fait partir le 20, et le second
le 21 au soir.
3. Une très curieuse miniature, représentant la bataille de
Morat, se trouve au fol. 58 d'Heures manuscrites exécutées pour
René II, duc de Lorraine, et portées sous le n° 21 du catalogue
de la bibliothèque de M. A. Firmin Didot (mai 1879).
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxv
bourguignonnes1. Charles le Téméraire ne prit que le temps
de saluer la duchesse et manda de suite près de lui le capi-
taine de ses gardes, rappelé de Genève, où il venait d'ap-
prendre la défaite de Morat, ainsi que l'un de ses chambellans,
Germain, seigneur de Givry-sur-le-Doubs, qui commandait
l'escorte destinée à protéger Yolande de Savoie, pendant sa
résidence à Gex. Que se passa-t-il dans cette longue entre-
vue secrète? On l'ignore : toutefois, ce fut là probablement
qu'Olivier reçut la première confidence du projet insensé
qu'avait formé le duc d'enlever la duchesse de Savoie et son
fils Philibert, à qui Antoine d'Appiano, ambassadeur du duc
de Milan, cherchait à persuader de se retirer en Piémont par
Cormayeur et le Val d'Aoste2. Charles, aigri par la défaite
et devenu de plus en plus méfiant, mais non découragé, soup-
çonnait en effet sa parente d'entretenir des intelligences avec
les Suisses3 ou, ce qui est plus vraisemblable, avec le roi de
France4. Cependant, au moment de prendre le soir même ou
le lendemain matin congé de Mme de Savoie, il l'embrassa
tendrement ainsi que ses fils et les jeunes princesses, ce qui fit
ensuite dire aux Genevois qu'il leur avait donné le baiser de
Judas5. De Gex, le duc se dirigea sur Saint-Claude.
De son côté, Olivier, poursuivant sa mission, qui semblait
1. Dépêche de J. Blanco au duc de Milan, du 14 juillet 1476
(Gingins, t. II, p. 365); dépêche de Petrasanta au duc de Milan,
de Turin, le 29 juin 1476. (Id., t. II, p. 320.)
2. Dépêche d'Appiano, du 24 juin. (Id., t. II, p. 301.) D'après
M. H. Stein, Charles aurait eu pour objectif d'obtenir de gré ou
de force de la duchesse Yolande la cession de la tutelle de son
fils qui lui avait été déférée le 3 juillet 1475.
3. V. dépêche de Petrasanta au duc de Milan, datée de Salins,
le 3 juillet 1476. {Id., t. II, p. 339.)
4. La duchesse de Savoie avait demandé un sauf-conduit à
Louis XI, ce qui déplut fort à Charles le Téméraire. (Dépêche
d'Appiano, du 25 juin; id., t. II, p. 303.)
5. Dépêche d'Appiano au duc de Milan, datée de Genève, !<•
29 juin 1176. {Id., t. II, p. 324.)
e
lxvj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
pourtant n'avoir plus d'objet1, rentra le 24 à Genève2 et ne
tarda pas à y recevoir l'ordre formel d'enlever la duchesse
et ses enfants. Celle-ci quitta Gex le 27 ; le soir du même jour
le cortège princier touchait presque aux portes de Genève,
lorsque Olivier, honteux de cette trahison, mais docile jus-
qu'au bout à son souverain, se jeta sur les voyageurs près
du Grand-Sacconex, et s'empara de la duchesse et du jeune
Philibert. Il confia celui-ci à la garde d'un capitaine italien
à la solde du duc de Bourgogne, nommé Ludovic Taglianti ;
mais, soit négligence, soit plutôt collusion, le condottiere
se laissa, grâce à l'obscurité de la nuit, dérober le prince
que son gouverneur, le comte de Rivarola, cacha dans un
blé voisin de la route et que ses serviteurs, les sires de la
Forêt et de Menthon, purent ramener sain et sauf à Genève.
Le jeune Louis-Jacques de Savoie fut aussi sauvé par le sire
de Villette.
Dire l'émotion, le tumulte, la rage qui saisirent les Gene-
vois à la nouvelle de ce guet-apens est impossible. Les dames
de la suite de la duchesse, arrivées le 28 juin sous escorte
de Gex, répandaient des larmes comme la Madeleine3. Le
jeune Philibert jurait de se venger. Les bourgeois de Genève
coururent aux armes au cri de Mort aux Lombards ! et
tombèrent sur les Italiens du duc de Bourgogne qu'ils
1. On répandait le bruit que cette mission avait en réalité pour
objet de se rendre l'arbitre du gouvernement en Piémont. Ce fut
au moins le propos tenu par Cavoretto, secrétaire de la duchesse
de Savoie, aux principaux membres du conseil de Savoie.
(Dépêche de Petrasanta à Caléas, de Turin, le 29 juin; id.} t. II,
p. 320.) Mais c'était une pure invention. Charles le Téméraire
n'avait aucun projet sur le Piémont ; il suffit pour s'en assurer
de lire les dépêches de Panigarola, des 28 mai et 17 juin 1476.
2. Sur sa présence à Genève et l'arrivée dans cette ville de la
nouvelle de la défaite de Morat, v. la dépêche de Petrasanta au
duc de Milan, de Turin, le 26 juin 1476. [kl, t. II, p. 305.)
3. Dépêche d'Appiano au duc de Milan, de Genève, le 29 juin.
[kl., t. II, p. 324.J
NOTICE BIOGRAPHIQUE, lxvij
détroussèrent1. L'évêque de Genève lui-même, Jean-Louis
de Savoie, furieux de l'enlèvement de sa belle-sœur, coiffa,
dit-on, le casque et se mit, mais sans les atteindre, à la
poursuite des ravisseurs2.
Pendant ce temps, Olivier, ayant Mme de Savoie en croupe
et ses deux filles à cheval derrière lui, s'éloignait au plus
vite sans même s'assurer de la présence du jeune duc, qu'il
croyait pris, tant il avait hâte d'arriver près de son redouté
maître, dont il connaissait l'irascible et absolu caractère. Il
franchit le Jura à « la noyre nuyct, » s'arrêta quelques minutes
à Mijoux et ne s'aperçut qu'à Saint-Claude, en rejoignant
Charles, de la disparition de Philibert. La réception du duc
fut terrible : il ne parlait rien moins que de faire décapiter son
maladroit serviteur. Pourtant son courroux s'apaisa peu à
peu ; mais il cessa d'adresser la parole à Olivier, qui le suivit
à Morat, puis à Salins, toujours menant Mme de Savoie pri-
sonnière avec lui, jusqu'à ce que le duc eût ordonné de la
conduire à Rochefort et de là au château de Rouvre, près
Dijon, d'où Louis XI parvint quelque temps après à la
délivrer, avec le concours de Louis d'Avanchères3.
Un historien très estimé et dont les jugements sont d'or-
dinaire empreints d'autant de droiture que de modération,
M. Kervyn de Lettenhove, songeait sans doute à ce coup de
main déloyal lorsqu'il appelle quelque part4 notre chevalier
le Tristan VHermite de Charles le Hardi. L'histoire ne
peut ratifier cette dure sentence. Elle blâmera certainement
1. Idem. Chronique de Schilling, p. 352. — Ceux qui souf-
frirent le plus furent les Italiens des compagnies de Troylo et de
Lignara.
2. Chronique de Savoie (Hist. Pair. Mon.), 1. 1, col. 655. Olivier
de la Marche a omis tous ces détails, qui paraissent d'ailleurs fort
exagérés. Ce qui est vrai, c'est l'indignation qui l'ut universelle.
3. V., sur tous ces faits, Chroniques de Yolande de Savoie, publiées
en 1859 par M. Léon Menabrea, p. 149 et suiv.
\. Histoire de Flandre, t. V, p. 243, note.
Ixviij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
l'excès de docilité de La Marche, mais elle n'oubliera point
que, si aveugle fût-elle, son obéissance était du moins désin-
téressée. Sans doute, il eût montré plus de courage en résis-
tant à son prince et en refusant d'exécuter ses ordres : sa
fidélité même, qui l'égara dans cette circonstance, lui en
faisait, mieux comprise, un devoir. Mais, s'il faiblit un jour,
le reste de sa vie proteste tout entier contre une assimilation
qu'aucun de ses ennemis eux-mêmes ne se serait permise,
tant elle eût paru injuste à ses contemporains.
Peu de jours après, Olivier prenait séance dans les rangs
de la noblesse aux états du duché et du comté assemblés à
Salins pour voter les nouveaux subsides qui devaient réparer
les pertes de l'armée bourguignonne1. On peut deviner son
vote qui ne prévalut pas. Les représentants de la Bourgogne,
depuis longtemps écrasée d'impôts, déclarèrent nettement
que ce qui leur était demandé « ne se pouvoit faire et ne se
feroit pas2. » Ils se contentèrent d'offrir trois mille hommes.
Ceux de Flandre firent moins encore. L'obéissance et les
épargnes étaient à bout. Le duc ne put mettre sur pied que
quatre mille hommes, dont douze cents seulement en état de
combattre 3 . Ce fut avec ces piètres ressources que Charles
entreprit sa dernière campagne de Lorraine.
Il serait oiseux de raconter ce suprême effort qui lui coûta
l'honneur et la vie. Le capitaine de ses gardes ne demeura
pas inactif dans cette dernière lutte, la plus inégale que le
1. V. la Noblesse aux États de Bourgogne, par H. Beaune et
J. d'Arbaumont, p. 5.
2. Saint-Julien de Baleure, p. 68.
3. La ville de Besançon fournit cependant beaucoup de maté-
riel. Olivier de la Marche fut chargé d'y rassembler « des char-
riots pour la conduite des harnois et des bagues du duc, lesquels
charriots furent baillés à mondit seigneur et depuis rués jus
devant Nancy. » (Déposition de Guillaume d'Épenoy, seigneur
de Naisey, dans l'enquête de 1477; Clerc, Besançon pendant les
guerres de Louis XI, Mémoires de V Académie de Besançon, 1873, p. 33.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. Ixix
Téméraire ait jamais engagée. Avec cent hommes d'armes et
autant d'archers, le 21 octobre 1476, il poursuivit « rude-
ment » René de Lorraine au sortir de Pont-à-Mousson, et
lui enleva vingt-six ou trente chariots de munitions, sans
compter cinq à six cents prisonniers, qu'il ramena à son
maître1. Mais, — amère raillerie du sort, — quelques
semaines plus tard, il restait lui-même prisonnier sur le
champ de bataille de Nancy, où il eut, avec le grand bâtard
de Bourgogne, le chapelain Denis, le médecin Mathieu Lupi
et les valets de chambre du duc, l'amère tristesse de recon-
naître le corps de celui-ci2. Conduit à Foug en Barrois par
son vainqueur Jehannot Le Basque, il y demeura du 5 jan-
vier à Pâques 1477, ety remplit les loisirs de sa captivité en
composant le poème du Débat de Cuidier et de Fortune,
jusqu'au payement de sa rançon et de celle de ses compa-
gnons3 qu'il avait cautionnés4. On le mit en liberté à Yguis5,
où l'attendaient cent chevaux de la garde qu'il commandait,
et, de là, en serviteur fidèle qui n'hésite pas à reprendre la
trace de son maître, tandis que les principaux gentils-
hommes et officiers de Charles le Téméraire vendaient leur
soumission à Louis XI, il alla sans délibérer se mettre en
Flandre, à Malines, à la disposition de l'héritière de Bour-
gogne.
Un sarcophage chrétien des catacombes romaines porte
une formule d'imprécation dont la vieillesse peut seule péné-
trer le sens terrible : « Si quelque impie viole cette sépul-
1. Molinet, Chronique, ch. xxxni.
2. Chronique de Louis XI, par Jean de Troyes.
3. Le bâtard Antoine, le comte de Nassau, La Mouche de Vère,
Antoine d'Oyselet, Jean de Montfort et plusieurs autres. {Mémoires,
liv. II, ch. vin ; Pontus Heuterus, Rer. burg. îib. scx.)
4 et 5. Mémoires, liv. II, ch. vin. La rançon fut de 4,000 écus.
— Sur le lieu de sa mise en liberté, v. t. III, p. 241, note 4. Aux
noms indiqués dans cette note, ajoutez celui d'Igney (Vosges),
adopté par M. H. Stein.
lxx NOTICE BIOGRAPHIQUE.
ture, qu'il meure le dernier des siens ! » Sur la tombe du
Téméraire, La Marche put un instant croire cette menace
proférée contre lui. Il n'était pas le dernier de sa race, mais
il survivait au dernier mâle de cette grande maison de Bour-
gogne, au sein de laquelle il avait été nourri et qui était sa
vraie famille : celle d'Autriche ne pouvait être et ne fut en
effet que sa famille d'adoption. Quoiqu'il n'ait que quarante-
neuf ans à peine et que l'heure ne soit pas encore venue
pour lui de déposer le harnais de guerre, peut-être sent-il
que ses grandes campagnes sont closes et qu'il est temps d'en
achever le récit. Cette impression, si elle a existé, n'est
cependant que passagère et cède vite devant le sentiment du
devoir qui le lie à une jeune princesse, rejeton unique et
fragile des grands ducs d'Occident. Marie elle-même,
trop avisée pour ne pas le distinguer au milieu des attache-
ments vulgaires ou intéressés, ne veut pas se priver de ses
utiles services et le retient en qualité de maître d'hôtel, tout
en l'engageant à demeurer à Malines « avecques madame la
Grande » et à ne pas la rejoindre elle-même à Gand, où la
révolte des bourgeois mettait la vie de ses meilleurs conseil-
lers en péril. On ne lui laisse guère néanmoins le temps de
s'y reposer, car la duchesse douairière l'envoie bientôt avec
Claude du Fay et le seigneur d'Illens jusqu'à Cologne,
au-devant de l'empereur Frédéric III et de son fils Maximi-
lien, qui descendaient le Rhin afin de répondre au désir des
Flamands et de conclure le mariage de l'archiduc avec la
fille de Charles le Téméraire1. Cette mission était loin de lui
déplaire ; il en profita, dit-il naïvement, pour faire « telle-
ment ses approches » que le fils de l'empereur lui conféra la
charge de grand et premier maître de son hôtel. Dès que les
noces auxquelles il assiste sont célébrées à Gand (18 août
1477), il reprend ses fonctions domestiques comme près de
1. Mémoires, liv. II, ch. ix; Gominiiies, édit. Dupont, t. II,
p. 180.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. Ixxj
son défunt souverain1. Il était derrière le prince allemand à
Mons, le 2 novembre suivant, lorsque Maximilien prêta, sur #
un théâtre élevé en plein marché, serment aux états de Hai-
naut et à la ville2. Un mois après, il se rendait à Lille, puis
à Bruxelles, probablement pour y surveiller la comptabilité
des dépenses dont se préoccupe beaucoup son nouveau sei-
gneur. Le 14 mai 1478, il est à Alost, dont les échevins lui
offrent du vin du Rhin3 ; mais il s'y arrête peu. Que d'affaires
plus importantes le réclament auprès de l'archiduc !
Ce fut lui qui conseilla à Maximilien de relever l'ordre de
la Toison d'or, dont Louis XI voulait s'emparer en sa qua-
lité de duc de Bourgogne, afin de mieux affirmer ses droits
et de mieux retenir ses nouvelles possessions ; ce fut égale-
ment lui qui prépara les solennités du chapitre tenu à Bruges
le 30 avril 1478 4. Au mois de juin suivant, après la défaite
du Quesnoy (6 juin), il fut envoyé avec Philippe de Croy et
le comte de Chimay à Cambrai, où ils signèrent le 20 un
traité par lequel le roi abandonnait ses récentes conquêtes
dans la Hollande et la Franche-Comté. Commissaire délégué
pour faire la délimitation des territoires, il fit cependant
défaut au rendez-vous assigné à Boulogne, le 22 septembre,
sans que l'on puisse expliquer son absence, pas plus que
1. Lettre d'Olivier, datée de Bruxelles, le 8 janvier 1477 (v. st.),
par laquelle il envoie, en sa qualité de maître d'hôtel du feu duc,
le contrôle, nécessaire au point de vue de la comptabilité, des
dépenses et gages pour l'année 1476. (Archives du Nord, B. 2117.)
— Lettre du même, du 4 juillet 1487, par laquelle il atteste, en
qualité de maître d'hôtel, que diverses sommes ont été payées à
des musiciens et autres personnes. (Id., B. 2135.) — En 1492, il
donne quittance de ses gages de premier maître d'hôtel. (Id.,
B. 2144.) — La même anqgp, il est à Mons et commande aux
serviteurs de l'archiduc dans son hôtel. (Id., B. 2143.) C'est là
où il a écrit son Introduction.
2. L. Devillers, Les séjours des ducs de Bourgogne en Hainaul,
p. 56, 140.
3. Archives de Belgique, Gh. des comptes, reg. 31472.
4. Mémoires, liv. II, ch. ix. A'. Iiihl. nat., ms. fr. 5046; Moliuel.
Ixxij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
celle des autres représentants de l'archiduc, car on le voit au
même moment à Grammont et à Nieuport, le 11 septembre
et le 11 octobre, et y recevoir des présents de vin de Beaune
ou du Rhin1. Plus sobre de détails sur cette phase de son
existence, il nous apprend seulement qu'il accompagna l'ar-
chiduc dans sa campagne du nord contre le roi de France
et, peu après l'incendie de Condé, alla proposer à celui-ci
une entrevue avec son jeune maître, proposition qui ne fut
pas acceptée. Où se trouve-t-il quand la trêve conclue entre
les deux parties belligérantes est de nouveau rompue? Che-
vauche-t-il encore aux côtés de Maximilien sous les murs de
Tournai et au siège de Thérouanne, assiste-t-il à la bataille
de Guinegate perdue par les Français, quoiqu'ils aient célé-
bré leur prétendue victoire en chantant des Te Deum (août
1479)? Il garde sur tous ces faits le plus profond silence,
qui ne permet de rien affirmer à cet égard. Mais, du moins,
peu après, lorsque le sire de Chaumont menace Luxembourg,
l'archiduc l'envoie avec Philippe de Bourgogne, seigneur
de Bèvre, occuper cette place2.
Des services aussi multipliés et aussi éminents méritaient
de hautes récompenses : ni les donations, ni les pensions
ne lui furent épargnées. La liste en est longue et court
néanmoins risque d'être incomplète : part dans les pro-
duits des confiscations opérées sur les biens « des tenans
en parti contraire » en Flandre3, cinq cents charges de sel
en échange d'un coursier d'Espagne4; don, avec faculté de
rachat moyennant deux mille livres, des terres de Rieux
1. Archives de Belgique, Gh. des comptes, reg. 35295 et 36781.
2. Chronique d'Adrien de But, t. Is-p. 551. Le même chroni-
queur rapporte, p. 554, un long discWrrs tenu par Olivier à Maxi-
milien sur l'histoire de la Frise depuis Jules César.
3. 1480. Arch. de Belgique, Ch. des comptes, reg. 19720, fol. 20.
Il s'agissait d'une confiscation sur les héritiers d'un certain Lié-
nart des Anvois, dont il recueillit le tiers comme dénonciateur.
4. 30 septembre 1481. Archives Joursanvault, n° 2346. Même
don le 26 mars 1495 (n. st.). Archives du Doubs, B. 188.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxxiij
et de Vieux-Condé confisquées sur Jean de Humières * ; don
d'une pension de 360 livres, qui lui fut accordée, le 29 oc-
tobre 1486, pour lui tenir lieu de « la jouissance d'un
plat de la cuisine de l'archiduc, » en sa qualité de premier
maître d'hôtel2 ; on lui en assigna d'autres sur les pays bour-
guignons3 et en Artois, où il reçut, le 29 septembre 1494,
les « profitz des bailliage et seigneuries de Fillièvre et de
Conchy ; » don des terres de Somerghem et de Lowerghem4,
puis d'une pension de 1,200 livres en 14975, sur les recettes
particulières du prince ; le 23 mars de l'année précédente, sa
1. 24 juin 1482. Archives du Nord, Gh. des comptes, reg. des
chartes, n° 16, fol. 114. V. aussi ibid., t. VIII de l'Inventaire des
chartes, la promesse d'Olivier de rendre ces terres s'il plaît à
l'archiduc de les racheter (7 novembre 1489).
2. Archives de Belgique, Gh. des comptes, n° 1926, fol. 4.
Lettres citées par Gérard dans son Mémoire.
3. V. plus loin son testament. — Dans Y État de l'hôtel de Phi-
lippe le Beau à Bruxelles en 1496, publié par la Commission royale
d'histoire de Belgique dans le t. XI de la lre série de ses Comptes-
rendus, on voit qu'Olivier avait une pension de 900 florins, et
qu'il était « toujours compté à 36 sols » quand il était de service
près l'archiduc... : « et sy aura logis à cour quand la place y sera
au logis compté. » L'État ajoute que « ledit sr de la Marche sera
aux comptes et au bureau et mangera au plat du grand maistre
d'hostel quand bon lui semblera, et en l'absence d'iceluy grand
maistre d'hostel tiendra le plat et les comptes au bureau en la
manière accoutumée et avant tous autres, et aura l'entrée au
conseil comme auparavant. »
4. Archives du Nord, B. 1610. Ce don se place entre les années
1477 et 1480, car le registre sur lequel il est inscrit finit en 1480.
On peut voir aux mêmes archives, B. 2144, la mention d'autres
libéralités en argent faites en 1492 par Maximilien à Olivier,
pour remplacer le « plat furny de suytes, » auquel il avait droit
comme premier maître d'hôtel. Une pension annuelle de 500 écus
en tiendra lieu. Le 8 mai 1489, le roi de France confirme le don
fait à Olivier par Maximilien de la conciergerie des hôtels de
Flandre à Paris et à Conflans, près Gharenton, avec survivance
au profit de son fils Charles. (Bibl. de Rouen, recueil Menant,
t. VII, fol. 155, ms. no 5870.)
•">. Bibl. nat., Collection de D. Villevieille, 55, fol. 138.
lxxiv NOTICE BIOGRAPHIQUE.
femme Isabeau recevait un présent de 220 livres 10 sous,
monnaie de Flandre1; enfin, pour le décharger de fonctions
trop onéreuses, dès 1479, ses maîtres lui avaient substitué
Emart Bouton, son cousin, dans la mission de surveiller
leurs domaines et finances au comté de Bourgogne2.
Il n'avait pas en effet oublié son pays d'origine, quoiqu'il
fût devenu de plus en plus un homme du Nord ; mais il le visi-
tait plus rarement, tout en aimant toujours le beau ciel de
la France, où sa vieillesse ne l'empêchait pas d'aller porter
d'honorables et importants messages. Il alla ainsi, en qua-
lité d'ambassadeur extraordinaire, à Beaugency, en sep-
tembre 1483, complimenter Charles VIII au sujet de son
avènement à la couronne et assista comme tel à l'entrée du
duc d'Orléans dans la ville de ce nom. Derrière cette mission
cérémonieuse s'en cachait d'ailleurs une autre plus grave. Il
était chargé de se plaindre au roi des Gantois qui étaient à
la tête des rebelles flamands, et avec lesquels, en décembre
1484, Charles VIII devait du reste conclure une véritable
alliance.
Quand Maximilien cherche à affaiblir la résistance des
communes de Flandre en suscitant des obstacles à la
régence d'Anne de Beaujeu, leur alliée, et tente de former
une nouvelle ligue du bien public avec les princes du sang
français, tout en s'unissant au roi de Castille, aux ducs
de Lorraine et de Bretagne, c'est encore à La Marche qu'il
recourt pour porter ses réclamations aux chefs des mécon-
tents en France. Son envoyé a encore pour mission princi-
pale de se plaindre des Gantois qui dirigeaient la rébellion.
1. Archives du Nord, B. 2157.
2. Par provisions datées de Mont-Saint-Gertrud, le 14 avril 1478
(v. st.), Maximilien et Marie, voyant qu'Olivier de la Marche et
Guillaume de Rochefort, seigneur de Piuvault, commis au fait
de leurs domaines et finances en Bourgogne, ont de « grandes
occupations en aultres noz affaires, » leur substituent Emart
Bouton. (Palliot, Histoire généalogique de la maison de Bouton,
preuves, p. 51.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. Ixxv
« Ledit Olivier, disent ses instructions, advertira lesdits
seigneurs du tort que ceux de Gand tiennent à mondit sei-
gneur, tant en ce qu'ils luy détiennent mondit seigneur son
fils que en ce qu'ils prétendent et usurpent le gouvernement
du comté de Flandre, contre Dieu, tous droits et bonnes
observances, et contre l'ordonnance de feue ma dite très
redoutée dame, et contre ce que font tous les autres pays
qui se tiennent en bonne obéissance envers mondit seigneur,
et pour ce requerra à iceux seigneurs qu'ils ne veulent bail-
ler aucun ascout, faveur ou assistance auxdits de Gand,
pleins de mensonge et de mauvaise, parverse et infidèle
volenté envers mondit seigneur, et n'est chose nouvelle ce
que lesdits de Gand font, car de tout temps et grande ancien-
neté ils ont accoustumé de ainsi traiter leurs princes1. »
Ce ne fut pas, comme on l'a dit, sa dernière mission offi-
cielle; il en remplit bien d'autres encore à l'intérieur. Pen-
dant de longues années, Maximilien le choisit pour l'un de
ses commissaires près des états du Hainaut, et le chargea
d'exposer à ces assemblées ses droits, sa politique et surtout
ses incessants besoins d'argent2. Personne n'était plus propre
1. Preuves de Commines, édit. du Louvre, t. IV, p. 131-152;
Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. V, p. 359.
2. Compte du massart de la ville de Mons pour 1480-1481, où
l'on voit que, le 16 février 1481, Olivier exposa aux états une
demande de l'archiduc tendant à obtenir le payement de la solde
de 500 archers pendant trois mois. — Lettres de Maximilien,
datées du château de Montfort, le 2 juillet 1481, adressées aux
états du Hainaut, par lesquelles il les informe qu'il a chargé le
grand bailli, le seigneur de Boussu et messire Olivier, seigneur
de la Marche, son conseiller et premier maître d'hôtel, d'exposer,
de sa part, les motifs de l'assemblée générale des états. — Lettres
semblables, du 12 avril 1482. (V. aux pièces annexées.) — Id.,
du 3 juillet 1487. — Olivier était encore à Mons le 12 septembre
1481, car il y assiste aux réjouissances faites à l'occasion de la
naissance de Philippe le Beau. Mais, le 2 mai précédent, il était
allé à Valenciennes pour inviter le conseil de cette ville à con-
tribuer aux aides votées par les états du Hainaut. — Lettres de
Ixxvj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
que lui à ce rôle d'orateur du gouvernement qui exigeait à
la fois une grande prudence et une grande souplesse, car il
était disert, entendu aux affaires, et sa profonde honnêteté,
très connue, était universellement honorée. Il acceptait bien
en présent quelques queues devin, comme à Mons, en 1482;
mais il ne demandait ni ne recevait rien au delà. Sa diplo-
matie lui fut principalement secourable, lorsqu'à la mort de
Marie de Bourgogne, les états de Flandre, réunis le 2 mai
1482, refusèrent à l'archiduc la tutelle de ses enfants ou du
moins l'assujettirent à de telles conditions qu'il dut prendre
les armes contre les Gantois pour arracher de leurs mains
son fils Philippe dont ils s'étaient emparés. Olivier alla de
sa part « practiquer » les gens du Hainaut, afin d'en obtenir
les hommes et les subsides indispensables pour soutenir cette
lutte, née moins du caractère insoumis des Flamands que du
mécontentement général causé par la rapacité et l'insou-
ciance de Maximilien, fomentée d'ailleurs par les secrètes
menées de la France. Il y réussit non sans peine1.
Philippe le Beau, datées de Malines, le 19 octobre 1495, infor-
mant les états du Hainaut qu'il a fait choix de « son féal le sei-
gneur de la Marche, chevalier, son conseiller, grand et premier
maistre d'hostel, pour faire à l'assemblée desdits estats l'exposé
dont il est chargé de sa part. » (Archives de Belgique, à Mons,
États du Hainaut, lay. XVIII, n° 21 10 de l'ancien répertoire.) En
1496, Olivier est envoyé en mission en Allemagne et reçoit à ce
sujet de nouveaux dons en argent. (Archives du Nord, B. 2155,
2157.)
1. Les Mémoires de Jean Gocqueau sur Valenciennes, ms. déposé
aux Archives royales à Mons, t. II, p. 370, rappellent, sous le
titre de : « Commencement de guerre par les Flamands qui ne
vouloient recevoir Maximilien pour bail de son fils Philippe, »
qu'au conseil de ville du 15 mars 1485 (n. st.), on donna lecture
des lettres du duc, portant crédence sur « noble et honoré sei-
gneur Olivier de la Marche, lequel remontra le devoir qu'on avoit
fait vers ceux de Flandre, afin que ledit duc eust l'administration
de corps et de bien de son filz et les emprises par eulx faites en
grande hostilité, pourquoi estoit délibéré de les réduire, requé-
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxxvij
Les périls que court son souverain, dont l'estime lui a
confié l'éducation du jeune Philippe le Beau, avec le titre
de premier maître d'hôtel de ce prince1, réveillent même
en lui une activité guerrière que les années ont sans doute
diminuée, mais n'ont pu entièrement amortir. Son âme fière
et forte réchauffe son corps débile et lui rend l'ardeur d'un
jeune homme. Si l'on est étonné des marches qu'à l'exemple
de tous les hommes de guerre, ses contemporains, il accom-
plit dans la vigueur de l'âge, on l'est plus encore de celles
qu'il fit, peu avant sa soixantième année, derrière Maximi-
lien, lors des campagnes contre les Flamands révoltés. Aude-
narde, Termonde, Anvers, le pays de Waes, Biervlet, Bruges,
où il entre avec son maître le 26 juin 1485 et où il fait exé-
rant en conséquence gens de la -ville. Accordé 60 hommes à livrer
en cas de siège ou bataille. »
A la page 371 du même manuscrit, on lit: « Au conseil du
20 mai suivant, fut remontré par le sr de Boussu et M. de la
Marche, de par le duc, les devoirs et diligences qu'il avoit faits
pour le recouvrement de monseigneur son filz, et les outrages
que journellement font ceux de Flandre. Pourquoi il s'estoit mis
au champ, avoit exposé sa propre personne à tout péril, même
contre la puissance de France. Il requéroit en conséquence
grande aide, ayans trouvé les moyeus de la lever, en prenant de
chacun le douziesme de son revenu. Accordé 2,000 liv. t., outre
les 60 hommes fournis par Valenciennes : ce que les commis-
saires refusèrent, s'étant présentés au conseil suivant, disant
n'en vouloir faire rapport au duc; et après, sur lettre expresse,
accordé 3,000 liv., avec avis que l'armée devoit marcher le mardi
suivant. »
Ajoutons, pour ne rien omettre, qu'Olivier fut chargé de repré-
senter Maximilien aux obsèques de Pierre de Luxembourg,
comte de Saint-Pol, le 28 novembre 1482 (Molinet, II, 365), qu'il
assista à l'entrée solennelle de Maximilien à G-and en 1485 et y
remplit les fonctions de grand maître des cérémonies. Cf. Leglay,
Maximilien et Marguerite d'Autriche, p. 8.
1. Qualifié chambellan du roi et premier maître d'hôtel de
l'archiduc, son tils, dans les comptes de 1488. (Arch. de Belgique,
Ch. des comptes, 1926.)
kxviij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
cuter plusieurs rebelles1, Gand, Utrecht, Louvain, Malines
le virent tour à tour : en plat pays, sur les côtes, sur la mer
même, il suivit partout l'archiduc, tantôt chargé de régler les
conditions et les cérémonies de son entrée à Gand, tantôt pré-
posé à la garde du seigneur de la Gruthuse prisonnier, qu'il
escorte à Vilvorde et à Malines où se trouvait la duchesse
douairière2, ou à celle du jeune Philippe le Beau, qu'il enlève
aux Gantois pour le conduire en lieu sûr, à Termonde. C'est,
comme toujours, le serviteur dévoué par excellence : dans
Gand mutinée, Maximilien ne connaît pas de meilleur asile
que sa chambre3; à Bruges, dont les habitants mettent
leur prince en cage, il serait allé remplir respectueusement
près du captif ses fonctions de premier maître d'hôtel, s'il
n'avait reçu de lui charge de les exercer près de son fils 4 ;
le 18 septembre 1485, il accompagne l'archiduc aux négo-
ciations de Maëstricht 5 ; quand celui-ci, élu roi des Romains,
quitte les Pays-Bas pour l'Allemagne, où le fidèle chambellan
ne peut le suivre, puisqu'il garde son héritier, il reporte sur
celui-ci toute l'affection qu'il lui avait vouée, affection d'au-
tant plus méritoire que le premier objet en était au fond
moins digne. Philippe le Beau deviendra ainsi son dernier
souverain et son dernier culte. Le bon chevalier employera
sa vieillesse à composer des vers pour son éducation, à lui
1. G-ollut, Mém., col. 1412.
2. Le 8 septembre 1485, les échevins de Malines lui offrent un
vin d'honneur. (Arch. de Malines.)
3. Mémoires, liv. II, ch. xn.
4. Mémoires, liv. II, ch. xm.
5. Analecta Leodiensia, publiées par Mgr de Ram dans les Docu-
ments relatifs aux troubles du pays de Liège, p. 806. — Adrien de
But rapporte sous l'année 1485, dans sa Chronique, t. I, p. 651,
un fait relatif à Olivier de la Marche, et que nous n'avons pu
suffisamment éclaircir. Il dit qu'à cette époque Olivier et Jean,
abbé de Saint-Bertin, descendirent le Rhin depuis Cologne, quos
tamdiu captivos stipendarii ducis Austrim tenere prwsumpserant
quousque de areragiis suis ex integro essent soluti.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxxix
tracer, dans les Mémoires, les portraits de ses illustres aïeux
et à prédire les hautes destinées de leur postérité l, tout en
représentant son souverain dans son propre hôtel, où il
reçoit « les gens de bien sievyans la court2, » ou en veillant
aux divertissements de celle-ci3. Son dernier souffle s'exha-
lera pour cette maison de Bourgogne qu'il avait tant aimée,
dont il porta toujours le deuil , et qui trouva en lui, sinon
son Bayard, au moins son loyal serviteur.
Olivier de la Marche se maria deux fois. Sa première
femme, Odotte de Janley, fille de Jean de Janley et de
Jeanne de Molain4, lui donna au moins une fille, qui fut, en
1. Y. infra la Notice bibliographique. — Olivier était trop âgé
pour remplir ses fonctions de premier maître d'hôtel lors du
voyage fait par Philippe le Beau en Espagne en 1501. Il y fut
momentanément remplacé par Philippe, bâtard de Bourgogne.
(V. ordonnance de l'archiduc, du 1er novembre 1501, dans
Gachard, Itinéraires des souverains des Pays-Bas.) On voudrait
pouvoir suivre de plus près Olivier pendant cette dernière période
de sa vie. Mais la tâche est difficile à raison de l'indigence des
documents. On le voit pourtant à Bruxelles les 3 février et
8 mai 1487 (Bibl. nat., ms. nouv. acq. franc., n° 5906), le 31 oc-
tobre 1488 à Maliues, où il acheta une maison nommée den Os,
moyennant 64 florins d'or du Rhin (v. son testament, et arch.
mun. de Malines, reg. aux adhéritances, fol. 78), les 17 août 1495
et 12 novembre 1497 encore à Bruxelles (Bibl. nat., ms. précité),
d'où il donne, le 23 juillet de la même année, procuration à
Julien Ghambar pour défendre ses droits à une rente de cent
livres sur les seigneuries de Liesle, Buffart et Chassey au comté
de Bourgogne, terres vendues par autorité de justice avant le
20 juin 1498. (Stein, p. 94.) C'est évidemment dans cette ville que
s'écoulèrent ses dernières années.
2. Archives de Belgique, Ch. des comptes, reg. n° 1926, fol. 4.
3. Par exemple, en faisant jouer des « farses et moralitez »
devant son seigneur, en lui achetant « conniz et grisart vifz, »
en faisant chasser le sanglier en sa présence, en appelant les
trompettes du roi au dîner du prince, ou des Allemands qui
chantent devant lui et jouent du cornet ou de la flûte, etc. (Arch.
du Nord, B. 2135, année 1487, v. st.)
4. V. Stein, p. 11.
]XXX NOTICE BIOGRAPHIQUE.
1456, tenue sur les fonts baptismaux par un représentant
de Philippe le Bon1. On ignore la date à laquelle il devint
veuf. Mais il était déjà fort avancé en âge, « presque moisy, »
lorsqu'il contracta une seconde union, et celle-ci est trop
curieuse pour que son biographe néglige de s'y arrêter
quelques instants.
En 1462 vivait à la cour de Bourgogne un ancien « vilain »
de Saint-Jean-de-Losne, devenu premier valet de chambre
de Philippe le Bon, et qui s'était rapidement élevé à une
haute fortune : il s'appelait Jean Coustain. Ambitieux,
cupide, impie, rude, orgueilleux, brutal, mais « de gros
entendement, » il exerçait une influence presque irré-
sistible sur l'esprit de son maître, qui l'avait anobli, fait
chevalier, et lui avait donné plus de 10,000 florins de
rentes. Il était seigneur de Navilly et d'une partie de la
Chapelle-de-Bragny, près de Sennecey-le-Grand; il avait
acheté, en 1461, de Jean Devos, la vaste terre deLovendey-
hem. Ses proches ne jouissaient pas d'une moindre faveur :
son frère, ou, d'après Chastellain, son oncle, Humbert
Coustain, sommelier du corps, avait reçu des lettres de
noblesse, et sa sœur Agnès était l'une des nombreuses maî-
tresses du duc. Il avait eu l'habileté de s'allier à une famille
presque aussi nouvelle que la sienne, mais non moins puis-
sante, celle des Machefoing, dont l'écu de métaux, à peu près
semblable au sien2, révélait l'origine. Monnot Machefoing,
châtelain de Rouvre en 1404, garde des joyaux du duc,
avait eu de son mariage avec Jeanne de Courcelles, mère de
1. Olivier reçut à cette occasion, le 27 octobre 1456, 90 livres
tournois « pour six tasses, pesans dix mars d'argent, données
par mondit seigneur au baptisement d'une sienne fille, que icel-
lui seigneur a nagueres fait tenir en son nom sur sains fons de
baptisme. » (Archives de la Côte-d'Or, B. 1734, fol. 61.)
2. Les Coustain portaient : d'argent à trois molettes d'or, et les
Machefoing trois étoiles ou molettes d'éperon, avec un croissant en
abîme. (J. d'Arbaumont, Armoriai de la Chambre des comptes de
Dijon, p. 409.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxxxj
lait de Philippe le Bon, deux fils, Jean, contrôleur du gre-
nier à sel de Dijon en 1419 S et Philippe, vicomte-maïeur
de Dijon en 1439 et 1448, valet de chambre et garde des
joyaux du duc, qui le récompensa de ses services en lui
donnant, en 1435, l'office de capitaine châtelain de Rouvre,
que son père avait déjà rempli, reconstrncteur de l'église
Saint-Jean de Dijon la même année, élu du duc en 1451,
député aux états généraux en 1438, ambassadeur en 1444.
Jean eut lui-même une fille, Isabeau2, qui épousa Jean
Coustain. Celle-ci était, dit Ghastellain, « assez riche
de prest, » en d'autres termes d'usure, « moult enfiérie en
sa fortune, » si coquette qu'elle affectait de se parer des
mêmes vêtements que la comtesse de Charolais, dont elle
était la « mignonne, » au point d'exciter le courroux de
Charles le Hardi, et si vaniteuse qu'en ses jours de glo-
rieuse jeunesse elle parut au banquet du Faisan avec
les plus illustres dames de la cour. Elle aspirait aux plus
hautes alliances pour .ses enfants : l'un d'eux, grand bailli
1. On trouve vers 1440, en Flandre, un Jean Machefoing, marié
à Nicole Boisot, et un autre Jean, qui fut depuis chevalier et
grand bailli de Thielt. Est-ce le même ? Ou bien ce dernier ne
serait- il pas le propre fils de Jean Coustain, qui aurait pris le
nom de sa mère pour échapper à la réprobation dont la mémoire
de son père était entourée? Ce qu'il y a de certain, c'est que les
services de ce Jean, tué dans l'exercice de ses fonctions de bailli,
ne fureut pas inutiles à Olivier de la Marche, depuis son mariage
avec Isabeau Machefoing, car on les rappela dans les motifs
d'une pension qui lui fut plus tard accordée : « A Mre Olivier de
la Marche, conseiller, grant et premier maistre d'ostel de Monsei-
gneur, la somme de cent cinquante livres, à cause de ses bons et
agréables services et de ceulx de feu mersire Jehan Machefoing,
en son vivant chevalier, bailli de Thiel ou pays de Flandre, lequel
feu a esté tué en excersant ledit office de bailli. » (Archives du
Nord, B. 2155; compte de Simon Longin, fol. 196.)
2. Chastellain, liv. VI, ch. lxxvi, t. IV, p. 236, édit. Kervyn
de Lettenhove. Plus loin, ch. lxxxiv, Chastellain dit qu'Isabeau
avait apporté en dot 10,000 fr. à son mari.
/
IxXXÎj NOTICE BIOGRAPHIQUE.
de Thielt, avait osé élever ses prétentions jusqu'à Mlle de
Boussut, qui avait refusé Charles de Poitiers, de la maison
des comtes de Valentinois; un. autre avait obtenu la main
d'Anne de Baeust, qui épousa quelques années plus tard,
en secondes noces, le bâtard Philippe de Brabant. Bref, son
orgueil ne connut bientôt nul obstacle, et lorsqu'elle s'aper-
çut de l'irritation du comte de Charolais, qui cherchait à
l'exclure de la maison de sa femme, au moment même où la
maladie de Philippe le Bon menaçait la Bourgogne d'un
changement de règne, elle ne craignit pas de soulever la
colère de son mari contre le fils même et l'héritier de son
souverain.
Ce n'est pas ici le lieu de raconter le complot formé par
Jean Coustain pour empoisonner et « maléficier » Charles le
Téméraire, de concert avec Jean de Vy. Chastellain a laissé
de cet odieux épisode et du brusque châtiment des traîtres
un récit inimitable qui est resté dans la mémoire de tous les
historiens delà maison de Bourgogne1. Coustain ne fut-il pas,
dans cette circonstance, l'agent secret de la haine perfide de
Louis XI, dont il avait reçu , comme on sait, la charge de capi-
taine du château de Vincennes, et près duquel son complice
Gilles Courbet trouva un asile, ne le fut-il pas plus encore que
l'instrument, d'ailleurs très conscient, des vengeances de sa
femme? Un passage de Gilles de Roye le laisserait presque
entendre, malgré son obscurité 2. Quoi qu'il en soit, Isabeau
Machefoing possédait un tel crédit sur l'âme de Philippe le
Bon que, peu de jours après le supplice de son mari, exécuté
à Rupelmonde, le 24 juillet 1462, elle obtint du duc, « tou-
jours courtois aux dames, » la restitution de son avoir per-
sonnel, qui menaçait d'être compris dans la confiscation des
biens du supplicié. Philippe le Bon ajouta même qu'il ferait
1. Chastellain, liv. VI, ch. lxxvii et suiv. V. aussi Jacques du
Clercq, IV, 41 ; Godefroy, Historiens de Charles VII , p. 357.
2. CE. de Roga, p. 95.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxxxiij
« d'elle aussi plus, tellement que n'auroit cause de s'en
plaindre1, » et, en effet, dit Chastellain, il la laissa riche de
cinquante mille écus, tout en ordonnant que son fils et sa
fille entreraient en religion, « afin que jamais ne fust plus
mémoire des enfans2, » et, chose étrange en apparence,
Charles le Téméraire maintint cette libéralité après la mort
de son père3.
Une circonstance explique pourtant la mansuétude du
nouveau duc : Isabeau avait épousé depuis quelque temps
un de ses fidèles compagnons dans la campagne de Mont-
lhéry et l'un de ses chambellans les plus aimés, Jean de
Montferrant. Comment ce prud'homme, issu d'une bonne
famille du Bugey, qui, d'après Guichenon, remontait au
xme siècle4, cet ancien page de Philippe le Bon, qui, pen-
dant quarante ans, avait servi son maître comme panetier,
maître d'hôtel ou bailli de Courtrai, s'était-il allié à la veuve
d'un traître, dont le nom était honni à la cour de Bour-
gogne? Les cinquante mille écus qu'elle avait sauvés du
naufrage de son premier mari avaient sans doute vaincu les
1. Chastellain, liv. VI, ch. lxxxiv.
2. Idem.
3. Lettres patentes du duc Charles, données à Saint-Omer, le
8 mai 4469, portant continuation de commission à Me Dreue
d'Échenon, ci-devant receveur de l'épargne, pour recevoir et
vendre les biens, héritages et seigneuries sis à Bragny, Paleau,
Chevigny et autres lieux, confisqués sur feu Jean Coustain, con-
damné au dernier supplice pour ses démérites , à charge de
remettre la moitié des deniers en provenant à Mre Jean de Mont-
ferrant, chambellan et maître d'hôtel du duc, et mari et bail de
la veuve dudit feu Jean Coustain, suivant traité fait avec cette
dame du vivant du feu duc. (Archives de la Côte-d'Or, B. 10415 ;
Peincedé, t. II, p. 510.)
i. Cette famille, qui portait : paie d'argent et de sable de six
pièces, au chef de gueules, a donné un évoque de Lausanne et de
Constance, prieur de Gigny et de Lustin, en 1483. (Guichenon,
Histoire de Bresse; la Noblesse aux états de Bourgogne, p. 245.)
Ixxxiv NOTICE BIOGRAPHIQUE.
scrupules de l'honnête et vieux chevalier. Au décès de
celui-ci, ils triomphèrent aussi vraisemblablement de ceux
d'Olivier de la Marche, qui ne crut ni ternir son loyal bla-
son ni offenser son maître en épousant Isabeau Machefoing.
La veuve du sire de Montferrant avait fait oublier celle de
Jean Coustain, et il semble qu'Olivier ait tenu prudemment
à ne point rappeler la seconde dans ses Mémoires. Cepen-
dant, plus d'un biographe contemporain fit une vague allu-
sion à cette alliance, dont la postérité a gardé un imparfait
souvenir : ainsi Adrien de But lui donne par erreur pour
seconde femme la veuve de Guy de Brimeu, sire de Hum-
bercourt, parce que celui-ci, comme Coustain, avait perdu
la vie sur l'échafaud. Nous n'avons pu découvrir la date
précise des secondes noces de notre chroniqueur. Elle doit
se placer entre les années 1473 et 1480, car Jean de Mont-
ferrant vivait encore dans la première l, et un acte du 6 juil-
1. Lettres du duc Charles, en date du 20 mars 1472 (v. st.),
dans lesquelles on lit que Jean de Montferrant a servi les ducs
Philippe et Charles pendant environ quarante ans, d'abord comme
page, puis comme panetier; qu'au retour du voyage de Mont-
lhéry, où il reçut l'ordre de chevalerie, le duc lui donna la charge
de maître d'hôtel, en le déchargeant de celle de panetier et de
bailli de Courtrai et en lui assignant une pension de 18 sols par
jour; que, cette pension ayant été supprimée par Charles après
son avènement, il reçut en compensation la charge de conseiller
et de chambellan aux gages de 36 sols par jour ; qu'enfin son
grand âge et ses infirmités lui rendant impossible la continuation
de ses fonctions, le duc l'en déchargea en lui restituant sa pen-
sion viagère de 18 sols assignée sur la recette de Flandre, avec
survivance en faveur d'Isabeau Machefoing, sa femme, à condi-
tion qu'il obtiendra de celle-ci la cession au duc de la moitié du
revenu qu'elle percevait sur les terres et seigneuries de Chenaux,
Bragny, Port de Paleau et la Chapelle de Bragny. (Archives de
la Côte-d'Or, B. 1358; Peincedé, t. Ier, p. 262.) On trouve au
même lieu des lettres du 31 mai 1473, par lesquelles cette cession
ainsi stipulée est opérée au profit du duc. — Isabeau n'eut point
d'enfants de son mariage avec Jean de Montferrant.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. 1XXXV
let 1480 indique qu'Olivier était déjà l'époux d'Isabeau à
cette dernière époque *.
Cette union tardive, qui trahit une certaine avidité
sénile chez notre bon chevalier, jusqu'alors fort désintéressé,
ainsi que l'attestent les négligences de son administration
financière, ne diminua rien de l'estime dont il était univer-
sellement entouré. Mais elle accrut beaucoup sa fortune,
déjà augmentée par les libéralités de ses souverains2. Il s'en
1. Arch. de l'Etat à Namur, extrait du registre aux transports
du bailliage de Namur (1480), n° 47, fol. 73. A peine marié, La
Marche se mit en mesure de faire rentrer les sommes dues à sa
seconde femme, notamment cent livres de rente perpétuelle
achetée en 1464 sur la ville de Bruges par Jean de Montferrant
(Arch. de Belgique, Compte de Bruges, 1479-1480; Chambre des
comptes, n« 32533, fol. 184), et deux cents couronnes de rente sur
la terre de Boussut. (Arch. de Namur, pièce précitée.)
2. Notamment par les terres confisquées sur le connétable de
Saint-Pol, que Charles le Téméraire lui donna en 1471-1472. En
1473, Guillaume Verdet, châtelain de la Marche, fit au nom de son
maître Olivier une déclaration des fiefs que celui-ci possédait dans
le bailliage de Chalon-sur-Saône. Il confessa tenir du duc en fief et
arrière-fief: 1° le château et maison-forte de la Marche, ensemble
la motte et les fossés tenus du duc, à cause de son châtel et ville
de Rochefort ; 2° tout le demeurant de la terre de la Marche et
d'Onay (aliàs Esnay), es villages et paroisses de Saint-Martin-en-
Bresse, Diconne et Villegaudin, en cens, rentes, bois, péage, jus-
tice, du fief de la ville de Mervans, près la Marche, réservé le
meix de la chapelle de Villegaudin et de la cour dudit lieu, qu'on
maintient être de franc-alleu et du ressort de Saint-Laurent-lès-
Chalon ; 3° le fief de Dyombe, tenu d'ancienneté en arrière-fief
dudit Mervans ; 4° certains cens et héritages en la paroisse de
Chassey, en fief du seigneur de Lestrabonne, à cause de la terre
de Nantoz. (Archives de la Côte-d'Or, B. 11723.) — Quant à la
négligence de l'administration d'Olivier, v. ibid., B. 11164. On
doit cependant reconnaître qu'il soutint des procès, au moins un
comme demandeur. (V. arrêt du parlement de Paris, du 4 juin
1484, rendu entre lui et Jehan de Houpplines, et publié par
M. Stein, p. 205.) — Le 18 mai 1481, nous le voyons qualifié de
seigneur de la Gouarderie, de la paroisse de Saint-Juvat (arron-
l.XXXVJ NOTICE BIOGRAPHIQUE.
souvint dans son testament et fit des legs importants à sa
veuve, devenue, grâce aux années et peut-être à un contact
meilleur, aussi pieuse, aussi modeste et réservée qu'elle était
autrefois fière, avare, présomptueuse et hardie. Toutefois,
il institua pour légataire universel son fils Charles, écuyer,
seigneur de la Marche, ou, au défaut de celui-ci, sa fille
Philippote, mariée en premières noces à Thierry de Charmes,
écuyer, et, en secondes, le 15 janvier 1488, à Philippe de
Lenoncourt, chevalier, bailli de Bar-sur-Seine, seigneur de
Loches, Chauffour et Marolles-lès-Bailly (Aube), dont elle
eut six enfants, dont quatre fils, Olivier, Jean, Pierre et
Philippe *. Jean fut seigneur de Loches et bailli de Bar ; Phi-
lippe fut protonotaire apostolique et archidiacre de Reims.
Philippote vivait encore le 15 mars 1520. Mais elle était
veuve de son second mari, décédé entre 1507 et 1519.
On a vu plus haut que La Marche avait eu de sa première
femme au moins une fille, baptisée en 1456. Mais celle-ci
s'appelait-elle Philippote ou Louise, comme certains généa-
logistes nomment une autre de ses filles , d'ailleurs décé-
dée jeune et sans postérité? En tout cas, en 1501, deux
enfants seulement survivaient, soit du premier lit, soit du
second, mais plus vraisemblablement du premier, puisque,
dans son testament, Olivier met expressément à la charge
de son fils Charles les dettes qu'il aurait pu contracter avant
son mariage avec Isabeau Machefoing. D'ailleurs, cette
dernière union ayant eu lieu peu avant 1480 n'aurait pu
donner naissance à une fille mariée en secondes noces en
dissement de Dinan, Gôtes-du-Nord). D'où lui venait cette terre?
Peut-être de sa nièce Bricette Duval, fille de sa sœur Jeanne.
En effet, cette nièce lui avait légué une rente de dix boisseaux
de froment, qu'il échangea le 25 octobre 1482 contre une rente
de 50 sous payée par Jean Goussart. (Bibl. nat., Collection de D.
Villevieille, 55, fol. 138.)
1. Extrait des Registres du parlement de Bourgogne, du
14 avril 1527. (Archives de la Gôte-d'Or, Peincedé, t. XIX.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. Ixxxvij
1488, ni peut-être même à un fils qui avait déjà pris femme
avant 1501.
Ce dernier avait épousé Catherine Chamboye, et n'en eut
point d'enfants ; il paraît avoir quitté la cour de l'archiduc,
où il ne remplit du reste aucune charge, et s'être établi en
Bourgogne, sur le sol des aïeux1. Héritier des terres de la
Marche, d'Esnay, de Chassey, et de tous les acquêts de son
père, il céda, le 12 septembre 1517, ses droits sur la Marche
à son neveu Olivier de Lenoncourt, bailli de Langres 2. Mais
celui-ci dissipa bientôt toute sa fortune, et la seigneurie delà
Marche, demeurée en décret pendant quarante ans, dut un
jour être vendue à Hugues deMâlain, seigneur de Diconne3.
Elle ne revint aux Lenoncourt qu'en 1574, et de leurs
héritiers passa, en 1636, au président Fyot d'Arbois, dont
les descendants la firent ériger en marquisat à leur profit un
siècle après. Ce sont eux qui ont, jusqu'à une époque récente,
perpétué chez nous le nom de la Marche4. Quant à la des-
1. En 1503, Charles de la Marche est indiqué dans l'état des
fiefs du Ghalonnais comme tenant la terre et seigneurie d'Onare
(Onard), au bailliage de Ghalon, en toute justice, du fief de Mer-
vans, plus certaines rentes et cens au lieu de Chassey, du fief
de Jean, seigneur d'Aumont. (Archives de la Côte-d'Or, B. H730,
fol. 387.) Il tient également en toute justice la terre et seigneurie
de la Marche, de franc-alleu, valant 65 liv. de rente, y compris ce
qu'il tient au lieu d'Onnant, du fief de Mervans. (Id., fol. 413 v°.)
Enfin, on voit qu'il possède environ 80 ouvrées de vigne à Nan-
toux, en fief de Jean d'Aumont. [Id., fol. 251.) Il y est désigné
comme demeurant au comté de Bourgogne.
2. Bibl. nat., Collection de Bourgogne, vol. 101, fol. 323; Cour-
tépée, Description du duché de Bourgogne, 2e édit., t. III, p. 461.
Olivier de Lenoncourt était bailli de Langres en 1526. (Arch. de
Langres, liasse 945.)
:!. Gourtépée, id- Extrait des reprises de fief de la terre de la
Marche, pour Philippe Fyot, du 29 décembre 1663. (Archives de
la Côte-d'Or, B. 11164.)
4. René de Lenoncourt, mort en 1620, avait épousé Marguerite
Fyot. — On rencontre en 1480 mi Nicolas de la Marche, cité par
lxxxviij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
cendance directe d'Olivier, elle était depuis longtemps
éteinte lorsqu'écrivait Courtépée, à la fin du xvme siècle.
Olivier mourut le 1er février 1502 (n. st.), dans la mai-
son qu'il possédait à Bruxelles « devant l'arque, » ou hospice
des vieilles femmes, dit-il dans son testament, daté du 8 oc-
tobre 15011, maison qu'il avait acquise le24juin 1482. D'après
cet acte de dernière volonté, son cœur, placé dans un vase de
plomb, fut envoyé en Bourgogne et déposé dans la chapelle
de Villegaudin, près de la sépulture de ses aïeux, sous une
pierre scellée devant le grand autel de la Vierge et autour
de laquelle était gravée l'inscription suivante :
POUR MARCHEPIED, REPOS, PASSET ET MARCHE
SOIT BON LE CŒUR OLIVIER DE LA MARCHE
AU TRÈS DIGNE PRESTRE SAINCT ET SACRÉ
DONT LE CORPS-DIEU EST CE JOUR CONSACRÉ.
C'était un signe naïf et touchant d'humilité chrétienne.
Quant à son corps, il voulut qu'il fût inhumé, devant l'au-
tel de Sainte-Croix2, dans l'église des chanoines réguliers
Adrien de But dans sa Chronique, et en 1496 un Gérardo de la
Marche, lieutenant du capitaine des hallebardiers de l'archiduc
Philippe. (Archives du Nord, B. 2157.) Mais sont-ce des parents
d'Olivier? Enfin, en 1471, les Archives générales de Belgique
mentionnent un sr de Pey ou de Péry, frère du sr de la Marche,
dont on ignore la véritable origine.
1. V. plus loin ce testament, extrait de la Collection de Bour-
gogne, 99, fos 830-35, à la Bibl. nat. Une copie se trouve dans le
ms. n° 4332, fol. 42, f. fr. de la même bibliothèque. Les Archives du
royaume de Belgique (Acquits des comptes de la recette générale du
Hainaut) possèdent la dernière, pièce peut-être qu'il ait signée.
C'est un reçu, daté du 17 janvier 1501, d'une pension annuelle
de 300 fr. ou 480 livres tournois, dont le paiement était arriéré
depuis plus d'une année (V. registre n° 3198, fol. xl r° et v°, de
la Chambre des comptes, aux mêmes Archives) ; la signature de
cette quittance est presque indéchiffrable; il est vrai que celle
du 20 juillet précédent n'est guère meilleure.
2. « Sepultus in choro beatae Maria? Virginis, sub turnba, ante
altare Sancte Crucis. » (Arch. de Belgique, Cart. etmss., 733a prov.)
NOTICE BIOGRAPHIQUE. lxxxix
de Caudenberg, autrement dite Saint-Jacques de Montfroid,
près du palais des ducs de Brabant, à Bruxelles. Cette église
avait été fréquemment enrichie par ses libéralités, ainsi
qu'elle le fut après lui par sa veuve1. Son tombeau, où
Isabeau Machefoing vint le rejoindre le 11 novembre 1510,
a été détruit au temps de Philippe II. On y lisait l'épitaphe
suivante :
GY GIST MESSIRE OLIVIER DE LA MARCHE,
QUI TRESPASSA L'AN 1501, LE PREMIER JOUR DE FÉVRIER,
ET DAME YSABEAU MACHEFOIN,
QUI TRESPASSA L'AN 1510, LE XIe JOUR DE NOVEMBRE.
En face, dans la muraille, une plaque de marbre portait
cette autre inscription :
CY GIST OLIVIER DE LA MARCHE, SEIGNEUR
ET GRAND MAISTRE D'HOSTEL, REMPLI DE TOUT HONNEUR,
QUI FUT SAGE ET SECRET, LÉAL ET MAGNIFIQUE,
ET QUI FIT MAINTS BEAUX DITS EN BELLE RHÉTORIQUE.
LAN QUINZE CENT ET UN, LE PREMIER FEVRIER,
MOURUT PLEIN DE VERTU : VEUILLEZ PRIER POUR LUI.
DAME ISABEAU MACHFOIN MOURUT NEUF ANS APRÈS ;
PRIEZ QUE PARADIS A ELLE SOIT OUVERT
ET AU BON CHEVALIER, LEQUEL A TANT SOUFFERT.
1. Dans un inventaire des Archives de la prévôté de Saint-
Jacques-sur-Caudenberg, fol. 99 v°, n° vic lvii, on lit : « Item,
une obligation du prévost et couvent de Gouberghe, en date du
xxe de janvier l'an de grâce mil cincq cens et ung, par laquelle
appert qu'ilz confessent avoir receu de messire Olivier de la
Marche, chevalier, conseillier et premier maistre d'hostel de
monseigneur l'archiduc d'Austriche, et de madame Ysabeau
Machefoins, sa compaigne, par prest, une très belle monstrance
faicte d'or et d'argent, à eulx appartenant, pour y mectre le Sainct
Sacrement, laquelle ilz promectent garder sain et enthier et la
leur rendre toutes et quantes fois que requis en seront. » — On
conserve au dépôt des Archives des hospices civils de Bruxelles
divers actes des années 1505, 1507 et 1508, relatifs à des fonda-
tions de rentes faites par la veuve d'Olivier en faveur des pauvres
de la paroisse Saint-Jacques-sur-Caudenberg. Une lettre d'Érard,
Xcij NOTICE BIOGRAPHIQUE.
II.
Il y a dans Olivier de la Marche considéré comme écrivain
deux hommes bien distincts, le poète et le chroniqueur.
Par ce mot poète, j'entends non seulement le versificateur,
mais l'auteur de moralités, de contes et même d'œuvres phi-
losophiques en prose. La philosophie ne se distinguait guère
alors de la poésie ; elle ne constituait à proprement parler
une science que lorsqu'elle se confondait avec la théologie ;
par réciprocité, les poèmes les plus légers se piquaient de
moraliser.
Poète, conteur ou philosophe, il ne sort pas d'une honnête
médiocrité. Ses œuvres purement littéraires ont cependant
d'agréables parties, comme Y Histoire de Griselidis, mar-
quise de Saluées, que l'on a faussement attribuée à Pierre
Michault, dit Taillevent, et dont la forme appartient en réa-
lité à Olivier de la Marche, quoiqu'il en ait emprunté le fond
lui-même à Pétrarque1. En chantant et en rimant, le bon
écuyer obéissait sans doute à son naturel mélancolique et
rêveur, à ce besoin d'épanchement et à cette sensibilité en
quelque sorte musicale qui saisissent les jeunes hommes à
l'aube de la vie et dont il s'accusera plus tard lui-même
presque comme d'un péché. Mais il obéissait encore à de
nobles exemples. Dans cette cour brillante et raffinée de
Bourgogne, jeunes pages, clercs, hommes d'armes eux-mêmes,
presque tous étaient poètes à leurs heures. Ce n'était pas seu-
1. V. Epistola de historia Griseldis mulieris maxims Constantin,
Colonise, typis Uclalrici Zel de Hanau, circa 1470. Cette histoire
se rencontre dans le Parement des dames d'Olivier. On sait que
Perrault l'a rajeunie et mise en vers. — Un ms. de la bibliothèque
du comte d'Ashburnham (n° 402, fonds Barrois), qui provient sans
doute de la Bibliothèque nationale, nous apprend que Pétrarque
l'avait lui-même « translatée de lombart en latin. » Ce ms. est
du xve siècle.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XCllj
lement Pierre Michault, secrétaire du comte de Charolais,
l'auteur du Doctrinal de Court et de la Danse des
aveugles, George Chastellain, Martin Franc, qui dédia à
Philippe le Bon son Champion des Dames et son Estrif
de Fortune et de Vertu*; c'était Charles, duc d'Orléans,
le premier des lyriques du xve siècle, Guiot et Philippe Pot,
le bâtard de la Trémoïlle, le seigneur de Torcy, Frédet,
Me Etienne Le Goux, Jean Régnier, seigneur de Guerchy,
bailli d'Auxerre2, le sire de Trazegnies3, et Philippe le Bon
lui-même, ainsi que le constatent différentes ballades adres-
sées par lui à son compère le duc d'Orléans4 ; c'était René
d'Anjou, le royal prisonnier des Bourguignons dans la tour
de Bar à Dijon, bien d'autres enfin encore que l'on ne peut
tous citer. Rimer était délassement de princes. Olivier de la
Marche n'eût pas cédé à sa propre inspiration qu'il eût été
entraîné par l'exemple d'autrui. Plus jeune d'au moins trente
années que Charles d'Orléans et Alain Chartier , contemporain
de Villon, il leur est sans contredit inférieur. Il n'a au même
degré ni la grâce souple, délicate et caressante des uns, ni
la hardiesse, l'expression pittoresque et la verdeur de l'autre.
Mais il possède ce que Marot appellera plus tard un « gentil
1. Martin Franc ou Le Franc, né à Arras, prévôt et chanoine
de l'église de Leuse en Hainaut, secrétaire de l'antipape Félix V
et du pape Nicolas V. (V. Jean Lemaire des Belges, Couronne
margaritique.)
2. Auteur des Fortunes et Adversitez, imprimées à Paris en 1526,
in-8°; mort après 1463.
3. Auteur des « Loenges des Vertus du très vaillant duc Charles
de Bourgongne. » (Ms. de la Bibl. publ. de Douai, n° 767, fol. 14.)
4. Dans sa Bibliothèque française, t. IX, p. 232, l'abbé Goujet
déclare qu'il examina à loisir plusieurs pièces de vers du duc de
Bourgogne insérées dans uu ms. intitulé : Dalladiez du duc d'Or-
léans, et qui appartenait au xviue siècle à M. de Bombarde. V. au
même tome, p. 259, une ballade adressée avant 1440 par Philippe
le Bon à Charles d'Orléans et le catalogue des mss. de la Biblio-
thèque nationale.
Xciv NOTICE BIOGRAPHIQUE.
entendement, » une finesse mélangée de candeur, une tou-
chante mélancolie, que gâtent malheureusement parfois trop
d'uniformité, des allégories trop recherchées, des images trop
froides et des tours un peu forcés, sauf dans ses poésies enfan-
tines, qui sont naïves et simples.
Le siècle l'exigeait-il ainsi? On serait tenté de le croire,
à n'en juger que par le diffus et pâteux Chastellain, si
quelques ravissantes ballades de Charles d'Orléans n'attes-
taient le contraire. Comme on est loin même de celles de
Froissart !
Mais nous ne voulons parler que du narrateur. Ici sa
supériorité éclate : il est original, il est vivant, il est aisé, il
est historien. Qu'on daigne nous entendre : si l'histoire est
une pure critique, comme la comprenait Tillemont par
exemple, une simple chronologie, un enchaînement correct
et méthodique des dates et des faits, si l'on attend d'elle une
rigoureuse exactitude, non, Olivier de la Marche, dont la
mémoire n'est pas toujours fidèle et qui, mêlant, transposant
les événements, se trompe trop souvent sur les lieux ou les
années, n'est pas un historien. Il ne l'est pas encore, si l'his-
toire, telle que la pressentait Commines, est une science
politique, qui doit s'élever aux causes premières, ou, telle
que la concevait Gibbon au dernier siècle, un thème de phi-
losophie, une sorte de métaphysique de l'humanité. Mais si
on ne lui demande qu'une enquête curieuse sur les mœurs
d'une race ou d'une époque et la vive représentation des faits,
si l'on se contente de vojr défiler le cortège des acteurs en
costume et d'assister à leur jeu sur la scène sans les suivre
dans la coulisse, en se réservant de tirer soi-même la mora-
lité delà pièce, l'écuyer bourguignon est, presque autant que
le chanoine de Chimay, un véritable peintre d'histoire. Il en
a souvent, sans les chercher, la maestria, le dessin, le colo-
ris. C'est un ymaigier des dernières années de la chevalerie.
Il est vrai que celle-ci l'absorbe, qu'en décrivant par le
menu les prouesses et les tournois de ses contemporains, en
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XCV
célébrant les splendeurs de la cour de Bourgogne, il oublie
parfois les événements politiques ou militaires qu'il a entrepris
de raconter, et que, modeste jusqu'au silence sur lui-même,
il semble ne l'être pas assez sur ses maîtres, ses louanges
n'étant pas alors suffisamment justifiées par la concision de
son récit. Ce reproche lui a été fait ; nous ne le croyons
pas fondé. Olivier de la Marche n'est pas un écrivain de
profession : il n'a pas été, comme Chastellain et Molinet,
revêtu de la charge d'historiographe ou à'indiciaire; il n'a
pas même reçu, comme Saint-Remy, la mission officielle et
spéciale de rapporter à Yhistorieur ou greffier de la Toison
d'or les hauts faits des membres de l'ordre dont la renommée
parviendrait jusqu'à lui. Il écrit d'abord pour se complaire
à lui seul, pour occuper ses loisirs et, ainsi que l'ont fait
Jean de Wavrin, Monstrelet et le seigneur de Saint-Remy
lui-même, pour échapper à l'oisiveté, la mère de tous les
vices. Il a quarante-cinq ans environ lorsqu'il commence en
1472 ou 1473 à rédiger ses Mémoires, et vingt ans après
seulement, en 1493, quand il en a soixante-cinq accomplis,
il imagine de les faire lire à son jeune souverain, en y joi-
gnant une introduction qui les rende plus instructifs pour
Philippe le Beau. Ce sont donc bien vraiment et avant tout
des Mémoires, c'est-à-dire des souvenirs personnels, le récit
des faits auxquels il a été mêlé ou dont il a été le témoin
oculaire et qu'il a enregistrés au fur et à mesure sur un car-
net de poche. Faut-il s'étonner qu'il s'attache à ceux qui
l'ont frappé davantage et qu'entre mille il insiste de préfé-
rence sur ceux qu'il a suivis de plus près, en un mot, qu'il soit,
comme Froissart, plus occupé du spectacle que du fond de l'his-
toire? Faut-il à ce « laïc, » à ce militaire, qui s'excuse de
n'avoir ni « le stile et subtil parler » de Chastellain, ni « la
clergie, la mémoire ou l'entendement » du Portugais Vas de
Lusane, ni « l'influence de rhétoricque si prompte et tant
experte » de Molinet, à ce brave officier de princes somp-
tueux et magnifiques, dont l'honneur, la courtoisie, les grands
XCVJ NOTICE BIOGRAPHIQUE.
exploits et les aventures chevaleresques ont été dès le berceau
l'idéal, demander autre chose que la fine vignette, la minia-
ture attendrie de ces fêtes où étincela la vieille chevalerie ?
Mais, si l'on s'en tient là, l'image est parfaite ; elle est prise
sur le vif, et, malgré les légères retouches qui l'ont ennoblie,
on peut dire qu'elle est photographique. Villehardouin et
Joinville nous ont peint la chevalerie loyale, croyante,
enthousiaste des croisades, à son âge d'or et dans sa pleine
virilité; leur narration forte et candide tient dans l'histoire
la place qu'occupe dans l'architecture la Sainte-Chapelle au
xme siècle. Dans sa chronique qui est une seconde chanson
de geste, Froissart nous l'a montrée plus épanouie, mais bien
moins naïve et déjà déclinante; c'est le gothique fleuri du
xrve siècle. A la veille de disparaître, elle jette un fulgurant
mais dernier rayon dans La Marche ; c'est l'art flamboyant
du xve.
Notre chroniqueur appartient par la date de sa mort à
l'ère moderne. Mais il est bien du moyen âge par les idées,
par la foi sincère et naïve, par le culte de l'aristocratie mili-
taire. Ce n'est pas lui qui dirait comme un trouvère du
xme siècle, Guy de Cambrai, dans son poème de Baarlam
et Josaphat :
Pylates et Herodes vit,
Car souvent sont à grant délit
Et en Franche et en Lombardie ;
Car Herodes pas ne mendie
Tant com li rois est à Paris ;
Et Pylates, che m'est avis,
Est molt sires de Vermandois.
Il honore profondément l'Eglise, la royauté et les barons.
Soit qu'il puise ses renseignements historiques dans les chro-
niques antérieures, dans ces manuscrits enluminés dont la
librairie des ducs de Bourgogne était si bien pourvue1, ou
1. V. Barrois, Bibliothèque protypographique, Achille Godefroy
et les Comptes de Charles le Téméraire.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. xcvij
dans Froissart qu'il a visiblement consulté1, soit qu'il ras-
semble ses propres souvenirs, il est toujours respectueux des
clercs et des nobles, sans y apporter la moindre gauloiserie
ni la moindre malice. Là comme ailleurs, son cœur est à
découvert et pour ainsi dire transparent. C'est celui d'un
féal qui s'est donné tout entier. Nous ne savons même si à
cet égard il n'est pas plus désintéressé que Froissart qui,
comme lui, a sans doute le culte des grands seigneurs, mais
aussi de ce qui rapporte profit, honneur et renommée dans ce
monde. Il clora bien d'un mot le portrait de Louis XI en
disant : « Il fut prince2, » en d'autres termes, il était large
et « achetoitau poix d'or » (s'attachait par des libéralités les
hommes de bon renom). La largesse est à ses yeux l'une des
vertus maîtresses d'un souverain; mais elle n'en est pas la
reine : la « haulte seignourie » vient de ce que Dieu a « élevé
la nativité des rois sur les aultres. » Comme le dira plus tard
Henri IV, les nobles et les rois « sont des têtes que Dieu a
réservées pour conserver les autres. » Sa doctrine sur l'ori-
gine du pouvoir est essentiellement monarchique.
Elle ne le rend pas néanmoins hostile au peuple. Parlant
1. Comparez par exemple le passage de son Introduction sur la
descendance de saint Louis avec le premier chapitre du livre I
de Froissart : « Li biaus rois Phelippes de France, etc. » Mais il
cite de mémoire et se trompe dans la généalogie. Une remarque
à faire à cette occasion, c'est qu'Olivier de la Marche n'a pas
besoin d'une traduction comme les chroniqueurs qui l'ont précédé.
Les gens du monde peuvent aisément le lire dans l'original.
2. Duclos lui a pris ce trait, sans le citer d'ailleurs, dans son
Histoire de Louis XL — Olivier n'aimait pas le roi et cependant, tout
en accusant ses « soubtiz moyens, » il n'en a jamais parlé qu'avec
respect. On ne saurait lui attribuer la pièce de poésie intitulée :
le Mauvais Prince, publiée dans les OEuvres de Chaslellain (t. VII,
p. 457), et dans laquelle M. de Reiffenberg a cru voir un portrait
l'ait par La Marche du monarque français. Mais il est vrai de dire
qu'il est beaucoup plus ami de la Bourgogne et de l'Autriche que
de la France, sans aller jusqu'à prétendre, comme certains histo-
riens, que ses Mémoires sont uu pamphlet dirigé contre celle-ci.
il
XCV11J NOTICE BIOGRAPHIQUE.
d'un Gantois « villain et de petit estât, » qui se battit vail-
lamment à Gavre, il dit : « Que je le sceusse nommer, je m'ac-
quitteroie de porter honneur à son hardement, car vaillance
est entre les bons si privilégiée et de telle aucthorité qu'elle
doit estre manifestée, publiée et dicte de petite personne ou
de petit estât comme des plus grans. » Pour tous il est équi-
table, mais il n'aime pas ce que nous appellerions aujour-
d'hui la démocratie. Lorsque Gand se révolte, il la plaint
d'avoir sacrifié « son pucelage, » en d'autres termes de s'être
ravalée « ou povoir et soubs les mains de ribaultz, pillars et
gourmans, norriz et empoisonnez de vices, sans vergongne,
entendement ou raison. » Comme on le voit, la sentence est
dure pour la multitude, encore bien qu'il distingue et qu'il
faille distinguer dans son sein, et elle a paru telle à un écri-
vain de Flandre qui lui reproche, non sans aigreur, d'avoir
calomnié les Flamands. Mais Valère André est. injuste lui-
même et ne semble pas l'avoir lu. La Marche n'a nulle acri-
monie contre la nation, ni même contre le populaire; il ne
s'indigne que contre les révoltés.
Son œuvre est donc une source infiniment curieuse et
presque intarissable de renseignements intéressants sur le
xve siècle. Si l'on y ajoute Y État de la maison du duc
Charles de Bourgogne, dans lequel il énumère avec un
grand luxe de détails les serviteurs et décrit l'étiquette de
cette royale branche des descendants de Hugues Capet,
presque égale en puissance et supérieure en richesses à la
dynastie française, on y trouve un tableau achevé de l'es-
prit, de la vie et des mœurs aristocratiques de son temps.
On y rencontre même autre chose : çà et là, sa plume trace
de vraies pages d'histoire, par exemple le siège de Neuss et
les portraits de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire ;
ailleurs, sur plusieurs points purement historiques, il com-
plète ou rectifie les chroniques contemporaines; quoiqu'il
n'ait pas, comme Commines, la curiosité des causes, il rend
avec précision les effets. On peut lui reprocher un grand
NOTICE BIOGRAPHIQUE. XC1X
mépris de la chronologie, qu'il observa rarement, même,
chose bizarre, pour les événements qui le concernent per-
sonnellement et dont il aurait dû le mieux garder la date en
mémoire1. Mais, du moins, sa sincérité, sinon sa critique,
est absolue; c'est un témoin qui parle; sauf dans son Intro-
duction où, selon la mode du temps, il donne une origine
fabuleuse aux maisons dont il se propose de faire l'histoire,
afin d'en reculer le berceau le plus possible, s'il n'a pas vu
de ses propres jeux, il le dit. Rare et précieux témoin que
celui dont les souvenirs embrassent cinquante-quatre ans
environ, les plus riches en événements du siècle. Monstrelet
s'arrête en 1444 ; Mathieu d'Escouchy, qui l'a continué, en
J 461 ; Le Fèvre de Saint-Remy , en 1435 ; Molinet ne va que
de 1474 à 1504 ; Jean de Troyes, de 1460 à 1483, et Phi-
lippe de Gommines qui débute en 1464, au moment où s'éteint
Ghastellain, ne dépasse point l'année 1498. Aucun d'eux n'a
parcouru un cycle aussi étendu ; aucun d'ailleurs n'a pénétré
aussi avant dans l'intimité quotidienne des deux derniers ducs
de Bourgogne, aucun ne les a suivis ni observés de plus près ,
aucun n'a pu mieux étudier dans la personne de Charles le
Téméraire la chute de leur glorieuse dynastie, qui fut peut-
être le fait le plus considérable de l'histoire contemporaine,
puisque d'elle est sortie la rivalité séculaire des maisons de
France et d'Autriche2. Il demeurera un guide toujours inter-
rogé et le plus souvent fidèle : l'histoire de France au xve siècle
ne peut pas mieux se passer de lui que ne le fait de Tite-Live
1. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas inscrit entête
de chaque page le millésime de l'année à laquelle elle se rapporte,
afin d'éviter des confusions regrettables.
2. Olivier de la Marche glisse rapidement, il est vrai, dans ses
Mémoires sur les défaites de Charles à Granson, à Morat et enfin
à Nancy, parce qu'il n'aime pas à insister sur les désastres de ses
maîtres et qu'il s'adresse d'ailleurs à leur héritier. Mais il ressent
profondément la « destruction de la maison de Bourgongne » et
les graves conséquences de cette « divine hateure. »
C NOTICE BIOGRAPHIQUE.
celle de la République romaine. Il faut le remarquer pour-
tant, la valeur historique des diverses parties de se&Mémoires
est très différente. On l'a déjà dit, l'Introduction n'est
qu'une fantaisie généalogique, dont on ne peut faire usage,
parce qu'elle égarerait le lecteur ; le second livre renferme
beaucoup de lacunes et d'erreurs qu'il faut combler ou redres-
ser. Olivier n'en a évidemment construit que le squelette et
attendait pour le compléter une heure que lui a ravie la
mort. Mais le premier livre est excellent, sauf quelques
fautes de noms et de dates, et il mérite l'éloge qui en a été
fait, parce qu'il est écrit par un témoin oculaire et, quoique
complaisant parfois, toujours sincère et bien informé. Oli-
vier y a moins qu'ailleurs besoin d'être contrôlé. Il y a fait
une œuvre certainement personnelle.
Nous négligeons à dessein sa langue, non qu'elle soit
incorrecte, mais parce qu'elle a vieilli. Historia, quoque
modo scripta, semper legitur. Un siècle a le droit d'en
juger un autre ; mais le seul qui ait vraiment compétence
pour se prononcer sur la langue d'un écrivain, c'est celui
qui l'a parlée et dans lequel cet écrivain a vécu. Tous les
siècles et tous les pays ont leurs langues vivantes et toutes
sont également bonnes. Chacun écrit la sienne pour soi-
même et pour ses contemporains : il ne saurait prétendre
l'imposer à la postérité. Si nous devons donc nous abstenir de
porter un jugement sur un idiome qui n'était pas encore
formé à l'époque où s'en servait Olivier, nous pouvons du
moins signaler en lui certaines qualités personnelles du style
qui n'ont pas d'âge et ne devraient pas avoir de patrie : la
limpidité, la mesure, la décence, le sentiment et l'élévation
morale, à laquelle se mêle une vague tristesse, comme s'il
ne pouvait oublier la chute sanglante de la maison qu'il
servit si loyalement. Chose curieuse ! ses Mémoires com-
mencés vers le milieu de la vie, continués et achevés à
l'approche de la caducité, n'ont rien du vieillard, si ce
n'est parfois l'accent mélancolique ; il y règne le plus sou-
NOTICE BIOGRAPHIQUE. Cj
vent un accent de naïve émotion qui sent le jeune homme;
sa prose est plus poétique que ses vers. Par là, il est à la
fois plus ancien et plus moderne que Chastellain, auquel on
l'a quelquefois comparé : plus ancien, parce qu'il a plus de
candeur et de touchante bonhomie; même lorsqu'il l'imite,
il est plus modéré que lui et n'exagère pas la manière du
maître; la Renaissance ne l'a point effleuré de son aile; plus
moderne, parce qu'il a plus de goût et est moins flamand
que lui, parce qu'il franchit d'un bond cette époque de tran-
sition où l'on prit souvent le pédantisme pour la science et
où l'obscurité fut chez quelques-uns une condition du succès
dans l'art d'écrire. Il reste vif, aisé, simple, naturel : c'était
naguère et ce fut presque toujours une qualité éminemment
française.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
SUR LES OUVRAGES
D'OLIVIER DE LÀ MARCHE
Le chevalier bourguignon a laissé des œuvres nombreuses
dont plusieurs sont inédites, dont quelques-unes même sont
peut-être encore inconnues et gisent enfouies dans les biblio-
thèques, sans qu'on les ait restituées à leur véritable auteur.
Mais, comme on l'a vu plus haut, elles n'ont pas toutes une
valeur égale.
On peut les diviser en trois catégories principales : les
Mémoires proprement dits, les pièces historiques et philoso-
phiques en prose et les œuvres poétiques, quoiqu'elles soient
parfois mélangées de prose.
Nous allons les passer successivement en revue, en indi-
quant les principaux manuscrits et spécialement ceux dont
nous avons fait usage pour cette édition.
A.
MÉMOIRES.
Ils comprennent trois livres ou trois parties. Cette divi-
sion faite par La Marche a été respectée par tous ses éditeurs.
Cependant, Denis Sauvage, le plus ancien d'entre eux, a
donné au premier livre le nom à' Introduction, afin de le
distinguer des deux autres auxquels il sert pour ainsi dire
de préface. Dans ce livre, on effet, l'écrivain se borne à résu-
civ NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
mer la généalogie et l'histoire, le plus souvent fabuleuse sous
sa plume, des ancêtres de Philippe le Beau, archiduc d'Au-
triche, pour lequel il l'a composé et auquel il l'a dédié. Il ne
décrit aucun fait particulier dont il ait été personnellement
témoin en dehors de ceux qu'il raconte dans les parties sui-
vantes. Ce sont donc moins des mémoires originaux qu'une
compilation historique, mélangée ça et là de digressions et
de courtes réflexions. En outre, dans l'ordre chronologique
de la rédaction, ce livre n'a pas précédé mais suivi les autres,
à l'exception des derniers chapitres, terminés en juin 1501.
Il a été écrit, soit en 1488, si, comme Olivier le prétend,
Philippe le Beau touchait alors à sa dixième année, soit plu-
tôt vers 1493, si son rédacteur avait à ce moment soixante-
six ans. Les Mémoires proprement dits, au contraire, ont
été commencés de 1472 à 1473, moins pour instruire ce jeune
prince que pour délasser leur auteur et fixer ses souvenirs.
Bien que La Marche n'ait point expressément réservé cette
dénomination aux deux dernières parties, nous la leur avons
donnée, comme l'avait déjà fait Denis Sauvage, afin de mieux
marquer la différence de rédaction et pour la plus grande
commodité du lecteur.
On connaît dix manuscrits de Y Introduction ou des
Mémoires.
l°Ms. delà Bibl. nat. de Paris (ancien 8419), n° 2868,
fonds franc., gr. in-fol. vélin. Ecriture fin du xve siècle;
enrichi de lettres ornées et de treize miniatures dont les trois
premières seules sont authentiques, les autres ayant été exé-
cutées au xviie siècle sur l'ordre de Petau , possesseur du
manuscrit, qui porte sa devise : Non est mortale quod
opto, et les armes : au 1 et 4 d'azur à trois roses d'argent,
au chef d'or chargé d'une aigle issante et éployée de sable ;
au 2 et 3 d'argent à la croix pattée de gueules. Au fol. 5 se
trouve une jolie enluminure, peinte en 1495, et représentant
Olivier de la Marche, à genoux, offrant son œuvre à l'archi-
duc Philippe le Beau.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CV
Ce ms. qui commence par ces mots : « Révérence, hon-
neur, oblacion, » etc., et se termine par ceux-ci : « Ainsy
fine le premier volume des Mémoires de La Marche, dont il
vous fait humble présent, se recommandant à vostre noble
grâce. Tant a souffert La Marche, » est très beau et très
intéressant, mais ne contient que Y Introduction. C'est celui
dont nous avons fait usage pour cette première partie, bien
qu'il ne sorte pas de la main du chroniqueur lui-même et
qu'il soit l'œuvre d'un scribe, probablement d'origine fla-
mande ou picarde. Nous avons adopté le texte de ce ms. de
préférence à tout autre, en ayant soin néanmoins de le com-
pléter à l'aide du ms. suivant, parce qu'il est évidemment le
plus ancien (sa date remonte au moins à 1495) et que son
exécution luxueuse, en harmonie avec la qualité de la per-
sonne à laquelle il devait être offert, révèle l'attention, la
vigilance qui ont présidé à sa confection. Quoiqu'il renferme
certaines lacunes et des erreurs de copiste, on peut vraisem-
blablement supposer qu'il a été écrit sous les auspices, si
ce n'est même sous la dictée de La Marche. Nous en avons
aussi scrupuleusement respecté l'orthographe, tout en y
introduisant une ponctuation nécessaire à l'intelligence du
texte.
2°Ms. de la Bibl. nat. (ancien 84192, de la Mare 332),
n° 2869, fonds français, in-fol. papier. Écriture du com-
mencement du xvie siècle. Point de miniatures.
Ce ms. contient X Introduction et les deux autres livres
des Mémoires . Il n'est pas non plus de la main de La Marche ;
mais c'est une copie presque contemporaine et faite pour un
allié de sa famille. Denis Sauvage, qui s'en est servi pour
son édition de 1562, déclare qu'il a tiré cet « exemplaire
escript en papier, et en bonne et belle lettre, mais sans vraye
ponctuation à la mode du temps passé, » delà « librairie de
la noble maison de la Chaux, en la comté de Bourgongne. »
Ainsi que l'indique en effet une note placée sur la garde, ce
ms. est sorti « du château de Pérès appartenant h M. le comte
CVJ NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
de Saint- Amour. » Qu'était-ce que la maison de la Chaux ?
L'oncle maternel d'Olivier, Jacques Bouton, avait épousé
Antoinette de Salins-la-Tour, fille du seigneur de Poupet,
dont certains descendants prirent le nom de seigneurs de la
Chaux. Celui qui le porta plus particulièrement fut Charles
de Poupet, chevalier, seigneur de la Chaux, Crèvecœur,
Roches, Bayne et Malarcé, chambellan et premier somme-
lier de corps du roi de France Charles VIII, puis nommé
chambellan de l'archiduc Philippe d'Autriche en 15001,
demeuré en la même qualité au service de Charles-Quint et
dont le fils Jean, aussi gentilhomme de la chambre de cet
empereur, posséda longtemps le ms. n° 2869. Les Poupet
étaient donc proches alliés des La Marche 2, et l'on ne sau-
rait s'étonner qu'ils aient tenu des enfants d'Olivier une
copie de ses Mémoires, revue d'ailleurs et corrigée selon le
vœu que celui-ci exprime dans son Introduction. Avant de
passer entre les mains de Guichenon, dont elle porte Y ex
libris, et de Ph. de la Mare, elle fut communiquée à Denis
Sauvage qui en a fait usage pour la première édition des
Mémoires donnée à Lyon, « par Guillaume Rouille3, àl'escu
de Venise, 1562, avec privilège du Roy. » Mais l'historio-
graphe du roi très chrétien Henri II reconnaît lui-même
qu'il a été souvent forcé « d'ayder à s'expliquer » à son
auteur, « principalement en toute sa première préface, » en
d'autres termes, qu'il a beaucoup altéré le texte sous pré-
texte de le rendre plus clair4 ; nous avons dû en conséquence
1. Archives du Nord, B. 2171.
2. Antoine, seigneur de la Marche, assista en 1462 à la presta-
tion de serment de Jean de Poupet, frère du seigneur de la Chaux,
comme évêque de Ghalon. (Perry, Histoire de Chalon, p. 289.)
3. C'est Guillaume Rouville, dont le nom a été imprimé par
erreur Rouillé pour Rouille ou Roville dans la note t. 1, p. 7.
(V. H. Baudrier, De l'orthographe du nom de Guillaume Rouville.
Lyon, 1883.)
4. Toutes les éditions postérieures ont reproduit plus nu moins
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. Cvij
scrupuleusement rétablir ce texte en consultant exclusive-
ment le ms. n° 2869 pour les Mémoires proprement dits et
en le rapprochant, pour Y Introduction, du ms. n° 2868,
moins complet sans doute, mais plus ancien et qui donne,
semble-t-il, malgré quelques légères lacunes, la rédaction
primitive de l'auteur. A eux deux, bien que le ms. n° 2869
laisse fort à désirer en plusieurs endroits et qu'il appartienne
à une époque relativement moderne, ces manuscrits forment
la source la plus authentique que nous possédions de l'œuvre
principale de La Marche.
On peut se demander, à cette occasion, quel a été le sort
de la minute ou de l'original des Mémoires, dont le ms.
n° 2869 est une copie. Un curieux incident, rapporté dans
une note sous le ch. xi du livre II, jette une faible lueur
sur cette question, mais malheureusement sans l'éclairer
tout à fait. Deux ans après la mort d'Olivier, en 1504,
Charles de Lalaing, informé que l'œuvre de notre chroni-
queur contenait un passage offensant pour la mémoire de son
père, Josse de Lalaing, auquel La Marche imputait d'avoir,
« durant les mueteries de Gand, plus favorisé aux Ganthois
que à monseigneur Maximilian, lors archiduc d'Austrice, en
la détention de monseigneur Philippe d'Austrice, » se plaignit
à ce dernier et obtint de lui un ordre enjoignant à Isabeau
Machefoing de produire le texte des Mémoires de son époux
défunt. Charles de Croy, prince de Chimay, Pierre de Lan-
noy, seigneur de Fresnoy, et Claude de Bonard, premier
écuyer du roi de Castille, furent chargés de « visiter » le
manuscrit produit par la veuve de La Marche et de statuer
servilement le texte donné par Denis Sauvage, avec ses correc-
tions, parfois justifiées, et ses interpolations. Celle de Lautens ou
Lautte de Gand, publiée en 1566 à Gand, chez Gérard de Salen-
sou, a cependant quelques très légères variantes, qui se retrouvent
dans l'édition de Bruxelles de 1616 et dans celle de Louvain, chez
de Witte, 1645. Petitot a donné en 1820 le texte de Denis Sauvage,
également adopté plus tard par Buchon et Michaudet Poujoulat.
cviij NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
sur la réclamation de Charles de Lalaing. Ce tribunal d'hon-
neur fit une enquête qui fut favorable au demandeur et, le
22 janvier 1505 (n. st.), il ordonna la suppression des
phrases incriminées. Il prescrivit en outre, « de par le roy . . . ,
à tous ceulx qui, de présent ou de tout temps advenir, por-
roient avoir l'original ou la mynute du livre dessusdit, les
facent semblablement trancher et mectre hors, comme rai-
son est. » Il résulte des termes de cette décision , rappor-
tée tout au long par Molinet1, que la veuve d'Olivier n'avait
pas, en 1504, le manuscrit original des Mémoires, mais
une simple copie et que le ms. 2869 n'est lui-même qu'une
copie postérieure au 22 janvier 1505, puisqu'il ne renferme
pas le passage dont la suppression fut alors ordonnée. Des
recherches ultérieures feront-elles découvrir la « mynute »
que ne put produire Isabeau Machefoing? Il est permis d'en
douter.
Bien que cet original nous ait fait défaut, nous avons cru
nous en rapprocher autant que possible, en reproduisant pour
Y Introduction le texte du ms. n° 2868, éclairé par une
comparaison avec celui du ms. n° 2869, et, pour les deux
livres des Mémoires, le texte de ce dernier. Nous avons
pris soin d'indiquer dans les notes les additions, changements,
corrections ou lacunes de l'édition Sauvage et celles qui
l'ont suivie, au moins toutes les fois qu'il ne s'agissait pas
d'un mot insignifiant et d'une simple différence d'ortho-
graphe. Si, pour le traité d'Arras seulement, nous avons
remplacé le texte de La Marche par celui de l'un des instru-
1. Molinet, Chroniques, V, 240. "V. Brassart, Histoire et généa-
logie des comtes de Lalaing, et Mémoires sur Valenciennes, de Goc-
queau (Archives de Belgique à Mons), t. II, fol. 501. M. Stein a
publié « la rédargution que fit monsieur Charles de Lalaing contre
le livre des Mémoires de messire Olivier de la Marche, » d'après
le ms. Histoire, n° 70, de la Collection Moons-Van-der-Straelen-Van-
Lerius, qui se trouve aux Archives d'Anvers. Mais ce document
existait déjà dans Molinet.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. C1X
ments officiels, conservé aux Archives de la Côte-d'Or, nous
avons en cela déféré au désir formellement exprimé, au nom
de la Société de l'histoire de France, par notre commissaire
responsable. Tout en respectant les textes, il nous a paru
cependant convenable de substituer le v à Vu et le j à Yi,
conformément à l'usage actuel. Nous avons pris une liberté
semblable pour la ponctuation et l'emploi des majuscules.
Quant aux notes purement historiques, nous avons dû les
multiplier, afin de rectifier les erreurs chronologiques com-
mises par le chroniqueur, et cela n'a pas été la moindre par-
tie de notre tâche. La vérité, sur quelque sujet que ce soit,
tient en quelques lignes. Mais on ne calculera jamais avec
exactitude ce que coûte de travail le redressement d'une
simple erreur de date.
3° Ms. de la Bibliothèque nationale, n° 23232, fonds fr.,
papier. Ecriture du xvf siècle ; 383 feuillets de 280 millim.
sur 197. Provient du -président Bouhier.
Il est intitulé : « Cy commence le premier volume des
mémoires de messire Olivier de la Marche. Révérence, hon-
neur, oblation, etc. » Dans sa Bibliothèque des auteurs
de Bourgogne, Papillon lui donne pour titre : Mémoires
contenant ce qui s'est passé à la cour de Philippe le
Bon, de Charles, dernier duc de Bourgogne, et de la
princesse Marie , leur fille , jusque vers la fin du
XVe siècle. C'est une copie du ms. n° 2869.
4° Ms. de la Bibliothèque de la ville de Valenciennes,
n° 581. Petit in-fol. sur papier, relié en veau; écriture cur-
sive gothique à longues lignes du xve siècle, 152 feuillets
de 35 lignes à la page ; initiales rouges.
Les 43 premiers feuillets de ce ms. renferment une partie
de la description des noces de Marguerite d'York avec
Charles le Téméraire, c'est-à-dire du ch. iv du liv. II des
Mémoires. Ils commencent à ces mots : « De Sainct Pol,
Monsieur de Roussy. » Il y manque un feuillet qui s'inter-
calait entre le cinquième et le sixième.
CX NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
On y trouve également, aux feuillets 44-61 , le récit, sur
lequel nous reviendrons plus loin (B. IV), du pas d'armes
tenu à Gand par Claude de Vaudrey, seigneur de l'Aigle,
en 1469 (v. s.).
Tel qu'il est, ce ms. ne donne donc qu'un court fragment
des Mémoires. Il n'offre d'ailleurs que de rares et légères
variantes de mots ou d'orthographe avec le texte des mss.
précédents et semble se rattacher à la famille du suivant.
5° Ms. de la Bibliothèque publique de la ville de Lille,
G. A. 23 de l'ancien répertoire, aujourd'hui classé sous le
n°329, grand in-fol. non paginé, de 503 feuilles, sur papier.
Ecriture du xvie siècle. Provenant de l'abbaye bénédictine
de Notre-Dame de Loos.
Ce ms. contient Y Introduction et les deux livres des
Mémoires. Il commence par ces mots : « Révérence, hon-
neur, oblacion y et finit par ceux-ci : « Je fais fin de mes
volumes. Tant a souffert La Marche, » c'est-à-dire par la
dernière phrase du treizième chapitre du livre I de l'édition
de 1562 et des suivantes.
Le texte de ce ms. diffère très peu de celui que nous don-
nons ici. Cependant on y remarque une interversion dans
l'ordre des livres. Ainsi les treize premiers chapitres du
livre I se trouvent placés à la fin du volume. Le livre II com-
mence au chap. xiv de l'édition de Denis Sauvage et des
postérieures. L'Introduction n'est pas divisée par cha-
pitres, comme dans ces éditions, ou même comme dans le ms.
n° 2868, mais par des paragraphes désignés sous ces titres :
Histoire ; Grande Histoire ; Petite Histoire. VÉtat de
la maison du duc Charles ne s'y trouve pas. A la suite des
Mémoires se trouve une nomenclature des saints person-
nages de la maison de Bourgogne, ainsi terminée : « Dudit
Phelippe descendit Monsieur le duc Jehan; dudit duc Jehan,
Phelippe; dudit Phelippe, Charles à qui Dieu doint victoire
et bonne vie. Mil 1111e LXXVI. Et sic est finis. Monsei-
gneur, cecy vous présente Jacobin de Tenuyerres, vostre
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXJ
serviteur. » Ce fragment n'appartient donc pas à La Marche.
6° Ms. de la Bibliothèque royale de Bruxelles, n° 10999,
in-fol. de 418 feuillets et 835 pages. Petite écriture du pre-
mier quart du xvie siècle. Point de miniatures. Provient des
jésuites d'Anvers.
Il commence par ces mots de Y Introduction : « Révé-
rence, honneur, oblacion, » et finit par le paragraphe du
dernier chapitre du IIe livre des Mémoires, dont les pre-
miers mots sont : « Et peult-on entendre » et les derniers :
« Vertueux prince. » Son titre est : De rébus burgundicis
libri très .
Ce manuscrit donne le texte complet des chroniques de
La Marche, mais ne s'éloigne pas de celui que nous fournit
le n° 2869, dont il semble être une copie. Il a très peu de
valeur.
7° Ms. de la Bibliothèque royale de Bruxelles, n° 5760,
aliàs 5763, petit in-fol., d'une écriture de la fin du
xvif siècle.
Il est intitulé : Chronyk van Brabant en Vlaend (603-
1497), ou encore : « Généalogie et descente de Philippe
d'Austrice, » et donne la généalogie des ducs de Bourgogne
jusqu'à Philippe le Bon. Il commence ainsi : « Le bisayeul
de cestuy Philippe. » C'est un fragment de Y Introduction,
modifié et accommodé par le copiste, qui en a fait disparaître
l'interlocuteur auquel Olivier s'adresse à la deuxième per-
sonne du pluriel. Il n'offre aucun intérêt.
8° Ms. de la Bibliothèque du musée Plantin , à Anvers,
n° 141. Papier; copie du xvie siècle.
9° Ms. de la Bibliothèque de sir Thomas Philipps, en
Angleterre, n° 4291. Nous n'avons pas malheureusement
de renseignement sur ce manuscrit.
10° Ms. de la Bibliothèque royale de la Haye, n" 1344
(fonds Gérard, A. 130).
Dans l'appendice de sa Bibliothèque prottjpographique ,
p. 317, M. Barrois cite, sous le n" 2242, comme provenant
Cxij NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
de la librairie des ducs de Bourgogne un ms. intitulé :
« Ordonnance du banquet que fist en la ville de Lille Phi-
lippe, duc de Bourgongne, en 1453, le 17 février, avec les
vœux des seigneurs de Flandres, d'Artois et de Hainault, la
bulle de Pie II en 1463etuneépistre. » Petit in-fol. sur vélin,
d'environ 200 feuillets. Dans l'inventaire de la librairie de
ces ducs « qui est en la maison à Bruges, » circa 1467, on
trouve aussi, dit Barrois, ïbid. , p. 195, la mention suivante :
« Ung autre livre en parchemin , couvert de cuir jaune,
escript tout neuf, intitulé au dos : le banquet, la beulle et une
espitre, quemanchant : Pour ce que grandes et honnourables
euvres, et le dernier feuillet : Se les Turcs sont en très gros
nombres. » Enfin, M. Van Praet, dans ses Recherches sur
Louis de Bruges (notes, p. 326, n° 13), cite « l'Ordon-
nance du Banquet, ms. in-4°, original, qui se trouve dans
la Bibliothèque du Roi. » Ce dernier ms. semble être celui
qu'a décrit plus haut Barrois comme étant un petit in-folio.
Or, dans le ms. précité de la Haye, n° 1344, qui est écrit
de sa main, M. Gérard, auteur d'un travail sur la vie et les
œuvres de La Marche, déclare, dans une note ajoutée à sa
copie faite en 1786, qu'il a extrait « les vœux » d'un ms.
sur vélin, in-4°, relié en maroquin rouge, qui faisait partie
de la Bibliothèque de Bourgogne à Bruxelles et en fut enlevé
après la prise de cette ville en 1746 par les Français qui le
déposèrent à la Bibliothèque du roi à Paris. Restitué depuis
par la France, il fut replacé dans celle de Bourgogne le 7 juin
1770; mais les troupes françaises le reprirent de nouveau,
ajoute M. Gérard, en 1795. Qu'est devenu ce ms. dont l'au-
teur est, d'après toute vraisemblance, Olivier delà Marche?
M. de Beaucourt, dans son édition de Mathieu d'Escouchy,
t. II, p. 116, note, dit qu'il ne connaît à la Bibliothèque
nationale d'autre relation du banquet de Lille que celle du
ms. Baluze 103193 (Fr. 7539). Quoi qu'il en soit, la copie
faite par M. Gérard subsiste à la Haye dans le ms. n° 1344
cité plus haut.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CX11]
Tels sont les seuls manuscrits actuellement connus des
Mémoires d'Olivier de la Marche. Il est probable, il est cer-
tain même qu'il en a existé plusieurs autres, soit complets,
soit par fragments. Dans sa Bibliothèque protypogra-
phique précitée, p. 317, Barrois indique comme provenant
de la librairie des ducs de Bourgogne une histoire de Bour-
gogne, par Olivier de la Marche, in-fol. sur papier. Il cite
dans le même ouvrage, p. 190, comme figurant dans l'in-
ventaire de la librairie de ces ducs à Bruges, circa 1467,
« ung livre en papier couvert de parchemin, escript a deux
coulompnes et au dessus. : du conte de Ponthieu, du roy
Pépin, etc., un quayer de papier non atachiez : des
armes que Monseigneur Jacques de Lalaing fist emprez
Chalon en Bourgongne. » Était-ce un extrait des
Mémoires1^ On ne saurait le dire. Que sont devenus tous
ces manuscrits? Il est impossible de le déterminer.
Dans sa notice sur Olivier de la Marche {Nouvelle Bio-
graphie générale de Didot), M. Vallet de Viriville prétend
que le ms. delà Bibl. nat. n°9597, 9, 4 (aujourd'hui n° 4907,
fonds franc.) contient des mémoires de notre chroniqueur,
mais il a commis sur ce point une inexactitude. Le ms. ainsi
désigné ne renferme que des fragments des Chroniques de
Mathieu d'Escouchy sur la guerre de Gand, la prise de
Secauebergue et celle de Poucques1.
Les Mémoires d'Olivier de la Marche ont été imprimés à
plusieurs reprises :
1° Édition de Denis Sauvage. Lyon, Guillaume Ro ville,
1562.In-fol. dex-435-4p.
2° Édition de Jean Lautens. Gand, Gérard de Salenson,
1566 et 1567. In-4° de xvi-645 p.
3° Bruxelles, Hubert Antoine, 1616. Petit in-8° dexxvm-
713 p.
1. V. l'Introduction à la Chronique de Mathieu d'Escouchy,
par M. le marquis de Beaucourt, p. xun.
h
Cxiv NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
4° Louvain, Everaerdt de Witte, 1645. In-4° de 714 p.
5° Collection universelle des Mémoires particuliers
relatifs à V Histoire de France, t. VIII (xiv-422 p.) et
t. IX (les 359 premières pages). Londres et Paris, 1785.
Réimpression de l'édition de Gand.
6° Collection complète des Mémoires relatifs à V His-
toire de France, par Petitot, t. IX (478 p.), t. X (566 p.).
Paris, Foucault, 1820.
7o Edition Buchon, dans le Panthéon littéraire. Paris,
1837.
8° Nouvelle collection des Mémoires pour servir à
V Histoire de France, par Michaud et Poujoulat, l'e série,
t. III, p. 301-577. Paris, 1837.
B.
Pièces historiques et philosophiques.
I. Estât de la maison du duc Charles de Bourgogne,
dit le Hardy.
Cette pièce a été écrite sur la demande d'Edouard, roi
d'Angleterre, qui voulait se constituer une maison semblable
avant d'opérer sa descente en France. Elle est adressée à
Yavitailleur de Calais et datée du siège de Neuss, en
novembre 1474. Mais cette date ne paraît être que celle de
sa transcription ou de son envoi. En effet, Olivier y indique
la composition du conseil de justice ducal tel qu'il existait
en 1471, d'après Wielant1, et ne fait aucune allusion à l'ins-
titution du parlement de Malines, établi par l'édit de Thion-
ville en 14732. D'autre part, il y tient compte des modiflca-
1. Antiquités de Flandre, dans le Corpus chron. Flandrie, t. IV,
p. 135.
2. V. Placards de Brabant, 4e part., p. 32t.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXV
tions apportées à la composition des compagnies d'ordonnance
et de leur division en escadres par l'ordonnance de 1473
rendue à Trêves1. On peut donc fixer entre cette ordonnance
et l'édit de Thionville la date de la première rédaction de
Y État de la maison.
1° Ms. de la Bibliothèque nationale de Paris, n° 5365,
fonds français, papier, 52 feuillets. Belle écriture de la fin du
xve ou plutôt du commencement du xvie siècle.
A la suite de ce ms. se trouve une petite chronique étran-
gère aux œuvres d'Olivier de la Marche, et dont la présence
indique qu'il s'agit ici d'une copie faite en dehors de celui-ci
et après lui. Dans l'appendice de sa Bibliothèque protypo-
graphique, p. 317, Barrois cite comme provenant de la
librairie des ducs de Bourgogne un ms. de Y Etat de la
maison. Mais il ne s'agit pas sans doute du n° 5365, qui est
plus récent.
En tout cas, cette copie est bonne ; elle a été faite avec
soin, et nous y avons plus d'une fois recouru pour cette
édition.
2° Ms. de la Bibliothèque nationale de Paris, n° 18689,
fonds français (n° 1570 du fonds Saint-Germain), papier.
Ecriture du xvf siècle, 91 feuillets de 276 millim. sur 208 ;
reliure en bois, recouverte de cuir, du temps. Il a appartenu
à Jacqueline de Créquy et à L.-A. Tort, de Salins.
Il commence au fol. 1 par ces mots : « En accomplissant
à vostre requeste, etc. »
Au fol. 76 se trouve le débat de Cuidier et de Fortune.
3° Ms. de la Bibliothèque nationale de Paris, fonds fran-
çais, n° 5413. Copie du xvr siècle, papier.
4° Ms. de la Bibliothèque impériale de Vienne, n° 3392
(X. D. 50-Cat. hist., 263), papier. Écriture de la fin
du xve siècle ou du commencement du xvf, lettres rouges
1. Guillaume, Histoire de l'organisation militaire des ducs de
Bourgogne.
CXVJ NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
ornées; reliure en bois recouverte en cuir. In -4° de
287 feuillets.
Il commence également par ces mots : « En accomplissant
à vostre requeste, etc., » et finit au fol. 63 par ceux-ci :
« Le bien vostre Olivier de la Marche, chevalier, conseiller
et maistre d'ostel de monseigneur le duc de Bourgongne,
capitaine de sa garde et son bailly d'Amont ou conté de Bour-
gongne. Tant a souffert La Marche. »
Ce ms., très correct, a été collationné avec le ms. de la
Haye, n° 62, pour l'édition actuelle.
5° Ms. de la même bibliothèque, n° 3360 (X. D. 58-Cat.
hist. , 280), papier. Ecriture du commencement du xvie siècle,
lettres rouges ornées ; reliure en cuir. In-4°.
A la suite de Y Avis des gratis officiers que doit avoir
ung Roy et de leur pouvoir et entreprise, placé en tête
de ce ms., se trouve Y État de la maison, qui commence et
finit comme ci-dessus.
Bonne copie, vraisemblablement revue par Olivier de la
Marche. Nous l'avons consultée avec soin pour l'édition
actuelle.
6° Ms. de la Bibliothèque de la ville de Douai, anc. G. 511 ,
D. 848, aujourd'hui n° 903. Petit in-fol. papier, relié en
veau, de 90 feuillets, mesurant 290 mill. sur 200; écriture
gothique mixte de 22 lignes longues à la page, piquées et
tracées à la mine de plomb, de la fin du xve ou du commen-
cement du xvie siècle; majuscules gothiques rouges qui ne
sont pas remarquables au point de vue calligraphique ; point
de ratures, mais quelques fautes de copiste ; la disposition de
la signature, placée dans le corps du texte, et les caractères
très ordinaires de l'écriture indiquent non seulement qu'ils
ne sont point de la main de La Marche, contrairement à
l'opinion de l'auteur d'un article inséré dans les Archives
du Nord, nouv. sér., II, 114, mais qu'il n'a pas été écrit
pour un prince de la maison de Bourgogne. Provient des
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXvij
capucins de Douai, à qui il a été donné au xvif siècle par
Antoine Le Francq.
Il commence par ces mots : « En accomplissant à vostre
requeste, Monsieur l'avitailleur de Caloys, » et finit par
ceux-ci : « Capitaine de sa garde et son bailly d'Amont ou
conté de Bourgoigne. »
Les éditeurs précédents n'ont pas fait usage de ce ms. , dont
ils ne reproduisent ni le commencement ni la fin. Mais, sauf
ces deux paragraphes omis et quelques erreurs d'orthographe
ou de mots mal lus par le copiste, il ne donne aucune variante
importante avec les éditions imprimées. Papillon1 semble
toutefois l'avoir connu, mais par ouï-dire seulement, car il
fait un ouvrage séparé d'une pièce qu'il intitule : Discours
dressé à M. l'avitailleur de Calais des états, affaires,
police et revenu annuel des deux derniers ducs de
Bourgogne.
7° Ms. de la Bibliothèque royale de la Haye, T. 29
(Gérard, B. n°62), in-4° de 47 feuillets, papier. Écriture
du commencement du xvf siècle. On lit en tête : Ex Gérard2,
B. n° 62. Pas de miniatures ni de lettres ornées.
Ce ms., très correct, qui se rapproche beaucoup de celui
de la Bibliothèque nationale n° 5365, mais qui est plus com-
plet, est celui que reproduit l'édition actuelle, bien qu'il soit
l'œuvre d'un copiste. Il contient, avec plus d'exactitude,
toutes les matières du ms. précité de Douai, et c'est le motif
qui nous l'a fait préférer. On l'a souvent regardé comme
l'original ; mais il paraît plus vraisemblablement copié sur
celui-ci, qui a disparu.
8°Ms. delà Bibliothèque royale de Bourgogne à Bruxelles,
n° 10443, petit in-fol.; jolie écriture du xvi° siècle. Pas de
miniatures. Copie passable.
1. Bibliothèque des auteurs de Bourgogne.
2. Georges-Joseph Gérard, premier secrétaire de l'Académie
de Bruxelles, mort en 1814.
CXviij NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Ce ms., enlevé aux archives de la secrétairerie d'État et
de guerre de Bruxelles lors de l'invasion française en 1746,
fut restitué plus tard avec les mss. pris à la Bibliothèque de
Bourgogne. Il commence, comme les deux précédents, par
ces mots : « En accomplissant à vostre requeste, » et n'en
diffère pas sensiblement.
9° Ms. de la Bibliothèque nationale de Madrid, estante
Aa-54, in-fol. papier; écrit en lettres claires du second tiers du
xvie siècle, compris dans un volume couvert en parchemin,
contenant plusieurs autres pièces de Pedro Chacon, et pro-
venant de la bibliothèque de Saint-Vincent des RR. FF. Prê-
cheurs de la ville de Plaisance, à qui il avait été transmis
par les héritiers de D. Pedro Carvajal, évêque de Goria, qui
le tenait lui-même de D. Garcia de Loaysa, archevêque de
Tolède.
Ce ms. renferme une traduction espagnole de Y État de la
ynaison sous le titre de : El estado de la casa del Duque
Carlos de Borgona, y or don de la guerra puesio todo
por escripto por Oliver os de la Marcha, cavallero, con-
sejero y mayordomo del dicho Duque, capitan de su
guarda y balyo de Amont enel condado de Borgona,
trasladado de francés en vulgar castellano. Il commence
au fol. 113 par ces mots : « Ay en su capilla quaranta perso-
nas, » et finit au fol. 175 par ceux-ci : « En la casa de
Borgona viene à montar cada ano dos millones. » Cette
traduction est donc moins complète que les manuscrits pré-
cédents.
10° Ms. de la Bibliothèque nationale de Madrid, E-35,
in-fol. papier, de 96 pages, couvert en parchemin, de la fin
du xvf siècle.
Traduction espagnole de Y État de la maison, commen-
çant, fol. 1, par : « En su capilla tiene el Duque quarenta
personas, » et finissant, fol. 46, par : « En Alemana en el
mes de noviembre de mill y quatrocientos y setenta y qua-
tro. » Aux fol. 48-96 se trouve une Relaçion de la forma
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. cxix
de servir que se ténia en la casa del Emperador Don
Carlos nuestro senorque ayr gloria el ano de 1545, de
Juan Sigoney, qui était, en 1573, contrôleur de la maison
de Charles-Quint. Cette relation débute par la traduction de
l'envoi à l'avitailleur de Calais.
11° Ms. de la Bibliothèque nationale de Madrid, Q-229,
in-4°, en lettres variées du xvne siècle, contenant, fol. 1-28,
une traduction espagnole de Y État de la maison qui com-
mence par : « E cumplido vuestra demanda y He hecho en
brève todo to que he podido del estato y casa del duque
Charles de Borgona my Soberano Sr, » et finit par : « Los
conductores de las dhàs ordenanzas. »
12° Ms. de la même bibliothèque, E-179, in-4°, renfermant
une traduction espagnole du même Etat, « escrita en el
ano 1647. »
13° Ms. de la même bibliothèque, Dd-8, in-fol. papier, de
85 pages, relié en parchemin, avec dédicace autographe du
P. Burriel, de la Compagnie de Jésus, à Tolède, le 8 mars
1755, contenant El estado de la casa del Duque Carlos
de Borgona, etc., avec « Anadidas dos relaciones de la
casa del Emperador Dn Carlos V, y del Rey Dn Phelipe
Segundo. »
14° Ms. de la Bibliothèque d'Oxford, Bodléienne, Douce
n° 181 ; copie du xvie siècle sur parchemin, in-fol. de 58 feuil-
lets. Provient de Lalaing.
15° Ms. de l'université de Groningue, Lb, section de l'His-
toire de France. Ecriture de la fin du xve siècle, in-4° papier,
comprenant onze cahiers de 8 feuillets. Porte la signature
autographe de G. Alting, bourgmestre de Groningue en
1619. En tête, on lit, au verso de la feuille de garde : Liber
academicus ex donatione v. cl. Joachimi Altingii cons.
anno 1619, martii. C'est une traduction flamande ano-
nyme de Y État de la maison. Dédiée à Daniel de Milan,
elle a été imprimée, sous le titre latin de Rationarum aulœ
Caroli audacis analecta, dans le 1. 1 de la collection d'An-
CXX NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
tonius Mattheus, intitulée Veteris œvi analecta, Leyde,
1698, 10 vol. in-8°, et édit. de la Haye, 1738.
V Estât de la maison du duc Charles fut, comme on le
voit, fréquemment copié et traduit, ce qui indique le prix
qu'on y attachait, car il ne fut imprimé pour la première fois
qu'en 1616, à Bruxelles, chez Hubert Antoine, 1 vol. in-4°.
Réimprimé depuis dans presque toutes les éditions des
Mémoires, il a eu également, comme nous le disons ci-
dessus, les honneurs d'une traduction flamande.
D'après Moréri, cet opuscule serait suivi d'un autre inti-
tulé : Enterrement des ducs de Bourgogne et cérémo-
nies d'un baptême. On ignore où ce biographe a pu puiser
un semblable renseignement que démentent les manuscrits
connus.
II. Atns des grands officiers que doit avoir un roi et
de leur pouvoir et entreprise, avec dédicace au roi des
Romains Maximilien d 'Autriche.
C'est une lettre d'envoi de Y État de la maison du duc
Charles à Maximilien datée de Bruxelles, 10 juin 1500.
Nous la donnons dans cette édition pour la première fois.
Ms. précité de la Bibliothèque impériale de Vienne, n° 3360
(X. D. G. 8-Cat. hist., 280, et Jur. Civ., 197). Ce ms.
est une copie faite peut-être sous les yeux de La Marche, car
il y a des mots soulignés après coup et qui se rapportent à sa
personne. L'État de la maison suitl' Avis dans ce manuscrit.
III. Historia nuptiarum Caroli ducis Burgundiœ ou
Traictié des nopces de monseigneur le duc de Bour-
goigne et de Brabant, relation des fêtes du mariage de
Charles le Téméraire avec Marguerite d'York , écrite en 1 468 .
Ms. de la Bibliothèque nationale de Turin (G1 21; Manus-
cript. g allie, codex XXI, L, V, I), papier. Écriture du
xve siècle, in-4°.
Imprimé dans les Mémoires de la Commission des anti-
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXJ
quités de la Cote-d'Or, t. IX, p. 311-353, par MM. Aug.
Dufour et Fr. Rabut, avec tirage à part.
Cems., évidemment contemporain d'Olivier de la Marche,
contient plusieurs pièces de sa composition en prose et en
vers. Au fol. 131 commence cette relation, déjà signalée par
M. Paul Lacroix1, et qui se termine au fol. 158. On suppose
qu'elle a été envoyée par notre chroniqueur à la cour de
Savoie peu après le mariage de son maître, au moment où il
adressait un récit des mêmes cérémonies à son collègue et
ami Gilles du Mas, maître d'hôtel du duc de Bretagne, récit
qu'il a inséré in extenso dans ses mémoires. Cependant, les
corrections faites par une autre main que celle du transcrip-
teur du texte pourraient démentir cette opinion, car il semble
un peu surprenant qu'Olivier ait envoyé au duc de Savoie un
ms. raturé. Quoiqu'elles ne diffèrent qu'en un petit nombre
de passages, les deux descriptions se complètent l'une par
l'autre. Le ms. de Turin renferme notamment sur l'arrivée
de la flottille anglaise au port de l'Ecluse, sur ses passagers
et sa réception à Dam, sur les choses requises du chevalier
de l'Arbre d'or, sur les costumes, les meubles, les harnais,
les incidents de la température, sur les « louables histoires »
qui paraient les rues de Bruges, et le rôle particulier du sei-
gneur de la Marche une foule de détails qui ne se rencontrent
pas dans les Mémoires. Sa narration est, en un mot, plus
minutieuse et plus personnelle.
IV. Traicté d'un tournoy tenu à Gand par Claude
de Vauldray, seigneur de Laigle, Van 1469 (v. st.). Cet
ouvrage a été écrit probablement en 1470 et adressé à Phi-
lippe, comte de Bresse.
1° Ms. de la bibliothèque publique de Valenciennes, n° 601 ,
in-fol. sur papier. Ecriture cursive gothique à longues lignes
du xvie siècle, avec figures coloriées et nombreux blasons.
1. Mélanges historiques, t. III, supplément, p. 322, dans la Col-
lection des documents inédits sur l'histoire de France.
CXXJj NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Au fol. 168 de ce ras. intitulé : Diverses joustes et tour-
nois, fêtes et rois de l'épinette, se trouve ce traité ou plu-
tôt cette description qui se termine par la devise connue de
notre chroniqueur : tant a souffert La Marche. On estime
que le ms. lui-même est de la main de Jacques Le Boucq,
peintre et généalogiste, héraut de la Toison d'or sous
Charles-Quint, mort le 2 mai 1573 et enterré à Valen-
ciennes, dont sa famille était originaire1.
2° Ms. de la même bibliothèque, n° 581, petit-in-fol.,
papier, de la fin du xve siècle, fol. 44-61 , intitulé Recueil de
pièces diverses. Le texte donné dans ce ms. paraît
médiocre2.
3° Ms. du xvie siècle, sur papier, aujourd'hui entre les
mains de M. Van Trigt, libraire à Bruxelles, et provenant
de la bibliothèque d'un bibliophile lyonnais, M. J. Renard,
qui l'avait acheté à la vente H. D. M. (Paris, Potier, 1867).
Il portait le n° 1477 dans le catalogue de la vente des livres
de M. Renard (Labitte, 1881).
Le Tournoy de Claude de Vauldray a été publié par
M. B. Prost en 1872 d'après les deux manuscrits de Valen-
ciennes.
V. Espitre pour tenir et célébrer la noble feste du
Thoison d'or.
Cette épître, écrite par Olivier de la Marche en décembre
1500 ou janvier 1501, à l'âge de soixante-treize ans, est
l'une de ses dernières œuvres, et, à ce seul titre, nous a paru
devoir être reproduite, sans tenir, d'ailleurs, compte des
détails curieux qu'elle renferme sur le cérémonial usité pour
les fêtes et les chapitres de l'ordre de la Toison d'or. Il
1. Mangoard, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de
Valenciennes, p. 595.
2. Dans ce manuscrit se trouvent plusieurs pièces inédites de
Michault Taillevent, secrétaire du comte de Gharolais et poète
bien connu.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXllj
l'adressa à Philippe le Beau , auquel ses Mémoires sont aussi
dédiés.
On n'en connaît que trois manuscrits, dont aucun n'est
l'original, mais seulement une copie faite au xvie siècle. Le
texte authentique paraît avoir été déposé dans les archives
de l'ordre et fut annoté par Laurent du Blioud, seigneur du
Sart, chevalier, secrétaire et greffier de l'ordre de la Toison
d'or, qui a rédigé la « forme de l'indiction et insinuation du
chapitre du très insigne ordre du Thoison d'or, de la célébra-
tion d'icelluy et des sollempnitez et cérimonies y requises,
prinse et extraicte des statutz dudit ordre, de diverses ins-
tructions, mémoires et ordonnances, et des registres des
chapitres, actes et cérimonies d'iceulx. » Ce travail de com-
pilation, accompli sur l'ordre de Charles-Quint à la suite du
chapitre tenu à Tournay en décembre 1531, fut communi-
qué à « vénérable messire Philippe Nigri, docteur es droiz,
grand archidiacre de Thérouanne et doyen de Saiiit-
Rombault, à Malines, chancellier, à messire Jehan Micault,
seigneur et maire de Lalouet, aussi chevalier, trésorier,
et à Thomas Ysacq, dict Thoison d'or, roy d'armes dudict
ordre. »
L'épître d'Olivier de la Marche figure : 1° au fol. 77 d'un
manuscrit n° 5046, fonds français, de la Bibliothèque natio-
nale (ancien Colbert, 3083), dans lequel se trouvent rassem-
blés divers documents sur la Toison d'or; 2° dans le ms.
Renard ou Van Trigt, précédemment cité à propos du Tour-
noi/ de Claude de Vauldray. Elle est, comme on l'a dit,
du xvie siècle et occupe dans le volume les feuillets 90 à 106 ;
3° enfin, une troisième copie, du même siècle, mais soignée,
sur papier in-fol., est conservée à la Bibliothèque de la ville
de Besançon, mss. Chiflet, n° 108, fol. 51-67, sous le titre
de « Advis de messire Olivier de la Marche, premier maistre
d'hostel de l'archiduc Philippe, pour tenir et célébrer la feste
de la Thoyson d'or. »
Pontus Heuterus a traité cette épître d'impertinente et de
CXxiv NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
prolixe1; critique vivement relevée par J. Weiss dans sa
Dissertation sur V ordre de la Toison d'or, publiée en
1730 à Wittemberg.
M. Prost a édité ce travail d'après le ms. de la Biblio-
thèque nationale.
VI. Les gages de bataille.
On connaît plusieurs manuscrits de ce traité écrit vers
1494 et qui a été imprimé pour la première fois à Paris, en
1586, chez Jean Richer, in-8°, sous le titre de : « Traitez et
advis de quelques gentilshommes françois sur les duels et
gages de bataille, assavoir de messire Olivier de la Marche,
de messire Jean de Villiers, s. de l'Isle-Adam, de messire
Hardouin de la Jaille, et autres escripts sur le mesme sujet
non encore imprimés. »
La même année, le même éditeur a publié séparément
l'œuvre de La Marche.
Jean de Villiers, maréchal de l'Isle-Adam, chevalier de la
Toison d'or, aïeul de l'illustre grand-maître de Malte, avait
composé, sur l'ordre de Philippe le Bon, un « formulaire du
gaige de bataille. » A son exemple, Olivier de la Marche
écrivit un formulaire semblable, sur l'invitation de Philippe
le Beau, ou plutôt il « réforma » celui de Jean de Villiers et
l'intercala dans son œuvre. Il indique lui-même, dans le
cours de celle-ci, l'époque à laquelle il l'entreprit. Ce fut
après avoir « achevé, dit-il, plusieurs volumes, grans et
petis, et nouvellement le Chevalier délibéré, le Parement
des dames, et ce que j'ai escrit pour tenir forme et ordre à
la feste de la Toison d'or, et le premier volume de mes
Mémoires, moy qui ay demeuré en ceste noble cour (de
Bourgoigne) plus de soixante ans. »
Les manuscrits de ce travail sont les suivants :
1° Ms. de la Bibliothèque nationale, n° 1436, fonds fran-
1. Rerum burgundicarum, liv. IV.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXV
çais (ancien 75283, Cangé 71), vélin et papier; miniatures
coloriées. Ecriture du xvie siècle; texte médiocre.
Au fol. 140 commencent les Gages de bataille par ces
mots : « Mon très redoubté seigneur, par la grâce de Dieu,
archeduc d'Austrice, » et ils se terminent par ceux-ci : « De
ce gentil chevallier le seigneur de l'Isle-Adam » (fol. 153).
2° Ms. de la même bibliothèque, n° 5518, fonds français
(ancien 9910), papier. Écriture du commencement du
xve siècle, provenant de du Bouchet; assez bon texte.
Des fol. 1 à 28 se trouve « le livre de l'advis de gaige de
bataille, » commençant par ces mots : « Mon très redoubté
et souverain seigneur Philippe. »
3° Ms. de la Bibliothèque nationale, fonds Duchesne, n° 49
(ancien 6912 A. B. E.), in-fol., papier, de 548 feuillets, du
milieu du xvne siècle. Copie assez exacte mêlée à des extraits
de chroniques, de cartulaires, etc., et à des pièces historiques.
4° Ms. de la même bibliothèque, fonds Brienne, n° 272,
in-fol., papier, de 468 feuillets, du milieu du xvne siècle,
intitulé : « Cérémonies anciennes observées aux gages
de batailles, » etc. Texte peu important.
5° Ms. de la même bibliothèque, fonds français, n° 16752,
in-fol., papier, sans pagination après le feuillet 145, de la
seconde moitié du xvne siècle. Copie du précédent.
6° Ms. de la même bibliothèque, fonds français, n° 194
(ancien 68532, Baluze 27), in-fol., papier, de 575 feuillets,
de la fin du xvne siècle. Egalement copie de celui qui est ci-
dessus décrit sous le n° 4.
7° Ms. de la Bibliothèque d'Angers, n° 972, petit in-4°,
papier, de 36 feuillets, de la fin du xve siècle. Le texte de ce
ms. est correct et a servi à l'édition donnée en 1872 par
M. Bernard Prost sous le nom de Traités du duel judi-
ciaire. Il est contemporain d'Olivier de la Marche. Son
auteur a confondu l'œuvre de ce dernier avec le Livre du
seigneur de l'Isle-Adam pour gaige de bataille.
8° Ms. de la Bibliothèque de la ville de Rouen, n° 1152
CXXVJ NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
(ancien E. 102). Écriture de la fin du xve siècle. In-4° sur
parchemin, 14 feuillets. Provient des capucins de Mortagne.
9° Ms. du British Muséum, n° 5217, copie du xvie siècle,
in-4° sur parchemin, 35 feuillets1.
10° Ms. de la Bibliothèque publique de Besançon, ms. Chi-
flet, n° 96, fol. 118-148. Copie soignée des premières années
du xvie siècle, papier, in-4°, avec titres, lettrines et bouts de
lignes en vermillon, majuscules mouchetées à la gomme-
gutte. La signature latine de Jean-Jacques Chiflet est en haut
ainsi qu'en bas de la première page.
Un ms. de la bibliothèque de l'Arsenal, à Paris, n° 4379,
contient « les cérémonies et ordonnances appartenant à gage
de bataille fait pour querelle, etc. » Un autre ms. de la Biblio-
thèque nationale, n° 2257, fonds français, est intitulé « les
ordonnances des faitz qui s'appartiennent à ung gage de
bataille, faittes par la haulte prudence du bon roy Philippe
de France. » Enfin, dans un ms. du xve siècle appartenant
au comte de Ribaucourt, en -Belgique, en 1841, et décrit par
M. Gachard dans les Comptes-rendus des séances de la
commission roijale de V histoire de Belgique, 1842,
p. 371, se trouve au fol. 96 « la manière de gage de bataille
selon la coutume générale de France. » Mais ces ouvrages"
ne doivent pas être confondus avec celui d'Olivier de la
Marche.
VIL « Lettre d'Olivier de la Marche à monsr le comte
de Nevers et de Retellois... Bruselle, le vne d'octobre. »
Ms. de la Bibliothèque nationale, n° 2901, fonds français
(ancien 8440), papier, xve siècle.
Cette lettre se trouve au fol. 17 de ce ms., intitulé :
Recueil de lettres et de pièces originales, et de copies
de pièces.
Publiée dans la présente édition ; par M. Stein, p. 168, et
1. V. Bibl. Harleianss Cat. libror. ms., t. III, p. 252.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXvij
antérieurement dans la Collection des documents inédits,
t. II, p. 395.
VIII. Lettre d'Olivier de la Marche sur la reddition de
Beaurevoir, du 5 novembre 1572, et datée de Beaurevoir.
Extraite des archives cantonales de Neufchàtel, en Suisse,
C. 16, n° 1. M. H. Stein l'a publiée dans son Étude pré-
citée, p. 203.
IX. Autre lettre d'Olivier de la Marche aux gens de la
chambre des comptes relativement au contrôle de la dépense
de l'hôtel de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Datée
de Bruxelles, le 8 janvier 1478.
Extraite des archives du Nord, B. 2117. M. H. Stein en
a également donné le texte dans Y Étude précitée, p. 184.
X. Petit mémorial sur la feste de la Thoison d'or
solemnisée à Bois-le-Luc en 1481.
Cette pièce n'est connue que par un seul manuscrit, déjà
cité , celui de la Bibliothèque nationale de Turin (G1 21 ;
Manuscript. gall. codex., XXI, L, V, I). Elle appartient
vraisemblablement à notre chroniqueur, mais il serait témé-
raire de l'affirmer avec une entière certitude. Imprimée pour
la première fois dans la présente édition.
XI. Advis au roy Maœimilien premier touchant la
manière qu'on se doibt comporter à V occasion de rup-
ture avec la France. — Cette pièce, rédigée en 1491, a été
publiée ; mais on ne connaît qu'un seul exemplaire de l'édi-
tion imprimée en 1635 à Bruxelles, chez la veuve d'Antoine
Velpius, et qui existe à la Bibliothèque royale de cette ville.
M. H. Stein l'a donnée dans son Étude, p. 232.
Plusieurs autres ouvrages ou opuscules ont été attribués à
Olivier de la Marche. Mais ou ils sont perdus, c'est-à-dire
non encore retrouvés, ou leur attribution à notre auteur est
erronée. En voici la liste :
Le livre des conseils économiques ;
CXXviij NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Le livre des conseils polémiques ;
Vart de faire diverses machines de guerre;
Le livre des conseils touchant les usages et manières
de la cour.
Ces ouvrages sont attribués par Papillon {Bibliothèque
des auteurs de Bourgogne) à Olivier de la Marche, et les
manuscrits en avaient été, selon ce bibliographe et le
P. Lelong, possédés au xvme siècle par M. de Lampinet,
conseiller au parlement de Besançon. Mais on ignore ce qu'ils
sont devenus.
De arte heraldica.
Le P. Andrès-Marcos Burriel, de la Compagnie de Jésus,
indique sous ce titre un traité inédit de La Marche dans sa
dédicace, adressée au duc d'Albe le 8 mars 1755, de la tra-
duction espagnole de YÉtat de la maison de Charles le
Téméraire. On ne sait ce qu'est devenu ce traité qui rentrait
si bien dans le goût d'Olivier. Plusieurs écrivains ont répété
que celui-ci avait composé uft livre sur le blason ; mais aucun
d'eux n'a indiqué la source d'où sortait ce renseignement.
Faut-il confondre avec le traité De arte heraldica les
Enseignements pour officiers et clercs poursuivans le
noble office d'armes, ms. in-4°, du xvf siècle, sur papier,
de 228 feuillets, provenant de Lisbonne et appartenant
aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de Paris sous le
n° 4381 des Mss. nouv. acq. franc.? Ce titre est également
celui d'un autre ms. in-4° de 6 feuillets, du xvf siècle, qui
existe à la Bibliothèque royale de Bruxelles, sér. II, 521.
Mais, si ces deux manuscrits sont attribués par les catalogues
ou des notes marginales à notre chroniqueur, dont la devise
est même rappelée par le second, ils ne contiennent, en réa-
lité, que des extraits de documents chevaleresques ou héral-
diques étrangers à La Marche.
Dans sa Bibliothèque française, v° Olivier de la
Marche, p. 932, Du Verdier cite comme venant de lui, et
écrite vers 1490, une Sommaire description de la taille,
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXX1X
mœurs, complexion, piété et faits mémorables des deux
derniers ducs de Bourgogne. Il n'y a pas d'apparence que
cette pièce, dont le titre est d'ailleurs mal rapporté, provienne
de la plume d'Olivier.
Gérard cite également comme rédigé par lui un Recueil
des ordonnances de la cour ducale de Bourgogne. Mais
il n'indique aucun manuscrit qui permette de vérifier cette
attribution.
Nicéron donne aussi mal à propos à Olivier de la Marche
la Source d'honneur pour maintenir la corporelle élé-
gance des dames en vigueur fleurissant et pris inesti-
mable, avec une belle epistre d'une noble dame à son
seigneur et amy, nouvellement imprimée, Lyon, en la
boutique de Romain Morin, 1531, petit in-8° goth. Cette
œuvre n'est pas du chroniqueur bourguignon, pas plus que
Les nobles prouesses et vaillances de Galien Restauré,
fils de noble Olivier de la Marche et de la belle Jacque-
line, fille du roi Hugon, empereur de Constantinople,
Lyon, 1625, in-fol. , que Papillon croit également lui appar-
tenir. C'est un roman de chevalerie, dont Papillon a mal lu
le titre, qui porte dans l'édition de Troyes, s. d., le nom
d'Olivier le Marquis.
Enfin, dans sa Bibliothèque protypographique, Bar-
rois indique comme sortie de la plume d'Olivier de la Marche
une Vie de Philippe le Bon qui, selon lui, serait déposée
aux archives du ministère des affaires étrangères , où elle
n'existe pas, et qu'il a probablement confondue avec une
œuvre de Chastellain. On a également placé sous le nom de
notre auteur la Controversie de noblesse, tenson rhéto-
rical d'après Surse de Pistoye, qui appartient à Jean
Mielot, son compatriote, et a été publiée à Bruges en 1475.
Ce fragment se trouve dans un ms. de la bibliothèque du
musée Plantin, à Anvers, n° 50. Nous reviendrons d'ailleurs
plus loin, quand nous étudierons les poésies d'Olivier, sur les
fausses attributions dont il a été l'objet.
i
CXXX NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Œuvres poétiques.
Les œuvres poétiques d'Olivier de la Marche sont nom-
breuses, et l'on ne peut se flatter d'en donner ici l'énuméra-
tion complète, car plusieurs d'entre elles, déjà connues, sont
peut-être encore attribuées à d'autres auteurs.
I. Le Chevalier délibéré, poème de 248 octaves achevé
à la fin d'avril 1483.
Dans cet ouvrage, auquel La Croix du Maine1 veut bien
reconnaître « quelque invention et des descriptions assez bien
frappées, » Olivier de la Marche raconte, sous une forme
romanesque et allégorique, la vie et la mort de Charles le
Téméraire. Il y décrit les voyages et les aventures merveil-
leuses d'un chevalier errant qui parcourt la terre, armé de
toutes pièces, et se mesure, en diverses rencontres, avec des
adversaires qui sont autant de personnages moraux, tels que
Débile ou Mort naturelle, par opposition à messire Acci-
dent. L'ermite Entendement s'entretient avec le chevalier
que Désir veut arrêter, mais que Souvenir fait passer
outre. Vingt-huit stances sont consacrées au portrait ou à
l'éloge d'autant de personnages historiques contemporains ;
la plus belle, au moins la plus mélancolique , est celle qui
raconte la fin du dernier duc de Bourgogne de la maison de
Valois.
Ce poème, que Papillon appelle le Chevalier déterminé,
et qui a été mal à propos attribué à Georges Chastellain, a
été fort goûté parles contemporains, ainsi que l'attestent les
nombreuses copies et éditions imprimées au xve siècle que l'on
en possède. François Ier en avait un exemplaire dans sa
bibliothèque. Voici les manuscrits connus :
1. Bibliotlièque française, t. II, p. 210.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXXJ
1° Commençons par citer la description du plus important,
telle qu'elle est donnée dans le Catalogue des livres de feu
M. le duc de la V allier e, publié par G. de Bure, Paris,
1783, t. II, p. 289 : « Cy commence le traictié appelé le
Chevalier délibéré, in-fol. m. r. — Superbe ms. sur vélin
très blanc, de la fin du xve siècle, contenant 47 feuillets. Il
est écrit en ancienne bâtarde, à longues lignes, et enrichi de
douze très belles miniatures, dont les plus grandes portent
5 pouces 3 lignes de hauteur sur 4 pouces de largeur, et les
plus petites 4 pouces de largeur sur 3 pouces de hauteur. Ce
beau ms. provient de la vente de M. Gaignat, où il a coûté
270 liv. » Il avait certainement appartenu aux héritiers de
Charles le Téméraire, car il est cité par Barrois, dans l'ap-
pendice de sa Bibliothèque protypographique , p. 317,
comme provenant de la librairie de Bourgogne, sous cette
désignation : « Le Chevalier délibéré, 1483, bâtarde, 47 feuil-
lets in-fol. sur vélin avec douze miniatures. » Il est mainte-
nant au fonds La Vallière, n° 74, à la Bibliothèque natio-
nale, n° 24373 fonds franc.
2° Ms. de la Bibliothèque nationale, n°2361, fonds franc,
(ancien 8048), papier, xve siècle. Bonne copie, 65 feuillets.
Il commence par ces mots :
Ainsi qu'à l'arrière saison
Tant de mes jours que de l'année.
et finit par ceux-ci :
De ceulx à qui il est offert
Par celluy qui tant a souffert.
3° Ms. de la même bibliothèque, n° 1634, suppl. franc.,
n° 15099 actuel. Parchemin, écriture du xve siècle, 63 feuil-
lets de 200 millim. sur 145. En tête, une miniature assez
grossière représentant Olivier de la Marche, sous la figure
d'un homme debout, couvert d'une armure, tenant de la
main droite une hallebarde et de la gauche un livre, avec
une inscription qui le désigne comme « serviteur et premier
maistre d'ostel du duc Charles de Bourgongne. » Ce ms.
CXXXIJ NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
a appartenu à Jean-Armand de Mauvillain et ensuite aux
Récollets de Paris.
Il commence par :
Ainsy qu'à l'arrière saison
Tant de mes jours que de l'année.
4° Ms. de la même bibliothèque, n° 1606, fonds franc,
(anc. 76223-5-, Colbert2820), papier, xve siècle. Texte assez
bon, mais incomplet.
Ce ms., qui renferme plusieurs autres poésies d'Olivier de
la Marche, contient le Chevalier délibéré, commençant
par ces mots : « En cette histoire, » et finissant :
De ceulx à qui il est offert
Par celluy qui tant a souffert.
5° Ms. de la même bibliothèque, n° 9597F-F-, De la Mare,
353 (aujourd'hui, n°4907 du fonds franc.), in-fol. sur papier.
Ecriture cursive de la fin du xve siècle, titres des chapitres en
rouge, lettres ornées.
Il renferme en trois feuillets un fragment du Chevalier
délibéré.
6° Ms. de la Bibliothèque de l'Arsenal, à Paris, n° 5117;
copie du xve siècle, sur parchemin, ornée de miniatures, dont
l'une (fol. 53) représente l'auteur couché. Ce ms. est aujour-
d'hui en assez mauvais état. Le texte en est incomplet. Plu-
sieurs strophes en ont été ajoutées après coup et copiées sur
l'édition gothique de Michel Le Noir.
7° Ms. de la Bibliothèque nationale de Turin {Manus-
cript. gallic. codex XXI, L. V. I; G1 21), déjà cité,
67 feuillets. Bon texte.
8° Ms. de la même bibliothèque, cod. I. e. IIP, 62 feuil-
lets, papier, in-fol. Copie fin du xve siècle.
9° Ms. de la Bibliothèque impériale de Vienne, n° 2654.
Copie du xvr siècle, in-4°, 75 feuillets.
10° Ms. de la Bibliothèque Ashburnham, n° 478, papier,
231 fol. Ecriture du xve siècle ; nombreuses miniatures et
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXXlij
bordures coloriées. Les armes de Lalaing s'y trouvent en
deux endroits, ainsi que le nom de La Marche. Les titres
des chapitres sont écrits par Marie de Luxembourg. Il porte
aussi les armes de Berlaymont.
Ce ms., qui provient du fonds Barrois, et que M. Léo-
pold Delisle suppose avoir été en 1829 entre les mains de
M. le comte d'Hauterive, contient, aux fol. 17-78, le Che-
valier délibéré avec le Pas de la mort et le Roman du
bien avisé et du mal avisé. Le premier poème y com-
mence ainsi :
Ainsi qu'en l'arrière saison
Tant de mes jours que de l'année,
Départir hors de ma maison
Par une soudaine occoision.
11° Ms. de la Bibliothèque nationale de Madrid, M-184,
in-4°, couvert en parchemin; 6 pages préliminaires, 101 de
texte et une à la fin; dessins à la plume. Écriture du
xvf siècle.
Il renferme une traduction espagnole du Chevalier déli-
béré, sous le titre : El cavalier o determinado, traduzido
de lengua francesa en castellana por Don Hernando
de Acuna y dirigido al Emperador Don Carlos V
maximo, rey de Espana nro senor.
Ce ms. a servi à l'impression des éditions de cette traduc-
tion, données à Barcelone en 1565 et à Anvers en 1591.
Sur les marges sont placées quelques instructions pour l'im-
primeur, qui paraissent de la main de H. de Acuna1.
1. Deux éditions de cette traduction avaient été déjà données
à Anvers par dom Hernando de Acuna chez Juan Steelsio, en
1553 et 1555, in-8°, avec figures. Elles ont été réimprimées en
1591 à l'imprimerie plantinienne. Peut-être le manuscrit indiqué
plus haut y a-t-il également servi. V. sur ces éditions espagnoles
Brunet, Manuel du libraire, t. III, p. 782. L'une d'elles, celle de
1555, figurait dans la bibliothèque de M. Ambroise-Firmin Didot,
n° 358 de son catalogue Théologie, jurisprudence, etc.
CXXXiv NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
12° Ms. de la Bibliothèque d'Oxford, Bodléienne, Douce
n° 168. Copie du xvne siècle sur papier, in-fol., 79 feuillets.
13° Ms. de la Bibliothèque d'Edimbourg, Advocates
library, no 19. 1. 8. Texte sur parchemin de la fin du
xve siècle.
14° Ms. de la Bibliothèque de la ville de Chalon-sur-
Saône, n° 123. Sans valeur; copie de 1873.
Dans son travail Sur quelques anciens poètes et sur
quelques romans gaulois peu connus, inséré au t. II des
Mémoires de V Académie des inscriptions et belles-
lettres, p. 728, M. Galland cite aussi un ms. du Chevalier
délibéré, sur papier, avec miniatures « qui ne sont pas
fort exquises, » et qui appartenait à M. Foucault. Qu'est-il
devenu ?
Les éditions du Chevalier délibéré imprimées au
xve siècle ne sont pas moins nombreuses. On peut citer la
première, imprimée à Schiedam, en Hollande, 1483, in-4°;
celle d'Antoine Vérard, « le 8e jour d'aoust 1488, sur le
pont Nostre-Dame, à l'image Saint-Jehan l'Evangéliste, »
in-4° goth.; celle de Michel Le Noir, de 1489, citée par plu-
sieurs bibliographes, mais aujourd'hui perdue ou douteuse,
d'après Brunet; celle de Jehan Lambert, 1493, in-4o goth.
de 49 ff.; celle de Michel Le Noir, in-4° goth. de 20 fi0.;
celle de Paris, 1495, in-4°, avec gravures sur bois; une
autre donnée à Schiedam, vers 1500, petit in-fol. de 31 fi".;
une autre faite à Anvers, à la même époque, in-fol. goth.
de 33 ff.; deux éditions données à Lyon par Martin Havard,
petit in-4° goth.; celle de Jehan Trepperel, à Paris, 19 sep-
tembre 1500, in-4° goth. de 42 ff., avec figures sur bois l.
IL La Vie de Philippe le Hardy, poème en 73 qua-
trains, dont le titre est inexact, car il renferme plutôt une
généalogie et un récit des prouesses des ducs de Bourgogne
1. V. du reste le Manuel de Brunet, t. III, p. 779, qui s'est
trompé sur la première édition de 1 183, et M. Stein.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXXV
qu'une biographie particulière du chef de la seconde race
ducale.
M. Stein l'a publié d'après le seul manuscrit connu, qui
appartient à la Bibliothèque de Turin, G1 21, déjà cité,
fol. 125-130.
III. Le Parement et triumphe des dames. Cette pièce
a été imprimée par Jehan Petit, Paris, 1510, in-8° goth. de
77 ff., avec les annotations de Pierre Desrey ; sur le dernier
feuillet, se trouve la marque de Michel Le Noir; par Michel
Le Noir, 1520; par la veuve de Jehan Trepperel, Paris,
sans date, petit in-8° goth.; par ou pour Olivier Arnoullet,
Lyon, sans date, mais avant la précédente édition, in-16
goth. de 80 ff.
Elle est, dans toutes ces éditions, l'œuvre non de La
Marche, mais celle de Pierre Desrey, de Troyes, un arran-
geur de mauvais goût, qui a profondément remanié et altéré
le poème d'Olivier en y ajoutant des passages tirés de l'Écri-
ture sainte.
Réimprimée à Lille en 1870.
Cependant, Olivier de la Marche a composé, vers 1493
ou 1494, à l'imitation de Rodriguez de la Chambre1, une
pièce du même nom, dont le texte primitif se trouve dans le
ms. franc. n° 25431 de la Bibliothèque nationale, et diffère
beaucoup du travail de Desrey. Cette pièce mériterait d'être
publiée dans son état original, surtout au point de vue
archéologique, car elle contient la description d'une foule
d'ornements empruntés à la toilette des femmes. On y ren-
contre aussi une curieuse aventure arrivée au seigneur de
Varembon et un trait intéressant de la vie de sainte Wan-
dru, fondatrice du chapitre de Mons. Enfin, c'est dans cet
ouvrage que se trouve, comme on l'a dit plus haut, le char-
1. V. La Serna-Santander, Mémoires sur la bibliothèque de Bour-
gogne, p. 17 ; Richter, Die franzosische Lilteratur am Hofe der
Hcrzoge von Burgund, 1882, p. 44.
CXXXVj NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
mant épisode de Griselidis1. Olivier y imite visiblement
René d'Anjou, surtout dans le début qui se rapproche beau-
coup du Livre du cuer d'amour espris 2.
Dans les éditions imprimées, le Parement des dames
comprend vingt -six chapitres ou moralités, dont chacun
compte plusieurs strophes de huit vers. Il eut un grand suc-
cès et se répandit dans les palais et les châteaux. Margue-
rite d'Autriche en possédait un exemplaire manuscrit et la
reine Marie de Hongrie, sœur de Charles-Quint, régente des
Pays-Bas, l'avait placé dans sa « librairie » privée.
Voici l'indication de plusieurs manuscrits connus de cette
pièce :
1° Ms. de la Bibliothèque nationale, n° 1705, fonds franc,
(ancien 76783, Cangé 66), vélin, vignette, lettres ornées;
56 feuillets, 269 mill. sur 190. De la fin du xve ou du com-
mencement du xvf siècle.
Il commence ainsi :
L'aultrier, passant une nuit de décembre,
et finit par :
Puisque ainsi est, je me rens et adonne
A la Vierge qui les péchez pardonne.
2° Ms. de la même bibliothèque, n° 25431 (fonds La Val-
lière, n° 128). C'est le seul bon manuscrit connu qui con-
tienne l'œuvre originale d'Olivier, avant les altérations de
Desrey. Dans le Catalogue des livres de feu M. le duc
de la Vallière, publié par G. de Bure, Paris, 1783, t. III,
p. 291, ce ms. est ainsi décrit : « N° 2866. Le Parement
1. V. le ms. de la Bibl. nat., n° 2201 fonds franc, (ancien 7999),
vélin, du xve siècle, qui contient au fol. m : « l'istoire de Grisi-
lidis, marquise de Saluées, » et le ms. n° 2203 (ancien 79993,
Gange 74), qui la donne également sous la date de 1393.
2. On peut rapprocher du Parement des dames le Miroir des
dames et damoiselles, qui se trouve dans le ms. n° 6813 de la Bibl.
nat. (ancien 238), petit poème en quatrains du xve siècle.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXXvij
des dames, savoir : les pantouffles, les souliers, etc., in-4°,
v. b. Beau ms. sur vélin du commencement du xve siècle
(lisez xvie), contenant 35 feuillets écrits en ancienne ronde
bâtarde, à longues lignes. Il est enrichi de tourneures
peintes en couleur, rehaussées d'or, et de 25 jolies minia-
tures qui ont trois pouces et demi de longueur, sur deux
pouces de hauteur. La première est de moitié la plus grande. »
3° Ms. de la même bibliothèque, n° 1706 (ancien 7679),
vélin, lettres ornées, xvie siècle. Même commencement et
même fin que le n° 1705. 48 feuillets de 292 millim. sur 220.
4° Ms. de la même bibliothèque, n° 1848, fonds franc,
(ancien 7869), vélin, miniatures, lettres ornées, xvie siècle.
Même commencement et même fin que le n° 1705.
5° Ms. de la même bibliothèque, n° 2376, fonds franc,
(ancien 8061), papier. xvie siècle, 36 feuillets de 212 mil-
lim. sur 149.
Il commence par :
Le jour passant, une nuyt en décembre,
et finit par :
Puisque ainsi est, mon corps et âme donne
A la Vierge qui les péchez pardonne.
6° Ms. de la même bibliothèque, n° 2333, fonds franc,
(ancien 8042), vélin. xvie siècle, parchemin, 40 feuillets.
Il commence par :
Autre hyer, lisant une nuyt pour apprendre,
et finit par :
Puisque ainsi est, je me rends et me donne
A Jesu Grist qui les péchez pardonne.
Cy finist le parement et triumphe des dames d'honneur, com-
posé par messire Olivier de la Marche, en son vivant grant
maistre d'hostel du roy de Oastille.
7° Ms. de la Bibliothèque royale de Bruxelles, n° 10970,
fin xvf siècle, sur papier, fol. 173-226, intitulé les Vertus
des dames, commençant par :
L'aultrier passant une nuyt, etc.
CXXXVÎij NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
8° Ms. de la Bibliothèque du musée Plantin, à Anvers,
n« 130, papier, xvie siècle, non folioté. Il a appartenu au
même siècle à Gilles van Wissen-Kerke.
M. Galland, dans le mémoire cité plus haut, dit que
M. Foucault possédait au xvnr3 siècle un ms. in-4° sur vélin
du Parement des dames, et un autre exemplaire du même
poème, petit in-4° sur vélin avec des miniatures, sous ce
titre : « Traité de l'amour des dames, auquel traité sont dis-
courues plusieurs raisons, qu'il faut plus tost aimer les
dames à cause de leurs vertus que pour les sensualitez et
concupiscence charnelle, » ce dernier exemplaire ne conte-
nant que des vers, sans explication, en prose. Que sont
devenus ces deux manuscrits ?
IV. Le Débat de Cuidier et de Fortune. Nous connais-
sons trois manuscrits de ce poème, composé en 1477, pendant
qu'Olivier était prisonnier de guerre, après la bataille de
Nancy.
1° Ms. de la Bibliothèque Méjanes, de la ville d'Aix-en-
Provence, n° 400, in-8° vélin de 55 pages de 16 à 17 lignes ;
miniatures et lettres enluminées. La miniature placée au
verso de la seconde page représente un personnage en longue
robe bleue, paraissant prononcer une harangue qu'écoute
une femme en robe rose, appuyée sur une sorte de pupitre.
16 cent. 5 mill. sur 11 cent.; reliure moderne en cuir du
Levant ou de Russie. Écriture du commencement du
xvie siècle, gothique presque ronde, très lisible. Beau ms.
dont la provenance est inconnue.
Le Débat de Cuidier et de Fortune commence à la
3e page recto, par la lettre D enluminée or sur fond bleu. Il
finit à la 30e page par ces mots : Eœplicit le Débat de
Cuidier et de Fortune.
2° Ms. de la Bibliothèque nationale de Paris, n° 2232 du
fonds franc. Copie du xvie siècle, papier, fol. 56-66.
3° Ms. de la Bibliothèque nationale de Paris, n° 18689,
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. CXXX1X
fonds franc., décrit plus haut. Au fol. 76, le Débat de Cui-
dier et de Fortune commence ainsi :
Par ung matin, ainsi qu'on resveille,
N'a pas long tamps qu'en repos traveilloye.
Ce poème a été imprimé vers 1500 à Valenciennes, par
Jehan de Liège, « demorant devant le couvent de Saint-
Pol. » Petit in-4° goth. de 10 ff. à longues lignes, avec la
devise : « Tant a souffert La Marche. »
Réimprimé dans la Revue franc-comtoise, 1843.
V. Dialogue de la dame et de l'œil et Complainte
sur la mort de Madame Marie de Bourgogne (1482).
Le manuscrit désigné plus haut sous le n° 400 de la
Bibliothèque Méjanes, de la ville d'Aix, contient à la page 31
une pièce de vers sans titre, qui commence par la lettre
enluminée D avec ces mots :
Des grans merveilles de ce monde.
Cette pièce, qui s'étend de la page 31 à la page 44, sert
en quelque sorte de préface au Dialogue de la dame et
de Vceil. Celui-ci ne commence lui-même qu'à la page 44
et se termine à la page 55 par la devise : Tant a souffert
La Marche.
Mais cette préface sans titre du Dialogue se retrouve
sous unautre nom aufol. 561 dums. n° 3391 (hist. prof. 576)
de la Bibliothèque impériale de Vienne (Autriche), in-4°,
papier, relié en veau gaufré, de 581 feuillets, intitulé
Miscellanea Gallica; écriture des premières années du
xvie siècle. Elle porte dans ce ms. le titre de Complainte
sur la mort de Madame Marie de Bourgogne, etc.
M. Gachard l'a regardée comme un poème distinct et inédit l.
1 . Comptes-rendus des séances de la Commission royale d'histoire
de Belgique, 3e série, t. V, p. 261 et suiv. (Bruxelles, Hayez,
1863.) — On ignore comment ce manuscrit est arrivé à la Biblio-
thèque de Vienne.
Cxi NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Il était bien en effet, inédit en 1863; seulement il ne doit
pas être distingué de la pièce précédente, qualifiée de pré-
face parce qu'elle précède dans le ms. de la Bibliothèque
Méjanes le Dialogue de la darne et de l'œil. Nous n'avons
eu sous les yeux que le ms. de la Bibliothèque de Vienne ;
cependant ses premiers vers sont identiques à ceux du ms.
Méjanes, et, par conséquent, il semble certain qu'il s'agit
dans les deux de la même pièce. Un examen plus attentif
en convaincra sans doute les futurs éditeurs, s'il s'en trouve.
Il existe enfin à la Bibliothèque royale de Bruxelles un
ms. (sér. II, n° 140), qui renferme (fol. 7 à 12) la Com-
plainte de la mort de Madame Marie de Bourgogne.
Elle a été imprimée par la Société des bibliophiles de Bel-
gique, dans le Recueil de chansons, poèmes, etc.,
Bruxelles, 1878.
VI. Doctrine et loz pour Madame Aliénor d'Aus-
trie, ou Les cinq sens.
Pièce de vers composée pour la fille de Philippe le Beau
et comptant quarante-trois stances. Elle a été publiée par
M. Stein, op. cit., p. 219.
Nous ne connaissons que deux mss. de ce poème :
1° Ms. n° 3391 delà Bibliothèque de Vienne précité, fol. 5.
Il a été analysé par M. Gachard.
2° Ms. de la Bibliothèque du musée Plantin, à Anvers,
n° 146.
VII. De la puissance de nature et comment les coy^ps
celestiaux gouvernent naturellement le monde.
Cet opuscule est attribué à Olivier de la Marche par
M. Galland [Mémoires de V Académie des inscriptions
et belles-lettres, t. II, p. 728) et par Lacroix du Maine,
qui assure qu'il n'a pas été imprimé. D'après ce dernier, il
serait en vers de huit syllabes. Un ms. de ce poème est cité
dans le catalogue des manuscrits de la bibliothèque du car-
dinal Dubois, n° 5877, in-4°. M. Galland affirme qu'il en a
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. cxlj
vu un dans celle de M. Foucault. Est-ce le même? Nous
n'avons pu découvrir le lieu où ce ms. a passé.
VIII. Épistre en la contemplation du saint voyaige
de Turquie adveissant à la très crestienne et très heu-
reuse maison de Bourg oigne.
Mélange de vers et de prose. Cette épître, commencée en
1453, lors du vœu du faisan, commence ainsi :
Heureuse maison de Bourgoigne,
Donne à tes yeulx larmes de joye,
Essours ton ceur, metz le en besoigne
Et à ce faire ne resoigne,
Ton duc se met en saincte voye.
Fay donc tel chière qu'on la voye,
Et monstre ton joyeux maintien ;
Chascun s'esjoist en son bien.
Suit l'éloge du duc et de la duchesse de Bourgogne.
Ms. de la Bibliothèque royale de la Haye, n° 1344 (fonds
Gérard, A, 130).
IX. Prière à la Vierge.
Ms. de la Bibliothèque nationale, n° 1606, fonds français
(ancien 76223-3-; Colbert, 2820), papier, xve siècle.
Au fol. 78 de ce ms., qui contient aussi le Chevalier
délibéré, se trouve cette pièce qui commence ainsi :
Déesse, clarté et lumière
De tout le femenin honneur
Cette pièce a été imprimée en 1842 par A. Veinant, à la
suite du Chevalier délibéré.
X. Huitain, commençant par ces mots :
Tant a souffert mon Dieu de mon ordure,
et finissant par :
Que tout confus se rend à toy La Marche.
Même ms. La pièce se trouve au fol. 80. Elle a été publiée
par M. Stein, p. 229.
XI. Autre pièce de poésie, ou rondeau, au fol. 91 du
ms. de la Bibliothèque nationale n° 1104, fonds franc, (ancien
cxlij NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
73574, Golbert 2502), vélin, vignettes, lettres ornées. Écri-
ture du xve siècle. Egalement publiée par M. Stein.
XII. Vers donnez par La Marche à monseigneur l'ar-
chiduc (Philippe le Beau) pour sa nouvelle escole (1488).
1° Ms. de la Bibliothèque impériale de Vienne, n° 3391,
précédemment décrit.
La pièce, écrite en 1488, commence au fol. 200 et finit
ainsi :
Puis j'ouvrirai le secret de mon arche :
Car à vous est le vieillard de la Marche.
Tant a souffert
La Marche.
2° Ms. de la même bibliothèque, n° 10139 (XV, C, 26;
cat. phil. Cil, CIII), in-fol. du commencement du xvie siècle.
Une seule variante existe dans ce ms. Elle se trouve au
dernier vers :
Car à bons est le vaillant de la Marche.
3° Ms. de la Bibliothèque du musée Plantin, à Anvers,
no 50, fol. 1.
4° Ms. delà bibliothèque Ashburnham, collection Bar rois,
n° 478. xve siècle. Provient de la famille de Lalaing.
Publiée par la Société des bibliophiles de Belgique, op. cil.
XIII. Vers dorez que donne messire Olivier de la
Marche à son maistre (Philippe le Beau) en Vaage de
XV ans (1493).
Cette pièce comprend 168 vers.
1° Ms. précité de la Bibliothèque impériale de Vienne,
n° 10139.
2° Ms. précité de la même Bibliothèque de Vienne, n° 3391 ,
fol. 201-204.
3° Ms. de la Bibliothèque du musée Plantin, à Anvers,
n° 50, fol. 1 à 3.
4° Ms. de la Bibliothèque nationale de Madrid, R-5, 1 vol.
in-fol. du xvf ou xvne siècle, intitulé Varios de curiosi-
dad, couvert en parchemin, fol. 89-91.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. Cxliij
5° Ms. de la même bibliothèque, E-35, fol. 48-50.
6° La première strophe se trouve aussi, sous le titre de :
« Vers dorez que donna La Marche à son maistre en l'eaige
de xv ans, » au fol. 30 du ms. de la Bibliothèque publique
de la ville de Douai, n° 767 (G. 611, D. 726), du xvie siècle.
(V. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques
publiques des départements, t. VI, p. 465.)
Publiée par la Société des bibliophiles de Belgique, op . cit.
XIV. Vers faiz à la requeste de monseigneur de
Ravestain, et donnez par La Marche à son maistre
l'archiduc, en l'eage de XVIII ans (1496).
1° Ms. précité de la Bibliothèque impériale de Vienne,
n° 3391, au fol. 205.
2° Ms. précité de la même bibliothèque, n° 10139.
3° Ms. de la Bibliothèque du musée Plantin, à Anvers,
n° 50, fol. 6.
Publiés dans le Recueil de chansons, etc., précité.
XV. Vers et petit traictié fait à la requeste de
Madame Marguerite d'Austrice, princesse de Cas-
tille, et donnez par La Marche, à monseigneur l'ar-
chiduc, en l'eage de XX ans (1498).
Ce poème, de seize stances, se trouve dans les mss. pré-
cités de la Bibliothèque de Vienne, nos 3391 et 10139, au
fol. 207 du premier, et dans le ms. précité n° 50, de la
Bibliothèque du musée Plantin, à Anvers. Il a été publié,
d'après ce dernier ms., par M. Ch. Ruelens, en 1878, puis
par M. le marquis de Granges de Surgères, dans le Bulletin
de la Société des bibliophiles bretons et de l'histoire
de Bretagne, t. V, p. 49, en 1882.
La dernière stance commence par ces deux vers :
Mon prince et maistre, prenez en gré les vers
Fais par La Marche à soixante-dix ans1.
1. La Marche donne ici implicitement la date véritable de sa
naissance. V. la notice biographique qui précède.
C.xliv NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
XVI. Nouvelles prophéties, 11 strophes.
1° Ms. de la Bibliothèque royale à Bruxelles, n° 11029,
fol. 152.
2° Ms. de la Bibliothèque royale de la Haye, n° 1344
(fonds Gérard, A, 130). Copie faite au dernier siècle par
M. Gérard sur le ms. précèdent.
M. Stein a publié ces prophéties, op. cit., p. 207.
Le ms. de la Bibliothèque nationale de Paris, n° 2200,
fonds franc, (de la Mare, 220), qui contient entre autres
pièces l'épitaphe de Philippe le Bon et celle d'Isabelle de Por-
tugal, femme de ce duc, renferme aussi, fol. 26, « une aultre
prophétie du très hault Charles, » commençant par :
« Une prophétie faicte par ung très saige docteur turc, qui
fut baptisé. » Mais cette pièce ne paraît pas être d'Olivier
de la Marche.
XVII. Prédestination des sept fées et leurs dons à
V empereur Charles.
Pièce de quatre-vingt-dix stances, composée en l'année
1500 ou 1501, peu après la naissance du futur Charles-
Quint à Gand. Le titre qui lui est ici donné n'appartient
pas évidemment à La Marche, puisque celui-ci était mort
depuis longtemps lorsque l'archiduc fut élu empereur.
1° Ms. n° 3391 précité, de la Bibliothèque impériale de
Vienne, fol. 567.
2° Ms. précité, n° 50 de la Bibliothèque du musée Plantin,
à Anvers, fol. 13.
Cette pièce a été imprimée en 1878 par la Société des
bibliophiles de Belgique.
On peut attribuer les pièces suivantes à La Marche avec
une certitude presque égale.
XVIII. Entretien de Cupido et de l'amant.
Pièce de vers commençant par :
A la saison que Silla renouvelle
Ce doux trembler pour mieux cythariser, etc.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. Cxlv
et finissant par :
Si vous requier tous que l'avez oy,
Priez pour ceulx qui font dures clamours
Eu ce hideuz purgatoire d'amours.
Ms. de la Bibliothèque de monseigneur le duc d'Aumale,
au château de Chantilly, n° 897. Dans ce ms., la pièce
commence au fol. 11 recto et finit au fol. 28 verso.
XIX. Deux pièces élégiaques.
La première commence par ces vers :
Hélas, hélas, que fera la doulente
Qui seullette se détort et tourmente
Et jour et nuit se complaint et lamente
Sans oser dire, etc.
Elle finit par ceux-ci :
Ainsi s'en va la pouvre douloureuse
Mussant son mal es secrets de son cuer,
Entre les autres faisant de la joyeuse
Et si a nom la pleine de douleur.
La seconde commence ainsi :
Ghoiz assouvis, merveilleuse beaulté,
Mirouer d'honneur, abisme de bonté, etc.
et se termine par ces vers :
Ainsi remaint l'esgaré douloureux,
Pouvre d'espoir, habandonné de désir1,
Loing de son bien pensif et langoureux,
Qui riens ne voit où il prengne plaisir.
Ms. de la Bibliothèque de monseigneur le duc d'Aumale,
n° 897 précité. Ces deux pièces y occupent les premiers fol.,
de 1 à 10 verso.
Comme nous l'avons déjà dit pour les œuvres historiques
ou morales d'Olivier de la Marche, on a attribué à cet auteur
plusieurs poèmes qui ne lui appartiennent pas, ou dont
l'attribution n'est pas certaine.
L'un d'eux est le Miroer de mort.
1. Le vers est faux; mais il a été exactement transcrit.
j
cxlvj NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Il existe deux pièces de ce nom. L'une a été donnée comme
un poème séparé, bien qu'elle fasse partie du Parement
des dames, dont elle forme la 26e et dernière moralité. Le
miroir qu'Olivier de la Marche place dans la main de sa
dame lui réfléchit l'image de la mort, qui est la fin de toutes
choses. La moralité se termine par cette strophe :
Se vous vives le droit cours de nature
Dont soixante ans est pour ung bien grand nombre,
Vostre beaulté changera en laydure,
Vostre santé en maladie obscure,
Et ne ferez en ce monde que encumbre ;
Se fille avez, vous luy serez ung umbre :
Celle sera requise et demandée
Et de chascun la mère habandonnée,
et par Y Exemple du miroer d'entendement par la mort,
qui contient l'éloge de diverses grandes dames décédées.
L'autre est en effet un poème distinct, intitulé : Cy com-
mence ung excellent et très prouffitable livre pour
toute créature humaine appelé le Miroer de mort, dont
nous connaissons deux manuscrits :
1° Ms. delà Bibliothèque de Turin (Manuscript. Gallic.
codex XXI, L, V. 9).
2° Ms. de la Bibliothèque de monseigneur le duc d' Aumale,
n° 897, petit in-4°, aux armes de Condé sur les plats, maro-
quin rouge, parchemin. Écriture de la fin du xve siècle.
Ce ms. contient peu d'ornements. Aux fol. 1 r°et 10 v° se
trouvent des miniatures peu importantes au bas desquelles,
dans un cartouche, les lettres majuscules E . A et E. FR.
(jointes en monogramme) et A. Le monogramme FR est
souvent répété dans les encadrements.
Au fol. 29 r° du manuscrit, qui renferme plusieurs pièces
de poésie attribuées à Olivier de la Marche, commence le
Mirouer de mort par les vers suivants :
Je fus indigne serviteur
Du temps de ma prime jeunesse, etc.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. Cxlvij
La pièce finit au fol. 44 v° par ces mots :
Explicit le Mirouer de mort
A glace obscure et ténébreuse, etc.
Brunet donne sans hésitation le Miroer de mort à Olivier
de la Marche. Cette attribution a été contestée par M. Henri
Stein {Étude précitée, p. 106). Il semble que l'erreur de
Brunet, si erreur il y a, a été occasionnée par renonciation
d'un catalogue de M. de Bure1. Quant à nous, en l'absence
1. Dans le Catalogue des livres de M. le duc de la Vallière, publié
par de Bure, Paris, 1783, t. III, p. 289, on lit :
« N° 2861. Cy commence ung excellent et très prouffitable
livre pour toute créature humaine apellé le Miroer de mort (par
Olivier de la Marcbe), in-fol. goth. m. r. »
Édition ancienne, sans date, sans nom de ville ni d'imprimeur,
avec signatures et contenant 16 feuillets. Le texte commence au
bas de la figure qui est au premier feuillet par ces vers :
E fus indigne serviteur
Au temps de ma prime jeunesse
De l'outrespasse de valeur
La joye de mon pouvre cueur
Ma parassouvie maistresse.
Mais la mort par sa grande rudesse,
Ennuyeuse de nostre bien,
Print son corps et laissa le myen.
On lit à la fin :
Cy finist le Mirouer de mort
A glace obscure et ténébreuse,
Là où on voit chose doubteuse
Et matière de desconfort.
Ce petit poème fut, dit M. Deschamps dans son Supplément au
manuel du libraire, traduit en vers bretons par Christophe de
Gbeffontaines (Penfeunteunyou) et imprimé sous le titre : Des
quatre fins de l'homme, en 1570 et 1573, dans un couvent situé
au bas de la rivière de Morlaix, appelé Saint-François Guburien.
(Brunet, Suppl., p. 766.) Mais le volume auquel il renvoie, et qui
a été retrouvé par M. de la Villemarqué dans la bibliothèque de
feu M. de Kerdanet, ne porte nullement ce titre. Il est intitulé :
le Mirouer de la mort (v. article de M. Arthur de la Borderie,
dans le Bulletin du bibliophile breton, p. 5, 1884), et a été « com-
Cxlviij NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
de toute preuve positive, nous croyons prudent, jusqu'à plus
ample démonstration, d'écarter cet ouvrage delà bibliogra-
phie d'Olivier.
Un autre est intitulé : Les demandes et réponses
d'amour, ou Les adevineaux amoureux.
Cet ouvrage en prose et en vers a été attribué à Olivier
de la Marche, mais ne lui appartient pas en entier. Il
existait dès 1373, comme l'attestent un ms. n° 177, inti-
tulé : « Chansons pastourelles couronnées, demandes
d'amour, etc., en ung cayer couvert de parchemin, » porté
sur le catalogue de la librairie de Charles V, dressé en 1373
par son bibliothécaire Gilles Mallet, et un autre ms. n° 180
du même catalogue, intitulé : « Demandes et responses
d'amour, en ung cayer couvert de parchemin. »
Il n'existe aucun ms. de ce poème à la Bibliothèque natio-
nale1; mais on peut en citer plusieurs qui sont connus et
catalogués. Ainsi, le n° 1000 du catalogue Crozet, 1841,
in-8°, concerne un ms. du xve siècle, des Adevineaux
amoureux, qui se trouvait relié dans le même volume avec
un exemplaire de Y Évangile de quenouilles. Peut-être
est-ce le manuscrit qui existe aujourd'hui dans la biblio-
thèque de monseigneur le duc d'Aumale, à Chantilly. Le
British Muséum à Londres en possède un de 248 feuillets
sur vélin, avec miniatures, lettres ornées, bordures, de
37 cent, sur 27, contenant quatre ouvrages distincts, parmi
lesquels se trouvent les Adevineaux amoureux ou plutôt
les Demandes d'amour, car c'est le titre donné au poème.
Le texte commence ainsi :
[Demande.] Du chastel d'amours il convient que vous nommez
le fondement.
[Réponse.] Loyaument aimer.
posé en l'an 1519 par maître Jean l'Archer, l'ancien, de la paroisse
de Plougouven. »
1. Vallet de Viriville, Bulletin du bibliophile, année 1846, p. 845.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. cxlix
Et finit au fol. 209 v° :
[Demande.] Dame, je vous demande quel est le mantel d'amours
sans penne.
[Réponse.] Beau sire, le mantel d'amours, c'est une nyce
demande ; et non pourtant je vous diray ce que j'en sçay : aucuns
dient que c'est acoler sans baisier.
Plusieurs éditions de ce poème ont été données aux xve et
xvie siècles1. La première a été reproduite au xixe siècle
dans la collection de Facéties de Techener, 1831, in-18,
sous le titre de : les Adevineaux amoureux, par Colart
Mansion.
Mais cette pièce n'est exclusivement ni de Colart Man-
sion, ni d'Alain Chartier, comme l'a pensé M. Brunet2, ni
d'Olivier de la Marche même, comme l'ont dit certains
auteurs. Elle est en réalité l'œuvre de tout le monde; c'est
peut-être l'une des dernières productions des cours d'amour.
Quoi qu'il en soit, elle a été revue, augmentée et publiée sur
les conseils et les indications d'Olivier de la Marche, ainsi
que l'atteste la préface de l'éditeur in fine, dans l'édition de
Bruges, 1477 :
« Or, me soit donc pardonné, car ceste hardiesse m'a mis
en corrage le noble et gentil chevalier, seigneur de la Marche,
que Dieu gard. Et ainçoires, pour augmenter cedit traictié,
m'a de sa grâce donné aucunes demandes et responses moult
honnestes, dont je l'en remercie. »
Olivier a donc contribué à augmenter cet ouvrage, mais
il n'en est pas le véritable auteur.
1. V. Bulletin du bibliophile, loc. cit.; Revue de Paris, 1853,
p. 374; Mélanges tirés d'une grande bibliothèque, t. IV, p. 275. —
La 2e édition des Adevineaux amoureux (titre relativement
moderne, ajouté à la main par le libraire sur l'exemplaire le plus
ancien que l'on connaisse) a été donnée à Bruges en 1477, in-8°.
(V. Van Praët, Notice sur Colart Mansion, 1829, p. 47.) Cette
édition existe à la Bibl. nat., collection des Incunables.
2. Manuel du libraire, v° Chartier.
Clij NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
adressées au duc Philippe le Bon. Peut-être y en a-t-il
quelques-unes d'Olivier de la Marche, mais elles ne sont
pas signées.
On a également donné, comme provenant d'Olivier de la
Marche, un fragment de poème français, dans le ms.
n° 14637 de la même bibliothèque. Mais ce ms. est du
xme siècle, dit le catalogue, et ne saurait donc rien contenir
de La Marche.
Enfin, dans le ms. de la Bibliothèque impériale de Vienne
n° 10139 se trouvent plusieurs ballades placées à la suite
de poésies d'Olivier. Mais rien ne nous autorise à les lui
attribuer, quoiqu'elles se rapprochent de ses œuvres par le
style.
D'après Papillon, la bibliothèque de l'Escurial posséderait
un Poème des sept douleurs de la Vierge Marie et
d'autres ouvrages pieux. Mais le conservateur de la Biblio-
thèque nationale de Madrid, à qui nous nous sommes adres-
sés, n'a pas trouvé dans le dépôt dont il a la garde le pre-
mier de ces ouvrages et ne nous a signalé aucun autre
manuscrit que ceux dont nous avons fait plus haut la des-
cription.
Ajoutons toutefois que la bibliothèque de sir Thomas Phi-
lipps, à Gheltenham (Middlehill), possédait, sous le n° 4291,
un ms. d'Olivier de la Marche contenant des vers. Nous
n'avons pu malheureusement obtenir la communication de
ce ms., pas plus que celle d'un autre déposé à Glascow, et
qui, dit-on, pourrait être autographe. Mme la baronne James
de Rothschild en aurait également un qui vient de la biblio-
thèque Didot, et qui renferme des poésies. Mais il serait
téméraire de se flatter d'avoir, dans ce travail forcément
incomplet, épuisé la bibliographie poétique d'Olivier, que
des recherches plus favorisées éclaireront encore; il suffît
d'avoir consulté et indiqué les manuscrits réellement impor-
tants de ses œuvres historiques.
Nous ne terminerons pas cette notice sans adresser nos
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. cliij
remerciements aux personnes qui nous ont aidés de leurs
connaissances et de leurs communications.
Les manuscrits de la Bibliothèque nationale de Paris ont
été libéralement mis à notre disposition par M. Léopold
Delisle, à qui le gouvernement a confié le riche dépôt de nos
lettres, comme s'il eût consulté le suffrage de tous ceux qui
les cultivent. M. le prince de Hohenlohe, grand maître de
la maison de S. M. l'empereur d'Autriche- Hongrie, a bien
voulu, sur la demande de M. le comte Duchâtel, autoriser
le déplacement de plusieurs manuscrits de la Bibliothèque
impériale de Vienne, que cette rare faveur nous a permis
d'étudier à loisir en France. M. le ministre de l'intérieur du
royaume des Pays-Bas nous a accordé le même privilège
pour ceux de la Bibliothèque de la Haye, et, grâce à la cour-
toise intervention de M. le sénateur Gorresio, directeur de la
Bibliothèque nationale de Turin, un manuscrit de cette grande
collection nous a été envoyé, pour être consulté en France,
par le gouvernement italien. Monseigneur le duc d'Aumale
nous a honorés de communications puisées dans son inesti-
mable trésor de Chantilly. M. Octavio de Toledo, conserva-
teur de la Biblioteca nacional de Madrid, a patiemment
dépouillé pour nous les manuscrits de cette précieuse collec-
tion, encore trop peu connue en deçà des Pyrénées. M. l'abbé
Dehaisnes, ancien conservateur des Archives du Nord à Lille,
le plus obligeant et le plus laborieux des archivistes, nous a
adressé de nombreux extraits des Comptes des ducs. Enfin,
sans oublier le travail tout récent de M. H. Stein, que nous
avons parfois contredit, mais qui nous a toujours été utile,
nous devons des remerciements spéciaux à notre bienveillant
commissaire responsable, M. le marquis de Beaucourt, à
MM. le baron Kervyn de Lettenhove et Alexandre Pinchart,
aujourd'hui décédé, qui nous ont secourus de leur expérience,
de leurs notes et de leurs travaux.
H. B.
ANNEXES DE LÀ NOTICE BIOGRAPHIQUE. clvij
II.
LETTRES DE MAXIMILIEN AUX ÉTATS DE HAINAUT, EN 1482'.
De par le duc d'Auterice, de Bourgoingne, Brabant, Lim-
bourg, Lucembourg et de Gelres, conte de Flandres, Artois,
Bourgoingne, Haynnau, Hollande, Zeelande, Namur et de Zuit-
phen.
Très chiers et bien amez, nous avons chargié noz amez et
feaulx chevaliers et conseilliers le sire d'Aymeries, nostre cham-
bellan et grand bailli de Haynnau, et messire Olivier de la
Marche, nostre premier maistre d'ostel, vous dire et exposer
aucunes choses de par nous. Si vous requerrons et néantmoins
mandons que adjoutiez plaine foi et crédence à ce qu'il vous
diront ceste foiz de nostre part, comme à nous mesmes et vous
y emploiez comme y avons entière confidence. Très chiers et
bien amez, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript en
nostre ville de Bruges, le xije jour d'avril, Pan IIIIXX et deux,
après Pasques.
Mixius, Numàn.
A nos très chiers et bien amez les gens des trois Estaz de
nostre pays de Haynnau.
(Archives de Belgique à Mons, recueil des mandements
du prince.)
III.
ASSEMBLEE DU CONSEIL DE LA VILLE DE MONS
DU MERCREDI 17 AVRIL 1482.
En ce conseil firent relation les députez du conseil de chéens
qui avoient esté à l'assemblée des Estas de ce pays le jour d'huy
1. Le 17 avril 1482, Olivier de la Marche et le grand bailli de
Bainaut exposèrent aux états de Hainaut les besoins de l'archi-
duc, et demandèrent une aide de 2,000 liv. pour l'entretien, pen-
clviij ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE.
en la maison de chéens, auxquels nostre très redoubté seigneur
et prince avoit, par ses lettres de créance sur monseigneur le
bailli de Haynnau et messire Olivier de la Marche, fait exposer
ses grans affaires par leur instruction monstrée et lieulte en ce
conseil, requérant en effect sur ce pas, de par le pays, vouloir
accorder nm bonnes livres à convertir en l'entretènement de
l lances, mises les xxx au Quesnoy, à Aymeries x et à Chimay
les autres x, et en l'accroissement de ir lances et lx compaignons
à piet, dont à Beaumont sera mis une partie, sur laquelle
requeste les prelatz avoient prins retraite, et les nobles locqueté
la matère que mieux vaulroit d'accorder le paye desdis gens de
guère pour ung mois à venir, qui montera environ mm livres,
monnoie de ce pays, ou en dessoulx. Et lesdis députez aussi
avoient pris retraite, requérant oudit conseil qu'il en fera de
faire. Prometant nostredit très redoubté seigneur de le somme
de l'acort déduer et rabattre sur le premier aydde qu'il requerra,
pour quel cas que ce soit.
Et le tout débattu, non d'acort pour le présent, mais soit
atendu le retour de la journée des Estas à Lille, mandez estre
au xxije de ce mois.
(3e registre des consaux de Mons, fol. iiiic xiv v°, aux
Archives de Belgique à Mons.)
Le merquedy xvije jour du mois d'avril, que lors les Estas
du pays furent assamblez à Mons et que lors monsigneur le
bailly de Haynnau et monsigneur de la Marche, par leur expo-
sition, requisentde par mon très redoubté seigneur que le pays
volsist faire le paiement de l lances estans au Quesnoy, Ayme-
ries et Chimay, encores pour ung mois, promettant par lesdis
exposans que, à la première fois que ledit pays donroit quelque
chose à mondit seigneur, le rabattre; se leur fu fait présent de
vi cannes de vin, le tout à vu sols le lot, monte à ... mi 1. nn s.
(1er compte de Jean Goret, massard de la ville de Mons,
1481 à 1482, ibid.)
dant un mois, de 50 lances. Les états accordèrent l'aide néces-
saire pour le mois de mai.
La lettre de créance ci-dessus est celle que Maximilien avait
donnée à Olivier et au sire d'Aymeries.
ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE. dix
IV.
TESTAMENT D'OLIVIER, SEIGNEUR DE LA MARCHE.
Au nom de la sainte et inséparable Trinité, le père, le fïlz et
le Saint Esprit, amen. Par la teneur de cestuy présent public
instrument soit notoire et évident à tous présents et à venir
que le viije jour d'octobre, l'an de la Nativité Nostre Seigneur
mil cinq cent et un, indiction un et en la première année du
pontificat de nostre très saint père le pape Alexandre, par la
divine Providence VI de ce nom, comparu en sa personne par
devant nous notaires publics et les tesmoins cy-dessous escrits
noble, vertueux, sage et puissant chevalier, messire Olivier,
seigneur de la Marche, conseiller et premier maistre d'hostel de
très haut, très excellent et très puissant prince mon très
redouté seigneur Monseigneur l'archiduc d'Autriche, duc de
Bourgongne, lequel comparant ayant regard, comme il disoit,
à la fragilité de nature humaine, et qu'il n'est rien plus certain
que la mort, ne moins certain que l'heure d'icelle, a, pour cette
cause et autres à ce le mouvant, de sa propre, pure et franche
volonté, et luy estant en son bon sens et vray entendement,
fais, ordonné et constitué son testament et dernière volonté
pour le proffit et salut de son âme en la manière qui s'ensuit.
Et premièrement, iceluy testateur a recommandé et doné son
âme à Dieu nostre créateur, à la glorieuse Vierge Marie et à
tous les saints et saintes de Paradis, quand elle partira de son
corps, supliant nostredit Créateur qu'il luy plaise de sa bénigne
grâce luy pardoner ses mesfaits et implorant la plénitude de sa
miséricorde, et, au regard de son corps, il le livre à présent,
combien que indigne, à la terre et sépulture de nostre mère
Sainte Église pour y prendre pourriture et attendre le grand et
espouvantable jour du jugement et la résurrection générale,
espérant audit jour en la clémence et miséricorde de nostredit
Créateur, et eslit sa sépulture en l'église de Saint-Jacques à
Cardebengberghe en la bone ville de Bruxelles, lez la cour du
prince, pour y estre mis sous une tombe de pierre -, et est d'in-
clx ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE.
tention de en ladite église ériger et ordonner quelque fondation
pour faire dire messes, obils et prières pour le remède de son
âme selon et ainsy qu'il advisera cy après et comme ses biens
le pourront supporter. Et combien qu'il veuille estre enterré
audit lieu de Saint-Jacques, toutesvoyes pour ce qu'il a chapelle
en Bourgongne où ses prédécesseurs seigneurs de la Marche en
Bresse sont enterrés, il a ordoné et ordone pour leur faire com-
plaisance que, luy trespassé, son cœur soit mis en un coffret de
plomb et porté en Bourgongne en saditte chapelle qui est située
auprès de la Marche en un lieu appelé Villersgaldin, et veut
sondit cœur estre mis devant le grand autel de laditte chapelle
en façon que il puisse faire marchepied au prestre qui dira la
messe, et que ses héritiers fassent faire une pierre sur laquelle
le prestre aura les pieds en célébrant la messe, et à l'entour du
bord d'icelle pierre, non pas au-dessus, mais en cottière seront
mises quatre lignes qui s'ensuivent :
Pour marchepied, repos, passet et marche
Soit bon le cœur Olivier de la Marche
Au très digne prestre sainct et sacré
Dont le Corps-Dieu est ce jour consacré.
Item, a ordonné qu'à le porter en terre soient douze pauvres
hommes revestus de noir, tenants chacun en la main une torche
armoyée de ses armes, pour à quoy survenir et aussy aux messes
et aumosncs qui se feront pour ce jour, il a ordonné deux cent
livres de quarante gros la livre, à les prendre sur les plus appa-
rents biens en outre et pardessus la fondation qu'il entend faire
esdittes églises de Saint-Jacques à Gambenberghe et chapelle de
Villersgaldin.
Item, il a ordoné pour le remède de son âme et d'autres
envers lesquels il peut estre tenu, que son héritier ou héritiers
seront tenus en dedans un an après son décès fonder un Salve
Regina en l'église parroissiale dudit Villersgaldin où il a esté
baptisé, lequel Salve, ensemble la collecte à ce servant, se chan-
tera à perpétuité une fois la semeine a tel jour que la Nostre-
Dame de mars escherra pour l'année, à sçavoir à l'heure de
complies et par trois personnes entre lesquelles du moins il y
ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE. clxj
aura un prestre. Veut aussy que sesdits héritiers fondent per-
pétuellement un cierge de cire qui sera allumé durant ledit
Salve et non autrement, et que ledit Salve soit sonné par quinze
coups de cloche pour inciter etesmouvoir les bones gens à celle
dévotion, et que laditte fondation soit souffisante et comme il
apartient, au cas toutesvoyes que faitte ne l'eust en sa vie, dont,
se ainsy esloit, sesdits héritiers demeureront deschargés.
Item, a ordoné et ordone que sondit héritier ou héritiers
seront tenus de en dedans un an après son décès fonder et
amortir bien et suffisamment audit lieu de Villersgaldin, en
sadite chapelle de la Marche, une messe de Requiem, avec
vigiles et commendation, qui se chantera à perpétuité une fois
Tan, à sçavoir à tel jour qu'il trespassera de ce monde, n'estoit
que de son vivant il eut fait ladite fondation etadmortissement,
auquel cas sondit héritier ou héritiers en demeureront des-
chargés.
Item, a doné et légué à noble, honneste et vertueuse dame,
Madame Isabeau Machefoing, sa compagne, au cas qu'elle le
survive, tous et quelquonques ses biens meubles qui seront
trouvés es marches de par deçà à luy apartenants, ensemble
tous les deniers qui leur sont deus par messires Thomas et
Folque de Portinaire frères, comme peut apparoir par leurs
lettres d'obligation, sans ce qu'en ladite debte aucuns des hoirs
dudit testateur puissent quereller ou demander aucun droict,
moitié ou autre portion, et ce, à cause que ladite debte procède
de la part de sadite compagne. Et parmy ce, icelle ladite com-
pagne ne pourra, après le trespas dudit testateur, demander
aucun droict de douaire à ses héritiers de toutes les terres qui
leur demeureront, ains sera tenue de y renonchier, réservés
ceux dont il a disposé par cettuy son présent testament, réservé
aussy assignations de gaiges, pensions ou autres obligations
faittes en son nom, dont elle prendra une moitié et sesdits héri-
tiers l'autre, nonobstant tous et quelquonques traittés et cous-
tumes de villes ou pays et toutes autres choses faisants au con-
traire, auxquelles il a renoncé et renonce par exprès.
Item, a voulu et ordoné que sadite compagne, au cas qu'elle
le survive, jouisse sa vie durant de la rente de cent et cinquante
livres de quarante gros la livre qu'ilz ont chacun an sur la
Clxij ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE.
recepte générale de Haynault au rachapt de deux mille livres du
prix comme dessus, sans ce que sesdits héritiers puissent en
aucune chose quereller ou demander, ne luy baillier aucun des-
tourbier ou empeschement, pourveu toutesvoyes que icelle sa
compagne ne pourra vendre ne engaiger ladite rente, mais seu-
lement recevoir le cours d'icelle sa vie durant; et après son
trespas, il veut, ordone que saditte rente de cent et cinquante
livres retourne plainement et entièrement à Charles de la Marche,
son filz, et aux héritiers d'iceluy Charles procréés de son corps
en léal mariage, et s'il advenoil que iceluy Charles de la Marche
son filz allast de vie à trespas avant ladite dame Ysabeau Mache-
foing, sa compagne, sans délaisser hoirs procréés de sa char en
léal mariage, comme dit est, en ce cas ledit testateur a ordoné
que Jean de Lenoncourt, filz de sa fille, et damoiselle Gornille des
Camps, niepce de sadite compagne, après le décès d'icelle sa
compagne, joissent chacun an paresgales portions héritablement
et à tousjours, eux et leurs hoirs, desdittes cent cinquante livres
de rente et des deux mille livres du rachapt d'icelle, se aucun
s'en faisoit, sans ce que les héritiers de saditte compagne
puissent quereller ou demander aucun droict en laditte rente ou
rachapt d'icelle.
Item, a ordonné que ledit Charles de la Marche joisse d'une
descharge des deniers venants d'icelle montants à quatre mille
deux cent vingt livres de quarante gros la livre, dont il est assi-
gné par le Roy des Romains et mondit seigneur l'Archiduc son
filz sur les pays de Bourgongne et ce à cause des services,
gaiges et pensions à luy deues du temps qu'il fut premier
maistre d'hostel du Roy nostre sire.
Item, veut et ordone que ledit Charles joisse d'une gaigière
à luy faitte par le Roy et mondit seigneur sur le chastel et sei-
gneurie de Chastelgirard au duchié de Bourgongne, montant à
la somme de trois mille sept cent livres ou environ.
Item, touchant les debtes par luy faittes premier qu'il fut
allié par mariage avec laditte dame Ysabeau, sa compagne, au
cas que aucunes en fussent treuvées après son trespas, il a
ordoné qu'elles soient et demeurent à la charge non pas de
saditte compagne ou des héritiers d'icelle, mais de son héritier
cy après nommé, lequel sera tenu les payer et entièrement
ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE. clxiij
supporter à sa descharge, sans toutes voy es desroguer aux gai-
giers et autres points cy dessus escrits.
Item, a doné à sondit fîlz Charles de la Marche la maison
qu'il a en laditte ville de Bruxelles, située devant l'Arque, pour
en joir luy et ses hoirs perpétuellement et à tousjours après le
trespas de laditte dame Ysabeau Machefoing et non autrement;
devant lequel trespas ils ne pourront quereller aucun droict,
ains seront tenus les souffrir plainement et paisiblement joir
et user.
Item, a doné à saditte compagne et aux héritiers d'icelle une
maison qu'ilz ont en la ville de Malines pour en disposer à son
hon plaisir.
Item, a donné et légaté à sa fille Philippote de la Marche,
vefve de feu Thierry de Charme, escuyer, et à présent femme
de Philippes de la Noncoirot * , chevalier, seigneur de Loches, la
somme de deux cent francs trente cinq gros, monnoye de
Flandres, pour le franc, pour une fois, outre et pardessus ce
qu'on treuvera luy estre deu à cause de son traittié de mariage
fait avec sondit feu mary, pourveu toutesvoyes que partant
saditte fille se tiendra pour contente et qu'elle ou ses hoirs ne
pourront quereller aucun droict sur ses biens meubles, rentes,
cens, héritages ne autres quelquonques quelque part qu'ilz
soient situés ou gisants.
Item, en après ledit testateur a nommé et esleu de sa propre
bouche son héritier universel à sçavoir ledit Charles de la
Marche es seigneuries de la Marche, d'Esnay et de Chassé et en
tout ce que esdittes terres et seigneuries luy compete et apar-
tient tant de son ancien héritage comme aussy de tous acquestz
qu'il a faits et peu faire, ensemble de toutes et quelquonques
leurs appartenances et autres acquêts faits ou à faire, et géné-
ralement en tous et quelquonques bien meubles, immeubles,
debtes et autres dont cy dessus n'est disposé ne faitte mention,
qui luy competeront et apartiendront au jour de son trespas, à
quelque titre, cause ou raison que ce soit ou peust estre, ne en
quelquonque part qu'ilz soient situés ou assis, y compris aussy
le chastel, terre et seigneurie dudit Cbastelgirard en Bour-
1. Lcuoncourt.
clxiv ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE.
gongne, ensemble la descharge montant à quatre mille deux
cent vingt livres de quarante gros dont cy dessus est faitte
mention. Et s'il advenoit que ledit Charles de la Marche termi-
nast vie par mort auparavant luy sans délaisser hoirs procréés
de son propre corps en léal mariage, iceluy testateur en ce cas
et dois maintenant pour lors dénomme sa vraye héritière laditte
Philippote de la Marche, sa fille, pour succéder en tous et quel-
quonques ses biens de la manière cy dessus déclarée et comme
eut peu faire ledit Charles de la Marche, pourveu que Cathe-
rine Chamboye, sa belle fille, soit contente et satisfaitte de son
droict de douaire et d'autres choses, si avant que Ton se sen-
tira tenu envers elle et que tout soit bien fait en bone équité et
raison.
Item, veut ledit testateur et ordone que une custode du sacre-
ment où reposera le corps de Nostre Seigneur, laquelle il a fait
faire, soit mise et donée par les exécuteurs dénommés en sondit
testament en l'église où son corps sera enterré.
Item, et pour cettuy présent testament mettre à exécution
deue selon sa forme et teneur, il a prins, nommé et choisy et
esleu très-révérend père en Dieu, vénérable et discrette per-
sone, messire François, archevesque de Bezançon et prévost des
églises cathédrales de Saint-Lambert en Liège et collégiale de
Saint-Donat de Bruges, messire Thibaud Barradol, chevalier,
conseiller, chambellan et maistre d'hostel de mondit seigneur
l'archiduc, sire Robert Robine, chapelain domestique d'iceluy
seigneur, Jean de la Chapelle, maistre de la chambre aux deniers
de ma très redoutée dame Madame l'Archiduchesse d'Autriche,
auxquels ses exécuteurs et à chacun d'eux seul et pour le tout
comme à ses bons seigneurs et vrays amys et esquels il se confie
du tout, ledit testateur a doné et done par ce présent instrument
plain pouvoir, autorité et mandement especial de disposer et
ordoner en toutes et singulières les choses dessusdittes, selon
et ainsy qu'il est contenu et déclaré cy dessus, les requérant en
ce vouloir prendre la charge, et à cette fin et pour à ce fournir
leur a consenty et accordé, consent et accorde qu'ilz puissent
prendre et apréhender tous et quelquonques ses biens meubles
et immeubles jusques au plain fournissement de cettuy son
présent testament.
ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE. clxv
Item, et afin qu'ilz soient de tant plus enclins à vacquer à
l'exécution audit testament, et pour leurs peines, labeurs et
vacations, leur a doné et done, à sçavoir à mondit seigneur de
Bezançon cinquante escus de quarante huit gros pièce, à mes-
sire Thibaud quinze dudit prix, et à chacun desdits sire Robert
et Jean de la Chapelle deux marcs d'argent, et au surplus a
voulu et ordonné, veut et ordone que cettuy son présent testa-
ment et dernière volonté soit valable par droict de testament
dernier, de codicille ou de quelquonque autre dernière volonté
et par toutes les meilleures formes et manières que valoir peut
et doit de droict ou de coustume, en cassant, révoquant et annu-
lant tous autres testaments, codicilles et quelquonques autres
volontés, priant en outre aux tesmoins cy dessous nommés
vouloir des choses dessusdittes faire foy et tesmoignage en
temps et lieu, et aussy signer cedit testament de leurs seings
manuels, et à nous, notaires cy après escrits, luy en faire un
ou plusieurs instruments publics qui se puist ou puissent cor-
riger, refaire et admender par le conseil et advis du sage, sans
toutesvoyes au principal et en la substance faire mention ou
changement quelquonque.
Ce faict, incontinent après, laditte dame Ysabeau Machefoing,
après la lecture à elle faitte dudit testament, consentit, agréa,
ratifia et appreuva de sa franche et pure volonté, si comme elle
disoit, tout ce que par ledit testament a esté dict et ordoné,
légaté et disposé, et mesme renonche à son droict de douaire
selon et sous les conditions cy dessous déclarées.
Ces choses furent faittes et passées en laditte ville de Bruxelles,
sur la porte de Thostel de mondit seigneur l'Archiduc les an,
indiction, jour, mois et pontificat dessusdits, en la présence de
honorables et discrettes persones messire Philippe Loitte, che-
valier, seigneur d'Aresse et pardessus de Salins, Roland Le
Febvre, seigneur de Thomesche, maistre Lyon de Saint- Vast,
parsone de Herental, maistre Jean Wouters, maistre de la
chambre des comptes à L'Isle, Jean Le Blancq, sommelier
d'oratoire du Roy des Romains, maistre Jean de Rogierville,
secrétaire de mondit seigneur l'Archiduc, Jean Desne, somme-
lier de la panneterie, Jean Courtois, huissier des finances, tes-
moins à ce requis et appelés, avec le scel dudit testateur armoyé
clxvj ANNEXES DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE.
de ses armes cy mis et apposé, ensemble et avec les seings
manuels tant de luy que de maditte dame Ysabeau de Mache-
foing, sa compagne, et des tesmoins cy dessus escrits.
Ainsy signé : De la Marche, Y. Machefoing, Phi-
lippe Loytle, Febvre, de Saint-Vast, Wouters,
J. Albi, de Bogierville, Desne, Courtois.
Suivent les attestations des notaires apostoliques et impé-
riaux Jehan Canis et Jehan de Cart, qui ont reçu ce testament
et l'ont revêtu de leurs signatures.
(Ms. de la Bibl. nat., fonds franc. n° 4332, copie colla-
tionnée par le secrétaire du roi de Ghevanes.)
MÉMOIRES
D'OLIVIER DE LA MARCHE
PIECES ANNEXEES.
^
V
S'ENSUYT LESTAT DE LA MAISON
DUC CHARLES DE BOURGOINGNE, DIT LE HARDY4
En acomplissant à vostre requeste, monseigneur
l'avitailleur de Calais, j'ay mis en brief ce que j'ay
1. On peut comparer à cette description « l'Estat de la maison
de Charles, dernier duc de Bourgongne, » ms. de la Bibl. nat.
n° 3867 fonds franc, (ancien 84302), commençant par ces mots :
« Gomme mon très redoubté seigneur, Monseigneur le duc de
Bourgongne et de Brabant... » et finissant par ceux-ci : « et aura
de gages six solz par jour comptez par les escroes de l'ostel de
mondit seigneur. Faict audit Nancy, les jour et an dessusdicts. »
Ce ms. se réfère à la date du 31 décembre 1475; mais l'écriture en
est du xvie siècle. C'est la copie d'un recueil des ordonnances de
Charles le Téméraire sur sa maison et de la liste de ses officiers et
gardes avec l'indication de leurs gages. — Quant à l'État publié
ci-dessus, sa rédaction primitive, malgré sa date apparente,
est vraisemblablement de 1473. (V. la Notice bibliographique.)
Nous avons ici suivi principalement le ms. de la Haye (Fonds
Gérard, B. n° 62), en le rapprochant des autres, notamment de
ceux de Vienne (V. ibid.).
IV I
% MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
peu comprendre de l'estat de la maison du duc
Charles de Bourgoingne, mon très souverain seigneur,
ensemble des ordonnances de sa guerre. Et commen-
cerons à Testât de sa maison, et au service de Dieu et
de sa chapelle, qui doit estre commencement de toutes
choses * .
En sa chapelle a quarante hommes, à comprendre
ung evesque, son2 confesseur, et trois autres Jacopins
prestres et confesseurs, autres chappellains et autres
officiers, organistes et sommeilliers3, lesquels chappel-
lains, chantres et officiers sont gouvernez par le pre-
mier chappellain4. Et tous les jours, où qu'ilz soient,
chantent les heures du jour et la grant messe solen-
nel. Ouquel service et à toutes heures est le prince5
quant ils sont devers lui, et principalement à la messe
et aux vespres. Et n'est pas à oublier que l'evesque
dessusdit et les frères Jacopins sont grans clercs,
doctes 6 et prescheurs, et preschent très souvent.
Et d'abondant 7 a le duc ung aumosnier et ung soubz
aumosnier, gens de tel auctorité et de tel crédit, qu'ilz
font les aumosnes pour le prince par discrétion 8 et en
conscience, qui sont grandes jusques à passer xxm livres
par an. Et pour approuver qu'il soit ainsi, quant le
1. Ce premier paragraphe a été supprimé dans les éditions pré-
cédentes.
2. « Pour son. »
3. « Organiste et sommellier. »
4. D'après le ms. n" 3867, cité ci-dessus, la chapelle de Charles
se composait de quinze chapelains, deux demi-chapelains, quatre
clercs, six sommeliers et deux fourriers.
5. « Le prince est présent. »
6. « Docteurs. »
7. « D'avantage. »
8. « Distributiun. »
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 3
duc doit partir d'une ville, son aumosnier lui apporte
par escript ce dont il peut enquérir et savoir où bien-
tais et aumosnes sont bien emploiées en icelle ville, si
comme de vielles gens, povres prisonniers enchar-
trez1, femmes gisans, orphenins, povres filles à marier,
gens bruslez de feu, marchans destruis par fortune,
et toutes autres choses nécessaires. Et à chascun le
duc, à sa dévotion, départ son aumosne et signe le
papier et les sommes, et sont paiez avant que l'au-
mosnier départe de la ville. Aussi l' aumosnier distri-
bue et départ l'argent de l'offrande du prince qui, tous
les jours et où qu'il soit, fait2 offrande en la messe.
Et lui est icelle offrande présentée par le plus grant
prince de son hostel, et qui là soit. Et doit l'aumos-
nier dire le benedicite à la table du prince, et les
grâces après. Et à icelles grâces doit estre le maistre
d'ostel et au dessus. Et doit l'aumosnier lever la nef
où est l'aumosne devant le prince, et puis oster la
nappe de la table, et doit commencer au hault bout3.
En ensuivant la chappelle, nous parlerons de Testât
du conseil et de la justice, pour ce que, après le ser-
vice fait de Dieu en l'Église, la justice est le second
service dont Dieu doit estre4 servy. Et pour le conseil,
tant de ses grans affaires comme pour ladicte justice,
le duc a ung ehancellier en chief, ung evesque chief du
conseil en son absence, quatre chevaliers notables,
vin maistres des requestes, quinze secrétaires, huis-
1. « Comme de gens anciens , gens pauvres , prisonniers
femmes. »
2. « Qui tous les jours se font, et où que soit faicte. »
3. « Qui est le contraire au servir viandes. »
4. « Est. »
4 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
siers, fourriers et autres officiers à ce servans. Et
quant le duc n'est point en la guerre, la chambre du
conseil se tient près de celle du duc. Et se treuve le
duc souvent à cedit conseil, et principalement à déduire
et déterminer grans sentences et grans affaires, et prent
la peine d'oyr toutes les opinions. Et ne peut en celui
conseil entrer sinon i les ordonnez, les chevaliers de la
Thoison, et les maistres d'ostel, sans y estre par le duc
ou par son chancellier menez ou mandez. Et me passe
de deviser de l'auctorité et prééminence du chancel-
lier, pour ce que l'en scet bien partout que ung chan-
cellier préside, et mesmes en la présence2 du prince il
demande les opinions. Il a le grand seel en ses mains,
et est le premier homme nommé et le premier officier
et devant tous en toutes choses3.
En ensuivant le fait de la justice, le duc estant en
ses pays tient audience publique pour oyr et despe-
chier toutes requestes qui lui sont apportées, et prin-
cipalement despovres et des petis, qui pourroient faire
plainctes des riches et des grans, et ne pourroient
approuchier ne avoir lieu devant lui ; et pour ce tient
il audience publicque en sa personne deux fois la sep-
maine ; et nous arresterons aux cérémonies et pompes
d'icelle audience, afin que du tout soit adverty en
temps et par ordre.
Ladicte audience se tient le lundi et le vendredi, et
1. « Et ne peuvent en iceluy conseil autres que. »
2. « Personne. »
3. Les six derniers mots ont été détachés de ce paragraphe,
dans les éditions précédentes, et maladroitement rattachés, comme
suit, à un paragraphe qui manque dans notre manuscrit :
« Et devant tout en toutes choses, audit hostel y a autre dif-
férence qu'en France : le connestable va devant, et encore va
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 5
le duc au départir de son disner va en la sale où l'au-
dience est préparée, et est acompaigné de la noblesse
de son hostel, assavoir princes, chevaliers4, escuyers
et autres, et n'y oseroit homme nul faillir. Le duc se
siet en sa chayere, richement parée de paile2 et de
drap d'or, et le marchepié, qui est large et de trois
pas de montée, est tout couvert de tapicerie richement ;
et à ses piez a ung petit bancq auquel sont appoiez
deux maistres des requestes et l'audiencier, qui lisent
les requestes devant le duc, et aussi ung secrétaire
pour enregistrer les appoinctemens ; et sont iceulx
quatre à genoulx, et derrière ledit secrétaire a ung
clerc qui enfile les requestes en ung cordon, selon que
les luy baille ledit secrétaire. Et sont les bancqs3 ordon-
nez par ordre, à l'encontre du passet4, pour seoir les
princes du sang, les ambassadeurs, les chevaliers de
l'ordre et les grans pencionnaires par ordre ; et scet
chascun où il doibt aler. Et derrière la chayere et le
dos du duc sont empriz5 les escuiers du duc, c'est
assavoir ceulx de la chambre, qu'en France on dit
enfans d'honneur, qui aucunefois servent à Testât d'es-
chanson , panetier et escuyer trenchant , quant le
prince est en chambre à sa privauté ; et point d'es-
cuyer d'escuyrie, pour ce que cestuy estât se sert
par-dessus un lieutenant-général ; nota que ledit chancellier est
de plus grand proufit que celuy de France car il congnoit des
finances et autres choses que ne faict celuy de France. »
1. « Chancelier. »
2. « Palle, » tapis.
3. « Chascun. »
4. Passage.
5. Aliàs : « empiez » (Ms. de Vienne n° 3392). « En pieds »
(édit. précédentes).
6 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
publiquement l. Et en continuant2 la fourme de l'au-
dience3, la sale est close d'un grant parquet tout bail-
lié, et clos de bancs et de bailles4, et tout couvert de
tapiceries aux armes du duc ; et sont au costé dextre
les panetiers et les eschanssons, escuiers du duc, et
au costé senestre escuiers trenchans et escuier d'es-
cuyrie, et sont debout appuyez aux bailes5. Et devant
icelles bailles sont bancs à l'entour du parquet, où
seent les chevaliers, chambellans et estrangiers qui
surviennent, et aussi les maistres d'ostel. Et au bout
d'iceluy parquet, devant le visaige6 du prince sont les
escuiers hommes d'armes de la garde, chascun ung
baston au poing, ayans bailles comme dessus7; et n'y
vont ce jour que les quinze qui doibvent faire le guet
devant luy à leur tour8. A l'entrée9 d'iceluy parquet et
à la porte sont huissiers d'armes, et devant le piet du
passet sont deux sergens d'armes à piet, et chascun
la masse au col, aux armes du prince. Et se conduit
ceste ceremonye par les maistres d'ostel ; et, l'assiette
faicte, sont deux portes ouvertes aux deux bouts de
la sale, et entrent par l'une ceulx qui apportent les
requestes et les présentent au duc, et s'en revont par
1 . Ce passage depuis « de la chambre » jusqu a « publiquement, »
ne se trouve que dans le ms. de la Haye n° 62, et n'existe pas
dans ceux de Vienne, nos 3360 et 3392.
2. « Et incontinent. »
3. « Passée. »
4. Baillé, bailles, entouré de balustrades.
5. Mss. de la Haye et de Vienne. Ce passage a été interverti
par les précédents éditeurs.
6. « La face. »
7. Quatre mots omis dans les mss. de la Haye et de Vienne.
8. « A l'entour. »
0. « Et allencontre. »
MEMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 7
l'autre porte; et sont mises icelles requestes sur le
banc devant ceulx qui les doibvent lire, et lisent tour
à tour. Et le duc appoincte les requestes à son plai-
sir, et selon que le cas le requiert, et toutes les des-
pesches avant qu'il parte de la place. Et pendant ce
temps chascun se taist et tient ordre ; et, le tout achevé,
s'en rêva le duc1 en sa chambre, et puis chascun en
ses affaires.
Continuant la cause2 de la justice, le duc a ung pre-
vost des mareschaux , fort acompaigné de compai-
gnons de guerre ; iceluy prevost sert en temps de paix
de faire les exécutions criminelles, et a par tout le
pays du duc juridiction et povoir, et par toutes villes,
excepté en l'ostel du duc, qui est en la juridiction des
maistres d'ostel ; et sert icelui prevost pour les divers
pays et les diverses seignouries qui sont en la main
du duc. Car, ung cas criminel, meudre ou autre, faict
en Brabant, le criminel ne pourroit estre poursuivy
en Flandres ne en Haynnau, pour ce que les justices
ne ressortissent point l'une à l'autre; et pareillement
de pays en pays se sauveroient les malfacteurs. Par-
quoy a esté ordonné le prevost des mareschaulx pour
aller partout, et a povoir du prince par tout3 ; et certes
il a moult prouflfité depuis le règne du duc Charles ;
car il a dechassié plusieurs vicieux 4 malfaiteurs, et
a puny plusieurs cas mauvais, et dont raison vouloit
punition. Et ou temps de la guerre, le prevost des
mareschaulx, soubz l'auctorité du duc et soubz l'auc-
1. « Le duc s'en retourne. »
2. « Le faict. »
3. « Pour aller par toute la contrée. »
4. Ce mot manque dans les mss. de la Haye et de Vienne.
8 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
torité des mareschaulx, conduict les marchans, meet
les vivres à prix, tient la justice parmy l'ost, tant cri-
minelle comme civile, et peut oyr de toutes matières,
excepté de faict de guerre ; juge et exécute criminelle-
ment, appointe et juge les causes civiles, sans y appe-
ler autre personne, s'il ne luy plaist.
Or avons devisé de l'ordre de justice. Si fault devi-
ser de la guerre et de son estât, qui est l'appuy et le
baston, et aussi le soustenail de la seignourie et de la
chose publique ; car sans seigneur et, sans seignourie 4
ne povons nous vivre, et sans soustenir le droict et
l'auctorité du seigneur et de la seignourie du pays ; et
faut aucunefois les soustenir par assault2, et aucune-
fois par defence ; et pour ce est nommée la guerre en
l'arbre des batailles ou nombre des branches de jus-
tice, et se nomme justice à main forte. Pourquoy en
ensuyvant mon commencement, qui a esté du service
de Dieu, en descendant ue l'Eglise à la justice, je per-
severeray par la tierce, qui est de la guerre, et par
laquelle Dieu si peut et doibt estre servy, en entrepre-
nant et faisant guerre justement, et en l'exécutant par
forme deue.
Le duc a quatre chevaliers ordonnez, devant les-
quelz se mettent les matières de la guerre, pour en
faire rapport au duc. Et se assemblent iceulx quatre
chevaliers en la chambre du premier chambellan, où
ilz se tiennent à conseil, et n'y entrent nulz que le
premier chambellan, le chancellier, le grant maistre,
les quatre chevaliers, les maistres d'ostel et mares-
chaulx de l'ost et du logis, et le maistre de l'artillerie,
1. « De seigneur. »
2. Attaque.
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 9
le roy d'armes de la Thoison d'or, et deux secrétaires
du nombre dessusdit, qui escrivent et mettent en
forme les choses conclûtes et advisées x . Et sont iceulx
secrétaires nommez et ordonnez pour la matière de ia
guerre, et des choses advisées et exposées; lesditz
quatre chevaliers en font rapport au duc, pour en faire
son bon plaisir.
Et pour ce que grant chose, grans estas, [et] grans
affaires ne se peuvent vuider ne2 conduire sans grans
deniers et sans grandes finances, je continueray la ma-
nière de servir Dieu par la quarte voye, et monstreray
comment le duc voyt et congnoist Testât de ses finances,
et comment le service de Dieu y peut estre emploie ;
car ung prince, par despendre sans savoir où les
deniers se prendent et treuvent, apprent ses serviteurs
à3 prendre le sien sans desserte, et retenir à ceulx qui
l'ont desservy, et à ordonner et distribuer les biens à
leur plaisir et singulier prouffit, et sans discrétion;
dont le peuple porte grans faiz, à grans cris4 et grans
plaintes devant Dieu ; pourquoy il appert que le prince
qui a le regart et l'œil aux choses dessusdictes sert
Dieu et luy mesme en prouffit5 et en conscience.
Le duc a en son ostel la chambre des finances, en
laquelle se rapportent tous les deniers de ses pays,
ordinaires et extraordinaires. Là viennent tous les
deniers et les receptes, et d'illec sont distribuez les
appointemens aux officiers, selon ce qu'ilz ont de
1. « Ordonnées et exposées. »
2. Deux mots omis dans les précédentes éditions.
3. « Apprend à ses secrétaires do. »
4. « Grand faix, grands cris. »
5. « Sert Dieu, et luy mesme en prouiïite. »
10 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
charge. Là sont ordonnez deux prothonotaires de
l'Eglise, grans seigneurs, et deux notables chevaliers ;
et à ce bureau siéent iceulx quatre, en chief le maistre
de la chambre aux deniers ; et celuy reçoit les appoin-
terons pour la despence ordinaire, tant de bouche
comme de gaiges, qui montent bien par an à plus de
quatre cens mille livres. Là siet le trésorier des guerres,
qui reçoit en sa main tous les appointemens de tous
les gens d'armes tant de pié que de cheval, ordinaires
et extraordinaires ; et monte par an l'ordinaire [à] huict
cens mille livres, et l'extraordinaire communément à
huict vingt mille livres ; et départ iceulx deniers aux
clercs et commis dessoubz luy, pour en faire la distribu-
tion. Là siet l'argentier, auquel sont baillez les appoin-
temens pour paieries dons des ambassades et voyages,
le faict des habillemens et garderobe, et autres choses
extraordinaires, et n'est pas chose que l'on sceust1
mectre en règle et en nombre ; mais je suis acertené
que le duc Charles a despendu pour celuy estât seule-
ment, chascun an, l'ung portant l'autre, plus de deux
cens mille livres. Là siet le receveur gênerai, qui rend
compte de toutes les receptes, et qui toutes viennent
en sa main, et à qui les receptes particulières, toutes
en gênerai, viennent à compte. Là est l'audiencier qui
signe toutes manières2 des finances, et non autres; et ne
siet à iceluy bureau sinon les dessus nommez. Là vient
le duc bien souvent, et ne se cloent nulz comptes sans
luy ou sans son sceu. Il signe de sa main tous appoin-
temens de tous dons ; il signe tous comptes et tous
rolles; il scet bien ce qu'il a vaillant et ce qu'il des-
1. « Puist. »
2. « Matières. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. M
pend; tout chiet en sa main, et tout en vuide, et luy
mesme siet au bureau à ung bout1, jecte et calcule
comme les autres; et n'y a différence en eulx en ice-
luy exercite sinon que le duc jecte de jectoirs2 d'or, et
les autres de jectoirs3 d'argent. En icelle chambre a
une petite table à part, où siet le greffier et les clers ;
et est servie des huissiers 4 et autres officiers, comme
il appartient.
Or ay devisé des quatre chambres ordinaires de
l'ostel du duc; si est nécessaire5 et besoing de reciter
le nombre des grans pencionnaires qui sont en sa mai-
son, où il y a six ducs, et douze autres grans person-
naiges, princes, contes et marquis; et se paient iceulx
personnaiges 6 par la main de l'argentier, comme il
est escript cy dessus.
Et au regard de Testât des dames et de leur pen-
cion, je n'en fay pas grant mention, combien que ce
soit en frait pour le prince plus de quarante mille
livres7 par an.
Il est besoing que j'entre à deviser Testât ordinaire
et comptes par les escroes et escrips 8 de l'ostel du
duc. Et certifie qu'il a en sa maison, oultre et pardes-
sus les dessus nommez, quarante quatre personnaiges9,
1. « Sied au bout du bureau. »
2. « En jects. »
3. « Jects. »
4. Ce mot n'est pas dans les mss. de Vienne. — « Fermée de
portiers. »
5. « Nécessité. »
6. Mot supprimé par les précédents éditeurs.
7. « Écus. » Le ms. de la Haye porte seul « livres. »
8. Deux mots omis dans les éditions précédentes.
9. Le ms. n° 3867 précité compte trente-cinq pensionnaires,
\% MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
tant princes, contes, marquis et grans barons, qui
sont journellement comptez par les escroes. Item, vingt
chevaliers comptez par demy an, les uns contre les
autres4. Item, trente chevaliers comptez par quatre
mois, qui est à entendre tousjours dix d'iceulx trente2.
Item, quarante3 chevaliers 4 qui sont comptez par trois
mois, à entendre tousjours dix d'iceulx quarante.
Item, oultre et pardessus iceulx chevaliers comptez
par termes, le duc a quarante autres chevaliers, qui
sont tousjours comptez aux gaiges et pencions, et ont
tel estât qu'ilz ont chascun ung hommes d'armes avec
eulx. Ainsi sont quatre vingts hommes d'armes en
icelle compaignie, et sont iceulx chevaliers et leurs
hommes conduitz et gouvernez par quatre autres
notables chevaliers, contes, marquis et barons, les-
quelz sont chiefs chascun de dix chevaliers et de leurs
hommes d'armes, et chevauchent par chambrées en
armes et soubz la cornette de leurs chiefz.
Le duc a ung premier chambellan, comme desjà il
est escript cy dessus, soubz lequel sont et respondent
tous les chambellans chevaliers dont cy dessus est
escript, et peuvent en toutes causes du bureau avoir
leur renvoy devant ledit chambellan. Et touteffois s'ilz
sont venus sans faire deffault devant le maistre d'ostel,
il a la première journée 5. Il a la clef de la chambre
du prince ; il a le scel du secret en garde devant tous
dont il donne la liste pour l'année 1474. Mais six furent ajoutés
à cette liste en 1475.
1 . Le ras. n" 3867 en compte dix-neuf.
1. Ce chiffre est aussi donné par le ms. n° 3867.
3. « Autres. »
4. Le ms. n° 3867 ne donne la liste que de trente-neuf.
5. Cette phrase entière a été omise par les précédents éditeurs.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 13
les autres; son droict est de porter la bannière en
bataille; des fiefz et hommaiges des nobles fais au
prince il doibt prendre le serment ; il a la première
chambre après le prince, et a plat et service comme
luy mesme, et doibt estre obey en ses commandemens
comme le lieutenant du prince.
Le duc a ung grant maistre d'ostel qui peult à tous
consaulx1, tant de la justice comme de la guerre; et
se doibvent adrecier à luy reçoiptes et cœulloites 2 de
princes et d'ambassades. Il peut servir aux quatre
nataulx3 de l'an, et quant le prince tient estât solem-
nel. Et doibt aller devant la viande du prince, le bas-
ton levé en contremont ; mais il ne doibt point faire
les assays en la cuisine, mais les doibt faire le pre-
mier maistre d'ostel, ou l'ung des aultres maistres
d'ostel en son absence. Et, la viande assise devant le
prince, le grant maistre d'ostel a toutes les couver-
tures de tous les metz dont le prince est servy, tant
de la première fois comme de la seconde, et généra-
lement4 de tout le service qui est à iceluy disner. Et
pour donner mieulx à entendre, ces choses sont le
droit du grant maistre d'ostel en Bourgoingne ; mais
je ne veulx pas jugier qu'il eust celle aucthorité es
pays et seignouries que tient le duc, si ce n'estoit que
sa retenue fust generalle, donnée par le prince en
droictz et prééminence, telz qu'il les peult avoir en
Bourgoingne.
Le duc a ung premier maistre d'ostel, qui a chambre
1. Conseils.
2. Cérémonies de réception.
3. Les quatre grandes fêtes.
4. Mot omis dans les éditions précédentes.
14 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
et plat en l'ostel du prince, comme le premier cham-
bellan; et au surplus a quatre autres maistres d'ostel,
lesquelz avec le premier ont le regart à la police de
la maison du prince, à l'union des nobles hommes et
autres seigneurs domestiques de la maison *. Hz con-
duisent les cérémonies et ordre de l'ostel, ilz ont le
regart à la despence du prince, ilz tiennent le bureau
une fois le jour, pour compter la despence du jour
précèdent, et pour faire justice à ung chascun ; deux
huissiers de salle sont les sergens du bureau, qui
adjournent les parties aux requestes d'autres parties ;
et dedans trois jours faict on justice à ung chascun par
justice sommiere, et du bureau ne peut nul appeller.
A ce bureau siéent les maistres d'ostel, le maistre de
la chambre aux deniers, le contrerolleur et deux clercs
d'office, et nulz aultres plus qui2 qu'ilz soient. Le
maistre de la chambre aux deniers voit la despence
dont il fault qu'il face payement, qui pour 3 jour monte
plus de huit cens livres, comprins gaiges et despens
de bouche, qui se payent seullement par ses mains.
Le contrerolleur voit si la despence est bien employée
et en advertist les maistres d'ostel, et voit si les clercs
d'office ont bien recueilly la despence du jour précè-
dent. Les clercs d'office rapportent au bureau les
parties despensées en chascun office, et les rescrivent
par parties et par office en ung rolle de parchemin,
pour chascun jour ; et les maistres d'ostel, le maistre
de la chambre aux deniers, le contrerolleur jectent et
calculent icelles parties , et sur ce sont mises les
1. Trois mots également omis.
2. « Et nuls autres, quels. »
3. « Et par. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LÀ MARCHE. 15
sommes ; et pour ce faire ont tous les ans1 ung chas-
cun d'eulx pour ung marc de jects d'argent aux armes
et devises du prince; et pareillement font tous les
jours ung autre rolle de tous les noms et surnoms de
ceulx qui sont comptez par les escroes, grans et petiz,
de quelque estât qu'ilz soient. Et à la fin des noms
d'ung chascun est escripte la somme de combien ilz
sont comptez par jour, et de ce comptent et royent2 les
maistres d'ostel à leur discrétion , et selon les ordon-
nances du prince. Etlesdictes sommes et despence de
gaiges calculées et jectées se mettent tout en une
somme du jour, et sont toutes les parties particulières
d'office en office, ensamble les sommes des gaiges, et
puis les deux parties ensamble par une somme du jour
mises et escriptes en ung fueillet pour chascun jour
ou papier du controlle3; et faict on pour chascune
année4 ung controlle, où il y a aultant de fueilletz qu'il
y a de jours en l'an, et non plus ; et ne peult on escrire
en iceluy controlle que en la présence des maistres
d'ostel ; et à la fin de l'an se porte en la chambre des
comptes, et sert pour veoir se les rolles bailliez jour-
nellement au maistre de la chambre aux deniers se
rapportent à iceluy controlle. Les clercs d'office
escrivent toutes autres lettres et appointemens fais au
bureau, et tous les jours vont en chascune office
recueillir les parties de leurs despences pour en rendre
compte comme il est escript cy dessus.
Le duc a quatre sommelliers pour sa chambre, dont
1. « Et pour ce faict-on tous les ans pour. »
2. Disposent ; portent en compte ou rayent à leur volonté.
3. « Gontrollcur. »
4. « Tous les ans pour chascune année. »
16 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
le premier sommellier a en la court chambre et plat,
comme les maistres d'ostel, et mengent les aultres
sommelliers avec luy. Et ont iceulx sommelliers la
clef de sa chambre, et servent de ordonner Testât de
sa chambre4, et peuvent à toutes heures devers le
prince.
Item, a le duc pour sa chambre seize escuiers, qui
sont gens de grant maison, et servent iceulx2 d'accom-
paigner le prince où qu'il voise, àpiet ou achevai, et
d'avoir regart sur sa personne et sur ses habillemens.
Hz couchent près de sa chambre, par une manière de
seureté de sa personne. Et quant le duc a tout le jour
labouré en ses affaires et donné audience à ung chas-
cun, il se retrait en sa chambre, et iceulx escuiers
vont avec luy3 faire compaignie. Les ungs chantent,
les autres lisent romans et nouvelletez, les autres se
devisent d'amours et d'armes, et font le prince passer
le temps en gratieuses nouvelles. Iceulx escuiers
peuvent à toutes heures en la chambre du prince, s'il
n'y a conseil; ilz ont chambre à court, plat et viande,
comme les maistres d'ostel du prince.
Et pour ce que j'ay commencé à parler de la
chambre du prince, je continueray sans avoir regart
aux estatz, mais pour faire mieulx par ordre.
Le duc a six docteurs médecins, et servent iceulx à
visiter la personne et Testât de la santé du prince.
Et quant le duc est à table, iceulx médecins sont der-
rière le bancq, et voient de qùoy et de quelz metz et
viandes Ton sert le prince, et luy conseillent, à leur
1. Cette phrase entière a été omise par les précédents éditeurs,
depuis : « et servent. »
2. « Escuvers. » — 3. « Pour luv. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 17
adviz, lesquelles viandes luy sont plus prouffitables ;
ilz peuvent à toutes les heures en la chambre du prince
et sont gens si notables, si bons et si grans clercs,
qu'ilz peuvent estre à beaucop de conseilz huchiez
et appelez 1 ; ilz ont plat à court, comme le premier
sommellier, mais ilz n'ont point de chambre ordinaire.
Le duc a quatre surgiens2 ; ces quatre servent pour
la personne du duc, et pour ceulx de son hostel et
autres ; et certes ce ne sont point de ceulx qui ont le
moins à faire en sa maison ; car le prince est cheva-
leureux, et de tel exercite de guerre, que par bleceure
de cop à main, de trait à pouldre ou aultrement, il a
bien souvent tant de gens bleciez en sa maison et en
ses ordonnances, que, tant pour le grant nombre que
pour les divers lieux où les bleciés sont, cinquante
surgiens diligens auroient assez à besoigner, à faire
leur devoir des cures qui y surviennent. Et pour ceste
cause a ordonné le duc en chascune compaignie de
cent lances ung surgien. Iceulx quatre surgiens du duc
ne prendent riens des compaignons estrangiers ne des
povres qui sont au service du prince, et s'attendent à
luy pour leurs oingnemens et drogueries de satisfac-
tion, et peuvent en la chambre à toutes heures, comme
les médecins3.
1. Trois mots omis par les précédents éditeurs.
2. Chirurgiens.
3. Tout" ce paragraphe a été remanié comme suit par les précé-
dents éditeurs : « Le duc a quatre chirurgiens : ces quatre servent
pour la personne du duc, et pour ceux de son hostel et autre»; et
certes ce ne sont point de ceux qui ont le moins affaire en la maison :
car le duc est prince chevaleureux, et de tel exercice de guerre,
que par blessure de coup à main, de trait de pouldre ou aultre-
ment, il a bien souvent tant de gens blessés en sa maison et en
iv 2
18 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Le duc a ung garde des joyaulx et son ayde; et est
celuy garde des joyaulx fort privé du prince ; car il
a en ses mains ung million d'or vaillant; et sert à
garder les deniers de l'espargne du prince, tous ses
joyaulx d'or et de pierries, dont le duc est riche, eV
en a les plus beaulx que l'on sache. Il a en sa main
toute la vaisselle d'or et d'argent, tous les habillemens2
et aournemens de sa chapelle; et cuide qu'il en a en
vaisselle d'argent, [que] blanche que dorée, cinquante
mille marcs en ses mains.
Le duc a bien quarante varletz de chambre, dont
la plus part3 servent tousjours, et les autres sont
comptez par terme, et servent iceulx en la chambre
en diverses manières, les barbiers en leurs estaz, les
chaussetiers , tailleurs, cousturiers, fourreurs et cor-
douaniers, chascun en leurs estaz. Les paintres font
les cottes d'armes, banieres et estandars; les aultres
varletz de chambre servent de faire le lict, et à mettre
à point la chambre ; et doibt le fourrier battre et
escourre4 le lict5, c'est à sçavoir la coustelle6 et le
ses ordonnances, que aultre part en divers lieux blessés, que cinc-
quante chirurgiens diligens auroyent assez à besoigner, à faire
leur devoir des cures qui surviennent. Et pour ceste cause a
ordonné le duc en chascune compaignie de cent lances ung chi-
rurgien. Lesdits quatre chirurgiens du duc ne prendent rien des
povres, ne des compaignons estrangiers qui sont au service du
prince, et s'attendent à luy de la satisfaction de leurs ongue-
ments et drogueries, et peuvent à la chambre à toutes heures,
comme les médecins. »
1. « Et lequel. »
2. Mot supprimé par les précédents éditeurs.
3. « La plus grand part. »
4. Secouer.
5. Les éditions précédentes ajoutent : « Et mettre à point la
chambre. » — 6. Le lit de plume.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 19
coussin où le prince doit gésir ; et pour ce seullement
est le fourrier nommé varlet de chambre ; et doibvent
les principaulx estendre les linceux1 et la couverture.
Et doibt le sommellier tenir une torche en ses mains
pour veoir faire le lict, et après refermer les cour-
dines2. Et doibt l'ung des quatre sommelliers garder
le lict, jusques à tant que le prince soit couchié.
Le duc a deux espiciers et deux aydes, et sont iceulx
espiciers si privez du prince qu'ilz lui baillent, sans y3
autres appeller, tout ce que le prince demande touchant
médecine. L'espicier apporte le drageoir du prince
jusques devant4 sa personne, à quelque grant feste ou
estât que ce soit ; le premier chambellan prent le dra-
geoir et baille l'assay à l'espicier, et puis baille le dra-
geoir au plus grant de l'hostel du duc qui là soit; et
sert iceluy du drageoir le prince, et puis le rent au
premier chambellan, et le premier chambellan le
rend5 à l'espicier. Ledit espicier délivre toutes drage-
ries et confitures; il faict et délivre l'ypocras; et a
priz ordinaire en la livre d'espice de chambre et en la
quarte d'ypocras, et se compte par les escroes, soubz
Testât de la fourrière.
Or ay devisé de Testât de la chambre et de divers
offices y appartenans. Si faut que je entre suyve ma
matière; et entreray à deviser de quatre estaz qui
servent le corps et la bouche du prince.
Et premièrement, commencerons à deviser Testât
1. Draps de lit.
2. « Gourdines ; » rideaux.
3. « Nuls. »
4. « A. »»
5. Deux mots omis dans les éditions antérieures.
20 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
des panetiers, et pourquoy ne en quel temps iceluy
estât doibt estre premier nommé, car Testât du pane-
tier, de l'eschanson, de l'escuyer trenehant et de l'es-
cuyer d'escuyrie, sont aussi nobles les uns que les
autres, [et] les gaiges aussi des uns que des autres; et
pour ce que c'est tout ung, quant à noblesse et à estât,
mais il faut1 en toutes choses ordre, règle2 et raison.
Si deviseray, selon ce que j'ay peu aprendre3 et con-
cevoir, comment iceulx estaz doivent aller et estre
conduis.
Le duc a ung premier panetier, et cinquante
escuyers panetiers ; et sont conduis à la guerre et à la
paix soubz le premier panetier, et sont gouvernez par
cinq chiefz de chambre ordonnez par le prince, dont
chascun a neuf panetiers soubz luy ; et chevauchent
tous soubz la cornette du premier panetier en une
escadre. Et ay nommé le premier estât des panetiers;
car en ensuyvant la règle des escroes et des ordon-
nances faictes en la maison de Bourgoingne, de plus
de cent ans 4, doibt estre le panetier le premier nommé,
pour l'honneur du sainct sacrement de l'autel, dont le
pain est la saincte chose où5 le précieux corps de Nostre
Seigneur Jésus Christ6 est consacré.
Le premier panetier faict la despence de la panete-
rie, et se compte soubz luy7 celle despence par les
1. « Toutesfois faut-il. »
2. Mot omis.
3. « Comprendre. »
4. « Passés. »
5. « Dont. »
6. Deux mots omis.
7. Les précédents éditeurs n'ont pas bien lu ces deux mots et
les ont remplacés par « toute. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 21
escroes ; il sert en l'absence des maistres d'hostel, se
tous estoient dehors. Et est la cause pourquoy aucuns
veullent dire que le premier panetier a droit d'estre
pourveu de Testât de premier maistre d'hostel ou *
maistre d'hostel avant tous les autres, mais quant à ce
qu'il a droit, il n'en a point; ains le peut faire le prince
de qui qu'il luy plaist, sans faire tort audit premier
panetier. Bien est vray semblable que le premier pane-
tier, qui a faict despence journellement, et a desjà
servy en l'absence des maistres d'hostel, et a compté
au bureau, et qui a cognu Testât de la despence de la
maison du prince par praticque, doibt2 mieux entendre
et cognoistre par raison ce que ung maistre d'hostel a
à faire, que ne font ceulx qui n'ont point praticque
ladicte despence. Et en ce cas doibt estre pourveu par
raison. Et3 certes pour les raisons4 dictes, ledit panetier
doibt estre premier nommé, et doibt aller devant, sinon
en certain temps que je diray, quant je deviseray5 les
ordres et les mutations en temps et en lieu.
Et en continuant Testât des panetiers, je deviseray
comment le panetier se doibt conduire à servir la
bouche du prince. Quant le prince veult6 disner et qu'il
est couvert, l'huissier de salle va quérir le panetier
qui doibt servir pour ce jour, et le maine en la pane-
terie. Et là le sommelier de la paneterie baille une
serviette audit panetier, et la baise, en faisant créance7 ;
1. Cinq mots omis.
2. « Il est bien vraysemblable, dis-je, qu'il doibt. »
3. Six mots omis.
4. « Dessus. »
5. « Temps, ainsi que j'adviseray. »
6. « Va. »
7. « Gredance. »
22 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
et le panetier la met sur son espaule senestre, les
deux bouts pendans devant et derrière ; et puis le
sommelier luy baille la salliere couverte, laquelle ledit
panetier doibt porter entre ses dois tenant entre le
piet et le ventre de la salliere, en différence du gou-
bellet, qui se doibt porter par le piet; et va le pane-
tier après l'huissier de la salle, la teste nue ; et après
luy va le sommellier, qui porte en ses bras la nef
d'argent qui sert à l'aumosne1 ; et dedans icelle nef2
sont les trenchoirs d'argent et la petite salliere, et
une autre petite nef; ensamble le baston3 et lycorne
dont on faict l'espreuve en la viande du prince. Et, eulx
venus en la salle et devant la table, le sommellier
doibt asseoir la nef où le panetier luy monstre, et
doibt estre le bas bout ; et le panetier ouvre la salliere,
et du couvercle prend4 du sel, et le baille audit som-
mellier, qui en faict l'assay en présence dudit panetier ;
et lors assiet iceluy panetier sa salliere et ses tren-
choirs, la petite salliere, la petite nef et l'espreuve,
et puis met sa serviette pendant 5 à la nef. Et quant
le prince veult laver, le panetier baille la serviete au
premier maistre d'hostel qui doibt servir pour ceste
fois. Le maistre d'hostel le doibt bailler au premier
chambellan, et le premier chambellan le baille à sa
discrétion au plus grant de luy, se plus grant y a, et
rend au maistre d'ostel icelle serviete. Après que le
prince a essué ses mains, le maistre d'hostel la rend
1. « Aux aumosnes. »
2. « D'argent. »
3. « D'argent. »
4. « Doibt prendre. »
5. « Pendre. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 23
au panetier, qui la reploie et remet sur son espaule,
et puis s'en va après le maistre d'hostel en la cuisine ;
et à lever les metz, le panetier lieve * les couvertures,
et le maistre d'hostel faict les assays desdits metz ; et,
ce faict, ledit panetier recouvre le plat, et baille les
plats couvers par celle manière les ungs après les
autres aux gentilshommes des quatre estaz, qui ont
suyvy pour apporter la viande du prince, et aux
paiges et varletz servans du prince. Geulx sont ordon-
nez à porter la viande du prince2, et sont nues testes.
Et, la viande chargée, le saulsier présente au panetier
verjus, et le panetier prend ung assay pour chascune
saulse et le baille au saulsier 3 pour en faire la créance ;
et le panetier doibt porter lesdictes saulses, et est la
cause pourquoy le panetier baille l'assay au saulsier,
et non pas le maistre d'hostel, et si ne baille que ung
assay, et le maistre d'hostel deux, et ce pour ce que
le panetier rend compte seul de ce qu'il lieve4; et le
maistre d'hostel ne le queux 5 n'en rendent plus de
compte, mais mettent la viande en la charge du pane-
tier et de l'escuier qui la porte ; et pour ce baille le
maistre d'hostel deux assays pour chascun metz; ainsi,
la viande chargée, l'huissier se met devant le maistre
d'hostel et après luy le panetier, et puis 6 les metz vont
après et doibt estre le plat le premier7. L'escuier de
cuisine doibt venir après la viande, et devant le prince
1. « Ouvre. »
2. Dix-sept mots omis dans les éditions précédentes.
3. Huit mots également omis.
4. « Livre. »
5. Cuisinier.
6. Mot supprimé.
7. Sept mots omis.
24 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
s'agenouille l'huissier en faisant place et voie, et puis
le maistre d'hostel qui1 se met au bout de la table, où
il doit demourer jusques à tant que la viande soit
assise et assays fais, et doibt avoir tousjours l'œil et
le regart 2 sur ce. Et le panetier assiet la viande sur la
table, et puis prend son assay, et le baille aux autres
l'ung après l'autre. Et se remet le panetier au bout de
la table devant la nef, et sert le duc à deux fois, et à
chascune fois de douze ou treize metz; et le soupper
se sert à une fois ; et doibt le panetier prendre ung
des couteaulx, et mettre le sel de la grande salliere
en la petite, et faire son assay, et le mettre devant le
prince. Le panetier prend au buffet les oublies; et s'il
y a assemblée au banquet, il peut asseoir les oublies
devant tous ceulx qui sont assis à la table du prince,
et non aultres ; et puis le sommellier de la paneterie
apporte au panetier une blanche serviette courte ployée
et la baise, et le panetier l'enveloppe en une serviette
qu'il a sur le col au droit 3 de sa poictrine ; et c'est
la cause pourquoy le panetier met les deux boutz de
la serviette en sa chinture, afin qu'il puist mieux tenir
et garder la serviette qui luy doibt estre baillée. Et
après avoir receu ladicte serviette, le panetier rend
au sommellier les trenchoirs, la petite nef et les sal-
lieres. Et au regard de la grant nef, l'aumosnier la
doibt lever comme il est dit cy dessus4 ; et, la nappe
ostée, le panetier desveloppe sa serviette et la baise,
et puis la desploie devant le prince et tient le bout de
1. Mot supprimé avec raison par les précédents éditeurs.
'2. Trois mots omis.
3. « Ses espaules auprès. »
4. « Ci-dossus esl declairé. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 25
sa serviette à son costé et l'escuier trenchant de l'aultre.
Et la cause pourquoy l'escuier trenchant prent le hault
bout, c'est pour tenir l'ordre qu'ilz ont tenu à la table
devant le prince1. Et quant le prince a ses mains
essuées, ledit panetier doibt reprendre la serviette,
et la rend au sommellier avec la première. Et, en def-
fault du maistre d'hostel et du panetier, le panetier ser-
vant doibt tenir le lieu de maistre d'hostel aux grâces,
et doibt faire les assays en la cuisine en l'absence
d'iceulx. Le premier panetier doibt servir aux quatre
nataulx de l'an en sa personne, et les aultres jours il
doibt ordonner au bureau qui servira, et faire royer
les defaillans, en les accusant au2 bureau. Et pour les
affaires du prince, soit à la paix soit à la guerre, il
ordonne aux chiefz de chambre , et les chiefz de
chambre3 à ceulx qui sont dessoubz eulx, et tient le
regard à faire et accomplir ce que le prince a com-
mandé4.
Et pour entre suyr l'ordre de la paneterie, je devi-
seray ce que l'on5 despend, et commenceray aux var-
letz servans qui font le pain. Et combien que ce soit
estât de nobles hommes, ilz sont appeliez varletz ser-
vans, pour ce que c'est le commencement de Testât.
Et communément le prince met varletz servans de ses
paiges0, et montent à estât d'escuiers pour la bouche ;
1. Quarante-quatre mots omis dans les éditions précédentes,
depuis « et tient. »
2. « Audit. »
3. Cinq mots omis.
4. « Désire. »
5. « Ce qu'il en. »
6. « Met ses paiges vàrlets servans. »
20 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
et de là viennent à croissance (Testât * selon leurs ver-
tus et la maison dont ils sont2. Le duc a huict varletz
servans comptez par terme ; et doibt le varlet servant
aller d'heure à la paneterie3 et demander le pain, les
coutteaux et les serviettes ; le sommellier luy baille le
pain et le garde linge4 les coutteaux et trois ser-
viettes ; le varlet servant en doibt prendre l'une, et enve-
lopper la main dont il doibt tenir5 le pain de bouche,
et doibt chapelier iceluy pain, et donner et bail 1er l'essay
au sommellier, et pareillement des pains bis, dont il
doibt taire les trenchoirs et les essays pour le prince.
Et quant le varlet servant a le pain chappellé, il doibt
prendre l'une des serviettes et mettre le pain dedans,
et puis prendre la seconde serviette toute ploiée, et
mettre sur le pain et puis envelopper de la serviette
le pain si que il soit 6 tout couvert, et en après 7 la nouer
dessus. Et doibt le varlet servant faire les trenchoirs
de pain bis, et en doibt faire huict pilles de quatre tren-
choirs, et les doibt lier de la tierce serviette, et doibt
nettoyer les coutteaux de quoy l'on doibt trenchier
devant le prince. Et quant le panetier porte la salliere,
le varlet servant doibt aller après le sommellier de la
paneterie et doibt 8 avoir en son bras senestre les cout-
teaux pendans en la gayne, et en icelle main porter les
trenchoirs de pain, et en la main dextre doibt porter
1. Deux mots omis.
2. « Venus. »
3. « Aller à la paneterie de bonne heure. »
4. « Luy baille. »
5. « Tient. »
6. « Et mettre sur le pain tant qu'il soit. »
7. « Puis. »
8. Neuf mots omis.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 27
le pain pour le prince ; et quant le panetier et le som-
mellier ont tout assiz, le varlet servant doibt mettre
son pain et les trenchoirs sur la table, et puis doibt tirer
les coutteaux, et doibt asseoir les deux grans cout-
teaux, en baisant les manches, devant le lieu où le
prince doibt estre assis, et doibt mettre les pointes
devers le prince, en couvrant icelles pointes de la nappe
qui est redoublée; et puis doit mettre le petit cout-
teau au milieu des deux grans, et1 mettre le manche
devers le prince ; et les causes pourquoy2 sont que
les grans coutteaux se doibvent retirer par l'escuier
trenchant, et pour ce sont les manches devers luy, et
le petit coutteau est tourné au contraire, pour ce que
le prince s'en doibt aydier. Et, les coutteaux et les
trenchoirs assiz, le varlet servant doibt mettre le pain
sur les deux coutteaux, et les trenchoirs demeurent
emprès la petite nef. Et quant le prince est venu et
assiz, et la viande venue, le varlet servant doit des-
noucr la serviette où sont iceulx trenchoirs, et les
mettre en ordre et par pilles devant la nef, et puis doit
prendre le plus grant coutteau, et faire de l'une des
pilles des essays, et les bailler au panetier, pour faire
les essays de la viande. Il doit attacher la gayne des
coutteaux au tréteau de la table, au droit3 de la nef, à
la couverte de la nappe ; et doit le varlet servant
prendre la petite nef où est la lycorne, et la porter au
sommellier4 au buffet, et le sommellier doit mettre de
l'eaue fresche sur la lycorne et en la petite nef, et doit
\. « Doibt aussi. «
2. Mot omis dans les éditions précédentes.
3. « A l'endroit. »
4. « Qui est. »
28 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
bailler l'essay au sommellier, vuydant de la petite nef
en une tasse, et la doit apporter à sa place, et faire
son essay devant le prince, vuydant l'eaue de la nef
en sa main ; et doibt 4 le varlet servant soy tenir der-
rière l'escuier trenchant, et recevoir tous les plats qui
se lievent par luy de devant le prince, et doibt bailler
iceulx plats aux commis de la saulserie, qui doibvent
estre prests pour les recevoir ; et quant l'escuier
trenchant rend les coutteaux, le varlet servant les doit
apporter en sa main dextre, et la gayne en la main
senestre, comme il est escript cy devant ; et ainsi a
son service achevé. Mais il fault maintenant sçavoir
pourquoy et à quelle raison le varlet servant ne rend
compte des serviettes2 qu'il a apportées, et aussi pour-
quoy il est plustost mis en Testât des panetiers, et ne
rapporte plustost les coutteaux à l'escuier trenchant
que à la paneterie (mais au regart des serviettes, elles
sont mises en la main de l'escuier trenchant, et pour
ce en rend on compte par sa main, comme il est
escript cy devant) ; et quant à ce que le varlet servant
a3 le plus à faire en l'office de la paneterie, et aussi
des coutteaux, c'est pour ce que on luy livre illec
pain et serviettes, et aussi n'oseroit il mettre ailleurs
les coutteaux4, car l'escuier trenchant n'a point de
logis pour l'office, ne a autre entremise que de tren-
chier ; et pour ce doibt tenir place le varlet servant
avec les panetiers, et en l'office de la paneterie.
1. Mot omis dans les éditions précédentes.
•2. Mot également omis.
3. « Les varlets servans ont. »
4. Cette phrase a été omise par les précédents éditeurs depuis
« c'est pour ce... >j
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 29
En ensuyvant iceluy office, le duc a deux huissiers
de la sale comptez à termes ; et doit l'huissier, quant
on doibt apprester pour le mengier du prince, aller à
la paneterie et prendre une verge longue et déliée, qui
doibt estre de quatre piez de long, et lui doibt bailler
le sommellier une serviette blanche, laquelle il doit
mettre autour de son bras dextre, et près de son bras
et 4 de sa main dont il tient la verge ; et sert icelle
serviette en telle manière que, quant l'huissier vient à
la viande en la cuisine pour le prince, il doit bailler
au queux icelle serviette, et le queux luy rend celle
qu'il avoit paravant, laquelle l'huissier doit porter en
son bras comme la première, jusques qu'il l'ayt ren-
due au garde linge ; l'huissier doit prendre en la pane-
terie le tapis pour seoir le prince, et le coussin sur
quoy il doit seoir, et doit porter iceulx soubz2 son
bras senestre, et la verge en la main dextre. Et le
garde linge doit livrer les nappes au sommellier en
faisant créance, et doit le sommellier suyvre l'huissier,
et doivent trouver drecié le banc et le buffet par les
fourriers; et doit l'huissier estendre son tapiz sur le
banc et mettre son coussin droit au milieu, où doit
seoir le prince 3 ; et quant le prince en a faict, il le
doit reporter en la paneterie, et en rendre compte.
Et est la cause pourquoy ne se meslent de la tapisse-
rie, c'est à dire du banquier et du coussin, ceux de
la tapisserie, et toutesfois c'est leur office et se y
prennent une fois iceulx banquiers et coussin, et les
1. Quatre mots omis dans les éditions précédentes.
2. « Sur. »
3. « Au lieu où doit seoir le prince et par dessus mettre le
coussin. »
30 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
fault renouveller en ladicte tapisserie, ce est que1 iceluy
banquier doit estre le bureau sus quoy on tient les
comptes devant les maistres d'hostel ; et le doivent
communément ceulx de Gand des draps royez dont ils
vestent ceulx de la loy de la ville ; et est ledit bureau
à l'huissier de la sale, quant il le fault renouveller ; et
s'il le failloit acheter, il le fauldroit compter au bureau
et payer par le maistre de la chambre aux deniers ;
et pour ce n'a que faire à la tapisserie, et aussi on le
mect en la paneterie, pour estre plus prest pour le
service du prince.
L'huissier de sale doit aller par les offices faire
abregier le service, et est le sergeant du bureau et
des maistres d'ostel, comme il estescript cy dessus.
Le sommellier doibt couvrir la table de deux nappes,
et redoubler la nappe devant le prince comme ung
doublier ; il doit livrer le pain, la moustarde, le fro-
maige, le beure frais et la craisme doulce, tant au
prince comme aux autres, c'est à sçavoir aux estatz.
Le garde linge doit garder le linge, et le délivrer
pour le prince et pour les estatz ; le porte chappe2, es
grans assamblées, doit porter une nappe nouée à son
col plaine de pain, et le doit asseoir sur les tables pour
le commun, et doibt recevoir le pain par compte de
la main du boulengier, pour servir les estatz ; mais
le pain de bouche se doibt recevoir par ung sommel-
lier de la paneterie, et non par autres.
1. « En rendre compte, et est la cause pourquoy ne se meslent
ceux de la tapisserie du banquier et du coussin, et toutesfois
c'est leur office ; et faut renouveller desdits coussins en la tapis-
serie, car... »
2. « Porte -nappe. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 31
L'oublieur1 doibt prendre la fleur2 de ses oublies
d'achapt, et prendre en la cuisine le sucre, le bois et
le charbon ; il doit avoir ung estuy d'argent pour
mettre les oublies du prince, et se doibt pourveoir à
chascune fois es mains du saulsier de vaisselle d'argent,
pour servir le prince, se mestier est ; et peut asseoir
son estuy sur le buffet de l'eschanssonnerie, jusques à
ce que le prince soit servy ; et se doibt servir le prince
comme il est escript cy dessus.
Le lavandier doibt laver et nettoyer le linge3, et
pour ce est il comprins4 de la paneterie.
Or avons nous devisé [de] l'ordre et Testât des pane-
tiers, et de l'office de paneterie ; si fault parler du second
estât, qui sont les eschansons, qui est le second estât
selon l'ancien ordre que je treuve par escript; et la
raison pourquoy, si est, pour ce que l'eschanson sert
du vin où se consacre le précieux sang et corps de
Nostre Seigneur Jhesus Crist 5, ainsi que nous avons
dit du pain cy dessus, et est bien raison que le ser-
vice du pain et du vin soit privilégié avant toutes
choses6. Mais de une chose je m'esmerveille et fay en
moy mesme de grans questions pour l'eschanson et
pour l'eschansonerie, qui ont nom particulier, sans le
tenir du vin ou de la vigne, comme fait le nom du
panetier ou de7 l'escuyer trenchant, dont l'un tient du
1. L'officier chargé de fournir les oublies.
2. « Le fléau. »
3. « Les linges. »
4. Mot omis dans les précédentes éditions.
5. Deux mots omis.
6. « Gomme nous avons dit du pain et du vin, qui sont privi-
légiés devant toutes choses. »
7. « Gomme le panetier ou. »
32 MÉMOIRES L> OLIVIER DE LA MARCHE.
pain son nom, et l'autre le tient de son offiee, qui est
de trenchier. Et certes je ne l'ay pas treuvé par escript,
ne ne le puis comprendre ne sçavoir, mais à deviner ;
et y treuve deux raisons, et non plus. La première, il
y a en France et en plusieurs autres grans seignouries
boutilliers héritiers, et qui sont rentez soubz ce nom ;
et combien que ce boutillier soubz ce nom * soit cause
pour le vin, si ne treuve je point qu'il ait quelque droit
ou prééminence sus l'eschanson ne sus l'eschansone-
rie, mais l'ont2 seullement sur les celliers où se mettent
les vins du creu3 du prince, et non pas des provisions ;
et pour ceste cause fut trouvé différence de nommer
aultrement celuy qui a la charge du service domesticque
à celui qui sert le prince 4 ; et est ce que je puis
entendre quant à la mutation du nom. Et pour la
seconde raison, pour ce que le prince mange publi-
quement et qu'il est regardé de tous, et qu'il doit
estre miroir de toutes vertus et honnesteté, et que le
vin porte en soy mesme nom de plus grant gourman-
dise que nulle autre viande, et ne seroit pas bien séant
de crier souvent au vin pour le prince; pour ce fut
ordonné par les anciens saiges ung autre nom pour
servir à iceluy service. Et n'y puis entendre que ces
deux raisons. Or nous fault encore entendre un tiers
point, pourquoy et pour quelle cause fut donné en
cest estât nom d'eschanson et non autrement. Je croy
que ce fut un nom joyeulx donné par délibération, qui
tient du nom de chanter, pour ce que les anciens es
1. Trois mots omis dans les éditions précédentes.
2. « Mais tant. »
3. « De la cour. »
4. « Dumestique, qui sert le prince, à celuy des celliers. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 33
convives et es grans chieres et esjoissemens se1 sont
resveillez et resjoys par vin, et la première et princi-
pale 2 joye se monstre en chanter ; pourquoy le nom
cTeschanson se monstre3 sus la chanterie. Et autre
chose n'y puis entendre; et qui mieulx scet cause au
contraire si me l'appreigne4, et il me fera ung très
grant plaisir.
Le duc a ung premier escuier eschanson, et a des-
soubz luy cinquante escuiers eschansons toujours
comptez, qui sont conduitz et gouvernez par cham-
brées et par chiefs de chambres, et chevauchent des-
soubz la cornette de l'eschanson en une escadre ; et a
l'eschanson telle auctorité et semblable sur eulx,
comme il est escript5 du panetier. Le premier eschan-
son faict la despence de vin qui se despend à l'hostel
du prince, et se compte l'ypocras par l'eschansonnerie ;
aussi se compte au bureau icelle6 despence soubz luy;
il a regart au faict de la cave et de l'eschansonnerie,
et des serviteurs servans en icelle ; il a le regart es
celliers et es provisions. Et est son estât à l'hostel du
duc de grant despence ; car il ne se passe nulle année
que le duc de Bourgoingne ne despende en son hostel
plus de mille queues de vin, et telle année mille7 par-
dessus, selon les assemblées et les festoiemens. Le pre-
mier eschanson sert les quatre nataulx de l'an en per-
1. « Les anciens convives, les grandes chères et resjouisse-
mens. »
2. Trois mots omis par les précédents éditeurs.
3. « Est prins. »
4. « Et qui mieux l'entend le m'apprenne. »
5. « Gy-dessus. »
6. « Et se compte au bureau d'icelle. »
7. « Encore. »-
iv 3
34 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
sonne ; et quant le maistre d'hostel tient estât après
le disncr du prince, il doit estre assiz au banc entre
l'eschanson et le panetier ; et doit estre assiz l'eschan-
son au dcssoubz du maistre d'hostel, pour telle raison
que, en grans festes et en grans jours, le prince après
son disner demande le vin i et les espices, et fault que
l'eschanson se lieve ; et pour ce siet il au dessoubz,
pour estre plus tost prest 2. Et pour deviser icelle cere-
monye, l'escuier trenchant doit seoir devant le queux
qui a servy le prince, sa serviette sur son col en quoy
il a servy; et à icelle table ne doit autre3 seoir. Or je
demande pourquoy y siet le queux, et non pas l'es-
cuier de cuisine, qui toutesfois est chief en la cuisine.
A ce respons je que deux raisons y a. La première,
que selon les estatuts royaulx l'on crie au queux et
non à l'escuier de cuisine ; et y a en grans seigneuries
grans queux héritiers, qui est office de grant magnifi-
cence. Et l'autre raison si est pour ce que l'escuier de
cuisine qui a charge du service doit faire servir le pre-
mier maistre d'hostel à icelle table. Et m'est force
d'entremesler les estatz pour reciter les drois d'ung
chascun ; et parlerons maintenant comment les eschan-
sons sont ordonnez chascun pour le jour.
Quant la table est couverte, le4 panetier venu, et son
faict assiz, l'huissier de salle va quérir l'eschanson qui
doit servir pour le jour, et le meine en l'eschansonnerie,
et le garde huche5 baille le gobellet couvert, que l'es-
chanson prent par le piet en sa main dextre, et en la
1. « Pain. »
2. « Plus prest. »
3. « Ne doivent autres. »
4. « Pour le jour, quand la table est couverte. Le. »
5. « Garde-linge. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 35
main senestre tient une tasse, ensemble Testât pour le
prince de bacins, de pots, d'esguieres, à l'ayde du
sommellier qui les lave et nettoyé, et puis met icelui
estât es mains du sommellier ; et le sommellier baille
le gobellet à l'eschanson, et se met après l'huissier de
la salle qui doit porter les bacins pendans en la main
senestre. Et après l'eschanson va le sommellier de
l'eschansonnerie , qui doit porter en sa main dextre
deux potz d'argent, où est le vin du prince en l'ung
et en l'autre de l'eaue ; et doit estre le pot du prince
recongneu à une pièce de lycorne pendant à iceluy pot
à une chaisne. Le sommellier doit porter en sa main
senestre une tasse et non plus, et dedans icelle doit
estre couchée l'esguiere pour servir de l'eaue. Et sert
la tasse que porte le sommellier à faire l'essay que
l'eschanson lui baille. Après, le1 sommellier va à l'ayde
qui doit porter les potz et les tasses pour le buffet du
prince. Et est ce2 quant à Testât du commun de tous
les jours à faire 3 quant le prince disne ou souppe ; et
s'appelle servir le prince à simple estât. Ainsi va l'es-
chanson en la salle, et assiet son gobellet au bout d'en
hault4, et du costé de l'assiette du prince; et la tasse
qu'il a apportée, il Tassiet à l'autre bout de l'assiette
du gobellet ; et doit demourer sans soy eslongner,
pour garder ce qu'il a apporté ; et l'huissier de salle 5
va au buffet, et met ses bacins dessus, et le sommellier
assiet sa vaisselle et doit garder le buffet à l'un des
boutz, et l'ayde à l'autre; et le barillier doit aller et
1. « Lui baille après. Le. »
2. « Voilà. »
3. « Selon que on se règle journellement. »
4. « Au haut bout de la table. »
5. « La ville. »
36 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
venir pour aller quérir de l'autre vin pour les suittes,
se besoing est ; mais se il en falloit pour la bouche du
prince, il n'appartient à homme de y aller ne de y
mettre la main que au sommellier ou à son ayde.
Or deviserons comment doit faire l'eschanson, et
pourquoy on le mect au hault bout au dessus du pane-
tier, et toutesfois le panetier est le premier venu et
le premier nommé ; la cause si est que de la panete-
rie viennent les nappes à couvrir la table, et dont il
fault qu'elle soit couverte premier que autre chose s'y
assiee ; et pour ce fault entre suyre iceluy office et ce
qui en despend. Secondement, on le fait pour gaigner
le temps, et pour avoir fait quant le prince viendra ;
car souvent advient que, par les grans affaires du
prince, il ne vient point aux heures communes; et en
cas se on avoit apporté le gobbelet, le vin ne seroit
point frais, à1 avoir esté deux heures peut estre sur le
buffet, et ainsi l'on abrège le service, où riens ne peut
empirer. Et la cause pourquoy l'eschanson a le hault
bout, c'est pour l'honnesteté du service, pour ce que
en iceluy costé n'a que le gobbelet et la tasse. Et
viennent communément les grans2 princes et ambas-
sadeurs au hault bout veoir le prince à sa table, et
le gobbelet ne les empesche de riens ; ce que ferait
la nef, qui est haulte, petite nef, salliere et trenchoirs,
qui se mettent de l'autre costé. Et pour entre suyre et
de tout deviser, quant on parle du hault bout en com-
mune parolle, l'on dit que c'est à dextre main, et bien
est vray le plus souvent ; mais à prendre le hault bout
1. « Pour.
2. « Hauts
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 37
en toutes assiettes et en tous lieux, on doit avoir
regart aux veues et aux venues et1 entrées de Ja sale,
et doit estre le hault bout à la plus belle veue et du
costé des fenestres, soit à dextre ou à senestre. Le
prince2 venu et l'assiette baillée, comme il est escript
cy dessus en Testât des panetiers, le maistre d'hostel
appelle l'eschanson, et lors l'eschanson3 abandonne la
table, et va au buffet, et treuve les bacins couvers que
le sommellier a4 apprestez ; si les prent, et baille l'es-
say de l'eaue au sommellier, et se agenouille devant le
prince, et lieve le bacin qu'il cœuvre5 de la main
senestre, et verse de l'eaue de l'autre bacin sur le bord
d'iceluy, et en fait créance et essay, et donne à laver
de l'ung des bacins, et reçoit l'eaue en l'autre bacin ; et
sans recouvrir Jesdits bacins les rend au sommellier.
Ce fait, l'eschanson se met devant le gobellet, et regarde
le prince, et y doibt avoir si grant regart que le prince
ne doibt demander le vin que par signe. Si prent
après le signe le gobellet en sa main et la tasse, et
doit porter son gobellet hault, affiin que son alaine
n'y attainde point; et l'huissier de la salle luy faict
voie, et quant le sommellier le voit venir, il emplit
son esguierre d'eaue fresche, et rafreschit le gobellet
en la main de l'eschanson dedans et dehors, puis prent
une tasse en sa main senestre, et le pot de la bouche
en la main dextre, et verse premier en la tasse qu'il
tient, et puis au gobellet, et puis prend l'esguierre et
1. Deux mots omis dans les précédentes éditions.
2. « Estant. »
3. Trois mots omis.
4. « Apportés et. »
ô. « Tient. »
38 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
verse en la tasse, et puis i atempre le vin en son gobel-
let, selon ce qu'il scet et cognoist le goust du prince
et sa complexion. Et certes quant au duc Charles, il a
tousjours tellement2 faict attemprer son vin, que je
ne croy pas qu'il soit prince qui si peu boive de vin ,
et qui plus en despende. Le vin attempré, l'eschanson
verse de son gobellet3 en la tasse qu'il tient, et recouvre
le gobellet, et doit tenir le couvercle entre ses deux
petiz dois de la main de quoy il tient la tasse, jusques
à ce qu'il ait recouvert ledit gobellet, et baillé ce qu'il
a versé en sa tasse au sommellier ; et mect dedans la
sienne, et doit le sommellier faire l'essay devant luy.
Ainsi porte l'eschanson le gobellet au prince, et4 des-
cœuvre le gobellet, et met du vin en sa tasse, et puis
le recœuvre et faict son essay. Et quant le prince tend
la main, l'eschanson luy baille le gobellet descouvert,
et met la tasse soubz le gobellet, jusques à tant que le
prince ait beu, pour garder l'honnesteté du prince, de
ses habiz, et pour magnificence que l'on doibt au prince
plus que aux autres. Et quant5 le prince a beu, il rend le
gobellet à l'eschanson, qui le doibt recepvoir en grant
révérence ; [et] ledit eschanson le rescœuvre et le remet
sur la table, comme il estoit paravant. Quant le pane-
lier va aux oublies, l'huissier appelle l'eschanson et ilc
aporte son gobellet, et prent le vin ou l'ypocras du
sommellier en la manière devant dicte. Et quant l'ou-
blieur a assis ses oublies devant le prince, l'eschan-
1. Mot omis dans les précédentes éditions.
2. Mot omis. — 3. « Vin. » — 4. « Puis. »
5. « Habits. Et pour une magnificence que l'on doibt au prince
plus que à autres, et quant. »
6. « Lequel. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 39
son, après son essay fait, mect la tasse sur Ja table
devant luy , et puis assiet le gobellet devant le prince,
et descœuvre le gobellet, et doibt mettre le cou-
vercle reposer1 devant icelle tasse, jusques à ce que
le prince ait fait son bon plaisir ; et doibt reporter son
gobellet couvert au buffet, et rendre au sommeiller ;
et, la nappe et la table levées, il doibt reprendre les
bacins, et porter à laver au duc pour la seconde fois.
Et se doibvent faire essay et cérémonies par la manière
dessusdicte, et se doit mettre l'eschanson2 devant le
prince entre l'escuier trenchant et le panetier, qui
tiennent les deux bouts de la serviette, comme il est
escript cy dessus, et doit asseoir le bacin qu'il cœuvre
sus la table devant le prince, et de l'autre donner
l'eaue. Et puis raporte ses bacins et les rend au som-
mellier, et reprend le gobellet et la tasse, et puis s'en
revont en l'eschansonnerie comme ilz sont venus. Le
premier eschanson, ou autre eschansonen son absence,
apporte le gobellet à tous estaz et à toutes assemblées
d'estat et d'honneur. Et combien que ung prince ou
que ung grant seigneur serve du drageoir, toutesfois
l'eschanson doit servir du gobellet ; et fait on tort à
un gentil homme de luy oster le gobellet qu'il a apporté
pour le mettre en une autre main, et ne le doit par
droit nul faire, quelque grant qu'il soit, si ce n'estoit
le filz du prince qui voulsist servir son père. Mais bien
est vray que en la chambre où le vin est apporté par
les varletz de chambre, et où l'eschanson n'est point
appelle, en ce cas le plus grant prince ou le premier
1. Mot omis dans les précédentes éditions.
2. Id.
40 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
chambellan * doit servir ; car en la chambre du prince
le plus grant pensionaire ou le chambellan doit servir
à mettre le cœuvre chief de nuit ; et le plus grant hon-
neur si est de servir le prince es choses plus secrètes.
Le premier eschanson a tel droit que, quant on pré-
sente au prince vin en vaisselle d'argent, le présent
est à l'eschanson, et en vaisselle d'estain au sommel-
lier, et en vaisselle de bois ou de pierre est au garde
huche 2.
En ensuyvant iceluy estât d'eschansonnerie , nous
parlerons de ce qui en despend. Le duc a deux som-
melliers en l'eschansonnerie, dont l'ung est tousjours
compté3 qui rend compte de la despence faicte par
chascun jour, par nuits et par sextiers. Et se mesurent
à la gauge françoise. Et touchant les provisions des
vins qui sont de plusieurs prix et de plusieurs pays,
tout se mect en nombre de muyz, et dont le contrerol-
leur a [le] nombre en son contrerolle, et se despendent
iceulx muyz par quatre données et délivrées aux
estatz selon ce que chascun a d'ordonnance; et se
met la despence du jour en la main des clercs d'office,
comme il est escript cy dessus. Touttes videnges de
fust sont siennes ; et quant le prince va aux champs,
soit à la chasse, ou à cheminer de ville en ville, le
sommellier de l'eschansonnerie doit porter en sa per-
sonne une tasse, et dedans icelle tasse ung pain; et
doivent estre enveloppez en une serviette dont le som-
mellier doit estre enceinct4, et à son archon doit porter
1. « Le plus grand seigneur. »
2. « Garde-linge. »
3. Mot omis par les précédents éditeurs.
4. « Ceinct. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 41
le gobellet du prince et deux bouteilles, l'une de vin
et l'autre d'eaue, et doit chevauchier après les che-
vaux du prince; et si a le prince1 deux aydes de som-
melliers qui servent en leur absence.
Le duc a deux gardes huches servans à termes
comme dessus, dont celuy qui sert garde l'eschanson-
nerie, et a en sa main 2 toute la vaisselle d'or et d'ar-
gent dont on sert communément le prince et les estaz
en sa maison , touchant vaisselle de buffet ; et les
délivre es mains des commiz desdiz estaz ; et luy est
icelle vaisselle aportée à chascune fois, soit au disner
ou au soupper ; et s'il y a crue de festoyement où il
faille crue de vaisselle, le garde huche3 va au garde
des joyaux, qui luy délivre ce qu'il luy fault et non
aultre4.
Le duc a deux barilliers, et doivent iceulx barilliers5
livrer l'eaue au sommellier pour la bouche du prince,
et avoir le soing des barilz que l'on porte en la salle
pour la grant despence ; et aussi doivent ilz mettre en
escript les quartes de vin qui se donnent par jour et
despensent , lesquelz 6 sont hors les ordonnances , les
crues qui se font, à quoy, qui et comment, et aussi
combien, pour les bailler au sommellier, afin d'en
rendre compte au bureau; et dessoubz eulx a deux
porte barilz qui doivent porter les barilz du commun
de l'eschansonnerie en la salle. Et en la cave doit avoir
1. Deux mots omis dans les précédentes éditions.
2. « Ses mains. »
3. « Garde- linge. »
4. Trois mots omis dans les précédentes éditions.
5. « Lesquels doivent. »
6. « Noter coulx lesquelz. »
{■2 MEMOIRES 1) OLIVIER DE LA MARCHE
une portier, afin que nul homme n'entre où est le vin
du prince, sans estre cogneu ou par confie.
Pour le tiers estât, je pariera? de l'escuier tren-
ehant, et pourquoi il doit estre le tiers nommé devant
t'escuier d'eseuvrie. et des drois qu'il a. Et pourquoy l
l'escuier trenehant doit estre le tiers nomme, pour ee
qu'il entresuvt le service de la bouche du prince; et
doit estre nomme devant l'escuier d'eseuvrie, pour ce
que en bataille le penon des armes du prince est
ordonne es mains de l'escuier trenehant : et y doit estre
tout le jour à son povoir. où que le prince voise ou
viegne, auprès du prince et derrière luy, le penon au
poing desploie, pour donner enseigne et oongnoissance
à ehascun où est la personne du prince, et de là en
avant tant que l'armée dure; l'eseuyer trenehant doit
avoir plat comme les maistres d'hostel. Et pour ee
que le penon est armoyé des armes du prince ainsi
comme la baniere, il doit aller devant l'escuier d'es-
euyrie. et- seroit nomme devant les deux dessusdits,
si ee ne fussent les causes dessusdietes \ Et si a l'es-
euier trenehant tel droit et telle auetorite. que se tous
les chambellans estoient hors de l'hostel du due par
aucune adventure, le premier eseuier trenehant doit
tenir le lieu du premier chambellan. Et ee veux je dire '
et maintenir par deux raisons : la première si est,
car le chambellan est personne Tort privée et secrète
du prince, et appartient que en son lieu soit mise per-
sonne de granl prisante ; et est nécessaire au prince
l. lieux mots omis dans les précédentes éditions.
C. « Lequel, s
3. « Que dessus
Ge que je veux due •
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 43
d'avoir plus grant privauté à son escuier trenchant
que à1 autres, car se il vouloit estre en sa chambre
secrètement, il se passeroit mieulx à prendre son
repas des autres trois estaz que de l'escuier trenchant,
car l'escuier trenchant peut bien servir d'eschanson
et de panetier, et à celle heure n'a 2 cheval ne harnois ;
mais communément les autres ne sont point 3 addre-
ciez à trenchier, et ne congnoissent point1 le goust du
prince ; ce que l'escuier trenchant doit sçavoir. Par-
quoy il appert que le prince par nécessité a plus de5
privauté à Testât de l'escuier trenchant que à autre.
Et la seconde cause et la plus vraye, est pour ce que
l'escuier trenchant porte le penon et les armes du prince,
comme dit est, qui approche 6 la baniere mise es mains
du chambellan; et pour ce conclus je qu'il doit servir
de chambellan avant tous les autres. Mais pourquoy
est il que l'escuier trenchant a le penon devant tous
les autres, et que ne l'a aussi bien le panetier, qui est
le premier nommé, ou l'eschanson, car au regard de
l'escuier d'escuyrie j'en parleray cy après? A ce je res-
pons qu'il a esté anciennement ordonné pour départir
à chascun estât, embesongnementet prérogative. Quant
à l'embesongnement, les autres trois estaz rendent
compte de despence, et l'escuier trenchant n'en a
nulle charge; et quant aux prérogatives et honneurs7,
le panetier sert en l'absence de maistre d'hostel. L'es-
1. « Nuls. »
2. « Et alors ne faut au prince. »
3. << Mais au contraire les autres ne sont communément. »
4. «Et ne scavent ou cognoisseut. »
.">. a Plus grande, t
i). « L'estat de. »
7. '< Prérogatives d'honneur. »
44 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
chanson sert du gobellet publiquement avec ung duc
ou ung conte qui sert du drageoir, et siet en la sale
d'honneur au dessus du maistre d'hostel; l'escuier
d'escuyrie a l'estandart du prince et l'enseigne, s'il
convenoit ' que l'escuyer trenchant fust pourveu subi-
tement d'autre 2 bénéfice ; et certes l'escuier trenchant
se doit premier nommer, comme dit est, et si doit
marchier en armes et son estandart, puisque le penon
est desployé devant les autres escuiers, qui qu'ilz
soient ; et doit marchier à toutes entrées seignourieuses,
le penon demprès de la baniere au dessoubz, et plus
derrière de la moitié de son cheval. Et c'est ce que3
je puis sçavoir des prérogatives, des drois et des rai-
sons4 de l'escuier trenchant.
Doncques le duc a ung premier escuier trenchant,
lequel a cinquante escuiers trenchans soubz luy; et
sont gouvernez 5 à la paix et à la guerre par cinq chiefz
de chambre, et le tout soubz le premier escuier tren-
chant, en la forme et manière des autres cy dessus
nommez. Le premier escuier trenchant doit servir aux
quatre nataulx de l'an ; il doibt faire et entretenir
netz à ses despens6 les coutteaux; et à ceste cause a
l'escuier qui sert toute la viande et tous les metz7 qu'on
lieve de devant le prince ; mais les coutteaux nouveaux8
1. « Et l'enseigne. Si convenoit. »
2. « Pourveu d'aucun. »
3. « Voilà ce que. »
4. « Prérogatives et droits. »
5. « Et conduits. »
6. « Il doibt à ses despens faire entretenir nets, i
7. Quatre mots omis par les précédents éditeurs.
8. Mot également omis.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 45
se paient par l'argentier, soubz la certification de Pes-
cuier trenchant.
Or est besoing que je declaire comment Pescuier
trenchant y sert, et en quelle manière. Quant les estaz
sont appointez et la table parée, Pescuier trenchant
qui doit servir doit pour ce jour 1 mettre son chaperon
ou chapeau sus le buffet, es mains du sommelier; et
en doit le sommelier prendre garde, et doit bailler à
laver à Pescuier trenchant , qui essue ses mains à la
nappe du buffet; et ces choses ne doit on souffrir ne
laissier faire à nul autre que à Pescuier trenchant. Et,
le prince assiz, Pescuier trenchant va devant luy, et
retire le pain et les coutteaux devers luy2, puis des-
veloppe le pain, et baise la petite serviette qu'il treuve
enveloppée, et [le] mect entre les mains du prince, et
puis prent celle où estoit le pain enveloppé, l'escout 3
et la mect sus son col, et y met les deux bouts d'icelle
devant luy ; et la cause pourquoy4 est telle, car Pes-
cuier trenchant doit tousjours veoir toutes les choses
qui doivent toucher au pain, à la viande et aux
coutteaux dont il doit trenchier, et qu'il doit touchier
luy mesme^1 à ses mains et à sa bouche. Puis prent le
pain, si le met en la main senestre, qui doit estre cou-
verte de la serviette ; et du plus grant coutteau le
doit partir en deux pièces6, et en doit prendre l'une,
et la bailler au varlet servant pour faire son essay ;
1. Trois mots omis dans les précédentes éditions.
2. Neuf mots aussi omis.
3. La déploie.
4. Un mot omis.
5. « Et doit toucher. »
6. Mot omis.
46 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
puis prent l'espreuve de la licorne en la petite nef, et
touche le pain tout à l'entour, et puis trenche devant
le prince; et quant il a servy de pain, il la remet sur
la table entre luy et le panetier, et puis prent le petit
coutteau et baise le manche, et puis le met devant le
prince ; et tous les metz et toute la viande qui est sur
la table, il la1 doibt descouvrir et mettre devant le
prince l'une après l'autre, soit fruict ou autrement; et
quant le prince a mangié de l'une, il luy baille de l'autre
selon son appétit; et doit avoir discrétion de présen-
ter au prince les metz comme ilz doivent aller, c'est à
sçavoir les potaiges premiers que le plat, et les œfz
avant que le poisson ; et quant il a mis chascun plat
devant le prince, il le doibt descouvrir, et puis faire
l'espreuve de la lycorne, et après faire son essay avant
que le prince en mange ; et se c'est viande qu'il faille
trenchier, il doit prendre ung trenchoir d'argent, et
mectre dessuz quatre trenchoirs de pain, et les mettre
devant le prince; et devant soy doit mettre quatre
trenchoirs de pain, et sus iceulx quatre2 ung autre,
qui fait le cinquiesme. Et doit estre le cinquiesme
trenchoir3 de la crouste, pour soustenir le faix du
trenchoir et du coutteau ; et doit l'escuier prendre la
chair sur son coutteau, et la mettre devant le prince ;
et s'il est bon compaignon, il doit très bien mangier
et soy repaistre avec le prince 4, et son droit est de
mangier ce que luy demeure en la main en trenchant ;
et certes s'il mange bien , le prince luy en scet bon
1. « Qui sont sur la table, il les. »
2. Mot omis dans les précédentes éditions.
3. « Qui font le cinquiesme trenchoir. »
4. Six mots également omis.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 47
gré ; car en ce faisant il luy monstre appétit et seurté ;
il peut aller boire au buffet, et ne luy peut on refuser
le vin de la bouche ; toute la viande qui est devant le
prince est sienne, pour en faire son plaisir, pourvcu
que le prince mange publiquement ; car se le prince
mangeoit en sa chambre à privé, en ce cas la viande
est à ceulx de la chambre, et n'en auroit l'escuier tren-
chant que par portion. Aux quatre nataulx de l'an, le
plat du prince est au prescheur qui presche ; le jour
sainct Eloy, le plat est au mareschal1 qui ferre les che-
vaulx du prince2; et le jour de sainct George, pour
l'armoyeur qui nettoyé les harnois ; et leur doit estre
baillé sans refuz3. L'escuier trenchant doit nettoier
ses coutteaux de la serviette en quoy estoient les tren-
choirs enveloppez, et les doit tenir netz sur toutes
riens4, et doit mettre en la nef pièces de bouilly et de
rosty, afin que les varletz de l'aumosne ne facent leur
présent et leurs5 prouffiz, mais le donnent aux povres
comme il appartient, [et] l'escuier trenchant doit donner
en chascune pièce deux ou trois cops de coutteau. Et
quant le prince est servy d'oubliés, l'escuier trenchant
doit rassambler les coutteaux et les envelopper, et
couvrir l'allumelle G de sa serviette dont il les a net-
toiez, et tenir la pointe en hault et les doit7 rendre au
varlet servant, qui les doit recevoir moult humble-
ment en sa main dextre ; et en la senestre doit avoir
1. « Du prince. »
2. « Qui ferre ses chevaux. »
3. « Et ne leur doit-on point refuser. »
4. « Toute chose. »
5. Trois mots omis dans les précédentes éditions.
6. La lame.
7. Mot aussi omis.
48 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
la gaine de ses1 coutteaux, elles rapporter en lapane-
terie ; et l'escuier reprend la serviette qui est devant
le prince, et la rend au sommellier de la paneterie ; et
quant la table est levée, l'escuier trenchant doit estre
prest pour aller au prince, et de la serviette qu'il a au
col luy nettoie2 les myes de pain, ou autres choses qui
luy peuvent estre cheues dessuz ; et puis va rendre sa
serviette au sommellier de la paneterie ou au garde
huche3 illec attendant; et par ainsi a fait4 son service.
Or avons devisé du fait de l'escuier trenchant;
si fault maintenant que devisons de ce qui en despend,
et premier de la cuisine. L'escuier trenchant n'a nulle
auctorité en la cuisine, fors seullement qu'il peut par-
ler en la cuisine de la viande mal appointée ou mal
cuitte 5, et le doit dire au maistre d'hostel, et le maistre
d'hostel en advertit le queux ; toutesfois est le droit
quant à escripre ou reciter, que l'on parle de Tes-
tât de la cuisine, après6 l'escuier trenchant. Et au regart
d'iceluy estât de la cuisine, elle est gouvernée et con-
duite par deux escuiers de cuisine, après l'escuier
trenchant7 qui sont comptez par termes l'ung après
l'autre, et tiennent en reigle ceulx de la cuisine, et
doibvent sçavoir la despense 8, et comment la viande9
1. a Desdits. »
2. « Nettoier. »
3. « Garde-linge. »
4. « Il achève. »
5. Trois mots omis dans les précédentes éditions.
6. « Toutesfois c'est bien raison d'escrire et réciter touchant
Testât de la cuisine, après avoir parlé de. »
7. Quatre mots omis.
8. « La viande. »
9. « Elle. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 49
est despensée1; et se délivre la boucherie par mar-
chans et par marchiez fais au bureau, et se renou-
velle iceluy marchié tous les ans, ensamble le marchié
des boulengiers ou mois de mars aussi2 en plain
bureau, et est le marchié es mains du contrerolleur et
des3 chiefz d'office. Et au regart du poisson, il se fait
tous les jours par achapt, et doit estre à iceluy achapt4
le contrerolleur, l'escuier de cuisine et le clerc de la
chambre aux deniers pour le payer ; et doit toute la
viande, soit chair ou poisson, estre apportée devant
le queux, qui choisit ce qui luy semble bon pour la
bouche du prince, et la départ et met es mains de
ceulx de la cuisine, chascun à ce servant; et le surplus
de la viande est délivrée aux compaignons de la cui-
sine à ce ordonnez, qui en une autre cuisine appointent
la viande pour ceulx qui doibvent avoir viande et plat
en l'hostel du prince. L'escuier de cuisine a droit sur
les bestes grosses que l'on donne au prince ; car il a
le cuyr, et le queux a le sieu5; et quant on sert le
prince, il va après la viande, comme j'ay escript cy
dessus, et doit avoir tous les jours une6 torche qui luy
doit estre délivrée en la fruiterie ; et quant le prince
souppe, l'escuier de cuisine doit avoir la torche allu-
mée au poing pour esclairer le derrenier de la viande ;
et l'huissier de la salle7 en doit aussi avoir une pour
1. Les éditeurs précédents ont ajouté ici : « Et la despence qui
se fait. »
2. « Les ans ensamble : le marché ... de mars en plain. »
3. « Des contrôleurs et. »
4. « Auquel achapt doit estre. »
5. Suif. — « Sien » dans les précédentes éditions.
6. « Petite. »
7. « De la chambre. »
iv 4
50 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
esclairer le devant. Le duc a trois queux J pour sa bouche ,
chascun compté par quatre mois ; et doit le queux en
sa cuisine commander, ordonner et estre obey, et doit
♦avoir une chaiere entre le buffet et la cheminée, pour
seoir et soy reposer se besoing fait ~ ; et doit estre assise
icelle chaiere en tel lieu qu'il puist veoir et congnoistre
tout ce que l'on fait en ladicte cuisine, et doit avoir en
sa main une grande louche3 de bois, qui luy sert à
deux fins : l'une pour assayer potaige et brouez, et
l'autre pour chasser avant 4 les enfans hors de la cuisine,
pour faire leur devoir, et ferir dessus 5 se besoing est.
Le queux a en sa garde les espices de garnison, et en
rend compte à conscience et à discrétion, et luy sont
baillées icelles espices, comme sucre et autres choses,
par le contrerolleur, qui en a le double; et quant il
est adverty que le prince veult venir6 à table, il doit
faire couvrir son buffet par le saussier, qui doit appor-
ter la nappe et la vaisselle ; et doit le queux soy ves-
tir7 d'ung honneste habit, et avoir la serviette pendante
à son espaule dextre, et doit recevoir la viande de
ceulx à qui il l'a mise en main, et leur bailler à tous
leur essay ; et puis recœuvre les platz, et reçoit l'es-
say que luy baille le maistre d'hostel, comme il est
devant dit. Et peult le queux aporter un metz devant
le prince, et faire son essay luy mesmes, et aller boire
au buffet; et luy doit on bailler du vin de la bouche,
1. Cuisiniers.
2. « Est. »
3. Cuiller.
4. Mot omis par les précédents éditeurs.
5. Mot omis.
6. « Aller. »
7. « Et parer. »
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 51
comme à l'escuier trenchant, mais il ne se fait pas sou-
vent. Et le peult faire quant il a appointé nouvelle
viande, comme de truffes et de harens frais pour la
première fois en l'année ; il doibt avoir torche d'ordi-
naire, comme l'escuier de cuisine, tant pour visiter
son rost que pour allumer au buffet, pour lever la
viande. Et feray cy une question touchant le fait du
queux, et premièrement, comment se doibt faire le
queux, et qui donne Testât, et aussi qui doit servir
de queux en son absence. A ce je respons que, quant
il fault ung queux à l'hostel du prince, les maistres
d'hostel doivent mander les escuiers de cuisine, et tous
ceulx de ladicte cuisine l'ung après l'autre ; et par élec-
tion solennelle i , et après avoir receu le serment de
chascun se doit créer le queux ; car ce n'est pas estât
ou office commun, c'est mestier subtil et sumptueux,
et qui toute seureté sent2, et est le prouffit nécessaire
du prince, et dont on ne se peut passer ; et est bien
raison que3 le prince, par le rapport de ses4 maistres
d'hostel, [et] de l'élection sur ce faite, donne5 le don au
queux. Et au regart de celuy qui servira en son
absence, quant les queux seront dehors ou malades,
le hateur 6 est le premier en la cuisine après le queux ;
etsembleroitqueàceste cause il debvroit servir devant
tous les autres, et pareillement le potaigier, qui est moult
aprins du goust du prince, et de la saveur7 que le
1. « Souveraine. »
2. « Serve. »
3. Quatre mots supprimés par les précédents éditeurs.
\. « Des. »
5. « Doibt donner. »
6. Rôtisseur.
7. « Sauce. »
52 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
queux ordonne à l'appétit d'iceluy. Mais je res-
pons que l'ung ne l'autre n'y a point de droit, mais
se doit faire i par élection comme le queux ; et le
peuvent les maistres d'hostel ordonner, sans parler
au prince.
Le duc a en sa cuisine vingt cinq hommes, chascun
servant en son mestier et en son office, et2 plusieurs
enfans de cuisine, qui sont sans gaiges, et qui y sont
mis pour apprendre3. Le hateur retient le compte du
rost et4 son ayde ; le potaigier rend compte des potaiges
et son ayde, et livre le potaigier toutes potaigeries,
comme de fèves, pois, bledz et lait, à faire fourmen-
ter le persin 5, et aussi le sel qui se despense en la
cuisine ; et ce par marchié fait au bureau une fois tous
les ans6 comme les autres marchans; et se compte
tous les jours par la cuisine, à tel prix et somme que
l'on doit payer pour jour. Et s'il fault espices en iceulx
potaiges, le queux en fait la délivrance. Les enfans de
cuisine ordinaires plument et nettoient les poissons,
et les livrent à ceulx qui les doivent appointiez Les
souffleurs font bouillir la chaudière, et rendent compte.
Les portiers gardent la porte, et doivent prendre
garde, quant on va aux champs, aux chariotz qui
portent les vaisseaux de la cuisine, comme chaudières,
payelles, grilz, hattiers et autres choses. Les buchiers7
doivent livrer le bois et le charbon pour la cuisine, et
1. « Sinon. »
2. « Et aussi. »
3. « Le mestier. »
4. a Avec. »
5. Persil.
6. « L an. »
7. « Bouchiers. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. o3
ce pour le pris et par le marchié ' qui se délivre en la
fourrière, et se compte par cent de bois, et par man-
dées2 de charbon, soubz la despence de la cuisine. Et
en suyvant ce que le buchier se mesle de Testât de la
fourrière, le buchier doit logier et prendre logis pour
l'escuier de3 cuisine ; les garde mengier doivent garder
toutes les viandes crues dont l'on fait provision, soit
salure ou autrement ; les potiers 4 doivent nettoier tous
les vaisseaux et les habillemens de cuisine, ilz doivent
tirer toute l'eaue qui sert à la cuisine5. Les galopins6
et les enfans sans gaiges nourris en la cuisine doivent
tourner les rostz et faire tous les autres services menus
qui appartiennent en ladicte cuisine.
En continuant le fait 7 de la cuisine , nous revien-
drons à la sausserie. Le duc a deux saussiers, comp-
tez par termes; et doit le saussier garder et rendre
compte de toute la vaisselle d'argent en quoy l'on sert
le prince pour le fait de la cuisine, et aussi de toute
la vaisselle, soit d'argent ou autrement, de quoy on
sert les estatz pour icelle cause. Et quant le prince
veult aller à la table, le saussier si doit8 couvrir le buf-
fet devant le queux d'une blanche nappe, et puis doit
mettre la vaisselle du prince par pilles de platz et par
pilles d'escuelles devant le queux. Et sur iceluy buf-
fet la doit mettre au bas bout en faisant place pour
1. « Du bois. »
2. « Mandelles. » Mande, espèce de grand panier.
3. « Pour la. »
4. « Portiers. »
5. a Qui y sert. »
6. « Happe-lopins, » marmitons.
7. « L'estat. »
8. « Le saussier doit aller. »
54 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
asseoir la viande. Et à l'autre bout doit mettre le saus-
sier entre deux escuelles couvertes les essais tous frois
et tous prestz, dont le maistre d'hostel doit faire ses
essays avec le queux, et doivent estre de pain biz1.
Le saussier doit livrer les sausses de verdure, et le
buaige des nappes pour le buffet, et des napperons
à nettoyer la vaisselle; et ce par ung marchié fait
qui se compte tous les jours soubz la despence de la
cuisine ; et aussi le verjus de grain, le verjus de vin
aigre semblablement, et de ce on fait provision es mains
du saussier, et dont le contrerolleur a le double, et se
despense par nombre de lotz en la cuisine. Et en l'of-
fice de la sausserie, soubz iceulx saussiers sont les
aydes et les varletz de la chaudière. Les aydes font
les sausses et les varletz de la chaudière nettoient la
vaisselle, et la lavent2; et quant la viande du prince
est levée pour servir à table, le saussier doit présen-
ter les sausses au panetier toutes couvertes, et le pane-
tier luy doit bailler son essay, comme cy dessus est
escript. Le saussier doit estre en la salle où le prince
mange, et doit recevoir toute la vaisselle par les
mains du varlet servant, pour sçavoir qu'elle devient ;
car s'il y a voit perte, ce seroit sur luy. Et au regart
de la vaisselle pour la viande des estatz, il la délivre
au commis des estatz, comme fait le garde huche la
vaisselle du buffet, et se rend à chascune fois audit
saussier. Le saussier doit délivrer le sel qui se des-
pense par les estatz, et doit avoir le pain en chascun
1 . Les deux phrases qui précèdent ont. été omises par les pré-
cédents éditeurs.
2. « De lots en la cuisine et en l'office de la sausserie. Soubs
iceux saussiers sont les aides, et les vallets de la chaudière net-
toient la vaisselle et la lavent. »
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. ob
estât, sur quoy on met le sel pour faire la salliere.
Et combien que le fait de la fruiterie ne touche en
riens le fait de la cuisine, toutesfois je entre suivray
continuant et suivant1 iceluy estât, pour ce qu'il sert à
la bouche. Le duc a deux fruitiers comptez par
termes, et a le fruitier telle auctorité qu'il apporte le
fruit devant le prince, et faict son essay. Il livre toutes
manières de fruis, comme poires, pommes, cerises et
raisins, et se compte tous les jours soubz luy et soubz
son office, selon ce qu'il a en despense2, l'une fois plus
et l'autre fois moins pour3 jour. Il livre prunes sèches,
câpres, figues, dates, roisins, nois et noisettes; et ce
se achate par provision et se despense par quantité ;
et pareillement livre la cire qui se despense à l'hostel
du prince, tant en flambeaux, torches, comme en des-
roys4 d'obsèques de prince ; et s'achate la cire par pro-
vision de milliers et par cens, et se despensent par
onces et par livres soubz iceluy office ; et en la fin du
mois l'on compte au fruitier bastons et lumynons5,
pour les torches et flambeaux que il a despendu en
iceluy mois, et ce selon la quantité de sa dépense. Il
a en garde les chandeliers d'argent à mettre les flam-
beaux, et doit asseoir lesdits flambeaux à la table du
prince et au buffet. Il a6 en garde la vaisselle d'argent
pour servir le fruit, et doit estre icelle vaisselle trouée7
en trois lieux, pour plus habilement laver son fruit; [et]
l'on nomme en la maison de Bourgoingne les flambeaux
1 . Deux mots omis dans les précédentes éditions.
2. « Selon ce qu'il en a despensé. »
3. « L'une fois plus que l'autre par. »
4. « Deffroy. » — 5. « Bastons-luminons. »
6. < Du prince ; et au buffel il a. »
7. « Trouvée. »
»G MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
qui se allument au prince les Mestiers d ; et se prent
cestuy nom, à que2 le fruitier doit estre homme de mes-
tier, et doit faire luy mesmes les torches et les flam-
beaux. Et pourquoy se met le mestierde la cire es
mains du fruitier qui a son nom sur le fruit3, et non
pas sur la cire, qui toutesfois est plus grande despence?
C'est en efïect pour ce que la cire est tirée par la mouche
es Heurs, dont viennent les fruis ; pourquoy on a
ordonné très bien ceste chose4. Et quant le prince veult
servir à l'église, comme à la feste de Dieu devant le
Corpus Domini, ou le jour du bon vendredy, le frui-
tier apporte la torche du prince et la baise, et5 la baille
au premier chambellan, et délivre les autres torches
aux princes, contes et barons, aux chevaliers et aux
seigneurs, par trois ou quatre douzaines. Et le jour de
la Chandeleur, àfi aller à la procession, le fruitier baille
pareillement le cierge du prince, qui est armoyé de
ses armes et de sa devise, et pareillement de tous les
princes et princesses ; et ne sont nulz cierges armoyez
délivrez sinon aux princes et princesses, comme dit
est7, et prochains du sang du prince8; et à tous les
autres sont délivrez cierges selon leurs estatz, et
jusques au moindre varlet de l'hostel, compté par les
escroez ; et ne se comptent pas par nombre de cent
1. « Qui s'allument autour des Mestiers. »
2. « Parce que. »
3. Sept mots omis dans les précédentes éditions.
4. « Pourquoy a bien esté ordonné à ceste cause. »
5. « Puis. »
6. « Pour. »
7. Phrase omise dans les précédentes éditions, depuis « et ne
sont nulz cierges. »
8. Deux mots également omis.
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. o7
ou de quartrons, mais par milliers ; et tous suivent le
duc en la procession, le cierge allumé, par estât et par
ordre, qui est moult grant chose à veoir. Le fruitier
livre torches et flambeaux, filez, mortiers de cire et
de chandelles de sieu1 par tous les estatz, et selon ce
que ordonné luy est. En la fruiterie a deux sommel-
liers qui délivrent icelles choses, et si a six varletz de
torches qui doivent tenir les torches à toutes heures,
soit en salle ou en chambre, excepté seullement2 que
quant on tient conseil, les secrétaires tiennent les
torches en la chambre dudit conseil ; et quant le prince
va dehors de son hostel, et qu'il convient avoir plus
largement de torches, comme par douzaines, pour
allumer au prince3, le fruitier peut prendre gens aux
despens du prince pour porter icelles torches, et luy
est compté par les escroes soubz son office. Le frui-
tier livre torches et cire en la chappelle, et sont les
grans torches merchées4 par le contrerolleur, et se
rapportent les coppons des grans torches au bureau,
auquel lieu elles sont desmerchées5 ; et rend ledit frui-
tier son compte par livres et par onces, et se compte
quatorze onces pour la livre. Et au regart de la chan-
deille de sieu, le sommellier de la fruiterie la délivre
et a l'argent, et scet combien il doit avoir de la livre,
et est compté par les escroez soubz iceluy office. Et au
regart des marchans, tant boulengiers comme bou-
chiers, ils doivent livrer le pain en la paneterie, et la
chair et les pastez en la cuisine ; et pour ceste cause
ont certaines bouches comptées par les escroez, pour
1. » Sien, « comme ci-devant, p. 49, et t\e. mémo plus loin.
2. Un mot omis dans les précédentes éditions.
'■'>. Deux mots omis. — i. 5. « Marquées* »
58 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
chascune trois solz par jour ; et se compte à la fin du
moys les boulengiers en la paneterie, et les bouchiers
en la cuisine.
Item, les petites torches dont l'escuier de cuisine et
les autres queux esclairent la viande sont marquées en
queue, et en rendant les bouts ainsi marquées en ont
d'autres.
Or ay devisé de la manière de servir la bouche du
prince; si fault que j'entre au quatriesme estât, qui
est de l'escuyrie. Et prent iceluy estât et office son
nom au 4 labeur des autres , car les autres escuiers 2
prennent leur nom et leur office par la manière que
j'ay escript cy dessus ; aussi le nom de l'escuyrie se
prent sous le nom d'escuier pour ce que l'escuier
gouverne l'office, et n'y a estât en la maison qui se
puist nommer escuier sans queue, sinon l'escuier d'es-
cuyrie, et quant on dit : « J'ay veu l'escuier, » c'est à
dire l'escuier d'escuyrie, et ne desplaise à ceulx qui
dient : « J'ay veu ou parlé à monsieur l'escuier d'es-
cuyrie, » certes c'est mal usé de la manière de par-
ler selon la coustume ancienne de la maison de Bour-
goingne, car l'on doit dire l'escuier seullement, et en
France l'on dit le grant escuier, et non autrement. Mais
je croy bien que nous avons aprins ceste manière de
parler aux autres maisons de princes voisins. Et ne
peut on trop honnourer le nom et Testât, car il le
vault, et est de grant magnificence.
Le duc a un escuier d'escuyrie , lequel a soubz sa
charge cinquante escuiers d'escuyrie , et a povoir et
1. « Et office à la. »
?. Un mot omis dans les précédentes éditions.
MEMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 59
auctorité sur eulx, et sont gouvernez par chambrées et
en escadres, comme il est escript es trois estatz cy
dessus nommez ; et soubz luy se rend compte par les
escroez, et soubz sa certification, de toute la despence
faite pour tes chevaulx, pour rembourure, de méde-
cine, et autres choses nécessaires à la despence com-
mune, et si se paye en compte journellement par les
escroez soubz son office ! . Et c'est à la charge du
maistre de la chambre aux deniers. Et au regart des
pompeux habillemens des chevaulx et des paiges, des
paintures pour bannières etestandarts, de harnois, de
l'armoyrie aussi2, ces choses se payent soubz certifi-
cation par la main de l'argentier.
L'escuier d'escuyrie doit avoir trois proprietez, qui
ne sont pas3 legieres à rencontrer ensamble. Il doit
estre puissant de corps, saige, mixte4, vaillant et hardy.
Premièrement, je diray pourquoy il doit estre vaillant ;
car force de couraige, qui5 est le principal point de vail-
lance, est6 la principale des quatre vertus cardinales.
Il doit estre vaillant et hardy, pour ce que en armes il
doit avoir l'estandart du prince en gouvernement, qui
est enseigne qui toujours est portée et veue, et que
chascun suit, et où chascun tient règle, et où chascun
se rallye ; et convient que celuy qui le maine et con-
duit soit hardy pour emprendre et vaillant pour sous-
tenir; et doit estre telle la renommée de luy7, pour
1. Phrase omise dans les précédentes éditions depuis : « et si
se paye. »
2. Quatre mots <>nii>.
i. « Trop. »
4. « Juste. »
h. Un mot supprimé.
6. « Et. » — 7 » Sa renommée. »
GO MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
donner à chascun couraige de valloir et honte de faire
le contraire. Il doit estre puissant de corps, pour ce
que luy mesmes en personne porte l'estandart du prince
en bataille, qui est ung puissant faiz à porter; car
l'estandart du prince doit estre grant et eslevé par
dessuz les autres, et se doivent toutes autres enseignes
ployer et amoindrir là où est l'estandart du prince ;
et toutesfois pour desploier la bannière du prince où
sont ses propres armes, les bannières de ses subjetz
ne se reploient point, ains se desployent ; et la cause
si est1 que les enseignes doivent révérence à l'estan-
dart, comme font les petiz batteaux en la mer devant
une carracque ou une grant nef. Et pour l'autre
enseigne, qui est la bannière, doit on hommage et
service ; et pour ce desploie chascun banneret la ban-
nière de ses armes , pour monstrer qu'il sert en per-
sonne, et qu'il veult tenir sa foy et loyaulté, comme
il veult vivre et morir avec son prince et que faire le
doit2.
L'estandart doit estre paint des couleurs, devise ou
mot3 du prince, afin d'estre recongneu, et doit avoir
ung fer de lance au bout de l'estandart en hault ; car
au besoing l'escuier peut couchier son estandart, se
la bannière est à ceste heure desploiée ; et pareillement
doit avoir fer la lance du penon, pour ce que l'escuier
trenchant4 est si près du prince ordonné en la bataille,
que au besoing il le doit deffendre et faire lance de
son penon. Et ne sceus oneques, par escript ou autre-
1. « Raison est. »
2. « Gomme il doit mourir et vivre avec son prince. »
3. « Couleurs et devise. »
4. « L'escuyer du prince. »
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 61
ment, où le penon fut desploié sans la baniere, ne la
haniere sans le penon ; mais j'ay bien veu et sceu grans
choses1 soubz l'estandart du prince seulement et sans
avoir baniere ou penon desployé2.
Et pour le tiers point, l'escuier doit estre mixte3,
car il se mesle de toutes les pompes et des parures
qui se font pour le prince, d'armer et attinter4 le
prince, soit pour la guerre, pour le tournoy ou pour
la jouste; et pour ce fault qu'il soit sage et mixte5,
comme j'ay dit. L'escuier doit avoir en la guerre la
première chambre après le prince, et en paix la der-
reniere ; et est la raison pour ce que en la guerre à
toutes heures il doit estre prest pour armer le prince.
Et toutes les fois que le prince chevauche en armes à
estandart desployé, doit avoir plat comme le sommel-
lier de corps ; son estandart doit chevauchier en armes
le premier de tous escuiers, excepté quant le penon
est desployé, comme j'ay dit dessus; car chascune
escadre doit accompaigner son enseigne. Or je
demande, se le prince chevauchoit en armes par
escadres , et ne portassent que les cornettes des esca-
dres, et que l'estandart n'y fut point , s'il venoit ung
effroy, à laquelle des quatre cornettes se devroient0
rallier les escuiers? Je respons que ce seroit à l'es-
cuier d'escuyrie, et ce pour deux raisons : la première,
pour ce que l'on est plus accoustumé que tous soient
1. « De bien grandes choses. »
2. Sept mots omis.
3. « Juste. »
4. Ajuster, parer.
5. « Juste. »
6. « Viendroient. »
62 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
soubz la gouvernance de l'estandart et soubz la sienne
que des autres ; et l'autre raison si est pour ce qu'il
est plus accoustumé de tenir enseigne que nul des
autres ; et je cuyde bien jugier de bailler l'auctorité à
l'escuier d'escuyrie quant à ce point1.
L'escuier a jurisdiction sur ceulx de son escuyrie,
et peuvent demander leur renvoy au bureau de toutes
matières qui touchent partie à partie. Et pour ce que
deux personnes de l'escuyrie seroient ensoignées par
plusieurs journées, et ne pourroient estre d'emprès
leurs chevaulx , parquoy pourrait advenir que par
maladie desroy y fust, ou qu'aucuns chevaulx se per-
draient, et pour ce sont ilz renvoyez à2 l'escuier. Mais
si ung homme de l'escuyrie estoit adjourné pour autre
cause, et contre ung autre que de l'escuyrie, il seroit
tenu de respondre et n'aurait point de renvoy ; et
toutesfois s'il avoit desservi d'estre mis en prison pour
quelque cas, on le rendroit à l'escuier chargé de ses
fais, s'il le vouloit avoir, et si la matière ne touchoit à
l'encontre du prince. L'escuier doit porter l'espée de
parement devant le prince à toutes entrées honnou-
rables, soit à piet ou à cheval, et la doit tenir en sa
main dextre empoingnée 3 entre la croix et le pommeau ;
et doit porter icelle espée couchée sur l'espaule, la
pointe dessus, et doit estre l'escuier seul à tout l'es-
pée4 et la première personne devant le prince. Soubz
1. « Nota qu'il y a guidon à l'estandart comme pennon à la
baniere, que jamais à la guerre on ne ployé; car c'est à quoy et
soubs qui les archers se conduisent et rallient ; et le gouverne le
capitaine des archers du prince. » (Note d'Olivier de la Marche.)
2. « Devant. »
3. Mot omis dans les précédentes éditions.
4. « Avec l'épée seul. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 63
l'escuyer sont trompettes, menestrelz et tous joueurs
d'instrumens, messaigiers et chevaucheurs portans les
armes du prince ; et leur donne le prince la retenue,
et l'escuier leur met la boitte armoyée. Il a en garde
la cotte d'armes et l'estandart, mais les paintres qui
les font sont varletz de chambre, et n'ont que faire à
luy que pour leur mestier. Les armuriers sont pareil-
lement varletz de chambre, et respondent à l'escuier
seullement , et non à autre ; paiges et varletz de piet
sont soubz luy, et tous autres servans à1 l'escuyrie ;
et quant le prince jouste ou tournoie, l'escuier2 doit
avoir les parures du prince et de son cheval, en quoy
il a jousté et tournoie pour chascune fois, et quelque
riche qu'elle soit, excepté3 l'or pur et la pierrie ; car ce
revient au prouffit du prince.
Les escuiers d'escuyrie doivent mettre l'estrier au
pié du prince, et l'aydier à monter et à descendre, et
tenir la bride de son cheval; et le varlet de pié4 doit
tenir l'estrier hors du montoir, et doivent estre soin-
gneux que le cheval soit prest à l'heure qu'il le
demande. Les escuiers d'escuyrie doivent estre bons
chevaucheurs, et deux ou trois fois le mois et selon
le temps, se l'escuier l'ordonne, ilz doivent aller aux
champs et5 chevauchier les chevaulx du prince.
Or est temps que nous devisons du nombre de
ceulx qui sont en l'escuyrie, et quelz gens. Le duc a
premièrement6 douze paiges, enfans de bonne maison,
\. « Et tous autres de. » — 2. « II. » — 3. « Réservé. »
4. « Le vallet lacquay. »
5. k Le mois ils doivent aller aux champs selon le temps, si
l'escuyer ordonne de. »
6. Un moi, passé dans 1rs précédentes éditions.
64 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
lesquelz sont en la subjection et gouvernement de l'es-
cuier, comme dit est, et doivent chevauchier après
le prince, ainsi que leur est ordonné par lepalfrenier1 ;
et n'ont que faire iceulx paiges autour des chevaulx,
sinon de brider chascun son cheval et les mener boire
après le palfrenier, et par ordre de chevauchier après
le prince, comme dit est; et doivent aller à la viande
pour le prince comme j'ay escriptcy devant2. L'escuier
se sert d'eulx pour les endoctriner. Hz ont varlet3 aux
despens du prince, qui les pansent et nettoient ; et doit
icelui varlet soy l tenir hors de la cuisine, pour garder
les chevaulx du prince quant les paiges 5 vont à la viande
du prince. Le plus grant et le plus puissant des paiges
doit porter l'estandart après le prince ; et le prince,
selon ce qu'ilz viennent grans, les met ses coustilliers6
et ses serviteurs servans en armes autour de luy
pour fairemessaigerieset courrent7 là où il les envoie.
Le duc a ung palfrenier; celui8 est le premier en
l'escuyrie, et doit estre obey des autres au regart du
faict des chevaulx, et doit chevauchier après lesaultres9
et porter le manteau du prince, et non autre. Il a en
garde toutes les selles qui appartiennent aux chevaulx ;
1. « Que leur ordonne le palfrenier. »
2. Neuf mots omis dans les précédentes éditions.
3. « Vallets. »
4. « Et se doivent iceux vallets. »
5. « Pour garder les chevaux des pages quand ils. »
6. Les éditeurs précédents ont lu conseillers, ce qui n'avait
aucun sens. — Goustillier, soldat armé d'une coustille ou grand
couteau. -
7. « Les faict ses conseilliers, et servent en armes auprès de
luy pour faire message, et pour courir. »
8. « Qui. »
9. « Après les pages. »
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 65
il mect les chevaulx et les paiges en ordre après le
prince, et doit estre obey1, comme dit est.
Le duc a quatre varletz de pié, iceulx2 doivent ame-
ner le cheval du prince au montoir, et le doivent aller
quérir à l'escuyrie, et le mener par la bride, et non
monter sus, et doivent3 bien garder que nul homme
approche ledit cheval ; et depuis que le palfrenier leur
a délivré le cheval du prince4 es mains, nul ne doit le
attouchier ne à la selle ou à la harnassure5, s'il n'est
escuier d'escuyrie ; et doivent avoir iceulx varletz de
pié ung chascun ung blanc baston en sa main, sans
fer et sans glaive, et ce pour reculler le peuple qu'il
n'approche point le prince. Car il ne seroit pas bien
séant que le povre peuple, qui amoureusement court1'
après le prince, et se tire près pour le veoir, fust reculé
ou féru de glaive ou de trenchant ; mais doit estre
rebouté par iceluy baston qui n'a point de pointe. Les
paiges, palfreniers ou varletz de pié7 doivent estre habil-
lez paraulx; et les varletz de pié ou palfreniers font les
aulmosnes avant les champs à tous les povres que le
prince rencontre ; et rend compte en conscience celuy
qui faict l'aulmosne de ce qu'il a donné ; et doivent les
varletz de pié estre8 aux sallies et entrées de toutes
villes, et aller à pié autour de son cheval, comme dit
est. En icelle escuyrie a bien trente hommes servans et
1. Quatre mots omis dans les précédentes éditions.
2. « Lacquais vallets, et. »
3. Un mot omis dans les précédentes éditions.
4. Quatre mots également omis.
5. « Nul ne doit attoucher le cheval sellé ou en harnassure. »
6. « Vient. »
7. « Vallets lacquais. »
8. « Aller, »
iv 5
66 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
à ceste cause, et selon Testât d'ung ehasoun1. Les var-
letz de corps nettoient les chevaulx d'estrilles et de
flassars2, et leur donnent l'avaine, font les littieres,
fîentent les chevaulx, et tiennent l'escuyrie honneste.
Les mareschaulx ferrent et medecinent les chevaulx ;
les bottelleurs livrent le foin, l'avaine et la littiere ; les
chevaulcheurs font la despence et les pourveances, et
les aydes d'iceulx chevaulcheurs sont fourriers de l'es-
cuyrie, et prendent les logiz. Les varletz des som-
miers, dont il y a plusieurs, pansent les chevaulx des
sommiers, et les meinentà tout le3 sommaige ; et oultre
plus, sont iceulx chevaulcheurs messaigiers, et n'en
y a que douze ordinaires; et iceulx douze4 ont ung
varlet aux despens du prince, et eulx douze n'ont en
l'escuyrie que quatrées de5 chevaulx, qui sont délivrées6
aux varletz des chevaucheurs chascun jour, et sont
mises7 au prouffit d'iceulx où qu'ilz soient; car selon
leurs charges et leurs commissions, aucune fois tous
y sont, aucune fois néant et peu souvent, l'une fois
deux, l'autre fois point ; et sont payez de leurs voyaiges,
quant ils vont dehors, par l'argentier8; et pour ce
fut ordonné qu'ilz auroient quatre livres par jour
et non plus. Les varletz des chariotz despensent
1. « Trente hommes à ceste cause et chascun selon son estât. »
2. Couvertures de chevaux.
3. « Avec leur. »
4. « Et lesdits douze messagiers. »
5. « Quatre. »
6. « Délivrés. »
7. « Mis. »
8. « Les officiers d'armes se créent et baptisent à l'hostel du
duc. » Phrase maladroitement intercalée ici par les précédents
éditeurs. Elle se retrouvera plus loin.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 67
de leurs chevaulx et chariotz * , et se compte le
tout soubz la main du chevaulcheur, qui fait la des-
pence par les escroes et en l'office d'escuyrie ; et
doivent estre dessoubz l'escuier tous ceux qui portent
esmail du prince ou enseigne armoyée des armes2,
excepté l'office d'armes.
Et puisque nous avons parlé de l'office d'armes, je
deviseray d'iceulx. Le duc a en son hostel six roys
d'armes, huict heraulx et quatre poursuyvans, et leur
sont leurs cottes d'armes délivrées et renouvellées par
l'escuyrie ; mais ilz ne sont pas subjectz à l'escuier, et
n'ont à respondre que au duc et à son premier cham-
bellan ; et sont iceulx comptez par les escroes, sinon
quant ils vont es voiaiges, qui sont comptez par l'ar-
gentier. Les officiers d'armes se créent et baptisent à
l'hostel du duc es grans jours et es bonnes festes.
Et à faire ung poursuyvant doit avoir deux heraulx,
qui doivent tesmoigner qu'il est personne honneste,
qu'il a discrétion et renommée de vertu et de vérité
pour entrer en l'office d'armes, qui jadis furent nom-
mez les voir disans. Le prince luy donne tel nom qu'il
luy plaist, et en le nommant, le baptise de vin que les
heraulx luy ont apporté en une tasse, et puis donne
la tasse au poursuyvant, et la racheté communément
d'ung marc d'argent; et puis les heraulx luy vestent
la cotte d'armes du long des bras, et non autrement;
et la doit [ainsi] porter tant qu'il soit poursuyvant, en
différence des roys d'armes et heraulx. Et se le poursui-
vant se gouverne bien, et qu'il soit trouvé homme de
1. Doux mots omis dans les précédentes éditions
2. Deux mots également omis.
68 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
bien et1 de vertu, il parviendra au noble office de
herault ; et doit avoir en sa création deux roys d'armes
et quatre heraulx, qui doivent certifier de sa première
conduite, et qu'il a esté poursuivant sept ans, et qu'il
est digne d'estre herault. Si doit estre baptisé encore
une fois, et le prince luy mue2 son nom, et les heraulx
luy tournent la cotte d'armes selon ce qu'elle doit aller ;
et pour créer ung herault à estre roy d'armes, convient
que tous les roys d'armes, heraulx et poursuivans que
l'on peut finer3 soient là, et qu'ilz portent tesmoignaige
devant le prince des vertus du herault, et qu'il est stillé
au très grant* office de roy d'armes, qui est si grant, si
hault et si noble que jamais ne peut avoir plus hault
nom en office d'armes. Le herault doit avoir la cotte
d'armes vestue, et le prince luy met la couronne en
la teste, qui doit estre d'argent doré et non point
d'or, et n'y doit avoir pierres que saphirs, en signi-
fiant que le roy d'armes ne doit avoir nul regart à
quelques5 richesses, fors au ciel seullement que le
saphir figure, et dont il doit tirer vertu et vérité. La
couronne doit estre en quatre lieux croisettée, et non
flouronnée ; et luy doit estre baillée nom de province
subjecte au prince, et où d'ancienneté il y ait eu nom
de roy d'armes. Et au regart du roy des royers, il se
nomme par le marquis du Sainct Empire, et se crée
par l'Empereur, qui ne luy doit refuser ; et est ung
des principaux roys d'armes qui soit de la çrestienté.
1. Trois mots omis dans les éditions précédentes.
2. « Et lui change le prince. »
3. Trouver.
4. « Haut. »
5. « Point avoir regard à nulles. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 69
Et du temps des nobles tournois, ils se combatoyent
par deux partiz, les ungs royers et les autres poyers.
Et furent deux roys d'armes fais pour soustenir iceulx
deux partiz, et pour mettre par ordre les blasons des
nobles hommes, en gardant à chascun son estât et
degré : c'est à sçavoir le roy d'armes des royers pour
toute la noblesse de Germanie, et le roy d'armes des
poyers pour toute la noblesse de Gaulle ; et certes les
matières sont de grans recommandations. Mais je m'en
passe pour abregier et pour entre suire ma matière.
Et qui désir aura de sçavoir à parler de ceste chose
quiere1 ung traicté que fist Anthoine de la Salle2, et il
trouvera matière de grant recommandation. Et au
regart de créer le roy d'armes de la Thoison d'or3, il
doit estre fait par élection des chevaliers de l'ordre.
C'est le premier et le principal de l'hostel du duc de
Bourgoingne, et a l'entremise de la feste de la Thoison ;
[et] ne doit avoir autre officier d'armes pour conduire
les cérémonies que luy seullement, et se doit aider de
Fusil4, poursuyvant, et non plus. Hz doivent tous à
toutes grandes choses accompaigner le prince, leurs
cottes d'armes vestues ; ilz ont de grans drois et de
grans dons. L'office d'armes doit honnourer les nobles,
et la noblesse les doit nourrir, soustenir et porter. Les
officiers d'armes doivent porter les blasons du prince
au costc dextre, selon nostre coustume ; mais les offi-
1. « Cherche. »
2. Cet ouvrage n'a pas été publié. Sur les Royers et les Poyers,
voy. du Cange, Gloss., Vis Poheri et Ripuarii, et Vulson de la
Colombière, Théâtre d'honneur et de chevalerie, t. I, p. 55.
3. Deux mots omis dans les précédentes éditions.
4. Les précédents éditeurs n'ont pu lire ce nom et l'ont rem-
placé par le mot « iceulx, » qui n'a ici aucun sens.
70 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
ciers d'armes d'Angleterre portent leurs blasons au
costé senestre. Et autrefois ay demandé au roy
d'armes de leur party pourquoy ilz avoient telle cous-
tume en Angleterre. Sur quoy il me respondit qu'il
luy sembloit1 que leur raison estoit plus grande que
autre, et que se ung noble josne homme qui jamais
n'auroit esté armé vouloit sçavoir de quel costé il
devroit prendre son escu, il le verroit aux blasons
des officiers d'armes de quel costé ilz les portent.
Et pardeçà les officiers d'armes les portent au dextre
costé, pour ce que le dextre est le plus noble pour
faire honneur aux armes et2 au blason, et ainsi chas-
cun a opinion raisonnable. Et la cause pourquoy le
prince [leur] donne la tasse d'argent à les créer, c'est
pour faire le blason de ses armes. Et me tais à tant des
cérémonies de l'office d'armes pour entre suyre ma
matière.
Le duc de Bourgoingne a douze trompettes de
guerre, les meilleurs qu'il a sceu finer, et sont iceulx
trompettes gouvernez par l'ung d'eulx qui est leur
chief. Et le matin que le prince doit partir, ilz doivent
tous ensamble venir faire une basture devant les
fenestres du prince pour [le] resveiller à l'heure qui leur
est baillée, et puis se partent eulx3 quatre et vont
sonner à mettre selle par les quatre parties de la ville
ou de l'ost, et au retour de chascun ilz doivent sonner
ung mot à rentrer au logiz du prince, et se doivent [là]
rallier ensamble, puis Mesjeuner aux despens du prince.
1. Quatre mots omis dans les éditions précédentes.
•?. Trois mots également omis.
3. Mot également omis.
4. « Tous ensamble, puis. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 71
Et le chief des trompettes se doit tenir prest pour
sçavoir quant on sonnera à cheval ; et quant le prince
le commande, les trompettes se départent et vont son-
ner à cheval ; si se mettent chascun en armes et en
habillemens , et se tire chascun dessoubz son chief et
dessoubz sa cornette, et les trompettes se tirent devers
le prince comme la première fois ; et assez tost après
sonnent les trompettes la tierce fois; si viennent les
cornettes et escadres accompaignez chascun de leurs
gens devant l'hostel du prince; et quant tous sont
venus, les trompettes font une basture, et à celle
heure monte le prince ; et doivent toutes les trompettes1
sonner à toutes entrées et saillies, tant que la ville
dure ou le camp où on a esté logé. L'escuier d'escuy-
rie leur livre bannières de trompettes ; ilz ont droit es
deniers donnez en largesse dont l'office d'armes prent
la moitié, et les trompettes, menestrelz et joueurs
d'instrumens l'autre moitié. Le duc a six haulz menes-
trelz, qui par l'ung d'eulx six sont gouvernés2 et
portent les armes du prince, et sont comptez par les
escroez comme les trompettes ; le duc a quatre joueurs
de bas instrumens pareillement comptez, et portent
les armes du prince ; et m'a esté force d'entre suyre
les estatz, non pas par ordre, mais3 par règle. Et
combien que ceulx dont je parleray cy après soient
plus nobles, toutefois j'ay voulu entre suyre l'escuyrie
et ce qui en dépend.
Le duc a soixante deux archiers pour son corps,
1. « Et les trompettes doivent. »
2. « Qui sont gouvernée par un des menestriers qui est roy
d'iceux. »
3. Mot omis dans les précédentes éditions.
72 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
qui sont gouvernez par deux chevaliers qui se nomment
capitaines des archiers, et sont comptez par les escroez
ordinaires ; et les peuvent iceulx capitaines corriger et
pugnir, et doivent annoncer les defaillans au bureau
et aux maistres d'hostel pour les royer4 se besoing
est, et on ne leur doit point refuser quant ils le dyent.
Hz ont tous les ans, ou souvent, palletoz d'orfavrerie
richement chargez ; ilz font le guet tour à tour devant
le prince; ilz le doivent accompaigner où qu'il voise,
soit à pié, soit à cheval2 ; s'ilz sont à pié, ilz doivent
estre autour de son cheval, le gouge ou le baston sur
le col ; et s'ilz sont3 à cheval, ilz doivent chevaucher
après leur enseigne, et doit aller leur enseigne devant
celle des escuiers, et entre suyre les archiers de la
garde, comme je declareray cy après.
Le duc a six vingts et six hommes de sa garde pour
la seureté de sa personne, tous nobles hommes, et les
fait appeler les escuiers de la garde, et a chascun
homme d'armes4 ung archier à cheval, qui sont six
vingts et six archiers 5, et sont lesdits hommes d'armes
et archiers conduis et gouvernez par ung capitaine
qui se nomme capitaine de la garde et par quatre
escuiers chiefs d'escadre, dont chascun a soubz luy
trente hommes d'armes et trente archiers en son
escadre ; et est chascune escadre conduite par quatre
chiefz de chambre, lesquelz en ont dessoubz eux
chascun six hommes d'armes et leurs archiers. Ainsi
1. Rayer.
2. « A pied ou à cheval, où qu'il voye. »
3. « S'il est. »
4. « Et a chascun un homme d'armes et.
5. Sept mots omis.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 73
sont en chascune chambre sept hommes d'armes, qui
sont vingt huit pour les quatre chambres, et a chas-
cun chief d'escadre deux lieutenans, l'ung pour con-
duire les hommes d'armes en son absence, et l'autre
pour conduire les archiers. Ainsi sont xxx hommes
d'armes et les archiers1 en chascune escadre. Le capi-
taine de la garde a pour sa chambrée seullement2,
oultre et pardessus le nombre dessusdit, plusieurs
hommes d'armes qui ont requis estre de la garde. Et
pour ce que ce n'est chose ordinaire, fors à volenté, et
que le nombre est aucune fois de plus et l'autre de
moins, je ne m'y veulx guère arrester, mais viendray
à l'ordinaire seullement. Le capitaine a ordinairement
huit archiers et deux coustilliers3, deux trompettes
et ung chappellain, qui sont comptez aux gaiges du
prince. Item, a deux hommes d'armes, ses lieutenans,
dont l'ung a conduite de l'estendart en son absence4,
et l'autre conduit le guidon des archiers de toute la
garde, et ont les chiefz d'escadre chascun ung archier
ordinaire aux despens du prince, et a telz gaiges que
les autres ; et d'abondant les chiefz d'escadre et leurs
lieutenans5 ont chascun ung coustillier de crue payé aux
gaiges du prince. Ainsi sont douze coustilliers en ladicte
garde, et servent iceulx d'aller avec le fourrier de la
garde prendre les logiz ; et les deux coustilliers font le
logiz pour leur escadre, et le troiziesme doit revenir au
1. Neuf mots omis dans les précédentes éditions.
2. Un mot également omis.
3. « Conseillers, » comme précédemment, page 64, et de même
plus loin.
4. « Dont l'un conduit l'estandart, en son absence, des hommes
d'armes. »
5. « Le lieutenant. »
74 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
devant de l'escadre pour les mener au logiz ; et che-
vaulchent iceulx hommes d'armes et archiers en huit
escadres et tousjours en armes, soit à la paix, soit à
la1 guerre. Et chevauche le second lieutenant du capi-
taine le premier, et le guidon des archiers après luy ;
et pour ce se nomme icelluy capitaine le capitaine2
des archiers de la garde ; et après luy chevauche la
première escadre3 qui est conduite parl'homme d'armes,
second lieutenant de la première escadre ; et puis che-
vauche la seconde escadre, la tierce et la quarte, et
sont conduites par le second lieutenant, comme dit
est. Et après iceulx chevaulchent les archiers de corps,
à guidon desployé, soubz le gouvernement du premier
capitaine ; et se c'est en temps de paix, les escuiers
des quatre estatz du prince chevaulchent après luy
par ordre, et puis les chevaliers, les grans pension-
naires4, ceulx du sang, princes et autres, et puis les
trompettes et l'office d'armes en ordre. Et au regart
des huissiers d'armes, ilz chevauchent deçà et delà
pour tenir la place ouverte ; et puis devant le prince
chevaulchent sergeans d'armes, la masse sur l'espaule,
et le dernier est escuier d'escuyrie à tout5 l'espée. En
tel ordre chevaulche le prince, ses paiges et ses
parures6 après luy, et derrière luy vient le capitaine
de sa garde à l'estendart desploié, conduit par luy ou
par son lieutenant; et après7 vient le premier chief
1. « En temps de paix ou de. »
2. Deux mots supprimés dans les précédentes éditions.
3. « Des archers. »
4. « Et puis. »
5. « Avec, » et de même plus loin.
6. Trois mots également omis.
7. « Après luy. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 75
d'escadre, à cornette desploiée, qui conduit la pre-
mière escadre des hommes d'armes qui accompaignent
l'enseigne, et puis la seconde, la tierce et la quarte,
chascune conduite par son chief d'escadre, si comme
dit est. Mais quant le prince chevauche pour la
guerre, ceulx de sa maison chevauchent après la per-
sonne du prince, les chevaliers les plus près de luy,
les escuiers après et puis la garde ; et se ployé l'estan-
dart à demy, pour celuy du prince qui est desploié ;
et ne chevauche nul devant d luy entre les archiers et
sa personne, sinon les escuiers de sa chambre et ceulx
de son sang. En la manière devant dicte chevauche le
duc tous les jours, et de sa personne porte le harnois
comme les aultres2. Et tous les jours sont tenuz ceulx
de la garde faire le guet devant le prince tour à tour,
à chascune fois quinze hommes d'armes, la première
nuyt le chief d'escadre, et la seconde son premier
lieutenant à tout le demourant ; et doivent iceulx du
guet tous les jours accompaigner le prince, embasto-
nez et armez se besoing fait3 ; et sont iceulx de la garde
comptez par les escroez et payez par le maistre de la
chambre aux deniers, et font les clercs d'office ung
rolle tous les jours de leurs noms, et sont mis dedens
le contrerolle par ung petit escroe, et sont royez et
recomptez par le capitaine de la garde seullement, qui
a le regard sur eulx. Hz ont mantelines et parures du
prince, et les archiers palletoz d'orfavrerie ; et sont
1 . « Et ne chevauchent devant. »
2. Seize mots omis par les précédents éditeurs qui ont rattaché
le commencement de la phrase : « en la manière devant dicte » à
la fin de la précédente.
3. « Est. »
76 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
comptez à si grans gaiges et en tel estât qu'ilz ont
chascun ung coustillier armé, qui font six vingt et six4
combattans, oultre et pardessus le nombre nommé2.
Tous les hommes d'armes ont par mois argent du
prince et à ses despens pour tenir sommier à mener3
le bagaige; et à tant me tais du fait de la garde.
Et pour conduire ceste grande chose, fault deviser
comment il se loge, et la police du logis, selon lequel
est nommé en tout temps mareschal, [pour] estre et
servir pour le4 fait de la guerre ; et doit livrer les quar-
tiers aux fourriers des compaignies5 des gens d'armes
et de tous les quartiers. Le second mareschal, et qui est
mareschal de l'hostel du duc, doit avoir le choix pour
logier le prince et son estât. Et ne devïseray gueres
pour le présent du mareschal du logis, pour ce que je
y reviendray en temps et lieu; mais deviseray du
mareschal du logis de l'hostel pour deviser [de] Testât
de la fouriere, et comment elle se doit conduire. Le
mareschal du logis se souloit appeller l'escuier du
logis, et ne se mettoit sus iceluy estât qu'en la guerre
seulement ; mais pour ce que le duc va tousjours en
armes, et que sa maison est si grandement accompai-
gnée, comme on peut veoir, il est ordonné qu'il seroit
ung mareschal du logis de l'hostel, et est ung moult
bel estât et office. En l'hostel du duc il y a quatre
archiers comptez et une trompette par les escroez, qui
accompaignent le mareschal où qu'il voise ; et quant
1. « Cent vingt-six.
2. « Armé. »
3. « Et amener. »
4. « Pour servir au.
5. « Capitaines. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 77
il doit partir pour aller faire ung logiz de ville en ville,
il fait sonner sa trompette; et, sa trompette revenue,
il monte1 à cheval, et les fourriers du prince doivent
venir vers luy ; et doit avoir le mareschal une cornette
pour enseigne, et doit aller par toutes les rues et par
tous les logiz sa cornette après luy, et le doivent
suyvre de tous les estatz ung gentilhomme et fourrier
de tous les seigneurs2. Le fourrier de la garde, accom-
paigné des coustilliers ordinaires, doivent marchier
en belle ordonnance jusques au lieu où ilz doivent
faire le logiz ; et est bien besoing en temps de paix
que ce soit par aucuns jours avant que le prince se
parte ; et se départ le logiz en deux parties dont la
première partie est livrée au fourrier pour le prince,
les chambellans, les quatre estatz, la chappelle, les
archiers de corps, la garde3, la chambre et les officiers
domestiques ; et le mareschal loge de soy 4 princes et
grans pencionnaires, chambellans et gens de conseil,
ambassadeurs et autres survenans qui ne sont point
domestiques. Et ainsi se départ le logiz, et le fourrier
et ses aydes font le logiz qui leur est ordonné et baillé.
Ce quartier de la garde est aussi délivré 5 au fourrier
de ladicte garde, et iceluy fourrier départ son logiz en
cinq parties, l'une pour le capitaine et ceulx de sa
chambre, et l'autre partie se part6 en quatre pour les
quatre chiefz et leurs quatre escadres. Et combien que
1. « Doit monter. »
2. Huit mots omis dans les éditions précédentes.
3. « Les quatre estats de la chappelle, les archers de corps de
la garde. »
4. Deux mots également omis.
5. o Est ordonné et le gardier de la garde, et aussi délivre. »
6. « Départ. »
78 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
Je duc de Bourgoingne soit prince et seigneur1 des plus
belles villes du monde, toutesfois est son estât si grant
que l'on trouve peu de villes là où ilz puissent tous
logier, et fault souvent adjunctions de villes et de vil-
laiges. Le2 duc a fourrier ordinaire3, comme dit est,
[et] se ce ne fust pour tenir ordre en mon escript, j'eusse
mis Testât de sa fourrière4 tenant à sa chambre, car la
fourrière5 est de la chambre. Le fourrier est de la
chambre et6 fait la despense de tout le bois qui se des-
pent en l'hostel du prince, réservé de la cuisine, et se
compte par les escroez en estât de fourier7. Et soubz8
iceluy se comptent les espices de chambre, dragées9
et autres qui se livrent par espicier10. Et la cause si
est11 pour ce que le fourrier est varlet de chambre,
et aussi est l'espicier, et ne se compte nulle12 despence
de la chambre, sinon en fouriere ; et aussi, pour ce qu'on
ne veult point entremesler la despence ordinaire13 des
officiers, se met il en fourrière et toutes despenses qui
surviennent qui ne despendent d'autres offices14. Le
fourrier doit porter ung baston, et doit estre verd
en signifiance de bois, et le doit porter en manière
comme s'il vouloit tousjours hurter à ung huys pour
1. Deux mots omis.
2. « Ainsi le. »
3. Un mot omis.
4. 5. « La fourie. »
6. Cinq mots omis dans les précédentes éditions.
7. « Soubs Testât de la fourie. »
8. « Sur. »
9. « Drageries. »
10. « Les espiciers. »
H. « La raison est. »
12. « Aucune. »
13. Mot omis.
14. Seize mots omis.
MÉMOIRES D'OLIVIEK DE LA MARCHE. 79
demander ouverture ; sa marque doit estre tenue à
tous, sur paine de mort. Le fourrier en sa personne
doit battre le lit du prince de son baston, comme je
l'ai escript une fois ; et quant le prince vient, le fourrier
doit mettre le bancq, les tréteaux et la table ; il doit
reculer, remettre et oster à icelle table les tréteaux
et à toutes autres dont le prince est servy ; il doit faire
son bancq, chayeres et toutes autres ouvraiges de
bois; il doit livrer les linceux et estrain pour les litz
et pour paillaces de l'hostel du prince; et livre bois
de livrée et bois de despence, et soubz luy se fait
une très grande despence. Et en icelluy office sont
douze personnaiges et aydes pour ayder le fourrier et
pour1 servir en son absence. [Et y a] varletz de four-
rière qui portent le bois en la chambre du prince et
besongnent des feux et des lumières, comme il appar-
tient, et doivent tenir l'hostel du prince net et hon-
neste. Les serviteurs de l'eaue servans à porter l'eaue2
doivent porter l'eaue en la chambre du prince et
livrent caches3 et ramons4. Et quant le prince tient
un grant estât ou une grant feste, le serf de l'eaue
doit donner à laver à tous, excepté aux princes ser-
vans et ambassadeurs.
Et pour continuer Testât du duc, nous parlerons de
Testât des portiers. Le duc a deux portiers et deux
aydes comptez par termes. Le portier doit estre le
premier levé et doit estre logié à la porte5 du prince,
et ne doit point ouvrir que le chief du guet et cculx
1. Mot omis dans les précédentes éditions.
2. Quatre mots omis.
3. Cassettes.
4. Rameaux, branchages, balais.
5. « Porterie. »
80 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
qui ont faict le guet devant le prince ne soient venuz ;
et puis il ouvre sa porte et la doit bien soigneuse-
ment garder, que nul n'y entre que il ne congnoisse
bien. Et quant ce vient à l'entrée de la nuit, il doit
allumer falloz à sa porte et la doit garder, comme dit
est, jusques à ce que le prince soit couchié, et que
les chambellans et ceulx qui ont esté à son couchier
soient retrais. Et doit le portier visiter la maison et
sçavoir se il ne trouvera nulluy que il n'ait point
accoustumé de veoir, et le peut prendre et mettre en
prison. Et, chascun retrait, le portier ferme la porte
et ne la doit point ouvrir pour personne qui viengne,
sans le congié du prince ou du premier maistrc d'hos-
tel. Le portier est garde des prisons de l'hostel du duc,
et principalement de ceulx que les maistres d'hostel
font prendre et punir. Et pour entre suyr ma matière,
je parleray des sergeans et huissiers d'armes, et prin-
cipalement parlerons de ses sergeans d'armes.
Le duc a quatre sergeans d'armes comptez par
termes, et dont les deux servent tousjours, et doivent
iceulx sergeans d'armes estre devant la porte du
prince. Et quant le prince part hors de sa chambre
pour aller à la messe ou ailleurs, les sergeans d'armes
se doivent mettre devant luy. Et quant le duc tient
estât, ou milieu de la sale doit avoir deux basses
tables, dont l'une doit estre 1 petite pour quatre per-
sonnes seullement, et doit estre tournée devers le
prince et devant luy, et doivent à icelle seoir au
milieu 2 deux huissiers d'armes, et aux deux bouts les
deux sergeans d'armes, et doivent chascun couchier
1. o Est. »
2. « Et ;iu milieu (Ficelle doivent seoir. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 81
leurs1 masses sur les bouts de la table et avoir le
visaige2 devers le prince. Et derrière eulx doit estre
la table des officiers d'armes, et3 doivent estre du
long de la table et doivent seoir les officiers d'armes4
leurs cottes d'armes vestues. Mais je demande pour-
quoy ne sont les roys d'armes et heraulx plus près du
prince que les huissiers et sergeans d'armes, et tou-
tesfois ilz ont leurs cottes d'armes vestues et sont de
plus noble estât que les autres. A ce je respons que
c'est pour ce que les huissiers et sergeans d'armes
sont les exécuteurs du prince, et que telles nouvelles
pourroient advenir ou telle chose pourroit estre faite,
que le prince vouldroit faire5 mettre la main au plus
grant de ses pays ou autres, et pour ce doivent estre
assis iceulx sergeans d'armes6 devant sa face pour
promptement exécuter son bon plaisir et commande-
ment. Et, au regart des huissiers d'armes, le duc a
bien vingt quatre servans par termes, dont les uns
servent à garder la chambre des chevaliers, autres à
garder la chambre des escuiers et autres à garder la
chambre du conseil. Et doivent iceulx huissiers faire
place devant le prince quant il va de lieu à autre ; ilz
doivent garder la sale où il mange, et aller et venir
où il leur commande. Hz adjournent gens au conseil,
soit devant le chancellier, chambellan ou mareschal;
ilz exécutent toutes choses ordonnées par le conseil.
1. « En couchant chascun les. »
2. « Et ayans leurs visages. »
3. « Qui. »
4. « Et seoir. »
5. Mot omis par les précédents éditeurs.
6. Deux mots omis.
IV
82 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Et cy 4 feray fin de l'ordre de l'hostel du prince et de
son estât en entrant2 à parler de sa guerre, en devisant
le nombre3 de ses gens qu'il tient journellement pour4
son ordonnance. Et ne me suis pas arresté à deviser5
plusieurs choses qui sont journellement en toutes
nobles cours. On scet bien que le confesseur confesse
le prince, et que luy ou le clerc de la chappelle dit ses
heures avec luy, et que le prince offre tous les jours
et porte le clerc de chapelle son coussin pour age-
nouillier au plus grant6, et cent mille menues choses
qui sont en la maison des princes7 communes à tous.
Et aussi n'est pas à entendre que les ordres, les cous-
tumes et les loix soient pardessuz les princes, mais
les princes pardessuz elles pour en ordonner à leur8
bon plaisir, et sont communément les statutz des
princes confermez et9 leurs conditions.
Or ai je devisé de Testât et de l'ordre de la maison
du duc Charles de Bourgoingne, ci est bien raison et10
besoing que je devise de Testât de sa guerre, du
nombre de ses gens d'armes, et comment ilz sont
conduitz, exercitez et gouvernez, et aussi comment les
conducteurs et chiefz d'escadre sont fais et créez.
Le duc a deux mil deux cens hommes d'armes en
ses ordonnances, compté chascun homme d'armes
1. « Or. »
2. « Et entrerons. »
3. « De sa guerre, et le nombre. »
4. « Et de. »
5. Mot omis par les précédents éditeurs.
6. Treize mots omis.
7. « Du prince. »
8. « Son. »
9. « Conformés à. »
10. Trois mots omis.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 83
à telz gaiges que a coustilier1 armé; et dessoubz ung
chascun homme d'armes y a trois archiers à cheval ;
et d'abondant2 pour chascun homme d'armes y a trois
hommes de pié armez, arbalestriers, coleuvriniers et
picquenaires ; ainsi sont huit combattans pour chas-
cune lance ; mais les gens de pié ne sont pas gouver-
nez par les gens de cheval.
Et pour gouverner icelle compaignie qui monte à
dix huit mille combattans, à prendre les conducteurs,
lieutenans et autres archiers, qui sont oultre le nombre,
huit combattans pour lance, et sont iceulx payez et
comptez tous les jours à la souldée3 du prince par la
main du trésorier des guerres, je monstreray, par la
conduite de cent lances, comment se gouvernent tous
les autres, et semblablement ceux de pié. En chas-
cune cent lances y a ung conducteur soubz qui respond
icelle compaignie ; et se nomme conducteur, pour ce
que le duc veult estre seul capitaine de ses gens, et
en faire et ordonner son bon plaisir. Et pour ensuivir
ce propoz, parlerons de la forme et manière com-
ment le duc crée les conducteurs, et puis après de leur
conduite ; et m'en abregeray le plus que je pourray,
pour ce que le duc Charles, qui a ses ordonnances mis
sus, a labouré en sa personne si notablement, et fait
mettre par escript les ordonnances de sa guerre si
bien, si notablement, et a tous mystères4 esclarci en
1. Soldat armé de la coustille qui était une sorte d'épée poin-
tue, à deux tranchants, moins longue que l'estoc.
2. « D'abondance. »
3. Solde.
4. Notre ms. porte ici : « Si notablement et à toutes monstres
et esclarci, » ce qui n'a pas de sens.
84 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
telle forme1, que mon escripture ne sembleroit après
que2 temps perdu, et lesquelles ordonnances sont por-
tées en Angleterre, et se besoing fait3 sont recouvrables
par deçà, toutes et quantes fois que besoing sera;
pourquoy je me4 passe pour abregier, et parferay ce
que j'ay dit.
Le duc renouvelle tous les ans les conducteurs de ses
ordonnances, comme il est escript en sesdites ordon-
nances; et contre le temps que lesdits conducteurs se
doivent renouveller, iceulx conducteurs viennent ou
envoient devers le duc, selon leurs affaires et selon la
charge qu'ilz ont ; et en iceluy temps ceulx qui désirent
d'avoir charge de conducteur pour l'année advenir se
tirent devers les secrétaires qui sont ordonnez pour la
guerre, et ilz les enregistrent et mettent en mémoire;
et en temps ordonné ilz apportent icelles mémoires au
duc, qui les retient5 devers luy par certains jours et à
son bon plaisir ; et selon les recommendations des
mérites d'ung chascun, il pointie ceulx à qui il veut
donner les charges6 de conducteur, et à la fois de ceulx
qui l'estoient paravant, et à la fois non, et les fait
par nom7 de compaignie8 ; l'une s'appelle la première
compaignie, l'autre la seconde, et ainsi jusques à la
vingt deuxiesme compaignie9 ; et par ce moyen scevent
1. « Et manière. »
2. « Ne me sembleroit que. »
3. « Et si besoin est. »
4. « Je m'en. »
5. « Par. »
6. « La charge. »
7. « Et les fois par noms. »
8. « Compaignie dont. »
9. Mot omis dans les éditions précédentes.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 85
les conducteurs en quelle compaignie ilz doivent aller
quant ils ont le don. Et à jour ordonné, il mande par
ung huissier d'armes les conducteurs qu'il a choisiz, et
les faict venir en une sale en laquelle le duc siet en
chayere parée, comme à prince appartient ; et là sont
les seigneurs du sang, le conseil et les nobles de la
maison ; et sont presens ceulx qui ont esté conducteurs
auparavant1 . Et le duc par son chambellan fait dire la
cause pourquoy il se contente de la condicion2 des
conducteurs passez; et se grans causes survenoient
de parlera aucun particulièrement, en soy contentant3
le duc feroit dire publiquement, pour rendre à chas-
cun le mérite de4 sa desserte. Et n'ay point veu que
le duc ait deschargié les conducteurs de leurs charges,
sinon5 à leur très grand honneur et recommandation.
Et après iceulx estre deschargiez, le duc fait parler à
ceulx qu'il a choisiz pour l'année, et leur fait lire les
ordonnances qui servent 6 à la conduite de la guerre ;
et après la lecture d'icelles il fait appeller devant
luy chascun conducteur particulièrement l'ung après
l'autre, et publiquement baille à ung chascun deux
choses : premièrement, le livre de ses ordonnances
richement faict et escript, couvert de veloux, en moult
honneste vollume, seellé du grant seau en cire verde,
et en laz de soye; et en luy baillant, parle7 le duc par
1. « Qui paravant ont esté conducteurs. »
2. Trois mots omis par les précédents éditeurs.
3. « En soy contenant ou non contenant. »
4. « Mérite selon. »
5. Un mot omis.
6. « Qu'il faut. »
7. « Parlant. »
86 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
sa bouche, et1 dict : « Vous tel, je vous fay conduc-
« teur pour l'année'de telle compaignie de cent lances
« de mes gens d'armes. Et afin que vous sçachiez,
« entendiez et ne puissiez ignorer comme j'entens le fait
« de mes gens d'armes et de la guerre estre conduict et
« ordonné2, je vous baille les ordonnances quej'ay
« sur ce faites et ordonnées, et vous commande de
« les estroittement tenir et garder, selon le contenu
« en icelles. » Et puis prent le duc ung baston que on
appelle baston de capitaine, et est iceluy baston cou-
vert de bleu entortillé de blanche soye, qui sont les
couleurs du prince, et baille le baston au conducteur,
et luy dit : « A fin que vous soyez obey, et plus puis-
« sant sur ceulx dont vous avez par moy charge, et
« que vous puissiez entretenir et faire entretenir mes
« ordonnances et faire mes commandemens, je vous
« baille le baston pour avoir la main forte sur voz
« gens, et vous donne, en effect de les gouverner et
« pugnir3, telle auctorité et povoir4 que moy mesmes. »
Et sur ce reçoit du conducteur le serment de faire et
entretenir les ordonnances du prince, et selon le con-
tenu d'icelles ; et ainsi l'ung après l'autre crée le duc
de Bourgoingne ses conducteurs, et sont tenus de ren-
voyer icelles ordonnances et le baston en la fin de
l'année pour les bailler à celuy à qui il plaira au duc
de y ordonner ; et se tire chascun en la compaignie à
luy ordonnée.
En chascune compaignie de cent lances a quatre
1. « II. »
2. « Gonduicte et gouvernée. »
3. « Par. »
4. Deux mots omis dans les éditions précédentes.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 87
chefs d'escadre, dont l'ung est ordonné par le duc, et
y met communément ung escuier1 de son hostel ; et
n'ay gueres veu que le conducteur ne face d'iceluy son
lieutenant, combien qu'il le peut faire d'ung autre s'il
luy plaist; et au regart des autres chiefz d'escadre, le
conducteur les peut choisir à son bon plaisir. Et soubz
chascun chief d'escadre y a chiefz de chambre au
nombre de quatre2, [lesquels chiefs de chambre] le
chef d'escadre peut choisir et nommer sans ceulx de
son escadre, à son bon plaisir. Soubz chascun chief de
chambre a cinq hommes d'armes, qui sont en chascune
des chambres, à prendre le chief de chambre et les
hommes d'armes ; soubz luy sont six hommes d'armes.
Ainsi sont vingt quatre hommes d'armes et le chief
d'escadre, qui font xxv hommes d'armes3, et ainsi par
quatre chiefz d'escadre trouvons cent lances soubz le
conducteur; chascun homme d'armes a soubz luy trois
archiers à cheval, ainsi sont trois cens archiers en chas-
cune compaignie ; et chevauchent chascune cent lances
en huit escadres, et a en chascune escadre d'archiers
septante cinq archiers pour ung homme d'armes prin-
cipal conduis au regart et à la devise d'icelle escadre
et de son chief4. Et chevauche le guidon des archiers
ou front devant la première escadre, et pareillement
l'estandart des hommes d'armes au front de la pre-
mière escadre des hommes d'armes.
1. « Un des escuiers. »
2. « Y a quatre chefs de chambre. »
3. Six mots omis dans les précédentes éditions.
4. « C'est à sçavoir les archers en quatre esquadres, et en
chascune esquadre d'archers septante cinq archers; et sont con-
duits iceux archers par un homme d'armes principal en chascune
esquadre, au regard et à la devise du chef d'icelle esquadre. »
88 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Or nous fault deviser de Testât des gens de pié, les-
quelz sont conduis par ung chevalier chief de toutes
gens de pié, et soubz qui respondent tous les chiefz
d'iceux gens de pié. Sur chascune compaignie de trois
cens piétons a un capitaine, homme d'armes à cheval,
et porte enseigne et guidon ; et sur chascun cent
hommes a ung centenier homme d'armes à cheval, qui
porte une autre plus courte enseigne, et respondent
iceulx centeniers aux capitaines dessus nommez; et
oultre plus, en chascun trente ung hommes, l'ung est
trentenier , à qui respondent tous les autres ; et
marchent par compaignies et par ordre de capitaine
de centeniers et de trenteniers, et communément sont
gardes de l'artillerie et du charroy. Et pour les rai-
sons devant dites, je me passeray à deviser des ordon-
nances sur ce faites.
Et combien que j'ay mis en escript le nombre des
hommes d'armes, archiers à cheval et gens de pié des
ordonnances de monseigneur de Bourgoingne, et que
je aye devisé les gens d'armes, et qui sont tousjours
prestz et armez les uns comme les autres, où vous
trouverez en nombre plus de vingt mille combattans,
toutesfois n'est pas encores tout le nombre de ses
gens d'armes comptez journellement prestz et en
point ; car de nouvel 1 oultre et pardessus le nombre
dessusdit, il a fourny sa maison de douze escadres
d'archiers d'Angleterre, lesquelles douze escadres sont
conduites par douze Anglois hommes d'armes2, par
la manière que cy après s'ensuit3.
1 . « Car de nommer. »
2. « Douze hommes d'armes anglois. »
3. « Qui s'ensuit. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 89
Premièrement, le duc a ordonné ung escuier pour
conduire quarante archiers pour l'escadre de la
chambre ; et est à entendre deux archiers pour chascun
homme de sa chambre, qui sont vingt hommes
d'armes, à prendre l'escuier et les quatre sommelliers,
comme dit est. La seconde escadre est de quatre
vingts archiers1, pour les quarante archiers toujours
compter, et les départir en la manière dessusdite. Item,
quatre autres escadres , chascune de cent archiers,
pour les quatre estaz des escuiers ; pour chascun estât,
qui sont cinquante hommes, deux archiers pour chas-
cune escadre2. Item, et pour le renforcement de la
garde, sont ordonnez quatre escadres de quarante3
archiers pour chascune escadre, qui pareillement est
à entendre deux archiers pour chascun homme d'armes,
et sont trente hommes d'armes en chascune escadre.
Et puis que nous avons devisé des gens d'armes ordi-
naires, il fault deviser de l'artillerie, laquelle est une
merveilleuse despense, et moult grande.
L'artillerie se conduit soubz ung chevalier qui se
nomme le4 maistre de l'artillerie, lequel a telle aucto-
rité, qu'il doit estre obey en son estât comme le prince ;
il a soubz luy le receveur qui paye les officiers, et les
pouldres, les canons, les forges, les pionniers, les cha-
retons, et tous les ouvraiges qui se font à cause de l'artil-
lerie ; et certes la despence qui passe par ses mains
1. « Hommes. »
2. « Deux archers; et pour ce cent archers pour chascune
esquadre. »
3. Lisez : soixante. Le chiffre quarante se trouve dans tous les
mss. Mais il y a là une erreur évidente de calcul.
4. Un mot omis dans les précédentes éditions
90 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
monte par une fois l'an1 plus de soixante mille livres;
et devez sçavoir que en la pluspart des armées du duc
il meine avec luy, pour le fait de l'artillerie seullement,
plus de deux mille chariotz, les mieulx enharneciez2 et
les plus puissans que l'on puist trouver en Flandres ne
en Brabant; et certes le duc peut avoir trois cens
bouches d'artillerie, dont il se peut ayder en bataille,
sans les hacquebuttes et couleuvrines dont il a sans
nombre. En l'artillerie est le contrerolleur qui tient
par ordre et par escript le contrerolle de toutes les
despences faites et payées, de toutes les provisions3 de
l'artillerie, comme d'arcs, flesches, arbalestres, de
traitz, de bastons à main, de cordes, et toutes autres
choses nécessaires appartenans à iceluy estât; là est
le maistre des euvres, charpentiers, mareschaulx, for-
geurs, et toutes manières de gens. Et quant le duc est
devant une ville, et il fault asseoir ses bombardes, il
convient pour chascune bombarde ung gentilhomme
de son hostel pour la conduite d'icelle bombarde, et la
suylte4, qui est es mains du bombardier, est derechief 5
estoffée et garnie de toutes choses ; tellement que le duc
ne se souffre6 point à passer rivières en peu de temps
de mille piez de long, se mestier fait7; puissant8 et fort
pour passer la plus grande bombarde de tout le monde 9 .
1. « Monte par an. »
2. « Chariots, les meilleurs. »
3. « La dépense... la provision. »
4. Suite signifie ici l'équipage de la bombarde.
5. « Bombardier. Et est l'artillerie. »
6. « Soucie. »
7. « De mille pieds en peu de temps, si besoin est. »
8. « Et est puissant. »
9. « Du monde. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 91
Le maistre de l'artillerie a prevost en son artillerie,
lequel a jurisdiction et auctorité de justice sur ceux
de l'artillerie, et en peut faire justice criminelle ou
civile, telle qu'il luy plaist selon l'exigence du cas1. Et
n'est pas à oublier le fait des tentes et des pavillons,
qui est une somptueuse chose, et se conduit par ung
gentilhomme qui a la charge d'iceluy estât, et meine
aux despens du prince plus de quatre cens chariotz
puissamment attelez ; et se comptent iceulx chariotz
soubz la despence de l'artillerie. Et certainement le
duc délivre pour sa compaignie bien mille tentes et
mille pavillons, à prendre pour ambassadeurs et
estrangiers, pour la maison du duc, pour ses serviteurs
et gens d'armes. Et à chascun voyage, le maistre des
tentes a nouvelles tentes et nouveaux pavillons aux
despens du prince ; et monte icelle despence, à prendre
toille et ouvrages seullement, plus de trente mille frans.
Or à ce point ne souffist il pas seullement d'avoir
devisé de2 ce grant nombre de gens d'armes à cheval
et à pié, de ce grant nombre de chariotz, qui est une
chose merveilleuse; car combien que le duc donne à
tous argent particulier pour tous sommiers, et mer-
veilleux nombre de chariotz et charettes pour les
nécessitez pour ce que le duc fait communément durer
la guerre en temps d'yver aussi bien qu'en temps
d'esté, pour ce fault plus de provisions contre les
froidures et autres nécessitez. Et ne souffiroit point
qui ne deviseroit par quelle manière et par quel ordre
aussi3 se loge cestuy grant ost. Le duc a pour son grant
1. Cinq mots omis dans les précédentes éditions.
2. « Or ne sufïit-il d'avoir seulement devisé. »
3. Un mot omis dans les précédentes éditions.
92 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
principal officier pour la guerre1 le mareschal de Bour-
goingne, lequel a telle prééminence, qu'il prent droit
de mareschal sur tous gens d'armes, excepté2 des
ordonnances ; et se nomme le mareschal de Bour-
goingne pour ung des mareschaulx3 de France, et prent
droit avec, comme les autres, et ce de toute ancien-
neté. Et4 se conduit le fait de la guerre par sa main
avant tous les autres, et doit estre à l'avant garde
du prince5 le principal. Et toutesfois se le prince met-
toit en l'avant garde aucun prince de son sang, le
mareschal luy seroit per et compaignon touchant
ladite avant garde; et en l'absence dudit mareschal de
Bourgoingne se fait ung mareschal de l'ost, qui est
son lieutenant, lequel conduit les matières de guerre,
prent les drois de mareschal, et ordonne les commis-
saires comme se luy mesme y estoit ; et sont soubz le
mareschal ou son lieutenant les mareschaulx du6 logiz
et de l'hostel, et par iceluy mareschal du logiz est
logée toute7 ceste grant armée.
Le mareschal du logiz, quant le prince doit prendre
logiz nouveau, il doit faire sonner sa trompette, et
doit avoir enseigne desployée ; et à luy se doivent
assembler le mareschal de l'hostel, et tous les fourriers
de toutes les compaignies, soit de pié ou de cheval ;
et doivent chevaucher en ordre et en bataille soubz la
conduite dudit mareschal ; et quant ils sont prestz à
1. Trois mots omis dans les précédentes éditions.
2. o Mais non point es gens d'armes. »
3. « Pour un mareschal. »
4. « Ancienneté, et. »
5. « Comme le. »
6. « Des. » Et de même à la ligne suivante.
7. Un mot omis.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 93
logier, il peut faire arrester les compaignies avec son
enseigne, et prent avec luy le mareschal ceulx1 qu'il
luy plaist, et là advise le pays et le logiz ; et départ
les quartiers pour l'avant garde, pour la bataille et
pour l'arriére garde; et ainsi conclud, assiet l'artillerie
et luy baille place.
Par ceste manière ceste grant armée logée, le mares-
chal de l'ost doit visiter les advenues, mettre en
ordre les escoutes et guetz ; et doit soigner le mares-
chal ou son lieutenant d'enquérir et sçavoir des pas-
saiges et du pays. Il doit avoir des guides avec luy
pour guider l'armée; et peut on appeller devant luy
du grant conseil et du parlement, ou autre jugement
pour matière de guerre et qui touche fait de guerre
et dont2 il peut jugier. Et de luy on ne peut appeler,
et certifie que j'ay expérimenté les fais de la noble
maison de Bourgoingne plus de trente ans et que j'ay
bien calculé et debatu à quelles sommes de deniers
peut venir et monter une fois l'an la grant despense
et les grans choses dont3 j'ay icy devant fait mencion.
Et certes je treuve que par an monte icelle somme de
despense bien environ deux millions bien payez et bien
contentez4 à chacun selon son estât et selon la voca-
tion5 à quoy il est appelé.
Et afin que il appere que je vueil que chascun sache
que ce qui est baillé par escript est baillé d'homme
qui le peut bien savoir, jay mis mon nom en escript
1. « Et prendre avec luy le mareschal et ceux.
2. « Le fait de la guerre dont. »
3. « Monter la grand-despence dont. »
4. « Et comptez. »
5. « Son estât et vacation. »
94 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
soubz ceste présente epistre, en moy recommandant
à vous, laquelle epistre j'ay faitte et compilée au siège
de Nuysse1 en Alemaigne ou mois de novembre l'an
mil GGGG LXXIIII.
Le bien vostre Olivier de la Marche, chevallier,
conseillier et maistre d'ostel de monseigneur le duc de
Bourgoingne, capitaine de sa garde et son bailly
d'Amont ou comté de Bourgoingne.
Tant a souffert
La Marche.
1. « Aisse. » Mot mal lu par les précédents éditeurs, qui l'ont
pris à tort pour Aix-la-Chapelle.
TRAIGTIÉ DES NOPGES
MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOINGNE
ET DE BRABANT1.
Les fais et advenues louables ne se doibvent des
bons souffir2 extaindre, mais collegier et mettre par
escript, affin de perpétuelle mémoire, especialement
quant c'est chose catholicque si digne que sacramen-
tel, on en doibt reciter la solempnité esmouvant les
corraiges des hommes à louer Dieu, en vertu duquel
ce se fait. Pour tant je, moindre entre les plus petis,
me suis entremis d'escripre une haulte feste et solemp-
nité de mariage, qui fut célébrée le dimence me jour
de jullet l'an mil IIIP soixante huit, en l'ostel de très
hault, très puissant et excellent prince Charles, par la
grâce de Dieu duc de Bourgoigne, de Brabant, etc.,
touchant le mariage d'icellui avec noble et puissant
princesse Marguerite d'Yorc, suer au Roy Edouart
d'Engleterre , lequel mariage avoit esté pourparlé,
traictié et conclud longuement au paravant entre ceulx
des deux parties à grant deliberacion de conseil, du
1. Transcrit sur le rns. de la Bibl. de Turin, Manuscript. gai-
lie. codex XXI, L. V. 1.
2. Souffrir.
96 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
quel demene je me passe1. Et commence ad ce que
ladicte dame et princesse arriva au port de l'Escluse,
coursairement selon ma prudesse, suppliant aux lisans
qu'ilz veullent suppler les faultes et obmissions, s'aul-
cunes en y a.
Le vingt cinquiesme jour du moys de jung oudit an
soixante huit, à l'eure du matin, laditte très noble prin-
cesse ma très redoubtée dame madame la ducesse
Marguerite avant dicte, au gré de Dieu par le vent
qui lui fut propice, sans avoir eu aulcun encombrier,
se trouva à quatre lieues près de l'Escluse en la mer,
là où il lui fut mestier d'actendre le marée qui estoit
retraicte, puis avec ladicte marée retournant entra ou
havene 2 dudit lieu de l'Escluse entre cinq et six heures
du soir, à grant et puissant estât, car elle avoit en sa
compaignie xim navires. Desquelz il en y avoit les
sept bien puissans, et par especial les quatre estoient
grans cravelles3 moult aptes à la guerre, esquelz
bateaulx estoient pour l'acompagnier pluiseurs nobles,
chevaliers, escuiers, dames et damoiselles, archiers
de la couronne, officiers d'armes, menestrelz et huict
clarons qui sonnoient très mélodieusement lors qu'elle
arriva et descendit en terre; desquelz seigneurs et
dames dessusdictes estoient les principaulx monsei-
gneur de Scalles, monseigneur du Cres, messire Jehan
d'Oudeville, messire Jehan Havart, admirai d'Engle-
terre, et messire Thommas de Montgommry, et des
dames la ducesse de Norfollt, madame de Scalles et
madame du Cres.
\ . Dont je me dispense de parler.
2. Havre.
3. Caravelles.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 97
En ladicte ville de l'Escluse avoit au paravant
envoyé mon très redoubté seignieur monseigneur le
duc pour recepvoir madicte dame monseigneur le
conte de Gharny, messire Symon de Lalaing, messire
Glaude de Tholongeon, seigneur de la Bastie, et mes-
sire Jehan de Roubenpré, et aussy madame de Charny
et madame la vidame d'Amiens et mademoiselle de
Bergues, et sestoit audit lieu de l'Escluse madame de
Montigny, lesquelz seigneurs et dames en grant hon-
neur et révérence vindrent bienviengnier madicte
dame, la conduire et entretenir ; et vindrent au devant
d'elle les pourcessions, ensamble les estas et mestiers
de ladicte ville, portans grans nombre de torsses, en
la conduisant joieusement jusques à l'ostel Guy de
Baeust, où elle fut par lesditz seigneurs et dames
logié et festoyé la nuit.
Le lendemain xxvie jour de jung, qui estoit dimence,
vint madame la ducesse, mère à mondit seigneur, et
mademoiselle de Bourgoingne, avec grant nombre de
dames et damoiselles, visiter madicte dame Marguerite
audit lieu de l'Escluse, où elles furent avec elles devi-
sans par l'espace de quatre ou cinq heures, puis s'en
retournèrent à Bruges.
Le lundi, monseigneur le duc à privé estât ala audit
lieu de l'Escluse et, lui là venu, environ l'eure de dix
heures de nuit, alla visiter les dames et s'en retourna
environ mienuit, et le lendemain s'en revint à Bruges.
Le jeudi ensuivant, y retourna encores mondit sei-
gneur à plus grant quantité de gens qu'il ne fist la
première foiz, car il y ala de chascune chambre trois
hommes, lesquelz là venus firent grant chiere de dan-
ser et esbatre la nuit ; et le lendemain vint de rechief
iv 7
98 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
mondit seigneur vers les dames prendre congié, puis
s'en retourna vers Bruges.
Le samedi environ midi, que la marée commen-
choit à bouter avant1, se mist madame en bateau elle
et son estât, et s'en vint par eaue jusques en la ville
du Dam2, à une lieue près de Bruges, là où, selon la
faculté de ladicte ville, elle fut très honnourablement
receue, car avec ce que les pourcessions vindrent au
devant en grant révérence, et les bourgois et mestiers
de la ville portails grant quantité de torsses et flam-
beaux, les rues estoient toutes tendues et parées très
richement, et en grant jubilacion fut menée au logis
où lesdis de la ville le festoierent de toute leur puis-
sance.
Le dimence me jour de jullet, monseigneur le duc
se parti de Bruges environ chine heures du matin et
s'en ala privement vers ladicte ville du Dam, là où,
lui venu ainsi comme vers sept heures en l'ostel de
madicte dame, en la salle disposée à ce, les espousa
l'evesque de Salsebery, qui scet franchois et anglois,
oyrent la messe, laquelle fînée mondit seigneur recon-
voya jusques en la chambre madame sa mère, menga
ung petit, puis à privé estât s'en retourna à Bruges
en son hostel, dont il ne se party ne se monstra jusques
il sera dit cy après.
Après le department de mondit seigneur, se partit
madicte dame en une littiere portée de deux chevaulx,
richement dorée et estoffée de drap d'or moult riche,
laquelle littiere estoit conduicte d'aulcuns chevaliers,
1. A monter.
2. Damme, entre l'Écluse et Bruges, à cinq kil. de cette der-
nière ville.
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 99
tant anglois comme de l'ordre de la Thoison, du
capitaine et xx archiers de mondit seigneur à piet, et
estoit en ladicte littiere madicte dame assise, vestue
de drap d'or blanc, couronne d'or en teste, cheveulx
pendans moult honnourablement ; et ainsi ayans tam-
bourins, trompettes, clarons et menestrelz, s'en vint
jusques à la porte Saincte Croix audit lieu de Bruges
assés legierement, pour ce que pendant sadicte venue
il fist une très grosse pluye.
Au venir de madicte dame se vindrent pluiseurs
présenter aux champs en grant point. Mais pour ce
que partant de ladicte porte jusques à la court chas-
cun tint ordre et s'en peult mieulx faire declaracion,
j'en diray le commenchement ce que j'en vis.
Premièrement, à ladicte porte et es rues rengiés
actendoient les collieges1 dudit Bruges, tant posses-
sans comme mendians, evesques, abbez, aultres pré-
lats et gens d'église revestus en grant révérence pour
illec recepvoir madicte dame pourcessionnellement,
et actendoient aussi les gens de l'ostel de mondit sei-
gneur et aultres qui estoient à court pour lors, les-
quelz par chevaliers commiz à ce faire furent mis en
ordonnance pour cheminer devant madicte dame en
la manière que s'ensieult.
Devant en ladicte ordonnance estoient et chascun à
cheval : premièrement, les bailli et escouttete2 de
Bruges, et après aulcuns gentilzhommes, tant de l'os-
tel de monseigneur de Ravenstain, de monseigneur
le bastart , comme ceulx comptez par les escrocs de
mondit seigneur.
1. Communautés religieuses.
2. V. la note, t. III, p. 108.
100 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
En après les archiers de corps de monseigneur le
bastart en nombre de xn et leur capittaine.
Lesquelz avoient journades1 vestues semées habon-
damment d'orfavrie blanche, et ou milieu, devant et
derrière, ung grant arbre doré, le tout assis sus palle-
tos2 vermaulx, ayans iesdis archiers pourpoinz de
satin noir, bonnes jaunes, chausses de pluiseurs cou-
leurs, et chascun portant vouge3.
Après lesditz archiers commenchierent à sievir4
demourant desdiz gentilzhommes comptez en l'ostel de
mondit seigneur, chascun vestu en la manière qui sera
dicte cy après, tant d'iceulx comme des chevaliers et
aultres.
Ensievant lesditz gentilzhommes, chevauchoient les
chevaliers des pays estans à la feste, et en après les
chambellans de mondit seigneur le duc.
Après lesditz chambellans ceulx du sang de mondit
seigneur, puiz juoient tambourins, ménestrels, trom-
pettes de guerre et clarons en grant nombre, tant des
nostres comme d'Engleterre, et ensievant iceulx les
officiers d'armes , desquelz , tant d'un costé que
d'aultre, il en y avoit xxm à cheval en cottes d'armes,
dont les six estoient roys d'armes, et se y estoient
tous les archiers de corps de mondit seigneur et les
deux capitaines avec aussi certaine quantité des archiers
de corps du Roy d'Engleterre.
Puis venoit madicte dame en ladicte littiere à com-
i. Casaques.
2. Sortes de hoquetons, ou saies à manches, descendant à mi-
cuisse.
3. Epieu à large fer.
4. Suivre.
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 101
pagnie des seigneurs que, comme dit est, vindrent
avec elle d'Engleterre , en especial monseigneur de
Scalles, et nos seigneurs de ladicte Thoison d'or. Et
après madicte dame xm haquenées richement parées
de drap d'or cramoisi dont on menoit les deulx en
main, et les aultres chevauchoient lesdictes dames
d'Engleterre. Et si avoit chine chariots dorez moult
richement et couvers, esquelz estoient les dames des-
ditz pays, desquelles mondit seigneur avoit mandé
largement à ladicte feste.
En tel estât se partit madicte dame de ladicte porte
à laquelle neantmoings l'estoient et bien prèz du Dam
venu querre les nacions qui sont audit Bruges, c'est
assavoir Florentins, qui vindrent premiers, Espagnars,
Osterlings1, Venissiens et Jenevoys en grant honneur.
Mais ilz vindrent en ladicte ville après ledit estât pour
mieulx abregier. Et s'en vint madicte dame, passant
lesdictes rues qui estoient tendues de tous riches draps
et décorées de verdures et fleurs habondamment. Et
si estoient entre ladicte porte et ladicte court en divers
lieux assises dix grandes louables histoires, desquelles
je feroy declaracion pour tant qu'elles estoient ser-
vans audit mariage et fondées en saincte escripture.
La première histoire prouchaine de la porte estoit
comment Dieu conjoingnoit Eve et Adam au paradis
terrestre selon Genèse.
La seconde, devant les Jacoppins, estoit moult excel-
lente. G'estoit comment Cleopatre fut donnée en mariage
à Alixandre. Et si avoit escript en latin au destre
costé : Alixander rex, obtenta Victoria super Deome-
trium regem, ad regem Ptolomeum Egipti regem
1. Autrichiens.
10$ MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
legatos destinavit ut Cleopatram ejus filiam sibi daret
in uxorem. Et au senestre estoit escript : Qualiter
rex Ptolomeus Ptolomaidam venit et Cleopatram ejus
filiam Alexandro régi dédit in uxorem. Primo Macha-
beorum Xmo. Et au dessus estoit escript : Gaudeamus
et exultemus et demus gloriam Deo quia venerunt nupcie
agni et uxor ejus preparavit se. Apocalipsi XIX0. Et
pluiseurs autres menues escriptures desquelles je
m'en passe à tant.
La tierche estoit des cantiques de Salomon et y
avoit escript : Vulnerasti cor meum, sponsa mea, et
letijicasti animant meam; plie, annunciate dilecto meo
quia amore langueo.
La quarte estoit de l'evangille Johannis secundo :
Nupcie fade sunt in Ghana Galilée, etc.
La ve estoit encores des cantiques Cantico tertio,
etc. : Pulcra es, arnica mea, suavis et décora; inveni
quem diligit anima mea; tenebo eam nec dimittam.
La VIe estoit devant Saint Donas où il estoit escript :
Civitas solis vocabitur una; in die Ma erit altare Domini
in medio terre et tytulus Domini juxta terminum ejus.
Ysaie XIX0.
La septiesme estoit dessoubz les prisons qui disoit :
Moi/ses postquam diutius obsedisset civitatem Saba, Tar-
ins filia régis Egijpti in eum oculos injecit, quam ipse
Moijses postmodum in uxorem duxit. Petrus Commes-
toris in historia scolastica.
La vme estoit devant la halle ou marchié où il y
avoit une femme tenant plain son geron de lions où il
avoit escript : Léo et pardus se mutuo invenerunt et
amplexi sunt se invicem sub lilio 4 .
1 . Allusion aux armes d'Angleterre, de Flandre et de Bourgogne.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 4 03
La IXe estoit en la fin du marchié vers la court le
mariage de Hester, qui disoit : Assuerus, rex Persa-
rum, cui Rester formosa omnium oculis graciosa pla-
cuit, dueta ad ejus cubiculum dyadema regni capiti
ejus imposuit, cunctis principibus convivium nuptiarum
preparavit. Hester secundo.
La xe près de la court disoit : Benedictio super
uxorem tuam et super parentes tuos ut videatis filios
filiorum vestrorum usque in terciam et quartam gene-
racionem. Thobie IX0.
Esdictes rues aussi, qui ne fait à oublier, estoient
aulcunes maisons en especial décorées de taintures et
riches draps, et grans alumeries de torsses, si comme
es maisons des Cathelans, des Geciliens, des Lucois
et des Portugalois, sur le marchié. Et si estoient sur
ledit marchié rengiés lesditz seigneurs de la ville et
les seremens, si comme archiers et arbalestriers.
Toutes lesdictes rues passées, histoires et seremens,
madicte dame vint à ladicte court, à la porte de
laquelle estoit faicte nouvellement ung riche ouvrage
de fin or, en quoy sont et demeurent à perpétuel les
armes tymbrées de mondit seigneur, environnées des
armes de ses pays tenues de deux grans lions, et sa
devise desoubz en lettre antique : Je Vaij emprins. Et
à l'un costé desdictes armes estoit ung archier tyrant
vin blanc, et à l'aultre costé estoit ung crennequinier
tyrant vin vermeil tout le jour, que le commun recep-
voit partant de leur trait. Si entra madicte dame par
ladicte porte en l'ostel et tout Testât, et la mist on hors
de ladicte lictiere, et l'emmenèrent monseigneur Adolf
de Cleves et mondit seigneur de Scalles en chambre
soy retraire jusques au disner qui fut tost après.
104 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
Et devez sçavoir aussi qu'en ladicte court estoit ung
pellican moult riche qui par la poitrine jectoit ypocras.
Madicte dame entrée dedens ledit hostel de mondit
seigneur le duc, passèrent pardevant la porte pour
monstrer devoir les nacions dont devant est faicte
mencion, en Testât qui s'ensieult : premiers les Venis-
siens.
Les Venissiens estoient euJx dix marchans à cheval,
vestus de velours cramoisi, après eulx x serviteurs
vestus de drap vermeil, et aloyent devant eulx trois
poursievans et cinquante hommes à piet vestus de
vermeil, portans chascun une torsse.
Les Florentins faisoient porter devant eulx chin-
quante et quatre torsses, ceulx qui les portoient tous
habilliez de bleu drap, et quatre paiges vestus de
pourpoins de drap d'argent cramoisy, mantelines de
satin blanc, leurs chevaulx houssiez de satin blanc,
bordez de satin bleu. Puis venoient xi marchans,
Thommas Portinaire premier, habillié comme conseil-
lier de monseigneur le duc qu'il est, et les x vestus
de satin figuré cramoisy et pourpoins de satin noir ;
après eux xi facteurs vestus de satin simple cramoisi
et pourpoins de satin noir, et au derrenier xxmi ser-
viteurs habilliez de bleu, et tous à cheval.
Les Espangnars estoient xxxmi marchans à cheval,
vestus de damas violet, ayans xxxim paiges à piet,
chascun le sien, vestus lesdiz paiges de pourpoins de
satin noir et jacquectes de velours cramoisi. Et fai-
soient lesditz marchans porter devant eulx soixante
torsses, les porteurs vestus de robes de drap violet et
vert.
Les Jennevois faisoient chevauchier tout devant la
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 105
pucelle et saint Jeorge, vestue ladicte pucelle de
damas blanc, son cheval houchié de velours cramoisi,
et saint George armé, son cheval couvert de damas
blanc à la grande croix de cramoisi. Puis sievoient
trois paiges vestus de pourpoins de damas blanc, jour-
nades de velours cramoisy. Et si estoient xvm mar-
chans à cheval, vestus de robes de damas blanc,
doublées de velours noir, les six longues et les aultres
courtes, et les pourpoins de satin noir, et xvm var-
lets à piet vestus de drap blanc à manche rouge, ung
saint Jeorge broudé dessus.
Les Osterlings faisoient porter devant eulx lxxii tors-
ses, les porteurs vestus de violet, et chevauchoient
après six paiges vestus de pourpoins de satin violet et
robes de damas violet. Puis sievoient les marchans en
nombre de cent et huict à cheval, tous vestus de drap
violet.
Et n'est pas à oublier, mais est raison que je die,
que tous les prinches, chambellans, gentilzhommes,
officiers et serviteurs de mondit seigneur, meismes
tous ceulx qui lurent à court comptez ou nom, furent
du don de mondit seigneur à ladicte feste habilliez
comme il s'ensieult. Aussi tous les anchiens serviteurs
de feu monseigneur le duc, que Dieu absoille, qui y
furent, estoient tous vestus comme les aultres, chascun
selon son estât. C'est assavoir les chambellans et
princes longues robes de velours noir, pourpoins de
velours cramoisi, les gentilzhommes satin noir, pour-
poins de damas violet, le conseil velours noir, et tous
serviteurs robes de drap noir et violet, et pourpoins
de camelot violet.
Ladicte entrée ainsi faicte et la messe chantée en la
106 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
chapelle, où riens ne fut fait touchant les nopces, le
disner estoit prest en la court et fist on seoir en divers
lieux. Premièrement, mondit seigneur le duc disna
seul en la sallette prez de ladicte chapelle, soy faisant
servir comme il est de coustume.
Et madicte dame, accompagnée de madame la
ducesse, mère de mondit seigneur, et mademoiselle
de Bourgoingne, desdictes dames d'Engleterre et grant
nombre de celles de par deçà, vint en la grande salle
faicte nouvelle pour les nopces, en laquelle estoit la
haulte table et deux aultres de longueur de ladicte
salle. Cy lava madicte dame et puis fut menée seoir à
ladicte haulte table, puis s'assist madicte dame la
mère à sa destre et au senestre madicte damoiselle, et
oultre madicte dame la mère à dextre madame d'Ar-
guel ; et demourerent droites contre le leson d derrière
madicte dame la ducesse une dame d'Engleterre et
madame de Scalles. Et à l'une desdictes tables à
dextre en entrant s'assirent chinquante deux nobles
femmes de par deçà, et vm d'Engleterre à l'autre
table seulement. Sy fut servie madicte dame à grant
honneur et à grant bruit desdictes trompettes, clarons
et menestrelz, par les maistres d'ostel de mondit sei-
gneur et d'elle très honnourablement de moyen
service.
En une chambre qui est ordinairement pour mon-
seigneur le bastart furent servis les seigneurs d'En-
gleterre, les prélats et gens d'église en la gallerie ou
gardin, monseigneur le chancellier en ung lieu con
dist la bagnerie, et les chambellans et ceulx de la cha-
1. Siège, petit lit.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 107
pelle en la salle sur le court près de mondit seigneur,
en la salle bas les Anglois et les archiers, et en aultres
chambres comme desdis maistres d'ostelz jusques à
xii assietes où très plenierement furent servis pre-
miers et derreniers jusques à chincq heures après
nonne et plus.
La grant salle dont j'ay fait mencion estoit moult
noblement parée ; elle estoit tendue de la tapisserie de
Gedeon, qui est, comme pluiseurs scevent, très riche
d'or et de soye. Et d'emprès ladicte haulte table
estoit ung très hault dressoir fait à trois quarrés con
dist losengue, chascune quarré de quinze pies de large
et îx degrez de hault en estroicissant jusques à pointe.
Sur lesquelz degrez estoit vaisselle d'or et d'argent
garnie de riche pierrie, autant qu'il s'i en povoit
bouter, et en chascun quarré deux cornes de licorgne
dressées comme chierges moult longues. Et sur le
sommeron1 dudit dressoir faisant la fin, une très
grande et très rice couppe d'or; de laquelle vaisselle
dicte je m'en passe en brief, pource qu'il m'est impos-
sible de declairier la valeur.
En ladicte salle y avoit pluiseurs chandelers pendus
de bois, comme il est d'usage, entre lesquelz il en y
avoit deux merveilleuz qui estoient fais à façon de fort
et puissant chasteau assis sur roce, et soubz chascun
vers les gens y avoit sept miroirs assis en roze, et
lesquelz estoient grans et ronds comme de piet et
demi en rondeur. Et là sembloit à regarder en chas-
cun qu'il y eust dix mil hommes, et tournoient lesditz
chastiaux si dru con vouloit.
1. Au sommet.
108 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
Geclit jour après disner, à six heures ou environ,
s'en ala madicte dame à chariot, vestue d'une robe
de drap d'or cramoisy, en chapiau d'or sans couronne,
à un très riche collier garni de pierrie, et toutes les
dames et damoiselles, tant à chariot comme sur
haquenées, à ung pas de jouste que commenchoit
monseigneur le bastard de Bourgoingne, et qu'il
maintint jusques à ce qu'il ot jousté contre xxmi che-
valiers sur le tiltre de l'arbre d'or ; à laquelle jouste
je reviendray pour icelle poursieurre et aultres fais
d'armes ensievans en ung traictié à part comment
ladicte jouste fut démenée chascun jour et les banc-
quetz qui s'y firent, qui neantmoins estoient desdictes
nopces, mais je m'en passe icy pour abregier l'entrée.
Puis aprez le partement de madicte dame partit mon-
seigneur le duc à cheval, vestu d'une robe à longues
manches ouvertes jusques en terre, de drap d'or
fourré de très fines martres sabelines, et s'en ala à
ladicte jouste, laquelle finée pour le jour, retournèrent
les seigneurs et dames à court où estoit préparé ung
bancquet duquel il me semble honneste d'en faire la
declaracion.
Quant il fut temps, monseigneur le duc et madame
la ducesse, mademoiselle et generalment tous les sei-
gneurs et dames vindrent audit bancquet qui se fist
en la grant salle moult excellent en la manière que
s'ensieult.
A la haulte table y avoit assises six grans navires à
façon de grandes naves à trois hunnes ressamblans
celles de la mer, faictes et garnies moult richement de
toutes choses quelzconques qu'à navires telles peult
et doit appartenir, où sur chascune ou milieu estoit
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 109
assis ung plat de viande, et à chascun plat embas sur
la table y avoit seze sieultes1 sans les entremés, ayant
chascune carvelle2, au près d'elle quatre botquins3
plains d'espicerie ou fruiterie. Et au milieu, à chascun
service, c'est assavoir entre deux navires, y avoit une
grande tour, non pas pareilles les unes aux aultres,
si estoient lesditz bateaux et tours representans pays
ou ville appartenans à mondit seigneur, portant avec
les banieres d'icellui seigneur les banieres et escuçons
et le nom par escript ce que representoit.
Item, à chascune longue table dont il en y avoit
deux en ladicte salle dont j'ay fait mencion au fait du
disner, y avoit xn desdictes navires et douze tours
pareilles à ceulx dessusditz ; ainsy en y avoit xxx nefs
en somme et xxx tours. Si debvez sçavoir qu'avec
lesditz pays que lesditz navires representoient dont
chascun scet les noms, il y avoit Bethune, Signy,
Ostervant, Faulquemont, Aussonne, Ponthieu, Cha-
rollois, Aussous4, Boulongne, Mascom, Alost, Arbrele
le Grande, le Leyde, la Brielle, Gourtray, Dourdrecht,
Douay, Herlem, Audenarde, Bruges, Lille, Mons, Bois
le Duc, Gand, Dijon, Brouxelles, Louvain, Anvers,
Roterdam, Midelbourg, l'Escluse, Aaras, Valenchienne,
Trecht, Saint Orner, Aellremare, Austredam, Yppre
et Delst. Ce sont les lieux qui estoient nommez esdits
navires et carvelles.
1. Sieute, se dit parfois des différentes pièces d'un service ou
d'une parure, lorsqu'elles sont de même façon.
2. Caravelle.
3. Petit bateau, nacelle; mot usité dans le dialecte de Valen-
ciennes et à Lille.
4. Pour Auxois.
110 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Item, audevant de ladicte haulte table estoit le
dressoir dont ou chappitre du disner est faicte men-
tion, sans estre plus grant ne plus petit. Ainsi ledit
bancquet disposé, aprez laver s assist mondit seigneur,
madicte dame à ladicte haulte table, le légat, l'evesque
de Mes, l'evesque d'Utrecht, monseigneur Adolf de
Gleves, monseigneur de Scalles, la duchesse de Nort-
follc, madamoiselle de Bourgoingne, madame d'Ar-
guel, madame de Montigni, madame d'Arssy, la
vicontesse de Furnes, et les aultres seigneurs et dames
aux aultres deulx tables, tous meslez Englois et aultres,
tant que tout estoit plain. Ce fist chascun grant
chiere. Et ne fault pas demander comment toutes
manières de menestrelz faisoient devoir. Et quant ce
vint à la fin, entra dedens ladicte salle une licorgne
grande et bien artificielment faicte, sur laquelle seoit
ung lupart tenant à une pâte banerolle de mondit sei-
gneur, et à l'autre une marguerite, de laquelle devant
la table il fist à icellui seigneur présent.
Après ladicte licorgne retraicte entra ung lion,
dedans lequel estoient deux chantres chantans une
chanson qui disoit : Bien viengnant la cloulce bergiere.
Si fist ledit lion son tour et puis s'en retourna.
Tiercement et derrenier entra ung dromedaire char-
gié de deux panniers plains de volille1 menue, et
ung homme dessus , lequel prendoit d'un pannier et
d'aultre dragie qu'il jectoit, et aussi lesdictes volilles
jectoit voiler parmi ladicte salle, qui fut bien plaisant.
Lequel dromedaire retrait, ledit bancquet fina et com-
mencha la dansse, laquelle finée on prist vin et espices,
\. Volaille, oiseaux.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 1 1 1
et envers trois heures après mienuit on s'en ala cou-
cher.
Les aultres bancqués, festes et esbatemens seront
our pour jour déclarez en l'autre traictié du fait des
oustes et tournoy qui se feront journellement tant que
es nopces dureront.
Touchant le fait des joustes qui furent aux nopces
de monseigneur le duc dont la feste s'entretint par l'es-
pace de neuf jours, elles furent entreprises par mon-
seigneur le bastart de Bourgoingne soubz umbre du
commandement d'une dame qui se nomme de Ville
cellée, laquelle, pour certaines causes ad ce mouvans,
avoit requis audit chevalier trois choses, est assavoir
qu'il se volsist trouver pour amour d'elle en une jouste
où cent et une lanches fussent rompues sur lui, ou qu'il
les rompist sur aultre ; après qu'il se trouvast en ung
fait d'armes, où cent et ung cops d'espées fussent par
lui férus ou qu'on les ferist sur lui; tiercement, que
ung arbre d'or qu'elle lui bailleroit, qui estoit en son
trésor, fust par ses fais encores plus enrichi et plus
noblement décorés qu'il n'estoit. Ce lui bailla ledit
arbre d'or et ung poursuivant nommé ainsy Arbre d'or,
et pour les dictes armes regarder ung jayant1 qu'elle
avoit prisonnier, qui se nommoit le jayant de la forest
doubteuse, lequel jayant est par ladicte dame baillié à
conduire tout lyé à ung nayn qu'elle avoit, et aussi
audit nayn lesdictes armes à regarder pour lui en faire
record. Etaffin que mieulx lesdictes armes se peussent
acomplir en la très noble maison de Bourgoingne que
ledit chevalier avoit eslevé pour ce faire, ladicte dame
\. G-éant.
\\% MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
de File celée en rescripvitau duc, en lui requérant que
icelles armes volsist souffrir publier et acomplir, des-
quelles lectres la teneur s'ensieult :
« Très excellent et très victorieux prince, je me
recommande humblement à vostre bonne grâce, et
vous plaise sçavoir, très excellent prince, que comme
des diverses parties du monde nouvelles vont et
courent en pluiseurs lieux, est venu à ma cognoissance
comment ung noble chevalier, mon serviteur et de
singulière recommandacion de vous, nagaires doit
avoir prins son accès par devers vostre très noble et
très haulte seignourie. Et ce à cause et en espoir de
soy povoir deschargier en vostre très fameuse maison
d'aulcunes haultes et glorieuses emprises et charges
peult estre à lui enjointes et dont le exécution, telle qu'il
plaira à Dieu lui en garder, il en est en sa merchi et en
l'actente de son adventure non congneue, dont et affin
que vostre très clere et très renommée haultesse soit
et puist tant mieulx estre informée et advertie de la
nature de cestui cas, ensamble de la qualité et estât
dudit noble chevalier et de la cause de son louable et
courageux emprendre, ou de son venir vers vous, j'en-
voye présentement par devers vostre haultesse ung
mien herault, nommé Arbre <Tor, à tout ces présentes
par lesquelles de vostre grâce et soubz vostre princial
bénigne humilité povez clerement et tout au vif com-
prendre et estre infourmé de ceste matière. Très
excellent prince, ce chevalier droit cy comme après
longs et divers voyages par les diverses parties du
monde, et après multitude de haulx et louables fais et
prouesses en armes, adventure l'ait mené finablement
devers moy à ma grant joye, qui par ung cruel et
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 113
inhumain tyrant longuement ay esté persécutée, deshi-
retée et destruite et menée à misérable desolacion
toute confuse, advint lors que lui, meu ung jour de
noble et vertueulx esperit et de singulière compassion
en mon triste cas, tendant à soy esprouver en ver-
tueuse œuvre caritable et à moy relever de ma ruyne
par sa diligence, se rendi à moy, me requist de rete-
nance et d'entretenement en ma désolée maison, et
après foy présentée et promise de loyaulment me ser-
vir, me prommist aussi et jura soubz mon plaisir per-
pétuel contendement pour venir à ma grâce, laquelle,
au prix de son noble et francq corraige, et à la mesure
de mon honneur, tant que je povoie et dévoie licite-
ment, je lui accorday, et, considérant ma basse, des-
confortable fortune et les estrois dangiers esquelz je
me trouvoye, glorieuse fille de Roy, le retins mon
serviteur par condicion telle, que tout en chief et pre-
mièrement il se mettroit en paynne et assay de moy
délivrer et relever hors de la cruelle main dudit
jayant, ramener ma personne en sa franchise, et mes
terres et possessions remettre et relever hors de sa
tyrannie, de laquelle chose toutes fois, louengeàDieu,
en peu de temps après tellement le regarda et com-
pleut que de son hault emprendre il en parvint en
glorieuse fin, et de son valereux exécuter j'en ay tiré
l'effect de ma desirance, dont jamais n'en sera heure
que je ne soye son obligée, et que je ne labeure en ma
pensée comment je lui polray satisfaire à son condigne
dont1. Et comme ce noble chevalier, en mon regard
1. On avait lu jusqu'à ce jour : Condigue, dont et comme, etc.,
ce qui n'a aucun sens.
rv 8
114 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
tant personnaige comme de meurs, et par ses haulx et
singuliers fais que je perceus en lui, me sembloit digne
encores avecques œvres passées d'amonceler encores
et d'actraire devers lui le sourplus de Ponneur du
monde, et de venir en la cognoissance de tous les meil-
leurs, je lui requis, et pour le magniffier tant plus,
qu'en la plus chevaleureuse maison de la terre il feist
tant que cent et une lanches feussent rompues sur lui
ou que lui se meist en assay de les rompre, et autant
de cops d'espées par arroy de bataille l'un contre
l'autre, laquelle chose faicte et emprinse à faire luy
tourneroit et poulroit tourner, ce lui dis je, en grant
avancement de sa ricquesse. Gomme doncques , ce
second point déclaré, je désirasse tousjours plus et plus
gloriffier encorres et grandir ce noble chevalier et le
pourveoir d'aulcune singulière retribucion pour béné-
fice receu de lui, m'avisay d'un arbre d'or que j'avoye
et lequel, pour decoracion de la future emprinse en
aulcune glorieuse maison, jeconcluds de lui mettre en
main par condicion telle, que ly de toutes ses vertus
et vigueurs se doneroit traveil de le moy rendre plus
digne encores et plus précieux que receu, dont et de
la richesse et de la dignité là où il la vouldra trouver,
je m'attendoye bien à luy, croyant véritablement que
ce feroit il de plus précieuse estoffe que de milles
gemmes. Or est ainsi, très excellent prince, que comme
renommée porte ce noble chevalier droit cy, sur et
devant toutes crespiennes1 maisons a choisi et eslevé la
vostre, et a conclu, comme j'entens, de mon arbre d'or
en vostre chevalereuse court gloriffier droit et grandir
1. Chrétiennes.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 115
icellui de precieulx et non communs estoremens por-
tans mistere, et de quoy le jayant mon prisonnier
sera garde et administreur jusques au retour du dit
noble chevalier vers moy, que Dieu domst1 tost, sy
vous prie, très excellent prince, et requiers en toute
humilité qu'en l'avanchement de l'emprinse dudit
noble chevalier vers vous comparu, et en magnifica-
cion de son arbre d'or par la nature qui lui est baillié,
il vous plaise à lui prester faveur, expedicion et
adresse, telles que gloire et exaltacion de vostre très
noble renommée, et à ma joye et à son preu, il puist
très briefment et tost retourner vers moy, pour le
plus hault de mes désirs, et dont de l'honneur que de
vostre grâce vous plaira à moy y faire, j'en rendray
les louenges à Dieu et à vous les remerciemens con-
dignes à vostre noble estât, que Dieu veulle conserver
et parmaintenir en félicité sempiterne. Escript en mon
chasteau de bonne espérance, le vme jour de janvier
l'an LXVII. Ainsi subscriptes : la toute vostre très
humble recommanderesse, la dame de Fille celée. Et
pareillement subscriptes : A très excellent, très victo-
rieux et très puissant prince Charles, par la grâce de
Dieu, duc de Bourgoingne et de Brabant, etc. »
Lesdictes lectres receues de mondit seigneur le duc
et présentées par ledit Arbre d'Or poursievant, icelles
lettres leues, mondit seigneur s'accorda à la volenté
de ladicte dame de l'isle celée. Ainsi fut sur le marchié
de Bruges dressé ledit arbre d'or auquel, pour le déco-
rer et enrichir selon le désir de ladicte dame, furent
successivement pendus les escus armoiés des armes des
1. Ou donist.
116 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
nobles chevaliers et escuiers qui se vin drent présenter
à la jouste pour furnir l'entreprinse dudit chevalier. Et
emprès ledit arbre ung peron à trois piliers sur lequel
durant ladicte jouste sévit ledit nayn en une très riche
chaiere à tout ung orloge devant luy et ung cor pour
sonner entrée et yssue sur le champ du chevalier à
l'arbre d'or ; autour du peron escript ainsi :
De ce peron nul n'en prende merveille,
C'est une emprinse qui nobles cuers resveille,
Pour souvenir de la tant honnorée
Dame d'honneur et de l'ille celée.
Au devant dudit arbre estoit lié ledit jayant, et
emprès estoit ung grant hourt ouquel estoient les
juges commis pour lesditz fais d'armes de par mondit
seigneur, assavoir monseigneur de Mirammont comme
lieutenant de monseigneur le marescal de Bourgoingne,
messire Giaude de Toulengeon, seigneur de la Bastie,
le bailli de Gaen et monseigneur de la Roche, et em-
près eulx en ung aultre hourt les officiers d'armes.
Ainsi les choses ordonnées, on commença le
dimence, jour desdictes nopces, IIIe jour de jullet, par
la manière qui s'ensieult.
Monseigneur Adolf de Gleves, seigneur de Ravens-
tain, fut le premier venant pour jouster contre le che-
valier de la dame de l'ille celée, qui est monseigneur
le bastart. Et debvez sçavoir quant ung combatant
venoit à la porte du parc à l'arbre d'or, le poursievant
venoit parlera lui lors qu'il avoit busquié1 d'un maillet
d'or qui pendoit à ladicte porte, lui demandoit son
nom, et puis l'aloit dire au défendeur, et de là s'en
1. Heurté.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 117
retournoit querre le nayn et le jayant, qui venoient
mectre ens ledit assaillant. Ainsi vint hurter à ladicte
porte mondit seigneur de Ravenstain, laquelle fut
ouverte après lesdictes solempnités.
Mondit seigneur de Ravenstain entra ou champ moult
richement en une littiere portée à deux chevaulx,
ladicte lictiere painte de bleu et blanc, qui sont ses
couleurs, et armoyée de ses armes, couverte d'un drap
d'or velours cramoisy, garnie de pluiseurs gros pom-
meaulx tous de fin argent. Là dedens estoit il couchiés
sur deux grans coussins de drap d'or cramoisy, et
estoit armé, et sur son harnas une robe de camelot
de soye fourrée d'ermines, les deux chevaulx de ladicte
littiere harneschiez de velours bleu garny de platines
d'argent, deux paiges sus vestus comme ses aultres
paiges, est assavoir depalletos de velours bleu, la moi-
tié semée d'orfavrie blanche à ung collier d'orfavrie
dorré; et de chascun costé de ladicte littiere aloient
deux gentilzhommes vestus de velours bleu à tout
chainnes d'or. Avec ladicte littiere estoit mené ung
cheval en main pour monter ledit chevalier, houssié de
drap d'or bleu velours, chargié de grosses campanes
d'argent, et ung aultre housse de drap d'or velours
violet, chargié de campanes d'argent à manière de
poires grosses, sur lequel estoit ung paige vestu comme
dessus, et ung aultre cheval portant deux panniers
couvers de velours noir, chargié de campanes comme
dessus, ung petit fol dessus habilliez comme les
paiges. En tel estât le conduisit devant les dames, et
là lisit une lectre messire Olivier de la Marche vestu
d'une robe de velours bleu. Puis s'alla ledit chevalier
heaulmer, et revint faire son debvoir, auquel le ser-
118 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
virent de lances messire Anthoine et messire Josse de
Lalaing, monseigneur de Peruwez de Haynnaut, mon-
seigneur de Herchoubbez, et ledit messire Olivier,
habilliez de mantelines de velours bleu, pourpoins de
satin cramoisy, harnas de chevaulx de velours bleu,
bordez de blanc, tous chargiez de campanes d'argent.
Et le servoit aussi le bastart de Saveuse, son escuier
d'escuyrie, habilliez de velours bleu.
Quant j'ay dit de monseigneur Adolf, à ce commen-
cement je dois dire de nostre chevalier à l'arbre d'or
comment il vint pour le recevoir très honnorablement,
vuidant hors d'une porte dorée à ung arbre d'or qui
estoit à l'autre part du champ.
Monseigneur le bastart se fîst amener ou champ en
ung riche pavillon de damas blanc et jaune, à une
gouttière de drap d'or violet, bordé par bas de
velours vert, et si fut lors servy de monseigneur de
Cohem, monseigneur de Montra vel, messire Hugues
de Lannoy, seigneur de Biaumont, messire Phelippe
de Cohem et messire Josse de Varsennare, ayant
chascun demie houssure de velours violet bordez de
cresée4 blanche, chargié de grosses campanes d'argent,
et de Jehan de Maulpas et Alardin Bornel, ses escuyers
d'escuyerie, ayans harnas de chevaulx chargiez aussi
de pareilles campanes d'argent. Et mondit seigneur
ayant sondit cheval couvert d'une riche houssure d'or-
favrie à ung arbre d'or, et portoit ung escu vert et
toute la feste durant.
En tel estât assemblèrent ces deux nobles chevaliers
et jousterent très puissamment l'un contre l'autre par
1. Étoffe de laine croisée.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 119
l'espace de demie heure, qui estoit le temps ordinaire
pour chascun et non plus; mais des lances qu'ilz ne
aultres rompoient, je ne fay nulle mencion, affin que
mon escript n'en soit à nul desplaisant, ainchois pour-
sieurray de jour en jour sur le fait de leurs estas à
venir. Et quant au fait aussy des heraulx, tamburins et
trompettes qui venoient acompagnier les jousteurs,
vous debvez sçavoir une fois pour toutes que chascun
qui venoit en estoit grandement accompagniés, les
aulcuns pour ce qu'à eulx meismes appartenoient, les
aultres pour les dons qu'ils en esperoient. Si m'en
remetz en la consideracion des lisans.
Ledit temps de demie heure passée, le nayn corna,
les seigneurs dessusditz coururent les planchons pour
les dames comme chascun fist et que les chapittres
contenoient. Et, ce fait, se départit la seignourie et s'en
revint à court, où le soir on fist le riche et solennel
bancquet, dont devant estfaicte mencion. Là se trouva
chascun fort en point, mais je seroye trop prolixe à
declairer les riches robes et habillemens d'orfavrie, de
brodure, de draps de diverses sortes et grosses
chainnes que chascun portoit à ces haulx estas ; si ne
m'y suis point arrestez, fors seulement aux houssures
et parures desdictes joustes et declaracion des bagues.
Le lundi 1111e jour, monseigneur le duc, les dames et
les juges vindrent sur les rens ; si vint hurter en soy
présentant à la porte monseigneur de Chasteauguyon,
frère au prince d'Orenge, moult gentement en point.
Il avoit sept serviteurs de lances habilliés de pour-
poins de damas violet et mantelines de satin vert,
chascun trois tours de chaine d'or au col et plumes
blanches. Son cheval estoit houssié de drap d'or bleu,
120 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
et avoit aprez lui deux paiges portans pourpoins de
satin noir et mantelines de satin vert comme dessus,
barettes de velours noir et plumes blanches, et autour
de leurs colz plusieurs tours de chainnes d'or ; l'un des
chevaulx desdits paiges houssié de drap d'or cra-
moisi; l'autre de drap d'or violet.
A l'encontre de mondit seigneur de Chasteauguion
vint monseigneur le bastart, tousjours servi desdis
escuiers d'escuierie en especial, son cheval houssié de
drap d'or cramoisy.
Ensievant mondit seigneur de Chasteauguion, vint
sur le champ Charles de Visaen, acompaigniés des capi-
taines et archiers de corps de mondit seigneur le duc,
chascun à piet, une branche de may en la main ; et
n'avoit que ung serviteur vestus de palletos d'orfavrie,
et lui avoit son cheval houssié d'orfavrie blanche et
dorée assise par bendes.
Contre ledit Charles de Visaen vint monseigneur le
bastart, harnaschié d'orfavrie à campanes d'argent.
Le jousteur du lundi fut monseigneur de Fiennes,
lequel servirent monseigneur de Roussy, monseigneur
Jacques de Luxambourg, son oncle, messire Jehan de
Luxembourg, son frère, et monseigneur le marquis de
Ferare, habilliez de hoctons de velours noir et tané,
et ung collier d'or de brodure devant et derrière
brodé de fin or, ayans desoubz vestus pourpoins de
satin cramoisy, et les chevaulx de messire Jehan de
Luxembourg et de monseigneur le marquis avoient
harnas de velours noir brodez à xxmi cloches d'argent
pendans sur chascun ; cellui de messire Jacques de
Luxembourg estoit de drap d'or de velours cramoisy,
et celui de monseigneur de Roussy de velours noir
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 121
broudé. Et avoit septchevaulx moult richement hous-
siés, que ehevauchoient quatre paiges et palefrenier
habilliez de palletos de velours noir, tous chargiés d'or-
favrie blanche, et gros bastons de brodured'or fin, et
ung large collier de pareille brodure, capronceaulx1 en
teste de satin tané et noir bordez de semence de
rozettes, sa houssure de velours noir à grandes des-
cendues de brodure de fin or, portans dessus la couppe
jusques à la bordure qui estoit de bordure pareille
grossement eslevée, la seconde de velours bleu semé
de campanes blanches, le 111e d'ermines bordé de drap
d'or bleu, le mie semée de talloces2 en brodure d'ar-
gent, le Ve d'orfavrie blanche, le VIe de satin noir bordé
et entersemé de bouillons d'argent, le vu6 de drap d'or
cramoisy.
A l'encontre de mondit seigneur de Fiennes vint
mondit seigneur le bastart, houssié de drap d'or vert
brodé d'orfavrie d'argent. Gy sont les trois jousteurs
de lundi.
Lesquelz aians fait leur debvoir, mondit seigneur
et chascun s'en revint à court où on fist ce jour ung
bancquet de xxx plas de viande furnis de xm mes sans
les entremés. Et si estoit nouveau dressoir et de nou-
velle vaisselle, pendant lequel bancquet il vint en salle
une grande beste, comme ung griffon, faire ung tour
seulement pour resjouir la compagnie. Et si jua on
audit bancquet une partie de l'enfance de Hercules,
comme il est en la poetrie traictant d'icellui ; puis se
fist la danse en fin dudit bancquet jusques qu'on ala
couchier.
1. Chaperons de petite forme; diminutif de caperon.
2. Boucliers, écus.
\%% MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Le mardi Ve jour de jullet, vint à la jouste mondit
seigneur, c'est assavoir en une maison sur le marchié
où lui et les dames tant ce jour comme les autres regar-
dèrent Testât ; lequel venu et lesditz juges, se vint pré-
senter monseigneur d'Arguel, filz au prince d'Orenge,
nepveu au duc de Bretaigne, lequel avoit ses servi-
teurs vestus de pourpoins de satin noir et hoctons de
velours vert, ayant chascun son harnas de cheval char-
gié de campanes d'argent à façon de poire ; entre les-
quelz en estoit monseigneur de Ravenstain. Il estoit
houssié de drap d'argent cramoisy chargié de cam-
panes; son escu estoit cramoisy, blanc et vert; s'avoit
ung gros plumas sur son heaulme ; et après lui estoient
trois pages vestus de robes de velours vert à deux
plois de velours blanc, barettes de velours cramoisy en
teste rebrussées1 de velours noir, l'un de leurs che-
vaulx houssié de drap d'or cramoisy, l'autre de drap
d'or bleu, et le tierch de drap d'or velours violet.
Contre mondit seigneur d'Arguel vint monseigneur
le bastart, houssié de damas blanc bordé de velours
cramoisy à une croix Saint Andrieu sur le dos d'orfa-
vrie semés de larmes d'argent dorez à une fiolle d'ar-
gent qui les espandoit.
Le second de ce jour fut messire Anthoine de Hale-
win, qui fut servy à la jouste du visconte de Furnes,
de monseigneur de Hallewin, monseigneur de Hames
et monseigneur d'Estrées vestus de pourpoins de satin
cramoisy, journades de velours noir et tané, à ung
y devant et derrière de brodure d'or, chascun une
chainne d'or en son col, lui monté sur ung cheval
1. A bords relevés.
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 123
houssié de velours noir et broudé de feullages de fil
d'or umbrée de grans Y, et sur chascun feullage une
campane d'argent à fachon d'ancolies jusques au
nombre de l ; et sy avoit trois paiges vestus de pour-
poins de velours noir, robes de drap violet broudées
d'ourfavrie. Le premier cheval desditz paiges houssié
de violet velours cramoisy à tout i bort d'orfavrie,
l'autre i ygraton1 de drap d'or noir, l'autre de satin
violet semé de bouillons d'argent doré, bordé de fil
d'or à taches de cramoisy frangées à F environ.
Et vint monseigneur le bastart contre lui, ayant une
houssure d'orfavrie assise à façon de drap d'argent.
Ce jour fut le tierch jousteur messire Jehan de
Luxembourg, lequel servirent monseigneur de Roussy ,
monseigneur Jacques, son oncle, monseigneur de
Fiennes et monseigneur le marquis de Ferare, vestus
de pourpoins de satin noir et de hoctonsde satin bleu,
à une fleur d'or devant et derrière ; ung fol devant eulx
vestu d'orfavrie ; et si avoit quatre paiges et son pale-
frenier vestus de paletos de velours noir chargiez d'or-
favrie blanche et barettes2 de sattin vert rebrachées
de velours noir à grandes chiffres d'or devant et der-
rière ; ledit messire Jehan ayant houssure toute d'or-
favrie dorée très riche, son escu violet ; l'un desditz
aultres chevaulx houssié de velours cramoisy bordé de
drap d'argent bleu , le IIe de satin bleu , à tout tron-
chons d'argent, et à chascun une campane d'argent
pendans; le me de martres sables3; le mie de drap
d'or cramoisy velours; le ve de velours noir semé de
1. Mot inconnu. Ne faudrait-il pas lire : y grégeois?
2. Sortes de toques ou bonnets.
3. Martres zibelines.
\%k MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
grandes lettres d'or. Ce sont ceulx qui jousterent ce
jour et non aultres.
Monseigneur le bastart venant à l'encontre dudit
messire Jehan estoit houssié de velours tané chargié
de brodure en barbequesnes1 et ses lettres avec son
mot à bordure de velours vert.
Après ladicte jouste, que les seygneurs et dames
furent retournez à court, il avoit en la grant salle ung
riche bancquet préparé aux deux grandes tables, et à
la haulte estoient assises en manière que furent les
grandes naves pour les plas de viande, grandes tentes
de soye à deux mas, banerolles dessus, et pour les
pastez pavillons parez, dorez et johiez richement. Et
si fut le service de xv mes de cuisine, et y avoit
encoires nouveau dressoir assis et nouvelle vaysselle.
A la dextre partie de la haulte table dessusdicte et
droit devant icelle estoit une grande, puissante et
haulte tour représentant celle de Gorchem2 à façon de
pierre bleue, bachicolemens3, faulces braies4 et tout, sur
laquelle tour en l'esquarguette avoit ung homme qui
fist plusieurs remonstrances servans au pourpos tant
desdictes tentes et pavillons comme desdicte tour, et
aux fenestres d'icelle tour se monstroient première-
ment, grans senglers5 sonnans trompettes de guerre
1. Barbequennes , de barbacane, ouvrage avancé à créneaux,
terme emprunté à l'architecture militaire.
2. Gorcum.
3. Expression du dialecte de Douai, signifiant construction, et
que M. Fr. Godefroy, dans son Dictionnaire de l'ancienne langue
française, dit n'avoir rencontrée qu'au xvne siècle. On voit qu'elle
était usitée bien auparavant.
4. Sorte de corridors établis en avant d'une enceinte fortifiée,
et munis de murs crénelés, pour couvrir le pied de la forteresse.
5. Sangliers.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 125
bien et par ordre, puis, après iceulx retrais, lorsque
ledit guet le dist, se monstrerent chievres jouans comme
menestrelz très mélodieusement, tierchement, loups
jouans de fleutes, et quartement, asnes qui chantèrent
une chanson très plaisante ; et en la fin sallirent hors
de ladicte tour six hommes en guise de singes, et dan-
sèrent et firent merveilles.
Le mercredi, le premier venant sur les rens fut
messire Jehan de Chassa, seigneur de Monnet, servi
de quatre gentilzhommes habilliez de bien riches
robes à façon de Turcs ; et estoient devant lui quatre
Moriens1 et sur ung gros cheval à panniers en avoit
deux et ung fol jouans de divers instrumens, ledit che-
val houssié de velours violet broudé de lettres d'or, et
y avoit ung cheval houssié de velours cramoisy broudé
de nuées d'or, sur lequel cheval seoit une pucelle ves-
tue de drap de soye vert royée, à tout une grosse
chainne d'or au col, habilliée à la manière de Turquie,
laquelle dame menoit ledit chevalier, icellui vestu
aussy comme Turcq ; sur son harnas, son cheval hous-
sié de velours noir semé du hault en bas d'orfavrie
viaulatre ; et avoit deux paiges à piet portans chausses
et robes d'orfavrie branlant; et puis avoit quatre
aultres aprez lui habilliez comme Turcqs de bien riches
robes, chascun dart ou poing, et ceulx de devant
aussi, quiestoit riche et nouvelle chose à veoir.
A l'encontre dudit monsieur de Monnet vient mon-
seigneur le bastart, houssié de drap d'or velours cra-
moisy bordé d'ermines.
Le second de ce jour fut monseigneur Jacques de
1. Maures.
126 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Luyxembourg , lequel fut servi de monseigneur de
Scalles, messire Jehan d'Oudeville, son frère, monsei-
gneur de Roussy, monseigneur de Fiennes, messire
Jehan de Luxembourg et monseigneur le marquis de
Ferare, portans hoctons de satin bleu ; ledit monsei-
gneur Jacques avoit mi pages et le palafrenier vestus de
pourpoins de damas noir, mantelines de velours bleu,
chausses de violet et bonnez vers; mondit seigneur
Jacques houssié de drap d'or pers bordé de drap d'or
violet, plumas pers, chamfrains de brodure ; l'un paige
houssié de velours cramoisy bordé d'ermines, ledit
houssure ayant une branche d'estoc sur le crupe du
cheval de brodure d'or s'espandans aval, le feullage
gros eslevé entresemé de feulles de chesne d'or,
l'autre, de bleu et violet, à larges feulles d'orfavrie,
semé de bouillons d'argent et bordée de velours noir
semé de grosses larmes de fin or en broudure; le
tierch, houssié de velours noir chargié de chiffres dudit
seigneur et de y, les chiffres dorez, les y blans, et lar-
gement campanes à demi dorées ; le quatre, de satin
violet semé de cardons d'orfavrie, bordé de velours
noir broudé de larmes et de fringes d'or ; le v% de drap
de damas noir à chiffres et chardons de mondit sei-
gneur en brodure semé de campanes dorées, bordé de
damas blanc semé des mêmes campanes; le vie, que
menoit le palefrenier en main, estoit houssié de drap
d'or noir et violet cramoisy. En tel estât entra sur le
champ.
A l'encontre de lui vint monseigneur le bastart
houssié de drap de velours bleu sur crupe et cringne1,
1. Groupe et crinière.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 127
ayant ung rabot et toute la houssure semée de rabo-
tures d'argent.
Le tierch venant sur le champ fut messire Philippe
de Poitiers, seigneur de la Frète, servi de monsei-
gneur de Dormans, son frère, le visconte de Furnes,
messire Anthoine et messire Josse de Lalaing, portans
pourpoins de satin noir, palletos de taffetas vermeil et
chainnes d'or en leurs eolz ; et estoit amené d'une fil-
lière sur le champ par une pucelle à cheval, vestue de
taftas blanc, cheveulx pendans, chapiau de roses en
teste, ung coler d'or au col, son cheval couvert de
colletés de soye tout semé de violettes ; ledit seigneur
ayant escu blanc, lui houssié de satin cramoisy bro-
chié d'or, semé de campanes de vaches d'argent. Et
avoit deux paiges habilliez de robes volans, le corps
de taftas vermeil et noir, et petites chappes de satin
noir; l'un des chevaulx desditz paiges houssié de
velours noir, et une descendue sur la cruppe de velours
cramoisy violet ; le second houssié d'un drap d'or bleu.
Ci vint monseigneur le bastart contre ledit Poitiers,
houssié de velours noir semé d'orfavrie blanche.
Le quatriesme ledit jour fut messire Glaude de
Vauldré, ayant dix serviteurs habilliez de mantelines
de damas devant vert et derrière violet, sa houssure
de velours sanguin et vert semé de coquilles d'or en
brodure, entresemé de campanes d'argent.
Contre ledit Vauldré jousta monseigneur le bastart,
houssié de drap d'or cramoisy et bordé de cresée
blanche.
Celui jour se fist le souper à court, et n'y eut point
de banquet jusques à lendemain.
Le jeudi jousta le premier monseigneur le conte de
128 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Saulme, lequel servirent quatre nobles hommes habil-
liez de hoctons de damas noir et violet ; s'estoit ledit
conte houssié de drap d'or bleu velours; ung paige
vestu de damas noir et violet, houssié de velours vio-
let semé de grosses campanes d'argent environ de
cent.
Encontre lui vint monseigneur le bastart houssié de
satin cramoisy et chargié à façon de gorgerins de
haubergerie d'argent.
Le deuziesmefut messire Bauduin, bastart de Bour-
goigne, qui fut servi ce jour de monseigneur de
Montferrant, le bailli de Bruges, Guillelme de Ternay
et Guiot de Fougny, vestus de mantelines de velours
bleu à lettres de brodure devant et derrière, pourpoins
de satin cramoisy les trois, ledit Montferrant de drap
d'or, et chascun harnas de cheval chargié de campanes
d'argent, capeletz de satin vert et plumes blances, et
chascun une grosse chainne d'or aux colz ; ledit mes-
sire Bauduin houssié de velours bleu semé de plumes
en brodure qui sont sa livrée, ayant une longue bane-
rolle de samis 4 vert sur le heaulme ; et après lui trois
paiges vestus de robes de velours bleu semé de
chiffres d'orfavrie blanche et dorée ; le second, de drap
d'or cramoisy bordé de satin figuré noir, les figures
rouges ; le tiers, de velours violet semé de campanes
d'argent et une très grosse sur le dos du cheval ; le mf,
houssié de velours noir broudé d'orfavrie à sa devise.
Monseigneur le bastart jousta contre ledit messire
Bauduin portans harnas de cheval de damas blanc
chargié de brodure et semé de campanes d'or.
1. Sorte de satin tramé d'or.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 129
Le tierch de ce jour, monseigneur de Renty, servi à
ladicte jouste de monseigneur Adolf de Gleves, mon-
seigneur Jacques de Luxembourg, monseigneur de
Bievres, monseigneur de Fiennes et messire Jehan de
Luxembourg, vestus de pourpoins de damas noir, man-
telines de satin blanc, à tout chainnes d'or aux colz ;
lui houssié de velours noir, decopé tout en figure de
7 Y 7 monstrant sur satin blanc. Et avoit trois paiges
portans porpoins de satin noir et mantelines de satin
blanc, l'un houssié de drap d'or cramoisy, l'autre de
velours bleu semé de tout a. b. c. cl., etc., en brodure
d'or, l'autre de drap d'or vert.
Et contre mondit seigneur de Renty jousta monsei-
gneur le bastart, houssié de velours tané chargié en
manière de testes de lions plattes tenant chascune teste
ung aneau ront en sa bouche d'argent, bordé de tafe-
tas vert.
Le jour meismes, après que monseigneur le duc et
les dames eurent veu les joustes, ilz vindrent à ung
très gracieulx bancquet qui estoit préparé au lieu que
dessus, lequel, touchant le service, fut très grant, car
on y servit de xxim mes. Et pour nouvelleté y ot sur
les tables aultrefois dictes olifans, licorgnes, drome-
daires et cherfs { grans et richement fais, chascun
portans coffres sur le dos plains d'espicerie et homme
dessus, chevauchant lesdictes bestes entresemées de
paons et chisnes2 moult riches, toutes lesdictes armoiez
des armes des seigneurs de la Toison d'or et de plu-
sieurs aultres nobles. Et en tant con estois assis audit
1. Cerfs.
2. Cygnes.
rv
130 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
bancquet furent perjouez encores certains fais d'Er-
cules, si comme quand il ala querre sa dame en enfer,
etc. Audit bancquet fut on jusques à deux heures
après mienuit.
Le vendredi y ot très noble assemblée sur les rens,
car monseigneur de Scalles, Anglois, y vint pour
ladicte jouste; mais à cause que lui et monseigneur le
bastart sont frères d'armes, monseigneur Adolf de
Cleves soustint le pas, dont il advint que, mondit sei-
gneur le bastart estant en robe sur les rens regar-
dant sondit frère d'armes, ung cop de piet de cheval
lui mist très villanement le genoul hors du lieu, et
ne pot faire plus avant, mais fournirent ceulx qui
seront ditz.
Monseigneur de Scalles vint donc sur les rens très
honnorablement, car premièrement il avoit service
de tous les Anglois, et les nostres, de grant couraige,
lui faisoient compagnie ; ses serviteurs estoient douze
pour le lance, monseigneur Jacques de Luxembourg
y est et monseigneur de Fiennes, monseigneur le
marquis, les aultres Anglois, et messire Jehan de
Luxembourg, portans palletos vers à une ancolie de
brodure, aulcuns de damas, aultres de satin figuré ; et
leurs chevaulx avoient harnas de velours tané à tout
xii fleurs d'ancolies d'argent sur chascun cheval, et
chascun une chainne d'or au col. Et avoit six paiges
vestus de pourpoins de satin noir, mantelines de satin
figuré vert, semées d'ancolies d'argent, barettes de
velours noir rebracées de drap d'or cramoisy à plumes
jaunes et houseaux blancs. Ledit seigneur avoit son
escu de drap d'or cramoisy et bleu, houssié de drap
d'or velours cramoisy et bleu; lesditz paiges, l'un
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LÀ MARCHE. 131
houssié de velours tané, semé de grosses campanes
et grosses ancolies d'argent ; l'autre de drap d'or cra-
moisy velours, bordé de velours noir semé d'orfavrie
blanche; le tierch de drap d'argent violet bordé de
drap d'or bleu à grandes estendues de velours cra-
moisy semé de campanes ; l'autre de velours cramoisy
semé de ses chiffres en brodure d'or, à grans esten-
dues de drap d'argent et velours noir, semées de
houpes d'or; l'autre de velours gris semé de grans
pièces de drap d'or noir et de campanes d'argent;
l'autre de velours bleu semé de larmes d'argent,
bandé partout d'ermines, bordé de damas gris semé
de ses chiffres en brodure d'or.
Item, contre lui joustant fut monseigneur de Ravens-
tain, houssié de velours cramoisy chargié d'orfavrie
d'or et d'argent à feullages.
Le second de ce jour fut monseigneur de Roussy,
lequel se fist amener sur le champ en ung très grant
chastiau à quatre tours et une grosse au milieu. Et
estoit le chasteau quarré de machonnerie de pierre
noire, bien fait et bien garny de tout ce qu'à veue de
chastiau appartient. Là dedens vint jusques sur le
champ devant les dames où il sailloit dehors armé et
monté. Si estoit à son devant le nayn d'Engleterre,
vestu d'une robe de velours noir à ung ploy1 blanc,
et quatre chevaliers qui le servirent, c'est assavoir
monseigneur de Fiennes, messire Jehan de Luxem-
bourg, monseigneur le marquis de Ferare et messire
Anthoine de Halewin, vestus de pourpoins de satin
cramoisy et hoctons de satin noir à ung ploy blanc.
1. Pli ou bande.
132 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Et avoit ledit seigneur sept chevaulx couvers ; le
sien estoit houssié de damas blanc traillié de fil d'or,
semé de a. e. partout en brodure, et avoit sur son
heaulme ung long volet; puis avoit quatre paiges et
son palefrenier et ung varlet à piet menant ung des-
trier, ledit varlet vestu de velours noir à ung ploy
blanc. Le premier desditz chevaulx desditz paiges
houssié de velours noir, bordé de velours cramoisy,
chargié de campanes d'argent; le second chargié à
force d'orfavrie blance ; le tierch de satin cramoisy à
une grosse branche ou estoc de brodure d'or haute-
ment eslevée jettant ses feullages tout avant la hous-
sure ; l'autre estoit aussi de brodure d'or entièrement
toute faicte de gaufrure quarelée comme machonnerie,
entresemée de larmes d'argent et de fenestres à deux
testes de dames et une d'homme, et semée de a. e.
tousjours, bordée ladicte houssure d'une galerie de
brodure faicte à gros piliers, en chascun parquet ung
grant pot de violiers ou lectres et tout de brodure
d'or, d'argent et de soye, semée aussi de larmes;
l'autre encores estoit de brodure d'or hault eslevée de
grandes feulles entresemées de lettres et larmes
d'argent de brodure ayant sur la coingne4 une grosse
fleur d'or faicte à l'aguille, bordée de satin cramoisy,
entresemée que dessus, fringié de noir. Le destrier en
main houssié de drap d'or cramoisy. Et povez sçavoir
que lesditz paiges et palefrenier avoient vestues
mantelines de pareille estoffe chascun à sa houssure,
pourpoint de satin noir et barettes de velours noir
decoppées dessus de drap noir et blanc.
1. L'angle.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LÀ MARCHE. 133
A l'encontre de mondit seigneur de Roussy jousta
pour monseigneur le bastart Charles de Visaen, hous-
sié de damas blanc semé d'arbres d'or, atout un
bort de velours violet à arbres d'or.
Le tierch pour le jour fut Jehan de Rochefay, dit
Rosquin, premier escuier d'escuierie à monseigneur
le duc, servy de monseigneur d'Aussy, messire Phi-
lippe de Crevecuer, Drieu de Humieres et Simon,
frère audit Rosquin, vestus de pourpoins de velours
cramoisy, hoctons de velours vert semé d'orfavrie
blance atout deux lettres; l'escu dudit Rosquin et sa
houssure de velours vert bordé de velours tané char-
gié d'orfavrie, et par dessus lettres d'orfavrie, l'une
dorée et l'autre blanche, et n'avoit nulz paiges.
Ledit Charles de Visaen jousta encoires contre ledit
Rosquin, houssié d'ermines à bordure de martres
sables. Ainsi la jouste fina pour le jour. S'en revint on
souper à court, et n'y eult ce venredi ne le semmedi
point de bancquet.
Le semmedi revint monseigneur le duc sur les rens,
les dames et lesdis juges; puis vindrent ou champ
deux chevaliers ensamble, dont l'un estoit nommé
messire Jehan de Ligne, seigneur de Rely, et l'autre
messire Jacques de Harchies. Ces deux sont compa-
gnons; si se habillèrent pareilz, est assavoir qu'ilz
avoient six serviteurs pour la jouste, vestus de hoc-
tons, le dessus de velours violet et le dessoubz de
velours noir à une chiffre d'or devant et derrière, à
une chainne d'or es colz chascun ; leurs houssures de
velours violet bordé de velours noir chargié de cam-
panes d'argent, les escus noirs et la chiffre d'or
devant dicte.
134 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Phelipe de Poictiers jousta pour monseigneur le
bastart contre messire Jehan de Ligne, ayant harnas
de cheval d'orfavrie d'argent.
Et contre messire Jacques de Harchies ledit Poitiers,
houssié de satin de coulleur de fleurs de peschier, à
grosses feulles d'argent comme plumes en brodure,
pendans au col du cheval, colier de campanes dorées.
Après ces deux vint ou champ messire Phelippe de
Crievecuer, ayans douze compaignons à piet devant
lui, vestus de paletos de tafetas blanc et vert, et pour
serviteurs monseigneur d'Aussy, monseigneur de la
Roche, Guillelme Bournel et Rosquin, portans pour-
poins de damas tané et hoctons de drap d'or cra-
moisy, ayans trois paiges vestus de pourpoins de satin
cramoisy, mantelines de damas blanc semées de larmes
d'orfavrie dorée à ung collier d'orfavrie dorée en façon
de gorgerin, barettes de velours vert et plumes vertes
et blanches, l'un houssié de drap d'or vert, l'autre de
drap d'or noir, le tierch de drap d'or bleu, et lui de
drap d'or cramoisy, son escu de drap d'or vert.
Item, jousta contre lui ledit Poitiers, houssié de
velours bleu chargié de campanes dorées et blanches.
Le quart jousteur de ce samedi fut messire Jehan de
Doudeville, frère à monseigneur de Scalles, lequel fut
amené à toute solemnité tant des nostres comme des
Anglois. Et le servoient monseigneur de Scalles, mon-
seigneur Jacques de Luxembourg, monseigneur de
Roussy et sept Anglois vestus de satin figuré, par moi-
tié ressamblant drap d'or et l'autre moitié de drap
d'argent. Si estoit ledit seigneur houssié de drap d'or
velours blanc bordé de drap d'or cramoisy. Après lui
quatre paiges habilliez de pourpoins de satin noir,
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 1 35
mantelines telles que lesditz serviteurs; le premier
houssié de drap d'or velours moitié cramoisy, moitié
bleu; le IIe de drap d'or noir velours; le tierch de
drap d'or cramoisy velours. Item, lui menoit on en
main ung destrier couvert de très riche drap d'or, la
selle garnie de drap d'or bleu à chamfrain de brodure
d'or fin ; celui qui le menoit vestu d'une longue robe de
velours noir, son cheval houssié de velours violet semé
de campanes dorées et blanches.
En tel estât fut ledit messire Jehan receu à la jouste
dudit Philippe de Poitiers, houssié de martres sables
bordé d'ermines.
Le cinquiesme ce jour fut monseigneur de Ternant
servy de monseigneur d'Arguel, messire Mile de Bour-
bon, messire Jehan de Bourbon, chevalier de Rodes,
et Phelippe Copin, portans palletos de satin violet;
ledit seigneur houssié de drap d'or cramoisy, char-
gié de campanes d'argent, et dessoubz la houssure ung
harnas de cheval pareil, qui demeura ou jousteur quant
on osta la houssure.
Contre mondit seigneur de Ternant jousta Poitiers,
ayant ung harnas de cheval d'orfavrie d'argent à rennes
pendans. Ainsi fina la journée, car il estoit bien tart
quand les seigneurs et dames revindrent à court et bien
largement heure de souper.
Le dimence après disner, à heure acoustumée, les
seigneurs et dames venus, vint soy présenter à la
jouste Pierre de Bourbon, seigneur de Carency, lequel
servoit Phelippe de Bourbon, son frère, messire
Anthoine et messire Josse de Lalaing, et Mile de Bour-
bon, vestus de palletos de satin cramoisy bajoés1 de
1. Chargés.
136 MÉMOIRES D'OLIYIER DE LA MARCHE.
bestes devant et derrière en brodure d'or, bonnetz
blancs en teste, son escu de velours cramoisy à une
bajoe1 et ung 0 d'or2 ; et estoit houssié de velours cra-
moisy bordé de drap d'or noir. Si avoit trois paiges
habilliez de pourpoins de satin noir, mantelines de
satin figuré bleu et bonnetz blans, houssiés l'un de
drap d'or velours noir, l'autre de velours bleu char-
gié de trois grosses campanes d'argent, aussi grosses
comme testes d'enfans, et grandes bajoes d'argent, le
tierch houssié de drap d'or bleu velours.
En ce point le receupt Phelippe de Poitiers, houssié
de drap d'or bleu velours à ung saultoir, et bordé de
velours violet.
Le second de ce jour fut monseigneur de Contay, ses
serviteurs habilliez de velours noir en hoctons, lui hous-
sié de drap d'or noir, et I paige houssié de drap d'or
cramoisy velours, ledit paige vestu de velours noir. Et
de la première course que ledit monseigneur de Con-
tay courut contre Phelippe de Poitiers, il le desarma
et fut blechié ou corps, tant qu'il le convint cesser.
Ainsi demeura là mondit seigneur de Contay jusques
que tost après entra monseigneur le marquis de Ferare.
Ledit Phelippe de Poitiers, ou nom que dessus, avoit
une houssure de drap d'or velours vert, atout ung
bort de damas blanc et une croix de Sainct Andrieu
sur le clos du cheval, de damas blanc.
Monseigneur le marquis à sa venue estoit gentement
en point. Il fut servy de monseigneur de Roussy, mon-
seigneur Jacques de Luxembourg, monseigneur de
1. Hotte, panier, manne d'osier, qui forme la charge d'un
homme.
2. Un os de cheval, d'après les Mémoires, t. III, p. 181.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 137
Fiennes et messire Jehan de Luxembourg, vestus de
palletos de satin bleu, a. e. m. en brodure d'or,
capronceaux rebracés de velours noir, decoppez de
drap violet, ayant xii chevaulx parmi le sien qu'il
chevauchoit, les six houssiés et lesaultres harnaschiés;
ceulx qui les chevauchoient vestus de robes toutes
chargées d'orfavrie blanche, à manches de velours
noir, capronceaux telz que dessus et pourpoins de
velours. Les six harnas de chevaulx tous de brodure
et les houssures, la sienne de satin bleu semée de ser-
viettes d'or et de brodure de miroirs et fleurs pareilles,
entrefournie d'orfavrie blanche, brodée de grans
chiffres d'or et bordure pareille très large et haulte;
l'un de ses paiges houssié de velours violet chargié de
roses dorées boutans hors gros aneaux d'argent à trois
neulx dorez, l'autre de velours noir semé de grosses
pommes d'argent, à quoy on gette feu es bateaux en
la mer, de nuées et campanes tout d'argent; le tierch
de satin figuré gris chargié de reschauffoirs d'argent à
demie dorure gectans flambe en hault, semée en la bor-
dure de chardons d'or ; la quarte de damas jaune semée
de lunes gectans rays et larmes d'argent ; le Ve de
velours vert semée de chardons dorez, de campanes
et de feulles de chardons d'argent.
En tel estât jousta mondit seigneur le marquis contre
monseigneur de Contay, lequel ne chambga point sa
houssure.
Après la retraite de monseigneur le marquis fist on
armer monseigneur Glaude de Vauldré pour jouster
pour l'arbre d'or contre monseigneur de Contay, et
vint ledit messire Glaude sur le champ, houssié de
drap d'or vert semé de campanes d'argent.
138 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Ledit jour de dimence, aprez la jouste finée, se fist
ung bancquet à la court, où les seigneurs et les dames
furent servis très plentineusement seulement en vais-
selle sans personnages, et y fut servy tant de euisine
comme de fruiterie et espicerie de xxim mes, et pen-
dant ledit bancquet se parjoua l'istoire d'Ercules, qui
estoit commencée auparavant.
Le lundi XIe jour, nul ne jousta que monseigneur le
duc, lequel, comme avoient fait les aultres chevaliers,
vint ou champ à très grant estât ; car, avec l'officier
d'armes qu'il avoit devant lui et de toutes sortes de
menestrelz, trompettes et clarons, xn chevaliers le
servirent, c'est assavoir monseigneur de Scalles, mon-
seigneur d'Arguel, monseigneur de Ghasteau Guiaut,
messire Jacques de Luxembourg, monseigneur de
Fiennes, monseigneur de Roussy, messire Jehan de
Luxembourg, monseigneur le marquis de Ferare, mes-
sire Bauduin le bastart, messire Phelippe Pot, mon-
seigneur de Ternant, monseigneur de Rochefay, dit
Rosquin, lesquelz estoient vestus de pourpoins de satin
cramoisy et de hoctons tous chargés d'orfavrie d'or sur
champ violet ; et dix paiges habilliez de mantelines
pareilles, à barettes de velours bleu et plumes blanches ;
lequel mondit seigneur estoit houssié d'une houssure
de menue orfavrie d'or en brodure, bordée de deniers
d'or assis en branlant ; une aultre de velours cramoisy
à grans fusilz d'or en brodure et le feu partout semé ;
ung de velours bleu fait d'orfavrie d'or en façon de
drap d'or; ung aultre de drap d'or noir; l'autre de
drap d'or cramoisy, l'autre en brodure de petis
fusiz; le destrier en main, de velours cramoisy, plain
de deniers d'or branlans; les aultres chevaulx tous
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 139
houssiés d'orfavrie en pluiseurs façons ; ledit palefre-
nier habiîlié comme les paiges, et chascun cheval cham-
frain de brodure de soye, et la houssure et plumas de
la couleur.
Ainsi mondit seigneur venu sur le champ, vint contre
lui monseigneur Adolf de Cleves, seigneur de Ravens-
tain, faisant porter sur lui ung riche pavillon paie de
damas blanc et violet, duquel il vuida près de la
toille, prestpour courre. Si avoit sept paiges et aultres
tant chevaliers comme escuiers jusques à xx chevaulx,
portans les meismes houssures ensamble qui l'une
aprez l'autre avoient servy à la jouste précédente. En
tel estât, saillant dudit pavillon, jousta contre mondit
seigneur le duc.
Si debvez sçavoirque, ce dit jour, dès deux heures
après midi, se fist apporter monseigneur le bastart qui
avoit le genoul hors du lieu, en une riche littiere painte
comme drap d'argent et couverte de drap d'or, sur le
champ, lui vestu d'une riche robe d'orfavrie d'or.
Quant mondit seigneur le duc et monseigneur de
Ravenstain eurent jousté leur temps, le nayn corna ;
si jousterent pour les dames, puis se retrairent.
Et, incontinent ce fait, vint hors de la porte de
l'arbre d'or ung destrier bay chargié de deux panniers
de cuir plains du harnas et l'escu dessus, sur quoy et
en quoy jousta monseigneur le bastart contre monsei-
gneur d'Arguel, ledit destrier houssié de velours noir
chargié d'orfavrie; lesditz panniers couvers d'un
velours violet; lequel destrier, couverte, harnas et escu
les officiers d'armes, le nayn et le jayant, après grand
deliberacion et pluiseurs manières observées, présen-
tèrent sur le champ devant les dames à mondit sei-
140 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
gneur d'Arguel pour le plus avoir rompu de lanches
à ladicte jouste.
Ladicte jouste faicte, mondit seigneur s'en ala desar-
mer entrement que on deffist la toille et despeça tout
le champ. Si s'en ala chascun armer pour le tournoy,
meismes mondit seigneur le duc, et habillier chascun
des xxim devant nommez en la jouste de l'arbre d'or
de demies houssures de violet, aulcuns de velours,
aultres de damas ou satin, tous semez d'arbres d'or,
car les chapictres estoient telz qu'aprez ayant jouste ilz
dévoient compagnier le chevalier entrepreneur audit
tournoy. Ainsy environ l'eure de six heures et demie
[vindrent] xxmi nobles hommes de dehors, desquelz
estoit capitainne messire Charles de Ghalon, conte de
Joingny, lesquelz se rengierent sur le champ, comme
pour bataille, et leur furent présentées chascun lance
ressamblant à fers esmolus. Et avoient chascun espée
rabatue sans pointe, lesquelles ilz présentèrent aux
juges pour eschiever l violence, et puis les reprindrent.
Et tantost aprez vindrent les xxmi de l'arbre d'or vuy-
dans hors de la porte dont vuydoit tousjours le cham-
pion et se rengierent pareillement que les aultres,
envoierent leurs espées et prindrent leurs lances. Ainsi
regardoient l'un l'autre, et monseigneur le bastart les
regardoit en sa dicte littiere.
Et en tant qu'il touche de la venue de mondit seigneur
le duc sur les rens pour ce tournoy, il estoit de sa per-
sonne habillié comme les aultres, mais aprez lui il avoit
x paiges et ung destrier qu'on menoit en main ; les-
quelz paiges, varlet de piet et palefreniers estoient ves-
1. Éviter.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 141
tus de robes de velours cramoisy, le desoubz brodé de
fin or ; et lesditz paiges à cheval , chascun collier de
grosses roses de fin or au martel pendant au derrière
jusques sur le cheval, à deux fillandres1 de feulles de
chesne d'or ; leurs chevaulx et ledit destrier en main
houssiés de velours cramoisy, semé chascun de cent
campanes de fin or pesans chascune ung marc, menans
ung merveilleux bruit.
Lesdis xlviii nobles hommes assamblez ainsi l'un
devant l'autre, la trompette de guerre sonna; lors se
ferirent en l'un l'autre des lances très victorieusement,
puis ferirent des espées l'un sur l'autre chascun à son
povoir, une bonne espace de tous costez du champ tant
que le nayn corna, et les dames faisoient signe d'un
volet. Après quoy à grant paine on les fist abstenir et
retraire chascun à son renc ; lors osta monseigneur le
duc son habillement de teste et vint d'un renc à l'autre ;
si en fist pluiseurs par couples venir l'un contre l'autre
corps à corps, qui se batoient desdictes espées vilaine-
ment tant que le plaisir de mondit seigneur fut de faire
retraicte. Lors deux à deux rentrèrent en la porte de
l'arbre d'or, et passèrent devant les dames en ce point
et ramenèrent mondit seigneur à court et mondit sei-
gneur le bastart en littiere ; puis s'alla chascun desar-
mer pour venir au bancquet et aux danses.
Et en tant qu'il touche desdictes joustes et tournoy,
la chose en la manière que dit est fut honnorablement
conduitte en toute doulceur et en plus grant richesse
qu'il ne m'est possible d'escripre que il ne fusse trop
long. Car il ne futoncques jour que sur les rens, aux-
1. Espèces de filets.
142 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
dictes joustes et aux bancquetz pluiseurs ne fussent
habilliez de riches vestemens d'orfavrie, de brodure,
de pierrie, de riches draps, de houssures, de harnas
de chevaulx ung jour l'un, aultre jour l'aultre, et pareil-
lement aux bancquets et aux danses, meismes mondit
seigneur le duc et monseigneur le bastart et leurs
paiges chascun jour nouveau, et en ensievant les
aultres princes et seigneurs. Pensez que chascun se
monstroit dont je m'en passe de la déclaration, excepté
du fait des armes et ce que y servoit.
Le jour dessusdit, après le tournoy, on avoit préparé
à court ung bancquet qui fut bien gracieux. Première-
ment on avoit dressié ung riche dressoir garny de
riche vaisselle, et, sur les trois tables de la grant salle
dont aultre fois j'ay fait mencion, y avoit assis
xxx arbres de chire l portans de toutes manières de
fruits ; autour de la racine desditz arbres la viande
mise dont il y avoit xx mes de cuisine, et pour les
entremets y avoit personnaiges d'hommes et de
femmes entresemez qui portoient J'un en une hotte,
l'autre en ung chapiau, l'autre en son geron, fruiteries
et espiceries, lesditz personnaiges pains de fin or, de
fin argent et azur très richement. Et devant monsei-
gneur, à sa table, y avoit une tour sur quoy estoit ung
homme tenant ung dart, et de ladicte tour comme
d'une fontaine partoit eaue rose très habondamment.
Et dedens l'un des chandelers pendans à miroir dont
j'ay parlé au premier bancquet y avoit ung dragon en
la roche qui gettoit feu, et de ladicte roche respandoit
eaue et feulles de roses sur les gens. Item, devant
1. Cire.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 143
ladicte table vint une très grande balaine gardée de
deux jayans, laquelle avoit dedens son ventre deux
seraines1 et xn ou xm hommes habilliez estrangement,
lesquelz hommes et seraines vuiderent hors de ladicte
balaine pour danser, chanter et esbatre ; et desdiz
hommes avoit qui se combattoient et les aultres dan-
soient.
En la fin dudit bancquet se commença la danse, à
laquelle fut donné par les dames à messire Jehan
d'Oudeville, frère à monseigneur de Scalle, le pris
du tournoy. Et après firent quatre chevaliers adven-
tureux crier une jouste à lendemain, puis s'en ala on
couchier environ à trois heures.
Le lendemain, aprez messe dicte, monseigneur le duc
fist en la grant salle un très riche disner, auquel seoit
avec lui le légat de nostre saint père, et les prélats,
princes et seigneurs aux aultres tables. Après lequel
disner, qui fut plentineusement servy et longuement
dura, mondit seigneur le duc donna aux officiers
d'armes, trompettes et menestrelz vic frans en mon-
noye, et lors commencèrent ilz à crier larghesse,
larghesse à puissance. Et si donna mondit seigneur à
Cestre, le herault anglois, une longue robe d'un riche
drap d'or vert fourré d'ermines.
En l'après disner on ala à la jouste, laquelle tindrent
monseigneur d'Arguel, monseigneur Jacques de
Luxembourg, monseigneur de Renti et monseigneur de
Lens ; mais il n'y vint guaires de jousteurs que monsei-
gneur de Roussy et le forestier de Bruges, nommé mon-
seigneur d'Unterche, et deux aultres. Ainsi je me
1. Sirènes.
144 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
retrays et cessay d'escripre, car à lendemain, si comme
on disoit, se debvoit la feste rompre et monseigneur
partir de Bruges.
GY FINE LE TRAICTIE DES NOPCES DE MONSEIGNEUR
LE DUC DE ROURGOINGNE ET DE RRARANT.
LETTRE D'OLIVIER DE LA MARCHE
AU COMTE DE NEVERS1.
A haut et puissant prince et mon très redoubté seigneur
monseigneur le Comte de Nevers et de Retel.
Haut et puissant prince et mon très redoubté sei-
gneur, le plus humblement que je puis je me reeog-
mande à vostre noble grâce ; et vous plaize savoir, mon
très redoubté seigneur, que les materez dont nous
parlamez vous et moi sont à ce menéez par desà que
s'a nous ne tient la matere prendra bonne ysue. Vous
estez fort amé et désiré par desà, comme vous dira
monsieur de Vilarnoul, porteur de cestez, qui à son
pouvoir se montre vostre cerviteur, et me samble,
monseigneur, et à seux qui bien vous veullent, que
vous ne devez prendre aultre chemin que cely quy vous
dira pour le bien de ladite matere. Hault et puissant
prince et mon très redoubté seigneur, je ne vous escris
aultre chose fors que je prie à nostre seigneur quy vous
doinct bonne vie et longue et voz haultx et noblez
désirs accomplir. Escrit à Rruselle, le vu d'octobre, de
la main
Votre très humble cerviteur,
Olivier de la Marche.
1. Bibl. nat., ms. n° 2901, fonds français, fol. 17.
iv 10
MÉMORIAL DE LA FÊTE DE LA TOISON-D'OR
TENUE A BOIS-LE-DUG EN J48-H.
S'ensuyt ung petit mémorial compris sur la feste de la
Thoison d'or solempnisée au Bois le Duc le vme de
may IHIXXI, contenant aucunes cérémonies faites à
la feste dudit Thoison par monseigneur Varcheduc
aV kustrice, etc., souverain dudit ordre, et autres
chevaliers, frères et compaignons.
Et princes vindrent de cheval le samedy aux vespres ;
mais devant eulx precedoient xv heraulx, vestus de
diverses armes, selon la nominacion des seigneurs
ausquelz ilz estoient. Après venoient Thoison d'or,
maistre Jehan le Gros, trésorier de l'ordre, et le doyen
de Bruxelles, secrétaire d'icellui ordre, tous trois ves-
tus d'une robe de vermeil velours et ung mantel du
pareil jusques au piet, avec ung chapon2 à courte cor-
nette à la mode ancienne du pareil velours, et le col-
liege de l'église avecques ceulx de la chapelle à tout
chappes. Lendemain à la messe vindrent pareillement
vestus, et à aler à l'offrande on les appelloit trois par
ordre, affin que on veist quelz procureurs estoient com-
mis pour ceulx qui n'estoient presens pour adonc en
1. Ce fragment est extrait du ms. de la Bibliothèque nationale
de Turin, l. v. 1, où il occupe du fol. 170 au fol. 172 inclusivement.
2. Chaperon.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 147
leurs lieux aler à l'offrande. Et sachiez que les raame-
lus l n'y furent pas appeliez jusques au mercredy que on
leur fîst leur deposicion et le dimence aux vespres. Et
le lundy à la messe vindrent en habis noirs de la façon
des premiers. Le mardy ensievant vindrent en blans
habis de satin, et aux vespres en leurs premiers habis
sans manteau. Le mercredy à la messe vindrent en
communs habis. Le dimence ensievant fut fait l'office
de saint Andrieu. Le second jour des trespassez; et
quant vint à l'offrande pour ceulx qui estoient trespas-
sez, offroit Thoison d'or à tout une chandeille ardant et
au retour l'estaindoit; les autres offroient pour eulx et
pour ceulx desquelz ilz estoient commis procureurs.
Le tiers jour [fut fait l'office] de Nostre Dame et le
derrenier du Saint Esperit. Après venoit le duc vestu
comme les dessus nommez avec les autres chevaliers
dudit ordre, et estoient tous leurs manteaulx batus en
or par dessoubz d'un piet de hault, etc.; mais selon la
plume les oiseaulx.
P°.
Mondit seigneur le duc d'Austrice, etc. Devant l'of-
fertoire proclama Thoison d'or les filtres d'un chascun
selon l'ordre dudit Thoison pour aler à l'offrande eulx
ou leurs procureurs, et n'appelloit pour les trespas-
sez ne lesmamelus comme dit est. Après fu appelle :
Très hault et très puissant prince Jehan, Roy d'Ar-
ragon et de Navarre, trespassé. Nulz ne offri pour lui.
1. L'adjectif mamelu signifiait ordinairement, dans la langue
du moyen âge, celui ou celle qui a de grosses mamelles, et, au
figuré, qui est bien fourni. Ici, il semble désigner les chevaliers
qui avaient trahi le chef de la Toison en échange de grands
biens ou avantages.
148 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Très hault et très puissant prince Edouart, Roy
d'Angleter et seigneur d'Irlande, pour lequel se pré-
senta monseigneur de Roman, et offry.
Très hault et très puissant prince Fernande, Roy de
Napples. Pour lui offri monseigneur de Nassou comme
procureur.
Très hault et très puissant prince Fernande, Roy de
Gastille, de Lyon et de Sezille, etc. Pour lui offri mon-
seigneur de Ravestein.
Anthoine de Groy, seigneur de Porcien. Nul ne offri
pour lui, car trespassé.
Le Besque de Lannoy, seigneur de Molembays, tres-
passé. Nul ne offry pour lui.
Jehan de Melun, seigneur d'Anthoing. Pour lui offry
monseigneur de Lannoy.
Jehan, duc de Gleves, conte de la Marke. Pour lui se
présenta monseigneur de Ravestein.
Jehan de Neufchastel, seigneur de Montagu, subget
naturel de mondit seigneur le duc, etc., chief et sou-
verain dudit ordre, etc., lequel s'est aie rendre en
France, et tenant parti contraire à mondit seigneur sans
avoir renvoie le colier, ne gardé les status dudit ordre
qu'il a juré. Il a esté jugié hors d'icellui ordre et déclaré
inhabille de jamais plus porter ledit colier, etc.
Jehan de Lannoy, comparu personnellement à toute
la feste en habit comme dessus.
Messire Phelippe Pot, seigneur de la Roche et de
Nolay, [subget naturel de mondit seigneur le duc],
chief et souverain dudit ordre, etc., s'est aie rendre
au Roy, etc. Et à ceste cause a esté privé dudit ordre
et déclaré inhabile de jamais plus porter ledit colier, etc.
Messire Anthoine, bastard de Bourgoingne, conte de
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 149
la Roche en Ardenne. Attendu que mondit seigneurie
duc et autres chevaliers dudit ordre ne sont encores
au vray informez s'il a delaissié à porter le colier
d'icellui ordre, ne pris autre ordre, ne aussi comment
il est traictié depuis son retour de prison, a esté dit par
lesdits de l'ordre que son fait sera remis au futur cha-
pitre dudit ordre de la Thoison d'or.
Loys de Bruges, seigneur de la Grutuze, conte de
Wincestre et prince de Steehuse. Pour lui se présenta
messire Josse de Lalaing.
Messire Adolf, duc de Gheldres, trespassé.
Messire Phelippe de Crevecuer, seigneur d'Es-
querdes, [subget naturel de mondit seigneur le duc],
souverain du noble ordre de la Thoison d'or, lequel a
esté nourry dès son enfance en la maison de Bour-
goingne, et par cy devant a esté commis à la garde de
pluseurs bonnes villes et places pour feux de très noble
mémoire les ducs Phelippe et Charles de Bourgoingne,
que Dieu absoille, assavoir : Abbeville, Boulongne, le
Crotoy et autres, et que plus est estoit capitaine gêne-
rai de Picardie, etc., et lequel avoit fait le serementet
juré de les garder sans les mettre en autruy main, et
au contraire de ce les a rendues au Roy et lui fait le
serment, et avec ce a délaissée à porter ledit colier
dudit ordre de la Thoison d'or, en mal recongnoissant
les grans biens et honneurs qui lui ont par cy devant
esté fais par lesdits ducs Phelippe et Charles, et, qui
plus est, s'est mis et a fait guerre ouverte contre les
pays de par deçà en livrant bataille devant la Vief-
ville, car il estoit lors chief et capitaine de l'armée du
Roy de France, en commettant par ce et autrement
faulse trahison et desleauté, pour lesquelles causes, à
150 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
grande et meure deliberacion , il a esté au chapitre
dudit ordre présentement tenu, etc., privé et débouté
dudit ordre, jugié et déclaré inhabille et indigne de
jamais le porter. Et s'il eust esté présent audit cha-
pitre, autre et plus grande correction lui eust esté
déclarée selon ses mesmes demerittes et maléfices. Et
pour donner congnoissance à chascun de ses dits malé-
fices, a esté ordonné et déclaré par mondit seigneur le
duc, etc., et mesdits seigneurs les chevaliers frères et
compaignons dudit ordre que le tablet de ses armes
mis et posé à la présente feste au cuer de l'église collé-
giale dudit Bois le Duc sera hosté de la place où il a
esté posé et sera porté, mis et actachié au grant portai
de ladicte église, et ses armes reversées et mises à
reboux. Fait que dessus.
Messire Adolf de Gleves, seigneur de Ravestein,
comparu personnellement pour lui tout durant la feste.
Messire Jacques de Lucembourg, seigneur de Riche-
bourg. Combien qu'il ait esté prins en exploix de guerre
honnorablement et pour la querelle et deffense de ma
très redoubtée dame Marie, fille légitime et héritière
de mondit seigneur le duc Charles, chief et souverain
dudit noble ordre de la Thoison, à présent femme et
compaigne de mondit seigneur d'Austrice, etc., neant-
moins, depuis sa liberté de prison, lui qui est cheva-
lier dudit ordre, n'a pas seulement fait serment au Roy
de France, leur adversaire, mais a delaissié de porter
le colier d'icellui ordre de la Thoison d'or sans le rendre
ou renvoyer, et a receu et porte publiquement l'ordre
dudit Roy de France, s'est monstre en armes avec les
ennemis de mondit seigneur, en exploit de guerre, et
a receu par don et auctorité d'icellui Roy à son prouf-
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 151
fit villes, places, terres et seigneuries appartenant à
mesdits seigneur et dame et à leurs leaux vassaulx et
subgectz, pour quoyila estéjugié hors d'icellui ordre,
et déclaré inhabille pour jamais cy après plus le por-
ter. Fait que dessus.
Englebert, conte de Nassou et de Viende, seigneur
de Breda, y fu en personne pour lui.
Messire Jehan de Damas, seigneur de Clessy, se vous
estiés en vie, veu et considéré les grans biens et hon-
neurs que avez receuz en la maison de Bourgoingne,
mesme de feu mondit seigneur feu le duc Charles, et
les estrois services par vous fais audit ordre quand
chevalier, frère et compaignon d'icellui, vous avez esté
notté de pluseurs faultes souffisantes à vostre priva-
tion dudit ordre, mais l'on a présentement esté acer-
tené de vostre trespas, parquoy l'on délaisse le juge-
ment à Dieu, nostre souverain juge.
Messire Guillaume, seigneur d'Egmonde, y fu
personnellement durant la feste.
Josse de Lalaing, seigneur de Montigny, y vint per-
sonnellement.
Jacquet de Lucembourg, seigneur de Fiennes. Pour
lui fist les hommaiges messire Josse de Lalaing.
Phelippe de Savoye, conte de Baugey et seigneur de
Bresse. Monseigneur de Romant, comme procureur,
fist debvoir pour son frère.
Phelippe de Groy, conte de Chimay, viconte de Bri-
mon et baron de la Baue. Pour lui ofiri comme procu-
reur monseigneur de Lannoy.
Jacques de Savoye, conte de Romond, seigneur du
pays et de Leuze, y fut personnellement.
Welfart, conte de Grant Pré, seigneur de la Vere ;
152 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
pour lui se présenta et offri comme procureur mondit
seigneur de Nasso à toutes seremonies.
Phelippe de Bourgoingne, seigneur de Beure. Mon-
seigneur de Nasso se présenta pour lui et fîst les hom-
maiges.
Jehan de Bubempré, seigneur de Vendue1. Nul ne
comparu pour lui. Il est trespassé devant Nanssy.
Pierre de Lucembourg, conte de Saint Pol, de Linoy,
de Bryane, de Marie, et seigneur d'Enghien. Pour lui
offry monseigneur de Nassau.
Messire Bettrement (ou Vettremien) de Lickestein2.
Pour lui se présenta comme procureur messire Guil-
laume d'Egmonde.
1. Jeau de Rubempré est toujours qualifié : seigneur de Bièvres.
2. Lisez : Bartholomé de Lichtenstcin.
ADVIS DES GRANS OFFICIERS
QUE DOIT AVOIR UNG ROY ET DE LEUR POVOIR
ET ENTREPRISE1.
Sacrée Majesté, mon très redoubté et souverain sei-
gneur, le plus très humblement que faire puis je me
recommande à vostrereale magnificence, monseigneur
Maximilien, par la clémence divine Roy des Romains,
Empereur apparant et toujours auguste.
Je, Olivier, seigneur de la Marche, indigne premier
maistre d'ostel de monseigneur l'archiduc d'Austriche
vostre filz, et à vous humble serviteur et subject, aiant
receu voz lettres qui me valent commandement par
lesquelles me mandez que je vous envoyé ce que je
sçay et ay apris des officiers qui appartiennent à Tes-
tât d'un Roy, et me mandez de vostre grâce que, se je
n'en ay aucune chose par escript, que je en face de
tout nouveau selon mon advis et entendement, et com-
bien que je n'ay le sens de si haulte chose comprendre,
touteffois, pour obeyr à vostre mandement et escrip-
ture, je employray la capacité de mon entendement à
mettre par escript ce que je en ay peu enquérir, sça-
voir et retenir.
Sire, je ne tienne point en mes registres que j'aye
1. Transcrit sur un ms. de la Bibl. impériale de Vienne,
n° 3360. Cette pièce précède la copie de VÉtat de la maison du
duc Charles.
154 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
aucune chose par escript de ce que vous me deman-
dez, mais j'ay careult * et pensé de vous en escripre
mon advis en deux manières. La première manière,
c'est des grans et principaulx officiers que doit avoir
ung Roy, et ne me artre2 point sur la manière d'Alle-
maigne ne de l'Empire, car vous estes assez informé
de ceste matière, et mieulx que je ne vous sauroye
escripre. Mais vous informeré desestatutz de France,
d'Angleterre et d'ailleurs, où vous pourrez avoir regard
à vostre bon plaisir. Et pour la seconde manière, je
vous envoyé en ce présent volume Testât du duc
Charles, qui fut pour ung duc grant et magnificque,
et en la manière que je l'enregistray, nous estant au
siège devant Nuys, à la requeste du Roy Edouart d'An-
gleterre qui m'envoya l'avitailleur de Calais pour avoir
ledit estât par escript, pour ce que en celluy temps il
vouloit descendre en France à puissance d'armes et
se monstrer en son estât grant Roy et puissant, ce
qu'il fist et descendit. Mais la conclusion de son voiage
fut qu'il retourna en Angleterre par appointement, qui
ne fut pas trop à son avantaige, et vauldroit mieulx à
ung prince en prendre plus sobrement que se départir
de son affaire en confusion .
Et pour ce, sire, je commenceré et entreré en la
première voye. C'est quelz officiers doit avoir ung Roy.
Et n'est pas à entendre que en chascune office il ne
puist et doye avoir qu'un seul officier; mais s'entend
que, selon que les seignouries de son royaulme sont
grandes, il se peult eslargir et tenir plusieurs officiers
d'une vocation, comme je pourray dire cy après.
1. Cru.
2. Arrête.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 155
Sire, toutes choses se doivent commencher par les
divins offices. Et doit avoir ung Roy ung confesseur,
prélat, docteur et renommé de bonne vie, et doit estre
icelluy prélat aymé et obey du Roy touchant Testât de
sa conscience. Et ne tienne point par escript ne autre-
ment que qui n'ayme son confesseur et l'a en chierté,
cremeur et révérence, à grant peine seroit il obey en
ses divins commandemens de crainte d'en cheoir en
pechic et maléfices. Car qui craint et ayme celluy qui
le chastie et corrige, il monstre dévotion éternelle et
toute espérance de la voye de Paradis.
Ung Roy doit avoir ung grant chambellan et le nom-
mer premier que tous les autres officiers, pour ce que
c'est le plus prochain de la personne du Roy, et doit
conduire la bannière du Roy en bataille. Il doit avoir
les seaulx du secret en ses mains et, au regard des
grans seaulx, soit pour previlleiges , pour paix et
pour le fait de la justice, ilz doivent estre es mains du
chancelier; et doit estre le grant chambellan ung des
principaulx lieutenans du Roy, et doit estre obey en la
maison comme la personne du Roy.
Ung Roy doit avoir ung connestable, et doit estre
lieutenant du Roy en toutes choses et principalement
au fait de la guerre. Et se doit faire d'un homme noble
et puissant, et qui puist soustenir et porter oultre Tes-
tât de son office, tant ce que le Roy luy commande
comme aussy les choses qui peuvent survenir devant
luy des affaires du royaulme en l'absence du Roy. Il
peult donner sauf conduitz, il peut cognoistre de gaige
de bataille, et mesmement du fait de gaige, affin que
par droit y soit congneu que le gaige est recevable ou
qu'il face à rebouter.
156 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Ung Roy doit avoir ung chancelier, noble de meurs,
clerc et bien fondé en loix, et qu'il soit homme pour
respondre soit en latin ou en la langue du royaulme.
Et doit estre homme droiturier, droit en justice et en
ses jugemens hors de toute faveur.
Ung Roy, se son royaulme est scitué sur la mer, doit
avoir ung admirai qui soit homme en noblesse et en
povoir de telle qualité que le connestable. Et doit avoir
telle autorité et telle puissance par tous les havres du
royaulme, par la mer, par les nefz et navires, comme
le connestable a sur terre. Et doit estre lieutenant du
Roy es parties dessusdites et peult donner en la mer
grâces et sauf conduitz et faire ce qu'un lieutenant de
Roy peult faire.
Ung Roy doit avoir ung mareschal ou plusieurs,
selon l'estendue et quartiers de son royaulme, le
mareschal qui est la place du connestable en l'absence
d'icelluy connestable. Tous gens de guerre qui sont au
service du Roy se doivent passer à reveues par le
mareschal ou par ses commis, et prend droiz sur cha-
cune paye aux paiemens desditz gens d'armes. Et doit
ordonner le mareschal le prevost des mareschaulx et
les prevostz des mareschaulx pour avoir regard à fur-
nir les vivres en l'ost du Roy ou de son armée. Et doit
le prevost tenir la justice du camp, du siège ou de
l'armée du Roy ; et ne peult de soy faire grâce aux
malfaicteurs, mais le peult faire le Roy, le connestable
ou le mareschal.
Ung Roy doit avoir ung grant maistre d'oste. Ce
grant maistre d'oste doit congnoistre de toutes les
serimonies et police de la maison du Roy, et les aultres
maistres d'oste luy doivent obeyr. Et doit le grant
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 157
maistre d'oste soingnier de recepvoir et aller au devant
des embassadeurs et estrangiers venans à l'ostel du
Roy, de les festoyer et conduire devers le Roy, ou de
sçavoir quelz personnaiges les conduiront. Et est à
entendre que, se les embassadeurs viennent de grant
Roy ou de grant prince, ilz doivent estre selon leur
maistre bien benigniez et honnorez. Et si doit le grant
maistre d'oste soingnier des dons et des gratuitez que
le Roy son maistre vouldra faire auxditz embassadeurs.
Ung Roy doit avoir ung premier verlet de chambre,
que nous appelions en la maison de Bourgoingne ung
sommilier de corps. Et se doit avoir premier pannetier,
premier eschanson, premier escuier tranchant et ung
grant et premier escuier d'escuirye. Et d'iceulx je me
déporte d'escripre, pour ce que en tous royaulmes ilz
ont droiz et usaiges selon les coustumes de chacun
royaulme. Et aussy se pourra veoir, par Testât du duc
Charles, grand partie de la conduite d'iceulx estatz.
Si soit prins en gré, sacrée Majesté, ce que j'ay peu
enregistrer selon mon entendement en ensuivant ce
qu'il vous a pieu moy mander et escripre. Et pour le
second point je vous envoyé cy tenant de point en
point et de mot à autre, ce que je mis enescript pour
envoyer au Roy Edouart d'Angleterre, que Dieu par-
doint. Sire, ayez pour recommandé le viellart de
soixante seize ans et sa vielle compaîngne qui ne ser-
vons en ce monde que de prier pour vous et pour
vostre noble lignée. Fait en vostre ville de Bruxelles
le dixiesme jour de juing l'an de grâce mil cinq cens.
Ensuite on lit : C'est le double de Vestat du duc
Charles de Bourgoingne envoyé par la Marche au Roy
Edouart d'Angleterre.
ESPITRE
POUR TENIR ET CELEBRER
LA NOBLE FESTE DU THOISON D'OR
FAITE ET COMPOSEE PAR ET COMME S ENSUIT
Mon souverain seigneur, mon prince et mon maistre,
je, Olivier, seigneur de la Marche, indigne premier
maistre d'hostel de vostre noble maison, mes en vostre
noble main, comme chief de l'ordre de la noble Thoi-
son d'or, ceste espitre que j'ay faicte et composée pour
les raisons cy après escriptz.
Il est notoire que suis en la Lxxvr3 année de ma vie
et n'a plus le corps que le bon vouloir et ne vous puis
suyvre ne servir comme je vouldroye. Et pourroit
estre que par faulte de vie ou pour non povoir labeur
de mon corps, je ne pourroye estre es lieux où vous
tiendrez la sollempnité de la noble feste delà Thoison.
Et pour ce que, par la grâce de Dieu et par ma longue
vie, et meismes que j'ay esté long temps maistre d'hos-
tel tant de feu le duc Charles, que Dieu absoille, du
Roy vostre père comme de vous, et meismes ay veu
celle solempnité tenir par plusieurs fois moult soliemp-
nellement par le duc Philippe, vostre ayeul, premier
1. Transcrit sur le ms. n° 5046, fonds français, de la Biblio-
thèque nationale, fol. lxxvii.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 159
fondateur d'icelle ordre, ayant regard que c'est le
principal parement de vostre maison et l'honneur que
vous devez maintenir et exaucer1, et rebouter ceulx
qui le vouldroient reculler ou estaindre, car par ce
moien vous et voz confrères aurez et avez en plu-
sieurs grans et notables aliances fraternelles, comme
Empereurs, Roys, ducz, contes, barons et chevaliers
de haulte et grande renommée, et pour ces causes je
me délite et prens le labeur et traveil de mon entende-
ment de mettre par escript la manière de tenir et
solempniser ceste haulte solempnité tant à l'ordre qu'il
appertient de tenir à icelle leste soit à l'église, à la
maison et aux séances des salles et des tables. Et se
vostre grand maistre d'hostel n'estoit occupé au con-
clave et aux affaires de vostre dit ordre dont il est
confrère et chevalier, il ne seroit ja besoing que je
m'entremise de donner règle et ordre en ceste matière,
mais, pour ce qu'il n'y peult estre et qui peult advenir
que mes compaignons en l'office de maistre d'hostel
presens et advenir n'ont point tant veu de ceste
matière que j'ay, priant d'estre excusé en mes def-
faultes et ignorances, je menray fin2, se Dieu plaist,
mon œuvre commencée en toute bonne affection, et,
comme j'ay dit, mettray ceste espitre en une noble
main, affin que, s'il y a chose dont voz maistres d'hos-
telz se puissent servir, vous les leur baillez pour avoir
leur advis. Et à eulx et à leur souvenance je recom-
mande le viellart.
Et pour mettre si haulte et si solempnelle œuvre en
1. Exhausser.
2. Je mènerai à (in, je terminerai.
160 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
règle et en forme, il est besoing de declairer aucunes
choses de la fondacion de ceste noble confrairie et fra-
ternelité. Et est vray que le bon duc Philippe de
Bourgoigne fonda premier cest ordre et esleva la Thoi-
son d'or, et la fîst porter à luy, xxve de chevaliers ,
assavoir xxim chevalliers et luy comme chief le xxve.
Et depuis augmenta icelle ordre de six chevalliers, et
furent en tout xxxi chevalliers, y comprins le chief
comme dessus. Et affin que je ne soye reprins en
ceste partie, l'on polroit dire que à présent y sont
xxxii chevalliers. Et à ce je respons qu'il ne s'entend
point ainsi, car bien est vray que monseigneur Maxi-
milien, à présent Roy des Romains, releva ceste ordre
aruynée et deschutte par la mort de feu le duc Charles,
dont Dieu ayt l'ame. Et depuis vous fustes né de luy
et de madame Marie, héritière de ceste maison, dont
Dieu ayt l'ame, vostre noble mère, et demourastes seul
filz et duc de Bourgoigne par le trespas d'icelle. Et
pour ce que cest ordre fut fondée pour chief pour le
duc de Bourgoigne et ses successeurs, vous parvîntes,
dès icelle heure que Dieu l'a prise, à estre chief d'icelle
noble ordre. Et vostre noble père Roy des Romains,
tant pour ce qu'il avoit relevé ledit ordre comme pour
ce qu'il est vostre père, est demeuré en estât et nom
de chief d'icelle ordre comme vous, mais le nom de
vous deux n'est que ung mesme nom en ceste partie,
et ne debvez avoir que ung siège à l'église parez de
deux tableaux; et à la table, au disner solempnel,
devez estre assiz l'ung d'emprès l'autre et ne devez
avoir que ung plat pour vous deux et aller à l'offrande
ensemble. Et tousjours vous devez l'honneur au père
comme humble et obéissant filz. Et ainsi je concluz
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 161
que, jaçoit ce que vous soyez xxxn chevalliers portans
l'ordre pour le présent, toutesfoiz ilz ne s'entent que
xxxi, pour ce que le père et le filz n'est que une
meisme chose en ceste cause1.
Mon très redoubté seigneur, en mettant en œuvre
la manière de tenir et célébrer ceste haulte solempnité
de la feste de l'ordre de la Thoison d'or, qui est le
triumphe de vostre maison, comme j'ay dit, il me
fault arrester pour vous donner à entendre deux pointz
qui sont assavoir et point à oublier. Le premier point,
c'est que c'est de ordre de prince et en quelle manière
on le peult tenir pour ordre. Et avant que je esclair-
cisse le second point, je declareray le premier au
mieulx qu'il me sera possible. Quant ung prince donne
quelque devise à plusieurs nobles hommes sans nombre
et sans chapitres, cela ne se doit point nommer ordre,
mais devises seullement. Exemple : les Rois d'Engle-
terre ont leur ordre de la Jarretière où ils sont nombre
de chevalliers et chapitres notables, et en celle ordre
a et a eu moult de notables et vaillans chevalliers. Mais
oultre celle ordre ilz ont une devise qui donnent à
plusieurs chevalliers, dames et damoiselles et escuiers.
Et est icelle devise selon les Roys qui régnent et leurs
affections, et communément est icelle devise parée de
roses, l'une fois blance et l'autre vermeille, selon l'af-
fection des Roys, comme dit est, et se donne sans
nombre ou quantité de gens, les unes d'or et les
aultres d'argent. Et puis icelle manière de faire nom-
1. On lit dans le ms. n° 5046 : « Sur icelluy article fust mis en
marge par feu le seigneur du Sart, greffier d'icelluy ordre : Ils ont
esté comptez pour deux et si n'ont esté que xxxi en tout et ont
eu le père et le filz et devoyent avoir deux sièges en l'église. »
IV 11
162 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
mer pour devise et non aultrement. Le Roy Régnier
de Gecille esleva une confrairie de chevalliers et d'es-
cuyers qui portoient le croissant soubz l'esselle, les
chevalliers d'or et les escuiers d'argent, et y avoit
escript : Croissant en loz; et combien que les enseignes
furent belles et portées à gens de bien, touttesfois ce
n'estoit point ordre, car il n'y avoit ne nombre ne
chapitres, et n'en fut jamais la feste tenue ne célébrée ;
pourquoy je dis et concluz en ceste partie que ce ne
fust point ordre, mais la nommerons confrairie ou
devise, qui certes fut belle et de grand monstre.
Charles, duc d'Orléans, porta en devise le quamail où
il pendoit ung porc epic, et fut porté par beaucoup de
gens de bien, chevalliers et escuyers ; mais il n'eult
jamais nombre ne chapitres, et pour ce je diz que ce
n'estoit que une devise et non pas ordre. Les ducs de
Bretaigne et mesmement le duc François ont sembla-
blement porté ung collier où pendoit une hermine que
moult de gens de bien ont porté, chevalliers et escuyers ;
mais ce ne fut pas ordre, que devise seullement,
pour les raisons que j'ay escript cy dessus. Les ducz
de Savoye portent ung ordre d'ung lachz d'amours, et
le puis nommer ordre, car il y a nombre et chapitres;
et est et a esté ceste ordre portée par mains bons che-
valliers. Mais, au regard de Cippre, de Gecille ou d'Ar-
ragon, se ne sont point ordre, mais devises seulle-
ment. Le Roy Loys de France et le Roy Charles, son
filz, et le Roy Loys à présent ont eslevé ung ordre ou
devise qui s'appelle l'ordre Sainct Michiel ; mais jus-
qu'à présent il n'y a point de nombre prefix, sinon
que plusieurs notables chevalliers portent icelle ordre;
mais de moy et de mon entendement je ne la puis
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 163
nommer ordre, pour ce qu'il n'y a point de nombre
de chevalliers, et ne fut oncques la feste tenue ne les
chevalliers assemblez, pourquoy je diz que ce n'est
que une obligacion de quoy le Roy de France oblige
plusieurs chevalliers en son service. Mais vostre noble
ordre de la Thoison d'or se peult nommer ordre par
tout le monde, car elle est réglée en nombre et en
chapitres. Et ceste noble feste a esté tenue et magni-
fiée tant de fois que ordre se peult bien nommer du
Thoison d'or. Et sur ce mot que l'on peult dire : il y a
ordre tant en nombre de chevalliers et chapitres
escriptz, en festes et solempnitez tenues où ordre a esté
gardée, je déclare que celle ordre donne le nom à
l'ordre d'ung prince et se peult nommer ordre. Et
prenés en grâce ce que je vous ay peu et sceu mons-
trer et remonstrer que c'est de ordre et que c'est de
devise ; et devez bien soigneusement avoir l'oiel et le
regard que si noble compaignie et fraternelle union ne
soit mis en oubli et en non challoir1.
Et pour ce que j'ay dit que je declareroye deux
pointz, pour le 11e il est bien raison que je vous adver-
tisse et ramentoive sur quoy se fonda le bon duc Phi-
lippe vostre ayeul, quant il esleva la noble Thoison
d'or. Et premièrement, il se fonda sur la poeterie de
Jason, qui dit que en l'isle de Golcoz avoit ung mou-
ton de merveilleuse grandeur dont la peau, la laine
1. Le ms. n° 5046 porte ici : « Sur l'article cy dessus, ledit
greffier d'icelluy ordre a escript sur la marge cest article : Ils
baptisent l'ordre de S1 Michiel ordre et ont chapitres assez pareilz
aux chapitres et status de l'ordre du Thoison d'or, mais le Roy
seul les donne à qui il luy plaist sans l'advis des chevalliers de
la compaignie et n'y a nombre arresti'. »
164 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
et tout le vyayre estoit d'or ; et dit l'histoire, laquelle
je abregeray à mon possible, que celluy mouton estoit
gardé de dragons, serpens et de beufs sauvaiges qui
gectoient feu et flamme et de plusieurs autres enchan-
temens, et que Jason, qui fut moult vaillant chevallier,
alla en Golcoz pourconcquerir ledit mouton, ce à quoy
il ne fut jamais parvenu se ne fust esté par Medée, fille
du Roy d'icelle ysle, et laquelle sçavoit moult d'en-
chantemens, de charmes et de sorceries. Icelle Medée
se énamoura dudit Jason et tant traicterent ensemble
qu'il luy promist de l'emmener et de la prendre à
feme, et elle luy aprist les sors qu'il convenoit faire
contre les dragons et les beufz et aultres enchantemens
qui moult estoient contraires à ung chevallier qui
voulloit le mouton concquerir. Jason crut Medée et
fist ce qu'elle luy enseigna et fîst tellement qu'il vint
à son dessus de toutes les sorceries dessusdites. Et
parvint jusques au mouton et l'occit. Mais pour ce
qu'il trouva ledit mouton si grand et si pesant qu'il ne
le povoit apporter, il escorcha ledit mouton et apporta
la peau et le vyaire qui estoit d'or, et à celle peau pen-
doit la teste, les cornes, les quatre piedz et la queue
dudit mouton. Et pour ce fut il dit que Jason avoit
concquis la thoison d'or, et ne parle l'on point du
mouton, et s'en retourna à toute ladite thoison. Mais
il trompa Medée et ne l'emmena ou espousa. Et ainsi,
monseigneur, je vous ay declairé à l'abregiet sur quoy
le bon duc Philippe vostre ayeul se fonda première-
ment en la fondacion de son ordre. Mais depuis fut
ung chancellier en l'ordre, evesque de Chalon en
Bourgoigne, nommé messire Jehan Germain, moult
notable clercq et grand orateur, et changea celle opi-
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 165
nion et fondacion, et s'arresta sur le fort Gedeon, qui
est histoire de la Bible et approuvée. Et vault bien de
en ramentevoir aucune chose. Et dist l'histoire que les
Filistiens persécutèrent moult le peuple de Dieu, qui
estoient les Juifz, et Nostre Seigneur qui ne vouloit
plus souffrir l'iniquité des Filistiens ne laisser son
peuple en la misère où il avoit longuement demouré,
il esleva ung batteur en grange et laboureur, nommé
Jedeon, et lui fist commander par son ange qu'il prist
les armes et alast contre les Filistiens et assemblist des
Juifz ce qu'il pourroit avoir, luy donnant espoir d'estre
victorieux et de gaignier la bataille contre les Filistiens.
Jedeon, combien que ce fust ung fort homme, et est
nommé l'ung des trois fors, toutesfois il doubta en son
emprinse et requist à Dieu qui le voulut asseurer en
sa doubte; et fist deux essayes où il tempta Nostre
Seigneur par bonne dévotion. Le premier fut qu'il
estendit la thoison d'un mouton sur la terre et requist
à Dieu que toute icelle nuict la pluye du ciel tombast
dessus ladite terre, et non pas sur ladite toison, ce
qu'il advint. Et fist Dieu à sa requeste que la terre fust
mouillée et non pas la thoison. Jedeon, qui n'estoitpas
asseuré en son faict, requist à Dieu qu'il voulsist de
rechief luy faire grâce d'exemple pour sa sceurté, et
estendit ung autre thoison sur la terre et demanda à
Dieu qu'il pleust toute la nuyt sur ladite thoison et non
point sur la terre, ce que Nostre Seigneur luy accorda,
et fust la thoison mouillée et point la terre. Et lors
Jedeon se asseura et pria merci à Nostre Seigneur de
sa temptacion, et fit sa cotte d'armes par en devant
et derrière de la thoison d'or. Et dit l'histoire que
soubz sa conduvte furent desconfiz et mors vic mille
166 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
Fillistiens à si peu de gens que Dieu monstra bien que
]uy meismes y mettoit la main. Et ainsi rompit mes-
sire Jehan Germain la première opinion qui estoit de
Jason et le changea sur Jedeon, dont l'histoire de la
Bible fait mencion. Et de ce second article j'ay parlé à
l'abrégée, pour ce que la Bible et plusieurs histoires
parlent assez de ceste matière.
Ce duc Philippe fonda en icelle solempnité deux ser-
vices. Le premier, les chevalliers aloient à vespres et
lendemain à la messe, qui est le premier service, et
estoient du temps d'icelluy duc fondateur luy et les
chevalliers vestus de robes d'escarlate et par dessus
grans manteaulx d'escarlate dont la bordure dessoubz
estoit d'ung grant pied de hault ou de plus de brodure
de fil d'or à fuzilz et à la Thoison moult richement. Et
le second service fut que le soir les chevalliers alloient
à vigilles, vestus de robbes noirs et manteaulx noirs
sans nulle brodure. Et le lendemain venoient à la
messe comme en icelluy estât, et s'entent que celluy
second service fut ordonné pour prier pour les tres-
passez et meismement pour ceulx d'icelle ordre. Et
ordonna le duc Philippe quatre officiers qui marchoient
devant l'ordre en tel habit que les chevalliers, excepté
de la brodure. Les quatre officiers, c'est le chancellier
de l'ordre, qui se fait communément d'ung grand pré-
lat ; le second, c'est le trésorier de l'ordre, lequel a
devers luy en garde les manteaulx et habillemens des
chevalliers, doit soingnier des colliers et de toutes
choses où il appertient seure garde ; le troisiesme, le
greffier de l'ordre, qui doit enregistrer et mètre par
escript tout ce qu'il se conclud et ordonne en leurs
secretz conclave ; et le quatriesme , c'est le roy
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 167
d'armes de la Thoison d'or, qui doibt conduyre les
cérémonies d'icelle feste et ordonner que les blasons
soient mis en cueur comme doibvent estre et doibt
offrir pour les trespassez.
Et depuis le duc Charles, qui fut moult somptueulx
en pompes et habillemens tant à la guerre que à la
paix, icelluy noble prince augmenta les habillemens de
la Thoison, qui furent d'escarlates par la première
fondacion, et les fîst faire de velours cramoisy, robbes
et manteaulx et chapperons. Et fist les bordures brou -
dées richement et le tout à la fachon des premières.
Et si augmenta celle feste de deux services, l'un ou nom
du Saint Esprit et l'autre ou nom de la glorieuse Vierge
Marie. Et portèrent les chevalliers et officiers ce jour
du Saint Esperit robbes de velour vermeil, et le jour
de NostreDame robbes de drap damas blancq, et tou-
siours chapperons de meismes. Et alloient les cheval-
liers à vespres et le lendemain à la messe du Saint
Esprit et continuoient à vespres etàlamessedeNostre
Dame. Et chacun de ces quatre jours trouvoient le
disner en salle de parement comme le premier jour,
et doivent estre assiz et servis jour pour jour en la
manière que je diray cy après, quant je toucheray de
la manière du service.
Et pour ce qu'il a esté plusieurs fois devisé de aug-
menter le nombre des chevalliers de ceste noble con-
frayrie portant la Thoison, pour ce que je désire
qu'elle soit et demeure en si honnorable extime qu'elle
a esté cy devant, je donne à mon opinion qu'elle doit
demorer ainsi que le fonda le duc Philippe et au
nombre de xxxi chevalliers, comme j'ay dit dessus.
Car plus de chevalliers y auroit et plus d'estranges
168 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
choses pourroient advenir entre iceulx chevalliers
qu'ilz ne seroient pas tous correspondais à l'union
d'iceulx et au proffit de l'intencion du chief. Et aussi
moins est une chose commune et plus fait à estimer.
Pourquoy je demeure en oppinion que le nombre des
chevalliers de l'ordre de la Thoison d'or ne se doient
excéder, mais doient demorer en la fondacion dessus
dite. Et ainsi, mon souverain seigneur, je vous ay
donné à entendre et ramentu comment le bon duc
Philippe, vostre ayeul, que l'on dit Philippe l'asseuré,
fonda ceste noble ordre de la Thoison d'or et com-
ment il augmenta, et aussi comment le duc Charles,
vostre grant père, augmenta et accrust ceste noble
Thoison tant de habillemens comme de deux services.
Et aussi ay donné advis de non excéder le nombre. Et
est temps que nous commenchons à parler le fait de
l'église pour tenir et célébrer icelle noble solempnité,
car le fait de Dieu et de l'église doibt aller devant
toutes choses.
Le trésorier et l'officier d'armes, qui doit estre
Thoison d'or, doivent soingnier à préparer l'église des
dévotes pompes qui doivent estre à celle solempnité
et doibvent soingnier que le painctre commis à ce soit
préparé et furny des tableaux des chevalliers qui
doibvent représenter pour celle fois tant des vivans
comme des mors. Et y a tax ordonné pour chacun
tableau dont le chief de l'ordre doibt payer pour les
estrangiers et trespassez l , et les autres chevalliers,
domesticques et privez de la maison doibvent payer
1. En marge du ms. 5046, on lit : « Le chief doit tout payer
et le paye. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 169
chacun le leur. Et doibvent estre les tableaux des vivans
autant que l'on tiendra celle feste armoyez et tymbrez
pour estre congnus; et au regard des tableaux des
mors, ilz doivent estre en plat escu, seullement des
armes du trespassé et sans timbre ; et doibvent estre
iceulx tableaux mis et attachiez par ordre et paradvis
du roy d'armes, assavoir pour les chevalliers, selon
qu'ilz sont premier venu en l'ordre, et quant deux,
trois, quatre ou plusieurs rechoivent ledit ordre en
ung jour, leurs tableaux doivent estre mis et rengié
selon que chacun d'eulx a esté premièrement cheval-
lier. Et selon celle ordre doivent les chevalliers aller et
garder l'honneur l'un à l'autre comme il appertient.
Et au dessus de tout et en ce meisme rencg4 doibvent
estre les tableaux des ducz, selon la haulteur de leur
noblesse et seignourie. Et encores en ce meisme rencg
et au dessus d'iceulx ducz doivent estre les tableaux
des Roix, selon leur degré. Et si doibt soingnier le
roy d'armes que sur chacun tableau des Roix, soient
vifz ou mors, soit mis ung pal pour monstrer que ce
sont Roix par dessus les autres. Et doibvent estre
iceulx tableaux des Roix plus grans et de plus grande
apparence que les autres. Et est à entendre que les
tableaux des chevalliers, des ducz et des Roix doibvent
estre mis es deux costez du cœur, c'est à dire quinze
de chacun costé.
Et au regard du siège du chief, il doibt estre eslevé
plus hault que [ceulx] des chevalliers, et le tableau
1. En marge du ms. 5046, on lit : « A bien noter le statut de
l'ordre faisant mencion du rencq et sièges des confrères de l'ordre
entre eulx. Il peut sembler que Monsieur de la Marche dit bien,
combien que l'usaige est contraire. »
170 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
par dessus des armes du chief. Ainsi, en continuant ce
que j'ay dit devant que le père et le filz doient seoir
en ung siège et avoir chacun leur tableau escriptz et
intitulé avecq les armes de chacun , le tiltre de leur
haulteur et seignouries, et doibt avoir ung pal par des-
sus eulx deux ou l'ung d'eulx, et si fault entendre,
selon l'advis que je donne, que tousjours se doit faire
la place du chief pour le père et pour le filz et les
tableaux de meismes. Et au regard des quatre officiers,
ilz doivent seoir sus ung bancq bas et au piet du chief
en leurs habillemens, comme j'ay premier dit. Et si
doit le roy d'armes préparer ung candélabre par
devant la face de l'autel pour mettre lesxxxi chierges
dont l'on doibt faire chacun jour l'offertoire1.
Or, fault que j'entre en ung fort argument comme
l'on doibt faire du tableau de l'Empereur, que Dieu
absoille, vostre grand père. Et suis d'opinion que, con-
sidéré [qu'jung Empereur a prins, receu et porté l'ordre
de la Thoison, que l'on doibt regard à ce qu'il est et a
esté souverain de plusieurs des seignouries que vous
tenez et à ceste cause lui devez plus d'honneur que à
ung autre Roy, et semble que le tableau de cestui
Empereur doit estre mis à l'autre costé de la porte en
dedens et à l'opposite du siège et du tableau du chief
1. Le seigneur du Sart a mis ici en apostille : « Saulve la révé-
rence d'ung chacun , le Roy Philippe qui , au decez de feue
madame Marie, sa mère, fut chief et souverain de l'ordre, selon
les status et ordonnances de l'ordre es chapitres de l'ordre au fait
du tableau, devises, armes et ordonnances es actes dudit ordre,
doibt avoir la prééminence à l'Empereur Maximilien son père,
lequel, par le trespas de ladite dame, a perdu le tiltre de chief et
souverain de l'ordre, lequel, à cause d'icelle dame, ducesse de
Bourgoigne, lui appertenoit, etc. »
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 171
et en celle meisme haulteur, et doit estre paré d'ung
riche pal ; et s'il advenoit que le Roy de France portast
icelle Thoison, on luy devroit faire semblable honneur
que à l'Empereur, pour ce qu'il est souverain de par-
ties de voz seignouries ; et à ceulx qui vous sont sou-
verain vous leur devez plus d'honneur que aux autres
de qui vous ne tenez riens, sinon l'amitié, l'aliance et
la fratern alité de la confrairie.
Or, avons nous préparé l'ordonnance de l'église, et
fault retourner à préparer l'hostel du prince ou l'hos-
tel ordonné à tenir celle noble feste et solempnité. Les
fouriers doivent ordonner la voie et le chemin par où
iront et viendront les chevalliers. Et doibt on prépa-
rer une chambre de parement richement estoffée où les
chevalliers viendront pour eulx reposer; et au plus
près doit avoir une chambre où le chief se puisse reti-
rer et appeler ceulx qu'il luy plaist. Et d'emprès celle
chambre à parer doit avoir une autre chambre pour
tenir le conclave des chevalliers, et doibt estre une
chaiere assez haulte eslevée, parée de palle et de tap-
pis richement pour seoir le chief, et aux deux costez
deux bancz pour asseoir les chevalliers de l'ordre. Mais
se Roix y venoient, on prepareroit siège du rencq du
chief, aussi paré du palle et de riche tapis. Et doient
estre les bancz des chevalliers tapissez et couvers. Et
au boult d'icelluy conclave doit avoir ung bancg pour
les quatre officiers regardans le visaige du chief, et
devant iceulx doit avoir une table couverte d'ung
tapis ; et doivent estre iceulx officiers assiz, le chan-
cellier au dessus, le trésorier après, le greffier suyvant,
et puis le roy d'armes de la Thoison d'or. Et doibvent
estre les chevalliers en telle ordre que j'ay premier
172 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
devisé, assavoir ceulx qui ont esté plus longuement en
l'ordre au dessus, et ceulx qui ont esté chevalliers de
l'ordre en ung temps, selon qu'ilz ont esté premier
chevallier, et qui sont aisné en chevallerie, et tou-
siours les ducz precederoient, comme j'ay dit premiè-
rement.
De ce qu'il se dit et qu'il se fait en ce noble con-
clave, il ne me appertient d'en parler, et pour ce m'en
taiz. Mais tant en puis dire que là se font élection des
chevalliers ou lieu des trespassez et à qui le chief et
les confrères sont d'accord de bailler icelle noble ordre
de la Thoison. Et oultre plus le chancellier et le gref-
fier doivent avoir coeuillys et mis en escript toutes
choses où il appertient correction de chevalliers adve-
nues depuis l'autre feste tenue jusques à icelle. Et doit
avoir lieu ordonné où le chevallier se polra retirer dont
les autres veullent parler, et jusques à ce qu'il sera
appelle pour oyr ce qu'il sera ordonné de son fait, et
en ceste ordonnance n'a point d'appel. Et ont les che-
valliers ceste grâce que en toutes choses, s'ilz ne
déclinent au contraire, et tout ce qui sera là ordonné,
le greffier le doibt enregistrer et lire à chacune fois
devant les chevalliers, afïîn de savoir s'il l'a mis selon
l'entendement et le désir du chief et des chevalliers.
Ainsi avons nous devisé du fait de ce noble conclave,
ce qui est en moy d'en escripre et magnifester. Et
fault revenir après à une autre chambre spacieuse qui
doibt tenir à celle du conclave, laquelle chambre se
doit nommer la chambre du trésorier de l'ordre, et en
celle chambre doit avoir une grande table ou plusieurs,
sur lesquelles tables seront mis les robes, manteaulx,
chapperons et autres habillemens servans es quatre
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 173
jours de celle haulte solempnité. Et desquelz habille-
mens je deviseray selon les jours, et comme chacun
doit servir; et en celle chambre communément se
doivent retirer les chevalliers l'un après l'autre, selon
qu'ils seront mis en l'exament du chief et des confrères.
Et ne doit avoir en celle chambre que le trésorier de
l'ordre, quand il lui plaist estre, et son especial servi-
teur, celluy qui garde pour le trésorier les manteaulx
et les habillemens de l'ordre.
Or, ay je devisé et escript comme les salles et
chambres doibvent estre préparées pour celle noble
feste, et est temps que je occupe ma plume à mettre
par escript comment se doit préparer la salle et le lieu
où se tiendront les mengiers et convives ordonnez en
ceste partie. Et est besoing que je commenche es cui-
sines et es fours où les viandes se prépareront; les-
quelles cuisines doivent estre parées de bufïetz et de
garde mengiers. Et au regard des bufïetz, ils doivent
estre faiz en telle manière que l'on puist lever la viande
tout à une fois et qu'elle s'entretene ou service l'ung à
l'autre. Et doibvent estre les escuiers de cuisine et les
keulx l diligens que le service dessus dit se face et entre-
tiegne comme il appertient. Et doivent les maistres
d'hostel ordonner et mettre par escript les gentilz-
hommes et leur départir à chacun sa charge, qui sera
de la conduyte d'ung plat selon le jour et selon le ser-
vice; et chacun d'iceulx gentilzhommes se doivent fur-
nir de ceulx qui porteront les metz après eulx et sans
entremeller l'un l'autre.
En la salle où se feront les disners aura une grande
1. Cuisiniers.
174 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
table pour le premier jour où tous les chevalliers por-
tans l'ordre présent doivent seoir et le chief au millieu
d'eulx. Et doivent les fourriers avoir regard et enqué-
rir quant chevalliers de l'ordre sont presens pour
seoir à celle noble table. Et doit estre la table couverte
d'une grande nappe à ce ordonnée, laquelle le tréso-
rier de l'ordre doit garder. Et doivent faire diligence
ceulx de la panetterie de recouvrer icelle nappe en
temps et lieu au trésorier de l'ordre pour en couvrir
et parer icelle table. Et doibt estre icelle table parée
d'ung riche tappis à manière d'un doseret qui doit
estre si grand qui doibt couvrir toute la table et tous les
chevalliers de l'ordre estans à ce noble disner. Et si
doibt avoir au millieu d'icelluy dosseret ung aultre
plus riche dosseret pour couvrir le chief et le prince
d'icelle noble ordre. Et doivent estre les tappissiers
songneux et diligentz de tendre la salle de riche tap-
pisserie, de mettre bancquiers et de tendre iceulx
dosseretz dessus escriptz.
Or, avons nous la grand table parée pour celluy
jour. Et plus baz doibt avoir une autre table à la main
senestre du chief où se porra seoir quatre personnaiges
seullement, assavoir les quatre officiers de l'ordre,
comme le chancellier, le trésorier, le greffier et le roy
d'armes. Et est nécessité de préparer ung buffet hon-
norablement, lequel buffet doit estre devisé et à la
guise du garde des joyaulx, pour ce qu'il scet quelle
vaisselle il peut mettre en monstre et comment il le
veult logier. Et doit estre le fourier soingneux de
livrer audit garde [des] joyaulx charpentiers et ce qu'il
luifault pour préparer ledit buffet. Et doit estre ledit
garde des joyaulx adverty de longue main du jour et
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 175
du temps de la solempnité pour recueillir et préparer
la vaisselle, tant pour la parure du buffet comme pour
le service de la salle. Et si fault en celle salle une
longue table pour les officiers d'armes, pour seoir
xx ou xxx personnes à deux costez. Et devant et tenant
à icelle table du costé de la grande table doit avoir à
manière de potence une table pour asseoir quatre per-
sonnaiges, les visaiges tournez vers le prince, assavoir
deux huissiers d'armes au millieu de ladite table, leur
baston d'huissier emprès eulx, et es deux bouts de la
table doit avoir assiz deux sergens d'armes, chacun sa
mâche couchée sur la table d'emprès luy. Et ce point a
esté ordonné anciennement et qu'ilz doivent regarder
le prince, affin que s'il se faisoit chose en la salle qui
fut à reprendre par le commandement du prince, sans
autre mandement ilz ont puissance et auctorité de
mettre la main et faire prisonnier l'offenseur, quelque
grand qu'il soit et de quelque estât qu'ilz soient. Et
doibvent estre serviz iceulx officiers deux et deux et
les heraulx quart et quart et de moyen service. Et
appelle on cette table la gallée1 delà salle, et n'y peult
seoir nulz officiers sans son baston, ne nulz officiers
d'armes sans sa coste d'armes.
Nous avons devisé des tables qu'il fault en la salle
et qui sont nécessaires. Mais il me semble que pour ce
premier jour devroit avoir encores une table à la main
dextre du prince, où pourroient seoir les ambassa-
deurs venuz devers le prince, affin que plus à leur
aise ilz puissent regarder et veoir l'honnesteté du ser-
1. Dans ses Gaiges de batailles, La Marche se sert de cette
expression pour désigner une table à manger.
176 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
vice des chevalliers. Et doivent estre servys iceulx
ambassadeurs, selon la quantité qu'ilz sont, semblable-
ment que le prince. Et affin que je ne faice faulte en
ceste ordonnance, se le lieu de la salle le peult por-
ter, il doibt avoir au boult de ladite salle, regardant
sur la grant table, ung hourt qui soit treillié, affin que
la princesse et les dames puissent estre sur ledit hours
et puissent veoir et non estre veues, s'il ne leur plaist,
et par ce moien porront les dames regarder et veoir
ladite solempnité. Et si doibt avoir tenant à icelle salle
chambre ou lieu propice pour retirer la viande, affin
qu'elle soit mise à proffit tant pour le service comme
pour les povres.
Or, avons nous mis en ordre le fait des tables
d'icelle salle pour le premier jour. Et fault encores
préparer deux chambres et deux tables en chacune
une. Et seront ces deux tables chacune pour deux plats
de viande seullement : la première, pour les ambassa-
deurs, car le second jour ilz ne pourroient seoir en la
salle, comme je diray cy après ; la seconde, pour fes-
toyer gens de villes, prelatz et autres sourvenans,
selon que le mettray en l'ordre, l'un point après
l'autre. Et doit souffire quant à ce que j'ay devisé de
toutes les tables qui sont nécessaires à servir à celle
noble feste. Et maintenant est besoing que je declaire
la préparation du service pour ce premier jour.
Il est apparent que vous aurez quinze ou seize che-
valliers portans l'ordre presens à ce jour. Et est de
nécessité et de coustume que vous ayez autant de platz
que de chevalliers et que de officiers, car chacun doit
estre servy à part soy selon la fondacion d'icelle ordre.
Et pour ce que sus la grand table où tous les chevalliers
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 177
sont assiz pour celluy jour pourroient [faire] confusion
de metz et de viandes, il semble qu'il souffit pour cha-
cun plat six suytes tant pour les chevalliers que pour
les officiers de l'ordre. Et je prens le service de la
grande table à quinze platz, les services des officiers
à quatre platz, chacun plat furny de huyt ou de six
suytes. Et doit estre servi ce premier jour à quatre
fois. Et pour continuer le nombre des platz, il fault
icelluy jour ung plat de viande servy à quatre fois
comme les autres , et ce , pour servir les dames qui
seront sur le hourt regardant lafeste. Mais les maistres
d'hostelz n'en seront en riens ensoingnié, pour ce que
les gens de madame lèveront icelle viande et serviront
sur le hourt de ce qu'il y fauldra. Et au regard de la
gallée à potence, qui sera en la salle pour les officiers
et heraulx d'armes, il se servira en petitz services par
deux et deux et quatre et quatre. Et si est nécessité
d'avoir encoires deux platz de viande en une chambre
pour festoyer les quatre jours diverses gens selon qu'il
sera advisé, et que iceulx ayent ung chief pour les
recueillir et ung gentilhomme qui tiegne lieu de maistre
d'hostel pour soingnier du service et de ce qu'il fault
en icelle chambre. Et ainsi pour ce premier jour vous
aurez xxmi ou xxv platz de viande, sans y comprendre
le service des heraulx et les chantres qui doivent estre
délivrez en viandes crues. Et n'est pas besoing que je
declaire les metz et entremetz qu'il fault despenser à
icelle feste, car il demeure à la discrétion des maistres
d'hostel et en ordonneront selon les saisons et selon
qu'ilz verront qu'il sera 'besoing. Et si est nécessité
que pour chacun plat soit ung gentilhomme ordonné
et devant lequel il doit servir, affin qu'il n'y ayt faulte
IV \%
178 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
ou service, et celluy gentilhomme se furnira de servi-
teurs pour porter le nombre des platz ordonnez après
luy. Et ainsi tous les autres, et les gentilzhommes et
serviteurs des chevalliers ou officiers serviront de vin
et autres choses nécessaires. Et me semble que j'ay
assez devisé pour ceste fois de la manière du service, et
au surplus nous reverrons point après autres comment
se doibt continuer ceste noble feste jour après autres.
Il est certain que ceste noble feste se doibt commen-
chier à la veille du jour prefix et ordonné, et doibvent
aller les chevalliers à vespres ayans leurs manteaulx,
chapperons et colliers de l'ordre au col; et doivent
marchier deux et deux, après les quatre officiers de
l'ordre qui doivent estre d'ung front. Et au regard des
chevalliers, ilz doibvent marcher les premiers selon
qu'ilz sont derrenierement entrez en l'ordre. Et pour
tout ramentevoir, combien que j'en ay parlé, les che-
valliers faiz en ung jour, celluy qui a esté plus ancien-
nement chevallier doit précéder, et ainsi d'ordre en
ordre. Et le chief doit marchier le dernier, son espée
devant luy, ses sergans à mâche et ses huissiers à cos-
tieres. En ceste ordre marcheront à cheval jusques à
l'église préparée pour tenir icelle solempnité, et vien-
dront au cueur en celle règle, et chacun chevallier
recongnoistra le tableau de ses armes et se mettra es
formes à l'endroit d'icelluy tableau. Et là se diront les
vespres sollempnelles, et ne fault point oublier que les
prelatz voisins doivent estre mandez par le prince et à
jour compétent, et auront leurs bancqz tapissez auprès
de Phostel1 où lesdits prelatz seront revestuz et en
1. Lisez : autel.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 179
habitz de prelatz. Et doibvent estre iceulx prelatz déli-
vrez de pain et devin durant ladite feste. Et, les vespres
[dites], les chevalliers s'en retourneront comme ilz
sont venuz et yront tout droit au lieu de leur conclave.
Et ce jour commencheront à traicter de leurs affaires.
Le lendemain, qui est le jour ordinaire1, en celle
meisme ordre et habillement retourneront les cheval-
liers à l'église pour oyr la grand messe, et reprendra
chacun son lieu ordonné. Et à celle messe et à l'heure
que l'on doibt aller à l'offrande, par ung notable frère
prescheur sera faicte une briefve collation de sermon
qui ramentevera la cause de la fondacion de celle noble
ordre et à quelle intencion fut fondée ceste noble con-
frairie et amiable fraternité, concluant au chief et es
chevalliers qu'ilz aient en mémoire de maintenir, obser-
ver et garder la cause de ceste noble fondacion.
Et après icelluy sermon, les chevalliers se prépare-
ront pour venir à l'offrande, et le roy d'armes de la
Thoison d'or doit aller prendre le chierge ordonné
pour le chief de l'ordre, et, après la révérence faicte,
il doibt dire : « Vous, tel, chief de l'ordre de la noble
Thoison, » ensemble ramentevoir tous ses tiltres, et
dist : « Venez à l'offrande ; » et doit baillier au chief
son chierge en grande humilité et révérence. Et puis
après doibt le roy d'armes regarder de tableau en
tableau pour présenter les chierges chacun en son
degré, comme il appartient.
Et en visitant les tableaux par ordre, quand il trou-
vera aucun tableau des chevalliers trespassez, il pren-
dra le chierge d'icelluy chevallier, et, en faisant reve-
1. Ne serait-ce pas plutôt : ordonné?
180 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
rence audit tableau, se mettra le roy d'armes en la place
que devroit estre le chevallier, s'il vivoit, et puis ira
à l'offrande pour luy, sans l'appeller ou nommer pour
celle fois.
Et pour venir mieulx à l'esclaircissement d'icelle
noble feste et à la manière que l'on y doit tenir, les
chevalliers, au nombre de six du moins, avecq le chief
et les officiers de l'ordre doibvent tenir ung conclave
et là prendre et conclure ung jour prefix pour tenir
icelle feste et escripre [à] tous les Roix, ducz et che-
valliers d'icelle noble ordre pour eulx trouver au jour
advisé en telle ville qu'il sera conclud. Et doibt estre
six mois devant, affin que les loingtains se puissent
préparer de venir en leurs personnes ou d'envoyer
leurs procurations ; et doivent estre icelles procurations
adreschées à chevalliers portans l'ordre et que l'on scet
qui sera à icelle feste. Et pour continuer ceste offrande,
quant le roy d'armes viendra tour à tour aux tableaux
desabsens, chacun ensonrencg, il apportera le chierge
comme se le chevallier y estoit, et l'appellera par son
nom et tiltre qu'il viengne à l'offrande. Et tantost se
présentera le chevallier qui aura la procuration de luy
et prendra le chierge et yra offrir pour luy.
Et au regard des chevalliers qui seront presens, ilz
seront appeliez à leur tour, et leur baillera on leur
chierge pour aller à l'offrande. Et se doit entendre que
les chevalliers presens et absens, les absens par pro-
cureurs et les presens par leurs mesmes personnes,
yront à l'offrande deux à deux, ainsi qu'ilz seront appel-
iez. Mais pour les mors, nulz ne yra à l'offrande que le
roy d'armes seullement, se ce n'estoit que le chief fust
trespassé. En ce cas, l'héritier, comme releveur de
MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE. 181
l'ordre, yroit à l'offrande pour le deffunct, et l'accom-
paigneroient tous les chevalliers confrères presens. Et
ainsi se passera la solempnité de l'offrande, et, la
messe dicte, les officiers, les chevalliers et le chief se
remettront en ordre comme ilz sont venuz et retour-
neront à l'hostel et entreront en le conclave pour besoi-
gnier à leurs affaires et pour eulx aysier. Et tandis se
préparera le disner et la manière du service comme il
appertient. Le disner prest, les maistres d'hostel
doivent advertyr le chief et les chevalliers et ceulxqui
sont à appeller pour venir à ce noble convive. Et vien-
dront les officiers, les chevalliers et le chief en l'ordre
accoustumée, à tous leurs abillemens qu'ilz auront
porté à l'église, et se retireront sur le hault marche-
piet, près de la table et à la dextre main, et là sera
donné l'eaue au chief pour laver ses mains par le
premier eschanson et la serviette par l'un des grans
princes qui sera présent sans estre de l'ordre. Et puis
viendront les escuiers à plusieurs bachins et donneront
à laver par une esghiere ou par plusieurs à tous les
chevalliers et pareillement aux officiers, et doit laver le
chancellier à part, et les autres trois ensemble. Et à
celle mesme foiz se doibt bailler l'eaue aux ambassa-
deurs. Et, l'eaue donnée, le chief doit seoir au milieu
de la table et dechà et delà de luy les chevalliers con-
frères et portant l'ordre. Et doibt prendre le roy
d'armes soing que chacun chevallier tiengne son ordre
comme il appertient. Et puis s'assiseront les officiers
de l'ordre comme il appertient et les ambassadeurs
chacun à leur table, et doivent soingnier les maistres
d'hostel que chacun ambassadeur soit assiz en son
rencq et en l'ordre qu'il doibt aller. Et, les cheval-
182 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
liers assiz, les ambassadeurs et les officiers, les
officiers domesticques serviront selon le temps de
prince ordonné , assavoir au mois de may de bure '
fretz, se c'est en juing, de frezes ou de serizes, en juil-
let de prunes ou de tranches meures, en août ou en
septembre de raisins. Et ainsi, selon le temps, ilz seront
serviz de fruit chacun à part soy pour celluy jour. Et ce
c'est jour de poisson, ilz auront Tipogras blanc et les
rotties pour le commenchement. Et tandis que l'on
fera le service, l'uissier de salle criera tout hault à la
viande, chambelan nommez. Et doibvent estre choisiz
et advertiz les chambellans qui porteront la viande du
prince; et le premier pannetier prendra sa serviette, et
se mettront les maistres d'hostel devant pour aller à la
viande. Et chacun gentilhomme ordonné pour le ser-
vice seront furny de ceulx qui doibvent porter la
viande dessoubz eulx. comme j'ay dit devant. Et, la
viande chargée, entreront les premiers en la salle,
trompettes, menestriers et joueurs des instrumens, et
puis les officiers d'armes ayant leurs costes d'armes
vestues, et après iceulx venront deux et deux les grans
pensionnaires et les grans seigneurs de l'hostel qui ne
sont point de Tordre. Et après iceulx venront les
maistres d'hostel, et puis le grand maistre d'hostel
et le premier, puis le pannetier et sa syeutte2 de
metz, et après les gentilzhommes et leur charge. Et se
doibt icelluy service entretenir et chacun escuier sça-
voir devant lequel chevallier il doibt servir et asseoir
ses metz.
1. Beurre.
î. Suite.
MÉMOIRES DOUY1ER DE Là MARCHE. 183
Et en continuant l'ordre du service, comme j'ay dit.
premier les gens de madame serviront les dames qui
seront au liourl. et se seront ser\ i/ de deux plat/ de
viande ceux qui seront dans la seconde chambre. El
semble que se doibvent estre eeulx de la Ion et les
notables de la ville où se tient celle teste et au nombre
île huiet ou dix. de plus gens de bien. Et doibt en avoir
regard que de festoier ieeulx pour ee que communé-
ment eeulx des villes font dons et gratuit/ pour tenir
icelle te>te. Et doivent ieeulx estre prie/ et advertii
de œ jour devant par l'un des maistres d'hostel. Ht
après ieeulx services, on doibt servir la gallee desotli-
eiers et des heraulx en petit service, comme j'a\ dit
une ibis.
Or. est nostre premier service ordonne. Et tault
desservir ee premier sen ice pour apporter le second.
et doit l'ausmonier et le varie! d'aulmosne avoir mande
toutes prestes pour reeueilir la viande desservie et le
appoinctier au lieu ordonne pour retirer ladite viande,
et ee. sous L'auctorité vie l'eseuier de cuisine pour en
ordonner comme j'en diray cy après. Ce premier ser-
vice desservy, on retournera au second met/ eu ordre
premier. El sera servi le prince et les chevalliers du
second metz en l'ordre île la première toi/, ensemble
les tables de la salle et de ailleurs ordonne pour ee
disner. Et seront les chevalliers servis de vin par les
gentilshommes qui sont à eulx, et lechiefpar son pre-
mier eschançon, et trenchera devant ln\ son premier
eseuver treueliant. car a ce jour solempiul doivent
lo eliiel'/ d'offices servir avant tous autres. Et en con-
tinuant le premier service se sers ira la salle par quatre
foiz. Et se entremet/ y a. il se doit apporter au troi-
184 MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE.
siesme service, et lesquelz entremetz sont à deviser
es maistre d'hostel pour faire parure à ladite feste.
Les quatre services passez et recœullis, on servira
d'ipogras et d'oblies chacun à part soy. Les escuiers
apportent l'ipogras, et le premier pannetier doit servir
d'oblies à la table du prince. Et ne doibt nulz asseoir
d'oblies sans son congié à icelle table ; et se parfera le
service à la salle. Mais au regard de la gallere des offi-
ciers et des heraulx, ilz ne ont point accoustumé d'estre
servis d'ipogras ne de oublies; mais doivent à ce ser-
vice lever, et doivent les fouriers abatre leurs tables
pour monstrer la salle plus grande et plus unie. Et, ce
service passé, se lèveront premièrement les quatre
officiers et les ambassadeurs tout à une foiz, et seront
leur table abbatue , et puis les fouriers abbateront la
grand table et se lèveront les chevalliers en faisant
honneur et révérence à leur chief, et seront les grâces
dites pour celluy jour par l'aulmosnier ou par le pre-
mier chappellain. Ettantost après les maistres d'hostel
feront venir les espices à ung dragioir couvert pour
le chief, et les autres ne seront point couvert. Et y
doit avoir plusieurs dragioirs. Le premier eschanson
doit apporter le vin pour le prince et en doibt servir
avant tous autres, se ce n'estoit que le filz du prince,
héritier apparant, fut présent pour servir son père. Et
au regard du dragioir, le plus grand prince ou person-
naige qui ne sera point de l'ordre doit servir le prince
du dragioir, et puis le rendre es mains de l'espicier,
et après les maistres d'hostel doivent servir les sei-
gneurs des dragioirs et les escuiers de vin. Et conse-
quemment doivent estre servis les ambassadeurs et
les officiers de l'ordre. Et souffit quant au vin et espices
MÉMOIRES D OLFVIER DE LA MARCHE. 1 85
pour celle salle seullement. Et n'est à oublier que à si
grande solempnité on a accoustumé de donner lar-
gesse, et se doibt crier à l'heure que l'on fait le ser-
vice d'oubliés et d'ipogras, où doivent estre tous les
officiers portant costes d'armes et Thoison d'or ou le
principal officier présent.
Ce service passé, les chevalliers se retireront en leur
conclave, et tandis se prépareront les vigilles à la
grande église où les chevalliers doivent aller en l'ordre
accoustumée ; mais ilz seront vestuz et parez de grans
manteaulx, robbes et chapperons noirs, car celle
seconde journée et ses vespres sont ordonnez pour
prier pour les trespassez confrères de l'ordre. Et se
mettront chacun devant son tableau comme devant,
et n'est pas à oublier que, le disner fait chacun jour,
les maistres d'hostel soingneront de mettre une table
pour ceulxqui auront servy et qui disner voldront, et
principallement les nobles hommes ; et sera icelle table
dressée en la grand salle ; et doibt l'escuier de cuisine
soingnier de les servir de la plus honneste viande qui
sera demorée. Et semblablement ceulx delapaneterie,
de l'eschançonnerie et autres officiers serviront icelle
table comme il appertient. Et ainsi se passera la pre-
mière journée d'icelle feste, et retournerons à la
seconde journée qui commenchera par les vigilles et
en la manière que j'ay dit.
Et pour entrer en celle seconde journée, les cheval-
liers yront lendemain à la messe en l'ordre accoustu-
mée, parez et vestuz de noir, et entrera chacun en sa
place, et se dira la grand messe pour les trespassez;
et là devant l'offertoire doit le greffier de l'ordre faire
une brieve collacion en ramentevant tous les cheval-
186 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
liers trespassez d'icelle confrairie et parler de leurs
nobles meurs et de leurs nobles faiz, et après se con-
duyra l'offrande en la manière du premier jour. Et, la
grand messe achevée, les chevalliers s'en retourneront
à l'hostel en la manière et en l'ordre accoustumée, et
se retireront en leur conclave, et tandis se préparera
le second disner, et seront les tables dressées comme
je diray.
Les fouriers drescheront la table du prince, qui sera
assez longhue et pour asseoir trois personnes seulle-
ment, assavoir le prince au millieu, le prélat qui aura
dit la messe au dextre boult et ung prince ou ambas-
sadeur au bout senestre. Et au regard des aultres che-
valliers de l'ordre, ilz seront à une table mise au.mil-
lieu où les ambassadeurs auront esté du jour devant,
et seront assiz tous d'ung costé, et seront servys par
trois ou par quatre platz, chacun furny de huyt ou dix
suytes, comme la table du prince. Et au regard des
quatre officiers de l'ordre, ilz auront leur place accous-
tumée, et seront serviz par deux platz de viande,
chacun plat furny d'autant de suytes que les autres. Et
au regard de la gallée, elle sera servie comme le jour
précèdent, et les dames qui seront au hourt regardant
la feste seront servie comme le prince. Et fault reve-
nir pour le festoiement des ambassadeurs qui auront
chambre ordonnée, nobles gens et gens de bien pour
les servir, et d'autant de metz que le prince. Et au
regard de la chambre où furent festoiez le premier
jour les notables de la ville, celluy second jour
seront festoyez les prelatz venuz à la feste et doient
estre priez au vigilles par les maistres d'hostel qui
en doivent faire la diligence. Et sont tous les platz qu'il
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LA MARCHE. 187
fault pour celluy jour qui sont en nombre de quatorze
platz furniz de huyt ou dix suytes, comme dit est, et
ce servira pour ce jour à trois foiz et chacune foiz à
chacun plat servy desdites suytes. Et après le me ser-
vice, on servira des oblies et de ypocras comme le
jour devant. Et doivent les prelatz tous revenir en la
salle pour dire et respondre les grâces. Et, les tables
levées, seront rapporté le vin et les espices comme le
jour devant, et après que les chevalliers auront esté
servys les platz de vin et de espisses... Et j'ay volen-
tiers prins la paine de declairer le service de ce second
jour pour abregier mon escripture. Et, le disner
apresté, viendront les chevalliers et seront à table
comme est escript cy dessus. Et ainsi se passera ce
second disner.
Et pour continuer l'ordre du troisiesme jour, les
chevalliers yront celluy jour aux vespres du Sainct
Esprit, vestuz de robes de velours cramoisy et les chap-
perons de meismes, et tenront l'ordre accoustumée
tant à marchier comme à l'église, et chacun jour y aura
offrande coutumée comme le premier jour. Et se
durant le temps élection estoit faicte d'aucuns cheval-
liers presens et qu'ilz portassent l'ordre, ilz pourroient
[entrer] au conclave comme les autres et au disner
polroient estre assiz avecq les aultres chevalliers,
pourveu qu'ilz fussent vestuz comme les autres. Mais
au service de l'église ne peullent y aller pour celle
feste, pource qu'ilz ne sçauroient tenir ordre et ne
trouveroient nulz tableaux de leurs armes comme les
autres premiers1.
I. Le ms. donne cette note en apostille : « L'on ne faict nulles
188 MÉMOIRES D OLIVIER DE LA MARCHE.
Ce troisiesme jour yront les chevalliers en l'ordre
accoustumée ouyr la grand messe du S' Esprit, et
seront vestuz de robbes de velours cramoisy , et comme
le vespre devant ; à icelle grand messe se fera l'of-
frande en la manière accoustumée, et n'y aura ny ser-
mon ny ramentevance ; et, la messe dicte, s'en retour-
neront en leur ordre et rentreront en leur conclave, et
puis reviendront en la salle qui sera préparée comme le
jour devant. Et pour le festoyement des estrangiers
seront nouvelles gens priez au disner celuy jour en la
chambre où ont esté festoyez les gens de villes et prelatz .
Et si doibt seoir en la table du prince ung aultre prélat
que le jour de devant, et pareillement ung prince ou
ambassadeur autre que le premier pour mieulx décorer
icelle feste ; et doivent estre servis à trois fois comme le
jour devant, et à chacune foiz suyte de huit ou de dix. Et
chacun jour se doivent assembler ensemble les maistres
d'hostel, escuier de cuisine et le keulx pour deviser
leur metz et leurs viandes qui doivent estre diverse
chacun jour et le plus que l'on peult faire. Le prélat
doibt dire les grâces et les seigneurs levez retourne-
ront en leur conclave. Et ne soit pas oublié que les
ambassadeurs soient chacun jour festoyé en leurs
chambres comme il appertient.
Pour les quatriesmes vespres, les chevalliers yront
à la grand église, vestus de robbes de drap de damas
élections que après les corrections et toute sollempnité d'église
passée, et ne peuvent nouveaulx chevalliers d'ung chapitre estre
à la correction en la feste en laquelle ilz sont esleuz chevalliers
de l'ordre, ny aux élections d'autres au mesnie chapitre. » Cette
note est hien postérieure à La Marche et émane sans doute de
Laurent du Blioul, seigneur du Sart.
MÉMOIRES D'OLIVIER DE LÀ MARCHE. 189
blancq etleschapperons de velours cramoisi, et retour-
neront en leur siège accoustumé, et après les vespres
retourneront en leurs conclaves. Et lendemain yront
oyr la messe de Nostre Dame, car c'est en l'honneur
d'elle que a esté fondée celle quatriesme journée. Se
fera l'offrande accoustumée et n'y aura autre sermon
ne ramentevance ; puis s'en reviendront en leur con-
clave, et tandis se préparera le disner où viendront les
chevalliers; et seront les tables comme le jour devant.
Et tousiours pour accompaignier le prince nouveaulx
prelatz, nouveaux princes ou ambassadeurs ; et, le
service fait et les cérémonies accoustumées, se retire-
ront les chevalliers en leurs conclaves. Et à tant j'ay
fait fin de la manière du service et comment se doibt
conduire ceste feste pour les quatre jours. Et n'est à
oublier que les officiers de l'ordre doivent tous les
jours avoir pain et vin pour leur couchier et, s'il y a
jour de jeusne, ilz doivent avoir les espices. Et ce doibt
ceste despence de ses quatre jours compter par les
maistres d'hostel, contrerolleur et clercq des offices,
en la présence de aucuns des finances commis, et, l'ar-
ticle passé, il se doibt escripre es escroes pour une
fois et par une autre escroe que la despence ordinaire.
Et à tant, mon très redoubté et souverain seigneur, je
fay fin en ce présent advis, lequel je submetz à la cor-
rection de vous et de ceulx de l'ordre, ce j'ay en aucun
point peu mis ou plus parlé que je ne devoye, me
recommandant en toute humilité en vostre noble grâce.
TABLE
DES PIÈGES ANNEXÉES.
S'ensuyt Testât de la maison du duc Charles de Bourgoingne,
dit le Hardy. Page 1
Traictié des nopces de Monseigneur le duc de Bourgoingne et
de Brabant. 95
Lettre d'Olivier de la Marche au comte de Nevers. 445
Mémorial de la fête de la Toison -d'Or tenue à Bois -le -Duc
en 1481. 146
Advis des grans officiers que doit avoir ung roy et de leur povoir
et entreprise. 153
Espitre pour tenir et célébrer la noble feste du Thoison d'Or
faite et composée par et comme s'ensuyt. 158
PRINCIPAUX OUVRAGES
CITES DANS LA TABLE
LISTE DES ABRÉVIATIONS QUI Y SONT CONTENUES
Ans. — P. Anselme, Histoire
généalogique de la maison de
France, 9 vol. in-fol.
Argh. Côte-d'Or. — Archives
du département de la Côte-
d'Or.
Arch. Nord. — Inventaire des
Archives du département du
Nord.
Argh. nat. — Archives natio-
nales.
Arm. comptes. — J. d'Arbau-
mont, Armoriai de la Chambre
des comptes de Dijon, d'après
le ms. médit du P. Gautier.
Art dates. — L'art de vérifier les
dates, 3e édit., 3 vol. in-fol.
Bar.-Gach. — Barante, His-
toire des ducs de Bourgogne de
la maison de Valois, édit. Ga-
chard, 1840, 2 vol. in-8°.
Beaug. — Chronique de Mathieu
d'Escouchy, édit. Beaucourt
(Société de l'histoire de Fran-
ce), 2 vol. in-8°, table.
Beaune, Hist. Rab. — Histoire
généalogique de la maison de
Rabutin, éditée par Henri
Beaune, 1866, 1 vol. in-8°.
Boull. — Boullemier (l'abbé),
Notes pour les Mémoires d'Oli-
vier de la Marche, ms. Biblio-
thèque de Dijon (copie aux
mains des auteurs).
Boull. Généal. Rolin. — Nicolas
Rolin, chancelier de Bourgo-
gne. Notice historique sur sa
famille, par l'abbé Boulle-
mier, avec une introduction
et des notes par J. d'Arbau-
mont, 1865, in-8°.
Chast. — Œuvres de G. Chastel-
lain, édit. Kervyn de Letten-
hove.
Chevalier. — Mémoires pour ser-
vir à l'histoire de Poligny,
1769, 2 vol. in-4<>.
Comm.-Brux. — Mémoires de
Philippe de Commines, édit.
de Bruxelles.
Comm.-Buch. — Les mêmes,
édit. du Panthéon littéraire.
Comm.-Dup. — Les mêmes, édit.
Dupont (Société de l'histoire
de France), 3 vol. in-8°.
Courtépée. — Description géné-
rale et particulière du duché
de Bourgogne, 2e édit., 4 vol.
in-8°.
Du Clercq. — Chronique de J.
Du Clercq, édit. du Panthéon
littéraire.
Dunod. Hist. — Dunod, Histoire
du comté de Bourgogne, 1735-
1737, 2 vol. in-4°.
Dunod. — Le même, Mémoires
pour servir à l'histoire du
comté de Bourgogne, compre-
192
PRINCIPAUX OUVRAGES CITES.
nant le Nobiliaire de cette
province, 1740, in-4°.
Gollut. — Les Mémoires histo-
riques de la République sé-
quanoise, édit. de 1846, in-8°.
Guich. — Guichenon, Histoire
de Bresse et de Bugey, 1 vol.
in-fol., comprenant 4 parties
et deux suites ou continua-
tions.
Guill. — Guillaume, Histoire
généalogique des sires de Sa-
lins, 1757, 2 vol. in-4°.
D'Hozier. — Armoriai général
de la France, 10 vol. in-fol.
Kervyn. — Kervyn de Letten-
hove, Histoire de Flandre,
2e édit., 4 vol. in-8°.
Labbey. — Labbey de Billy,
Histoire de l'Université du com-
té de Bourgogne, 1814, 1815,
2 vol. in-4°.
La Barre. — Mémoires pour
servir à l'histoire de France et
de Bourgogne, 1729, in-4°.
La Chesn. — La Chesnaye-des
Bois, Dictionnaire de la no~
blesse, 1770-1786, 15 vol. in-4°
Mol. — Chroniques de Jean Mo
linet, édit. Buclion, 5 vol
in-8°.
Mor. — Moréri, le Grand Dic-
tionnaire historique.
Palliot, Mém. — P. Palliot,
Mémoires généalogiques, ms.
de la Bibliothèque de Dijon,
2 vol. in-fol.
Palliot, Pari. — P. Palliot,
le Parlement de Bourgongne,
1649, in-fol.
Peinc. — Peincedé, Recueils de
Bourgogne, 30 vol. in-fol.,
mss. des Archives de la Côte-
d'Or.
Publ. Lux. — Publications de la
section historique de V Institut
royal grand-ducal de Luxem-
bourg, in-4".
S1-Remy. — Chronique de J. le
Fèvre, seigneur de Saint-Re-
my, édit. Morand (Société de
l'histoire de France), 2 vol.
in-8».
Tuetey. — Les Êcorcheurs sous
Charles VU, 2 vol. in-8°.
Wavrin. — Anchiennes chro-
nicques d'Engleterre, édit. Du-
pont (Société de l'histoire de
France), 3 vol. in-8".
Nota. — Toutes les notices dont
les sources ne sont pas indi-
quées sont empruntées à l'Art
de vérifier les dates, au Dic-
tionnaire de Moréri ou au P.
Anselme.
TABLE ANALYTIQUE
DES MATIÈRES
Abbeville. I, 131 note 1, 133;
III, 2; IV, 149. Cédée au duc
Philippe par le traité d'Ar-
ras, I, 225; rachetée par
Louis XI et transportée au
comte de Charolais par celui
de Conflans, 1, 125, 126; prise
par le seigneur d'Escordes,
III, 74, 75; reprise par
Louis XI, I, 154.
Abpsebrouch (le comte d').Voy.
Habsbourg.
Achey (Jean d'). II, 117 note.
Acre (roi d'). Voy. Enguerand.
Acre. I, 78, 80, 81.
Acres (le seigneur d'), gentil-
homme anglais, accompagne
Marguerite d'York à son en-
trée à Bruges, III, 111.
Acrisius. I, 112 et note 4.
Adam. III, 115; IV, 101.
Adizeele (Jean d'). Voy. Dadi-
zeele.
Adrians (Luc). III, 115 noie 2.
Aellremare. IV, 109.
Aeneas Sylvius. Voy. Pie II.
Aethra, fille de Pitheus. I, 113.
Afflighem (l'abbé de), négocia-
teur du traité d'Arras en 1482,
III, 262 note 5.
Afrique. I, 110, 112, 113.
Agénor (le roi). I, 113.
Agey (château d'). I, 334 note 2.
IV
Agolas ou Haultas, roi de «Jé-
rusalem. 1, 79, 80.
Aiguës-Mortes. III, 36 note 2.
Ailly (Jean d'), vidame d'A-
miens, baron de Picquigny,
conseiller et chambellan du
roi, f 1492 [Beauc 455]. —
IU, 107 note 2.
Ailly (Jacqueline d'). Voyez
Etampes.
Ailly (Marie d'), sœur de Jac-
queline , mariée à Antoine
Rolin, seigneur d'Aymeries
[Boull. Généal. Rolin, 36]. —
II, 416 et note 3.
Aire. III, 237 note.
Ais, près Luxembourg. II, 33,
35.
Aix-la-Chapelle. I, 271; IV,
94 note 1. Frédéric IV et
Maximilien y sont couronnés
rois des Romains, I, 276,
277; III, 286 et notes ^ 1 et 4;
ses habitants envoient du
vin au duc Charles pendant
son expédition au pays de
Franchimont, 212. Voy. aussi
Notre-Dame d'Aix.
Albanie (le roi d'). Voy. Scan-
Alberegale, Albe-Royale, assiégée
et prise par les troupes de
Maximilien, III, 307 et note 3,
308.
Albergati (Nicolas), cardinal
13
194
TABLE ANALYTIQUE
du titre de Sainte-Croix, ar-
chevêque de Bologne en 1417,
f 9 mai 1443. — I, 206 note 1.
Ambassadeur du pape à l'as-
semblée d'Arras, I, 204 et note
I , 208 ; chargé de veiller
à l'exécution de certaines
clauses du traité, 212, 214, et
de recevoir, avec le cardinal
de Chypre, les promesses du
roi relatives à son exécution,
234.
Albert II (V d'Autriche), em-
pereur d'Allemagne, f 1439.
— I, 26 et note A, 289 note 5;
II, 2 note 2.
Albine. I, 118.
Albion (île d'). I, 118.
Albret (Jean d'), sire d'Orval,
gouverneur de Champagne,
f 10 mai 1524. — II, 335
note 2.
Alcumena, fille d'Amphitryon.
I, 113.
Alencon (Jean V, le Beau, duc
d'),°f 1476.— 1,235 et note 3.
Assiste par procureur au cha-
pitre de la Toison d'or tenu
à Gand en 1445, II, 84 ; prend
part à la ligue du Bien pu-
blic, III, 8 et note 4.
Alexandre le Grand. I, 112,
179.
Alexandre Bala. III, 115; IV,
101, 102.
Alexandre (Luc), médecin de
Milan. II, 421 note 3.
Alfarrobeira (combat d'). II, 139
et note 1.
Aliénore de Portugal. Voyez
Eléonore.
Alise. I, 43, 44.
Alise, en Bourgogne. I, 44.
Allemagne (empereurs, impé-
ratrices d'). Voy. Albert II,
Charles V, Ferdinand Ier,
.Frédéric III ou IV, Louis V,
MAXIMILIEN Ier, SlGISMOND,
Venceslas, Eléonore de Por-
tugal, Elisabeth de Luxem-
bourg. Voy. aussi II, 336.
Allemagne. I, 142, 271, 272; II,
7 note, 9 note 1, 26, 53, 119
note 1, 264, 397 note 2 et p.
suiv.; III, 285, 296, 297, 307;
IV, 94, 154. Adhère au pape
Félix, I, 263. — (cheval d').
II, 76. — (cheveux crêpés à
la façon d'). I, 319. — (cor-
net d'i. II, 356. — (cranequi-
niers d'). II, 259. — (gratuités
d'). I, 281. — (langue d'). I,
272. — (ligue de la Haute),
comprise dans la trêve de So-
leuvre, III, 226. — (noblesse
d'). I, 90, 273. — (piétons d').
III, 282. — (princes et sei-
gneurs d'). I, 23 note 1, 311;
II, 399; III, 286; en débat
avec le seigneur de Saint-
Georges pour la seigneurie
de Joux, I, 189; convoqués à
Ratisbonne, II, 337; festoyés
par Charles le Téméraire de-
vant Neuss, I, 138; élisent
Maximilien roi des Romains,
I, 175; accompagnent Frédé-
ric IV dans son expédition
contre les Flamands, III, 292
et s. — (seigneuries d'). I, 23.
Allemagncs (les). I, 21, 141, 189 ;
II, 9, 61, 62, 403. Les bas-
ses — comprises en partie
dans le royaume de Bour-
gogne, I, 50. Les hautes — ,
III, 310.
Alleman (Louis), seigneur
d'Arbent, Coisselet, Mornay
et la Marche, qualifié par
Commines à'homme vaillant
et expérimenté, surtout en ar-
mée de mer, lieutenant du
prince d'Orange lors de la
conquête de Naples, teste en
1494 ; dernier représentant de
la branche des Alleman d'Ar-
bent [La Chesn. I, 186; Guich.
III (continuation), 7]. — Ac-
cusé d'avoir livré à Louis XI
le château de Joux, dont la
duchesse Marie lui avait con-
fié la garde, III, 254 et note 5,
255 et note 1.
Alleman (Louis), évêque de Ma-
DES MATIERES.
guelone, archevêque d'Arles,
cardinal du titre de Sainte-
Cécile en 1426, f 1450. —
Contribue puissamment à la
réunion du concile de Bàle,
I, 260 et note 1 .
Allemands. I, 274, 277 ; II, 15,
22,24, 36, 47,332, 333; III,
247 note 4, 281 note 4, 308.
En guerre avec le roi Clo-
vis, I, 55, 56 ; leur mépris
des bâtards, MO; servent le
duc Philippe dans son expé-
dition du Luxembourg, II,
18, 19 ; autres au service des
Saxons, 29 et suiv.; leur sage
conduite, 29, 46 ; députés du
comte de Gleichen, 37 ; se ré-
fugient au château de Luxem-
bourg après la prise de la
ville, 38 et suiv.; leur capitu-
lation, 45; battus à Bàle, 62;
harcèlent les troupes du dau-
phin, ibid.; défendent Neuss
contre Charles le Téméraire,
I, 137, III, 92 et suiv.; bat-
tus près de cette ville, 99 et
note 6 ; servent dans les trou-
pes de René II de Lorraine,
1, 142, et de Maximilien, 174 ;
ni, 273 et suiv.
Allés ou d'Ales (Philippe d').
Voy. Dales.
Alleux, cédé au duc Philippe
par le traité d'Arras, I, 225.
Allobrogie, envahie par les Ro-
mains, I, 45; prend le nom
de Bourgogne, 50, 57 ; armes
des rois d' — , 48. — (rois d').
I, 57.
Allobrogiens , ancien nom des
Bourguignons. 1,44, 47, 119.
Aloguet (le trompette), pendu,
II, 316.
Alonse. Voy. Alphonse.
Alost. II, 222 note 1, 226, 227
noie 1, 246, 251, 283, 303 et
note 3; III, 273; IV, 109.
Occupé par le seigneur de
Ternant, II, 226; le bâtard
de Blanc - Estrain repoussé
par la garnison d' — , 286.
\%
Alphonse V, le Sage et le Ma-
gnanime , roi d Aragon en
1416, de Naples en 1441,
f 22 juin 1458. — I, 114; II,
220 note 2. Chevalier de la
Toison d'or au chapitre de
Gand, où il n'assiste que par
procureur, II, 84 et note 8,
89, 95 note 1 ; ne veut pas
souffrir, comme frère d'ar-
mes de Philippe le Bon, que
les seigneurs de sa cour tou-
chent à l'emprise de Jacques
de Lalaing, 203, 204.
Alphonse VI, le Vaillant, roi
de Léon et de Castille, f 1 109.
— Sa fille naturelle porte le
Portugal en dot à Henri de
Bourgogne, I, 35 et note 3.
Alphonse - Henriquez, roi de
Portugal le 25 juillet 1139,
f 6 décembre 1185. —I, 35,
81.
Alphonse II, le Gros, roi de
Portugal en 1211 ou 1212,
f 25 mars 1223. — Ses ex-
ploits contre les Sarrazins, I,
36 et note 4 ; ses différends
avec le pape, ibid.
Alphonse V, l'Africain, roi de
Portugal en 1438, f 28 août
1481. — II, 137 et note 1,
210 note 2; III, 227. Le duc
de Coimbre lui fait épouser
sa fille, II, 137 et note 2; vi-
site Charles le Téméraire
dans son camp devant Nan-
cy, I, 142.
Alsace (Philippe, Thierry d').
Voy. Flandre.
Alsace, II, 63 note. — (avouerie
d'). Il, 2 note 2.
Aman (1') de Bruxelles. II, 52.
Amange (Guillaume d'). Voy.
Bassant.
Amboise. III, 262 et note 8.
Amiens (la vidamesse d'). Voy.
Bourgogne (Yolande de).
Amiens. I, 133, 154; III, 222.
Cédé à Philippe le Bon par le
traité d'Arras, I, 224 ; racheté
par Louis XI et transporté
196
TABLE ANALYTIQUE
au comte de Charolais par le
traité de Conflans, I, 125; li-
vré à Louis XI, III, 71 et
note 1 ; assiégé par Charles le
Téméraire, I, 130; III, 71 et
note 2; joutes pendant le siège
d' — , 72 ; escarmouche de-
vant —, 79. — (le bailli d').
I, 223.
Amorat-Bey (1'), Amorault Beys,
Lamouratkbaby , etc. Corrup-
tion du nom d'Amurat II,
que La Marche applique in-
différemment sous cette for-
me à tous les sultans. Voy.
Amurat II, Bajazrt Ier, Ma-
homet II.
Amsterdam. I, 155 note 1: IV,
109.
Amurat II, sultan ottoman en
1421, f 1451. — Menace la
Grèce et Coustantinople, I,
288; confondu avec Bajazet,
II, 206 et note 1.
Ancône. III, 39 note 2.
Andelot (Jean d'). II, 117 note.
Andernach, près Lintz. III, 94
et note 4.
Andrevet (Philibert) et non An-
drcnet, seigneur de Coursant,
Beaurepaire, etc., chevalier,
conseiller et chambellan du
duc de Bourgogne, teste en
1437 [La Barre b, 184, 209;
Guich. III, 5]. — Chargé de
plusieurs négociations près du
duc de Savoie, I, 265 note 2,
266 note.
Anes (le pont aux), à Bruges.
III, 291 note 5.
Anglais. I, 139, 141, 208, 209,
230, 238, 239, 244; II, 21, 58,
120 et note 1,141,208 note 1,
218, 274, 316; III, 69, 74,
104, 111, 121; IV, 88, 107,
110, 130, 134. Au service du
Portugal, 1, 115 ; leur impar-
tialité, 62; alliés de Jean
sans Peur, 199, et de Phi-
lippe le Bon, 98, 202; possè-
dent la plus belle partie du
royaume de France, 203 ; bat-
tus à Brouwers-Haven, 239 ;
peu aimés de Philippe le Bon,
240, qui prend les armes con-
tre eux, 101; restent en guerre
avec les Français après le
traité d'Arras, 241 ; soutien-
nent le comte de Ligny, 242;
Charles d'Orléans tiré de leurs
mains, 249; assiègent Dieppe,
II, 16 note; battent les Fran-
çais en Guyenne, 208 note 1;
expulsés de France, I, 99 ; II,
209 ; au service des Gantois,
288 et note 1, 290, qu'ils tra-
hissent à Gavre, 292, 293,
314, 315; prennent part au
siège de Neuss, III, 92 note 1;
leur dispute avec les Italiens,
96; défendent Nancy, 208,
238; au service du duc de
Saxe, 298, et de Philippe le
Beau, 300, 301.
Angleterre (rois et reines d').
Voy. Artus, Brenius, Edouard
Ier, Edouard III, Edouard IV,
Guillaume Ier, Guillaume II,
Harald II, Henri IV, Hen-
ri V, Henri VI, Henri VII,
Catherine, Isabelle et Mar-
guerite de France, Elisabeth
Woodwill, Marguerite d'An-
jou. — (armes d'). III, 134,
135; IV, 102 note 1. — (con-
nétable d'). II, 109. — (rois
d'). II, 59 note 2; IV, 161.
Voy. Cambridge, Cornouail-
les, Galles, Glocester, Lan-
castre, York.
Angleterre. I, 91, 231, 263,
296; II, 65, 110 note 2, 119
note 1, 125 note 1, 143, 396,
411; III, 37 note, 39, 49, 76,
98 note 4, 103, 107, 237. Ori-
gine fabuleuse du royaume
I, 118 et suiv.; guerres
!:
civiles et affaires d' — , 121 ;
II, 210; III, 68 et suiv.; sa
longue querelle avec le royau-
me de France, I, 68 ; gouver-
née par Marguerite d'Anjou,
II, 209; armes faites par le
bâtard Antoine en — , III, 41 ,
DES MATIERES.
197
48 et suiv. — (archers d'). IV,
88. — (archers du roi et de la
couronne d'). III, 110; IV,
100. — (cour d'). III, 56 note;
J. de Lalaing y est petite-
ment reçu, II, 109 note 4.
— (couronne d'). III, 135
note 1. — (dames d'). III, 106,
201; IV, 106. — (nain d').
IV, 131. — (officiers d'armes
d'). IV, 70. — (royaume d').
II, 59 et noie 1, 110. — (sei-
gneurs et princes d'). I, 63;
III, 201 ; IV, 106.
Angoulême (le comte d'). Voy.
Orléans.
Angoulême (la comtesse d'). I,
73. — C'est par une erreur
étrange que La Marche at-
tribue à une fille de Jean,
comte de Nevers, dernier mâle
de la maison de Bourgogne,
le titre de comtesse d'Angou-
lême, qui était alors porté par
Louise de Savoie, femme de
Charles d'Orléans , comte
d' Angoulême, décédée en
1531. Voy. Bourgogne (Char-
lotte de).
Anguijen, Enghien. II, 300.
Anjou (Charles Ier d'), comte
du Maine et de Guise, vi-
comte de Chàtellerault, etc.,
gouverneur de Paris en 1435,
fils de Louis II, ci-dessous,
f 10 avril 1472. — I, 235 et
note 2. Assiste à l'assemblée
de Châlons, II, 56 et note 1 ;
conspire avec les princes con-
tre Louis XI, III, 8 et note 5;
quitte l'armée du roi avant la
bataille de Montlhéry, ibid.
note 5, et s'enfuit après jus-
qu'à Chàtellerault, 14 ; chef
des conférences de la Grange
aux Merciers, 24 et note 1.
Anjou (Jean II d'), duc de Ca-
labre et de Lorraine, fils de
René, roi de Sicile, ci-des-
sous, né le 2 août 1 424, f ^dé-
cembre 1470. — II, 225 note.
Son mariage avec Marie de
Bourbon, II, 56 et note 7, 57
note; prend part à la ligue du
Bien public, I, 124; rejoint
le contingent bourguignon
après la bataille de Montlhé-
ry, III, 19, 20 et note 1 ; re-
lève le moral des troupes qui
croyaient à la défaite du
comte de Charolais, 19 ; est
rejoint par les princes ses al-
liés, 20 et note 2 ; se loge à
Saint - Mathurin de Lar-
champs, 21, puis à Conflans,
22; fait défendre les appro-
ches de cette place et établir
un pont sur la rivière, ibid.;
manière de combattre des
Suisses à son service, 22, 23 ;
assiste aux conseils tenus à
Beaulté, 23; signe le traité
de Saint-Maur, 29 note; se
rend à Villiers-le-Bel après
le licenciement de l'armée
des princes, 30; envoyé en
Bretagne avec la mission d'en
ramener le duc de Berry, 33
note 1 ; fait bon accueil au
bâtard Antoine à Marseille,
41 ; sa mort, 79 et note 4; ne
laisse qu'un fils, 208.
Anjou (Louis Iep de France, duc
d'), roi de Naples, de Sicile
et de Jérusalem, etc., né le
23 juillet 1339, f 20 septem-
bre 1384. -1,69.
Anjou (Louis II, duc d'), roi de
Naples, etc., fils du précédent,
né le 7 octobre 1377, f 29 avril
1417. —I, 235 note 1.
Anjou (Louis III, duc d'), roi
de Naples, etc., fils du pré-
cédent, né le 24 septembre
1403, f 1434. — I, 258 note h,
264 note 1.
Anjou (Nicolas d'), fils de Jean II,
ci-dessus, duc de Galabre et do
Lorraine, né en 1448, f 27 juil-
let 1473. — Vienttrouverleduc
Charles en Normandie et lui
demande la main de sa fille,
III, 79 et notes 2 et 3 ; re-
nonce à cette alliance, 80 et
198
TABLE ANALYTIQUE
note 4; retourne en Lorraine,
ibid.; sa mort, 208 et note 1.
Anjou (René d'), roi de Naples,
de Sicile et de Jérusalem, duc
de Bar (1419) et de Lorraine
11431), fils de Louis II, né le
16 janvier 1408, + 10 juillet
1480. — I, 235 et note 1,242,
243 note 2; II, 59, 209; III,
226. Hérite de la reine de
Naples, I, 90; prisonnier à
Bulgnéville, ibid., 239; II,
149; l'ait sa paix avec le duc
de Bourgogne, I, 90 ; assiste
à l'assemblée de Chàlons, II,
56 et note 7, où remise lui est
faite de partie de sa rançon,
57 note ; fonde l'ordre * du
Croissant, IV, 162.
Anjou (Sibille d'), 2e femme de
Thierry d'Alsace, comte de
Flandre, en 1135 ou 1136. —
I, 79. Son mariage, I, 76;
sa mort, 77 et note 1 .
Anjou (Yolande d'Aragon, du-
chesse d'), femme du duc
Louis II, f 14 novembre 1442.
— I, 235 note 1.
Anjou (maison d'). II, 209. Voy.
aussi Fouques, Marguerite et
Marie.
Anne de Bretagne, reine de
France, née le 26 janvier 1477,
f 9 janvier 1514. — Son ma-
riage par procureur avec l'ar-
chiduc Maximilien, III, 258
et note 2 ; épouse le roi Char-
les VIII, motifs de cette al-
liance, ibid., 259 note 1, 317.
Annonciade (ordre de 1'). IV,
162.
Anthiocus, roi de Syrie, mangé
des vers, I, 179.
Anthon. I, 265 note 2.
Anvers (Godard d' ), peintre.
III, 115 note 2.
Anvers. I, 170; II, 288; III,
273, 287 et notes 1, 5, 297
note 3; IV, 109. Le duc y as-
siste à une fête, II, 80 ; reste
fidèle au jeune archiduc, III,
298; Maximilien y joute con-
tre le sire de Vaudrey, 309
et note 2.
Aplaincourt (le seigneur d').
Voy. Happlaincourt.
Appiano, ambassadeur milanais.
III, 236 note 2. Son jugement
sur Charles le Téméraire, I,
123 note 2.
Aquitaine. I, 61.
Arabes. I, 35 note 3; II, 136,
note 5.
Aragon (rois et reines d'). Voy.
Alphonse V, Ferdinand IV,
Ferdinand V, Jacques Ier,
Jean II, Blanche de Navarre.
— (Eléonore d'). Voy. Eléo-
nore et Foix. — (Isabelle d').
Voy. Coïmbre et Isabelle. —
(Léonore d'). Voy. Castille.
— (Yolande d'). Voy. Anjou.
Aragon. IV, 162.
Arban, Arbent (le cardinal, le
seigneur d'). Voy. Alleman.
Arberg (Jean, comte d'), sei-
gneur de YTalengin, joute au
pas de Marsannay, î, 318 et
note 2, 319; ses armes, 334
note 2 ; Guillaume de Chalon
fait chevalier de sa main à
Jérusalem, II, 117 note; prend
part à la campagne de 1474,
III, 90 note 2.
Arbois. I, 283 note.
Arbre Charlemagne (pas de P).
I, 253 note 2, 266 note 2, 271
note, 284. 285, 290 et suiv.,
333; II, 175, 219, 318 note 2.
Arbre d'or (le chevalier à 1';.
LII, 125 et suiv. Voy. Bour-
gogne (Antoine de).
arbre d'or (le poursuivant),
figure au pas du même nom,
111, 123 et suiv.; IV, 111,
112, 115; amène le prix sur
les rangs, III, 191.
Arbre d'or (pas de 1'). III, 109,
122 et suiv.; IV, 108 et suiv.
Arbre sec (assemblée de 1'). I,
85, 200.
Arbrèle la Grande. IV, 109.
Arceo (Inigo d'), écuyer, con-
seiller de Charles VII, bour-
DES MATIERES.
199
sier d'Espagne [Beauc. 459].
— Empêché de fournir l'em-
prise du bâtard de Saint-Pol
dont il avait touché l'écu, II,
119 note 1.
Arcle (seigneurie d'). III, 133.
Arcy (le seigneur, le fils du sei-
gneur d'). Voy. Poitiers. —
(madame d'). Voy. Souza.
Arenberg (Guillaume d', le sei-
gneur d'). Voy. Mark (la).
Arguel (le seigneur d'). "Voy.
Chalon.
Arguel (Catherine de Bretagne,
dame d') et princesse d'Oran-
ge, fille de Bichard de Bre-
tagne, comte d'Etampes,
f 1476. — II, 114 note 2,
171; III, 149 note 1. Son ma-
riage avec Guillaume de Cha-
lon, seigneur d'Arguel, I,
283 ; accompagne son mari au
pas de la Fontaine de Plours,
II, 172; sa renommée de
beauté et de vertu, 173.
Arguel (Jeanne de Bourbon,
dame d') et princesse d'Oran-
ge, fille de Charles Ier, duc
de Bourbon, mariée à Jean II
de Chalon, seigneur d'Arguel
et prince d'Orange, f 10 juil-
let 1493.— III, 42 note 1; IV,
110. Va visiter Marguerite
d'York à l'Ecluse, III, 103 et
note 2; assiste à ses noces,
116; places qu'elle occupe aux
banquets donnés à cette occa-
sion, 121, 138.
Aristote. I, 178.
Arlay ( Philippe d' ), écuyer
franc-comtois, figure dans les
montres d'armes de Bourgo-
gne en 1417 et 1421 [Peinc.
XXVI, 271, 340]. — Accom-
pagne Olivier de la Marche
dans une reconnaissance de-
vant Gand, II, 243.
Arles (le cardinal d'). Voy. Al-
leman.
Arles, en Provence. I, 49.
Arlon. II, 18, 19, 20, 36, 37, 40,
50, 302; III, 207 note 1. —
(déclaration d'). 11,28 note 1.
— (prévôté d'). II, 7 note.
Armagnac (Bernard VII, comte
d'), de Fézensac, etc., conné-
table de France en 1415,
f 12 juin 1418. — 1, 250
note 1.
Armagnac (Bernard d'), comte
de Pardiac, fils du précédent,
f 1462. — I, 235 et note 6.
Armagnac (Jean III, comte d'),
de Fézensac, etc. f 25 juillet
1391. — Vend le comté de
Charolais au duc Philippe le
Hardi (1390) et non à Jean
sans Peur, comme le dit Oli-
vier de la Marche, I, 86.
Armagnac (Jean IV, comte d'),
de Fézensac et de Bodez, fils
de Bernard VII, f vers 1450.
— I, 235 et note 5; II, 117
note 2.
Armagnac (Jean V, comte d'),
fils du précédent, f 5 mars
1473. — III, 138. Prend part
à la ligue du Bien public, I,
124 ; III, 8 et note 6 ; signe le
traité de Saint-Maur, 29 note.
Armagnac (Anne d'). Voy. Bour-
bon. — (Bonne d'). Voy. Or-
léans. — (Eléonore d'). Voy.
Orange. — (le bâtard d').
Voy. Lescun.
Armenier (Etienne), seigneur
de Vonrourt, Montigny et
Bermont, gouverneur de la
chancellerie de Bourgogne
(1438), conseiller du duc,
bailli d'Aval, chef du conseil
et président des parlements
de Bourgogne [La Barre, b.
168, 190; Palliot, Pari. 6].
— II, 170 note 2, 339 note.
Arnay-le-Duc (châtellenie d'),
donnée à Marie, bâtarde de
Bourgogne et unie au comté
de Charny, I, 284; II, 112
note 1 et 113 note.
Arques (forteresse d'), confis-
quée, II, 272 note 3.
Arragonnais (François 1'). Voy.
Surienne.
200
TABLE ANALYTIQUE
Arras. I, 54 noie 3, 159; II, 402
note 1: III, 71 note 2, 202
note 2, 251, 306; IV, 109.
Joutes à — , II, 67 et suiv.,
79; pris par Louis XI, III,
245 et note 4, qui lui donne
le nom de Franchise, 246 et
note 1. — (assemblée et traité
d'). 1,87, 99,100,125,154,204
et suiv., 206 note 1 ; texte du
traité d' —, 207 et suiv.; dif-
ficultés relatives à son exécu-
tion réglées à Châlons, II, 57
note; paix d' — non respec-
tée, I, 245; citée, 256, 269
note 2. 2e traité d' —, III.
262 et notes 5, 7, 293 note 2.
Artois (Charles d'), comte d'Eu
en 1397, | 25 juillet 1472. —
I, 97 ; III, 4 et note 2.
Artois (Bonne d'). Voy. Bour-
gogne.
Artois (Marguerite, comtesse
de Flandre et d'), femme de
Louis Ier, comte de Flandre,
f 9 mai 1382.— I, 72 note 4.
Artois (le roi d'armes d'), si-
gnifie en France le pas de la
Pèlerine, II, 119 note 1.
Artois. 1,90, 132,169,196,201,
225; III, 12 note 2, 43 note 6,
223. — (comté d').I, 102, 154,
162, 224; III, 316; pris par
Louis XI, III, 245. — (états
d'), accordent une aide au duc
pour la croisade, II, 338 note.
— (hôtel d'), à Paris, II, 425
et note 3. — (mer d'). III, 224.
Artus, roi d'Angleterre. I, 114,
120.
Arundel (Jean Fitz-Alan, ba-
ron de Maltravers et comte
d'), commandant des troupes
anglaises en France pendant
les négociations du traité
d'Arras, auxquelles il est dou-
teux qu'il ait assisté, quoi
qu'en dise Olivier de la Mar-
che [La Barre, a, 158, 161].—
1, 204 ; le prénom de Thomas
lui est donné par erreur, ibid.
noie 7.
Ascuque (Robert, abbé d'). II,
107 note 1.
Asie. II, 337.
Asne roijc (logis de 1'), à Chalon.
II, 155.
Assche, Ask. III, 268 note 4, 270
et note 1.
Assele, Hassel. III, 268 et note 4.
Assenède. II, 258 note 6.
Assix (seigneurie d'). III, 221.
Assuérus. IV, 103.
Asti, Ass (comté d'), compris
dans l'ancien royaume de
Bourgogne, I, 50 ; sa con-
quête, II, 115 et note 2, 169.
Ath, Hast. II, 226 note 1, 227
note A, 234, 303 note 3; III,
270 note 2.
Atlas (mont). I, 113.
Aubeaux (Waleran , seigneur
des) et de Lomme, chevalier,
conseiller et chambellan du
duc de Bourgogne, f 4 octo-
bre 1464 [Beauc. 461]. — II,
378 note 6.
Aubeaux (Antoinette d'Inchy,
dame des), 2e femme de Wa-
leran [Beauc. 462]. — Dan-
se au banquet de Lille, II,
378 et note 6.
Aubert (Savin). I, 95 note 1.
Aubin (Jean), seigneur de Mali-
corne en Puysaïe, premier
chambellan de Charles, duc
de Berry, son ambassadeur
près du duc de Bourgogne en
1468 [Ans. VIII, 922].— Ac-
compagne ce prince en Bre-
tagne, III, 34 et note 5.
Aubry (Gravier). II, 208 note 1.
Audenarde. 1, 169; II, 222 note 1,
227, 246, 257, 274 noie 2, 283,
289, 291, 292, 304 note 3,307
note 3, 330; III, 272, 305; IV,
109. Assiégée par les Gantois,
II, 228, 229; héroïque con-
duite de son commandant,
233; batailled'— ,236etsuiv.;
levée du siège, 241, 243, 244
note 2 ; conseil de guerre te-
nu à — , 246 note 2; livrée à
Maximilien qui y entre par
DES MATIERES.
201
surprise, I, 166, 168; III,
269 note 2, 270, 271.
Augustin (saint). I, 112, 177.
Augustins (cloître des), à Gand.
IU, 295 note 2.
Auperre (Jean), seigneur an-
glais, assiste à l'entrée de
Marguerite d'York à Bruges,
III, 111.
Auroles. I, 95 note 1.
Auroul, Aurou (Guillaume d'),
gentilhomme picard. Sa bril-
lante conduite à la défense
de Villy, II, 16, 17; entre au
service du duc, 33 et note 1 ;
chargé de la garde d'une des
portes de Luxembourg après
la prise de cette ville, 43 et
note 1.
Austie. Voy. Ostie.
Autriche (Ernest Ier d'), dit de
Fer (Ferreus), duc de Styrie
et de Carinthie, f 1424. — I,
30 et notes 3 et 4, 32.
Autriche (François, duc d'), fils
de l'archiduc Maximilien. Sa
naissance, son baptême et sa
mort, I, 40, 156; III, 261 et
note 5, 262 et notes 1, 2.
Autriche (Frédéric, duc d'). Ses
exploits contre les Sarrazins,
I, 23 et suiv.; auteur fabu-
leux de la maison d'Autriche,
dont il change les armes,
ibid.
Autriche (Jaspar, ducd'), frère
du précédent. Ses guerres
contre les Sarrazins, 1, 23, 24.
Autriche ( Lerpedus , Lupus,
Léopold, duc d'), tué à Sem-
pach le 9 juillet 1386. — I,
28, 30 et note 3. Ses deux ma-
riages, I, 27 et note 6 ; porte
les nouvelles armes d'Autri-
che, 30.
Autriche (Léopold d'), dit le
Gros ou le Superbe, beau-
frère de Jean sans Peur,
f 1411. — Philippe le Bon
réclame de grands arrérages
sur ses biens, I, 279 note 2,
280.
Autriche (Sigismond d'), comte
deTyrol, né en 1427, + 1496.
— Mort paralytique, I, 180.
Autriche (Anne d'), fille d'Al-
bert II, empereur, mariée à
Guillaume de Saxe, f 1461.
— Ses droits à la succession
du Luxembourg dont son
mari se met en possession et
qu'il dispute à Philippe le
Bon, I, 289 note 5; II, 2
note 2; les vend au roi Char-
les VII, III, 6 note.
Autriche (Marguerite d'), fille
de l'archiduc Maximilien et
de Marie de Bourgogne, née
en 1480, f l*r décembre 1530.
I, 73; II, 397 note; III,
260 note 3, 287 et note 4. Sa
naissance à Bruxelles, I, 40,
156; III, 257 et note 2; re-
mise aux Gantois avec son
frère Philippe, 261 et note 2;
conduite en France et mariée
au dauphin en vertu d'une
clause du traité d'Arras, I,
163, 164 et note 1 ; III, 257,
262 et notes 1, 8, 264 note 4,
317 et note 2; rupture de son
mariage, 259; reconduite à
son père, 260 et note 1, 317;
ses vers sur son séjour en
France, 263 note 1 ; épouse le
prince de Gastille qui la laisse
grosse d'un fils mort en bas
âge, 257 et note 3,317; rame-
née d'Espagne, 318; son ma-
riage avec Philibert le Beau,
duc de Savoie, ibid. note 3;
son cœur à Saint-Donat de
Bruges, 57 note 1.
Autriche (maison d'). I, 16, 18
note 3, 30, 41. Voy. Frédé-
ric IV, Ladislas, Maximi-
lien, Philippe le Beau, Eli-
sabeth. — (armes d'). I, 21 et
suiv., 32.
Autriche. I, 17, 18,20, 21, 157,
271; III, 308, 311. Erigée en
archiduché, I, 23 et note 1 ;
prise par le roi Mathias et
reconquise par Maximilien,
TABLE ANALYTIQUE
III, 307. — (seigneurie d'),
passe aux Habsbourg, I, 25,
26.
Autun. I, 47. Ses habitants ré-
voltés contre César, I, 44 ; im-
positions d' — cédées au duc
Philippe par le traité d'Ar-
ras, I, 218.
Auvart (le fils Jean). Voy. Ho-
ward.
AUYERON, HaYERON OU HeUYE-
ron (Antoine), conseiller du
duc de Bourgogne, prévôt de
Saint - Donatien de Bruges
(1490), envoyé en 1460 en Al-
lemagne pour réclamer au
nom de Philippe le Bon la
couronne de Lotharingie ou
au moins la dignité de vicaire
impérial [Beauc. 518; ms.
Bibl. de Bourg, à Bruxelles,
n° 7246]. — Négocie la trêve
des moissonneurs, IH, 248.
Auxerre. III, 224. — (bailli d').
I, 219. — (comté d'). 111,224;
cédé à Philippe le Bon par
le traité d'Arras avec l'élec-
tion et les impositions du
même lieu, I, 218, 219, 220;
pris par Louis XI, III, 245.
Vov. Auxerrois.
Attxerrois. I, 220; II, 208 note 1.
— (comté d'). I, 8, 154; III,
316.
Auxois, Lauchois. I, 44 ; IV,
109 et note 4.
Auxonne. I, 290 note 1 ; III,
206 notes 4, 5. Refuse d'ou-
vrir ses portes aux troupes
du duc pendant la guerre des
Écorcheurs, I, 246 note 1. —
(vicomte d'). I, 8, 9 note 1;
H, 146; HI, 316; IV, 109.
Auxy (Antoine, bâtard d'), fils
de Jean IV, seigneur de la
Tour, capitaine des archers
de corps de l'empereur Maxi-
milien [Ans. VIU, 107]. —
Prend part au tournoi de
l'Arbre d'or, III, 192 et note 4.
Auxy (Georges, bâtard d'), frère
du précédent, maître d'hôtel
de Louis XII (Ans. VIII,
107]. — Prend part au tour-
noi de l'Arbre d'or, III, 192
et note 4.
Auxy (Jean IV, seigueur et ber
d'.), Famechon, Hangest, etc.,
chevalier, conseiller et cham-
bellan du duc de Bourgogne,
gouverneur de Saint-Riquier,
Courtray et Termonde, séné-
chal et gouverneur de Pon-
thieu, grand-maître des arba-
létriers de France, etc., f 1474
[Beauc. 462]. — IH, 192 note
4. Conduit le comte de Cha-
rolais au-devant de son père
lors de l'entrée de ce prince
à Bruxelles, II, 51 ; chevalier
de la Toison d'or au chapitre
de Gand, 95 et note 1; pre-
mier chambellan et garde de
la personne du comte de Cha-
rolais, 215 et note 2, 416 et
note 4 ; assiste ce prince aux
joutes de Bruxelles, 215; le
détourne d'attaquer Moerbe-
ke, 278; figure à l'entrée de
Marguerite d'York à Bruges,
IH, 111, et au pas de l'Arbre
d'or, III. 176; IV, 133, 134.
Avallon (siège d'). I, 95 note 1,
96 et note \, 248.
Avanchies , aliàs Avanchier
(Jacques d'), écuyer de Sa-
voie [Chast. VIII, 21 8J. —
Fait toucher les trois targes
au pas de la Fontaine de
Plours, II, 176 et note 1, 177
note; ses diverses joutes à ce
pas, 185 et suiv., 193 note 2;
y gagne le prix de l'épée, 201 ;
ses armes, 186 note 2.
Avesnes. I, 159, 248 note 2; III,
166, 202 note 2.
Avis i ordre d'). I, 39 et note 5,
109, 110.
Axel, Ascelle. 11,222 note 1, 258
note 6, 279 note 3, Prise par
le bâtard de Blanc-Estrain,
II, 286 et note 5.
Aydie (Odet d'), seigneur de
Lescun et de Castillon, che-
DES MATIÈRES.
203
valier, capitaine des châteaux
de Blaye, Bayonne, Dax et
Saint-Sever, chevalier de l'or-
dre de Saint - Michel , créé
comte de Comminges en 1472,
etc., etc., f 25 août 1498.
[Beauc. 463; La Chesn. I,
605]. — III, 32 et note 2.
Conduit le duc de Berry en
Bretagne, III, 7 et note 2.
Aylia, mère de Romulus. I,
114.
Aymeries (le seigneur d'). Voy.
ROLIN.
Ayne. III, 271.
Azincourt (bataille d'). I, 268
note; II, 266 note 4.
B
Bacchus. I, 112 et note 1.
Bade (Albert de), fils de Char-
les, + 23 juillet 1488. — Ac-
compagne Frédéric IV dans
son expédition contre les Fla-
mands, III, 296; tué devant
Damme, ibid. note 6.
Bade (Charles, le Belliqueux,
marquis de),-j- 24 février 1475.
— Envoie défier comme ré-
gent de Liège le duc de Bour-
gogne et son fils, III, 25
note 2.
Bade (Christophe, marquis de),
comte de Spanheim, cheva-
lier de la Toison d'or, fils
aîné du précédent, né en
1453, f 19 avril 1527. — Ac-
compagne Frédéric IV dans
son expédition contre les Fla-
mands, III, 296 et note 6.
Bade (Georges de), frère de
Charles ci-dessus, chanoine
de Cologne, coadjuteur, puis
évêque de Metz, f 1484. —
III, 226, 227. Assiste à l'en-
trée de Marguerite d'York à
Bruges, III, 112 et note 3; sa
place aux banquets, 200 ; IV,
110; négocie le mariage de
Marie de Bourgogne et de
l'archiduc Maximilien , III,
242 et note 4.
Bade (Jean II de), archevêque
de Trêves, f 9 février 1503.
— Enfermé dans Lintz, III,
93 et note 4.
Baenst (Paul de), ou Baeust.
III, 279 note 1.
Baer selle, Vasselle. Voy. Basele.
Baeust (hôtel Guy de), à Bru-
ges. IV, 97.
Bailles (les), à Bruxelles. II, 53.
Bajazet Ier, sultan ottoman en
1389, f 23 mars 1413. —
Vainqueur du comte de Ne-
vers à Nicopolis, I, 84 et note
4, 199, 200; H, 206 et note 3;
s'empare de la Hongrie, I,
199.
Bâle (expédition du dauphin
contre). II, 61. — (bataille
de) ou de Saint-Jacques, 62,
63 note. — (concile de). I, 98
note 2, 260 et note 2, 265 note
2 ; II, 85 note 1 ; ses ambas-
sadeurs à l'assemblée d'Ar-
ras, I, 204, 206 note 1, 208,
235; dépose Eugène IV et
élit Félix V, 260 et note 2,
261 et suiv. — (traité de),
met fin à la guerre dite de
Souabe, III, 310 note 2.
Balignen (Loïset de), rend la
ville de Roye au duc de Bour-
gogne, III,' 77.
Ballart (Martin), piémontais.
Sa piteuse attitude au pas de
Marsannay, I, 321. 322.
Baltasin (Galiot de). II, 104,
205 note. Joute contre Phi-
lippe de Ternant, II, 64 et
suiv.
Baltique (la). III, 297 note 3.
liapaume. III, 71 note 2.
Bar (Robert dej, comte de Marie
et de Soissons, tué à Azin-
court (1415). — II, 57 note.
Bar, compris dans l'ancien
royaume de Bourgogne, I, 50.
— (duché de). I, 243 note 2.
— (marches de). I, 243. Voy.
Bar rois.
Bar-sur-Aube. I, 248 et note 2 ;
IL 13, 398.
204
TABLE ANALYTIQUE
Bar-sur-Seine (châtellenie de).
III, 224. Cédée avec ses im-
positions au duc Philippe par
le traité d'Arras, I, 220, 221.
— (seigneurie de). I, 154.
Barbares. III, 39.
Barbarie. I, 110; III, 39.
Barbazan (Arnaud-Guilhem, ba-
ron de), premier chambellan
de Charles VII, gouverneur
de Champagne et Laonnois,
f 1431. — Occis à Bulgné-
ville, I, 90, 239.
Bare (messire). Voy. Barre de
Surlet.
Barlemont ou Berladiont (Lan-
celot de), marié à Marguerite,
fille de Guillaume d'Aren-
berg, tué en 1484 dans une
querelle qu'il eut à Cambrai
avec Philippe de Clèves [Ker-
vyn, V, 350, 353; Wavrin,
III, 323, 342]. — Entre dans
Lintz, III, 95.
Barnet (bataille de). III, 70 et
note 3, 237 noie 3.
Barre (Corneille de la), sei-
gneur de Mouscron, écuyer
tranchant du duc Philippe
[Mol. III, 203, 332; Arch.
Nord, B. 1978]. — Joute à
Dijon, I, 286.
Barre ou Baré de Surlet, che-
valier, bourguemestre de Liè-
ge [Wavrin, II, 359 ; Comm.
Dup. III, 224]. — Commande
les Liégeois à la bataille de
Brunstein, III, 65 et note 4;
y est tué, ibid. note 4, 66.
Barrois. I, 242 ; II, 57 note; III,
241.
Basam (Guillaume). "Voy. Bas-
SANT.
Basele (combat de). II, 259 note
1, 260 et suiv., 264 et note 3,
266 et note 1.
Basine (Louis de la), seigneur
de Bermette, écuyer dauphi-
nois, joute au pas de Marsan-
nay, ï, 318, 319.
Basque (Jehannot le). Olivier
de la Marche son prisonnier
après la bataille de Nancy,
III, 241.
Bassant ou Baussant (Guillau-
me), écuyer, seigneur d'A-
mange et en partie de Rom-
prey, fils de Philippe Bassant,
écuyer, de Rochefort-sur-le-
Doubs, et de Huguette de Bi-
nant, figure en 1455 parmi
les nobles qui doivent lods
sur leurs héritages à Roche-
fort [Peinc. XVIII, 621;
XXIII, 696; XXV, 537]. —
Fait toucher la targe noire
au pas de la Fontaine de
Plours, II, 176 et note 2; dé-
tails de sa joute, 191 et suiv.;
le Livre des faits ne le désigne
que sous le nom d'Amange,
ibid. note 4.
Bassompierre (château de). III,
234 note 1.
Bastongne. II, 50.
Bataille (Chariot), prend part
à l'attentat de Montereau, I,
198 note 2.
Bataille, Batailler ou Batil-
lier (Guillaume), frère de
Chariot, prend part comme
lui au meurtre de Jean sans
Peur, I, 87, 198 et note 2.
Bâtards illustres. 1, 110 et suiv.
Batarnay (Imbert de), seigneur
du Bouchage, successivement
conseiller des rois Louis XI,
Charles VIII, Louis XII et
François I", f 1523. — III,
234 note \ .
Baudeloo (l'abbé de). II, 222
note 1.
Baudeloo (abbaye de), occupée
par les Gantois, II, 277 et
note 2.
Baudin (Antoine), marchand
florentin à Bruges. III, 245
note 1.
Baudin, Baudins ou Boudin (Gil-
les), avocat de la Keure, à
Gand. II, 281 et note 2. C'est
probablement le même à qui
Olivier de la Marche donne
précédemment le nom de
DES MATIERES.
205
Pierre, II, 213 et note 2, à
moins qu'il ne s'agisse ici
d'un certain Pierre Baudin,
magistrat de Gand en 1468,
qui, étant infirme et aveugle,
tut décapité dans cette ville
comme traître à sa patrie le
14 mars 1477 [Kervyn, V,
238 et suiv.].
Baudouin, peintre. III, 118
note 3.
Baudricourt (Jean, sire de), ma-
réchal de France, f 11 mai
1499. — Bat les Français à
Guinegate, III, 257 note.
Bauffremont (Guillaume de),
seigneur de Scey-sur-Saône
(par corruption de la Scei-
che), Sombernon , Màlain,
etc., etc., chevalier, conseil-
ler et chambellan (1460) du
duc de Bourgogne, frère de
Pierre, ci-dessous [La Barre
b, 186, 213; Dunod, Hist.
II, 504]. — I, 269 note 2.
Joute au pas de Marsannay,
I, 316, 317; ses armes, 334
note 2 ; assiste Pierre de Chan-
dio à celui de la Fontaine de
Plours, II, 150 et note 2.
Bauffremont (Jean de), cheva-
lier, seigneur de Mirebeau,
Bourbonne, Choie, etc., frère
de Pierre ci-dessous, vivait
encore en 1467 [Dunod, Hist.,
II, 503]. — Assiste Pierre
de Ghandio au pas de la Fon-
taine de Plours, II, 150 et
note 2.
Bauffremont (Jean de), sei-
gneur de Soye et de Vauvil-
lars, chevalier, conseiller et
chambellan de Philippe le
Bon et de Louis XI, fils de
Gauthier, seigneur de Vau-
villars et de Rupes [Dunod,
Hist., II, 516; Palliot, Mém.
I, 1017]. — II, 49 note. Che-
. valier à Gavre, II, 318 et note
3 ; rejoint l'armée du comte
de Gbarolais après Montlhéry,
IIL 18 et note 5.
Bauffremont (Pierre de), sei-
gneur et comte de Charny,
chevalier, conseiller et cham-
bellan du duc de Bourgogne,
gouverneur, capitaine géné-
ral (1432) et sénéchal hérédi-
taire de Bourgogne, chevalier
de la Toison d'or, fils de Hen-
ri de Bauffremont et de Jean-
ne de Vergy, f 1473 [Dunod.
#«*. II, 503;Beauc.,464].—
I, 243 note 2, 284 note 2, 294
noie 5, 316, 321,328, 329,331,
332; II, 1, 147 note 2, 175,
178. Accompagne le duc Phi-
lippe comme conseiller à l'as-
semblée d'Arras, I, 205; as-
siste à l'entrevue de Besan-
con, 273 et note 9; danse aux
fêtes données à cette occasion,
281; fait publier un pas d'ar-
mes, 283 et suiv.; le tient
avec douze compagnons à la
charme de Marsannay, 290
et suiv.; veille aux prépara-
tifs du pas, 291; se présente
pour jouter comme garde du
pas, 298, 299; détail de ses
diverses joutes, 301, 303-305;
autorise une nouvelle empri-
se, 324, 325; s'arrête avec ses
compagnons, en revenant du
pas, à l'hôpital du Saint-Es-
prit de Dijon et à l'église No-
tre-Dame de la même ville,
333, 334 note 2; ses armes,
ibid.; son procès à l'occasion
de la démolition des lices de
Marsannay, 293 note 1 ; joute
à Ghâlons, 60 et note 1 ; as-
siste comme chevalier de la
Toison d'or au chapitre de
Gand, II, 83 et note 3; son
mariage avec Marie, bâtarde
de Bourgogne, I, 284 note 2;
II, 112 et note 1 ; érection en
sa faveur de la baronnie de
Gharny en comté, ibid.; figu-
re au pas de la Fontaine de
Plours, 150 et note 2, 151 et
suiv.; assiste au conseil tenu
après la bataille de Gavre,
206
TABLE ANALYTIQUE
325, et à l'amende honorable
des Gantois, 331; son vœu du
faisan, 384 ; assiste à l'en-
trevue de Péronne, III, 84 et
note 1, et aux noces de Char-
les le Téméraire, 103, 104,
111; IV, 97.
Bauffremont (Jeanne de), sœur
de Pierre [Dunod, toc. cit.].
— Ses deux maris, II, 150
note 2.
Baume (Henri de). 1, 192 note 2.
Baume- tes- Dames. II, 319 note
et note 2, 320 note 1 ; III, 206
note 4.
Baume (Guillaume de la), sei-
gneur d'Irlains , chevalier,
conseiller et chambellan du
duc de Bourgogne et son am-
bassadeur auprèsdu duc d'Au-
triche, chevalier d'honneur
de la duchesse Marguerite,
chevalier de la Toison d'or
(1481), gouverneur des deux
Bourgognes, f août 1490 [La
Ghesn. II, 97; Gollut, 1100].
— Porte le pennon ducal aux
obsèques de Philippe le Bon
et d'Isabelle de Portugal, III,
59 et note 2 ; va au-devant de
l'archiduc Maximilien, 244.
Baume (Quentin de la), seigneur
du Mont-Saint-Sorlin, cosei-
gneur de Marbos, chambel-
lan du duc de Bourgogne [La
Ghesn. II, 97]. — Tué a Gran-
son, III, 209 et note 6.
Bausignies (le seigneur de). Voy.
Hornes.
Davay, capitale des Nerviens. I,
45 et note 1.
Bavière (Albert, duc de), comte
de Hainaut, Hollande, Zé-
lande, etc., beau-père de Jean
sans Peur, f 1404. — I, 84
note 5, 87.
Bavière (Albert III, le Pieux,
duc de), né en 1396, f 1er mars
1460. —III, 293 note 1.
Bavière (Bernard de). Voy. Ba-
vière (Bobert de).
Bavière (Christophe, duc de),
fils d'Albert III, f 1493. —
A la solde de l'empereur Fré-
déric dans son expédition
contre les Flamands, III,
293 et note 1, 296.
Bavière (Frédéric de), dit le
Victorieux, comte palatin et
électeur, né en 1425, f 12 dé-
cembre 1476. — III, 89 et
note 1, 112. Fait mine d'ai-
der son frère Bobert dans sa
querelle avec le chapitre de
Cologne, III, 98 et note 5.
C'est probablement lui à qui
Bertholet donne par erreur le
prénom de Louis, II, 333
note 1.
Bavière (Guillaume IV de),
comte de Hainaut, Hollande,
Zélande, etc., fils d'Albert,
f 31 mai 1417. — I, 279 no-
tes 1 et 2.
Bavière (Jean de), dit sans Pi-
tié, évêque de Liège en 1389,
marié en 1418 à Elisabeth de
Gorlitz, f 5 janvier 1421. —
I, 84 et note 5, 200 et note 1,
288 note 2.
Bavière (Louis (?), duc de). Sa
fille naturelle Jeanne épouse
Jean de Salins, I, 267 et
note 2.
Bavière (Louis IV, le Pieux,
duc de), comte et électeur pa-
latin, f 13 août 1449. — I,
258 note 4.
Bavière (Louis, duc de), dit le
Noir, de la branche de Deux-
Ponts, f 19 juillet 1489. —
Chargé par l'empereur Frédé-
ric IV de demander la main
de Marie de Bourgogne pour
son fils Maximilien, III, 242
et note 4.
Bavière (Otton II de), comte
palatin à Mosbach, f 7 avril
1499. — Accompagne l'em-
pereur Frédéric dans son ex-
pédition contre les Flamands,
III, 296 et note 4.
Bavière (Bobert de), évêque
de Strasbourg, puis arche-
DES MATIÈRES.
207
vêque - électeur de Cologne
en 1463, f 16 juillet 1480.
— III, 227. La Marche lui
donne par erreur le prénom
de Bernard, I, 136; demande
et obtient le secours de Char-
les le Téméraire contre le
chapitre de son église, ibid.;
III, 88, 89 et note 1, 98.
Bavière (Wolfgand, duc de),
frère de Christophe ci-dessus,
f 1514. — A la solde de l'em-
pereur Frédéric dans son ex-
pédition contre les Flamands,
III, 293 et note 1, 296.
Bavière (Jacques ou Jacqueline
de), comtesse de Hainaut, fille
de Guillaume, comte de Hai-
naut et de Hollande, et de Mar-
guerite de Bourgogne, mariée
trois fois, f 8 octobre 1436.
— Recherche l'alliance du
ducde Glocester, 1, 91 ; épouse
Franc de Borselle, 93; son
appointement avec Philippe
le Bon qui lui succède dans
ses états, ibid.; débats au
sujet de sa succession, 279 et
note 1.
Bavière (Jeanne, bâtarde de),
fille du duc Louis [Guill. II,
3e part. 86]. — Epouse Jean
de Salins, l, 267 et notes 2, 3.
Bavière (maison de). Voyez
Louis. — (Marguerite de).
Voy. Bourgogne. — (armes
de). I, 88. — (princes de). H,
399.
Bayeux. II, 208 note 1.
Béarn (Bernard de), bâtard et
sénéchal de Foix, fils naturel
de Jean, comte de Foix, ma-
rié à la fille unique d'Arnaud,
vicomte de Lavedan [ La
Chesn. II, 131]. — Lève l'em-
prise du seigneur de Haut-
bourdin, II, 119 note 1 ; em-
pêché par la maladie de se
rendre au pas de la Pèlerine,
123 ; joute à Bruges contre le
même seigneur, 129 et suiv.;
ses armes, 130 et note 2.
Béarn. II, 119 note 1.
Béatrix de Portugal, reine de
Castille, femme du roi Jean
I" (mai 1383). — I, 107 et
note 6, 109.
Beauce. III, 19.
Beauchamp (Richard) , évêque
de Salisbury, chancelier de
l'ordre de la Jarretière, -J- 1481 .
— Négocie le mariage du duc
Charles avec Marguerite
d'York, 111,75 et note 3, 101;
le bénit au Dan, 104, 105;
IV, 98; assiste à l'entrée de
cette princesse à Bruges, 111,
112 et note 2.
Beauchamp ( le seigneur de ).
Voy. Rolin.
Bbaufort (Edmond Ier), comte
de Mortain, marquis de Dor-
set, duc de Sommerset en
1448, connétable d'Angleter-
re, f 22 mai 1455 [Beauc.
465]. — Ses débats avec le
duc d'York pour le gouver-
nement de l'Angleterre, II,
209 et note 2.
Beaufort (Edmond II), duc de
Sommerset, f 1471. — Tué
après la bataille de Tewksbu-
ry, III, 70 et note 4.
Beaufort (Henri), évêque de
Lincoln et de Winchester,
chancelier d'Angleterre, car-
dinal du titre de Saint-Eu-
sèbe (1426), f 11 avril 1447.
— Ambassadeur du roi d'An-
gleterre à l'assemblée d'Ar-
ras, I, 204 et note 6.
Beaufort (Jean), duc de Som-
merset, f 31 mars 1448. —
II, 87.
Beaufort, Belfort. III, 206 notei.
Beaugrant (madame de), naine
de Mlle de Bourgogne, figure
aux fêtes de Bruges, III, 135.
Beaujeu (le seigneur, le baron
de). Voy. Bourbon (Philippe
et Pierre de).
Beaujeu (Anne de France, da-
me de), fille de Louis XI,
mariée en 1474 à Pierre de
208
TABLE ANALYTIQUE
Bourbon, sire de Beaujeu,
f novembre 1522. — Sa nais-
sance, II, 412 et note 5;
son mariage projeté avec le
comte de Charolais, III, 27
et note 1, 28, 30, 32; rompu,
35; épouse le sire de Beau-
jeu, ibid. et note 1 ; gouverne
le royaume, 264 et note 3; re-
çoit Marguerite d'Autriche à
son arrivée à Hesdin, 262.
Beaujeu (baronnie de), donnée
en apanage à Pierre de Bour-
bon, II, 54 note 2.
Beaujolais. I, 96.
Beaulieu ( forteresse de ). III,
220.
Beaulté. III, 22, 23.
Beaumont (Jaquemin de), sou-
doyer du damoiseau de Com-
mercy. II, 29, 43. S'em-
pare de "Villy et y est assiégé,
II, 15 et suiv.; prend et pille
Montmédy, 20 ; s'échappe de
Villy, 31 ; fait deux prison-
niers dans une embuscade,
32, 33.
Beaumont (Louis de). II, 275
note 1.
Beaumont (ville et seigneurie
de). II, 333 note.
Beaune. I, 247 note. Refuse
d'ouvrir ses portes au duc
pendant la guerre des Ecor-
cheurs, I, 246 note 1; hor-
loge de Dinant envoyée à — ,
III, 45 note 3 ; vin de —, III,
115.
Beauquesne (prévôté de Feulloy
et). III, 223.
Beaurevoir. III, 223. Pris par le
duc, I, 133. —(camp de). III,
80 note 4.
Beauvais (siège de). I, 133; LU,
77 et note 4.
Beauvoir (Jean, seigneur de)
et de Caumainil, chevalier,
échanson, puis conseiller et
chambellan du duc de Bour-
gogne, était mort en 1473
[Beauc. 467].— II, 302 note 3.
Beauvoisis. III, 222. Transporté
à Charles le Téméraire, III,
29 note.
Bebemberg (Georges de), assiste
à la journée de Florenge, II,
23 note 3.
Bec-Grespin (Antoine du), ar-
chevêque de Narbonne (1460-
1472). — Fait partie d'une
ambassade envoyée par Louis
XI au duc de Bourgogne, III,
4 et notes 2, 4.
Behaignons, Bohémiens. I, 274 ;
II, 113. Défendent Luxem-
bourg et Thionville, II, 17;
leur capitulation, 45.
Belden ( Guillaume ), écuyer.
III, 90 note 2.
Belgiens. I, 47.
Belgius. I, 119.
Belledent (Jacot), clerc de l'ar-
tillerie du duc de Bourgogne.
I, 95 note 1.
Belleforière i Perceval , sei-
gneur de) et d'Ittre, cheva-
lier, conseiller et chambellan
de Charles le Téméraire et de
Maximilien, teste en 1475
[Beauc. 467]. — Combat à
Audenarde, II, 239 et note 1.
Bellemotte, près Arras. II, 68.
Belleval (Couraud ou Conrad
de), gentilhomme allemand,
joute au pas de Marsannay,
X. o I 1 f o l £•
Belleville (siège de). I, 96 et
note 5, 97 et notes 3, 4.
Belvédère (villa du). LT, 350
note 2.
Benoit XIII (Pierre de Lune),
pape, f 1424. — 1,192 note 2.
Bensdorff (Jean de), maréchal
de Luxembourg, assiste à la
ratification du traité d'Hes-
din, II, 6 note.
Benthun (Guy de), porte-éten-
dard du comte de Saint-Pol,
se distingue au combat de
Basele, U, 262.
Bercy. ffl, 23 note 2.
Berg-op-Zoom. 111,287 note\.
Berghes (Henri de), docteur es
droits , notaire apostolique,
DES MATIERES.
209
chancelier de la Toison d'or,
évêque de Cambrai en 1480,
f 1502 [Boull. 90]. -Chargé
de parlementer avec les Lié-
geois, III, 285 et note 2.
Berghes (Jean de), seigneur de
"Walhain, chevalier de la Toi-
son d'or en 1481 , f 20 janvier
1531 [Boull. 91]. — L'un des
négociateurs du traité d'Ar-
ras en 1482, III, 262 note 5 ;
accompagne Maximilien à la
prise de Termonde, 267;
chargé avec Baudoin de Lan-
noy de conduire le jeune ar-
chiduc à Bruxelles, 285.
Bergues ou Berghes (Philippe
de) [La Barre, a, 361]. —
Figure au ravitaillement de
Lintz, III, 93, 94.
Bergues (Mgr de). Voy. Glimes.
Bergues {Wle de), envoyée au-
devant de Marguerite d'York,
IV, 97.
Bergues-sur-le-Soin. II, 80.
Berjoud (Aymé), procureur fis-
cal au bailliage de Dijon
(1458) et au parlement de
Bourgogne (1462) [Arm. comp-
tes, 384]. — 1, 293 note 1.
Bernard (Etienne), dit Moreau,
conseiller de Charles VII et
son ambassadeur à l'assem-
blée d'Arras, I, 208, 209.
Bernard (Guy), archidiacre de
Tours, maître des requêtes de
l'hôtel. II, 275 note 1.
Berne (communauté de). III,
226. — (habitants de), invités
à servir le comte de Gharo-
lais, III, 9 noie 1. — (musée
de). I, 54 note 3. — (ville de).
II, 397 note 2.
Berry (le duc de). Voy. France
(Charles et Jean de). — (Ma-
rie de). Voy. Bourbon.
Berry. I, 201, 203.
Bersabée. I, 111 et note 5.
Bersat (Robert de), prépare
l'escalade de Luxembourg,
II, 35, 36.
BERTRANDON.Voy.BROQUIÈRE(la).
IV
Besançon (archevêques de). Voy.
Flavigny (Quentin de) et Tour
(Guillaume de la).
Besancon. I, 192 note 2, 193
note; II, 397 note 2; III, 206
note 4, 207 note, 238 note 1.
Joutes à — , I, 267 et note 3 ;
entrevue à — du roi des Ro-
mains Frédéric et de Phi-
lippe le Bon, 270 et suiv.
Béthune. I, 102 note; IV, 109.
— (terre et seigneurie de). I,
8, 9 note 1 ; III, 133. Cédées
au comte de Gharolais, II,
414 note 3.
Beures ou Bèvres (Marie de la
Vie ville, dame de), femme,
en 1459, du bâtard Antoine,
seigneur de Beveren ou Bè-
vres. — Assiste au banquet
de Lille, II, 355 et note 5.
Beveren, aliàs Beures ou Bè-
vres (le seigneur de). Voy.
Bourgogne.
Beveren (terre de), donnée au
bâtard Corneille, passe après
sa mort à son frère Antoine,
II, 270 note 3.
Biervliet, BerviUier. I, 170 et
note 1 ; III, 273 et note 2.
Billecocq (N.), écuyer, joute à
Bruges, III, 199, 200.
Binchois, musicien de la cour
de Bourgogne. II, 351 note 1.
Bische, Biche ou Bisse (Guil-
laume), « pauvre valeton »
du pays de Champagne, d'a-
près Du Clercq, natif de Mou-
lins-Engilbert, suivant d'au-
tres auteurs, élevé par la
faveur du comte de Charo-
lais, qui le fit son premier
maître d'hôtel; seigneur de
Cléry, conseiller et chambel-
lan du roi, gouverneur de
Péronne en 1478 [Du Clercq,
1. III, ch. xxvi ; Boull. 66;
Bar.-Gach. II, 604 note 1 • La
Barre, b, 273; Comm.-Dup.
III, 478]. - II, 423; III, 31,
223 et note 3. Renvoyé de
l'hôtel du comte de Charo-
14
210
TABLE ANALYTIQUE
lais, II, 420; se relire à Pa-
ris où il prend beaucoup de
crédit, ibid.; figure aux fêtes
de Bruges, III, 121 ; livre Pé-
ronne à Louis XI, II, 420
note 1.
Bladelin (Pierre), dit Lestma-
kere, conseiller, maître d'hô-
tel du duc, trésorier de la
Toison d'or ; donne quittance
le 6 mars 1451 de six queues
de vin dont le duc lui avait
fait cadeau pour ses bons ser-
vices [Gomm.-Dup. III, 256;
Peinc. XXIII, 742; Arch.
Gôte-d'Or, B. 383]. — Assiste
au chapitre de Gand, II, 85
et note 2.
Blaisy (Alexandre, seigneur
de), Ghaudenay et Thoisy-la-
Berchère, marié le 7 novem-
bre 1404 à Catherine de Bour-
gogne-Montagu , était mort
en 1424 [Moréri, art. Bour-
gogne; Palliot, Mém. I, 707,
796]. — II, 182 note 1.
Blaisy (Claude Ier de), seigneur
en partie de Brognon et Saint-
Julien, fils d'Alexandre, ma-
rié vers 1448 à Jeanne de
Granson, était mort en 1461
[Palliot, Mém. I, 225, 768,
796 ; Peinc. VII, 171; XVIII,
622; XXVII, 410]. — II, 182
note 1.
Blaisy (Claude II de), baron de
Couches, comte d'Arnay, sei-
gneur de Blaisy, etc., fils de
Claude Ier, marié en 1486 à
Louise de la Tour, f 1503
[Ans. IV, 530; Peinc. VII,
122; VIII, 126; XVIII, 622].
— Figure très jeune au pas
de la Fontaine de Plours, II,
182 et note 1.
Blaisy (Guillaume de), frère du
précédent, figure avec lui au
pas de la Fontaine de Plours,
II, 182 et noie 1.
Blamont (le sire de). Voy. Neuf-
chatel (Thibaut de).
Blanc (Jean le). I, 274 note 1.
Blanc -Estrain, aliàs Blans-
troem (le bâtard de), nommé
capitaine de la Verde-Tente,
II, 286 ; prend Hulst et Axel,
ibid. et notes 4 et 5 ; repoussé
à Alost, ibid.; blessé, 303
note 3.
Blanche de Navarre, reine
d'Aragon, femme du roi Jean
II, f 1« avril 1441. — II,
137 note.
Blanche de Navarre, reine de
France, 2e femme de Philippe
de Valois, f 5 octobre 1398.
— I, 68 et note 5.
Blanche (personnage de la da-
me). III, 161 et suiv.
Blancs chaperons (faction des).
II, 221, 222.
Blangy. III, 79 note 2.
Blioul (Laurent du), seigneur
du Sart, greffier de la Toison
d'or. IV, 161 note 1, 170 note
I, 188 note.
Blois (N.). I, 238.
Blosset (Etienne) , évèque de
Lisieux, f 1505. — III, 34
note 4.
Blosset (Jean de), accompagne
le duc de Berry en Bretagne,
III, 34.
Bocquam (le sire de). Voy. Bouc-
QUAM et BûRSELLE.
Bocqueaux (le seigneur de), en-
voyé en ambassade aux Gan-
tois après la bataille de Gavre,
II, 327 note 1.
Boetslaer (le seigneur de). II,
271 note 4.
Bohain. I, 134.
Bohême (roi de). — Voy. Ladis-
las I, Ladislas II. — (Bonne
de). Voy. Bonne.
Bohème. I, 289, 290; II, 2 note 2.
Occupée par les Vandales, I,
47. — (royaume de), usurpé
par le roi Mathias, I, 26, 27.
Boilleaue (Jean), clerc. I, 243
note 2.
Bois (Jean du), écuyer picard,
prend part à l'expédition du
Luxembourg, II, 12.
DES MATIERES.
211
Bois (Jean du ou de), lieutenant
du capitaine du château de
Gavre, s'échappe avec lui de
cette place, II, 313 et note 3.
Le même que Jean de Vos,
Ost ou Fox, d'après Du Clercq.
Voy. Fox.
Bois ou du Boz (Jean du), sei-
gneur du Bois, Hannekin,
Vermelles, etc., chevalier,
bailli de Cassel, conseiller et
chambellan du duc de Bour-
gogne, était mort en 1496
[Beauc 469]. — Joute à Di-
jon, I, 286; figure au pas de
la Pèlerine, II, 121 ; chevalier
à Audenarde, 238 et note 3,
239 ; blessé au siège de Schen-
delbecke, 307; son vœu du
faisan, 391 et note 2.
Bois-Bailly (Josselin du), ma-
réchal des logis de Louis XI
[Bar.-Gach. II, 222]. — An-
nonce à Philippe le Bon la
naissance du fils aîné du dau-
phin, II, 412.
Bois-le-Duc. III, 287 note 1, 298;
IV, 109. Chapitre de la Toi-
son tenu à —, IV, 146 et
suiv.; église collégiale de — ,
150.
Dois- Sainte-Marie (terre de). II,
134 note 1.
Bolant (Guillaume de). II, 50
note 1 .
Bon-Espoir (chapelle de), à No-
tre-Dame de Dijon. I, 334
note 2.
Bonard ( Claude de ) , grand
écuyer du roi de Castille. III,
266 note.
Bonaventure (saint). I, 177.
Bonféal (Pierre), conseiller aux
conseils du duc, avocat du roi
au bailliage de Dijon et au
parlement de Bourgogne, ma-
rié en 1461 [Palliot, Pari.
331; Arm. comptes, 358]. —
III, 71 note 3.
Bonin, Bouin ou Bovin (Antoine
ou Gilles), chef des Gantois
dans leur révolte de 1452, II,
213 et note 2, 281 et note 3.
Bonne de Bohême, reine de
France, première femme du
roi Jean le Bon, -j- Il sep-
tembre 1349. — I, 69 et note'i.
Bonniface (Jean de), gentil-
homme de la maison du duc
de Milan [Beauc. 469]. — II,
104. Le duc l'autorise à lever
une emprise, II, 81 ; assiste à
la fête de la Toison d'or à
Gand, 94 ; y joute contre Jac-
ques de Lalaing, 96 et suiv.;
touche les targes blanche et
noire au pas de la Fontaine
de Plours, 154; détail de ses
joutes, 155 et suiv.; gagne le
prix des courses de lance, 201 .
Boone (Liévin), justicier ou hof-
man des Gantois en novem-
bre 1451 [Bar.-Gach. II, 88
note 6; Beauc 469]. — Son
élection, II, 228 ; entraîne les
Gantois au siège d Audenarde,
ibid. et note 3,229; décapité,
228 note 1.
Boos. I, 111 et note 5.
Bordeaux. III, 6 note, 318.
Bordelais. II, 274.
Borluut (Simon). II, 329 note 1.
Bornel (Alardin). Voy. Bour-
nel.
Borselle (Adrien de), seigneur
de Bredam, chevalier, marié
en deuxièmes noces à Anne,
fille bâtarde de Philippe le
Bon (Boull. 80; Ans. VII,
106]. — Se fait remarquer
par son luxe aux noces de
Charles le Téméraire et meurt
peu après, III, 108.
Borselle (Frank ou François
de), comte d'Ostrevant, che-
valier, conseiller et chambel-
lan du roi, gouverneur de
Hollande, Zélande et West-
frise, etc. [Beauc 470; Gol-
lut, 1092 eXnotc 1]. — Epouse
Jacqueline de Bavière, I, 93;
fait chevalier de la Toison
d'or au chapitre de Gand, II,
84 et note 9, 95 et note 1.
%\%
TABLE ANALYTIQUE
Borselle (Henri de), seigneur
de la Vère, comte de Grand-
pré, chevalier à la bataille de
Zuyricsee (1425), chevalier de
la Toison d'or, conseiller et
chambellan du roi, f 17 fé-
vrier 1471 [Beauc. 470]. —
n, 207 note 3. Elu chevalier
de la Toison d'or au chapitre
de Gand, II, 94 et note 2, 95
note 1 ; conduit Marie de Guel-
dres en Ecosse, 118 note 1;
chargé avec le seigneur de
Bréda de lever le contingent
hollandais pour la guerre con-
tre les Gantois, 224; l'amène
au duc, 271 et note 1 ; figure à
l'entrée de Marguerite d' Yorck
à Bruges, III, 111; commande
l'armée envoyée contre le duc
de Glarence/69.
Borselle (Wolfart de), comte
de Boucquam et de Grandpré,
seigneur de la Vère après
son père Henri, maréchal de
France (1464), chevalier de la
Toison d'or, conseiller et
chambellan du roi, etc., f
1487 [Beauc. 470]. — II, 207
note 3, III, 224 et note 3, 252
note 6. Son premier mariage
avec Marie. d'Ecosse, II, 94
note 2, 95 et note ; joute à
Bruxelles, 216; danse au ban-
quet de Lille, 378 et note 1 ;
membre du conseil de régence
nommé par les Gantois, 111,261
note 2 ; représenté au chapitre
de Bois-le-Duc, IV, 151,
152.
Boschuysen (Floris de), prévôt
d'Yvoy. II, 5 note 2.
Bosquehuse, Boschuse (Jean de),
sommelier de corps du duc
de Bourgogne, marié à Mar-
guerite de Bourgogne, fille
naturelle de Jean, évêque de
Cambrai, f vers 1485 (Boull.
60; Comm.-Dup. I, 150]. —
Prend part à la défense d'A-
lost, II, 287; négocie l'entre-
vue de Péronne, III, 81.
Bosquiel (Colette de). II, 407
note 2.
Bosworth (combat de). III, 111
note 6.
Botelare (Evrard van), décapité,
II, 228 note 1.
Bouchain, pris par Louis XI, 1,
159.
Bouchoute. II, 258 note 6.
Bouclans (seigneurie de). II, 117
note 1.
Boucq (Jacques le). I, 267
note 3.
Boucquam (le comte de). Voy.
Borselle.
Boucquam (Charlotte de Bour-
bon, comtesse de), 2e femme
de Wolfart de Borselle (17 juin
1468). — Assiste au baptême
de Philippe le Beau, HI, 252
et note 6.
Boucquam (Marie d'Ecosse, com-
tesse de), lre femme de Wol-
fart de Borselle. — Son ma-
riage, II, 95 et note ; accouche
d'un fils que le comte de Cha-
rolais tient sur les fonts, 207
et note 3.
Boudaut (Jean), écuyer, sei-
gneur de Marcilly et du Breul
en Morvan, écuyer d'écurie
du duc de Bourgogne, gruyer
et bailli de Château-Chinon en
1461 ; en 1476 le roi lui donne
et à sa femme Antoinette la
terre de Cou langes-sur- Yonne,
pour en jouir comme au
temps des ducs Philippe et
Charles [Beauc 470; Peinc
XVI, 226; XXV, 379]. —
II, 379. Chargé avec le sei-
gneur de Lannoy des pré-
paratifs du banquet de Lille,
II, 339; La Marche lui sou-
met le récit de ce banquet,
380 ; négocie la cession de
Chàteau-Chinon, 397.
Boudin (Gilles ou Pierre). Voy.
Baudfn.
Bouesseau (Thomas), secrétaire
du duc et trésorier de ses
chartes à Dijon (1431), f 1446
DES MATIERES.
213
[Arm. comptes, 441]. — II,
7 note.
Boulay (Jean de), seigneur de
Soleuvre, Beaurepaire, Dude-
langes, marié à Marguerite
d'Autel [Ans. VIII, 352]. —
Prend parti pour le duc de
Bourgogne, II, 14 et note 2,
48; aide ses officiers à main-
tenir le Luxembourg en son
obéissance, 302.
Boulenois, I, 132. — (mer de).
III, 224.
Boulogne (Jeanne de). "Voy.
Jeanne.
Boulogne (Jean de), peintre et
valet de chambre du duc de
Bourgogne. II, 112 note, 119
note, 231 note 3, 369 note 2.
Boulogne (Marie de), femme de
Fernand de Portugal et mère
d'Henri, roi de Portugal. —
I, 38. Personnage imaginaire.
La Marche a probablement
fait confusion avec Alphonse
III, qui épousa en 1235 Ma-
haut de Dammartin, fille uni-
que de Benaud, comte de
Dammartin, etd'Ide, comtesse
de Boulogne; resté veuf, Al-
phonse III épousa en secondes
noces une bâtarde de Gastille,
dont vint un fils Denis et non
Henri qui fut roi de Portugal
après son père.
Boulogne-sur- Mer. I, 8, 9 note 1,
154; II, 332; III, 207 note 2,
254 note, 256 note 1 ; IV, 109,
149. — (comté de), cédé tem-
porairement au duc de Bour-
gogne par le traité d'Arras,
I, 227.
Bourbon (Aimon Ier, sire de), fils
de Gui. 1, 149. — La Marche
lui donne par erreur le prénom
de Geoffroy.
Bourbon (Alexandre, bâtard de),
fils du duc Jean Ier, noyé par
exécution en 1440. — Capi-
taine d'Ecorcheurs, I, 244 et
notes 1 et 8.
Bourhon (Anseau de), fils d'Ai-
mon, donne son nom à la
baronnie de Bourbon-Lancy,
I, 149.
Bourbon (Archambault Ier, sire
de), fils d'Aimon (959), donne
son nom à la baronnie de
Bourbon -l'Archambault, I,
149.
Bourbon (Charles I«r, duc de) et
d'Auvergne, comte de Gler-
mont, etc., grand chambrier
de France, f 4 décembre 1456.
— I, 96, 97 note 4, 146, 150,
153, 211 note\, 227,228,235,
246 note; II, 54 note 2, 56
note 7, 208 note 1, 209 note 5;
III, 42 note 1. — Epouse
Agnès de Bourgogne, I, 96 et
note 4, 153; ambassadeur du
roi de France à l'assemblée
d'Arras, 204, 208, 209 ; assiste
à l'assemblée de Nevers, 250;
visite le duc de Bourgogne à
Ghalon, 252 ; l'assiste au dé-
bat du procès de Jacques de
Chabannes contre le sire de
Pesmes, ibid. et suiv.; son
éloge, 254; quitte Ghalon,
257 et note 2 ; ses deux séjours
dans cette ville, 266 note 2;
vient trouver le duc Philippe
à Dijon, 267; assiste (ou son
fils Jean) à l'entrevue de Châ-
lons, II, 56 et note 2; sa fille
Isabelle demandée en mariage
pour le fils du comte de Saint-
Pol, 395, et peu après fiancée
à son insu au comte de Cha-
rolais, 396; instructions par
lui données pour ce mariage,
401 note 2; promet en dot à
sa fille la seigneurie de Châ-
teau-Chinon et cherche vai-
nement à se dégager de cette
promesse, I, 154; II, 396 et
note 3.
Bourbon (Geoffroy de). Voy.
Bourbon (Aimon Ier de).
Bourbon (Jacques II de), comte
de la Marche et de Castres,
grand chambrier de France,
régent et roi de Naples, mort
214
TABLE ANALYTIQUE
cordelier à Besancon, le
24 septembre 1438. — I, 193
note. Epouse Jeanne de Duras,
reine de Naples, I, 190 et
note 1; ses démêlés avec sa
femme qui le relient prison-
nier au château de l'Œuf,
191 et note 1 ; s'échappe de
prison, 192; prend l'habit de
saint François, 193; Bon entrée
à Pontarlier, d'où il se rend
à Besancon, 193 et suiv.
Bourbon (Jacques de), chevalier
de Saint-Michel et de la Toi-
son d'or (1468), lils de Char-
les Ier, f 22 mai 1 168. —
Soupe avec le duc de Bour-
gogne, 111, i note i ; prend
part a la guerre du Bien pu-
blic, I, 124.
Bourbon (Jacques de), chevalier
de Rhodes, grand prieur de
France, fils bâtard de Louis,
évoque de Liège, -,'■ 27 sep-
tembre 1527. — Sert le sei-
gneur île Ternanl au pas de
PArbre d'or, IV, 135. — La
Marche lui donne par erreur
le prénom de Jean.
Bourbon (Jean h p, dm- de), ne
en 1381, y janvier 1434. —
1, ir.3.
Bourbon (Jean II le lion, due
de) et d'Auvergne, fils aine
du duc Charles l,r, connétable
et grand chaïuhi ier de France,
Y ïtr avril 1 188. — Séjourne
avec ses parents vers le dur
Philippe a Dijon, I. 267; as-
siste 'ou son père Charles) à
l'assemblée de Châlons, II,
56 et note 0 ; vainqueur tlos
Anglais à Formigny, 209 et
5 : reçu par le comte de
Charolais * à Gand, III, 3
note 3; soupe avec le due
Philippe, i note i; prend part
à la ligue du Bien public, I,
124; 111, 7 et note \. 8 et
note 3; signe le traite de Saiut-
Maur, -,".i note; rentre dans
les bonnes grâces du roi, 32;
donation à lui faite du comté
de Bourgogne et de la sei-
gneurie de Salins, confisqués
sur Charles le Téméraire,
229 note 1 ; visite Charles VI 11
à Beaugency, 264 et note 1.
Bourbon (Jean Ier de), comte de
la Marche et de Vendôme,
père de Jacques, roi de Na-
ples, f 11 juin 1393. — III,
1S1 note.
Bourbon (Jean VII de), comte
de Vendôme en 14G6, f G jan-
vier 1478. - III, 180, 181 et
note. Prisonnière Montlhéry,
111. 16 note 4.
Bourbon (Louis Ier le Grand,
créé duc de) eu 1327, f jan-
vier 1342. — Affligé de la
goutte, I, 180.
Bourbon (Louis II le Bon, duc
de) en 1356, y 19 août 1410.
— La Marche lui donne à tort
pour femme une comtesse
d'Armagnac, I, 153.
Bourbon (Louis de), comte de
Vendôme et de Chartres,
grand chambellan et grand
maître de France, lieutenant
du roi en Picardie, Champa-
gne et Une. etc., y 21 dé-
cembre 1446. — I, 235. Am-
bassadeur du roi de France à
l'assemblée d'Arras, I, 204,
208, 209; assiste a l'assemblée
de Nevere, ;'•"><».
Bourbon i Louis de) le Bon,
comte de Montpensier, de
Clermoui et de Bancerre, dau-
phin d'Auvergne, etc., f mai
i486. — II, 208 note I.
Bourbon .Louis de), évéque de
Liège en 1455, lils du duc
Charles [<*, y 1 î S J . — III,
7 note i. '.il. 227. Fai1 prison-
nier à Tongres par les Lié-
geois, 1, 10'.»; CEI, 82 et note 2;
rétabli sur son siège par son
COUSin le due Charles, 1, 129;
nouvelle révolte d(>s Liégeois
contre lui, 175; assassiné,
17.") note 1.
DES MATIERES.
215
Bourbon (Louis, bâtard de), fils
du duc Charles Ier, comte de
Roussillon, amiral de France
en 1466, f 19 janvier 1486.
— Kl, 223 et note 1.
Bourbon (Mile de), sert les sei-
gneurs de Ternant et de Ga-
rencv au pas de l'Arbre d'or,
IV, 135.
Bourbon (Philippe de), seigneur
et baron de Beaujeu, second fils
du duc Charles Ier, mort jeune.
— Assiste à l'entrevue de
Chalon-sur-Saône, I, 258 et
note 2; suit le duc Philippe
dans son expédition du Lu-
xembourg, II, 12; accompa-
gne la duchesse à Chàlons,
54 et note 2; assiste aux jou-
tes d'Arras, 68, 69, et à celles
de Bruges, 124 et note 3.
Bourbon (Philippe de), seigneur
de Duisant, frère de Pierre,
seigneur de Carency; vivait
encore en 1477. — ' Assiste
son frère au pas de l'Arbre
d'or, IV, 135.
Bourbon (Pierre Ier, duc de) en
1342, f 19 septembre 1356.
— I, 153.
Bourbon (Pierre II de), sire de
Beaujeu, puis duc de Bour-
bon à la mort de son frère
Jean II, f 8 octobre 1503. —
II, 54 noie 2; III, 222. Accom-
pagne le duc de Berry en
Bretagne, III, 34 et note 1;
rentre en France avec 01. de
la Marche, ibid.; épouse Anne
de France, 35 et note 1 ; près
du roi à Beaugency, 264 et
note 3.
Bourbon (Pierre de), seigneur
de Carency, fils de Jean, aussi
seigneur de Carency, et de
Jeanne Vendômois, f après
1493. — Joute au pas de l'Ar-
bre d'or, III, 180 et note 1,
181; IV, 135.
Bourbon (Agnès de Bourgogne,
duchesse de), fille de Jean
sans Peur, mariée en 1425 au
duc Charles Ier de Bourbon,
■f 1er décembre 1476. — I, 96
et note A, 97, 146, 153; 11,54
note 2, 56 note 7, 401 note 2.
Accompagne son mari à l'as-
semblée de Nevers, I, 250 et
note 4; vient avec lui visiter
le duc Philippe à Dijon, 267
et note 1 ; rejoint le duc à
Lille et soupe avec lui, III, 4
notes r 1 et 4; son séjour pro-
longé à la cour de ce prince,
41, 42 et note 1.
Bourbon (Anne, de France, du-
chesse de). Voy. Beaujeu.
Bourbon (Béatrix, dame de),
femme de Robert de France,
comte de Clermont et sire de
Bourbon, f 1" octobre 1310.
— Héritière de la baronnic
de Bourbon, 1, 149. — La Mar-
che lui donne par erreur le
prénom de Louise.
Bourbon (Isabelle de Valois,
duchesse de), femme du duc
Pierre I", f 26 juillet 1383.
— I, 153.
Bourbon (Isabelle de), religieuse
Clarisse. I, 193 note.
Bourbon (Marguerite de), femme
de Rodrigue de Villandrando.
I, 244 note 5.
Bourbon (Marie de Berry, du-
chesse de), femme du duc
Jean I", -j- jum 1434. __ t}
153.
Bourbon (Catherine de). Voy.
Gueldres. — (Charlotte de).
Voy. Boucquam. — (Isabelle
de). Voy. Charo^ais. — (Jean-
ne de ). Voy. Arguel. —
(Louise de). Voy. Bourbon
(Béatrix de).— (Màrgueritede)
Voy. Savoie. — (Marie de).
Voy. Calabre. — (armes de .
I, 152, 153; III, 181. — (mai-
son de). I, 97, 147, 148, 150.
— (origine des ducs de). I,
152.
Bourbon (baronnie de), érigée
en duché en 1327 par le roi
Charles IV et non par saint.
216
TABLE ANALYTIQUE
Louis, comme le dit La Mar-
che. I, 150. — (origine du
nom de). I, 148.
Bourbon (tournoi dans la salle
de), à Paris. II, 426.
Bourbon- Lancy. I, 149; II, 426
note 4.
Bourbon-VArchambault. I, 149.
Bourbonnais. I, 148.
Bourbourg. III, 166.
Bourgeois (Philipot), écuyer
nivernais, porte l'étendard du
comte d'Etampes au combat
de Nevele, II, 256.
Bourgogne (Antoine de), duc
de Brabant en 1405, f 25 oc-
tobre 1415. — I, 288 note 2;
II, 2 note 2, 266 note 4.
Bourgogne (Antoine, bâtard de),
dit le grand bâtard, seigneur
de Beures, Bèvres ou Beve-
ren, chevalier de la Toison
d'or en 1456, fils du duc Phi-
lippe et de Jeanne de Presle,
f 1504. - II, 299; III, 39
note 1,109, 280 note 1; IV, 99,
100, 130, 142, 148, 149. As-
siste à l'entrée du duc son
père à Bruxelles, II, 51 ; em-
mené par lui en Luxembourg,
207; chevalier à Audenarde,
où il commandait l'avant-
garde, 236, 237 ; escarmouche
devant Gand, 245; son ensei-
gne engagée au combat de
Nevele, 254, 256; commande
l'arrière-gardeà Rupelmoncle,
avec le comte d'Etampes, 268 ;
regrets que lui cause la mort
de son frère Corneille, 270;
lui succède dans ses terres et
dans le titre de grand bâtard,
ibid. et note 3 ; son expédition
au pays des Quatre-Métiers,
279 et note 2; tient garnison
à Termonde pendant la trêve,
282; repoussé dans une course
sous les murs de Gand, 288,
289; attire Jean Fallot au
parti du duc, 292; ses succès
contre les Gantois, 293 et
suiv.; prend part au siège de
Poucques, 309; combat à Ga-
vre, 317; assiste à l'amende
honorable des Gantois, 331 ;
sert Adolphe de Clèves aux
joutes du banquet de Lille,
345 ; y joute lui-même, 347 ;
sa place au banquet, 355 ; au-
tre joute où il gagne le prix
de dedans, 380 ; son vœu du
faisan , 383 ; mène grande
fête à Lille lors du 2e mariage
du comte de Charolais, 401
et note 1 ; prend part à la
guerre du Bien public, 1, 124 ;
commande la troisième ba-
taille à Montlhéry, III, 9
note 2; son expédition contre
les Sarrazins, I, 104; III, 35
et suiv.; fait lever le siège de
Ceuta, 39 ; rentre à Marseille,
40; rejoint son père malade
qui lui donne le comté de la
Roche, ibid.; obtient du duc
l'autorisation de jouter contre
le comte de Scalles, 41; prend
part au siège de Binant, 48;
son emprise en Angleterre,
I, 104; III, 48 et suiv.; ap-
prend la mort de son père,
55 ; revient à Bruges, 56 note,
57 ; figure à l'entrée de Mar-
guerite d'York dans cette
ville, 111 et note 2; chef d'une
des chambres de festin aux
noces de cette princesse, 117 ;
tient le pas de l'Arbre d'or,
123 et suiv.; IV, 108 et suiv.;
sa première entrée dans la
lice, III, 131; gagne la verge
d'or, 132; suite de ses joutes,
139 et suiv.; IV, 116 et suiv.;
ne joute pas contre le seigneur
de Scalles dont il était frère
d'armes, III, 172; blessé au
genou, ce qui l'empêche de
continuer son emprise, 173,
IV, 139; assiste à la joute du
duc, III, 188.
Bourgogne (Baudoin, bâtard de),
fils du duc Philippe et de Ca-
therine de Tipsferies, f 1505.
— Accompagne son frère An-
DES MATIERES.
217
toine dans son expédition
contre les infidèles, III, 36 et
note 1; va saluer Marguerite
d'York au Dan, 106 et note 7;
joute au pas de l'Arbre d'or,
163; IV, 128; y sert le duc,
138; exclu de la trêve de So-
leuvre, III, 221 et note 2.
Bourgogne (Charles le Témé-
raire, comte de Gharolais,
puis duc de) en 1467, f 5 jan-
vier 1477. — I, 11 note, 54
note 3, 105, 106, 127, 129 et
note 1, 144, 145, 188; II, 85,
86, 112 note, 118, 146, 164
note 1, 199 note 3, 213, 243,
245, 249, 258, 259, 300 note 2,
324, 326, 331,380 note 1, 397
et note; III, 3 note 4, 14 note
1, 21, 40 note, 88 note 1,
98, 116, 117, 151, 242, 248
note 3, 249 note, 305; IV, 33,
38, 70, 82, 83, 86, 88, 100,
101, 149, 150, 154, 157, 158,
160, 167, 168. Son histoire
abrégée, I, 121 et suiv.; son
père se rendant en Bourgogne
le laisse à Bruxelles, 248; la
duchesse Isabelle l'y rejoint
au début de la campagne du
Luxembourg, II, 14; reçoit
son père à son entrée à Bru-
xelles, 51 ; assiste à la joute
du seigneur de Ternant à
Arras, 68, au chapitre de la
Toison d'or tenu à Gand en
1445, 83, 94, et à la joute qui
suivit, 96; se rend au pas de
la Pèlerine, 121 ; fait bon ac-
cueil aux infants de Portugal,
136, 211 ; parrain d'un fils de
la comtesse de Boucquam,
207; court sa première lance
au parc de Bruxelles, 214,
215; assiste aux joutes don-
nées dans le marché de la
même ville; son éloge, I, 122,
123; II, 216, 217 et note 3;
envoyé à Bergues et en Zé-
lande, 225; sa ferme résolu-
tion de prendre part à la
guerre contre les Gantois,
dont son père aurait voulu
l'écarter, 226; suit ce prince
dans cette expédition, 231,
245; passe l'Escaut avec lui,
263; ses premières armes à
Bupelmonde, 265, où il fait
plusieurs chevaliers, 268; ses
regrets de la mort du bâtard
Corneille, 270; veut attaquer
Moerbeke contre l'avis des
seigneurs, 277; y renonce à
regret, 278 et note 2; accom-
pagne son père au siège de
Schendelbeke, 304 ; vivement
affecté de la mort de Jacques
de Lalaing, 311; son père
cherche en vain à l'éloigner
du théâtre de la guerre, 312,
313; combat à Gavre avec lui,
317, 322; y est blessé, 323;
séjourne à Lille, 333; son
portrait, 334, 335; assiste
Adolphe de Clèves à la joute
de Lille, 345; y joute lui-
même, 347; sa place au ban-
quet, 355; prend part à la
danse, 378, et en gagne le
prix, 379; fait crier une joute,
ibid.; son vœu du faisan, 382;
fiancé secrètement à Isabelle
de Bourbon , 396 ; son père
partant pour l'Allemagne lui
confie le gouvernement de ses
états, 398 ; s'acquitte bien de
cette mission, ibid.; son ma-
riage à Lille, 401 et notes 1 et
2; joute aux fêtes données à
cette occasion, 401 note 1; va
au-devant du dauphin, 409;
son séjour au Quesnoy, 412;
se brouille avec les Croy, 414
et notes 1 et 3 ; ne veut pas ac-
cepter Philippe de Croy pour
tiers chambellan, ce qui pro-
voque la fureur de son père,
416, 417, 418; entre en débat
avec ce dernier, I, 105; se
réconcilie avec lui par l'inter-
médiaire du dauphin, II, 419,
420 et note 1, 421; apprend la
mort de Charles VII, 423;
ses relations amicales avec
218
TABLE ANALYTIQUE
son successeur, ibid.; assiste
à l'entrée de Louis XI à Pa-
ris, 424; y joute, 425, et y
donne un tournoi, 426; se
rend en Bourgogne, ibid. et
note 4, et de là à Tours où il
est bien reçu par le roi qui
lui donne une pension, 423,
426 et notes 4 et 5 ; s'égare dans
une partie de chasse, 427 note;
rentre à Bruxelles, ibid. note
2; mécontent de Louis XI
qui lui retire sa pension et
ne lui remet pas le prix
du rachat des villes de la
Somme, comme il le lui avait
promis, III, 1, 2; son séjour
en Hollande, 2 note 3, 3 et
note 3; reçoit à Gand le duc
de Bourbon, 3 note 3; soupe
avec Philippe le Bon, 4 note 4 ;
ses relations avec le comte de
Saint -Pol, 6, 7 et note 1;
averti de l'arrivée du duc de
Berry en Bretagne, 7 ; informe
son père de son alliance avec
ce prince, 8; se ligue contre
Louis XI avec les seigneurs
de France, I, 124; son entrée
en campagne, III, 9 et note 1,
10 note 1; combat à Montlhéry
où il commande la deuxième
bataille, III, 11,9 et note 2;
blessé, I, 124; III, 12, 13
note 3; couche sur le champ
de bataille, 13, qu'il garde
trois jours, 16 et note 1, 17,
18 et note 1; bruit répandu de
sa mort ou de sa capture, 16,
17, 19; tient conseil, 14, 15;
se porte au-devant des ducs
de Berry et de Bretagne, qui
le rejoignent à Étampes, 17,
20 et note 2 ; traite avec ce
dernier, 17 note 6; décide les
princes à marcher sur Paris,
21; fait fortifier les approches
de Conflans et établir un pont
sur la rivière, 22; assiste aux
conseils tenus au même lieu,
23 ; se brouille avec le conné-
table de Saint-Pol, 25; reçoit
de l'argent pour la solde des
troupes, ibid., 27 et note 3 ; le
roi l'amuse par l'offre de la
main de sa fille Anne, 27 et
s., avec les comtés de Cham-
pagne et de Brie pour dot,
28; signe le traité de Saint-
Maur, 29 note; cession à lui
faite des villes de la Somme,
ibid.; son entrevue avec le roi
à Villiers-le-Bel, 28 note 1,
30 et note 3 ; quitte la France
et marche contre les Liégeois
révoltés qu'il réduit à merci,
25 note 2, 30 et notes 3 et 4, 31
et note 1 , 1, 125 ; rentre à Bru-
xelles, III, 31; envoie 01. de
la Marche en Normandie, 33
et note 2 ; dissimule ses vrais
sentiments envers le roi, 35;
rupture de son projet de ma-
riage avec Anne de France,
ibid.; insulté par les Dinan-
tais, 42 notes, 43; se dispose
à les châtier, 43 et note 6; as-
siège, prend et brûle Dinant,
I, 126; III, 44 et note 3, 45
et notes; fait justice sévère
de trois archers, ibid., 46;
fait annoncer à son père la
prise de Dinant, ibid.; pour-
suit les Liégeois venus au
secours de cette ville, ibid.;
son entrevue avec leur capi-
taine, 47 ; ne peut les attein-
dre, ibid.; reçoit leur sou-
mission et retourne vers son
père, 48 et notes 1 et 2 ; lui suc-
cède, I, 122, 127; III, 57;
marche contre les Liégeois de
nouveau révoltés, 63 et note 2 ;
assiège Saint-Trond, I, 127;
III, 64 et note 2; commande
en personne à la bataille de
Brunstein , 65 et note 5 ;
bat les Liégeois, I, 127; III,
66 ; s'empare de Saint-Trond
et de Tongres, I, 127 ; III, 67
et note 3; entre à Liège dont
il fait abattre les murailles,
I, 128; III, 68 et note 1; ren-
tre à Bruxelles, ibid.; en paix
DES MATIERES.
219
avec Louis XI, I, 128; sa
grande prospérité; son ma-
riage avec Marguerite d'York
projeté et conclu, 1, 128; III,
75 et note 2, 101 ; récit de
ses noces, III, 101 et suiv.;
IV, 95 et suiv. ; va visiter
Marguerite à l'Ecluse, III,
104; IV, 97; fiancé et marié
au Dan par l'évêque de Salis-
bury, III, 105; IV, 98; sa ri-
chesse en vaisselle, III, 120;
assiste aux dîners et aux jou-
tes, III, 122, 133, 138, 148,
200; IV, 108, 110, 115, 119,
122, 129, 133; sa devise, III,
133, 151 ; lettre à lui pré-
sentée par la dame de l'Ile
Celée, IV, 112 et suiv.; joute
au pas de l'Arbre d'or, III,
189 et suiv.; IV, 138 et
suiv.; prend part au tournoi
qui suivit, III, 194, 195; IV,
140, 141; refuse le prix que
veulent lui donner les dames,
III, 199; prend congé de la
duchesse de Norfolk et se rend
en Hollande, 201 et note 1; se
met aux champs à Lyons-en-
Santers, I, 129; son entrevue
à Péronne avec Louis XI,
ibid.; III, 201 note 1, 81 et
suiv. et notes ; le force à mar-
cher contre les Liégeois, 84 ;
enire avec lui à Liège, 86, 87
et note 1; le fait reconduire
dans ses états, 87 ; fait préve-
nir le duc de Rerry du traité
de Péronne, 88; son expédi-
tion au pays de Franchimont,
I, 130; III, 212, 213 et note 1;
lève une armée pour com-
battre le duc de Clarence et la
dissout presque aussitôt, 69,
70; reçoit le roi Edouard IV
dans ses états, I, 130; III,
237; fait arrêter Adolphe de
Gueldres et mettre son père
en liberté, 202 et notes 1, 2 et
3; prend en haine le comte
de Saint-Pol, 203; apprend
que Saint-Quentin et Amiens
se sont mis en l'obéissance
du roi, 71; assiège Amiens, I,
1 30 ; III, 7 1 et notes 2 et 3 ; con-
clut une trêve avec Louis XI,
I, 131; III, 73 et note 2; ses
ordonnances sur les gens de
guerre, I, 131 et note 1; III,
74, 76 et note 1; fait régner la
justice dans ses états, I, 132;
établit un parlement à Mali-
nes, ce qui le fait accuser de
lèse-majesté au parlement de
Paris, ibid. et note 2; se con-
sidère, le roi ayant rompu la
trêve, comme dégagé de tout
devoir de fidélité envers lui,
ibid.; prend les armes, 133;
son invasion en France, ibid.;
s'empare de Roye et de Nesle,
III, 77; assiège Beauvais, I,
133; III, 77; lève le siège,
78 et note 2; son expédition
en Normandie, ibid. et suiv.;
brûle Neufchâtel, ibid. et
note 3; se porte sur Rouen
où il ne peut entrer, I, 133 ;
III, 78 et note 4, 79; bat en
retraite sur Amiens, 79 ; son
entrevue avec le duc de Ca-
labre qui lui demande la main
de sa fille, ibid. et notes -2 et o;
obtient de ce prince la renon-
ciation aux promesses qui lui
avaient été faites à cet égard,
80 et note 4 ; cherche en vain
à livrer bataille à Louis XI,
I, 133; III, 81; établit un
camp d'honneur à Lyons-en-
Santers, III, 81 et note 1;
tient un chapitre de la Toison
d'or à Valenciennes, I, 134;
III, 203 ; y change les man-
teaux des chevaliers, ibid.,
note 5; s'y réconcilie avec les
Groy par l'intermédiaire de
Jean de Rubempré, ibid.;
s'empare des pavs de Gueldres
et de Zutphen," I, 135; III,
205 et notes 2 et 3 ; son entre-
vue à Trêves avec l'empereur
Frédéric, I, 135; se rend en
Bourgogne, III, 206 et notes 2,
220
TABLE ANALYTIQUE
3 et 4 ; son entrée à Dijon où il
prend possession du duché de
Bourgogne et préside aux ob-
sèques de Philippe le Bon et
d'Isabelle de Portugal, 1, 136;
III, 58 et suiv., 206; prend
aussi à Dole possession du
comté, 206 et note 5 ; va en
pèlerinage à Saint -Claude,
207 ; retourne à Bruxelles,
ibid.; fait emprisonner le
comte de Montbéliard, ibid.
et note 2; se porte au secours
de l'archevêque de Cologne,
1, 136 ; III, 89 ; assiège Neuss,
I, 136, 137; III, 88 et suiv.;
apaise une querelle des An-
glais et des Italiens qui ser-
vaient dans son armée, 96;
festoie le roi de Danemark et
plusieurs princes d'Allema-
gne, 1, 139 ; III, 97 et notes 4 et
5 ; attaque le camp de l'empe-
reur, 99; traite avec lui, 100
et notes 2 et 3 ; lève le siège de
Neuss, ibid.; rejoint à Calais
le roi Edouard, I, 139, III,
73 note 5 ; traite avec lui, 74
note; signe la trêve de So-
leuvre, 214 et note 4, 215 et
suiv.; s'empare de la Lorraine,
1, 1 39, III, 208 ; secourt le comte
de Romont contre les Suisses,
1,139; III, 209; battu à Gran-
son, I, 139; III, 209, 210, et
àMorat, 1,140; 111,210, 211;
assemble les états du comté
de Bourgogne à Salins, I, 141;
son mécontentement contre la
maison de Savoie, III, 234
note 2 ; ordonne à 01. de la
Marche de s'emparer de la
duchesse de Savoie et de ses
fils, ibid.; sa fureur en appre-
nant l'évasion du jeune duc,
236 et note 2; ordonne une
levée en masse à laquelle les
états généraux de Gand ne
veulent pas consentir, 213
note 2; fait de nouvelles le-
vées, ibid.; se porte au secours
de Nancy, dont il ne peut
prévenir la reddition au duc
René II, I, 141; III, 213, 238
et note 1; contraint ce prince
à se retirer en Allemagne, 1,
142; assiège Nancy, ibid.;
III, 238; livre bataille sous
les murs de cette ville, I, 142;
III, 240; tué, ibid.; laisse sa
fille seule héritière de ses
états, I, 12, 142, 143 ; avait
beaucoup désiré le mariage
de cette princesse avec l'archi-
duc Maximilien, III, 243 et
note 2 ; cru vivant longtemps
après sa mort, 240 note 3;
réflexions sur cette catastro-
phe, I, 144 ; ses titres et sei-
gneuries, I, 9 note 2, 185 ; III,
214, 215; ses armes, I, 146,
156, 176; ses trois femmes, I,
145, 146, 147, 154, 155; état
de sa maison, IV, 1 et suiv.;
surnommé le Travaillant, I,
122; Kl, 315.
Bourgogne (Charles de), comte
de Nevers et de Rethel, fils
de Philippe, aussi comte de
Nevers, f 1464. — I, 248
note 2, 228; II, 312 note. As-
siste à l'assemblée d'Arras, I,
205; accompagne Philippe le
Bon à Chalon, 258 et note 1 ;
joute à Besançon , 267 et
note 4 ; figure au pas de Mar-
sannay, 298; y remplit les
fonctions de juge de la lice,
302, 304, 306; prend part à
l'expédition du Luxembourg,
II, 12, 21 ; son mariage pro-
jeté avec Marguerite d'Anjou,
59 et note 3 ; lettre à lui adres-
sée par 01. de la Marche ou à
son frère Jean, IV, 145. — La
Marche lui donne par erreur
le prénom de Louis.
Bourgogne ( Corneille , bâtard
de), dit le grand bâtard, sei-
gneur de Beures, Bèvres ou
Beveren, fils de Philippe le
Bon, f 1452. — II, 21, 33,
34, 35, 42, 45, 301. Accom-
pagne son père à Chalon, I,
DES MATIERES.
221
258; joute à Dijon, 286; y
remporte le prix de dedans,
287 ; son éloge, ibid.; lève sa
première armée pour l'expé-
dition du Luxembourg, II,
4; son entrée en campagne,
10, 11 ; ses courses devant
Tbionville, 21 ; partage le
commandement de l'armée
avec le comte d'Etampes, 33 ;
figure à la prise de Luxem-
bourg, 39, et à l'entrée du
duc Philippe dans la même
ville, 41 ; nommé gouverneur
du Luxembourg, 48, 49 note;
fait partie du conseil de jus-
tice établi à Luxembourg
après la conquête, 50 note 1 ;
lettres par lui écrites à la du-
chesse de Bourgogne, 7 note;
envoyé au secours de Zons,
114 et note 1 ; assiste à la
joute de Bruges, 124; main-
tenu par le duc dans le gou-
vernement du Luxembourg,
207; prend part à la guerre
contre les Gantois, 234, 245;
combat à Termonde où il ac-
compagnait l'étendard du duc
et où il est fait chevalier,
250-252; passe l'Escaut avec
le duc, 263 ; conduit son éten-
dard à la journée de Rupel-
monde, 265 ; tué pendant la
poursuite des fuyards, 269,
270 ; regrets universels excités
par sa mort, ibid.; inhumé à
Sainte-Gudule, 270 et note 3.
Bourgogne (David, bâtard de),
évêque de Thérouanne et
d'Utrecht, fils de Philippe le
Bon et de Colette de Bosquiel,
f 1496. —II, 225 et note 2;
III, 227. Les habitants de
Deventer se révoltent contre
lui, II, 407 et note 2; assiste
à l'entrée de Marguerite
d'York à Bruges, III, 112 et
note 6 ; retenu prisonnier à
Utrecht, I, 165 ; délivré par
l'archiduc, ibid.
Bourgogne (Eudes IV, duc de)
en 1315, | 1350. — I, 70 et
notes 1 et 3, 72; II, 164 note 3.
Bourgogne (Guiliaume de). I,
97. — Erreur de la Marche;
il s'agit de Philippe, comte
de Nevers. Voy. ci-dessous.
Bourgogne (Henri de), comte
d'Estorgues et de Portugal,
petit-fils du duc Robert, f
1112. — Fondateur de la mo-
narchie portugaise, I, 35 et
note 3.
Bourgogne (Hugues le Grand,
duc de), maire du palais,
+ 956. — I, 65.
Bourgogne (Jean sans Peur,
comte de Nevers, puis duc
de) en 1404, f 10 septembre
1419. —I, 88, 89, 102, 153,
188, 209, 214, 227, 232, 239,
258; II, 206, 336. Abrégé de
son histoire, I, 82 et suiv.; La
Marche lui attribue à tort
l'acquisition du comté de
Gharolais qui avait été acheté
par Philippe le Hardi en
1390, I, 86; épouse Margue-
rite de Bavière, 88 ; leur des-
cendance, ibid.; son expédi-
tion de Hongrie, 199, 200;
fait prisonnier à Nicopolis,
83 ; soutient l'évêque de Liège
contre les Liégeois révoltés,
200 ; les bat à ïongres, ibid.,
84 ; reprend la croix de Saint-
André pour enseigne, 85;
s'empare du gouvernement
du royaume de France, ibid.,
200; fait assassiner le duc
d'Orléans, 85, 86, 200; dé-
fend Arras, 201 ; assiège Bour-
ges, ibid.; assassiné à Mon-
tereau, 86, 196, 198 et note 2,
231 ; désaveu de sa mort et
fondations pour le repos de
son âme imposés à Char-
les VII par le traité d'Arras,
210 et suiv.; ses assassins
exclusdu traité, 211 et notel;
sa sépulture aux Chartreux de
Dijon, 213; III, 60 note 4; son
surnom, 315 ; ses armes, I, 87,
%t%
TABLE ANALYTIQUE
Bourgogne (Jean II de), comte
d'Etampes, puis de Nevers
après son frère Charles ci-
dessus (1464), f 25 septembre
1491. —I, 73, 227, 228, 245
note 1; II, 4, 34, 35, 42, 43,
45, 255, 297 note 3, 312 note,
335 et note 2, 391, 394. As-
siste à l'assemblée d'Arras,
I, 205 ; nommé gouverneur
de Picardie, 248; conduit le
duc Philippe à Bar-sur- Aube,
ibid. et note 2; prend part à
l'expédition du Luxembourg
dont il partage le commande-
ment avec le bâtard Corneille,
II, 13, 21 et note 1, 33; as-
siste à la prise de Luxem-
bourg, 36, 39, et à l'entrée
du duc dans cette ville, 41 ;
figure à la joute d'Arras, 68 ;
y assiste Caliot de Baltha-
zin, 69, 70; scelle les chapi-
tres du pas de la Pèlerine,
119 note; le duc l'emmène en
Luxembourg, 207 ; accompa-
gne le comte de Charolais
aux joutes de Bruxelles, 215;
lève le contingent de Picardie
pour la guerre contre les
Gantois, 224 ; attaque le pont
d'Espierres, 235, 236 et note
3; chevalier à Audenarde,
237 ; décide du succès de la ba-
taille, 241; entre dans la place,
ibid., 242; fait porter au duc
la nouvelle de la levée du
siège, 243 ; escarmouche près
de Gand, 245 ; tient garnison
à Audenarde, 246 ; attaque
Nevele, 254 et note 4, 255,
256 ; fait brûler les morts
après le combat, 257; com-
mande l'arrière - garde aux
journées de Basele, 264, et
de Rupelmonde, 265 note 1,
268 ; se dirige vers Moerbeke,
276, 277; renonce à l'attaque
de cette place, ibid.; fait ob-
tenir un sauf-conduit aux
Gantois, 293; envoyé aux
journées de Bruges, ibid.,
294, et de Séclin, 298 ; com-
bat à Gavre, 317; conduit
l'arrière-garde aux approches
de Gand, 327; assiste à l'a-
mende honorable des Gan-
tois, 331 ; donne un banquet
à Lille, 333 note 2, 343; as-
siste Adolphe de Clèves et le
comte de Charolais aux jou-
tes du banquet de Lille, 345,
347 ; figure au banquet, 355 ;
y danse, 378 ; son vœu du
faisan , 382 ; envoyé au-de-
vant du dauphin, 409; lettre
à lui adressée ou à son frère
Charles par 01. de la Marche,
IV, 145.
Bourgogne (Jean IV de), duc
de Brabant, fils d'Antoine,
f 17 avril 1426. — II, 267
note.
Bourgogne (Jean, bâtard de),
fils de Philippe le Bon et
d'Agnès de Croy, évêque de
Cambray, f 1479. — Assiste
à l'entrée de Marguerite
d'York à Bruges, III, 112 et
note 5.
Bourgogne (Jean, bâtard de),
fils du bâtard Corneille. —
II, 270 note 3.
Bourgogne (Jérôme, bâtard de),
fils du bâtard Corneille. —
II, 270 note 3.
Bourgogne (Philippe de), père
du duc Philippe de Rouvre,
f 22 septembre 1346. — I,
69 note 3, 70 et note 1.
Bourgogne (Philippe de Rou-
vre, duc de), dernier de la
première race, f novembre
1361. — I, 69 note 3, 70 et
notes 1 et 3, 71, 73.
Bourgogne (Philippe le Hardi,
duc de) en 1463, f 27 avril
1404. —1, 58 et note 1, 63,
64, 69, 85, 258 note 1, 277;
III, 314. Sa vaillance à Poi-
tiers, I, 59; d'abord surnom-
mé sans Terre, 69; traits de
courage et d'intrépidité qui
lui valent le surnom de Har-
DES MATIERES.
%%3
di, 59 et suiv.; III, 314; le
roi lui fait don du duché de
Bourgogne après lui en avoir
confié pendant quelque temps
la lieutenance, I, 72 et notes 2
et 4 ; épouse Marguerite de
Flandres, 71, 72 note 4, 82;
ses armes, 73, 74 note 1 ; sa
sépulture aux Chartreux, III,
60 note 4.
Bourgogne (Philippe le Bon,
duc de) en 1419, f 25 juin
1467. — I, 11 note, 122, 123,
125, 126,188,203,206 notel,
211 notes 1 et 2, 242, 243 et
note 2, 245 note et note 2, 247
note 2, 250 note 4, 258 note 2,
278 note 1, 324; II, 15 noie 2,
17 note 3, 18 note, 28 note 1.
30 note 1, 31, 34 note 1, 37,
45 note 1, 48 note 1, 52 et no-
tes 1 et 2, 53 note 2, 54 note 2,
58 note, 65, 85 et note 1, 100
notes 1 et 2, 105, 110, 111,
146, 150, 164 et note 1, 169,
203, 204, 206, 225 et note 2,
226 note 1, 227 note 4, 228,
250, 251,256, 271 noie 4, 272
note 2, 281, 294, 314,391, 395,
400 note et note 3, 414, 415 et
note 1, 421 notes 1 et 2; III,
3 et note 4, 7 note 3, 9, 14,
19 et note 1, 25, 27, 31 et
note 1, 42 et notes 1 et 2, 118
note 3; IV, 105, 149, 166,
167. Abrégé de ses hauts
faits, I, 88 et suiv.; son cou-
rage et ses mâles résolutions
après l'attentat de Montereau,
201, 202; s'allie aux An-
glais, 202, et soutient pendant
seize ans la guerre contre le
roi de France, 89, 98, 99;
vainqueur à Saint-Riquier où
il est fait chevalier, 89 et
note 2; III, 15; ses débats
avec Jacqueline de Bavière
pour la succession de Hai-
naut, Hollande et Zélande, I,
91 ; défié par le duc de Glo-
cester, qui épouse la querelle
de cette princesse, 92; II, 28;
par l'empereur Sigismond et
le roi d'Angleterre, I, 94; as-
sure la soumission de ces
provinces et signe un appoin-
tement avec Jacqueline, 92,
93 ; fonde l'ordre de la Toison
d'or, 98 et note 2; IV, 160,
163 ; retient le roi René pri-
sonnier et se réconcilie avec
lui, I, 90 ; hérite de Philippe
de Brabant et de Jacqueline
de Bavière, 91, 93; expulse
les Français du duché de
Bourgogne, 95; sa querelle
avec le duc de Bourbon, 96;
se réconcilie avec lui par l'in-
termédiaire de la duchesse
de Bourbon, sa sœur, ibid.,
97 ; assiste à l'assemblée d'Ar-
ras, 204 ; signe la paix, 99,
196, 208 et suiv., et la fait
publier dans ses états, 206;
motifs qui le décident à la
conclure, 240 et note 3; son
renom chevaleresque, 238;
son éloge, 100 ; prospérité de
ses états, 99 ; assiège Calais,
101 ; fait plusieurs séjours en
Bourgogne, 247 et note 2,
248 et note 2, 249 et note 1 ;
paie la rançon du duc d'Or-
léans et le marie à sa nièce
de Clèves, 102, 249 et note 4;
assiste à l'assemblée de Ne-
vers, 249, 250; rentre en
Bourgogne, 251 et notes 1 et
2, 252 note 4; ses ambassa-
deurs au concile de Bâle, 260
note 2 ; négocie avec le duc
Amédée de Savoie, 265 note
2; reste fidèle au pape Eu-
gène, 263; son entrevue à
Besançon avec le roi des Ro-
mains Frédéric, 270 et suiv.;
le reçoit à son entrée dans
cette ville, 272 et suiv., 274
note 1 ; dîne seul avec lui,
279; affaires traitées entre
eux, ibid.; danse avec la com-
tesse d'Etampes, 281 ; fait de
grands dons au roi des Ro-
mains, ibid.; le reconduit à
*m
TABLE ANALYTIQUE
son départ, ibid., 282 et note
1 ; assiste à Nozeroy aux no-
ces de Guillaume de Ghalon,
282 et notes 2 et 3, 283; fait
un pèlerinage à Saint-Claude,
283 et note 2; rentre à Dijon
avec la duchesse ; y fait grande
chère, 286; y reçoit les am-
bassadeurs de l'empereur de
Constantinople et la duchesse
douairière de Luxembourg,
287 et suiv.; II, 8 note; reçoit
à Ghalon le duc Louis de Sa-
voie et sa femme, I, 257 et s.;
ses deux séjours dans cette
ville avec ce prince et le duc
de Bourbon, 251 note 4, 257
note 3, 266 note 2, 267 ; jour-
née tenue devant lui et le duc
de Bourbon à Ghalon pour le
jugement d'un débat entre
Jacques de Ghabannes et le
seigneur de Pesmes, 253 et
suiv., 257 et note 1; renou-
velle avec le duc Louis les
anciens traités d'alliance des
maisons de Bourgogne et de
Savoie, 259 note 1 ; emmène
ses hôtes au pas de Marsan-
nay, 296 et suiv.; juge du
pas, 284, 285, 297, 299, 300;
rentre à Dijon et se rend de
là à Saint-Claude, 302, 266
note 2; revient à Dijon, et
assiste aux dernières armes
du pas, 308 et note 1, 331,
332; suite de l'expédition de
ses affaires avec l'empereur
de Constantinople, II, 1, à
qui il envoie du secours, 4, 5
et note 1, et avec la duchesse
de Luxembourg, 1, qui lui
cède la mainbournie de ses
états et leur propriété après
sa mort, 2 note 2, 5 note 2,
8 ; se dispose à quitter la
Bourgogne, 3, 4; ordonne à
ses capitaines d'envahir le
Luxembourg, 8, 13 ; fait dé-
fier le comte de Gleichen, 8,
9 ; dispense plusieurs des jou-
teurs du pas de Marsannay
de l'achèvement de leurs ar-
mes, 9, 10 ; ses préparatifs
de guerre, 10, 11 et note 1 ;
son départ, 11, 12 et note 1;
description de son attirail,
ibid.; la duchesse l'accompa-
gne jusqu'à Maizières, 14;
suite de son voyage, 15, 17;
se loge à Florenge, 20, 21 ; y
tient une journée pour parle-
menter avec le comte de Glei-
chen, 23 et suiv.; lui offre de
vider par bataille la querelle
du Luxembourg, 25 et suiv.;
rejoint la duchesse à Iwis,
33; averti de la prise de Lu-
xembourg, 40; y fait son en-
trée, 41, 42; achève la con-
quête de la province, I, 103 ;
renouvelle ses traités avec
Elisabeth de Gorlitz, II, 46 et
note 2; fait la paix avec le
duc de Saxe, 47 note; s'attire
la confiance des Allemands,
47, 48; nomme le bâtard Cor-
neille gouverneur du Luxem-
bourg, ibid.; se rend en Bra-
bant, 50; son entrée à Bru-
xelles, 51, où il tient ses
carémaux, 52, et les fêtes de
Pâques à Bruges, 53 ; ses ga-
lanteries, 55 et note 3; prend
part aux conférences de Tours,
59 note 1 ; quitie une partie
de la rançon du roi René,
57 note; autorise le seigneur
de Ternant à jouter contre
Galiot de Balthazin, 66; as-
siste comme juge à la joute,
68 et suiv.; sa devise, 74;
festoie Galiot de Balthazin,
79; se retire en Flandre et
Brabant, ibid.; tient un par-
lement en Zélande, ibid.; y
fait exécuter Jean de Dom-
bourc, 80; son pèlerinage à
Notre-Dame d'Aix, ibid.; re-
joint la duchesse à Anvers,
ibid.; autorise l'emprise de
Jean de Bonniface, 81; se
rend à Gand, 82, où il tient un
chapitre de la Toison d'or, 83
DES MATIERES.
225
et suiv., 91, 94; assiste à la
joute qui suivit, 96 et suiv.;
marie sa fille naturelle Marie
au seigneur de Charny, 112
et note 1 ; envoie une armée
au secours du duc de Clèves,
114 et note 1 ; autorise le duc
d'Orléans à lever des troupes
en Bourgogne pour son expé-
dition du Milanais et lui ac-
corde une aide pour le même
objet, 114, 115 et note 1, 170
et note 2, 171 ; marie sa pe-
tite-nièce de Gueldres au roi
d'Ecosse, 117 et note 4, 118 :
assiste au pas de la Pèlerine,
121, 122, et aux joutes faites
à Bruges par Jacques de La-
laing, 123 et suiv., et le sei-
gneur de Hautbourdin, 129
et suiv.; accueille honora-
blement les infants de Portu-
gal, 135 et suiv., 211; fait
relâcher un Anglais prison-
nier du seigneur de Ternant,
141, 142; envoie Toison d'or
pour être juge en son absence
au pas de la Fontaine de
Plours, 145; tient à Mons la
fête de la Toison d'or, 204 ;
se rend en Luxembourg, 206,
et y reçoit le serment des ha-
bitants, 207 ; mécontent des
Gantois, 213; se rend à Bru-
xelles, 214, où il assiste à la
première lance courue par
son fils, 215 ; ses négociations
avec les Gantois et le roi de
France, 218; s'entremet en
faveur des seigneurs de Sa-
voie révoltés contre le duc
Louis, 219, 220 et note 2 ; re-
çoit une ambassade des Gan-
tois, 222 et note 1 ; apprend
leur prise d'armes et se dis-
pose à les combattre, 224;
prêts à lui faits pour la guerre,
225 note 1; voudrait en écar-
ter son fils, 226 ; envoie des
garnisons à Alost et Aude-
narde, ibid., 227 et note 4 ; ses
préparatifs de guerre, 231 et
IV
note 3; se rend à Ath pour
y attendre son armée, 232 et
note 1 ; est rejoint par ses
principaux capitaines, 234;
apprend la levée du siège
d'Audenarde, 242, 243; son
message au roi, 242 note 3 ;
suite de ses opérations de
guerre, 245 et suiv.; prépare
le passage de l'Escaut, 247 ;
fait souper Jacques de Lalaing
avec lui après le combat de
Lokeren, 249, 250; réunit ses
forces à Termonde, 259 ; passe
l'Escaut, 263; force de son
armée, 264 ; prend position à
Rupelmonde, 266; fait plu-
sieurs chevaliers, ibid.; auto-
rise Louis de la Viéville à
relever bannière, 267, 268, et
fait Jacques de Harchies ban-
neret , 268 ; victorieux des
Gantois, 269 ; ses regrets de
la mort du bâtard Corneille,
270 ; met le pays des Gantois
à feu et à sang, 272, 273; ses
négociations avec eux par
l'entremise des ambassadeurs
du roi, 274 note 2, 275 ; son
séjour à Waesmunster, 272
note 2, 276; accorde aux
Gantois une trêve de trois
jours, 278 note 3; se remet
aux champs, 279; suite de
ses négociations, 280 et note 1 ;
accorde une nouvelle trêve de
six semaines, ibid., 283 ; re-
joint la duchesse à Bruxelles,
ibid.; les ambassadeurs du
roi prennent congé de lui,
286 ; apprend à Lille que les
Gantois ont repris les armes,
287 ; reprend les négociations,
298 et note 2 ; mande ses
hommes d'armes, 300 et note
3, 304 ; fait de nouvelles offres
de paix, 300, 301; ses officiers
soumettent le Luxembourg,
qui avait profité de la guerre
des Gantois pour se révolter
contre lui, 301 et note 4, 302
et note 5 ; se résout à pousser
15
2186
TABLE ANALYTIQUE
vigoureusement la guerre,
304 et notes 2 et 3 ; assiège
Schendelbecke, ibidem, et
notes 5; s'en empare, 306,
307 et note 2; met le siège
devant Pouques, 307, 308;
ses regrets de la mort de
Jacques de Lalaing, 311;
cherche en vain à éloigner
son fils du théâtre de la
guerre, 312 et note 4; assiège
et prend Gavre, 313, 316
notes 1 et 2 ; commande le
corps de bataille à la journée
de Gavre, 317; se jette dans
la mêlée, 321, 322; entouré
et reconnu par les Gantois,
323 et note 1 ; les met en
fuite, 324, 325 ; rend grâce à
Dieu de sa victoire, 325;
déclare son intention d'user
de miséricorde envers les
Gantois, 326 et note 1 ; leur
envoie ses ambassadeurs, 327
et notes 1 et 2, 328; accorde
un sauf-conduit à leurs dépu-
tés, 328 note 1; leur dicte les
conditions de la paix, 329
et notes 1 et 2 ; reçoit leur
amende honorable, I* 102, II,
330 et notes 1 et 2, 331, sans
entrer dans leur ville, ibid.;
son entrée triomphale à Au-
denarde, 332; se retire à
Lille, où il rompt son armée,
ibid.; y donne des fêtes, 333;
y apprend la prise de Gons-
tantinople par les Turcs, 335,
337 ; prend la résolution de
faire le saint voyage, ibid., et
de le publier dans un ban-
quet, 339 ; autorise par le roi
et le pape à lever des troupes
et des subsides pour cette
expédition, 337 note 3 ; s'oc-
cupe des préparatifs du ban-
quet, 339, 341 ; le chapelet
lui est offert dans une fête
donnée par le comte d'Etam-
pes, 343, 344; fixe le jour du
banquet, 345 ; en visite les
entremets, 354 ; s'assied à la
moyenne table, 355 ; fait lire
son vœu par Toison d'or, 367,
et le charge de recevoir ceux
des seigneurs, 368; donne un
banquet aux dames, 380; son
vœu du faisan, 381; se pro-
pose d'aller à Ratisbonne,
396 ; décide le mariage de son
fils avec Isabelle de Bourbon
et les fait fiancer secrètement,
I, 102; II, 396; son voyage
en Allemagne, 397 et suiv.;
prêts à lui faits à cette occa-
sion, ibid. note 2; cherche
en vain à joindre l'empereur,
399 ; tombe malade, ibid. et
note 3 ; festoyé au retour par
le prince d'Orange, 400; as-
siste au mariage d'Antoine
de "Vergy, ibid. et note 2; or-
donne à son fils de consom-
mer le sien, 401; revient en
Flandre, 402 et note 1; assiste
à Valenciennes à un combat
judiciaire, 402 et suiv.; tient
un chapitre de la Toison d'or
à la Haye , 407 et note 1 ;
assiste en personne au siège
de Deventer, ibid.; reçoit le
dauphin à Bruxelles, f, 103;
II, 409 ; le force à épouser
Charlotte de Savoie, 411 et
note 1 ; parrain de son fils
aîné, 412; négocie avec Char-
les VII, 412 et note 6, 413;
ses conseils au dauphin, ibid.;
se brouille avec son fils au
sujet des Groy, 415, 416; ses
emportements contre lui, 417
et notes 2 et 3 ; se sauve hors
d'esprit dans les champs,
ibid.; retrouvé chez un char-
bonnier, 418 ; ses plaintes
contre la duchesse, qu'il ac-
cuse de favoriser leur fils,
ibid.; se réconcilie avec ce
dernier, 419, 421; tombe ma-
lade, 421 et notes 2 et 3; se
fait raser sur le conseil des
médecins, ibid., et ordonne
que tous les nobles de ses
Etats en devront faire autant,
DES MATIERES.
227
ibid.; apprend la mort de
Charles VII, 422 ; assiste au
sacre de Louis XI et à son
entrée à Paris, 1, 104 ; II, 424
et notes 1, 3 et 4; fêtes par
lui données dans son hôtel
d'Artois, 425 ; se rend à Va-
lenciennes, où il reçoit plu-
sieurs ambassades, 426 et note
3, et de là à Bruxelles, ibid.;
cession à lui faite par Louis XI
de ses droits sur le duché de
Luxembourg, dont il avait
pris le titre à la mort d'Elisa-
beth de Gorlitz, III, 5, 6 note;
cautionne le mariage de sa
nièce Catherine de Bourbon,
42 note 2, 1, 102 ; ses relations
fréquentes avec le roi de
France, III, 2 et note 3; n'ac-
cepte pas l'offre que lui fait
ce monarque de le réconcilier
complètement avec son fils,
ibid., 3; prend la résolution
d'envoyer une armée contre
les Sarrazins, I, 402; III, 35
et note 3, 36 note 2; en confie
le commandement au bâtard
Antoine, I, 104 ; III, 36, 39 ;
lui donne à son retour le
comté de la Roche en Ar-
denne, 40; plusieurs fois vi-
sité par le roi à Hesdin, 4 et
note 1 ; reçoit ses ambassa-
deurs et leur donne à dîner,
4 et note 4 ; refuse de lui
livrer 01. de la Marche, ibid.;
grièvement malade à Bruxel-
les, 6 et note 4; sa rupture
avec le comte de Saint- Pol,
6 note 2 ; autorise son fils à
entrer dans la ligue du Bien
public, 8 ; apprend la révolte
des Liégeois, qui le font défier
par le marquis de Bade, 25 et
note 2 ; charge ses capitaines
de les réprimer, ibid., 26, I,
105 ; tombe malade et ne
quitte presque plus Bruxelles,
40 note 2; autorise le bâtard
Antoine à faire une emprise
en Angleterre, 41; insulté par
les Dinantais, 42 note 3, 43;
conseillé de s'en venger, ibid. ;
son séjour à Namur pendant
le siège de Dinant, ibid., 44
et note 4; averti par son fils
de la prise de cette ville, 46,
dont il fait démolir les fortifi-
cations, 45 et note 4 ; traite
avec les Liégeois, I, 126; re-
tourne à Bruxelles, III, 46-
donne 3,000 écus au bâtard
Antoine pour son emprise en
Angleterre, 48 note 3; sa
mort, 1, 127 ; III, 55 et note 3 ;
le duc de Bretagne fait célé-
brer un service pour le repos
de son âme, 62, 63 ; son éloge,
56; sa richesse en vaisselle,
120; ses obsèques à Bruges,
57 et note 1; son corps trans-
porté à Dijon, 58 et suiv., et
inhumé aux Chartreux, 1, 136;
III, 60 et notes 1 et 4, 61 noie 1;
ses trois mariages, I, 97; sur-
nommé l'Asseuré et le Bon,
I, 89; III, 315; son nom
donné à Philippe le Beau,
III, 252 ; ses armes, I, 105,
106, 156.
Bourgogne (Philippe Ier de), duc
de Brabant en 1427, f 4 août
1430. — I, 91; II, 266 note 4.
Bourgogne (Philippe II de),
comte de Nevers et de Réthel
en 1404, f 25 octobre 1415.
— 1, 97, 268 note; II, 59 note
3. La Marche lui donne par
erreur (I, p. 97) le prénom de
Guillaume.
Bourgogne (Philippe de), sei-
gneur de Beures, Bèvres ou
Beveren, la Vère et Vlissin-
ghes, conseiller et chambel-
lan du duc, chevalier de la
Toison d'or en 1478, gouver-
neur de Flandre, fils du bâ-
tard Antoine [Ans. I, 255].
— I, 171; 111,280 note 1,282
note 1. Prend parti pour les
Gantois contre l'archiduc Ma-
ximilien, III, 265 et note 2;
nommé membre de leur con-
228
TABLE ANALYTIQUE
seil de régence, 26 1 note 2 ;
son manifeste à Maximilien,
265 note 7 ; député vers lui
pour traiter de la paix, 279
note 1; représenté au chapitre
de Bois-le-Duc, IV, 152.
Bourgogne (Robert II, duc de)
en 1272, f mars 1306. — I,
69 note 2, 70, 72; III, 314
note 2.
Bourgogne (Agnès de France,
duchesse de), femme du duc
Robert II (1279). — I, 69
note 2.
Bourgogne (Bonne d'Artois, du-
chesse de), femme en pre-
mières noces de Philippe de
Bourgogne, en deuxièmes de
Philippe le Bon (1424), f 17
septembre 1425. — I, 97, 228,
268 note; II, 59 note 3.
Bourgogne (Catherine de), fille
de Philippe le Hardi, mariée
en 1393 à Léopold, duc d'Au-
triche, f 26 janvier 1425. —
I, 279 et note 2.
Bourgogne (Charlotte de), fille
de Jean, comte d'Etampes et
de Nevers, mariée à Jean
d'Albret, sire d'Orval, f 23
août 1500. — II, 335 note 2.
Par une erreur étrange, La
Marche lui donne (I, 73) le titre
de comtesse d'Angoulême.
Bourgogne (Isabelle de Portu-
gal, duchesse de), fille de
Jean Ier, f 17 décembre 1471.
— 1, 97, 106, 117, 122, 248
note 2; II, 6 note, 135, 136,
207, 210, 213, 214, 215, 259,
283,296,409,412; m, 31, 70
note 3, 135 note 1. Figure à
l'entrevue de Besançon, I, 280
et suiv.; son entrée "dans cette
ville, 275 note, 280; danse
avec le roi des Romains, 281;
reçoit sa visite au départ,
ibid.; assiste aux noces de
Guillaume de Chalon, 283;
son pèlerinage à Saint-Claude,
ibid.; rentre à Dijon, où elle
l'ait grande chère, 286; son
séjour à Chalon, 259; assiste
aux dernières joutes du pas
de Marsannay, 332; apaise
la querelle de Jacques de
Chabanne et du seigneur de
Pesmes, 257 ; suit son mari
au début de la campagne du
Luxembourg, II, 12, et le
quitte pour se rendre en Bra-
bant, 14 ; le rejoint à Ywis,
33 ; de là à Luxembourg, 46 ;
le reçoit à son entrée à
Bruxelles à la fin de la cam-
pagne, 52 ; son entrevue à
Châlons avec le roi de France,
54 et suiv.; son âge à cette
époque, ibid., note 5; consent
à la remise d'une partie de la
rançon du roi René, 57 note;
habile négociatrice, 58 noie;
festoie avec le duc à Anvers,
80; fait bon accueil aux in-
fants de Portugal, 140, 211;
évite une embûche dressée
par les Gantois pour s'empa-
rer de sa personne, 296 ; le
duc la charge de retenir près
d'elle le comte de Charolais,
qu'il désirait éloigner du
théâtre de la guerre, 312 et
note 4; séjourne à Lille avec
son mari, 333; le chevalier
du Cygne lui est présenté à
la joute du banquet de Lille,
346; visite les entremets du
banquet, 354; y prend place
à la gauche du duc, 355; se
montre opposée au mariage
d'Isabelle de Bourbon avec le
comte de Charolais, qu'elle
désirait marier en Angleterre,
396 ; soutient son fils dans sa
brouille avec le duc, 417, 418;
redoute la colère de ce der-
nier, 419; figure aux noces
de Charles le Téméraire et de
Marguerite d'York, III, 103
et note 3, 116, 120, 121, 129,
138; IV, 97, 98, 106; son
corps et celui de son mari
transportés à Dijon et sépul-
tures aux Chartreux, I, 136}
DES MATIERES.
229
III, 58 et suiv., 60 et note 4,
61 note 1 ; ses armes, I, 106.
Bourgogne (Jeanne de France,
duchesse de), femme en 1318
du duc Eudes IV. — I, 70
note 1.
Bourgogne (Marguerite de Ba-
vière, duchesse de), femme
en 1385 de Jean sans Peur,
7 janvier 1423. — I, 84 note
5, 88; III, 89 et note 2. Son
mariage, I, 87 ; sa douleur à
la nouvelle de l'assassinat de
son mari, 201 ; ses armes, 88.
Bourgogne (Marguerite de Flan-
dre, duchesse de), successi-
vement femme de Philippe de
Rouvre et de Philippe le
Hardi, f 16 mars 1405. — I,
70, 71, 72 note 4, 73, 82. Son
mariage projeté avec le comte
de Cambridge, I, 71 et note 3 ;
ses armes, 74 et note 3.
Bourgogne (Marguerite d'Yorck,
duchesse de), fille de Richard,
duc d'Yorck, troisième femme
de Charles le Téméraire, f
1503. — I, 14 et note 6, 146;
III, 70 note 3, 73 note 4, 136,
138, 174. Son mariage négo-
cié et conclu, I, 128; III, 75
et note 2, 76, 101 et note 1 ;
récit de ses noces, 101 et suiv.;
IV, 95 et suiv.; son arrivée à
l'Ecluse, III, 102, 103; IV,
96 ; visitée par la duchesse
douairière, III, 103; IV, 97;
fiancée et mariée au Dan par
l'évêque de Salisbury, III,
104, 105; IV, 98; fait son
entrée à Bruges, III, 106 et
suiv.; IV, 98 et suiv.; assiste
aux banquets et aux joutes,
III, 120 et suiv.; IV, '106 et
suiv.; rejointe par son mari à
Bruxelles, III, 201 note 1;
pousse au mariage de Marie
de Bourgogne avec l'archiduc
Maximilien, I, 155, 157; III,
244; marraine de Philippe le
Beau, IIJ, 252, et de Margue-
rite d'Autriche, 257 ; son por-
trait, 103 note 3; traite bien
01. de la Marche, 242.
Bourgogne (Marguerite de),
sœur du duc Jean, mariée en
1385 à Guillaume de Bavière.
— I, 258 note 4, 279 notes 1
et 2.
Bourgogne (Marguerite, bâtarde
de), fille de Philippe le Bon,
f 27 décembre 1454 [Beauc.
476]. — Danse au banquet
de Lille, II, 379.
Bourgogne (Marie de), archidu-
chesse d'Autriche, tille unique
de Charles le Téméraire, f
25 mars 1482. — I, 33 note 3,
42, 58 note 1, 86, 129 note 1,
147, 158; II, 397 note; III,
57 note 1, 73 note 4, 135, 202
note 1, 203 note, 246 note 1,
249 note, 248 note 3, 254, 265
note 1,305, 315; IV, 150, 160,
170 note 1. Sa naissance et
son baptême, I, 146; II, 410
et notes 1 et 4 ; son mariage
projeté avec Nicolas de Cala-
bre, III, 79, 80 et note 4; assiste
aux noces de Charles le Témé-
raire et de Marguerite d'Yorck.
103, 116, 120; IV, 97, 106,
108, 110 ; bruit répandu de
son mariage avec le duc de
Savoie, III, 208; comprise
dans la trêve, de Soleuvre, I,
134; III, 214; succède à son
père, I, 12, 142, 143; reçoit
humainement 01. de la Mar-
che à son retour de captivité,
111,242; environnée de périls,
mais bien servie par les siens,
I, 143; ses Etats envahis par
Louis XI, 154,111, 245; for-
cée d'accorder des privilèges
à ses sujets, I, 133, 154, 155
et note 1 ; recherchée en ma-
riage par de nombreux pré-
tendants; I, 143, III, 243;
Louis XI veut la marier au
dauphin, I, 155; déclare ne
vouloir épouser, suivant les
intentions de son père, que le
fils de l'empereur, III, 243 et
230
TABLE ANALYTIQUE
note 2; son mariage avec ce
prince projeté, conclu et con-
sommé, I, 40, 155 et suiv.;
III, 244 ; achat d'étoffes pour
ses noces, III, 245 note 1 ;
naissance de ses trois enfants,
1,156; III, 252 et note 3, 257,
261 et note 4; sa mort, I,
164 et note 2; 111,262 noie 3,
316; ses portraits, III, 315
note 2; ses armes, I, 41, 176.
Bourgogne (Michelle de France,
duchesse de), première femme
de Philippe le Bon, f 8 juil-
let 1422. — I, 97.
Bourgogne ( Philippine de ),
femme d'Antoine de Roche-
baron. — Accompagne Marie
de Gueldres en Ecosse, II,
118 note 1.
Bourgogne (Yolande, bâtarde
de), fille de Philippe le Bon,
mariée à Jean d'Ailly, vidame
d'Amiens, baron de Picqui-
gny, chevalier, conseiller et
chambellan du roi [Ans. "VII,
112; Beauc. 476]. — Figure
au banquet de Lille, II, 366
et note 1 , et aux nocps de
Charles le Téméraire, III, 107
et note 2.
Bourgogne (Jean et Philippe
de). Yoy. Brabant. — (Agnès
de). Yoy. Bourbon. — (Anne
de). Yoy. Ravestain. — (Eli-
sabeth ou Isabelle de). Voy.
Clèves. — (Jeanne de). Yoy.
Jeanne. — (Marie de). Yoy.
Charny, Clèves et Savoie.
Bourgogne (armes de), I, 41, 48,
57, 334 note 2; II, 119 note;
III, 62, 115, 135, 151, 188;
IV, 102 note 1. — (chance-
liers de). YToy. Carondelet
(Jean), Goux (Pierre de), Hu-
gonet (Guillaume) et Rolin
(Nicolas). — (comtes de). I,
221, 222. — (maison de). I, 10
note A, 48, 73, 142,241,287;
II, 24, 66, 140, 143, 204, 270,
395, 415, 416; III, 5, 84 note
2, 135 note 1, 157; IV, 1 et
suiv., 111, 157; son luxe, II,
350 note 2. — (maréchaux
de). — Voy. Frjbourg (Jean
de), Luxembourg (Antoine de)
et Nedfchatel (Thibaut de).
— (président de). Yoy. Arme-
nier. — (rois de). Voy. Chil-
déric, Etienne, Gondebaud.
Bourgogne (le héraut), assiste au
pas de l'Arbre d'or, III, 125.
Bourgogne. I, 9, 42, 136, 140,
160, 188, 192, 195, 201, 242,
244, 245 note, 248 et note 2,
253 note 1, 259, 269, 306; II,
4, 8 note, 62 et note 5, 114,
115, 142, 143, 144 et note 2,
163, 172 note, 173, 176, 178,
181, 191, 249, 398, 400; III,
15 note 1, 36 note et note 2,
58, 98 note 4, 206, 208, 222,
234, 249; IV, 13. Ancienne-
ment appelée Allobrogie, I,
50, 57 ; le duc Philippe y
fait publier la paix d'Arras,
206 ; y séjourne à plusieurs
reprises, 247 et suiv.; maux
causés en — par l'armée du
dauphin, II, 61, 62; pèlerins
passant en — , 162; grands
préparatifs qui y sont faits
pour la guerre du Bien pu-
blic, III, 9 note 1. — (aides
levées en). 1, 249 note 4 ; II, 48
note 1, 115 note 1, 170 note 2,
338 noie; III, 6 note. — (armée
de). II, 116. —(baillis de). III,
76 note 1. — (comté de). I,
154, 1S9, 192 note 2, 193, 222,
271, 273, 283, 285; II, 53 et
note 2, 154,195 et note 2, 338
note; III, 223, 229 note 1,253
note 4, 316; compris dans
l'ancien royaume de Bour-
gogne, I, 50 ; pris par Louis
XI, III, 245; perdu et repris
par les Français, 254, 255 ;
reconquis par Maximilien,
309. — (cour de). II, 76; III,
28 note 2; musiciens à la — ,
II, 351 note 1. — (duché de).
I, 8, 43, 51, 57, 95, 148, 154,
273, 283, 285; II, 144, 145,
DES MATIERES.
231
195 note 2, 197; III, 202
note 1, 223, 23G, 316; com-
pris dans l'ancien royaume
de Bourgogne, I, 50 ; première
pairie de France, 70 ; échoit
à Jean le Bon par proximité
de lignage, ibid. note 3; les
Français en sont chassés, 95 ;
conquis par Louis XI, III,
245. — (états du duché et du
comté de). I, 246 note; II,
170 note 2, 338 note; III, 36
note 2. — (hôtel du duc de).
IV, 69. — (lances de). II, 38,
207, 246; III, 71 note 2. —
(marches de). III, 21, 222.
— (maréchal de). IV, 92.
— (montres d'armes en). I,
131 note 1; II, 49 note. —
(nobles et seigneurs de). I,
253, 254; II, 150, 156, 163,
185, 317. — (officiers de
l'hôtel du duc de). II, 149;
IV, 1 et suiv.; mis à gages,
II, 80. — (parlement du
comté de). III, 207 note 2. —
(recette générale de). II, 10
note 1, 11 note 1, 86 note 2,
225 note 1, 397 note 2, etc.;
— (rois de). I, 43, 48, 49, 57.
— (royaume de). I, 53; son
étendue, I, 50 ; changé en
duché, 51, 57. — (vins de), I,
291 note 5.
Bourgogne (forteresse de), à Au-
denarde. III, 269 note 2.
Bourgogne (tour de), à Rhodes.
III, 56.
Bourguignon-lez-la-Charité. II,
49 note.
Bourguignon (le), serviteur du
seigneur de Bausignies. II,
240.
Bourguignon (Nicolas le), secré-
taire du duc de Bourgogne
[Beauc. , 476]. — II, 274 note 2.
Bourguignons. I, 85, 119, 239,
242, 248, 264; II, 20, 30, 37,
185; 111,10 et noies 1,2 et 3,
19, 20 et note 2, 22, 40, 73,
78, 79, 110. Anciennement
appelés Allobrogiens, I, 44,
47 ; résistent aux Ecorcheurs,
245 ; prennent part à la guerre
du Luxembourg, II, 9 note
2, 18 , 38 , 50 ; harcèlent les
troupes du dauphin, 62; en-
rôlés par le duc d'Orléans
pour son expédition du Mi-
lanais, 115; figurent dans la
guerre contre les Gantois, 224,
234, 246,292, 293, 298; leurs
pertes à Nevele, 256 note 4 ;
amenés par le maréchal de
Bourgogne, 282,289; repous-
sés à l'attaque de Courtrai,
295 ; combattent à Gavre, 298 ;
rejoignentl'armée après Mont-
lhéry, III, 18; victorieux à
Montenaken, 26 et note 5;
marchent contre les Liégeois,
64; leurs pertes à Brunstein,
66 note 3; fort réjouis de la
mort du comte de Warwich,
73. — (nobles) tués à Mont-
lhéry. III, 17 note 3.
Bournel (Alardin), seigneur de
Vezigneul et de Malmy, ca-
pitaine de Sainte-Menehould,
écuyer d'écurie du bâtard de
Bourgogne, vivant encore en
1486 [Ans. VIII, 154]. — Sert
le bâtard au pas de l'Arbre
d'or, IV, 118.
Bournel (Guillaume), seigneur
de Namps, Esteembecq, etc.,
bailli de Guynes, maitre d'hô-
tel du roi, frère d' Alardin, f
1508 [Ans. VIII. 154]. — Sert
Ph. de Crèvecœur au pas de
l'Arbre d'or, IV, 134.
Bourset (le seigneur de). Voy.
Burschidlt.
Bousanton (Guillaume, aliàs
Gilles de), dit le Veau, écuyer
d'écurie du roi de France
(1491), maître d'hôtel de Mar-
guerite d'Autriche ( Peinc.
XXII, 898; Mol. II, 116; III,
464].— III, 206 et noie 1. Ac-
compagne Marguerite d'Au-
triche en France, III, 263;
annonce à Maximilien la rup-
ture du mariage de cette prin-
TABLE ANALYTIQUE
cesse avec Charles VIII, 259.
Boussut (château de), perdu et
repris par Maximilien, I, 159.
Bouton (Emard), chevalier, sei-
gneur du Fay, Pierre, etc.,
échanson du duc Philippe,
conseiller et chambellan du
duc Charles, chambellan du
roi, bailli et maître des foires
de Chalon. -J- 3 novembre 1 485
[Beauc. 477; La Chesn. III,
80] . — Chevalier à Montlhéry,
III, 11.
Bouton (Philippe), seigneur de
Corberon, chevalier, conseil-
ler et chambellan du duc
Charles, son premier écu-
yer tranchant en 1474, bailli
de Dijon, chevalier d'hon-
neur au parlement de Bour-
gogne, frère d'Emard, f 1515
[La Barre, b, 263, 272, 276,
281; La Chesn., III, 79, 80].
— Accompagne le bâtard
Antoine en Angleterre, III,
41, 49 note 1; y joute contre
Thomas de la Lande, 55.
Bouverie (Jean del). III, 65
note 4.
Bouvigne. III, 44 et note 2, 45
note 3.
Brabançons. II, 224; III, 252,
253/
Brabant (Antoine, bâtard de),
fils du duc Philippe. — Che-
valier à Rupelmonde, II, 266
et note 4 ; danse au banquet
de Liile, 378 ; prend part à la
guerre de Liège, III, 26 et
note 1.
Brabant (Jean II le Pacifique,
duc de), f 1312. — II, 426
note.
Brabant (Philippe, duc de).
Voy. Bourgogne.
Brabant (Philippe, bâtard de),
frère d'Antoine. — Chevalier
à Rupelmonde, II, 266 et
note 4 ; danse au banquet de
Lille, 378; accompagne le
bâtard Antoine en Angle-
terre, III, 49 et note 3.
Brabant (armes de). I, 41.
Brabant. I, 125 et suiv., 130,
167; II, 4, 17 note 3, 33, 50,
79, 206, 408 note, 409 noie 1 ;
III, 26 note 4, 71 note 2, 261,
270 note 1, 285, 297 note 3,
298, 305; IV, 7, 90. — (duché
de), II, 82; III, 316; passe
par succession à Philippe le
Bon, I, 91, 94. — (états de).
I, 155 note 1. — (lieutenant
des fiefs en). III, 12. — (sei-
gneurs de). III, 44.
Brabon (Salvius). U, 343 note.
Braga (archevêché de), fondé
par Alphonse Ier de Portugal,
1, 36 et note 1.
Bragny. I, 241 note.
Brandebourg (Albert III, mar-
quis de), né en 1414, f 11
mars 1486. — III, 296, note
2. Accompagne l'empereur
Frédéric dans son expédi-
tion sur le Rhin, III, 99
et note 3.
Brandebourg (Frédéric, marquis
de), fils d'Albert III, né en
1460, f 4 avril 1536. — Ac-
compagne l'empereur Frédé-
ric dans son expédition contre
les Flamands, III, 296 et
note 2.
Brandebourg (Simon ou Sigis-
mond, marquis de), duc de
Voigtland, frère du précé-
dent, né en 1468, f 25 février
1495. — Accompagne l'em-
pereur Frédéric dans son ex-
pédition contre les Flamands,
III, 296 et note 2.
Brandebourg (le marquis de),
tué au siège de Gand, III, 295
note 2.
Bray. I, 248 note 2.
Bréda. II, 418 note 2; III, 287
note 1.
Brederode (Renaud, seigneur
de), et de Viane, f 16 octobre
1473 [Beauc. 477; Boull. 60].
Elu chevalier de la Toison
d'or au chapitre de 1445, II,
95 note 1 ; l'un des chefs du
DES MATIERES.
233
contingent hollandais contre
les Gantois, 271 et note 2.
Bregilles (Jacot ou Jacques de),
écuyer, valet de chambre et
garde des joyaux du duc de
Bourgogne, fils de Guillau-
me, concierge de la Chambre
des comptes de Dijon, f 25
janvier 1474 [Peinc, II, 291;
Palliot, Mém. génial. I, 483,
484; II, 617]. — II, 338 note,-
III, 2 et note 2, 39.
Brenius, roi d'Angleterre. I,
119.
Dresse. I, 265 note 2.
Bretagne (Artur de), comte de
Richemont et d'Etampes, con-
nétable de France, duc de
Bretagne en 1457, f 26 dé-
cembre 1458. — I, 211 note 1,
235; II, 173. Ambassadeur
du roi de France à l'assem-
blée d'Arras, I, 204 et note 3,
208, 209 ; vainqueur des An-
glais à Formigny, II, 209.
Bretagne (François Ier, duc de),
né en 1410, f juillet 1450.
— Refuse le collier de la Toi-
son d'or, II, 95 note 2 ; en
danger de mort, 208 note 1.
Bretagne (François II, duc de),
né en 1435, f 9 septembre
1488. — I, 283 note 1 ; III,
149 note 1, 227, 258 note 2;
IV, 122. La xMarche le voit
pour la première fois à la
cour de Bourgogne, II, 173
et note 2; son éloge, ibid.;
rend hommage à Louis XI et
besogne avec lui, 427 et note
1 ; reçoit le duc de Berry en
Bretagne. III, 7 ; prend part
avec lui a la guerre du Bien
public, I, 124; III, 8 et note
2 ; ne se trouve pas au ren-
dez-vous pris à Saint-Denis,
10 et note 1 ; apprend la ba-
taille de Montlhëry et se dis-
pose à rejoindre le comte de
Gharolais, 16; traite avec lui,
17 note 6 ; suite de leur cam-
pagne, 20 et note 2, 21, 22;
signe le traité de Saint-Maur,
29 note ; se rend en Norman-
die, 30 ; son entrée à Rouen,
32 ; éloigne de lui Tanneguy
du Chastel, ibid.; se brouille
avec le duc de Berry, ibid. et
note et note 3 ; rentre dans
ses Etats, 33 et note 1 ; 01. de
la Marche le trouve à Rennes,
34; fait célébrer un service
pour le duc Philippe le Bon,
62 ; parrain de François d'Au-
triche, 261 ; son ordre de
l'Hermine, IV, 162.
Bretagne (Gilles de), seigneur
de Chantocé, chevalier de la
Jarretière, frère du duc Fran-
çois Ie', f 24 avril 1450. —
Bruit répandu de sa mort, II,
208 note 1 .
Bretagne (Jean V ou VI le Bon,
duc de) en 1399, f 28 août 1442.
— II, 95 et note 2.
Bretagne (Richard de), comte
d'Etampes, frère de Jean V,
f 2 juin 1438. — I, 283 et
note 1; II, 171,173 et note 2.
Bretagne (Anne de). Voy. Beau-
jeu. — (Catherine de). Voy.
Arguel.
Bretagne (le héraut), assiste au
pas de l'Arbre d'or, III, 125.
Bretagne. I, 198 ; II, 223 ; III,
7, 33 et note 1, 62, 258. —
(duché de). II, 427 note 1;
III, 258, 317. — (Grande), tire
son nom du roi Brutus, I,
119; conquise par les Saxons,
ibid. — (seigneurs de). III,
63.
Bretelles ou Breteilles (Louis,
sire de), écuyer gascon, ser-
viteur du roi d'Angleterre
[Comm.-Dup., I, 379, 380]. —
Joute en Angleterre, III, 54.
Bretons. III, 10, 14 note, 16,
258.
Brezé (Pierre II de), seigneur
de la Varenne et de Brissac,
comte de Maulevrier, cheva-
lier, grand sénéchal d'Anjou,
de Poitou et de Normandie,
234
TABLE ANALYTIQUE
etc., etc., f 17 juillet 1465
[Beauc, 479]. — III, 11 noie.
Assiste à l'entrevue de Châ-
lons, II, 56 et note 5; son
éloge, ibid.; passe pour l'ins-
tigateur de l'ordonnance sur
les gens de guerre, 63 ; tué à
Montlhéry, III, 16 et note 2.
Brie (comté de). III, 28, 35, 88.
Driele (la). I, 155 note 1; IV,
109.
Brienne - le - Comte. II, 13 et
note 1.
Brignon- l'Archevêque. I, 95
note 1.
Brighe ou Brigz (Louis de Silé-
sie, duc de), I, 87.
Brimeu (Florimond de), sei-
gneur de Massincourt, cheva-
lier, conseiller, chambellan
du duc de Bourgogne, séné-
chal et gouverneur de Pon-
thieu, chevalier de la Toison
d'or en 1430 [Beauc, 480]. —
II, 84 et note 6.
Brimeu (Guy de), seigneur
d'Humbercourt , comte de
Meghen, chevalier, conseiller
et chambellan du duc de
Bourgogne, capitaine du châ-
teau de Remv, etc., décapité
le 3 avril 1477 [Beauc 480].
— Accompagne le comte de
Charolais lors de l'entrée
du duc Philippe à Bruxelles,
II, 51 ; fait la lecture à ce
prince, 334 ; chevalier à Ter-
monde, 251 ; annonce au duc
la prise de Dinant, IEL, 46;
reçoit commission pour trai-
ter avec les Liégeois, ibid.
note 1 ; nommé lieutenant
général du duc au pays de
Liège, 82 et note 3 ; pris par
les Liégeois et prisonnier sur
parole du seigneur de Haute-
penne, I, 129; 111,82; se fait
porter quoique blessé au siège
de Liège, 85 ; dégagé de sa
parole par la mort du sei-
gneur de Hautepenne, 86;
ambassadeur au siège de
Neuss, 100; chevalier de la
Toison d'or au chapitre de
Valenciennes, 204 et note 2 ;
négociateur de la trêve de
Soleuvre, 214, dont il est
nommé l'un des conserva-
teurs, 223 ; emprisonné et mis
à mort par les Gantois, 242.
Briqucbec. II, 208 note 1.
Brisach. III, 206 note 3.
Broquière (Bertrandon de la),
conseiller, premier écuyer
tranchant du duc de Bourgo-
gne, gouverneur des ville et
château de Marcigny-les-No-
nains en janvier 1434, etc.
[Beauc, 481]. — Assiste aux
joutes de Bruges, II, 134; le
duc lui fait don de la terre de
Viel-Chastel, ibid. note 1;
capitaine du château de Ru-
pelmonde, dont il refuse d'ou-
vrir les portes aux troupes
ducales sans un ordre exprès,
259 ; porte le pennon à la
bataille de Gavre, 318 et note
1 ; près du duc dans la mêlée,
323 et note 1.
Broussalles. II, 296.
Brouwers - haven (bataille de),
I, 92 et note 4, 239 et note 2.
Bruchsal. III, 240 note 3.
Brugeois. II, 212 note 1. Leurs
luttes contre Maximilien, I,
33, 167; III, 277 note, 288 et
suiv., 293 et note 2, 313.
Bruges (Louis de), seigneur de
la Gruthuse, comte de Win-
chester, prince de Steenhuyse,
chevalier, échanson , .puis
conseiller et chambellan du
duc de Bourgogne, chevalier
de la Toison d'or en 1461,
etc., etc., f 1492 [Beauc, 481].
— III, 188, 276 et notes 2 et 3.
Lève le contingent flamand
pour la guerre contre les
Gantois, II, 224 et note 8;
capitaine de Bruges, où il
tient garnison pendant la
trêve, 283 ; chevalier à Ga-
vre, 318; joute à Lille, 347;
DES MATIÈRES.
235
chef d'une des chambres de
festin aux noces de Charles
le Téméraire, III, 117; reçoit
le roi d'Angleterre, qui "lui
donne le comté de Winches-
ter, 237 et note 2; assiste au
mariage de Marie de Bour-
gogne, 244 ; désire que cette
princesse fasse ses couches à
Bruges, 261 note 4 ; se met du
parti des Gantois, 265 ; pri-
sonnier de Maximilien,I, 171;
III, 276 et note 3; mené à
Gand, 279, 280; représenté
au chapitre de Bois-le-Duc,
IV, 149.
Bruges (Rogier de). III, 315
Bruges. ï, 10 note 2, 77, 102,
169; II, 5 note 1, 53, 111 et
note 1, 135, 141, 283, 294,
296, 300, 402 note 1, 421
note 1; III, 42 noie 2, 75,201
note 1, 256 note 1, 261 noie 4,
300 note 1. Le Saint Sang
envoyé à —, I, 77 ; une jour-
née pour la paix y est tenue
sans résultat, II, 293, 294;
Philippe le Bon y meurt, III,
55 et note 3, 57 ; Charles le
Téméraire y célèbre ses noces
avec Marguerite d'Yorck, III,
101 et suiv.; IV, 97 et suiv.;
Maximilien y relève l'ordre de
la Toison d'or, III, 248 et note
3, 249 ; Marie de Bourgogne
y fait ses premières couches,
252 et note 3 ; se révolte con-
tre Maximilien, 1, 167; 111,276
note 4 ; occupée par les troupes
de ce prince, 277 note, qui y
entre lui-même et y fait ré-
gner la justice, I, 171; III, 278
et note 1 ; nouvelle prise d'ar-
mes de ses habitants, 278 et
note 6, 279 et suiv.; Maximi-
lien y est retenu prisonnier
et mis en cage, 289, 291, 292
et note 1. — (bailli et écou-
tôte de). III, 108 et note 2;
IV, 99, 128. — (joutes à). II,
123 et suiv.; 129 et suiv. —
(le Franc de). I, 72 note. —
(marché de). III, 289, note 1;
IV, 115.
Brugghe (Jean van den). II, 6
note.
Brughe (château de). I, 135.
Brun (Louis). III, 306 note 1.
Brunier (Jacquemart), écuyer,
d'origine dauphinoise, joute
au pas de Marsannay, I, 314.
Brunstcin ou Brusthem (bataille
de). I, 127 et note 2; III, 65
et note 2.
Brunswick (Frédéric le Pieux,
duc de), f 1478. — Accom-
pagne le roi de Danemark à
Neuss, III, 97 et note 5.
Brunswick-Gottingen (Guillau-
me II le Jeune, duc de), f
1495. — Accompagne l'empe-
reur Frédéric dans son expé-
dition contre les Flamands,
III, 296 et note 3.
Brunswick (Henri, duc de), dit le
Pacifique, né en 1411, f 6 dé-
cembre 1473. — Vient visiter
le duc Philippe à Dijon, I,
272 ; l'accompagne à l'entre-
vue de Besançon, ibid., où il
se fait remarquer comme un
danseur intrépide, 281; épouse
Hélène de Clèves, 272 et
note 3.
Brunswick (Hélène de Clèves,
duchesse de), sœur du duc
Jean I«r, femme d'Henri de
Brunswick ci-dessus f 1471.
— I, 272 et note 3.
Brusac (Gauthier de), capi-
taine d Ecorcheurs. I, 244 et
note 2.
Brutus, prince anglais. I, 118,
119.
Bruxelles. I, 54 note 3, 126, 127,
166, 175; H, 14, 221, 226 et
note 1, 227 note 4,231,409 et
note 1, 419 note 1, 421 note 1,
426 note 3,427 note 2; 111,64
note 1, 201 note 1, 254, 262
note 2, 278, 318 note 3; IV,
109, 145. Le comte de Charo-
lais laissé à —, I, 248 ; le duc
TABLE ANALYTIQUE
Philippe y fait son entrée, II,
50 et note 4, 51; y séjourne,
226 et note 1 ; y festoie avec
la duchesse, 283; Marie de
Bourgogne baptisée à — , 411
note; le comte de Charolais
s'y réconcilie avec son père,
420, qui y tombe gravement
malade, III, 6 et note 1, et y
demeure presque continuel-
lement depuis lors, 40 et note
2 ; Marie de Bourgogne y ac-
couche d'une bile, 257, et
d'un fils, 261 et note 4 ; Ma-
ximilien force ses habitants à
prendre son parti, 269 ; il y
fait conduire son fils, 285;
l'empereur Frédéric à — ,
287 note 3. — (le doyen de).
IV, 146. — (états tenus à).
III, 268 note 3. — (joutes au
parc et au marché de). II,
215, 216.
Bude. III, 307 note 3, 308.
Bueil (le Cadet de), blessé dans
une joute sous Amiens, III,
72.
Bueil (Jean V, sire de), comte
de Sancerre, chevalier, con-
seiller et chambellan du roi,
amiral de France, était mort
en 1477 [Beauc, 468;Comm.-
Dup., III, 488]. — Son avis
sur les suites de la bataille
de Montlhéry, III, 20 et notek.
Bulgnéville. III, 238 note 1. —
(bataille de). I, 90 et note 3,
239 et note 1 ; II, 149 et note 3.
Buren (château de). III, 202
note 2.
Bures (Vincent de). III, 86 note.
Burgos. I, 10 note 2.
Burgundiones. I, 47.
Burschidlt ou Bourset (Ber-
nard, seigneur de), chevalier
luxembourgeois , reconnaît
l'autorité du duc de Bourgo-
gne, II, 14 et note 1 ; blessé
par un des archers de ce prince,
48; continue de tenir son parti,
302.
Borschidlt (Bernard de), dit le
Jeune. II, 14 note 1.
Burschidlt (Giltz de). II, 14
note 1.
Burschidlt (Jean de), seigneur
d'Esche. II, 14 note 1.
Burschidlt (Louis de), seigneur
de Brednis. II, 14 note 1.
Burschidlt (Marsilius de). II,
14 note 1.
Burschidlt (Suger de). II, 14
note 1.
Buscampvelt (embuscade de). II,
296 et note 3.
Buxy. I, 247 note.
Gabillaux (les). I, 93 et notes 1
et 2, 165.
Gacus. III, 184 et suiv.
Cad art (Jean), exclu du traité
d'Arras, I, 211 note 1.
Cadet (Jean). III, 12 note.
Cadmus, roi de Crète. I, 112 et
note 1.
Gadzand (traité de). III, 303
note 2.
Caen. Il, 208 note 1.
Calabre (Jean et Nicolas de).
Voy. Anjou.
Calabre (Marie de Bourbon,
duchesse de), fille du duc
Charles Ier, mariée en 1437
au duc Jean de Calabre, -J-
1448. — II, 56 et note 7, 57
note.
Calais. II, 119 note, 121, 141.
— (port de). III, 70 note 1. —
(sièges de). I, 101 et note 1,
102 et note; II, 212 et note 1.
— (l'avitailleur de). IV, 1,
154.
Calatrava (ordre de). I, 110.
Galigula (l'empereur), mort fou,
I, 179.
Galmelet (frère François) . I, 334
note 2.
Cambrai (évêques de). Voy. Ber-
ghes (Henri de) et Bourgogne
(Jean de).
Cambrai. I, 160; III, 256 note 1.
DES MATIERES.
237
— (fête de la Licorne à). II,
395 et note 1.
Cambray (Adam de), premier
président du parlement de
Paris, ambassadeur du roi à
l'assemblée d'Arras, I, 208,
209.
Cambray (Gérosme de), prend
part au tournoi du pas de
l'Arbre d'or, III, 192.
Cambrésis. III, 223.
Cambridge (Edmond d'Angle-
terre, comte de), fils du roi
Edouard III, + 1" août 1402.
— I, 71 note 3.
Camp (Guy de). I, 175.
Campdorick. Voy. Ourique.
Campobasse (le comte de). Voy.
MONTFORT.
Cana, en Galilée. IV, 102.
Cardone (Pierre de), comte de
Golizano, fait chevalier de la
Toison d'or, II, 205 note 3.
Ca7Hgnan [prise de). 11, 13 note 6.
Garistos (Théodore de), envoyé
de l'empereur de Constanti-
nople. I, 287 et note 2;
11,2.
Carmes (les) de Bruxelles. II,
111 note 2. — (l'église Notre-
Dame des), à Chalon, II, 149,
156, 199.
Carondelet (Jean), seigneur de
Champvans et de Solre, con-
seiller, maître des requêtes
des ducs Philippe et Charles,
chancelier de Bourgogne et
de Flandres en 1479, f 1501
[Boull., 72 ; La Barre, b, 187 ;
Gollut,1 186 note 2, 1190, etc.].
— III, 28, 33 note 2, 35.
Chargé de rechercher les titres
du comté de Brie, III, 28 et
note 2; prisonnier des Gan-
tois qui le rançonnent, 290
^ et note 5, 301, 314.
Carpentier ou le Charpentier
(Jean), décapité, I, 126 ; III,
43 et notes 1, 2 et 3, 63 note
2, 87.
Carreman (Philippe), fait che-
valier, III, 298.
Casimir IV, roi de Pologne
(1445-1492). — III, 227. Hé-
rite de Ladislas d'Autriche et
cède ses droits sur le Luxem-
bourg à Charles le Téméraire,
III, 5 note 1, 6 note.
Cassel (seigneurie de), cédée au
duc de Bourgogne, I, 90 ; II,
57 note, 58. — (val de). I, 102.
Castille (Jean, prince de), mari
de Marguerite d'Autriche, né
le 26 juin 1478, f 1497. —
III, 257 et note 3, 317 et
note 3.
Castille (Léonore de), fille du
roi Henri II, fiancée à Ferdi-
nand, roi de Portugal, mariée
à don Carlos, depuis roi de
Navarre. — I, 107 et note 5,
109. C'est par erreur que La
Marche la dit fille d'un roi
d'Aragon.
Castille (rois et reines de). Voy.
Alphonse VI, Ferdinand V,
Henri II, Jean Ier, Philippe
le Beau, Pierre le Cruel,
Béatrix de Portugal. —
(Thérèse de). Voy. Portugal.
Castille (royaume de), II, 94
note 1. — (officier d'armes du
roi de). I, 297.
Cat (Gilles le). II, 354 note 1.
Cathelans pour Catalans. IV,
103.
Catherine de France, reine
d'Angleterre, femme du roi
Henri V, f 1438. - I, 202.
Gaudenberg (église de), à Bru-
xelles. II, 411 note 1; III, 262
et note 2.
Caudet, chirurgien du duc de
Bourgogne. III, 12 note. Voy.
Cadet.
Cazal (Barthélémy). II, 421
note 3.
Cécile (le roi de). Voy. Anjou.
Céciliens, Siciliens. IV, 103.
Célestins (les) de Paris. III, 57
note 1.
Cempen, Kamp. 1, 135 et note 1.
Cepte (le comte de). Voy. Por-
tugal.
238
TABLE ANALYTIQUE
Cerberus. III, 167 et suiv.
Cerf (logis du), à Audenarde.
III, 271.
Cersanders. Voy. Sersanders.
Certaines (Michault de), écuyer
bourguignon, figure comme
tel dans les montres d'armes
del421etl444[PEiN-c.,XXVI,
331, 458]. — II, 249. Joute
au pas de la Fontaine de
Plours, II, 167 et suiv., et y
remplit les fonctions de ma-
réchal de la lice, 180 note 1,
182; ses armes, 167 note 1.
César (Julius). I, 44, 45 note 1.
Épileptique, I, 179; II, 343
note.
Césarée. I, 80.
Cestre, héraut anglais. IV, 143.
Cette, Ceulte ou Ceula. I, 116:
III, 39.
Chabannes (Antoine de), comte
de Dammartin, vicomte de
Breteuil, etc., grand panetier,
puis grand-maitre de France,
chevalier de l'ordre du roi,
bailli de Troyes, etc., etc.,
f 25 décembre 1488 [Beauc,
"484J. — I, 253 note 1; 111,34
et note 3, 248 note 2. Capi-
taine d'Ecorcheurs, I, 244 ;
accusé de pilleries sur le sei-
gneur de Pesmes, 256 ; con-
tribue à l'occupation d'A-
miens et de Saint-Quentin,
III, 70 et note 5, 71 et note 1;
reçoit l'ordre d'abandonner le
Qûesnoy, 247.
Chabannes (Geoffroy de), neveu
du précédent, seigneur de la
Palisse, Charlus, etc., con-
seiller et chambellan du duc
de Bourbon, etc., etc., f
après 1494 [Mor.]. — Prison-
nier du seigneur de Pesmes,
I, 256; le duc le fait rendre à
son père, 257 et note 1 ; suit
le duc de Berry en Bretagne,
III, 34 et note 3.
Chabannes (Gilbert de), frère de
Geoffroy, seigneur de Curton,
chevalier de l'ordre du roi,
gouverneur du Limousin et
sénéchal de Guyenne, f avant
1493 [Mou.]- — ni, 255 et
note 3.
Chabannes (Jacques de), sei-
gneur de la Palisse, Charlus
et Curton, chevalier, conseil-
ler et chambellan du roi,
grand maître d'hôtel, séné-
chal de Toulouse, etc., père
des deux précédents, -J- oc-
tobre 1453 [Beauc, 484]. —
— III, 34 noie 3. Son procès
avec le sire de Pesmes, I, 252
et suiv.
Chaffaut (Jean de), compagnon
du bâtard Antoine en Angle-
terre, III, 49 note 1.
Chalant (Jacques de), écuyer,
seigneur de Varey, Usson,
etc., teste en décembre 1499
[Guich., III, cont., 74]. —
Figure parmi les seigneurs
de Savoie révoltés contre le
duc Louis, II, 219 et note 7.
Chalant (Jacques de), seigneur
d'Aymeville, Cbâtillon, Us-
sel, comte de Chalant en 1456,
cousin du précédent [Guich.,
III, cont., 76]. — Joute au
pas de Marsannay, I, 320 et
suiv.; lève l'emprise de Diego
de Yalière, 325, 326; ses der-
nières joutes au même pas,
332, 333 ; son blason, 335 note ;
dispensé de l'achèvement de
ses armes, II, 9, 10.
Chalon (Charles de), comte de
Joignv, baron de Viteaux, f
1485 [Beauc, 484]. — Porte
la bannière aux funérailles de
Philippe le Bon et d'Isabelle
de Portugal, III, 59 et note 5 ;
figure au tournoi de l'Arbre
d'or, 192; IV, 140, et à l'en-
trée de Maximilien à Gand,
III, 281 et note 1.
Chalon (Guillaume VII de), seigr
d'Arguel, prince d'Orange en
1463, fils de Louis ci-dessous,
f 1475. — I, 274 note 1 ; III,
59 notez, 106 note 1,138, 149,
DES MATIERES.
339
207, 209; IV, 119, 122. As-
siste à l'entrevue de Besan-
çon, I, 273 et note 1 ; épouse
Catherine de Bretagne, 282
et note 3, 283 ; le duc l'auto-
rise à lever des troupes pour
l'expédition du Milanais, II,
114 et note 2, 1 15 ; s'empare du
comté d'Asti, ibid.; triste fin
de son expédition, 116 et note
5 ; fait un pèlerinage à Jéru-
salem, 117 note; ses folles dé-
penses, cause du méconten-
tement de son père, 117 et
note 1, 171, 172, et de ses
débats avec ses frères consan-
guins, 171 note 2; festoie le
duc à Lons-le-Saulnier, III,
207.
Ghalon (Hugues de), seigneur
d'Orbe, fils de Louis. — Fa-
vorisé par son père aux dé-
pens de son père consanguin
Guillaume, II, 117 et note 2;
ses débats avec ce dernier,
171 note 2.
Chalon (Jean de), seigneur de
Ghàtelbelin et d'Arlay, frère
de Louis. — I, 282 note 3.
Chalon (Jean II de), seigneur
d'Arguel, prince d'Orange à
la mort de son père Guil-
laume (1475), f 25 avril 1502.
— III, 178, 317. Epouse
Jeanne de Bourbon, III, 42
note 1 ; va saluer Marguerite
d'York au Dan, 106 et note 1;
joute au pas de l'Arbre d'or,
149; IV, 122, 143; y gagne
le prix des lances, III, 191 ;
IV, 140; y sert le seigneur
de Ternant, 135, et le duc
Charles, 138; autorisé par le
duc à faire crier une autre
joute où il gagne le prix du
dedans, III, 199; reprend le
comté de Bourgogne sur les
Français , 254 ; négocie le
mariage de Charles VIII avec
Anne de Bretagne, 258 et
note 3.
Chalon (Louis de), dit le Bon,
seigneur d'Arguel et de Mont-
faucon, prince d'Orange, che-
valier, conseiller, premier
chambellan du duc de Bour-
gogne, f 13 décembre 1463
[Beauc, 484]. — U, 171, 411
note 2 ; III, 59 note 5. Assiste
à l'entrevue de Besançon, I,
272 ; épouse en deuxièmes
noces Eléonore d'Armagnac,
II, 117 et note 2, 171 et note 2;
son prêt au duc pour la
guerre contre les Gantois, 225
note 1 ; le festoie à son retour
d'Allemagne, 400 et note 1 ;
reçoit le dauphin à sa sortie
du Dauphiné et le conduit à
son château de Nozeroy, 409
note 1 ; mécontent de son fils
aîné Guillaume, aux dépens
de qui il favorise ses cadets,
117 et note 2; sa mort, III,
11 note 2; discussions aux-
quelles donne lieu l'exécution
de son testament, II, 171 et
note 2.
Chalon (Louis de), seigneur de
Ghâteau-Guyon, fils du pré-
cédent, chevalier de la Toi-
son d'or en 1468, f 1476.
— IU, 209 note 2. Favorisé
par son père, II, 117 et
note 2; ses débats avec son
frère Guillaume, 171 note 2;
chevalier à Montlhéry, III,
1 1 et note 2 ; va saluer Mar-
guerite d'York au Dan, 106
et note 2 ; joute au pas de
l'Arbre d'or, 138 et suiv.; IV,
119, 120; y sert le duc, 138;
tué à Granson, III, 209.
Chalon (évêque de). Voy. Ger-
main (Jean). — (maison de).
I, 254; II, 117, 171; III, 210
note 1.
Chalon-sur-Saône. I, 246 et note
1, 251 note 4, 253, 295, 296;
II, 145 et suiv., 185,200 note
2, 203 et note 1, 397 note 2,
426 note 4. — (bailli de). Voy.
Sercey (Guillaume de). —
(états réunis à). I, 246 note 1;
no
TABLE ANALYTIQUE
II, 170 note 2. — (imposi-
tions de), cédées au duc Phi-
lippe par le traité d'Arras, I,
218. — (montres d'armes à).
I, 247 note. — (pas de la Fon-
taine de Plours près). II, 129,
144 et suiv.
Châlons-sur-Mame (entrevue et
traité de). II, 54 et suiv., 63
note. — (joutes à). II. 59, 60
et note 1.
Chalop (Jean), prévôt de Lu-
xembourg. II, 38 et note 1.
Tué, 39.
Ghambart (Jean), canonnier à
Dijon. I, 95 noie 1.
Chambéry. II, 411 note 2.
Chambes (Hélène de), dame de
Thouars, gouvernante de Mar-
guerite d'Autriche. [Comm.-
Dup., III, 497J. III, 263 note.
Chambre (Simon de la). III, 252
noie 2.
Chambre (Anne de la), fille
d'Urbain, seigneur de la
Chambre, vicomte de Mau-
rienne, etc., mariée à Guil-
laume de Luyrieux (Guich.,
III, 238]. — Elle et son mari